Paul Courbon. Sur la pensée mystique et la pensée morbide. In « Journal de psychologie normale et pathologique », (Paris), XXIVe année, 1927, pp. 146-161.
Paul Courbon (1879-1958). médecin de l’asile public d’Amiens, qui, de son côté, y va de sa critique d’un supposé pansexulisme freudien. Courbon sera par la suite affecté à l’hôpital de Stephansfeld (Alsace) où il permettra à Blondel de faire des observations et il sera, en 1927, avec Gabriel Fail, l’inventeur du syndrome d’illusion de Frégoli.
Quelques publications :
— Étude psychiatrique sur Benvenuto Cellini (1500-1571) Lyon, A. Storck et Cie, 1906
— Asthénomanie et psychose maniaque dépressive. Extrait de la Revue de Psychiatrie de juillet 1912. Paris, Octave Doin et Fils, 1912. 1 vol. 15.4/24 [in-8°], 11 p. Broché. 01/05/99
— Interprétations délirantes et perceptivité cénesthésique. Extrait de la Revue de Psychiatrie. 1910. S. l. n. d. [Paris, 1910[. 1 vol. in-8°, pp. 239-248.
— La convoitise incestueuse dans la doctrine de Freud. Paris, 1914.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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SUR LA PENSÉE MYSTIQUE
ET LA PENSÉE MORBIDE
Chaque jour, sous le progrès de la psychologie scientifique, le mysticisme religieux, auquel la canonisation récente d’une carmélite de vingt-quatre ans, qui fût notre contemporaine, a donné un regain d’actualité, perd un peu de son mystère (1). Néanmoins la solution des problèmes qu’il pose est encore loin d’être complète. C’est que la vérité des paroles de Renan (2) sur l’imperfection de la connaissance permise à l’homme est encore plus grande quand celle-ci a précisément l’esprit humain pour objet. « Il faut renoncer à l’étroit concept de la scholastique, prenant l’esprit humain comme une machine parfaitement exacte et adéquate à l’absolu. Des vues, des aperçus, des jours, des ouvertures, des sensations, des couleurs, des physionomies ; des aspects, voilà les formes sous lesquelles l’esprit perçoit les choses. La géométrie seule se formule en axiomes et en théorèmes, ailleurs, le vague est vrai. »
Cette citation liminaire est une garantie de la modestie des prétentions de l’article qui va suivre. Son but est simplement d’apporter à l’analyse du paroxysme mystique religieux certaines données relativement récentes de l’observation psychiatrique. Cette tentative vise à souligner les différences de la pensée mystique et de la pensée morbide, intention qui ne saurait offenser que les sectaires et les ignorants, pour qui est folie tout ce qu’ils ne savent pas expliquer. Elle tâchera en outre de dégager quelques-unes des conditions naturelles de ces états qualifiés de surnaturels, et cet effort n’est pas pour offusquer les croyants, car la démonstration qu’un phénomène est conforme aux lois de la nature ne saurait être pour eux la preuve qu’un Être surnaturel ne l’a pas produit.
Le caractère général des mystiques chrétiens est d’avoir à certains moments le sentiment d’échapper aux conditions de l’humaine nature, pour correspondre avec une puissance céleste ou infernale, et pour [p. 147] disposer d’un mode de connaissance immédiate, que n’ont pas les autres hommes,
On résumera d’abord la description faite, de ces états interdits à l’homme normal, par les privilégiés qui les éprouvèrent, ainsi que l’interprétation fournie sur eux par les auteurs chrétiens, — résumé qui sera, comme la psychologie chrétienne ou religieuse, du surnaturel mystique. On confrontera ensuite les données ainsi recueillies avec les acquisitions obtenues par l’observation d’une autre catégorie d’états, également interdits à l’homme normal, c’est-à-dire des états délirants, confrontation qui permettra d’édifier la psychologie scientifique ou profane du surnaturel mystique, Et l’on terminera par le parallèle des trois formes normale, mystique et pathologique de la pensée,
I. — PSYCHOLOGIE RELIGIEUSE DU SURNATUREL MYSTIQUE
Les théologiens et les mystiques chrétiens eux-mêmes ont consacré à ces états de conscience surnaturels de fort pénétrantes études, La plupart d’entre elles sont résumées par Dom Sauton, moine de Solesmes et docteur en médecine, mort en 1916, dans les citations qu’il donne pour sa discussion du cas de Mme Labruyère. Elles se trouvent dans l’intéressant ouvrage de Houtin sur cette grande mystique. Ou y voit que les auteurs orthodoxes séparent en deux groupes les états de conscience surnaturels des mystiques, suivant qu’ils comportent ou non l’intervention des sens,
1. Les états de conscience surnaturels non sensoriels sont ceux dans lesquels le sujet communique avec l’être surnaturel de pensée à pensée. On les appelle, avec saint Thomas, vision intellectuelle. Pour décrire ces états, ceux qui les présentent emploient des mots différents : illumination, révélation, lumière, contemplation. Mais le contexte de leur description indique que les termes : voir, entendre, n’y sont pris qu’au figuré. A son suprême degré, le sentiment de communication fait place à celui de fusion du sujet avec l’être surnaturel. C’est l’union mystique, le mariage mystique, locutions employées également au sens métaphorique.
2. Les états de conscience surnaturels sensoriels sont ceux dans lesquels le sujet communique avec l’être surnaturel à l’aide de ses sens : le plus habituellement, par la vue et l’ouïe, mais très souvent encore par le toucher, l’odorat, le goût et les différents modes de la sensibilité organique, Mais les auteurs orthodoxes et les mystiques ne considèrent pas, tous ces états sensoriels comme l’effet d’une réalité vraiment surnaturelle. Ils distinguent: ,
a. Les états sensoriels imaginaires. — Ce sont des phénomènes naturels produits de l’imagination surexcitée par une pensée trop ardente ou par une maladie. « Il est des personnes, et j’en connais plusieurs, dont l’imagination est si vive et dont l’esprit travaille de telle sorte qu’elles croient [p. 148] voir clairement tout ce qu’elles pensent », dit sainte Thérèse, décrivant ainsi, la première, cette particularité psychologique appelée aujourd’hui imagination représentative. Ce faux surnaturel ou « vision imaginaire » est soit d’origine purement humaine quand il est la résultante du jeu automatique de l’imagination, soit d’origine diabolique quand c’est le diable qui déclenche cette imagination. Dans ce cas, ces visions, au lieu de sanctifier le sujet, le rendent vaniteux ou le pervertissent.
b. Les états sensoriels corporels. — Ce sont des phénomènes vraiment surnaturels, produits par l’impression sur les sens d’une réalité extérieure, mais imperceptible aux non privilégiés. Le sujet a des apparitions véritables ; ce surnaturel sensoriel ou « vision corporelle » comme le surnaturel non sensoriel ou « vision intellectuelle » est toujours d’origine divine ; comme tels ces états sont prétexte à la sanctification du sujet.
Il. – PSYCHOLOGIE PROFANE DU SURNATUREL MYSTIQUE
Nous voyons que la psychologie religieuse distingue parmi les états de conscience mystique ou apparaissant comme tels : des états surnaturels non sensoriels (vision intellectuelle), des états surnaturels sensoriels (vision corporelle), des états naturels imaginatifs (vision imaginaire).
La psychologie scientifique, que nous appellerons plus modestement profane, peut être d’accord avec la précédente sur cette dernière catégorie de faits. Mais en ce qui concerne les faits des autres, elle doit rechercher si leur caractère soi-disant surnaturel ne réside pas dans la méconnaissance par les observateurs religieux de certains de leurs éléments constitutifs : éléments passés inaperçus, parce qu’on n’est pas accoutumé à les voir chez tous les hommes, mais dont l’existence a néanmoins des conditions parfaitement naturelles. Or c’est en regardant les états de conscience les plus différents de ceux de l’homme normal que l’on a le plus de chance de trouver, sous une plus grossière évidence, des éléments insolites. Éduquée par les constatations relativement faciles sur le psychopathe, la vision de l’homme normal possède ensuite plus d’acuité pour saisir de plus menues particularités sur les hommes qui lui ressemblent davantage.
C’est en procédant de la sorte que les connaissances sur la cénesthésie et l’imagination représentative des aliénés, si elles sont loin de donner la « formule géométrique » des états surnaturels et sensoriels des mystiques, apportent cependant « quelques aperçus, quelques ouvertures » sur leur déterminisme psychophysiologique.
1. Le terme de cénesthésie, qui étymologiquement signifie sensibilité commune, est un de ceux dont le sens en psychiatrie est le plus imprécis. Beaunis, Séglas, Wernicke, Forster, Hesnard, Dupré, Blondel et bien d’autres auteurs l’ont étudié. Nous le prendrons au sens que lui donna Sollier dans son rapport au Congrès de Psychologie de Genève, 1909. [p. 149]
Le sentiment cénesthésique est le sentiment du fonctionnement des organes de notre corps et de notre pensée. Les viscères jouent un rôle considérable dans sa constitution. C’est ce qui explique que parfois cénesthésie soit considéré comme synonyme de sensibilité organique. Mais le cerveau y prend également part, étant lui aussi un organe comme les autres. « Il est vraisemblable, écrit Baudin dans son manuel, que notre sensibilité, qui, sous forme de cénesthésie générale, nous donne la conscience de nos fonctions organiques, doit nous donner sous forme de cénesthésie cérébrale la conscience de nos fonctions encéphaliques, celles auxquelles sont liées les fonctions psychologiques de la pensée. »
Ce sentiment du fonctionnement de notre être physique et psychique, qui n’est en somme que le sentiment de vivre, n’est pas identifié par le sujet normal. « La cénesthésie », dit très bien Blondel (3) dont la théorie n’est pourtant pas la nôtre, « est vécue et non pensée ». Normalement, en effet, le fonctionnement vital ne se révèle par aucune impression spécifique. Il détermine simplement l’état affectif général que l’on appelle humeur. Ce sont ces variations en plus ou en moins qui conditionnent les variations de celle-ci. On est de bonne ou de mauvaise humeur, suivant que les tendances physiques ou psychiques sont ou non satisfaites,
Seules sont ressenties les impressions produites par une perturbation de ce fonctionnement, car elles constituent une dissonance dans la mélodie monotone qu’il joue depuis la naissance. Leur caractère spécifique arrive alors à la conscience, en traversant l’humeur, et, devant l’étrangeté de ce qu’il ressent, le sujet constate que son-être ne fonctionne plus comme auparavant, puisque ses perceptions, ses idées, ses décisions, ses mouvements n’ont plus la même tonalité affective qu’autrefois. C’est en ce sens que l’on peut dire que le sentiment cénesthésique est tellement lié à notre personnalité que nous ne constatons son existence que lorsqu’il vient à être altéré ou aboli.
La perturbation cénesthésique est la condition des maladies mentales. Isolée, elle donne au sujet ce sentiment d’étrangeté toujours plus ou moins anxieux qui va du simple sentiment d’incomplétude de la psychasthénie jusqu’aux délires de transformation, de négation, d’immortalité de l’hypochondrie. Compliquée de facteurs inconnus, qui ajoutent leur tonalité particulière à l’affectivité, elle participe encore à la production des autres délires. La méfiance du persécuté lui fait voir en elle l’effet d’une mainmise d’autrui sur sa personnalité : idées d’influence et de possession, etc. L’assurance du mégalomaniaque trouve en elle la marque d’une supériorité : idées de puissance, de grandeur des maniaques, des paralytiques généraux.
Mais le sentiment cénesthésique, à teinte agréable ou désagréable, peut apparaître en dehors de toute maladie chez des individus normaux par [p. 150] ailleurs. Ici, où l’on s’occupe de l’analyse de la pensée mystique, on ne retiendra pas les sentiments de déjà vu, de jamais vu, de rêve éveillé, qu’un certain nombre de personnes éprouvent plus ou moins exceptionnellement dans le courant de leur vie. On insistera uniquement sur le fait de la provocation d’un état cénesthésique agréable par l’activité intellectuelle chez quelques individus ni mystiques, ni psychopathes. Non seulement le travail de création artistique (poésie, roman, composition musicale, peinture, sculpture, etc.) ou scientifique (inventions, découvertes. etc.), mais encore le simple travail utilitaire (préparation d’un examen sur des matières même rébarbatives) peuvent produire un état de bien-être physico-psychique où, en plus d’autres éléments ineffables, entre un sentiment de surpassement de soi-même. Les mots « »ivresse », « volupté du travail », « se saoûler de travail » ne sont pas toujours de la pure littérature. Ils sont parfois l’expression d’une réalité concrète, mais difficilement formulable, parce que inconnue de la plupart des gens. A la fin de la nuit, qu’il consacrait hebdomadairement à préparer son baccalauréat, un lycéen déclarait ressentir une jouissance extraordinaire. C’était une aisance générale indicible, avec illusion de disposer d’une intelligence autre que la sienne, car il comprenait et aimait alors les mathématiques qui, en temps ordinaire, lui inspiraient de la répulsion. A d’autres moments, au contraire, le même sujet sentait sa pensée rétive à ses efforts obtus, et il éprouvait un malaise extrême.
Retenons donc tout d’abord que chez certains individus, même en dehors de toute maladie mentale, des états cénesthésiques, donnant à l’individu le sentiment qu’une mystérieuse et incomparable modification s’est opérée dans sa personnalité physique et psychique, peuvent apparaître sous l’influence du travail intellectuel. Retenons ensuite que, même chez les psychopathes, l’état affectif s’empare de ces données cénesthésiques pour les incorporer dans le système de concepts dont il conditionne la formation.
Ceci établi, on remarquera que c’est à l’existence d’un de ces états cénesthésiques, liés à l’activité intellectuelle, que, pour le psychologue, peut se ramener le caractère commun des mystiques chrétiens. Le sentiment, qu’ils ont tous, de correspondre avec l’Être surnaturel, soit indirectement par l’interposition des sens, soit directement d’une façon immédiate, n’est que la traduction en langage religieux des impressions cénesthésiques ineffables qu’ils éprouvent. A ces moments, leurs processus mentaux et physiques n’ont plus la tonalité affective d’autrefois. Ceux-ci ne leur semblent plus être aussi dépendants de leur propre personnalité. Et cette émancipation de leur mécanique psycho-physiologique, ils l’attribuent à l’influence étrangère, dont leur religion leur enseigne l’existence. M. Georges Dumas a signalé déjà l’influence que les oscillations de la vie organique, affective et intellectuelle des mystiques cyclothymiques ont sur leurs croyances religieuses. « Les phases [p. 151] sèches, comme ils les appellent, sont des phases de dépression, où ils se sentent éloignés de Dieu, et dans les phases d’euphorie, au contraire, ils se sentent plus près de Lui, pleins de confiance et de certitude. » (4).
Ces états cénesthésiques apparaissent, soit tardivement après un travail inconscient de l’esprit, soit soudainement. Mais cette soudaineté n’est qu’apparente et est en réalité l’aboutissement d’un travail inconscient. « L’œuvre propre des mystiques consiste à imaginer et à pratiquer des méthodes qui permettent de se donner le sentiment de la présence divine avec autant, je dirais même avec plus d’intensité que si elle se manifestait aux sens physiques », dit Leuba. « Le paradoxe du mysticisme n’est-il pas toujours, fait remarquer Delacroix, de projeter au delà de tous nos univers, un ineffable, un inintelligible, avec lequel nous pouvons avoir pourtant une communication spirituelle, avec lequel nous sommes en communion, auquel nous nous unissons à un tel degré d’union qu’en nous et par nous se réalise cet idéal. » (5)
Le trouble cénesthésique est comme la réalisation de cette communion, si ardemment attendue, avec l’être surnaturel. Ce sentiment étrange d’échapper aux conditions de la nature humaine, le visionnaire l’interprète avec sa mentalité religieuse. Il voit dans cette disparition de la norme, dans cette impression bizarre d’un fonctionnement intérieur jusque-là silencieux, la preuve de l’action sur lui de l’Être surnaturel, auquel sa religion lui prescrit de croire, et auquel sa passion le fait penser constamment.
Ajoutons que les pratiques de l’ascétisme des mystiques ne sont pas sans jouer un rôle analogue à celui du café et du tabac chez les travailleurs plus haut considérés. L’excitation physique s’ajoute donc dans les deux cas à l’excitation psychique pour déclencher l’état cénesthésique.
2. L’imagination représentative est une forme d’imagination qui consiste dans la représentation sensorielle de tous les éléments concrets des états de conscience, Tous les sens, ou seulement quelques-uns : l’ouïe et la vue notamment, fonctionnent alors spontanément pour donner une sensation analogue à celle que produirait l’impression exercée sur lui par l’objet évoqué, Un tel sujet ne peut penser à une chose ou à un être sans le voir, l’entendre, le sentir.
Cette forme d’imagination, appelée représentative par Sollier (6), objectivante par Mignard (7), peut exister constitutionnellement chez certains individus qui en sont doués, dès leur naissance, comme c’est le cas chez certains artistes, qui peuvent peindre, dessiner, entendre de mémoire, et chez certains littérateurs. Elle peut n’apparaître qu’accidentellement à la [p. 152] suite des causes qui facilitent la production de l’onirisme : lésion des organes des sens empêchant le jeu des éléments réducteurs de l’hallucination, intoxications ou infections exaltant l’activité psycho-sensorielle, et paroxysmes affectifs, émotionnels ou passionnels empêchant le contrôle des facultés critiques. De même, elle manque totalement chez beaucoup d’individus, qui, s’ils viennent à être atteints de confusion mentale, ont de la désorientation, de l’incohérence, mais pas d’hallucinations.
L’absence d’imagination représentative chez un mystique ne lui permettra que la vision intellectuelle. Au moment des paroxysmes, le trouble cénesthésique, qui lui donne l’impression de communiquer avec l’Être suprême, ne s’accompagnera d’aucune image. Le sujet communiquera sans voir, ni entendre, ni sentir matériellement son interlocuteur. Ni paroles, ni phrases ne seront perçues. Ces états de conscience surnaturels sont donc constitués par une pensée implicite que, dans son état affectif intense, le sujet n’arrive pas à décomposer en idées, raisonnements et jugements,
L’existence d’imagination représentative chez un mystique lui donne une vision sensorielle. Pour la psychologie profane, il n’y a aucune différence entre la vision imaginaire et la vision corporelle, puisque ce qui sépare l’une de l’autre, d’après la psychologie religieuse elle-même, ce sont des caractères extrinsèques: qualités morales du sujet. La vision imaginaire est celle d’un mystique aspirant imparfait à la sainteté. La vision corporelle est celle d’un mystique véritablement saint.
En somme, le visionnaire intellectuel est un mystique dépourvu d’imagination représentative, c’est-à-dire un mystique abstrait. Le visionnaire corporel ou imaginaire est un mystique doué d’imagination représentative, c’est-à-dire concret, qui s’appuie sur le jeu de ses sens pour renforcer sa conviction. « Il y a un mystique abstrait et un qui, dédaignant toute figuration sensible, tout objet, repousse toute réalisation matérielle. Le corps cesse d’intervenir ou de compter. Tout se joue en lyrisme, en contemplation absorbée, en musique intérieure. Il y a donc un mystique qui s’évade de la matérialité du distinct et du sensible, de l’appât des consolations et des plaisirs du tressaillement de la sensibilité… A côté des mystiques abstraits, et ce sont peut-être les plus rares, il yen a de sensoriels, de moteurs, de cénesthésiques, des mystiques sensitifs et concrets, qui traduisent leurs idées en symptômes, et qui interprètent en thèmes mystiques les oscillations et les aventures de leur vie organique » (8), D’après Baruzi, saint Jean de la Croix est un exemple souverain d’une mystique dépouillée et nue.
3. Enfin, il faut tenir compte du rôle du langage allégorique auquel recourent les mystiques pour décrire leurs états de conscience privilégiés. Chez quelques sujets qui n’ont ni trouble cénesthésique véritable, ni [p. 153] imagination représentative, et qui finissent par reconnaître que rien de surnaturel ne s’est passé en eux, le langage allégorique constitue à lui seul toute l’anomalie, Ce sont de faux mystiques.
C’eut été le cas de Mme Guyon, si l’on en croit sa propre détense contre Bossuet. Le sévère prélat écrivait : « Je trouvai dans la vie de cette dame que Dieu lui donnait une abondance de grâce, dont elle crevait nu pied de la lettre ; il fallait la délacer ; elle n’oublie pas qu’une duchesse avait une fois fait cet office. En cet état, on la mettait souvent sur son lit, souvent on se contentait de demeurer assis auprès d’elle ; on venait recevoir la grâce dont elle était pleine, et c’était là le seul moyen de la soulager. » Elle riposta : « Bossuet attribuait au sensible ce qui était purement spirituel. Il est certain que mon état n’a jamais été d’avoir des choses extraordinaires qui redondent sur le corps, et je crois que cela n’arrive ordinairement que dans l’amour sensible et non purement spirituel. »
D’ailleurs, l’usage des images est indispensable à l’individu le plus normal, chaque fois qu’il veut exprimer un état quelque peu personnel. « Le langage métaphorique est à ce point une forme normale de la pensée discursive qu’il est né avec elle, et que la plupart des termes que nous employons, sont de vieilles images démonétisées », écrit Blondel. Rousseau avait déjà dit : « Pour peu qu’on ait de chaleur dans l’esprit, on a besoin de métaphores et d’expressions figurées pour se faire entendre. »
III – LE MYSTIQUE, LE NORAM ET LE PSYCHOPATHE
Il convient maintenant de s’efforcer de limiter la place du mystique entre le normal et le psychopathe, en le comparant d’une part au normal religieux, d’autre part au psychopathe délirant, le délire étant la forme psychopathique où le malade reste capable d’exprimer avec une certaine cohérence ses états de conscience
1. Le mystique au moment de ses paroxysmes, c’est-à-dire lors de ses visions, a le sentiment d’échapper aux conditions de la nature, de se trouver en présence d’un être surnaturel, qui agit sur lui, et sur lequel il agit par des moyens hors de nature. Ces moyens consistent soit en une intuition, qui se passe de l’intervention des sens (mystique abstrait), soit dans la mise en jeu des sens par des réalités imperceptibles aux autres humains (mystiques concrets).
Le sentiment de cette présence est immédiat. Il est indépendant de toute perception sensorielle. Cela est évident pour la vision intellectuelle des mystiques abstraits, qui affirment ne rien voir, ne rien entendre et ne rien sentir. Pour la vision corporelle des mystiques concrets, qui déclarent au contraire voir, entendre et sentir, ce sentiment est néanmoins antérieur à la perception sensorielle. Les sens n’interviennent qu’après coup, pour confirmer et non pour créer la conviction de celte présence, C’est dans la chaleur qui accompagne ces visions, et non dans ces visions elles-mêmes, [p. 154] que sainte Thérèse, nous l’avons vu, place la preuve de la présence de l’Être Divin. Le sentiment de la présence de l’Être surnaturel a donc pour condition l’état cénesthésique, qu’il y ait ou non concomitance sensorielle.
L’état cénesthésique est primordial, puisque le sentiment est préalable à tout travail intellectuel conscient. « La vision intellectuelle s’accomplit dans la partie supérieure de l’esprit, c’est-à-dire dans l’entendement, non en tant qu’il raisonne, mais selon qu’il voit et qu’il contemple d’une vue simple les choses qui lui sont présentées » (Bona). Il s’agit là d’une pensée implicite, que sa charge cénesthésique, si l’on-peut dire, empêche de s’expliciter.
Le sentiment de l’interaction du mystique et de l’être surnaturel présent résulte de l’interprétation du caractère étrange, anormal, de la modification cénesthésique passagère. D’une part, sa pensée s’accompagnant d’impressions inaccoutumées, le sujet considère qu’elle n’est pas son œuvre personnelle, mais qu’elle est mue par l’être surnaturel auquel son état affectif religieux le fait constamment penser : d’où transmission de pensées, d’intentions, d’ordre, etc. D’autre part, cette même éducation religieuse est responsable de l’illusion qu’a le sujet d’agir sur l’être surnaturel, en lui adressant des remerciements, des suppliques, etc.
L’existence ou non de paroles et de gestes, c’est-à-dire d’éléments sensoriels, auditifs, virtuels et moteurs, dans cette conversation surnaturelle est en réalité fonction de la formule psychologique propre au sujet doué ou non d’imagination représentative.
Quant aux interprétations données par les mystiques eux-mêmes — il n’est ici question que de ceux que l’église a sanctifiés — de leurs propres troubles cénesthésiques, elles restent univoques, roulant autour des dogmes de la foi. Ces sentiments de correspondance avec Dieu où les êtres surnaturels fournissent matière à des développements, des explications, qui restent orthodoxes le plus souvent. Relativement peu nombreuses et peu graves sont les propositions hérétiques contenues dans les récits des visionnaires. S’il en était autrement, ils ne seraient pas canonisés. La boussole de la doctrine religieuse continue à orienter leurs efforts pour exprimer l’étrangeté de ces états qui ne leur paraissent plus naturels.
Ces états de conscience surnaturels sont, pour employer la terminologie de Blondel, capables d’élaboration discursive et d’organisation logique. Cette conscience surnaturelle est capable de se socialiser. Les mystiques ont créé un régime de conceptualisation motrice et discursive, auquel la conscience de chacun d’eux se conforme. Et les schémas collectifs ainsi créés recouvrent leurs pensées sensorielles.
2. L’homme normal, quand il est religieux, peut avoir la même foi que le mystique. Il peut croire au même surnaturel, aux mêmes personnages divins, célestes ou infernaux. Mais le surnaturel dont il admet l’existence est reconnu par lui, par définition, comme hors de, sa portée. Il n’a pas d’états paroxystiques religieux. Il n’a jamais d’états de conscience surnaturels. [p. 155]
D’une façon continuelle il croit à la présence de Dieu et des Êtres surnaturels, dont sa religion lui enseigne l’existence, Il a également foi à la possibilité de communiquer avec eux. Mais la preuve de cette présence et de ces communications, il ne la saisit qu’indirectement, par un raisonnement affectif sur les événements qui l’entourent. Il voit des faveurs, des châtiments, des avertissements de Dieu dans ce qui lui arrive, ou arrive à autrui. Il interprète les faits réels comme dus à l’intervention de tel ou tel saint, ou du diable. Par la prière, il a audience auprès de Dieu et des habitants du Paradis. Par des aspirations pleines de sagesse, il reçoit d’eux assistance. Il a des tentations,
Ce sentiment de l’existence des êtres surnaturels et de communiquer avec eux, il ne l’a qu’indirectement, consécutivement à sa foi aux vérités révélées. C’est une croyance plutôt qu’un sentiment, et qui ne naît pas, comme chez le mystique, d’une découverte immédiate et personnelle de ces vérités. Les sens de l’homme religieux, mais non mystique, ne perçoivent que ce que perçoivent ceux des gens normaux.
Suivant qu’il est doué ou non d’imagination représentative, l’homme religieux a ou non une représentation sensorielle des êtres et des choses auxquels il pense. Mais ces représentations, il se rend toujours compte qu’elles sont purement imaginaires, produites à l’intérieur de sa propre pensée. Quant à sa raison, elle fonctionne comme celle des gens normaux, mais au lieu d’être objective, elle est orientée affectivement par la foi.
Ce qui est à la base de la différence du religieux et du mystique, c’est le manque chez celui-là de la modification cénesthésique génératrice, nous l’avons vu, du sentiment surnaturel. Et ce qui distingue l’homme normal religieux de l’homme normal areligieux, c’est uniquement la foi en un au-delà, échappant à la perception directe. Les états de conscience du premier sont aussi naturels que ceux du second, Aussi les conceptualise-t-il aisément et arrive-t-il très bien à les décrire.
3. Le psychopathe délirant, qu’il soit ou non chronique, a lui aussi le sentiment d’échapper aux conditions de la nature, et d’avoir à faire des êtres surnaturels : êtres présents, mais invisibles, ou au contraire visibles, mais absents, transmettant leurs pensées de très loin avec des mots, ou sans mots, agissant sur son corps ou son esprit, êtres avec lesquels il communique avec ou sans l’aide de la parole (10), etc.
Ce sentiment résulte lui aussi d’un trouble cénesthésique, c’est-à-dire de la perturbation perçue par le sujet dans le fonctionnement de ses processus mentaux, dans le cours de ses pensées, dans l’appropriation de ses sentiments, etc. C’est l’apparition de cette perturbation qui fait de l’homme sain un malade. Et au moment où elle se produit, l’individu a si bien conscience d’entrer dans la maladie qu’il va consulter un médecin, [p. 156] ou qu’il lui arrive de se déclarer malade, tout en délirant. Ce prologue de la folie se détache avec le plus d’évidence dans le délire chronique systématisé, où M. Georges Dumas en a donné une analyse pénétrante (11).
Cette perturbation du fonctionnement mental est le plus souvent perçue comme une entrave plus ou moins douloureuse. Elle s’accompagne d’une sensation physique angoissante, qui détermine une inquiétude, un malaise, un sentiment d’impuissance. Dans ces cas, l’interprétation délirante, par quoi elle se traduit, est à tonalité douloureuse : on a un délire de persécution, de mélancolie ou d’hypochondrie, comme on l’a indiqué plus haut.
La perturbation du fonctionnement mental peut au contraire être perçue comme une libération. Elle s’accompagne d’une sensation physique d’expansion, qui détermine un sentiment de supériorité. L’interprétation délirante est à tonalité agréable. On a un délire de grandeur.
Quant à l’existence ou non d’hallucinations, elle est fonction de l’intervention ou non de l’imagination représentative. Celle-ci existait-elle antérieurement à la psychose, ou des circonstances nouvelles favorisent-elles son développement ? Il y a délire hallucinatoire : le sujet entend, voit les êtres qui s’occupent de lui, sent leur contact. On a insisté ailleurs sur les circonstances qui stimulent une imagination représentative, jusque-là inaperçue : infections, intoxications, maladies des organes des sens, milieu extérieur, etc. Quant l’imagination représentative n’intervient pas, il y a délire d’influence : le sujet dit qu’on lui envoie des idées, des envies, des sentiments, des volontés, qu’on manœuvre sa pensée et son corps.
Une remarque est à faire à propos des hallucinations visuelles. Elles n’existent jamais dans les délires chroniques systématisés, que s’il y a toxi-infection surajoutée, ou si le délire comporte des idées religieuses. Le rôle de l’intoxication sur leur genèse est prouvé par la fréquence de l’onirisme visuel dans les fièvres, l’alcoolisme et les empoisonnements. Le rôle des idées religieuses dans leur production s’explique par la réflexion de Charcot : chez tous les individus, qu’ils soient visuels, auditifs ou moteurs, l’idée abstraite se présente toujours sous la forme d’une image visuelle ; on invoque toujours une image visuelle quand on pense à Dieu. Le délirant systématisé chronique qui n’est pas religieux interprète ses troubles cénesthésiques comme l’effet d’êtres humains, semblables à lui, quoique plus puissants que lui. Or c’est par des mots que nous communiquons avec nos semblables, il a donc surtout des images auditives. Par contre, le délirant religieux qui interprète ses troubles comme l’effet d’êtres divins ou surnaturels, a des image visuelles, d’où hallucination visuelle.
Mais, et c’est là-dessus qu’il faut insister, les interprétations délirantes [p. 157] d’un psychopathe, si lucide soit-il, ne sont jamais aussi systématisées et cohérentes que le prétendent les traités de psychiatrie. Georges Dumas (12) a montré que l’absurdité du délire n’est pas une preuve de la débilité mentale ou de l’affaiblissement démentiel de la mentalité qui le produit. En effet, le délire, tel que le recueille le médecin, est en grande partie sa fabrication à lui. Si, au lieu d’enfermer le malade dans les digues d’un interrogatoire tendancieux, on le laisse parler à son aise, et si, comme 1’a fait Blondel, on note tout ce qu’il dit pendant des semaines et des mois, on est surpris des incohérences, des contradictions, des inintelligibilités. Sans parler des néologismes auxquels le malade recourt pour exprimer l’inexprimable, on ne peut pas suivre sa pensée.
C’est que, comme l’a montré Blondel, les états de conscience morbide comportent des éléments qu’une conscience normale ignore, qui ne peuvent pas être élaborés discursivement ni organisés logiquement. Ces éléments morbides ne peuvent même pas être exprimés par un malade, de manière à être compris par un autre malade ayant la même maladie, Ils sont inconceptualisables. « On ne voit jamais les délirants systématisés et les mélancoliques anxieux s’unir entre eux et, par l’interaction de leurs délires, former des sociétés où apparaisse une mentalité collective régie par de telles représentations. »
Il résulte donc de ce qui précède que le trouble cénesthésique du psychopathe ne ressemble que de loin à celui du mystique. Tandis que celui-ci donne du sien une interprétation cohérente, logique, celui-là n’arrive qu’à des interprétations contradictoires et absurdes.
Chez le mystique, la poussée cénesthésique ne disloque pas les cadres de la pensée. Il interprète ce qu’il éprouve, en continuant à se conformer aux règles reçues de la collectivité pour l’ordonnancement de sa pensée. Aussi est-il compréhensible par les gens normaux et par les autres mystiques.
C’est ainsi que ceux-ci sont d’accord pour la signification à donner aux termes miracles, visions, etc.
Chez le psychopathe, la tempête cénesthésique fait éclater les cadres de la pensée. La boussole qu’il avait pour orienter ses pensées est affolée au milieu des états individuels imprévus. Aussi est-il incompréhensible, aussi bien pour les gens normaux dont il faisait partie naguère, que pour les aliénés au milieu desquels il restera à jamais isolé. Sa pensée n’est pas assimilable non plus à la pensée primitive, malgré des similitudes superficielles; car les primitifs se comprennent entre eux, et ont eux aussi leurs aliénés paranoïaques, anxieux, etc. [p. 158]
CONCLUSIONS
La pensée mystique se distingue de la pensée normale par la concomitance d’une modification consciente de la cénesthésie. Cette concomitance se traduit par le sentiment que l’activité mentale et physique échappe aux conditions imposées en temps habituels, c’est-à-dire par le sentiment d’un état surnaturel. Et ce sentiment, le sujet l’interprète conformément aux enseignements de sa foi religieuse. Il dit avoir une vision. Sa vision est corporelle ou intellectuelle, suivant qu’il est doué ou non d’imagination représentative. Tout ineffables que soient certains de ces éléments, l’état de conscience mystique est susceptible d’élaboration discursive, d’organisation logique, et il peut prendre une forme sociale, puisque les visionnaires s’entendent assez pour donner de la vision une description, une discussion, et même une doctrine.
La pensée morbide a elle aussi la concomitance d’une modification de la cénesthésie, mais cette modification est infiniment plus complexe. Il en résulte de multiples et imprécis sentiments, dont celui d un changement de la personnalité. Pour se les interpréter à lui-même, et encore bien plus pour les expliquer à autrui, le sujet ne dispose d’aucune règle. Il y a un délire. Son délire est hallucinatoire ou non, suivant que lui-même est doué ou non d’imagination représentative. L’état de conscience morbide est réfractaire à toute élaboration discursive, à toute organisation logique, et ne peut prendre aucune forme sociale ; c’est pour cela que chaque aliéné reste toujours isolé dans son délire.
Ainsi comprise, la pensée mystique est également différente de la pensée morbide, et de la pensée normale. C’est une pensée anormale. La notion de l’anormal comme intermédiaire entre le normal et le pathologique est indispensable pour permettre de classer, sans trop d’arbitraire, les individus d’après leurs réactions, quel que soit le domaine considéré.
Elle est d’ailleurs conforme au principe de l’identité foncière du normal et du pathologique, proclamé en biologie par Claude Bernard. En médecine légale, elle sauvegarde, comme je me suis efforcé de le démontrer avec Charon (13), le principe de la responsabilité. On voit qu’en psychologie et en sociologie elle empêche de considérer comme fou celui qui ne pense pas de la même façon que la majorité de ses concitoyens.
PAUL COURBON.
NOTES
(1) Delacroix. Histoire et Psychologie du mysticisme, 1908. Religion et Foi, 1922. – Belot. Avenir de la religion et mysticisme moral. – Loisy. La Religion. – Leuba. Psychologie du mysticisme religieux, 1925. – Baruzi. Saint Jean de la Croix et l’expérience mystique, 1925, etc.
(2) Renan. L’avenir de la science.
(3) Blondel. La conscience morbide, 1914, p, 276.
(4) Dumas. La psychose périodique, Traité de Psychologie, t, II, p. 966, 192).
(5) Delacroix. Remarques sur une grande mystique, J. de Psychol. 1925.
(6) Sollier. Conférence à l’Asile Sainte Anne, 1914 ; et Sollier et Courbon, Pratique sémiologique des maladies mentales, 1924, p. 191.
(7) Mignard. Journ. de Psych. 1922, p, 544.
(8) Courbon. Imagination représentative et hallucination verbale. Annale médico-psychologiques, 1925.
(9) Delacroix. Remarques sur une grande mystique. J. de Psychol., 1925.
(10) Courbon. Imagination représentative et hallucinations verbales, Annales médico-psychologiques, 1925.
(11) Dumas. La psychose hallucinatoire chronique. Traité de Psychologie, p. 413.
(12) Georges Dumas. La logique d’un dément. Revue philosophique, 1908.
(13) Charon et Courbon. Anormalité psychique et responsabilité relative. Encéphale, octobre 1913.
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