Les Aissaouas à l’Exposition de 1900. 1901.

LES ASSIAOUAS page titre-1La confrérie des Aïssaoua ou Aïssawa a été considérée comme une secte religieuse fondée au Maroc, à Meknès, par Muhammes ben Aîssâ (1465-1523). Ils sont célèbres encore aujourd’hui dans le monde pour leur musique et leurs chants religieux.
Le fascicule que nous proposons ici fut édité à l’occasion de l’Exposition Universelle tenue à Paris en 1900. Elle est un des rares textes de l’époque traitant de ce curieux sujet.

Les Aissaouas à l’Exposition de 1900. 1901. La Roche-sur-Yon, s. d. [1901]. 1 vol. in-18 [11/14.2], 74 p., 3 ffnch.  ffnch. [Référence : B. n. F. : 8- LI32- 34.]

Le petit format du volume conditionne celle des reproductions photographiques, et donc de la qualité des images que nous reproduisons ici. La plupart sont des vignettes de 3,8 cm x 4,8 cm.

Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

LES AÏSSAOUAS

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Une séance de Fakirisme

Les Aïssouas sont assis au fond de la pièce sur des coussins. Un large drap blanc destiné à renvoyer la lumière a été tendu derrière eux et sur le sol de sorte que leur teint sombre et les couleurs voyantes de leur costume oriental se détachent nettement sur la Blancheur du fond.
A droite, plusieurs appareils photographiques sont braqués vers eux. A gauche deux lampes munies de puissants réflecteurs font ressortir les moindres replis de leur physionomie tranquille tandis qu’au fond de la pièce [p.6] un appareil à projection concentre sur eux son blanc rayon lumineux.
Toutes les précautions sont donc bien prises pour éviter une supercherie quelconque ; et si tout à l’heure les trente ou quarante assistants soumis à une suggestion collective croient voir et entendre des choses qui n’existeraient que dans leur imagination, les appareils photographiques sont là pour affirmer la réalité des phénomènes.
Au premier rang des spectateurs, à moins de deux mètres des Aïssouas, les docteurs Chabaud et Barett prennent des notes, s’apprêtant à vérifier l’effet physiologique ses expériences qui y ont être faites.
Plus de trente personnes sont là toutes plus ou moins familiarisées avec les tricheries des médiums, les finesses de la prestidigitation et l’habileté des escamoteurs.
Tout d’abord la séance commence par des prières et des invocations puis les trois arabes [p. 7] commencent à chanter une sorte de mélopée en mode mineur, très rythmée ; ils s’accompagnent de tambourins qu’ils frappent alternativement au poignet ouvert et de l’extrémité des doigts.

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Ounnas Abdel-Kader se lève le premier et tournant le dos aux assistants se met à faire des mouvements ondulés du corps, en jetant alternativement la tête en avant et en arrière, et en se tenant tantôt sur un pied, tantôt sur un autre.
Entre temps l’un de ses deux acolytes jette sur le réchaud qui brûle devant lui un peu de poudre résineuse de benjoin.
Ounnas se baisse fortement, plonge la tête dans les vapeurs d’acide benzoïque qui se dégagent du réchaud, puis sa danse recommence, toujours accompagnée des chants et des tambourins.
Peu à peu le rythme de la danse se régularise et se ralentit. Ounnas prend à la main une des longues pointes, emmanchées dans une boule de bois qui lui sert à faire son expérience, l’imprègne elle aussi de vapeurs benzoïques, en mouille la pointe de salive et se retournant, demi incliné vers le sol, il se [p. 9] plonge rapidement la pointe dans la paupière supérieure, en lui imprimant un rapide mouvement de rotation qui l’aide à pénétrer.

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Ounnas Abdel-Kader se lève le premier et tournant le dos aux assistants se met à faire des mouvements ondulés du corps, en jetant alternativement la tête en avant et en arrière, et en se tenant tantôt sur un pied, tantôt sur un autre.
Entre temps l’un de ses deux acolytes jette sur le réchaud qui brûle devant lui un peu de poudre résineuse de benjoin.
Ounnas se baisse fortement, plonge la tête dans les vapeurs d’acide benzoïque qui se dégagent du réchaud, puis sa danse recommence, toujours accompagnée des chants et des tambourins.
Peu à peu le rythme de la danse se régularise et se ralentit. Ounnas prend à la main une des longues pointes, emmanchées dans une boule de bois qui lui sert à faire son expérience, l’imprègne elle aussi de vapeurs benzoïques, en mouille la pointe de salive et se retournant, demi incliné vers le sol, il se [p. 9] plonge rapidement la pointe dans la paupière supérieure, en lui imprimant un rapide mouvement de rotation qui l’aide à pénétrer.

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une prière à voix basse, et la plaie est presque absolument fermée ; elle ne saigne pas ; et il faut la regarder de très près pour la retrouver.
Ounnas saisit alors deux mèches imbibées de stéarine et de pétrole, et les allume. Il les passe lentement sous les bras nus, laisse séjourner la flamme autant de temps qu’on le [p. 12] lui demande et aucune trace de brûlure n’apparaît.

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Il introduit d’abord une seule, puis les deux torches ensemble, à plusieurs reprises, dans sa bouche, les ressort éteintes ou [p. 13] allumées à la volonté des spectateurs, sa moustache est souvent brûlée malgré la précaution qu’il a soin de prendre de tenir la tête très renversée pour faire· son expérience mais la bouche ne laisse voir aucune trace de brûlure. [p. 13]

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Ce dernier exercice achevé, Ounnas se réveille par d’autres mouvements rythmés du même genre que ceux qui ont servi à l’endormir, et termine par quelques, tours rapides sur lui-même exécutés de gauche à droite comme un pas de valse ordinaire.,
Après un repos de quelques minutes employé à prendre de sirops de diverses sortes, car les fidèles du Prophète ne prennent pas de liqueurs fermentées, la seconde partie du [p. 14]

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 programme est remplie par Choula-hadj-Mohemed.
Inutile d’insister sur la façon dont il se plonge dans l’état spécial décrit tout à l’heure :  passons tout de suite à ses divers exercices.
D’une boîte en bois blanc où elles sont enfermées avec un cobaye destiné à mesurer la force de leur venin, Mohamed tire deux vipères d’Afrique de près d’un mètre de longueur. [p. 15]

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Il les manie, les pince, les serre, les fait monter le long de ses jambes nues, les enroule autour de son cou et les noue sans que les serpents lui fassent aucun mal (1).
Ce jeu fini, il prend une douzaine d’épingles à chapeau, à la pointe fine et acérée ; après les avoir promenées sur le réchaud d’où s’élève la fumée du benjoin et les avoir mouillées de salive il les enfonce successivement dans sa joue gauche qu’il traverse de part en part, dans le lobe de chaque oreille, dans sa [p. 17] gorge à 3 ou 4 endroits différents, dans sa langue et il reste ainsi aussi longtemps qu’il en est prié par les médecins qui l’examinent ou par les photographes qui opèrent.
Les épingles enlevées, les plaies sont frottées de salive, et ne laissent pas échapper une goutte de sang.
Hadj Mohamed prend alors une forte broche de fer en forme de clou, plus grosse qu’une patte à glace ordinaire et dont nous donnons la reproduction.
Un genou en terre; il place le clou au milieu de son crâne, à l’endroit où se trouve ordinairement l’épi qui sert de point de départ aux raies de nos élégants, et commence à le frapper avec un marteau qu’il tient de la main droite pendant qu’il maintient le clou en place de la main gauche. Le marteau ne lui paraissant pas suffisant, il réclame autre chose, une pierre ou une [p. 18]

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brique. On lui donne un gros fer à repasser et notre patient de frapper à tour de bras une douzaine de coups ; puis il lâche son clou qui reste planté dans la tète.
Les Dr Barett et Chabaud s’avancent alors un vernier à la main et constatent que le clou est enfoncé d’environ un bon centimètre sous le cuir chevelu où sa pointe a disparu.
Le clou retiré laisse voir une plaie profonde sur laquelle on entend claquer la peau du crâne soulevée par la pointe recourbée du clou, car celui-ci s’est émoussé sur son crâne, comme nos clous à crochets s’émoussent sur les murs en brique (de nos appartements.
Lorsque tout le monde a constaté la plaie saignante, Hadj se frotte avec son doigt de salive ; immédiatement, le sang s’arrête et la plaie se referme si bien qu’il devient très difficile de la retrouver au milieu des cheveux, pourtant assez courts de l’Arabe. [p. 20]
La seconde partie du programme est remplie et chacun se restaure pour affronter les émotions de la troisième. Au bout de dix minutes ou un quart d’heure, les trois Arabes reprennent leur place ; c’est Mohamed-ben-Ali qui va opérer.

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Sa méthode est un peu différente de celle des autres, en ceci qu’après les mouvements [p. 21] rythmés et cadencés du haut du corps, il pivote sur lui-même en retombant alternativement sur chaque pied et en poussant à chaque secousse ainsi obtenue un hop vibrant qui coupe en mesure et d’une façon très nette et très rythmée la mélopée des deux autres exécutants.
Au bout de quelque temps, Ben-Ali semble être prêt. A cc moment, les médecins se précipitent sur lui et sans lui donner le temps de se reconnaître, tâtent son pouls, examinent par l’auscultation sa façon de respirer.
Le résultat de l’observation montre que la respiration est faible quoique normale et que le pouls est tombé à 53 pulsations.
Cette constatation faite, le sujet remis en liberté va pouvoir continuer ses exercices.
Un sabre a été préparé ; il est fort tranchant ; un beafstech posé à plat sur le tranchant est coupé par son propre poids.
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Cette arme du reste qui appartient à l’un [p. 23] des rédacteurs de l’Écho vient  directement d’où elle a été rapportée par un des officiers qui en firent la conquête du temps d’Aumale. [p. 24]

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C’est, ainsi que nos lecteurs peuvent s’en assurer, un fort yatagan, très lourd, à manche court, à lame longue, large et pointue. Il a sans doute coupé déjà bien des têtes et son propriétaire lui-même s’est plusieurs fois blessé en le prenant et en le remettant à la panoplie où il figure ordinairement.
Ce sabre est pris par Ounnas et Hadj qui l’appuient sur leur genou, le tranchant dressé verticalement vers le ciel.
Ben-Ali s’aidant des épaules de ses camarades, monte sur la lame sur laquelle ses deux pieds posent en travers, dans la partie la plus sensible: c’est-à-dire au milieu de la plante entre le talon et le bout du pied.
Bientôt il lâche les deux épaules de ses camarades et se tient quelques instants debout sans aucun appui en équilibre sur le tranchant aigu de l’arme. [p. 25]

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C’est, ainsi que nos lecteurs peuvent s’en assurer, un fort yatagan, très lourd, à manche court, à lame longue, large et pointue. Il a sans doute coupé déjà bien des têtes et son propriétaire lui-même s’est plusieurs fois blessé en le prenant et en le remettant à la panoplie où il figure ordinairement.
Ce sabre est pris par Ounnas et Hadj qui l’appuient sur leur genou, le tranchant dressé verticalement vers le ciel.
Ben-Ali s’aidant des épaules de ses camarades, monte sur la lame sur laquelle ses deux pieds posent en travers, dans la partie la plus sensible: c’est-à-dire au milieu de la plante entre le talon et le bout du pied.

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Puis il se retourne et recommence la même série d’exercices, le dos tourné au public.
Dès qu’il est à terre, il fait voir ses, pieds qui ne gardent d’autre trace de la lame qu’une légère marque rouge.
Il pose ensuite son cou sur la lame, tenue de la même façon, à quelques millimètres au-dessous du larynx (ou pomme d’Adam) et,

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[p. 28] appuyant de tout le poids de son corps qu’il porte en ayant, il entraine ses deux vigoureux compagnons qui cherchent à retenir les deux extrémités du sabre.
Enfin, découvrant son ventre, il en pose le tranchant sur sa peau, à quelques centimètres au-dessous du nombril et se laissant aller la tète en avant, il se couche sur la lame, et, sans autre point d’appui que son tranchant, il se tient dans la position horizontale du nageur, les bras en avant, les pieds à la hauteur de la tête.
Quand il est resté quelques instants dans celle position, il se relève ; le sabre semble être entré profondément dans le ventre ; il le retire, et l’on ne voit plus qu’un profond sillon de peau qu’il frotte de salive. Ce sillon est ondulé comme s’il avait été produit par quelque corps dur mais non tranchant, ficelle, lanière ou autre, alors qu’un corps tranchant eut laissé une section nette et droite. [p. 29]
La séance approche de la fin. Ben-Ali prend un verre de table ordinaire, assez épais, de sept à huit centimètres de haut, de la forme dite « goblet ».
Il le casse avec ses dents et en mange une bonne partie. [p. 30]

La gravure ci-jointe donne la reproduction très exacte de ce qu’il en a laissé.

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Il semble très surexcité ; il ramasse les morceaux qui sont tombés, et Ounnas est obligé de lui retirer des mains celui que nous photographions.
On lui présente alors une raquette de cactus dans laquelle il mord à belles dents sans se soucier des épines ou du poison qu’elle contient.
On la lui relire des mains, il se réveille et la séance est ainsi terminée.
Ces singuliers exercices ne sont pas les seuls auxquels se livrent les Aïssaouas ; ils peuvent encore se sortir l’œil de son orbite et le laisser pendre sur la joue, puis le réintégrer à sa place sans en être gênés le moins du monde.
Ils restent dix minutes, un quart d’heure, l’œil tout grand ouvert sur la flamme d’une bougie sans que cela leur fasse le moindre mal, mais comme le chef ne les avait pas [p. 33] autorisés à faire ces choses en France, nous n’avons pu en être témoin,
Les Aïssaouas sont disciplinés !…

 

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Doctrine et Initiation des Aïssaouas

 Qui sont ces hommes extraordinaires ? Sont-ce des bateleurs de profession, comme nos nomades forains, ou bien des moines mendiants comme les fakirs de l’Inde ?
Nullement. – Ce sont sans doute de bons croyants et de rigides mahométans mais aussi de simples et honnêtes travailleurs.
Leurs exercices, si bizarres, ne sont que des distractions de leur labeur quotidien, les plaisirs du dimanche, ils n’ont d’autre but que de convertir les sceptiques et les indifférents ; jugez-en plutôt.

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Choula-Hadj-Mohamed est un brave cafetier maure ; il a été autrefois employé au gaz, et passe son temps à verser ç ses coreligionnaires l’excellent café arabe.
Il n’y a que deux ans ou à peu près qu’il est entré dans la secte.

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Mohamed Ben-Ali est cordonnier et quelquefois tailleur, à ses moments perdus ; il a 28 ans et il y a plus de quinze ans qu’il exerce ses pratiques extraordinaires.
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Ounnas Abdel-Kader a trente ans ; il a fait des études assez complètes au lycée d’Alger où, dit-il, il a obtenu son baccalauréat ès-sciences. Peintre en bimbeloterie arabe, il décore les intérieurs de tableaux et d’ornements divers. Très serviable, il met son érudition au service de ses concitoyens ignorants, rédige les lettres, dresse les actes en arabe ou en français et aide son frère, interprète à Alger, dans la [p. 39] traduction des pièces administratives des contributions directes.
Ce sont donc des gens ordinaires que ces extraordinaires personnages ; ils gagnent comme tout le monde, leur vie à la sueur de leur front ; c’est par conviction pure dans le plus complet désintéressement qu’ils sont entrés dans la secte.
Celle-ci est dirigée en Algérie par Ben Aïssa, descendant direct de Sidi-Ben-Aïssa qui a fondé la secte il y a environ 320 ans.
Ben Aïssa réside à Médéah.
Dans chaque ville se trouve un chef suprême qui commande à tous les Aïssouas des environs. Il a le titre de Mokadem.
Le Mokadem qui a initié Ounnas s’appelait Hudi-Ali ; il est mort en 1890 à l’âge de cent dix ans, ce qui tend à prouver que les exercices pratiqués par lui et ses disciples n’ont pas l’accourci ses jours. Ben Naceuf Mohamed Ben Mahoud lui a succédé et régit en ce moment les Aïssouas d’Alger.
Il y a des Mokadem dans toutes les villes ou agglomérations un peu importantes. [p. 40]

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Ounnas Abdel-Kader a trente ans ; il a fait des études assez complètes au lycée d’Alger où, dit-il, il a obtenu son baccalauréat ès-sciences. Peintre en bimbeloterie arabe, il décore les intérieurs de tableaux et d’ornements divers. Très serviable, il met son érudition au service de ses concitoyens ignorants, rédige les lettres, dresse les actes en arabe ou en français et aide son frère, interprète à Alger, dans la [p. 39] traduction des pièces administratives des contributions directes.
Ce sont donc des gens ordinaires que ces extraordinaires personnages ; ils gagnent comme tout le monde, leur vie à la sueur de leur front ; c’est par conviction pure dans le plus complet désintéressement qu’ils sont entrés dans la secte.
Celle-ci est dirigée en Algérie par Ben Aïssa, descendant direct de Sidi-Ben-Aïssa qui a fondé la secte il y a environ 320 ans.
Ben Aïssa réside à Médéah.
Dans chaque ville se trouve un chef suprême qui commande à tous les Aïssouas des environs. Il a le titre de Mokadem.
Le Mokadem qui a initié Ounnas s’appelait Hudi-Ali ; il est mort en 1890 à l’âge de cent dix ans, ce qui tend à prouver que les exercices pratiqués par lui et ses disciples n’ont pas l’accourci ses jours. Ben Naceuf Mohamed Ben Mahoud lui a succédé et régit en ce moment les Aïssouas d’Alger.
Il y a des Mokadem dans toutes les villes ou agglomérations un peu importantes. [p. 40]

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La Doctrinee

 Tous ces travaux, du reste, n’ont pour but que d’élever le moral des membres de la secte et les prodiges qu’ils accomplissent ne sont pour eux qu’une façon de prouver la divinité de leur mission.
Ils professent la tempérance, la douceur et l’aménité ; partisans de la fraternité ils réprouvent les [p. 44] querelles et l’assassinat. Un bon Aïssoua ne verse jamais le sang de son semblable ; il est bon, humain, socialiste aussi, à sa façon. Ses pouvoirs consistent à guérir les plaies ou les gens contrefaits, à faire disparaître les douleurs ; il remet par simple attouchement de doigts mouillés de salive, tout membre démis et c’est là le plus précieux de tous ses dons. Il guérit les maladies de touts sortes, enlève les sorts, chasse les Génies malfaisants qui tourmentent l’humanité, délivre les possédées.
Nous avons été témoins nous même de la façon radicale et merveilleuse dont ils font disparaître la douleur :
Une petite fille de douze ans s’était fortement piqué le doigt avec une épine, et souffrait beaucoup ; sous nos yeux, Ounnas lui prit le doigt, le mouilla de salive, et dit un verset du Coran. C’était fini, l’enfant ne sentait plus rien ; et là, pas de suggestion possible car aucun mot n’avait été prononcé ; la patiente n’avait pas même eu le temps de se rendre compte de ce dont il s’agissait.
Il y aurait bien d’autres choses à dire sur ces étonnants guérisseurs mais le cadre restreint de notre [p. 45] étude, et la place très mesurée qui nous a été donnée, nous obligent à nous borner à ce rapide aperçu de leurs mœurs et de leurs coutumes,
A ceux qui veulent en savoir plus long nous conseillerons d’aller à l’Exposition trouver les Aïssaouas eux-mêmes (2), En se recommandant de l’Écho de l’Au-delà et d’Ici-bas, ils seront bien accueillis et ils auront tous les renseignements désirables, et même, si le cœur leur en dit, la possibilité de faire eux-mêmes les expériences, car ces Africains ont reçu le pouvoir d’initier ceux qu’ils jugent dignes de cet honneur, [p. 46]

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Origine de la secte des Aïssouas (3)

Fakirs du Désert Africain

 

Remontons de trois cents ans et plus en arrière.
C’est par une chaude journée de printemps. Le soleil sur son déclin ne marque plus de ses feux sanglants que le front des hautes montagnes du nord, et les minarets de la grande mosquée de Fez (4).
L’ombre descend légère et calmante sur la nature fatiguée par les ardeurs de l’astre qui va disparaître. On est à quelques pas des murs de la riche cité Marocaine dans une gorge étroite, au fond de laquelle [p. 48] serpente un Oued (5) desséché au temps des crues, il roule arec fracas ses flots gonflés mais aujourd’hui les fragments de rochers qu’il a portés gisent tout blanchis, et semblables à des ossements rongés par les vautours, et comme abandonnés dans son lit beaucoup trop large pour le filet d’eau qui y murmure doucement ; telle la caravane qui s’allonge au désert abandonnant pour trace de son passage les squelettes desséchés de ses animaux victimes de la fatigue et des ardeurs du jour.
Le cours de l’Oued est marqué cependant d’une suite de lauriers dont les touffes charmantes semblent vouloir dissimuler sous la couronne de leurs fleurs le lit desséché qu’elles transforment en un parterre de roses. Aux flancs de la montagne, aride et rocheuse, contrastant avec la gracieuse vitalité des fleurs, les palmiers nains se sont accrochés dans la moindre fissure, à la plus petite motte de terre ; leurs touffes dentelées s’ajoutent à l’alfa et à la mousse pour couvrir d’un tapis de verdure jaunâtre le sol roussi du vallon sur lequel vient se [p. 49] profiler crûment l’ombre dentelée des pics qui le fer ment.
Çà et là s’élance une fleur d’aloës, se groupe un buisson de cactus, pour rompre la monotonie de ce paysage triste et fatigué ; semblable aux parterres étouffés de nos villes ce coin de verdure est enserré dans ces hautes murailles de rochers à pic que la petite cascade de l’Oued vient seule couper d’un mince filet d’argent.
Tout autour l’œil se heurte au granit rouge et crevassé qui se dresse comme les ruines asiatiques, de ces murs énormes, sombres, derniers vestiges de la civilisation assyrienne.
Sur l’un de des rochers, un grand vieillard à la barbe de prophète, au front élevé, à l’œil fin et intelligent se tient assis immobile, le dos tourné au soleil qui descend. Son nez droit, ses sourcils épais et bien fournis, sa figure vénérable, légèrement ascétique, les chapelets qui entourent son cou ; tout accuse l’énergie de l’âme et la hauteur des pensées.
Tout désigne un homme vénéré, un saint, un marabout. (6). [p. 50]
Une foule énorme attirée par ses prodiges se presse autour de lui ; et le grand vieillard parle d’une voix claire et sonore qui semble produire sur les assistants l’impression la plus profonde.
De temps en temps, il appelle auprès de lui quelque malade, touche le point douloureux, murmure une prière les yeux-levés au ciel, et aussitôt l’œil alangui se réveille, la plaie saignante se referme, toute douleur est apaisée. Le miraculé rentre dans la foule qui l’entoure émerveillée ; mille mains avides de preuves touchent et retouchent l’endroit guéri, chacun veut s’assurer du miracle.
Mais voici que le grand vieillard se lève ; sa haute taille blanche se profile sur le fond sombre du rocher, ses gestes prennent de l’ampleur ; sa voix se fait plus grave, plus majestueuse ; il semble s’adresser particulièrement à ceux qui se pressent autour de lui, leur altitude attentive, leur ferveur admirative décèlent le disciple aux yeux les moins clairvoyants, il leur dit :
« Pour être digne des dons sacrés d’Allah, pour commander à la douleur et à la maladie, pour diriger les hommes vers cette immortalité à laquelle [p. 51] ils aspirent à bon droit, il faut faire preuve du courage physique et moral qui méprise la mort, de cette foi aveugle qui suit le maitre partout où il nous conduit, de ce détachement qui fait les saints et les prophètes. Que ceux donc qui ne craignent pas d’affronter les épreuves les plus terribles ; que ceux qui ne reculeront pas devant la mort brutale et douloureuse, seule porte par laquelle le croyant puisse arriver aux merveilles du Paradis et à la contemplation d’Allah, que ceux-là quittent leur bâton et leur manteau, qu’ils disent adieu à leurs proches, à leurs femmes et à leurs enfants, qu’ils se lèvent et qu’ils me suivent ! »
A ces paroles, un grand nombre d’hommes se dressent prêts à accompagner le prophète ; il les conduit dans un coin plus reculé et plus sauvage encore de la montagne. Il les arrête devant une sorte de tente qui recouvre et ferme l’entrée d’une grotte ; au centre, sur une-pierre plate et polie on entrevoit des sabres affilés et les longs couteaux qui servent de poignards à ces peuples nomades.
L’un des futurs disciples s’avance courageusement, pénètre dans la tente pendant que le grand vieillard [p. 52] s’arme d’un couteau long et pointu dont il vérifie le fil. La porte se referme, la foule attend anxieuse, séparée des deux hommes ; un cri terrible retentit ! Pendant que la victime râle et gémit, un filet de sang s’échappe de la tente et tout chaud encore vient baigner le pied des assistants !
La porte se soulève ; le maître les mains ensanglantées, le visage inspiré demande qui veut venir recevoir encore la terrible initiation.
Un deuxième candidat se présente et pénètre sans hésiter dans la tente. Un nouveau cri, un nouveau filet de sang ; nouvelle apparition du prophète demandant encore une autre victime !
Douze fois le rideau de la tente redoutable se soulève ainsi, douze fois un homme pénètre dans la sombre caverne, douze fois l’assemblée entendit les cris déchirants d’un mourant et vit couler le sang du sacrifice !
Et à chaque fois, la foule diminue, les néophytes s’en vont par bandes silencieuses, ne se sentant plus le courage d’affronter la terrible épreuve.
Lorsque pour la treizième fois la porte s’ouvre le [p. 53] grand vieillard ne voit plus personne aux abords de la tente.
Il sort alors de la caverne, suivi des douze disciples qui y étaient successivement entrés ; il les avait tenus dans un coin sombre, dérobés aux yeux des assistants par un pan de draperie, tandis qu’on égorgeait sur la pierre du sacrifice les moutons destinés à donner l’apparence d’une réalité saisissante au drame invisible qui se déroulait à l’intérieur.
Le soleil est maintenant presque disparu ; Sidi Ben Aïssa, le grand vieillard, se tient debout à la porte de la tente suivi de ses douze disciples auxquels il promet en récompense de leur courage et de leur foi les dons qu’il possède lui-même : le pouvoir de reproduire mes miracles qu’il accomplit ; le droit de transmettre les mêmes pouvoirs à ceux qu’ils en jugeront dignes. La Secte des Aïssaouas vient d’être fondée !… [p. 54]

 

Légende de Ben Aïssa

 Telle qu’elle fut contée par trois représentants de cette Secte à notre Exposition Universelle : Ounnas, Hadj-Abdel-Kader, Choula el Hadj Mohamed, ct Noubia Mohamed ben Ali.
« Il y a, me dirent-ils, près de 100 ans, le Sultan de Fez apprit qu’un marabout du nom de Ben Aïssa impressionnait vivement les populations par les miracles qu’il opérait. Très ému par l’ascendant que ce prétendu Saint exerçait sur les foules, il le fit aussitôt mander à son palais impérial, lui enjoignant, puisqu’il se disait élu de Dieu, d’avoir à pénétrer et à séjourner dans un four chauffé à blanc.
Comme il était sorti sain et saur de cette terrible épreuve, le Sultan le fit jeter dans une fosse ou grouillaient [p. 55] toutes sortes d’animaux féroces : des lions, des tigres, etc., et dont on fit garder les approches par des soldais armés et par de fidèles serviteurs, sous la surveillance de courtisans cruels.
Vers la fin du troisième jour, le Sultan vint en grande pompe sur le lieu du supplice ; puis, ayant écarté les gardes, il se pencha sur la fosse d’où s’échappaient des sons de voix humaine, et, ses yeux s’étant habitués à l’ombre, il put bientôt apercevoir Ben Aïssa qui debout, le front haut et sous la caresse de ses féroces compagnons, remerciait ardemment Allah de sa puissante et miraculeuse protection.
Alors, pris d’un sincère repentir, le Sultan fit délivrer le Marabout auquel il demanda pardon le front dans la poussière. Ben Aïssa le relevant avec douceur lui répondit humblement que Dieu seul était grand.
Le Sultan n’en désire pas moins l’accompagner, avec un grand concours de peuple, jusqu’au lieu favori de ses prières ; et là, comme il voulait lui laisser les riches présents dont il s’était fait suivre. Ben Aïssa pour bien marquer le peu de cas qu’il faisait des richesses qui lui étaient offertes, secoua fortement 1’olivier sous lequel ils étaient et les fruits en tombant [p. 56] sur le sol se transformèrent en autant de pièces d’or
— Emporte, ajouta-t-il, l’or produit par cet arbre, car il alimentera toujours ton trésor.
En ce temps-là, commence l’exode du célèbre Marabout et de quelques indigènes qui devinrent depuis ses disciples.
Mais il advint qu’après nombre de jours passés en prières dans les brumeuses plaines, puis sur les montagnes, ses adeptes se plaignirent de n’avoir pris aucune nourriture et leur maître leur fit entendre ces paroles :
— Vous et vos descendants vous mangerez tout de que vous trouverez, serait-ce même des substances nuisibles, telles que du verre, des pierres, des scorpions, des vipères, des serpents, et out cela vous nourrira vous et les vôtres, à la condition que vous priez en vous conformant aux rites qui vous seront imposés. »
Et c’est ainsi qu’en réalité les Aïssaouas font vivre entièrement les pauvres recueillis dans plusieurs mosquées hospitalières, ne gardant par devers eux ou leurs familles que le salaire des métiers que chacun d’eux exerce en dehors des pratiques religieuses. [p. 58]
Depuis la mort du célèbre El Hadj Ben Aïssa, laquelle remontait à 317 ou 318 ans, les croyants et surtout les adeptes de cette secte, s’en vont, à chacun des anniversaires de ce Marabout, boire un peu du lait qui jaillit, ce jour là, de sa tombe.

[p. 58]

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[p. 59]

Appréciation des Aïssaouas

 Nous avons pensé que nos lecteurs liraient d’abord avec intérêt les opinions demandées à l’invisible par le procédé le plus commun, celui du spiritisme, sauf à les critiquer ensuite : Voici donc deux communications qui offrent cet intérêt particulier que bien qu’obtenues par des procédés et des médiums tout à fait distincts, ils s’accordent en bien des points.
La première est d’une médium psychographe : Madame Potier, connue de nos lecteurs par des communications signées Fontenelle ; c’est encore la signature de celle-ci.
La seconde est attribuée à l’esprit Julia qui l’a donnée par incarnation en : Madame Lay-Fonvielle, [p. 60] médium actuellement célèbre. Ce récit, après qu’il a été écrit sous la dictée, a été soumis l’esprit incarné et la rédaction revue en a été approuvée par lui.
Nous y ajoutons encore l’opinion d’un voyant qui n’est ni médium, ni spirite, ni sujet magnétique (7).

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1 – Communication psychographique

 D. – De quelle nature sont mes entités qui assistent les Aïssaouas, c’est-à-dire à quelle catégorie d’Esprits appartiennent-elles (Julia les appelle simplement les Esprits de la bande rouge) ? Et quel rôle jouent ces entités par rapport au corps astral de ces Aïssaouas ?
R. – Les Esprits qui actionnent les Aïssaouas sont des élémentals, dits déments, appartenant à la catégorie des élémentaires ou esprits de bas étage qui ne prennent jamais la forme humaine. – Ils restent [p. 62]
Esprits mixtes et n’évoluent que dans des formes secondaires ou hybrides telles que celles de scaphandres ou de sirènes, etc., etc.
Ils sont préposés spécialement à produire la force occulte des éléments. Ils jouent plutôt un rôle physique dans leur genre d’évolution qu’un rôle moral.
Ce sont des espèces d’animaux qui ne sont mus absolument que par l’instinct; une sorte d’automates vivants, mais irresponsables. Ils sont attirés magnétiquement dans le cercle magique des Aïssaouas pour faciliter, pour aider au développement de leur ubiquité.
Les Aïssaouas se dédoublent, en effet, durant leurs rites ou incantations, de telle sorte que leur corps physique, par suite de ce phénomène de télépathie, reste dans une insensibilité relative.
Au début de leurs incantations, ces élémentals (ou élémentaires) quittent leurs points adhérents ; ils sont comme poussés magiquement vers les Aïssaouas pour aider à leur dématérialisation.
Lorsque ces derniers exécutent leurs mouvements, si saccadés, et si irréguliers. les élémentaires les exorcisent pour ainsi dire, ils les sortent d’eux-mêmes [p. 63] et les gardent avec eux dans un ceintre [sic] fluidique d’où ils ne peuvent s’échapper sans eux pour rentrer dans leur corps physique, lequel n’est plus alors qu’une sorte de boite mouvante, encore chaude des effluves magnétiques qui l’animent et la font agir.
Au moment où les Aïssaouas commencent leurs expériences ils sont comme certains somnambules hypnotisés, insensibilisés, ne possédant plus en quelque sorte la notion exacte de leur individualité ; il se produit en eux le phénomène bien connu de l’insensibilisation relative, et cela par suite de l’arrêt momentané  de leur pouls qui n’a plus à ce moment le degré de pulsation d’un corps à l’état ordinaire, Cet état anormal explique d’une part leurs étranges contorsions et d’autre part la complète insensibilité de leur corps physique ; tel un sujet hypnotisé qui ne sent plus l’épingle qui le pique parce que son corps astral l’a quitté,
Au moment de l’incantation, un élémental préposé à la garde de chaque Aïssaoua en attire d’autres qui arrivent, l’enveloppent, l’envoûtent, de telle sorte que ces Aïssaouas ne sont plus que leurs esclaves. Quand le phénomène de leur extériorisation se produit [p. 64] le corps astral de chacun d’eux vient se réunir au groupe des entités qui le pourchassent et l’obligent à s’annihiler de telle façon que son corps physique n’est plus, pour eux, qu’un objet, une chose, enfin leur propriété,
C’est ce qui explique la possibilité qu’ont ces Aïssaouas de se servir d’armes tranchantes, d’avaler des scorpions, de se mutiler le corps, de manger du verre, tout cela sans se blesser ; choses qu’ils ne feraient certainement pas s’ils jouissaient du sens raison qu’ils recouvrent lorsqu’ils sont en pleine possession de leur corps astral.
En un mot, entre les mains de ces élémentals ils deviennent, une fois privés de leur corps astral, des instruments inconscients, tels que le sont d’ailleurs ces élémentals eux-mêmes qui les assistent. Ces élémentals sont à juste titre appelés Esprits de la bande rouge car ils sont les agents de la Kabbale ou magie noire qui les réglemente et utiliser au besoin leurs pouvoirs jusqu’au vampirisme à l’égard dc leurs victimes ; c’est leur action qui imprime aux Aïssaouas, le mouvement continu, vibratoire, qui est le propre de leur être et qui se répercute en eux. [p. 65]
L’épiderme des Aïssaouas, au moment où ils y appliquent leurs sabres, où ils introduisent leurs épingles, fléchit comme du caoutchouc, C’est cc qui explique cette absence de toute trace de blessure que vous constatez lorsqu’ils ont achevé leurs exercices.
Quant à l’action de leur salive appliquée sur la peau immédiatement après l’opération incisive, elle contribue aussi à l’effacement de toutes traces de meurtrissure. En effet cette salive, d’une nature particulière, a la propriété d’être à la fois antiseptique et préservatrice… Sa qualité spéciale est due à l’action magique et magnétique des entités qui les protègent pendant leurs expériences.
Une fois rentrés dans leur état normal, les Aïssaouas sont des hommes comme tous les autres, prêts à reprendre leur évolution naturelle. Ce sont leurs incantations répétées et quasi diaboliques qui en on fait des êtres à part, voués à la Kabbale des plans inférieurs.

 L’esprit a signé

Fontenelle

[p. 66]

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2° Communication par incarnation médianique

 Les Aïssaouas sont des Êtres inférieurs qui s’extériorisent pendant tout le temps que durent leurs manifestations.
Ils y sont aidés pur des Elémentals du bas Astral, sorte d’Esprit dits incubes ou succubes. [p. 67]
Pour atteindre à ce résultat, les Elémentals gardent dans leur ceintre fluidique le corps astral des Aïssaouas pendant toute la durée de leurs opérations extraordinaires, soit qu’ils compriment leur chair à l’aide d’instruments souvent tranchants , soit qu’ils mutilent cette chair de tout autre façon. La souplesse qu’elle acquiert sous leur influence est plus grande que celle du caoutchouc ; c’est pourquoi ils ne sont point blessés par les armes ou les épingles dont ils se piquent ou sec meurtrissent.
Ils ont en plus, comme remède antiseptique aux blessures qu’ils se font quelquefois, leur salive, d’une qualité spéciale, qui est douée d’une étrange propriété, celle de cautériser immédiatement leurs piqûres et de les préserver même de toute brûlure, ou coupure.
Lorsqu’ils commencent leurs incantations, les bons Elémentals qui les protègent sont réunis à d’autres Elémentals inférieurs qui les hypnotisent en partie à l’aide d’un magnétisme spécial afin de les rendre plus souples et plus insensibles à toute douleur physique.
Les Aïssaouas qui sont, ainsi que je l’ai dit, extériorisés par un effet magnétique que leur imposent les [p. 68] Elémentals électriciens qui les enveloppent, sont obligés de rester malgré eux, en dehors de leur corps physique dans le cercle magique que ces derniers leur ont tracé ; cercle où ils les gardes au milieu d’eux afin qu’ils ne reprennent possession de ce corps que lorsque les Elémentals qui les actionnent le leur permettent, c’est-à-dire lorsqu’ils ont terminé leurs exercices. Voilà la vérité.
Il y a de bons et de mauvais Elémantals dans l’astral.
Les Elémentals qui actionnent les Aïssaouas sont des Etres tout-à-fait inférieurs. Mais les Elémentals qui les protègent. Leur sont supérieurs, On peut les considérer comme leurs gardiens. Cc sont des Esprits rudimentaires, encore instinctifs, mais qui sont appelés à devenir des hommes à la suite d’une longue évolution. Tandis que ceux qui les actionnent sont des Etres d’une nature mixte : les Elémentals destinés seulement au jeu des Eléments et qui restent dans l’atmosphère à ‘état d’êtres mixtes ou instinctifs sans jamais entrer dans le cadre des Etres humains.
Les Aïssaouas ne sont pas plus que tout homme de [p. 69] leur degré, obligatoirement soumis aux Elémentals. Ils sont plutôt des jongleurs inconscients faisant métier de leurs jongleries, que des sujets dangereux.
Voilà pourquoi ils sont protégés plus que ne serait l’homme jouissant de tout son libre arbitre vu qu’ils n’ont pas la notion exacte des dangers de la Kabbale. La protection dont ils sont l’objet des bons Elémentals qui les protègent les empêche de choir, ou plutôt de succomber à ces dangers.
Ils ne peuvent atteindre aux résultats produits par leurs danses nerveuses qu’en se soumettant volontairement à l’action de ces Elémenlals inférieurs qui détiennent, à cet effet, des pouvoirs spéciaux provenant de la magie noire qu’ils pratiquent alors pour attirer l’attention du public.
C’est tout cc que je puis vous dire concernant les Aïssaouas

[p. 70]

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3° – Opinion d’un Voyant

 Les phénomènes produits sont bien de l’ordre de ceux dont s’occupe l’occultisme ; l’absence du sang dans les blessures et leur cicatrisation si rapide le prouvent tout particulièrement. Ils sont produits non par la volonté des opérateurs, magiquement, mais avec l’aide d’invisibles, Ceux-ci sont des esprits élémentaux, d’ordre terrestre, particulièrement cantonnés [p. 71] dans l’Afrique centrale et attachés à la race Arabe.
A la suite de nos conquêtes et de nos colonisations dans les régions sénégaliennes, ces esprits, qui nous sont hostiles, tendent à nous être nuisibles, Les Aïssaouas en les utilisant, en les commandant, dans un but religieux et souvent humanitaire, et particulièrement en les employant au milieu de nous, contribuent à nous protéger des maléfices et des dangers auxquels nous pourrons être exposés de ce chef.
Ces esprits évoqués par les opérateurs arabes sont aperçus comme venant des régions indiquées tout à l’heure jusqu’en Algérie, ou en France, non à travers les airs, dans l’atmosphère, mais directement à l’intérieur du globe terrestre.

[p. 72]

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4° – Observations finales

 Avec les singulières concordances de ces trois documents, qui semblent, par là, désigner un fait nettement perceptible, celui du concours d’invisibles d’ordre naturel, le lecteur remarquera l’incertitude embarrassante des deux communications spirites. La seconde explique un peu mieux ce que la première ne peut rendre qu’avec plus de confusion encore [p. 73] mais que d’hérésies dans l’une et l’autre sur la nature des choses invisibles.
La télépathie confondue avec l’ubiquité ; les contorsions hypnotisantes des opérateurs prises pour résultat de leur insensibilité ; la possession confondue
Avec l’envoûtement ; la raison même attachée au  corps astral ; la magie noire confondue avec la Kabbale.
On remarque encore dans l’une et l’autre communication la difficulté d’expliquer l’action curative de la salive, et celle bien plus grande de caractériser les esprits qui opèrent ici. Il en ressortirait cette étonnante théorie que les esprits favorables, les gardiens, surveillent une possession, et liassent aux esprits mauvais maniement des éléments matériels, comme s’ils en étaient incapables eux-mêmes, ou comme si ils avaient la faiblesse de se rendre complices de si mauvaises actions !
A ces explications embarrassées, à ces rudiments de théorie, il faudrait des rectifications et des développements fort longs qu’il est impossible de donner ici. Ils ne peuvent être fournis que par la suite des théories dont l’Echo de l’Au-delà et d’Ici-bas se propose de donner des notions.

[p. 74]

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(l) Dans une autre séance, nous avons vu un autre Aïssaoua prendre les mêmes serpents ou de semblables, les serrer entre ses dents par le milieu du corps de sorte que, surexcité par la douleur, le serpent le mordait à la joue, à l’oreille, au nez, à la gorge, et cela si fortement qu’on le voyait quelques instants suspendu par ses crochets, solidement enfoncés dans les chairs de l’Arabe. A la fin celui-ci mangeait la tête et une partie du corps du reptile, ainsi que quelques petits scorpions noirs qui sont de l’espèce la plus venimeuse.
(2) Au Panorama de la Cie Transatlantique.
(3) Prononcer : Aïssaouas.
(4) Ville du Maroc ou les Aïssaouas placent leur origine.
(5) Torrent Algérien.
(6) Musulman consacré à la pratique et à l’enseignement de la religion.
(7) La réduction n’assume en rien la responsabilité de ces communications et visions auxquelles elle est étrangère et qu’elle ne donne qu’à titre de documentation.

TABLE DES MATIERES

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Les séances de Fakirisme                              5
Doctrine et initiation des Aïssaouas     35
Origine de la secte des Aïssaouas           47
Légende de Ben Aïssa                                  54
Appréciations des Aïssaouas                    59
Table.

 

 

 

 

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2 commentaires pour “Les Aissaouas à l’Exposition de 1900. 1901.”

  1. Alain MartinetLe lundi 29 décembre 2014 à 16 h 53 min

    Bonjour,
    Merci d’avoir mis en ligne cette brochure sur les Aïssaoua.
    Le texte est malheureusement fautif de deux façons :
    a) des paragraphes « copiés-collés » deux fois ;
    b) des passages manquants : par exemple celui relatif aux manipulations de serpents (sans doute page 15 +).
    J’ai tenté de remonter les photos et le texte dans l’ordre (du moins tel qu’il m’est intelligible) Je vous en adresserai volontiers le fichier (envoyez-moi votre e-adresse). Si vous m’adressez le scan de la brochure, je peux faire les corrections et vous faire retour de la version rectifiée.
    Encore merci.
    Bien cordialement.
    A.M.

  2. Michel ColléeLe mardi 30 décembre 2014 à 13 h 29 min

    Bonjour,
    Un grand merci pour votre lecture attentive et pour vos remarques qui me permettent d’effectuer les correction ad hoc, soit : 1/ suppression du texte en doublon; 2/ saisie du texte manquant. Les rectifications sont en ligne. Je vous souhaite une bonne fin d’année. Michel Collée.