Moreau (de la Sarthe). Songe. Dictionnaire des Sciences médicales Panckoucke. (Paris), C. F. L. Panckoucke, tome 52, 1820, pp. 150-152.
Jacques-Louis Moreau (de la Sarthe) dit Moreau de la Sarthe (1771-1826). Médecin et anatomiste. Il fut chirurgien mais dut renoncé à sa pratique après avoir perdu l’usage de la main droite suite à un accident dans l’exercice de ses fonctions. Il fut Bibliothécaire de l’Ecole de Paris, où il a largement contribué à former la bibliothèque de la Faculté. Reçu docteur en médecine le2 prairial an XII, il gardera son poste de sous-bibliothécaire, avant d’être promu en 1808 bibliothécaire, poste qu’i occupera jusqu’en 1815.
— Article Rêve. Paris, C. F. L. Panckoucke, 1820. 1 vol. in-8°, pp.245-300.
— Médecine mentale. Paris, H. Agasse, 1798. 1 vol. in-4°, pp.136-219.
— Médecine morale. Paris, H. Agasse, 1798. 1 vol. in-4°, pp.393
— Histoire naturelle de la femme, suivie d’un traité d’hygiène appliquée à son régime physique et moral aux différentes époques de sa vie, Paris, 1805, 3 vol. in-8°, avec 11 planches gravées en taille douce.
— Notice sur Hippocrate, Paris, 1810, in-12
— Fragment pour servir à l’histoire de la médecine des maladies mentales et de la médecine morale, Paris, 1812, in-8°
— Fragment pour servir à l’histoire des progrès de la médecine en France, Paris, 1815, in-8°
— Remarques sur le projet d’ordonnance relatif à l’Académie de médecine, lues dans la séance du 22 mai 1821, Paris, 1821, in-8°, de 22 p.
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SONGES, s. m., somnia des Latins, sogno des Italiens, dream des Anglais, de somnus, Venant lui-même du mot grec υπνος, qui d’abord a fait sypnum en latin, ou supinum, puis sopnum, et enfin somnum.
Il n’existe guère de mot dans la langue française qui soit plus mal défini, soit dans les dictionnaires les plus accrédités, soit même dans les ouvrages de grammaire philosophique. Voyez RÊVES et SONGES dans le Traité des synonymes de Roubaud, dont le plus subtil des écrivains modernes, M. Guizot, a emprunté l’article sans y rien ajouter.
Nous remarquerons à ce sujet. qu’il importerait beaucoup de rapprocher les savans, des gens de lettres, afin de donner plus de précision au langage. Voltaire, qui avait cette opinion, a dit quelque part, que dès son entrée à l’Académie française, un illustre membre de l’Académie des sciences avait fait adopter une définition plus exacte du mot midi dans cette docte assemblée.
Une semblable coopération n’est guère moins indispensable aujourd’hui pour faire attacher des idées précises soit à plusieurs [p. 151] expressions usuelles, qui sont empruntées au vocabulaire des sciences, soit à plusieurs de ces expressions employées par les savans, telles que les mots songe et rêve.
Dans le langage vulgaire, presque toujours inexact et métaphorique, ces deux mots s’emploient ordinairement comme s’ils étaient synonymes : ainsi l’on dira indifféremment , suivant ces façons de parler : avoir des songes, ou avoir des rêves, songer ou rêver : songer à une chose, ou rêver à une chose. Les écrivains, qui out voulu reconnaitre une différence entre ces deux expressions, paraissent y attacher encore des idées moins précises que le vulgaire ; ainsi un auteur, que nous venons de citer, Roubaud, qui confond le mot rêve avec le mot rêver, prétend que ce dernier signifie proprement s’imaginer toutes sortes de choses vagues, sans aucune suite; tandis que le songe est une chose propre au sommeil, etc., etc.
Lovis Corinth (1554)604) – Young Woman Sleeping.
Dans une acception scientifique, et par cela moins vague, moins étendue, ces deux mots indiquent une manière d’être bien distincte de l’entendement pendant le sommeil, et qui ne peut s’appliquer que par figure aux différentes situations de l’homme pendant la veille.
Le mot rêve, dont le sens a beaucoup plus de latitude, comprend toutes les manières de rêver, morbides ou non morbides, que nous avons essayé de rapporter à un petit nombre de titres dans un article précédent. Voyez RÊVES.
Le mot songe au contraire s’emploie le plus ordinairement pour indiquer une espèce particulière de rêves non morbide, qui dépend presque toujours d’une contention d’esprit, ou d’une préoccupation morale que le sommeil n’a pas suspendue, et qui ne permet pas à l’infortuné d’être heureux, même pendant ses songes : c’est dans ce sens que le songe a beaucoup plus d’importance que le rêve, et qu’il nous occupe encore pendant la veille ; c’est également dans ce sens que nous ne disons pas les rêves, mais bien plutôt les songes de Pharaon, le songe de Scipion Ie songe d’Athalie.
Les songes, considérés sous ce point de vue et avec une précision que l’on doit exiger dans le Vocabulaire des sciences, ne sont donc rien autre chose qu’un genre particulier, ou une espèce de rêves qui se rattachent par une connexion visible et naturelle aux différens objets d’intérêt ou d’attention dont nous nous sommes occupés pendant la veille, et qui méritent d’autant plus d’être regardés comme de véritables songes, que cette liaison est plus évidente, et que ces rêves sont plus imposans et plus dramatiques. Dans quelques circonstances particulières, l’irritation du cerveau ou un certain état fébrile, combiné avec une préoccupation mentale, peuvent donner beaucoup plus de force, plus d’enchaînement à divers songes, qui se rapprochent alors du délire ou de certains accès de [p. 152] manie : on pourrait même regarder le somnambulisme lui-même et certaines rêveries cataleptiques, comme des espèces de vésanies périodiques, qui ne se manifestent que pendant le sommeil, et comme si le cerveau, privé alors de son énergie habituelle, ne pouvait résister à de semblables aberrations. Voyez l’article rêves que nous avons déjà cité, et principalement les observations consacrées dans cet article a l’examen des rêves, caractérisés par une disposition vésanique essentiell.
(Moreau de la Sarthe)
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RICHIER (Edmond). Onéirologie, ou Dissertation sur les songes considérés dans l’état de maladie ; 26 pages in-4°. Paris, 1816.
1771-1826 correct
Merci pour cette correction. Bien cordialement.
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