Lucien Roure. Liberté. Localisations cérébrales. Rêve. Folie. Rire. Extrait de la revue « Etudes religieuses, historiques et littéraires », (Paris), année 32, tome 66, 2, 1895, chapitre III, pp. 605-613.
Lucien Roure (1857-1954). Jésuite. – Licencié en droit et en lettres. – Rédacteur de la revue « Études ». – Directeur et secrétaire général de la « Ligue de sainteté sacerdotale », pour la France. Ce très prolixe critique, n’est étonnement pas répertorié parmi les théologiens ; il a participé aux Dictionnaire de Théologie Catholique, dans lequel il a rédigé, entre autres, les rubriques : Possession démoniaque, Spiritisme. Nous avons retenu de ses publications :
Le merveilleux spirite. Paris, Editions Beauchesne, 1922.
Le spiritisme aujourd’hui. Paris, Editions Beauchesne, 1923.
Au pays de l’occultisme ou Par delà le catholicisme. Paris, Editions Beauchesne, 1925.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé les fautes d’impression. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
[p. 605]
III
Liberté. Localisations cérébrales. Rêve. Folie. Rire.
La psychologie qui ne s’en tient pas uniquement aux dehors de l’activité mentale, qui ajoute à l’observation externe l’observation interne ou introspection, qui fait appel aux concepts de la raison pour coordonner les faits observés, qui, par là, est à la fois expérimentale et rationnelle, enregistre des acquisitions plus palpables.
C’est de cette psychologie que s’inspire M. Desdouits en traitant de la Philosophie de la contingence (1). Son étude est une démonstration solide et originale de la liberté. Tel ou tel détail pourrait, sans doute, donner matière à discussion, mais l’ensemble est d’une force victorieuse. A la thèse de M. Fouillée qui [p. 606] ramène la contingence à l’inconnaissable, il oppose trois antithèses :
1° Ce n’est pas la théorie de la liberté qui repose sur l’inconnaissable, c’est celle du déterminisme. En effet, l’idée de liberté est un fait. Si elle ne répondait pas à une réalité, comment nous ̃ serait-elle venue, puisque, par hypothèse, il n’existe dans le monde qu’un engrenage de phénomènes nécessaire ? Le déterminisme, par contre, en appelle à l’inconnaissable. Il explique la conscience universelle du libre arbitre par l’ignorance des causes qui nous déterminent en d’autres termes, il admet une détermination inconsciente produite par des motifs inconnus et inconnaissables.
2° Non seulement le libre arbitre n’est pas inconnaissable, mais il est instrument de connaissance. Comment expliquer les illusions du rêve ? En partie, par l’absence de la liberté elle ne maîtrise plus l’imagination. Dans la veille, comment l’homme discerne-t-il la perception objective de l’hallucination ? Par l’exercice du libre arbitre qui interrompt à son gré la perception, par exemple en commandant aux yeux de se fermer.
3° L’idée de la contingence des lois de la nature est un postulat de la science. Si elles étaient nécessaires, elles se déduiraient du raisonnement à priori. Or elles ne se révèlent que par la méthode expérimentale. L’existence même du monde actuel, entre toutes les combinaisons possibles, ne s’explique que par le choix d’une volonté libre.
D’ailleurs cette psychologie ne craint pas d’aborder des problèmes plus spéciaux. Mais alors même que la psychologie semble surtout en question, c’est l’âme qu’elle cherche à atteindre à travers l’organisme. Signalons en ce sens un excellent article du Dr Surbled sur la Doctrine des localisations cérébrales (2). On sait que l’auteur a porté de ce côté ses particulières recherches. Gall, nous rappelle-t-il, avait inauguré la physiologie du cerveau ses excentricités et ses erreurs l’ont fait dédaigner plus que de raison. Après lui, on attribua aux hémisphères cérébraux les facultés supérieures de l’intelligence, reléguant dans les parties basses de l’encéphale la sensibilité et la motilité. Aujourd’hui, [p. 607] il est démontré que le cerveau tout entier n’est qu’un organe de sensibilité et de mouvement. Les centres moteurs ont pu même être assez nettement établis. L’étude des centres sensoriels est moins avancée. Mais nul centre n’y a été trouvé comme siège de l’intelligence. C’est là un des démentis les plus triomphants qui aient été donnés depuis longtemps à la thèse matérialiste. La Localisation de l’esprit (c’est le titre d’un autre travail du Dr Surbled (3) a donc contre elle la science elle-même. Quant à l’influence du fonctionnement cérébral sur l’intelligence, elle n’a rien qui doive alarmer les spiritualistes. Chez l’homme, comme l’enseigne toute la scolastique, « l’intelligence dépend du sensible ».
C’est un autre problème bien délicat que celui du Rêve. Le Dr Surbled l’a abordé dans la Science catholique (4). Il distingue deux états dans le sommeil le sommeil plein, absolument inconscient et exempt de rêve la somnolence, caractérisée par le rêve, formant transition entre le sommeil plein et la veille. Les raisons qu’on apporte en faveur de la perpétuité du rêve lui semblent, à juste titre, faibles. Il aurait pu à leur réfutation ajouter l’exposé des présomptions sérieuses qui militent pour les interruptions du rêve. Le rêve est une fonction physiologique, un exercice de la sensibilité et de l’imagination. Or il arrive que, pendant la veille, cette double activité est atténuée au point d’être à peu près complètement suspendue il arrive qu’un homme qui flâne ou se livre à certains exercices sportiques « ne pense à rien », comme on dit vulgairement, c’est-à-dire n’exerce guère que les fonctions locomotrices et végétatives. C’est à cette locomotion et aux excitations du dehors que sont dues les images et les sensations qui peuvent encore se produire en lui. Pourquoi, en l’absence de tout excitant, l’imagination et la sensibilité continueraient-elles à fonctionner ? De plus, comme le rêve est une fonction physiologique, il est un travail, un travail épuisant. Le sommeil sera donc d’autant plus réparateur qu’il sera plus exempt de rêves. Or certains états de sommeil nous apportent un repos tel qu’ils semblent bien n’avoir laissé aucune place à l’agitation cérébrale nécessaire au rêve tel est le cas de l’état qu’on appelle sommeil de plomb. Nous n’oserions toutefois dire que ces [p. 608] raisons ou d’autres semblables excluent suffisamment, comme le veut le Dr Surbled, tout rêve de l’état de sommeil plein. Quelle est l’origine des combinaisons d’images qui forment le rêve ? Le Dr Surbled croit que les sensations externes, modifications du toucher, bruits entendus, excitations lumineuses qui arrivent à la rétine à travers les paupières fermées, ne créent le rêve que d’une manière exceptionnelle. Il en serait de même des sensations internes. « L’imagination est la seule ordonnatrice, la véritable ouvrière du rêve elle le conçoit, l’agence et le développe. » Pour le Dr Ferrand (5), au contraire, ce sont les sensations externes ou internes qui, d’ordinaire, donnent naissance au rêve, en mettant en branle l’imagination. Il ajoute « Lorsque l’on rêve la nuit, le plus souvent ce ne sont ni les impressions les plus vivement ressenties dans la journée, ni les actes les plus mouvementés accomplis dans le même temps, qui forment la matière du rêve. Le plus souvent, les images du rêve sont empruntées à la catégorie des impressions qui ont été reçues presque en état de subconscience et flottent à l’état de lignes imprécises. » Une influence quelconque ramène à la surface ces formes vagues. Les impressions entrées nettement dans l’esprit ne sont évoquées que par les conditions qui présentent avec elles des relations caractérisées.
La durée apparente des rêves a soulevé aussi de subtiles discussions. « Entre la longue durée que nous supposons au rêve, dit encore le Dr Surbled, et sa durée effective, véritable, qui est à peine mesurable, tant elle est fugitive, il y a une disproportion énorme, éclatante. » Et l’on aime à citer le rêve de Maury. Indisposé, Maury s’était mis au lit tandis que sa mère veillait à son chevet. Soudain, il rêve de la Terreur ; il est témoin de scènes de massacre. Il est poursuivi, arrêté, jeté en prison, jugé, condamné à mort. Il assiste aux préparatifs de son exécution. Il se réveille au moment où le couperet de la guillotine lui tranche la tête. C’était la flèche des rideaux de son lit qui venait de lui tomber sur le cou. « Cela, dit-il, avait eu lieu à l’instant, ainsi que ma mère me le confirma, et cependant c’était cette sensation externe que j’avais prise pour point de départ d’un rêve où tant de faits s’étaient succédé. » [p. 609]
Faut-il, pour rendre compte de ce phénomène, accorder à l’imagination une sorte de vitesse vertigineuse ? M. V. Egger, dans la Revue philosophique (6) ne le croit pas. « Accordons, dit-il, que le rythme de la conscience pendant le rêve atteint toujours ou très souvent le maximum de rapidité observable dans l’état de veille, que ce maximum, exceptionnel et un peu morbide pendant la veille, est normal pendant le sommeil. L’hypothèse ainsi mesurée concorde avec tout ce que l’on sait du rêve, où l’imagination domine, exaltée et sans frein, délivrée du contrôle inhibitif de la raison. Mais peut-on aller plus loin ? Doit-on supposer à la conscience du rêveur un rythme extravagant, une vitesse d’imagination telle que nous ne pourrions la suivre, si par impossible elle était présente à notre attention d’homme éveillé ? Voilà ce que je ne saurais admettre. L’unité de temps, dans les récits de rêves, est presque toujours le tableau, autrement dit le décor où pense, parle et s’agite le moi du dormeur. Si le décor change quatre ou cinq fois, le temps paraît long au dormeur lui-même et surtout à l’homme éveillé qui lui succède. Mais rien n’est plus trompeur qu’un pareil étalon. je puis en quelques secondes constater et comprendre les huit ou dix gravures juxtaposées sur deux pages d’un grand journal illustré. » Nous adopterions volontiers cette façon de voir. Le dormeur ou l’homme éveillé met entre les images juxtaposées de son rêve un certain intervalle de temps, le temps qu’exigeraient les lois du monde réel, si les images étaient de vraies sensations. D’une suite de tableaux, il fait une histoire qui se déroule régulièrement de là l’illusion du temps.
Mais une autre question se pose : que faut-il penser de ce renversement des images dans le temps, de l’effet en arrière produit par la sensation dans le songe de Maury ? Maury est frappé au cou il voit se dérouler devant lui en ordre, tous les préliminaires de l’exécution, qui aboutissent enfin à l’illusion de l’exécution elle-même. M. Egger ne s’explique pas clairement là-dessus. Un auteur anonyme de la même Repue philosophique (7) voit là simplement un fait d’intercalement. « La sensation du dormeur est venue, à un moment donné, s’intercaler dans les images du rêve, sans aucunement en troubler l’ordre. » Il ajoute « au [p. 610] réveil, si au lieu de constater simplement le rêve, on essaie de le comprendre, on sera tenté de substituer au défilé réel des images, qui est incohérent, un ordre hypothétique dans lequel les images se dérouleraient logiquement; on sera amené à supposer que la sensation a été la cause initiale, évocatrice et directrice du rêve (tandis qu’elle est venue simplement s’incruster h sa place dans le bloc du rêve). Nous interprétons le rêve, quand nous croyons nous en souvenir. » Nous ne contredirons pas à cette explication. Seulement, nous ne voyons pas pourquoi, dans des cas analogues, la sensation ne pourrait pas être le point de départ d’un rêve. Le dormeur, sous l’impression du coup reçu, voit se présenter à lui, confusément et pêle-mêle, des images de guillotine, de terroristes, de jugement, de prison. Au réveil, il coordonne plus ou moins inconsciemment les données de son rêve, et les fait coïncider avec l’ordre qu’elles auraient eu dans la réalité. C’est, en effet, chose rare qu’un souvenir exact, photographique, d’un rêve. Il y a loin du rêve à la folie le rêve est un état normal, la folie un état pathologique. Cependant ces deux états s’accordent en un point: c’est qu’ils échappent à l’empire de la volonté. Le Dr Surbled, dans une étude sur la Folie (8), fait sienne l’opinion de Baillarger qui ramène la folie à un cas d’automatisme de l’intelligence. « Le fou n’est pas libre dans l’exercice de son intelligence : ses idées naissent, se suivent et s’enchaînent fatalement sans être réglées par la volonté. Il pense, et il ne dirige pas sa pensée. La liberté ne préside plus h la vie psychique et le malheureux aliéné est le jouet de son cerveau et de ses sens. » Mais quelle est la base de ce trouble mental ? Ce n’est pas une lésion matérielle du cerveau, continue le même auteur ; « c’est une affection de la sensibilité. L’homme n’est plus libre parce que l’encéphale, l’organe sensible nécessaire aux facultés psychiques, est malade et que, par un renversement de son rôle, il dirige ces facultés dans une voie vicieuse. La folie a donc son siège premier au cervelet, organe de la sensibilité affective. Le cerveau n’est atteint que consécutivement au cervelet. La maladie du cervelet rompt l’harmonie encéphalique ; elle donne l’empire aux passions sur la volonté, et par contre-coup bouleverse l’organe de [p. 611] l’imagination, le cerveau. » La folie n’est donc pas une maladie de l’âme ; c’est une maladie physiologique.
Il nous paraît, en effet, que le trait caractéristique du fou, du dément, c’est cette impuissance à se maîtriser. Le fou n’est plus maître de soi, plus maître chez soi il est vraiment aliéné (alienus) il ne domine plus le cours de son imagination, de son esprit (amens). Il a perdu l’empire de ses facultés intellectuelles, ne se possède plus. On dit dans le même sens qu’un homme est fou de joie ou ne se possède plus de joie. Perdre la raison, c’est ne pouvoir plus la guider. Car la raison reste entière chez l’aliéné. « Sous les apparences les plus déraisonnables, dit le Dr Parant cité par le Dr Surbled, l’intelligence persiste avec tous ses attributs. » Aussi nous ne ferions pas, avec ce dernier, de l’idiotie, de l’imbécillité, de la faiblesse d’esprit, « trois variétés décroissantes de l’aliénation. Dans ces trois états, il y a déchéance de l’intelligence ; la raison est atteinte dans son fonctionnement non directement, mais par l’intermédiaire de l’imagination et du cerveau. Dans la folie, la raison subsiste, mais va à la dérive elle est désemparée.
Aussi, pour assigner à cette maladie une base et une localisation physiologiques, il faudrait, ce semble, la placer dans l’organe régulateur des images et des émotions sensibles, quel qu’il puisse être et la folie pourrait se définir un trouble dans la coordination ou la régularisation des images, des idées et des sentiments. Dire que la folie est « une affection de la sensibilité », qu’elle est « due au trouble des passions », ne nous paraît pas assez compréhensif. Tous les cas de folie rentrent-ils dans cette définition et peuvent-ils être attribués à cette origine ? Les fous ne sont pas toujours des exaltés ou des passionnés certains déraisonnent de sang-froid. La folie revêt deux formes principales et opposées l’inconstance et l’idée fixe. Dans la première forme, le dément ne peut fixer son esprit ou sa volonté dans la seconde, dès qu’une image ou une émotion d’une certaine série est évoquée, toute la chaîne suit. Dans l’une et dans l’autre, il y a défaut de maîtrise et de libre coordination.
Certains moralistes austères ont traité de fous tous les rieurs. Ce n’est pas ce sentiment qui nous amène à dire en cet endroit un mot du rire. Toutefois, il faut bien l’avouer, on est encore ici [p. 612] en face d’un phénomène qui devance le commandement délibéré de la volonté. D’ailleurs, la théorie que M. C. Mélinand ‘expose dans son étude : Pourquoi rit-on ! fait du rire une chose essentiellement intelligente ce n’est pas nous qui le contredirions.
Les philosophes, les savants, les curieux, ont beaucoup cherché la cause du rire. M. Mélinand examine d’abord les diverses solutions apportées il y aura sans doute là des indications précieuses. L’opinion vulgaire dit que le rire est causé par la joie. – II est trop évident, dit-il, que la joie ne fait pas toujours rire il y a des joies graves. Sans doute, la joie dispose au rire elle ne le produit pas.
Suivant une opinion très commune ce qui fait rire, c’est le baroque, l’insolite, ce qui est en désaccord avec nos habitudes d’esprit, ce qui viole les usages traditionnels. Reconnaissons que le baroque est souvent risible. Une caricature fait rire par des disproportions qui sont contraires à toutes les lois naturelles. Nous pouvons même accorder que, dans tout ce qui fait rire, il y a de l’insolite. Mais bien des -événements sont contraires à l’ordre normal qui ne font pas rire. Et M. Mélinand cite le cas d’une pauvre petite vieille pliant sous un fardeau trop lourd voilà de l’insolite ; pourtant l’on ne rit pas. Dans cette opinion, la prestidigitation serait l’idéal du risible son objet propre est précisément de produire des effets contraires à toutes les lois connues, à toutes nos habitudes d’esprit. L’escamotage intrigue, étonne, rarement il soulève le rire.
- Penjon proposait l’année dernière dans la Revue philosophique (9) une théorie qui, au fond, diffère assez peu de la précédente. D’après lui, ce qui fait rire, c’est ce qui nous apparaît comme libre, comme échappant à toute loi, comme produit par une activité qui se joue. Mais le caprice se ramène à l’insolite. S’il y a une différence entre les deux idées, il semble plutôt que l’idée de caprice répond moins à la notion de risible. Une autre théorie très répandue est la théorie du contraste. Ce qui fait rire, ce serait la perception brusque d’un contraste entre l’attente et l’événement, entre l’apparence et la réalité. Il est incontestable que beaucoup de contrastes sont risibles. Mais combien ne le sont pas La vue d’un corps difforme auprès [p. 613] d’autres corps sains et bien faits n’égaie pas. Tout ce qui détonne fait contraste, sans être nécessairement risible.
Enfin une autre explication a été proposée par Bain. La cause du rire serait ce qu’il appelle une dégradation. Nous rions lorsque, dans une personne ou dans un objet respectés, nous apercevons brusquement quelque chose de dégradant, une mesquinerie, une faiblesse, une petitesse. Non, le rire n’est pas toujours ce rire mauvais et médisant. Il y a des dégradations qui attristent.
Nous avons suivi jusqu’ici l’auteur dans sa critique. Quelle solution propose-t-il ? Elle s’inspire des précédentes en les corrigeant et en les complétant. « Chaque fois que nous rions, dit-il, il se produit en nous un double phénomène. Un acte nous paraît surprenant voilà le premier temps et aussitôt nous le reconnaissons comme habituel voilà le deuxième temps. Exemples de choses risibles un ronflement dans une grave assemblée ; au théâtre, un pistolet qui rate un petit homme qui se baisse en passant sous une porte haute. Partout on retrouve le même élément quelque chose de surprenant et d’absurde qui, d’un autre côté, est naturel et banal. » Le jeu de mots, le calembour est d’autant plus risible que, d’une part, il présente un sens invraisemblable jusqu’à l’absurde, de l’autre, naturel jusqu’à la naïveté. On pourrait donc formuler ainsi la loi du rire : « Ce qui fait rire, c’est ce qui est à la fois, d’un côté, absurde, et, de l’autre, familier. »
Nos lecteurs pourront eux-mêmes éprouver la solidité de cette formule. Elle tient assez bien devant un certain nombre d’exemples. Satisfait-elle à tous ? Il est assez curieux qu’on en soit encore à se demander la cause psychologique et la nature intime d’un phénomène dont chacun de nous est, même fréquemment, le théâtre et l’agent. A cet égard, l’explication de M. Mélinand a l’avantage de n’être pas absolument neuve elle se présente comme une conciliation.
- ROURE.
NOTES
(1) Annales de philosophie chrétienne, 1895, juillet, août.
(2) Revue thomiste, 1895, janvier.
(3) Annales de philosophie chrétienne, 1895, novembre.
(4) 1895, mai, juin, juillet.
(5) Annales de philosophie chrétienne, 1895, octobre. Le Sommeil et le Rêve.
(6) 1895, juillet. La Durée apparente des rêves. [en ligne sur notre site]
(7) 1895, juillet. Note de L. D. [en ligne sur notre site]
(8) Correspondance catholique, 1895, mai, juin.
(9) Revue des Deux Mondes, 1895, 1er février.
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