Paul Juquelier et Jean Vinchon. L’histoire de la Kleptomanie. Extrait de la « Revue de psychiatrie : médecine mentale, neurologie, psychologie », (Paris), 8e série, 18e année, tome 18, n°2, série, février 1914, pp. 47-64.
Paul Juquelier ( ? -1921). Médecin aliéniste.
— Contribution à l’étude des délires par auto-intoxication. (Insuffisances hépatiques latentes et petit brightisme). Thèse de la faculté de médecine de Paris. Paris, Jules Rousset, 1903. 1 vol.
— (avec Jean Vinchon). les Limites du vol morbide, par P. Juquelier,… et J. Vinchon,… Préface du Dr A. Vigoureux
— (avec Alfred Fillassier). L’assistance aux aliénés criminels et dangereux au IXIe siècle. Extrait de la Revue Philanthropique, n° du 15 décembre 1909. Paris, Masson et Cie, 1909. 1 vol. in-8°, 24 p.
— (avec Jean Vinchon). Les vapeurs, les vaporeux et de Dr Pierre Pomme. Extrait des « Annales médico psychologiques », (Paris), 10e série, tome troisième, juin 1913, pp. 641-656. [en ligne sur notre site]
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’ouvrage. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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L’HISTOIRE DE LA KLEPTOMAMIE
par
PAUL JUQUELIER et JEAN VINCHON,
médecin et interne des Asiles de la Seine.
Au XVIIIe siècle, un médecin philosophe, Julien de la Mettrie (1), eut pour la première fois la hardiesse de battre en brèche les vieilles conceptions du libre arbitre et de la responsabilité : « Nous ne sommes pas plus criminels en suivant l’impulsion des mouvements primitifs qui nous gouvernent que le Nil l’est de ses inondations et la mer de ses ravages. » Comme il savait bien que les intérêts sociaux étaient gravement compromis par cette théorie, La Mettrie (2) réclamait des tribunaux de médecins chargés de les concilier avec ceux de l’individu.
Peu après, ces idées furent reprises par les encyclopédistes, mais nous n’envisageons ici que les opinions des médecins qui tentèrent de départager, dans ce cas particulier du vol, les actes pouvant être expliqués par des troubles mentaux, de ceux devant être considérés comme de simples délits.
Lavater ne parle des vols morbides qu’incidemment (3) ; il cite la fameuse histoire du médecin qui détrousse les clients, et celle d’un enfant mendiant élevé par une famille noble, et qui vole en dépit d’une excellente éducation.
Il nous faut nous arrêter un peu plus longtemps avec Gall ; nous allons voir l’intérêt qu’il y a à parcourir attentivement ses œuvres (4). [p. 48]
Le vol est pour Gall une perversion du sentiment de la propriété : l’auteur l’étudie suivant son plan si méthodique après la ruse, la finesse et le savoir-faire, avant l’orgueil, la hauteur et la vanité.
Cet instinct du vol est naturel et ne peut être modifié profondément par l’éducation ; l’homme y succombe si les facultés intellectuelles arrivent à lui faire défaut ; c’est ce qui se passe chez les honnêtes gens qui volent une fois devenus aliénés. Toutes les histoires classiques de vols morbides, que l’on retrouve si souvent dans les livres, sont ici rapportées, depuis celle de Victor-Amédée, roi de Sardaigne, jusqu’au cas curieux de l’aumônier de cuirassiers prussiens, qui dépouillait de leurs mouchoirs, à la parade, les officiers de son régiment.
L’enfant est naturellement voleur, et chacun peut se rappeler avoir plus ou moins commis des larcins dans sa jeunesse. « Chez l’un, ce penchant est modifié par une organisation heureuse ; chez l’autre, par l’influence de l’éducation, l’empire de l’habitude ou la crainte des châtiments. Chez un troisième, le penchant vicieux est déterminé par un organe tellement énergique que les mêmes motifs qui eussent porté tout autre à être honnête ne peuvent « rien sur lui. C’est le degré de violence du penchant qui devrait fixer l’esprit du juge et du législateur. Le vol ou la valeur de l’objet volé sont des choses accessoires. »
En pratique, le juge devra aggraver la peine à chaque récidive pour essayer de corriger, par la crainte de cette peine, celui dont les moyens d’inhibition personnelle sont insuffisants. Au bout d’un certain nombre de condamnations, le délinquant devra être mis hors la loi : d’autre part, l’on devra supprimer les peines infamantes qui l’obligent à vivre, une fois sorti de prison, avec les criminels ; il y a là une contradiction apparente qui montre la difficulté du problème au point de vue pratique ; la distinction, cependant, est bonne à retenir.
Gall passe en revue les vols de certains malades « avec faiblesse « d’esprit très marquée » ; et il précise le siège de l’organe de la « propriété et du penchant à faire des provisions », proéminence bombée et allongée du crâne et de la tête qui s’étend depuis l’organe de la ruse jusqu’au bord externe de l’arcade supérieure de l’orbite. Les crânes de voleurs sont aplatis par en haut et sur le devant.
Le penchant au vol est rarement isolé : l’instinct du vol peut être uni à celui de la propre défense, au courage, à l’instinct du meurtre, [p. 49] de la ruse, de la procréation ; on peut aussi rencontrer l’association du vol et de l’attachement ; du vol et du sens des localités ; du vol et du sentiment de l’art ou de l’aptitude à la mécanique. Ces associations donnent des types de voleurs en apparence paradoxaux comme dans l’exemple de « Pierre Michel, voleur très rusé et incorrigible, qui ne volait que pour donner aux pauvres ». Du même ordre sont les voleurs de caisses publiques ou d’églises, qui ne croient ainsi faire tort à personne, et ce jeune homme qui commettait des larcins au profit des chapelles qu’il avait fondées, Les associations peuvent se multiplier à l’infini et expliquent le polymorphisme de ces délits.
Spurzheim (5), le contemporain et souvent le collaborateur de Gall, rapporte l’histoire d’un malheureux qui fuyait en quelque sorte de profession en profession devant ce penchant de la convoitise et finit capucin, mais toujours voleur.
Charles Wauters
Nous n’insisterons pas sur les autres faits qui Viennent grossir le faisceau de ceux que nous connaissons bien. Sans doute la masse de ces documents paraît impressionnante ; pourtant si on les passe au crible, on remarque que beaucoup ne sont pas des observations personnelles, mais seulement des récits rapportés de seconde main, et que bien souvent les observations même personnelles n’ont qu’une valeur relative. Gall ou Spurzheim ont visité une prison et examiné en passant quelque individu dont on leur a conté l’histoire. Cela leur suffit, et ils enregistrent son observation à la suite des autres.
C’est que l’école phrénologiste subissait de tous les côtés de furieux assauts : savants et grand public s’en mêlaient : les caricaturistes lui faisaient une guerre souvent spirituelle; et il fallait répondre en montrant des documents dont le nombre au premier abord imposait ; mais dont la solidité était incontestable.
Les idées de Gall devaient d’ailleurs porter leurs fruits, et outre que la phrénologie eut des adeptes nombreux presque jusqu’à nos jours, nous retrouvons son influence dans plus d’une théorie criminaliste récente.
Esquirol vivait en même temps que Gall et nous constatons le témoignage de leurs communautés de vue à propos des monomanies où le désordre intellectuel est concentré sur un seul objet ou sur une [p.50] seule série d’objets (6). Tout le monde connaît la classification en monomanies intellectuelles affectives et instinctives. Les cas qui nous occupent devraient être rangées dans cette dernière catégorie où le malade « est porté à des actes que la raison ou le sentiment ne déterminent pas, que la conscience réprouve, que la volonté n’a plus la force de réprimer » ; mais Esquirol ne croit pas devoir isoler la monomanie du vol, il communique seulement à Gall une observation rapportée au chapitre que nous avons analysé du tome IV de l’organologie. Il s’agissait d’un chevalier de Malte, qui s’était livré dans sa jeunesse aux plaisirs de l’amour avec excès, et qui à 35 ans commence à donner des signes d’affaiblissement intellectuel, à changer de caractère et d’habitudes. Finalement il devint voleur et les siens le menèrent dans une maison de santé, où il guérit de sa funeste habitude, bien que « sa tête fût restée faible ».
Pinel, à peu près dans le même temps, nous décrit, sous le nom de manie sans délire, la même affection qu’Esquirol appela monomanie instinctive : mais bien que Pinel remarque la propension aux vols de certains aliénés autrefois honnêtes et qui le redeviennent dans leurs périodes de calme, il ne va pas non plus jusqu’à isoler la kleptomanie (7).
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Plus catégorique, un médecin suisse, s’inspirant des doctrines d’Esquirol, considéra « la klopémanie comme une vésanie uniquement caractérisée par la tendance à voler sans motif et sans nécessité » (8).
Marc créa le mot de kleptomanie, tout en se défendant et en prévoyant par avance, comme avant lui La Mettrie, les objections nombreuses que l’on allait soulever. « Le vol est un crime si commun, sa répression intéresse à un si haut degré l’ordre social qu’on hésite au premier abord à admettre des circonstances capables d’exclure la criminalité d’une pareille action (9). » [p. 51]
A côté du penchant au vol qui se manifeste au milieu d’une aberration plus ou moins générale de l’intelligence, il y a un penchant souvent raisonné, une propension instinctive au vol, la kleptomanie, monomanie instinctive. Les caractères de l’acte et l’étude du voleur, un héréditaire dont la résistance est diminuée par une cause occasionnelle, peuvent permettre de distinguer le malade du délinquant, mais l’expert ne sera jamais trop circonspect et pensera toujours au danger que présenterait pour l’ordre social « une application trop large et trop irréfléchie de cette doctrine. »
Renaudin, dans une revue critique où il étudie divers articles, notamment un mémoire de Bergmann sur la kleptomanie, reconnaît que la doctrine d’Esquirol repose sur une base fragile. Les Allemands la repoussent : on peut l’admettre, mais pour certains cas rares (10). Bergmann faisait une distinction un peu subtile entre le désir d’acquérir et celui de posséder : ceux qui éprouvent le premier de ces désirs sont des collectionneurs, ceux qui succombent au second sont des avares. Pour Bergmann, le vol morbide dépend de modifications organo-dynamiques des portions centrales du cerveau, parce que c’est là qu’aboutit le sensorium commune : on l’observe en effet avec ses caractères spéciaux chez des paralytiques généraux, des hémiplégiques, des individus porteurs de blessures du crâne, des imbéciles, des idiots, des individus souvent atteints de strabisme. Chez les criminels non aliénés, le vol est dû à une détermination volontaire, et n’a plus le caractère d’acte instinctif, irréfléchi.
Souvent la limite est difficile à préciser entre le fait pathologique et le délit.
Chez l’aliéné, la modification organique agit en empêchant l’échange entre le cervelet et le cerveau, entre l’organe de la sensation et celui du mouvement dont la connexion est nécessaire pour l’exécution des actes normaux. L’instinct naturel de sentir, toucher saisir n’est plus guidé par l’entendement chez ces malades, alors qu’il l’est, mais mal, chez les criminels.
Trélat isole aussi la manie du vol (11) et il rappelle après Gall que [p. 52} le vol est la continuation chez l’adulte d’une tendance naturelle à l’enfant : si l’enfant continue de voler après l’âge de 13 ans, il faut alors prendre garde, car l’incurabilité est à craindre, et le jeune homme restera un kleptomane.
De même nous trouvons un exposé de la monomanie du vol dans l’œuvre de Marcé (12). « Le peu de valeur des objets volés, la « bizarrerie du choix, l’usage qu’on en fait, la position sociale des individus, leur moralité, leurs antécédents au point de vue de l’hérédité et de l’état mental, les aveux spontanés du voleur ou la restitution de l’objet, l’état de grossesse, enfin les phénomènes physiques qui accompagnent les monomanies instinctives, toutes ces conditions doivent être prises en grande considération dans le diagnostic souvent délicat de la monomanie impulsive du vol. Quant à ces vols incompréhensibles commis par des amateurs effrénés de livres, d’antiquités, d’objets précieux, il est très difficile de distinguer ce qu’on doit attribuer à l’entraînement d’une passion dominatrice ou à l’impulsion irrésistible de la folie et à cet égard on ne peut fixer de règles précises. »
L’article « monomanie » du dictionnaire Dechambre met et au point la question en 1876 (13).
A côté des aliénés évidents, il existe des kleptomaniaques dont les actes ont un caractère morbide et qui présentent eux-mêmes à un examen plus approfondi des signes de prédisposition.
Le rôle du médecin est alors ainsi défini ; il doit fournir au juge un diagnostic ; à celui-ci d’estimer la responsabilité; le diagnostic s’appuiera sur l’étude clinique du malade, éclairée par la recherche des antécédents. Le mobile de l’acte est des plus intéressants à connaître et il ne faut pas oublier qu’il est souvent difficile à trouver.
Puis il faut tenir compte de l’attitude du monomaniaque après son délit, et le comparer à tous ces moments avec un malfaiteur ordinaire.
Depuis Esquirol, la doctrine des monomanies, très attaquée, a bien évolué on admet encore l’existence d’idiosyncrasies particulières (14) mais on les rapproche de l’épilepsie dont ces actes ont presque [p. 53] le caractère impulsif et de la folie morale où l’inhibition est plus ou moins amoindrie (15).
Krafft-Ebing, tout en se défendant de ressusciter les monomanies, crée la folie impulsive évoluant sur le terrain de la dégénérescence, et y range la kleptomanie vraie à côté des vols des aliénés francs : ces cas de kleptomanie comprennent pour lui ceux « dans lesquels l’impulsion au vol apparaît comme un phénomène isolé et purement impulsif chez des dégénérés psychiques ».
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Parmi les adversaires des monomanies, Morel fut un de ceux qui leur portèrent le plus rude coup : le public ne pouvait pas admettre l’existence de la kleptomanie, les magistrats lui décochaient des traits à chaque nouvelle occasion, tel ce président de cour d’assise qui prévient ainsi le jury contre les conclusions que l’expert allait sans doute déposer (16) : « Si le médecin vous dit que l’inculpé a la monomanie du vol, ayez celle de le condamner. » Morel n’avait jamais observé la kleptomanie dans les cas ordinaires, grossesses, menstruation, âge critique, etc. Il ne pensait pas non plus que l’avarice, comme l’avaient soutenu ses prédécesseurs, pouvait être le germe d’une tendance maladive au vol ; tout au plus pouvait-on considérer ce défaut comme une cause banale de la folie.
Il tendait assez à rapprocher les impulsions au vol des autres impulsions épileptiques ; dans d’autres cas, on serait en présence d’une sorte de perversité native avec conservation apparente de la raison rattachable aux affections héréditaires. On sait que ces affections ont parmi leurs principaux caractères la périodicité : il faut donc toujours craindre le retour des actes et surveiller étroitement le malade. On ne différera l’internement que s’il s’agit d’un délire transitoire et éphémère. Dans ses études classiques, Morel (17) a décrit ces phénomènes pathologiques au chapitre de la manie instinctive qu’il rapproche de la manie raisonnante de Pinel, et de la moral insanity de Pritchard. [p. 54] Jules Falret (18), qui avait dirigé avec Morel les discussions sur la monomanie à la Société médico-psychologique, parle des maniaques incités au vol pendant toute la durée de l’agitation et qui volent sans mobile et sans utilité.
Dans des cas rares, les penchants sont primitivement désordonnés ; l’entraînement est alors irrésistible : le plus souvent le penchant à voler est secondaire au désordre des idées et des sentiments du malade ; alors la violence avec laquelle celui-ci est entraîné à satisfaire ses tendances est proportionnelle à l’intensité du sentiment ou de l’idée qui dirige le malade. Parfois l’anxiété semble seule intervenir sans mobile apparent. Les premiers cas sont les plus difficiles pour l’expert qui doit toujours chercher s’il n’existe pas quelque tare en dehors des faits qu’il constate.
Dans un rapport de Girard de Cailleux (19) datant de 1845, nous trouvons une sorte de compromis entre la doctrine des monomanies d’Esquirol et celle de Morel: la monomanie existe, mais chez des héréditaires intermittents et que l’on doit interner dans les asiles. En réalité, c’est une concession aux tendances qui étaient alors nouvelles, et qui devaient mener aux études sur la dégénérescence.
Notre maître, M. Magnan, a repris, et après lui avoir donné son empreinte, vulgarisé les idées de Morel : la kleptomanie devient un des syndromes épisodiques de la dégénérescence. Elle est rare quand elle est vraie : c’est-à-dire quand elle se présente sous la forme d’obsession poussant irrésistiblement au vol avec résistance, lutte et angoisse, puis détente consécutive à l’acte (20).
La grossesse, l’accouchement, l’allaitement peuvent détruire un équilibre nerveux déjà compromis par la dégénérescence, et provoquer l’apparition du syndrome ; de même des fatigues, des maladies.
Les débiles, les imbéciles, les idiots, les malades porteurs de lésions circonscrites ou diffuses du cerveau peuvent commettre des vols morbides. « L’examen de ces différents cas, où les centres supérieurs affaiblis perdent à des degré divers leur action modératrice et leur [p. 55] contrôle, nous donne toute la gamme de la résistance morale, depuis la lutte plus active des premiers jusqu’au naïf abandon, que dans sa souveraine imprévoyance le paralytique général met à l’accomplissement de l’acte. » La kleptomanie a comme pendant la kleptophobie.
Plusieurs élèves de M. Magnan ont repris cette étude. Le Dr Biaise, dans sa thèse sur les impulsions (21), a passé en revue 253 malades : les dégénérés (débiles, imbéciles, idiots), les paralytiques généraux, les alcooliques sont les catégories les plus nombreuses ; les autres comprennent des épileptiques, des dégénérés d’un ordre supérieur, des maniaques, des délirants chroniques et des mélancoliques, etc.
François Boissier et Georges Lachaux (22) ont publié des observations intéressantes sur lesquelles nous reviendrons. Disons de suite qu’ils y remarquent que les vrais kleptomanes « cherchent à dissimuler leur passion maladive », et se cachent souvent aux yeux du médecin, préférant la prison à l’asile. Ils doivent être considérés comme complètement irresponsables et il ne saurait être question pour eux de responsabilité limitée. Nous avons choisi ces travaux parce qu’ils complètent d’une façon intéressante le travail de M. Magnan sur l’obsession criminelle morbide et achèvent de donner sur la question l’opinion de son école.
Kraepelin considère aussi les kleptomanes comme des prédisposés.
Il insiste sur la différence entre la kleptomanie et d’autres impulsions telle que la pyromanie ou les impulsions sexuelles. Chez les kleptomanes, il est difficile de faire abstraction de l’intérêt personnel, même quand il n’apparaît pas de suite comme chez ceux qui sont en même temps fétichistes. C’est une des impulsions pathologiques les plus rares et bien peu nombreux sont ceux chez qui les phénomènes pathologiques sont assez marqués pour légitimer une entrée dans les asiles (23).
Dans la dernière édition de son traité (24), le professeur de Munich insiste sur la grossesse et les règles comme principale cause agissant [p. 56] sur un terrain psychopathique ou hystérique. « Dans de nombreux cas on a noté une curieuse coïncidence entre ces impulsions et les perversions sexuelles chez certaines personnes qui dérobaient des mouchoirs, du linge, des pièces de vêtements, des chaussures en grande quantité pour s’en servir comme de fétiches ; on a remarqué aussi une grande excitation sexuelle pendant le vol ou lorsqu’on s’apercevait du vol » ; on sait que dans ces dernières années les obsessions, et parmi elles la kleptomanie, ont été rattachées par l’école de Munich à la psychose manique dépressive.
Plus incidemment, de nombreux auteurs ont étudié les impulsions au vol M. le Dr H. Dagonet, (25) retrouve dans quelques-uns des accès pendant lesquels les vols sont commis, les caractères des accès d’excitation maniaque ; dans d’autre cas, il compare cette tendance aux idées fixes que l’on rencontre dans d’autres espèces d’aliénation mentale. Foville (26) rappelle que lorsqu’on ne trouve pas d’affection mentale nette chez le délinquant, il faut étudier le terrain : hérédité, constitution névropathique, convulsions dans l’enfance, impressionnabilité extrême, alternatives d’excitation et de dépression, périodicité des troubles nerveux, concomitance de méchanceté naturelle, autres penchants ; on y retrouve tous les éléments de ce qu’on a appelé folie instinctive ou des actes.
Cullerre (27) n’apporte pas de notions nouvelles sur le vol morbide.
Pitres et Régis (28), M. Régis (29), dans son Précis de psychiatrie, étudient les vols conscients et inconscients. Ces derniers sont commis par des dégénérés inférieurs, des déments séniles ou paralytiques, des épileptiques ; chez les autres, le substratum pathologique est moins net. Quelquefois même les vols ont l’apparence à un premier examen de vols délictueux ; les malades sont alors des névropathes, des hystériques, des neurasthéniques obsédés, des dégénérés supérieurs, des déséquilibrés.
Le vol dans les grands magasins est le vol type du kleptomane. Dans l’énumération des mobiles, M. Régis insiste sur quelques-uns [p. 57] comme le fétichisme, et le goût de la collection qui n’est pas à proprement parler pathologique. Les malades, surtout quand ils ne sont ni débiles, ni déments, peuvent très bien tirer parti d’un vol pathologique.
Dans le Traité de pathologie mentale de Gilbert Ballet (30), M. Armand définit la kleptomanie une obsession consciente avec impulsions plus ou moins irrésistibles, donnant lieu à une résistance, à une lutte d’intensité variable. Elle apparaît par accès irrégulièrement intermittents. C’est une affection qui n’est pour ainsi dire jamais isolée. Parfois la kleptomanie est spécialisée. Après l’arrestation, l’attitude varie : le kleptomane est honteux ou indifférent. M. le Dr Ballet rattache à l’heure actuelle la kleptomanie, comme toutes les obsessions, à la psychose maniaque dépressive : il distingue le vrai kleptomane, du fou moral qui vole pour obéir a un instinct pervers et rapproche l’impulsion morbide à voler de l’oniomanie (manie des achats) et la manie du jeu (31).
Le vrai kleptomane est irresponsable et il ne saurait être question, pour M. Ballet, pas plus ici qu’ailleurs, de responsabilité atténuée.
De nombreuses thèses et de nombreux mémoires étudient la kleptomanie dans des cas particuliers. Nous n’en citerons que quelques-uns que nous avons eu l’occasion de parcourir.
Eugène Ribes (32) discute la responsabilité légale des femmes enceintes accusées du délit qui nous occupe, après avoir étudié en détail leurs nombreuses perversions morales. En Italie, Livi (33) publie des observations de vols chez des paralytiques généraux, chez des délirants anciens plus ou moins voisins de la démence.
Fortineau (34) s’attache à mettre particulièrement en valeur les impulsions du début de la paralysie générale, vraie période médicolégale de celle-ci. Pour lui, contre le Dr Saury qui avait affirmé le contraire dans sa thèse, le vol de ces malades est en rapport avec leurs idées délirantes ; en outre, le sens moral étant annihilé et [p. 58] le sentiment de la propriété étant profondément modifié, ils se livrent à leurs impulsions sans aucune résistance ; et ils y obéissent avec une assurance qui en impose et facilite la réussite de leurs entreprises même dans les circonstances les plus invraisemblables.
L’histoire est bien connue de ce paralytique priant les agents de l’aider à pousser chez lui un tonneau trop lourd qu’il venait de dérober.
Les actes des épileptiques ont aussi attiré souvent l’attention des aliénistes (35). M. Vallon les a passés en revue dans son rapport au Congrès de Bordeaux de 1895 ; ils ne sont pas toujours inconscients ; évidemment l’épileptique ne peut en être toujours responsable, mais quand il s’agit de vol, il parait moins excusable que lorsque l’on est en présence d’actes de violence provoqués par le caractère si irritable de leur auteur; il ne faut pas oublier que l’impulsion épileptique est essentiellement automatique et involontaire, brusque, soudaine, irréfléchie, sans motif, et suivie d’amnésie plus ou moins complète. Les impulsions d’autre nature sont réfléchies et conscientes.
Le même mélange d’actes morbides et criminels peut se rencontrer dans d’autres cas. Enfin des communications et des articles nombreux ont à un moment donné établi la fréquence relative des actes kleptomaniaques chez les neurasthéniques. Parfois même l’impulsion neurasthénique se rapprocherait du type épileptique. Féré (36) rapporte le cas curieux d’un neurasthénique de 42 ans qui fut pris un jour du besoin irrésistible d’aller s’emparer chez un libraire d’un livre qu’il convoitait (il était bibliophile). Il ne se rappelle plus rien.
Cette impulsion avait le caractère d’une impulsion épileptique, et néanmoins l’épilepsie et l’alcoolisme devaient être éliminés. Ces impulsions inconscientes sur la nature desquelles on peut rester un peu perplexe alternent chez certains malades avec des impulsions conscientes (37).
Enfin rappelons que parfois on a constaté l’apparition de la [p. 59] kleptomanie coïncidant avec des affections nerveuses : chorée, accès d’urémie à forme nerveuse etc. (38).
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De très nombreux criminalistes étudièrent aussi de tous côtés le vol au point de vue délictueux et au point de vue morbide. On connaît le succès des théories de Lombroso (39), qui rapprochent le criminel né du fou moral. Des savants russes contribuèrent à répandre ces idées. Pauline Tarnousky (40) rapproche les prostituées des voleurs. Paul Kovalevsky (41) étudie parallèlement le voleur et le meurtrier et semble les opposer l’un à l’autre. Nous retrouvons dans ces livres un reste de vieilles idées de Gall sur la perversion de l’instinct de la propriété. Le voleur profite du produit de son vol, ce qui le distingue du kleptomane. C’est un être privé d’énergie physique et morale, de tempérament faible et de caractère vicieux ; il se rapproche des prostituées, dont il a la perversité et l’indifférence : ce sont les évènements ou des complices plus actifs qui l’amènent à voler.
La division des kleptomanes proposée par Kovalevsky est comparable à celle de Régis, maintenant classique chez nous. Le kleptomane vrai se distingue, pour cet auteur, de celui qui vole pour obéir à une impulsion d’autre nature.
Del Greco (42), montre bien l’excitation, d’une part la diminution de l’inhibition, d’autre part, et il compare l’accès psychopathique et la tendance criminelle, qui ont probablement un même point d’origine dans les conditions de tempérament.
Mingazzini et Sancte de Sanctis (43) se sont placés à un point de [p. 60] vue différent : ils ont étudié le collectionnisme dans toutes ses formes et dans toutes les affections mentales et décrit ce qu’on trouve dans les traités sous les noms de monokleptocollectionnisme et polykleptocollectionnisme.
Maudsley (44) discute un des premiers la notion de responsabilité limitée dont les degrés devraient, dit-il, être déterminés par les circonstances de l’affaire. La kleptomanie est mise par lui sur le compte de la débilité morale et non de la folie impulsive ; parfois on peut aussi la considérer comme une forme d’épilepsie larvée. Il conseille néanmoins le châtiment dont l’idée peut retenir le fou moral. Pour lui, il faut exclure la kleptomanie des délires partiels ou monomanies, affections intellectuelles et amenant l’irresponsabilité. L’article « kleptomanie » du dictionnaire de Tuke (45) oppose le malade au criminel, à l’inverse des tendances anthropologistes. On trouve rarement, même chez les malades, des impulsions irrésistibles ; il faut étudier avec soin toutes les circonstances du délit et mener l’enquête aussi loin que possible sur les antécédents du délinquant et l’état de celui-ci au moment de l’acte. Il faudra aussi faire entrer en considération la nature du délit : un vol d’aliment étant plus facilement explicable par un état pathologique qu’un vol de bijoux. La dégénérescence est, le terrain le plus fréquemment rencontré : on en trouve des traces dans les domaines intellectuel, moral et physique ; parfois les signes sont difficiles à déceler, dans les formes légères. L’auteur passe en revue le vol dans les différentes affections mentales, particulièrement dans la paralysie générale aux périodes de début et d’état, et dans l’épilepsie. D’après Tuke, la grossesse sans troubles mentaux ne saurait être une excuse suffisante.
Nous avons vu avec Morel qui cependant n’était pas favorable à la doctrine des monomanies, quel était l’état d’esprit de la magistrature au moment où les experts luttèrent pour faire admettre la notion d’irresponsabilité chez des aliénés voleurs. Au milieu du XIXe siècle, les esprits sont partagés entre la défense de la société [p.61] et celle des droits de l’individu ; nous en trouvons le témoignage dans des thèses de cette époque (46).
Ribes, dans son mémoire inaugural sur les perversions morales chez les femmes enceintes, rapporte les opinions des hommes de l’art (quot capita, tot sensus, ajoute-il spirituellement). Laurent, Orfila, Devergie, Capuron, Tardieu, Tourdes, Dagonet n’admettent pas que la grossesse soit suffisante pour excuser un vol, ou tout au moins ne l’admettent que comme circonstance atténuante. Marc, Sédillot, Briand et Chaudé, etc. sont infiniment plus indulgents et tendent vers l’irresponsabilité absolue.
Les tribunaux rendent aussi des décisions contradictoires.
L’auteur conclut en s’élevant contre ces irresponsabilités relatives ; pour lui, une femme est responsable ou irresponsable, il n’y a pas d’intermédiaire.
Depuis, les médecins légistes ont essayé vainement jusqu’ici de faire cesser cette situation équivoque au point de vue social et individuel. Legrand du Saulle (47) divise les voleurs en pathologiques et demi-pathologiques, conception qui laisse toujours subsister la notion de la responsabilité limitée. Lunier (48) signale l’extrême rareté de la kleptomanie pure : sur 14 rapports de vol dans les grands magasins, il ne trouve que deux kleptomanes, les autres inculpés sont des débiles, des imbéciles ou des déments, des épileptiques, des hystériques et une morphinomane. Tous sont des héréditaires, irresponsables à des degrés divers.
L’étude de Lasègue (49) est sans contredit la plus intéressante de cette époque. Alors que pour Lunier elle était rare mais existait encore, pour Lasègue, l’impulsion au vol, affection isolée, n’existe pas plus que la pyromanie : il y a des aliénés voleurs et la question de la responsabilité se trouve ainsi réglée. Nous n’insisterons pas davantage sur cette page importante des « Études médicales » parce qu’elle est analysée et commentée dans la plupart des traités.
Lacassagne (50) se rallie à l’opinion de Lasègue et ajoute que les [p. 62] vols même les plus inexplicables s’expliquent et ont une cause secrète plus ou moins avouable. Il divise ces individus en collectionneurs punissables (sauf si démence ou faiblesse d’esprit), chez qui le châtiment est salutaire ; en déséquilibrés parfois excusables à la première faute mais punissables dans la suite, en vrais malades qu’il faut interner. Comme il s’occupe spécialement des grands magasins, il conclut en disant que ceux-ci ont évidemment leur part de responsabilité dans les vols commis à leurs dépens et qu’il faudrait prendre différentes dispositions pour en éviter le retour.
Dans un travail récent, le Dr P. Hospital (51) rapporte des observations des plus intéressantes de ces cas.
Incidemment, nous trouvons des considérations à retenir dans le livre de Maurice de Fleury (52).
Chez le criminel, l’acte se compose de trois parties : 1° sensation image accompagnée de tendance à l’acte ; 2° mémoire rappelant des souvenirs capables d’arrêter l’impulsion et de la transformer suivant les tempéraments en une autre énergie qui pourra être employée ou emmagasinée dans nos réserves ; 3° inhibition ou acte.
Chez l’héréditaire, la troisième partie est reliée sans intermédiaires à la première, ou bien la mémoire n’amène que des souvenirs favorisant l’acte. En somme, le libre arbitre n’existe pas.
A l’autre pôle, Louis Proal (53) défend la volonté contre les déterministes et fait à peine quelque concession aux nouvelles idées en admettant que si le crime n’est pas une fatalité organique, il faut peut-être y voir une fatalité sociale. On devine facilement les conclusions pratiques que les uns et les autres tirent de leurs doctrines.
Morache (54) étudie l’ensemble des faits qui peuvent entraîner un homme vers le crime et montre l’indulgence que l’on doit avoir pour les femmes, surtout en matière de vol ; son œuvre est encore imprégnée des doctrines italiennes. Le vrai coupable, pour lui, « c’est la féminité elle-même, aiguisée par certaines circonstances » ; ce sont aussi les conditions de milieu dans lesquelles la femme a été placée et dont elle ne saurait être responsable ; on sent qu’au point [p. 63] de vue pratique, ces conclusions ne peuvent être acceptées qu’avec beaucoup de réserve.
Maxwell (55) insiste sur le mobile sexuel. Les kleptomanes conscients, les plus rares, sont aussi les plus intéressants au point de vue médico-légal, et la peine à infliger doit avoir sur eux une action inhibitrice bien plus que moralisatrice.
Mairet (56) croit au contraire à un froissement de notre sensibilité « morale s’exprimant de son côté par un état psychique opposé à celui créé par le mobile, par des forces actives ou inhibitrices, inhibant celles nées du mobile ou agissant en sens inverse et consécutivement, mais immédiatement par la peur de la punition » ; Il y a là quelque chose de plus que chez les autres criminalités et qui se rapproche de l’opinion des écrivains qui défendent le libre arbitre.
M. Grasset (57) range les kleptomanes parmi les demi-fous et par conséquent les demi-responsables.
L’école d’Auguste Comte a surtout été représentée en médecine légale par M. Dubuisson et son élève, M. Vigouroux. De son vivant, M. Dubuisson (58) avait déjà publié un intéressant travail sur les voleurs où il établissait un curieux parallèle entre les voleurs d’objets d’arts et les malades et concluait en disant qu’en réalité ceux-ci étaient responsables dans tous les états qui servent de transition entre le désir consenti et l’impulsion. Dans leur ouvrage sur la responsabilité (59), les deux auteurs résument l’histoire de la kleptomanie et citent les arguments que les avocats en ont tirés. Certains « kleptomanes » sont des malades par ailleurs et leur vol n’est en réalité qu’un incident. D’autres sont des faibles qui volent presque automatiquement, mais leur acte ne correspond guère au schéma du syndrome épisodique de la dégénérescence. L’angoisse manque.
Enfin les perversions sexuelles sont fréquentes chez ces malades.
Mentionnons pour terminer les livres si connus de Ribot (60) et de Pierre Janet (61). [p. 64]
Dans le même ordre d’idées, le Dr Dupouy (62) a publié une intéressante étude sur la Psychologie des kleptomanes : il les classe en obsédés impulsifs, malades exécutant des actes réflexes, et kleptomanes par désir morbide, les plus nombreux, et souvent bien difficiles à distinguer des simples voleurs. Ses conclusions se rapprochent au fond de celles des positivistes, malgré quelques divergences superficielles.
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En résumé, nous avons vu apparaître l’idée d’un penchant morbide au vol vers la fin du XVIIIe siècle. Cette idée a pris son plein développement avec la phrénologie et, dans un domaine plus spécialement psychiatrique, avec les monomanies. Troublée et mal défendue par les applications de cette doctrine, la société a réagi ; et sous l’influence de cette réaction, petit à petit les criminalistes et les psychiatres s’efforcent de concilier les exigences de la défense sociale avec le respect des droits des malades ou des infirmes de l’esprit.
Les plus grands des aliénistes depuis Morel ont combattu la kleptomanie et ont prouvé qu’elle n’avait pas vraiment d’existence individuelle. Mais cette conception, née en somme de la Révolution, avait des racines solides et nous en retrouvons des traces jusque dans ces derniers temps : le public lui-même, qui a tant applaudi aux coups qui furent portés à la kleptomanie, n’ose pas nier son existence et nous entendons souvent les parents des inculpés nous dire en parlant de ces derniers qu’ils ont « la manie du vol ».
Les positivistes ont eu le grand mérite d’examiner pratiquement la situation, ils ont envisagé l’intérêt social d’abord et se sont préoccupés ensuite des cas particuliers. Nous croyons que c’est autour d’eux que magistrats et médecins doivent se rallier aujourd’hui.
Notes
(1) LA METTRIE. Œuvres philosophiques. Amsterdam, 1774.
(2) LA METTRIE. Homme machine. Leyde, 1748.
(3) LAVATER. L’art de connaître les hommes par la physionomie. Nouvelle édition par Moreau de la Sarthe. Paris, Depelafol, M.DCCC.XXXV, tome VIII, D. 193.
(4) F. J. GALL. Sur les fonctions du cerveau et sur chacune de ses parties. Paris, Baillière, 1825, tome IV, p. 201.
(5) SPURZHEIM. Observation sur la phrénologie. Paris, Treuttel et Wûrtz, 1881.
(6) ESQUIROL. Les maladies mentales considérées sous les rapports médical hygiénique et médico-légal. Paris, Baillière, 1838, tome II.
(7) PINEL. Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale. Paris, Brosson, 1809, p. 101.
(8) MATHEY. Nouvelles recherches sur les maladies de l’esprit. Paris, 1816.
(9) MARC. De la folie considérée dans ses rapports avec les questions médico-judiciaires. Paris, Baillière, 1840, tome II, p. 247.
(10) E. RENAUDIN. Psychiatrie allemande, in Annales médico-psychologiques, Paris, Masson, 1855, p. 300.
(11) TRÉLAT. La folie lucide étudiée et considérée au point de vue de la famille et de la société. Paris, Delaye, 1861, p. 259.
(12) MARCÉ. Traité pratique des maladies mentales. Paris. Baillière, 1862, p. 385.
(13) LINAS. Article a monomanie » in Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Paris, Masson, 1876.
(14) SCHULE. Traité clinique des maladies mentales. Paris, Delahaye, 1888, traduction Dagonet, p. 423.
(15) KRAFFT-EBING. Médecine légale des aliénés. Trad. Raymond. Paris, Doin, 1900.
(16) MOREL. Folie raisonnante in Annales médico-psychologiques. 1866. D. 106.
(17) MOREL. Études classiques. Paris, Baillière, 1852, tome I.
(18) Jules FALRET. Leçons cliniques sur les maladies mentales. Première partie : symptomatologie générale. Paris, Baillière, 1864, p. 155.
(19) GIRARD DE CAILLEUX. Kleptomanie, accusation de vol, condamnation par défaut, appel de jugement, rapport médico-légal pour constater l’aliénation mentale, acquittement, in Annales médico-psychologiques, tome VI. Paris, Masson, 1845, p. 231.
(20) V. MAGNAN. Recherches sur les centres nerveux. Paris, Masson, 1893, p. 342.
(21) BLAISE. Impulsions, amnésie, responsabilité chez les aliénés. Thèse, Paris, 1887.
(22) François BOISSIER et Georges LACHAUX. Contribution à l’étude clinique de la kleptomanie. Ann. médico-psychologiques, janvier, 1894.
(23) KRÆPELIN. Introduction à la psychiatrie clinique. Paris, Vigot, 1907.
(24) KRÆPELIN. Em. Lehrbuch für Studierenden und Ærzte. Liepsig, Barth1909, tome I, p. 409.
(25) DR H. DAGONET. Tr ailé des maladies mentales. Paris, Baillière, 1894, p. 464.
(26) FOVILLE. Art. « Kleptomanie » in Nouveau Dictionnaire de médecine el de chirurgie pratique, tome XIX. Paris, Baillière, 1874.
(27) CULLERRE. Traité pratique des maladies mentales. Paris, Baillière, 1890, p. 303-..-
(28) PITRES et RÉGIS. Les obsessions el les impulsions. Paris, Doin, 1902, p. 316.
(29) RÉGIS. Précis de psychiatrie. Paris, Doin, 1911.
(30) Gilbert BALLET. Traité de pathologie mentale. Paris, Baillière, 1903, p. 743.
(31) Gilbert BALLET. Les psychoses, in Traité de médecine Bouchard et Briand. Paris, Masson, 1903.
(32) E. RIBES. De la perversion morale chez les femmes enceintes. Thèse Strasbourg, 1866.
(33) C. LIVI. Attentats contre les choses. De la maladie incendiaire ou pryromanie, de la kleptomanie. Archivo Italiano, 1867.
(34) Des impulsions au cours de la paralysie générale. Paris, Rougier, 1885, p. 27.
(35) Ch. VALLON. Actes des épileptiques : de l’importance prépondérante des caractères de l’acte incriminé dans l’appréciation de la responsabilité des épileptiques, in Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France, Bordeaux, 1895.
(36) FÉRÉ. Impulsions inconscientes chez un neurasthénique. Belgique médicale, 1898, n, 8.
(37) DELMAS. Délits prémédités alternant chez un débile avec des impulsions névropathiques, p. 274, in Ann. médico-psychologiques, septembre 1905.
(38) (1) KURELLA. Kleptomanie chez une choréique. Allg. Zeilschr. f. Psychiatrie, analyse in Archives de Neurologie, 1905. — MEUNIER. Observation d’un cas de kleptomanie terminé par un accès urémique à forme nerveuse. Revue de Psychiatrie, juin 1901 [les impulsions avaient disparu à la suite du traitement par K. Br. et régime déchloruré].
(39) César LOMBROSO. L’homme criminel, traduit sur la 4e édition par MM. REGNIER et BOURNEL. Paris, Alcan, 1887.
(40) Pauline TARNOVSKY. Étude anthropométrique sur les prostituées et les voleuses. Paris, Le Crosnier et Barbé, éditeurs, et aux bureaux du Progrès médical, 1889.
(41) Paul KOVALEVSKY. La psychologie criminelle légale générale. Paris, Vigot, 1903.
(42) F. DEL GRECO. Tendance au vol chez des aliénés [Travail du manicome de Nocera], numéro de décembre 1895 de la Scuola positiva nella giurisprudenza penale.
(43) SANCTE DE SANCTIS Collezionismo e impulsi collezionistici. Bulletino della sociéta lancisiana degli ospedali di Roma, Anno XVII, fosc. I, 1897.- MINGAZZINI. Sul collezionnismo nelle diverse forme psichopatiche. Rivista sperimentale di Irenatria, 1893, p. IV.
(44) MAUDSLEY. Pathologie de l’esprit. Paris, Garnier, 1883, et du même : Crime et Folie. Paris, Alcan, 1888.
(45) Dictionary of psychological medicine, Hacke Tuke London, S. et A. Churchitt, 1892.
(46) Par exemple celle de RIBES : De la perversion morale chez les femmes enceintes. Thèse de Strasbourg, 1866.
(47) LEGRAND DU SAULLE. Du vol dans les grands magasins. Société de médecine légale, 1879.
(48) LUNIER. Des vols aux étalages, in Ann. médico-psychologiques, 1880.
(49) LASÈGUE. Vol aux étalages. Archives de Médecine, 1880.
(50) LACASSAGNE. Les vols à l’étalage et dans les grands magasins. Congrès international d’anthropologie criminelle, Genève, 1896.
(51) HOSPITAL. Kleptomanes et vols aux étalages, in Annales médico-psychologiques, novembre, 1909.
(52) Maurice DE FLEURY. L’âme du criminel. Paris, Alcan, 1898, p. 44.
(53) Louis PROAL. Le crime et la peine. Pans, Alcan, 1896, p. 517.
(54) MORACHE. La responsabilité, étude de biologie et de médecine légale. Paris, Alcan, 1906, p. 216.
(55) Le crime et la société. Paris, Flammarion, 1909. D. 113.
(56) MAIRET. De la responsabilité. Paris, Masson, 1907.
(57) GRASSET. Demi-fous et demi-responsables. Paris. Alcan, 1907. p. 71.
(58) Paul DUBUISSON. Les voleuses de grands magasins, in Archives d’anthropologie criminelle. Paris, janvier et juillet 1901.
(59) DUBUISSON et VIGOUROUX. Responsabilité pénale et folie. Paris Alcan 1911
(60) RIBOT. Les maladies de la volonté. Paris, Alcan, 1905.
(61) P. JANET. Obsession et psychasthénie. Paris, Alcan, 1903 ; et du même : La Kleptomanie et la dépression mentale, in Journal de Psychologie, mars-avril 1911 ; du même : Névrose et idées fixes. Paris. Alcan, 1908. Ces ouvrages précisent la qualité spéciale du terrain dégénératif, sur lequel se greffent les obsessions.
(62) DUPOUY, De la Kleptomanie, in Journal de Psychologie, 1905.
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