Revius [Pseudonyme de Z. Piérart]. Faits et expériences. Communications médianimiques curieuses, fauteuils et tables se remuant sous le contact des esprits. Esprit consolidant des parties de leurs corps et s’adonnant à des attouchements parfaitement tangibles. Les incubes, les succubes, le sabbat, les vaudoux. Cas remarquables d’écriture directe obtenue sur un tombeau, fac-similé. Esprit frappeur. Apparitions, etc. in Revue Spiritualiste, Journal mensuel et bi-mensuel, principalement consacré à l’étude des facultés de l’âme, a la démonstration de son immortalité et à la preuve de la série non interrompue des révélations et de l’intervention constante de la Providence dans les destinées de l’humanité, par l’examen raisonné De tous les genres de manifestations médianimiques et de phénomènes psychiques présents ou passés et des diverses doctrines de la philosophie de l’histoire envisagée au point de vue du progrès continu. Rédigé par une société de spiritualistes, et Publié par Z. Piérart, Paris, Année 1859, Tome II, Bureau provisoire, pp.126-139
Cf : Yve-plessis: Essai d’une bibliographie française… n°597.
Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais nous avons corrigé les fautes de composition. – Les images ont été ajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
Monsieur le Rédacteur
Depuis la longue lettre que je vous ai écrite et que vous avez insérée dans votre 5° livraison, j’ai continué mes expériences spiritualistes dans les diverses réunions de médiums et d’amis que je fréquente. Toutes nos séances n’ont pas été remarquables. Toutefois, il en est quelques-unes que je ne puis faire autrement que de porter à votre connaissance.
Une jeune demoiselle, ma nièce, dernièrement écrivait sous la dictée d’un esprit. Ayant pris le Monde occulte de Delaage, j’ouvris le livre au hasard, tenant la main sur la feuille, afin qu’elle ne soit vue d’aucun de nous ; je priai le médium d’écrire la dernière ligne de la page à droite. Aussitôt elle avança la main droite et posa le crayon sous ma main, le reprit et après écrivit les mots la puissance, qui est le commencement de la phrase de la ligne de la page 75. Mais je ne pus en avoir davantage.
L’Esprit qui écrivait ainsi par la main de la jeune fille s’était fait connaître la veille comme étant son père mort il y a huit ou dix ans ; c’est lui-même qui avait développé les facultés médianimiques de son enfant. Nous lui avons fait de nombreuses questions: toujours il fit ses réponses sans ordre d’écriture, de manière que les phrases se croisaient en tous sens. Les caractères étaient grands et difficiles à lire. Nous avons toutefois compris qu’il venait pour son enfant; qu’il ne la quitterait pas avant deux jours; mais qu’à notre prière il reviendrait plus tard. Il nous assura qu’il avait domicile, ainsi que son épouse, dans la planète Saturne ; qu’il veillaient continuellement sur leurs deux enfants; que leur mère était présente à la séance, ainsi que son frère, mort il y a deux ans Je priai ce frère, qui était aussi le mien, de se manifester d’une manière ou de l’autre, de s’asseoir encore dans le fauteuil où il prenait plaisir à se reposer quand il venait me voir de son vivant. Il répondit par la main du médium qu’un des assistants, M.S., devait s’asseoir dans le fauteuil. Celui-ci s’y plaça. La main, continuant d’écrire, ajouta: Maintenant, je vais me placer sur la siège qui est à côté de vous: ce qui fut fait selon toute probabilité, car le siège, un instant après, décrivit en se mouvant in demi-cercle, et cela sans aucun attouchement du médium qui se tenait éloigné d’environ un demi-mètre.
Les jours qui suivirent, conformément à la promesse, la jeune fille ne cessa de sentir en elle l’action de l’Esprit de son défunt père; elle eut continuellement des tiraillements dans la main droite. Chaque fois qu’elle prenait le crayon, l’Esprit lui faisait écrire des paroles de tendresse paternelle, lui disant d’avoir confiance dans son avenir, attendu qu’il protégerait toujours ses enfants. Les deux jours passés, il n’y eut plus de manifestation.
Depuis, nous avons eu d’autres séances, et toujours elles ont suffi pour ébranler, sinon pour convertir, les plus robustes rationalistes, dont le nombre est très-grand dans ce pays. Leur confusion est souvent plaisante. Il y a quelques jours, une table s’est élevée, à notre demande, sur ses quatre pieds, s’est mise à marcher dans le salon, en sortit pour parcourir un assez long corridor et descendit un à un les degrés d’un escalier pour revenir, en sautant, se remettre à sa place. Il faut dire, toutefois, que mon fils avait conservé la main sur la surface de la table.
Une autre fois nous fûmes témoins de choses bien plus extraordinaires : mais ici, je ne sais si je dois tout dire. Les esprits étroits m’accuseront ou de coupable indiscrétion ou de mensonge. Les faits sont étranges et d’une nature délicate: quelques-uns les croiront propres à nuire au spiritualisme. Mais est-ce nuire au spiritualisme que de dire la vérité, le bien comme le mal, afin que la lumière se fasse, que chacun puisse se mettre en garde contre les dangers de communications qui ne sont pas nouvelles, qu’on a révoquées en doute, mais dont toute l’antiquité et la moyen âge ont retenti ?
Voici donc les faits dans toute la vérité, sauf quelques réticences que les devoirs de la publicité m’imposent.
Un soir donc nous eûmes des attouchements inusités, tels, par exemple, que ceux de personnes qui se heurteraient contre nous par mégarde en courant. Les dames étaient touchées très-indécemment. Une d’elles, d’ailleurs très-respectable, manqua de tomber à la renverse par un attouchement très-saisissant au dessus des genoux et sous ses vêtements. Très-courageuse, elle ne voulut pas finir la séance comme nous en avions l’intention. Après cet incident, la dame se remit à sa place et demanda à l’Esprit ce qu’il exigeait d’elle. IL répondit : – Vous embrasser. – Eh bien ! embrassez-moi, lui dit-elle. – Non, dit-il, pas ici, mais au lit. Pour prévenir d’autres scandales, nous avons levé la séance.
L’hiver passé, dans une de nos séances, nous avons eu la visite, d’abord, de quelques Esprits très-honnêtes. Mais bientôt nous fîmes une pause, et, pendant que nous prenions un verre de vin, quelques-uns de nous se mirent à raconter des histoires assez scabreuses de leur jeunesse. Ce manque de recueillement et de sérieux, paraît-il, changea la nature de nos manifestations. Lorsque nous remîmes les mains sur la table, arrivèrent des Esprits femmes, et ce fut une suite de scandales. A notre demande, avec quoi nous pourrions leur être agréables, on répondit : « En vous mettant en costume de paradis ». Il n’y avait pas de dames à cette séance. Sur notre refus (nous étions six amis), elles commencèrent à nous faire caresses non équivoques, nous touchant d’abord les mains avec leurs mains qui avaient toutes les qualités en chair et en os et d’une température chaude comme les nôtre. A ma demande si celle qui s’était accrochée à moi m’avait connu dans ma vie, elle me répondit par l’alphabet : « OUI, » et à cela ajouta d’autres paroles curieuses. Pendant cette conversation, deux autres Esprits féminins prenaient plaisir à faire à deux assistants des caresses telles que je m’abstiens de les indiquer ici. L’un d’eux se sentit tellement étreint dans les bras invisibles et accablé de caresses, que pour y couper court, il courut reprendre et rapporter sur la table la lampe que nous avions posée dans un coin, attendu qu’une trop grande lumière affaiblit l’intensité des manifestations.
Lorsque nous n’avions plus les mains sur la table, la scène finissait (je pourrais faire connaître les cinq autres personnes qui, comme moi, furent témoins de ces faits, et elles sont prêtes à les attester à qui voudra. Quand à l’ami dont il est question dans mon précédent article de la Revue, page 138, comme présent à la séance où s’est manifesté Eenens, rue Paroissiale, à Bruxelles, il m’a envoyé sa nouvelle adresse. Il demeure pour le moment à Paris, rue Saint-Honoré, 334. Il s’appelle M. Van den Ouwelant. Je ne pense pas qu’il puisse refuser son témoignage.)
Si je ne me trompe, l’histoire a raconté bien souvent de pareilles scènes; n’aurait-on pas la possibilité d’expliquer par là ces histoires d’incubes et de succubes ( Voyez, au sujet des incubes et des succubes et d’une foule de faits semblables à ceux que cite M. Revius, les ouvrages suivants : Guibert de Nogent, de Vita sua, lib 1, ch. 13 ; la Vie de saint Bernard; le Père Alphonse Costadau, Traité historique et critique des principaux signes du commerce avec les Esprits, etc., Lyon 1720, t. V, p 137 ; Grégoire (de Tours), historia Francurum, lib. VI, lib. II ; saint Thomas d’Aquin, Summa theologiae, quaestio LI, art. 3; l’Hexameron de Antoine de Torquemada Antoine de; l’Ecole du pur amour de Dieu, p. 34 de la nouvelle édit. de Cologne, 1704, in-12; M. Martin-Antoine Del Rio, Disquisitiones magicae, lib. II, sect. 24; les ouvrages bien connus de Jean Wier, de Pierre de Lancre, de Jean Bodin, de Michel Psellus; les Nouveaux mémoires de l’Académie des inscriptions, t. VI, p. 603; le Recueil de questions traictées ès conférences du bureau d’adresse, Paris, Soubron, 1656, 5 vol. in-8; Joseph Franck, Praxeos medicae proecepta, Lipsiae, 1832, in-8. Z.P. ) , ces scènes de sabbat racontées par tant d’autorités respectables, objets de tant d’enquêtes, de condamnations judiciaires au moyen âge ? Peut-être y a-t-il aussi de cela dans ces fameuses orgies des Vaudoux qui ont encore lieu tous les jours dans les Antilles et les Amériques du centre ?
Mais ici j’entends les démonomanes s’écrier : Mais, vous le voyez bien, c’est le diable qui cause de pareilles choses ! Incrédules que vous êtes ! Enfin, vous voilà bien obligé de convenir que Satan existe.
D’autres diront que rien n’est plus pernicieux que de se mettre en relation avec les Esprits, et demanderont de nouvelles masures de proscription contre l’examen de la plus importante des vérités, cherchant à l’étouffer comme autrefois par tous les genres de persécutions.
Aux premiers, nous dirons : Mais vous voyez bien que ce n’est pas le diable. Vous dites que le diable est tout-puissant et qu’il n’a pas besoin, pour se manifester, de secours de l’homme; d’où vient donc qu’il ne se manifeste pas quand il n’y a pas de médiums ; que, dans le cas précédent, il ne l’a fait que quand une lampe était masquée et qu’autant que des mains étaient appuyées sur la table ? En vérité, nous n’aurions jamais cru que M. le prince des ténèbres ait eu de si petits, de si faibles moyens de manifestation. Pourquoi le faire si terrible, quand il dépend d’un simple mouvement de notre volonté pour l’écarter ? Vous voyez bien, au contraire, que ce sont de mauvais Esprits purement et simplement, des Esprits non purifiés encore et qui ont conservé l’empreinte de leurs passions, de leurs tendances animiques d’ici-bas. A vous de faire comme nous avons fait: de les rembarrer énergiquement, de ne point donner suite à leurs mauvais desseins, car nous avons toujours remarqué que les mauvais Esprits n’arrivaient que quand nous manquions de recueillement et quand, pour cette raison, les bons nous quittaient. Les mauvais Esprits d’outre-tombe ne se plaisent qu’à fréquenter ceux des mauvais Esprits d’ici-bas qui leur ressemblent. Ne les désirez pas, soyez purs, vertueux, bien intentionnés, sérieux, vous aurez affaire à meilleure société, et alors les manifestations que vous obtiendrez feront plutôt votre édification que votre confusion.
Aux éteignoirs, aux partisans des mesures d’interdiction, nous diront-s : Si les communications avec le monde spirituel ont des dangers ou peuvent prêter à des abus, raison de plus pour s’en occuper. Pour mieux éviter le danger et combattre les abus, il faut les connaître ; pour les connaître, il faut les examiner. Quel est celui qui, connaissant une forêt, repaire de brigands, ne soit désireux d’en voir faire une battue dans tous les coins et recoins, afin de débusquer les malfaiteurs qui s’y trouvent ? De ce que les règnent végétal et animal renferment des poisons, est-ce une raison pour ne pas apprendre à connaître ces règnes, afin de pouvoir parfaitement faire une différence des substances malfaisantes d’avec les utiles qu’ils renferment ? et de ce qu’il y a des poisons, est-ce une raison pour ne point analyser chimiquement, afin de connaître leurs réactifs, leur antidote et de séparer leurs principes bienfaisants d’avec leurs principes vénéneux ? Que l’on s’occupe ostensiblement, librement, de spiritualisme ou non, cela n’empêchera pas qu’il y ait des gens en commerce avec les mauvais Esprits? Il y en a toujours eu. Des hommes naissent médiums naturellement ou sont spontanément initiés aux arcanes de la magie, de la sorcellerie. Ces arcanes, les plus souvent se transmettent traditionnellement et souvent chez des gens qui, bien loin de savoir ce que c’est que le spiritualisme, un médium, un Esprit, ne savent pas même lire, témoins nos bergers, nos sorcières de village, témoin tout le moyen âge où, certes, le spiritualisme n’était ni professé, ni ouvertement enseigné, beaucoup s’en faut. Ainsi donc, il serait loisible à tant de gens de s’occuper, d’une manière occulte, de tout les mystère du mauvais spiritualisme sans qu’il soit permis aux honnêtes gens de se livrer à la pratique du bon, à la connaissance des vérités qui permettent de distinguer le bien du mal, de démasquer, de signaler celui-ci, de s’en préserver ! Comme le dit fort bien, dans votre 2e livraison de cette année, une communication médianimique attribuée à Lamenais, « que les hommes animés de mauvaises intentions puissent se mettre en rapport avec de mauvais Esprits et faire beaucoup de mal, rien n’est plus vrai; mais de cela on doit conclure qu’il convient plus que jamais de se mettre en rapport avec les puissances spirituelles et d’entrer à pleines voiles dans les eaux du spiritualisme, afin d’en connaître les secrets, les précieuses ressources, pour faire le bien, sans cela on continuera à laisser le champ libre aux pratiques occultes de la sorcellerie, de la magie et de la nécromancie dont tant d’hommes pervers se sont servi pour faire le mal, et sans qu’on s’applique à trouver pour ce poison l’antidote convenable. Si les honnêtes gens entraient plus souvent en communication avec le monde spirituel, avaient recours à la voyance et aux dons médianimique, ils pourraient presque toujours déjouer les machinations des envoûteurs, jeteurs de sort, etc. Chacun aurait son ange gardien, son Esprit bienfaiteur pour l’avertir et le protéger, ou bien trouverait toujours auprès de quelque médium les avertissements nécessaires »
Ainsi donc, comme on le voit, il convient de tout dire en matière de spiritualisme et de tout examiner librement ; c’est là une des conditions de l’avancement des questions formidables que renferme cette science et des résultats utiles qu’on peut en tirer. Le Christ n’a-t-il pas dit : « Etudiez toutes choses et conservez les bonnes ? » N’a-t-il pas dit aussi : « Délivrez-vous des malins ? ». C’est en apprenant à les connaître que nous saurons comment on peut les combattre.
Maintenant, revenons à nos expériences de la Haye.
Dans ma dernière lettre, qui a paru dans la 5e livraison de la Revue spiritualisme, je vous ai parlé, entre autres choses, d’un Esprit qui parlait. Nous en avons deux maintenant qui non-seulement nous parlent, mais encore nous font des écritures directes, nous présent. Toutefois, ces écritures n’ont encore lieu que dans l’obscurité. Mais on entend distinctement le mouvement des crayons que nous déposons sur la table à côté d’un morceau de papier. Lorsque les Esprits ont fini, ils nous remettent ensuite le papier entre les mains.
Mais la plus remarquable expérience d’écriture directe que nous ayons eue, c’est dernièrement, dans un cimetière de la Haye. Je vais vous parler en détail de cette expérience qui mérite, par son importance, d’être connue à point nommé de vos lecteurs.
C’était le 20 du mois de juin dernier. Un de mes amis, médium, personne très-honorable de la ville, père de famille, avait été très-lié d’amitié avec une autre famille, dont la dame, du nom de Rosa, est morte phtisique il y a un an et demi. Ayant soigné quatre sœurs, toutes mortes de la même maladie, et connaissant toutes les périodes de sa maladie propre, Rosa avait prédit le jour de sa mort. Désirant faire un dernier adieu à mon ami, elle le fit prier de venir la voir la veille de son décès. Mon ami, ne croyant pas le danger si imminent et d’ailleurs très-affairé ce jour-là, n’arriva que le lendemain, et ne trouva plus qu’un cadavre. Regrettant vivement de ne pas avoir satisfait à temps à la prière de la mourante, et ayant étudié depuis le spiritualisme, il s’est décidé, le 20 juin susdit, à faire un acte de piété. Il s’est rendu au cimetière, où il a posé à plat une demi-feuille de papier blanc (sans crayon), sous le socle qui recouvre la fosse de Rosa, après s’être bien convaincu que personne ne l’observait dans ce lieu solitaire et que le papier était entièrement caché sous le socle. Il est resté pendant une heure près de la tombe dans un recueillement religieux. Le lendemain il est retourné au cimetière, et fouillant sous le socle, il trouva, après quelques recherches, sa feuille de papier, mais pliée négligemment en petit paquet oblong, plus ou moins noirci par la terre. En ouvrant le paquet, quelle ne fut pas son émotion en en lisant le contenu, tel que je vous l’envoie en fac-similé lithographié. L’Esprit de Jérôme Cardan, né à Pavie en 1501, médecin, mathématicien et astrologue, s’était servi de la main de l’Esprit de Rosa, morte en 1857, pour écrire en latin une formule astrologique indiquant le signe du ciel sous lequel Jésus-Christ est né, affirmant ensuite que cette imbécillité n’est pas due à la science, mais aux savants, c’est-à-dire, sans doute, que l’astrologie est une vérité, mais que les professeurs manquent de capacité, et puis deux silhouettes en marge ! Ensuite Rosa, écrivant en français pour son propre compte, appelant et plaignant son ami. Cette écriture directe, Monsieur, m’a bien vivement ému. Pour moi, maintenant, c’est un phénomène hors de doute. Que la science, quand un jour elle finira par s’occuper de ces faits si grandioses, les explique comme elle voudra, je les regarde comme des preuves on ne peut plus convaincantes de l’existence des Esprits et de la possibilité de leurs relations avec le monde physique.
Maintenant, voici d’autres faits :
Au commencement du mois d’août, un de mes amis, médium voyant, vint me voir après avoir conduit un ami souffrant chez le magnétiseur Regazzoni, qui est ici. Il me parla du fameux magnétiseur. Depuis plusieurs mois les Esprits s’occupaient très-peu de ce médium. Il me dit que M. Regazzoni, quoique croyant au spiritualisme, avait affirmé n’avoir jamais vu quelque manifestation, et qu’il ne demandait pas mieux que d’assister à nos séances. A peine le médium achevait-il de parler, que nous entendîmes des frappements consécutifs dans la table. Alors nous posâmes les mains dessus, et sur ma demande si l’Esprit désirait faire écrire le médium et sa réponse affirmative, je mis du papier et un crayon à la disposition de celui-ci.
Bientôt après, le médium eut des tiraillements dans le bras et la main droite. S’emparant du crayon, il écrivit ces mots : « Regazzoni doit voir ici que les Esprits existent ; nous le convaincrons : c’est ici qu’il doit être convaincu. Le voulez-vous ? Je suis Rosa. Pourquoi n’êtes-vous pas revenu ? »
Demande. Lorsque nous irons encore au cimetière, voudrez-vous de nouveau nous donner de l’écriture directe ?
Réponse. Non, il m’y verra.
Demande. Si vous pouvez vous faire voir au cimetière, je suppose que vous pourriez vous rendre visible de suite.
On frappa trois coups en signe affirmatif.
Nous étions quatre personnes : mon épouse, une cousine, le médium et moi. Ne recevant pas de réponse à ma demande sur les questions de savoir si l’Esprit se ferait également visible pour nous, nous restâmes quelques instants silencieux, nous préparant à voir un Esprit. Tout à coup le médium porta la main sur la région du cœur, affirmant y éprouver une forte douleur, comme un point de côté; il respirait difficilement. Au même instant, il me prend les deux bras avec force, s’écriant : « Dieu tout-puissant ! la voilà devant nous, assise sur cette chaise, entre le piano et la porte de votre bureau, là, là ! Ne voyez-vous pas ? elle est en blanc et la même toilette comme elle portait vivante parmi nous. Elle me fixe et mes yeux rencontrent les siens. » (Cette apparition a duré 25 à 30 secondes). « Ah ! la voilà disparue, » dit ensuite le médium, qui, n’ayant aucune extase, nous dit qu’il voyait encore comme un nuage entourant des figures humaines passer devant le piano. Il sentit ensuite un léger tressaillement dans les yeux, après quoi il rentrait dans son état normal. Nous autres, nous n’avons rien vu.
Après cela l’Esprit s’est remis à frapper dans la table. Après l’avoir remercié de sa complaisance, je lui ai demandé s’il savait où se trouvait son frère, dont la vie est assez déréglée ; il répondit, faisant écrire le médium : « Au Texas. – D. Est-il heureux ? – R. Non, malheureux. – D. Qu’y fait-il ? – R. Squatter. Je vous quitte. Bonjour, mes amis, jusqu’au revoir. Adieu. »
Cette séance, non demandée à l’avance, s’est passée en toute lumière, quoique la flamme des lampes fût baissée un peu.
Le 11 août écoulé, un Esprit est venu faire écrire, par la main d’une jeune demoiselle, l’alphabet, ou plutôt un des alphabets du monde des Esprits, dont je vous enverrai la copie à ma prochaine lettre.
Malheureusement nos séances ne peuvent se tenir régulièrement, parce que nous ne pouvons disposer à volonté de nos médiums qui appartiennent tous à la haute société. Nous espérons néanmoins nous organiser plus régulièrement l’hiver prochain. Si les séances que nous nous proposons de tenir avec M. Regazzoni sont fructueuses, je vous en tiendrais au courant.
Au revoir, à une prochaine occasion.
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