Maurice de Fleury. Les terreurs nocturnes des enfants. Extrait de « Le corps et l’âme de l’enfant. Paris, Librairie Armand Colin, 1899. », chapitre : L’enfant peureux, pp. 185-189.
Repris dans : Les terreurs nocturnes des enfants. Extrait de la revue « Le Progrès médical », (Paris), 3e série, tome XIII, 1901, p. 302.
Jean-Baptiste-Louis-Édouard Maurice de Fleury (1860-1931). Médecin, spécialisé en psychiatrie. – Homme de lettres. – Membre de l’Académie de médecine (élu associé libre le 11 mai 1909). A aussi utilisé le pseudonyme d’Horace Bianchon.
Quelques travaux :
— Introduction à la médecine de l’esprit. Paris, Félix Alcan, 1897. 1 vol. in-8°.
— L’âme du criminel. Paris, Félix Alcan, 1898. 1 vol. in-18;
— L’angoisse humaine. Avec une introduction touchant le renouveau de la psychologie. Paris, Les Editions de France, 1925. 1 vol. in-8°.
— La tristesse et son traitement.-Extrait de la Nouvelle Revue du 15 aoüt 1896. Paris, Librairie de la Nouvelle Revue, 1896. 1 vol. in-8°.
— Le Corps et l’Ame de l’Enfant. Cinquième édition. Paris, Armand Colin 1903. 1 vol. in-8°.
— Les fous les pauvres fous et la sagesse qu’ils enseignent. Paris, Hachette, 1928. 1 vol. in-8°.
— Les grands Symptômes Neurasthéniques. (Pathogénie et traitement). Paris, Félix Alcan, 1901. 1 vol. in-8°.
— Manuel pour l’étude des maladies du système nerveux. Avec 133 figures en noir et en couleurs. Paris, Félix Alcan, 1904.
— Recherches cliniques sur l’épilepsie et sur son traitement. Avec 42 graphiques dans le texte. Paris, J. Rueff, 1900. 1 vol. in-8°.
— [BIANCHON Horace, pseudonyme]. Nos grands médecins d’aujourd’hui. Illustrations par F. Desmoulin et Profit.Paris, Société d’Editions Scientifiques, 1891. 1 vol. gd in-8°.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé les fautes d’impression. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
[p. 185]
[Les terreurs nocturnes des enfants.]
Je voudrais dire un mot des terreurs nocturnes si fréquentes chez les enfants. [p. 186]
« Elles sont de deux sortes : il y a d’abord les petits qui ont peur de l’obscurité, qui pleure pour ne pas demeurer sans lumière, et qui ne s’abandonne avec confiance au sommeil que si leur chambre est un peu éclairée. Il faut habituer ceux-là à dormir dans l’obscurité. Mais gardons-nous de le faire brutalement et tout d’un coup. Ne décidez pas, par exemple, un beau soir, que bébé devra désormais demeurer sans lumière.
« Il pourrait en souffrir, s’en énerver d’une façon fâcheuse. Procédez méthodiquement. Prévenez-le plusieurs jours à l’avance de ce qu’il attend ; accoutumez bien sa pensée, prenez des précautions, procédez progressivement. Permettez un peu de lumière dans la pièce à côté, la porte demeurant ouverte ; puis, tout en tonifiant songe cerveau, fait de lui honte, amenez le — on n’y arrive avec un peu d’habileté — à demander lui-même à faire comme un homme. Un enfant de la connaissance, doublée de la plus [p. 187] vive imagination, ne manquait pas, lorsque la nuit se faisait dans sa chambre, d’apercevoir la vision, vraiment pénible, que voici : A la fenêtre pourtant close, apparaissait une énorme figure, la face affreuse d’un géant qui surgissait pour regarder ce qui se passait dans la chambre, comme surgit la lune au sommet des montagnes pour regarder ce qui se passe dans les vallées. Et peu à peu ces deux figures s’avançaient, se courbaient sur la couche, et s’approchaient à l’étouffer. Une médication tonique, un bon régime alimentaire, quelques sages conseils dissipèrent ces demi-hallucinations, très fréquentes chez les petits nerveux héréditaires.
« Quant aux terreurs nocturnes proprement dites, qui constitue une véritable maladie, classer, décrite par le traité de [p. 188] pathologie infantile, elles guérissent vite et bien par les mêmes moyens, et notamment par une alimentation soigneusement réglée et modérée au repas du soir.
« Cela prend les bébés entre deux et sept ans. L’enfant a dîné à la table paternelle, a eu un peu de vin, c’est bourré de mie de pain, de sauce, de sucreries, de crudités, de fruits indigestes. Puis il s’est endormi d’un sommeil à la fois profond et agité ; il transpire abondamment, se tourne et se retourne dans son lit, murmure des mots confus où poussent des gémissements. Et tout à coup, il se réveille en sursaut, s’assoit sur son lit, lis, pleure, parle de près épouvantable ou de méchants hommes venus pour le tuer. Le petit halluciné qui continue, les yeux ouverts, son rêve ne reconnaît pas ses parents qui tâchent vainement à calmer sa terreur. Au bout de quelques minutes, le fantôme s’évanouit, la crainte se dissipe, le pauvre petit se rendort. [p. 189] Rien n’est plus impressionnant. Soigner son estomac, cette scène pénible de se produira plus.
« Voici comment on peut guérir les différentes formes de la peur chez les enfants. Il est, je pense, inutile de dire qu’il faut proscrire les récits terrifiants, les menaces de croque-mitaine, de fantômes et de loups-garous, moyen stupide inventé par la galerie des parents et des bonnes qui, pour se débarrasser d’une scène d’insubordination, n’hésite pas à fausser l’esprit des marmots, et à les rendre comme à plaisir, malade et due forme d’esprit. (Maurice de Fleury, le corps et l’âme de l’enfant, p. 185. — Ce sont les conseils que nous donnons journellement.
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