Paul Kéraval. De l’art chez les aliénés. Article paru dans le supplément de la revue L’encéphale « L’Informateur des aliénistes et des neurologistes », (Paris), 1909.

Paul Kéraval. De l’art chez les aliénés. Article paru dans le supplément de la revue L’encéphale « L’Informateur des aliénistes et des neurologistes », (Paris), tome IV – 4^e année, 1909, pp. 29-30 + 7 planches hors-texte.

Paul Kéraval (1852-1923). Médecin psychiatre français né à Londres. Exercé à hôpital psychiatrique d’Armentières (Nord), puis comme médecin en chef de l’asile de Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne (nommé en 1903). Il fut Membre de la Société Asiatique de Paris. Quelques uns de ses travaux :
— Étude clinique et expérimentale sur la péricardite. Paris, V.-A. Delahaye, 1879. 1 vol. in-8°.
— Les délires plus ou moins cohérents désignés sous le nom de paranoïa. Extrait de la revue des « Archives neurologiques. N° 94 – 98. 1895. 56 p. – Reprise dans « Le Progrès Médical », 1895.
—  Le langage écrit, ses origines, son développement et son mécanisme intellectuel. Volume illustré des principaux alphabets anciens ou orientaux et de plusieurs shémas. Paris, Société d’Editions Scientifiques, 1897. 1 vol. in-8°, IX p., 196 p.
— L’état physique des aliénés. – Le sommeil. Revue de l’hypnotisme expérimental en thérapeutique, Paris, 1897, pp. 145-147.
— Des Mesures à prendre à l’égard des aliénés criminels, Extrait du « Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française. XIVe session, Pau, 1er-7 août 1904. Pau, impr. de J. Empérauger , 1904. 1 vol. in-8°, 139 p. +1 feuillet d’errata.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les  images sont celles des planches de l’article original. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 29]

DE L’ART CHEZ LES ALIÉNÉS

PAR

P. KERAVAL
Médecin de l’asile Saint-Anne.

La question des œuvres d’art dues à des aliénés n’a certes pas l’attrait de la nouveauté ; mais une série d’intéressants travaux parus récemment en France et à l’étranger l’ont en quelque sorte mise à l’ordre du jour. Ce n’est point ici le lieu de grouper les arguments qui ont cours au sujet des rapports du génie et de la névropathie ; mais sans intervenir dans le débat, qu’il nous soit permis de dire, que si la folie a pu se voir dénier un véritable pouvoir créateur en matière artistique, il n’est pas rare qu’elle alimente, aiguillonne ou oriente la verve des artistes et qu’elle influe ainsi sur le contenu ou l’expression de leurs œuvres.

Nous avons eu l’occasion d’observer jadis un cas de ce genre des plus démonstratifs. Il s’agissait d’un sujet jeune, intelligent, doué d’un véritable tempérament artistique, atteint de cette forme de psychose dépressive, parfois dénommée en clinique mélancolie-suicide et qui a, du reste, justifié cette terminologie en réussissant ultérieurement à mettre fin à ses jours, au cours de son affection mentale. Ce malade, dessinateur habile, a mis à profit son séjour dans un établissement d’aliénés pour exercer ses facultés artistiques et critiques aux dépens du nouveau milieu où il se trouvait malgré lui.

Il a composé une série de dessins satiriques dont certains nous ont paru intéressants par leur verve caricaturale et leur qualité d’exécution.

Une table des matières fantaisiste reproduite à la page suivante contient l’explication que l’auteur donne de ses œuvres. On trouvera en regard, [p. 30] répartis en deux planches hors texte, quatre dessins. Ce sont les premiers des douze dessins qui seront successivement publiés dans ce recueil.