C. de VESME. L’obsession et la possession dans l’Extrême-Orient et dans les Pays non civilisés. [Partie seconde] Article parut dans la « Revue Métapsychique », (Paris), n°5, année 1929, septembre-octobre, pp. 436-465.
César BAUDI DE VESME (1862-1938). D’origine italienne il vécut la plus grande partie de sa vie en France, où il mourut. Défendant une philosophie spiritualiste, bilingue bien sûr, il publia de très nombreux articles et un ouvrage reprenant l’ensemble de ceux-ci. Il se spécialisa dans les études du paranormal et du spiritisme. Son principal ouvrage : Histoire du Spiritualisme expérimental. Paris, Jean Meyer, 1928.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé quelques fautes de typographie. – Par commodité nous avons renvoyé les notes de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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L’Obsession et la Possession dans l’Extrême Orient
et dans les Pays non civilisés.
Partie 2
(Suite ; voir le numéro 3, Mai-Juin 1929)
Par César De VESME.
Les faits surnormaux qui se greffent au cas de possession
L’intérêt exceptionnel que présentent les phénomènes paranormaux qui se greffent sur les cas supposés d’obsession et possession ne pouvait échapper aux missionnaires, qui les signalent, le plus souvent, alors même qu’ils sont des plus douteux, et les exagèrent quand ils sont incontestablement réels. Par contre, on a remarqué le soin avec lequel la presque totalité des psychologistes qui se sont occupés de la question, surtout à propos des altérations de la personnalité, s’efforcent d’éviter ces incidents, ou de s’y arrêter le moins possible, en affectant de ne les regarder que comme des quantités négligeables, dues à une simulation ou à une mauvaise observation — de la même manière qu’un avocat général, dans son plaidoyer en Cour d’assises, passe sur les faits favorables au prévenu, sans les mentionner, ou en les expliquant dans le sens le plus fâcheux.
Parmi les « preuves » de l’intervention du démon, apportées de tout temps par les théologiens démonologues, l’une des plus fréquemment citées, c’est que le possédé, pendant ses crises, parle quelquefois une langue qu’il ignore dans son état normal ; qu’il sait lire, quoique illettré, etc. La plupart du temps, ces « »preuves » sont bien faibles. Par exemple, un missionnaire catholique s’occupe d’une femme coréenne du district de Nam-Yang, qui, malgré son ignorance de la lecture, savait lire, durant ses crises, les inscriptions qui ornaient la salle de l’auberge dont elle était la propriétaire (1).
Or, il est assez probable qu’elle les avait entendu lire jadis par les clients de l’établissement.
Mais il y a des manifestations de cette sorte qui méritent davantage de retenir notre attention.
Le Rév. Nevius raconte (chap. III), qu’un de ses aides indigènes, le Rév. Leng, se trouvant à Tsé-kia-chwang, dans le district de Shinkwang, fut invité à visiter une jeune femme, Mme Kwo, que l’on croyait possédée depuis longtemps. Leng la trouva étendue sur son kiang ; elle paraissait dans un état d’inconscience ; les mains [p. 437] étaient crispées et strictement fermées, Après avoir prié, Leng demanda au « démon » : « Pourquoi viens-tu ici tourmenter cette femme ? Ne crains-tu pas Dieu ? » Etant donné l’état de la patiente, Leng ne croyait pas recevoir de réponse ; mais elle répondit aussitôt :
Tien-fu Yia-su puh kwan an,
Wo tsai che-li tsih pa nian,
Ni iao nien wo, nan shang nan,
Pi iao keh wo pa-shin ngan,
Traduction : « Dieu et Jésus n’interviendront point. J’ai été ici sept ou huit ans, et je considère que c’est là ma place. Vous ne pourrez vous délivrer de moi. »
Elle continua pendant quelque temps à émettre une succession de rythmes semblables au précédent — raconte Leng — sans la moindre pause. La récitation était si rapide, que la strophe ci-dessus est la seule dont j’ai pu me souvenir parfaitement. Je me souviens toutefois de cet autre vers : « Vous êtes des hommes, mais moi, je suis un shien » (un Génie). Quand elle eut fini de réciter ces vers, évidemment improvisés pour la circonstance, ses familiers la transportèrent dans sa chambre, Le démon n’avait pas été exorcisé,
Leng visita de nouveau ces lieux au mois d’août. On lui parla encore de Mme Kwo qui se trouvait toujours dans le même état. Leng dit alors : « Nous avons subi un échec avec elle, il y a quelques mois, parce que nous ayons manqué de foi. Mais Dieu ne peut nous abandonner. » Tous les Chrétiens présents prièrent alors pour la possédée, après quoi Leng se dirigea vers Tsé-kia-chwang, accompagné de deux autres Chrétiens.
Pendant que cela se passait à Wu-kia-miao — continue le narrateur — les chrétiens de Tse-kia-chwang assistaient au service habituel du dimanche (2) ; mais Mme Kwo (ou le démon qui la possédait) était décidée à les en empêcher. Elle entra dans un état sauvage, se jetant sur la table et lançant par terre les Bibles et les livres des hymnes. La femme de M. Sen cadet, qui était chrétienne, fut alors saisie d’un accès analogue ; les deux femmes extravaguaient bruyamment de conserve. On les entendaient dire l’une à l’autre : « Ces trois hommes viennent ici ; ils sont arrivés au canal. » Quelqu’un demanda : « Qui donc doit venir ? » La femme répondit violemment : « L’un de ces hommes est Leng ». Comme on ne s’attendait pas à ce que je visite cette localité avant quelques jours, une fillette de la famille dit : « Il ne viendra pas ici aujourd’hui. » Le démon réô, dit : « S’il n’arrive pas aujourd’hui, je ne suis pas un shien. Ils passent en ce moment le canal et ils arriveront quand le soleil sera approximativement à telle hauteur » — et elle tendit sa main vers un point de l’Ouest. Personne ne pouvait savoir normalement que nous allions venir, notre visite ayant été décidée un instant à peine avant notre départ. En outre, les deux hommes qui étaient avec moi étaient de deux villages différents, situés très loin l’un de l’autre, et n’avaient eu d’avance aucune intention de m’accompagner. [p. 438]
Quand nous arrivâmes au village, une nombreuse compagnie était assemblée dans la maison de M. Seny attirée par le vacarme auquel s’étaient livrées les deux femmes, et curieuse de voir ce qui allait se produire. Après quelque temps, je me rendis au bâtiment nord, où les deux femmes en délire étaient assises ensemble sur le kiang. Je me suis adressé de la sorte au démon obsédant : « Ne sais-tu pas que les membres de cette famille croient au vrai Dieu, et que cette place est destinée au culte ? Non seulement tu troubles la tranquillité de la maison, mais tu luttes avec Dieu. Si tu ne t’en vas pas, nous allons faire appel à Dieu pour qu’il t’expulse d’ici. » La plus jeune des deux femmes dit alors à l’autre : « Allons-nous en ; allons-nous en ! » L’autre recula rageusement sur le kiang en disant : « Je ne m’en vais pas ! je resterai et je serai la mort de cette femme ! » Je dis alors avec une grande véhémence : « Mauvais esprit ! tu n’as pas le droit de vie et de mort ; tu ne nous intimides pas avec tes vaines menaces. Nous allons prier Dieu de t’expulser. »
Les Chrétiens se mirent à genoux et commencèrent à prier. Les assistants dirent ensuite que, pendant la prière, les deux possédées s’éveillant comme du sommeil, regardèrent tout autour ; nous voyant à genoux, elles se levèrent doucement du kiang et s’agenouillèrent à leur tour. Quand nous nous levâmes de la prière, nous vîmes les femmes encore à genoux ; immédiatement après, Mme Kwo se dressa et vint à nous, en nous félicitant avec une politesse et un naturel parfaits ; elle était évidemment guérie.
Ce récit de M. Leng fut confirmé en tout point par d’autres témoignages indépendants que le Rév. Nevius recueillit, deux mois après, lorsqu’il visita à son tour ces lieux avec le Rév. J.-A. Leyenberger. Personne dans le village ne mit d’ailleurs en doute ces faits.
Mme Kwo a été baptisée. M. Nevius écrit qu’elle était une femme de bonnes manières, vivant modestement, paraissant jouir d’une bonne santé ; il n’y avait rien de spécial dans son apparence. Après son baptême, elle eut encore, de temps à autre, de petites crises qui l’inquiétaient, ainsi que son entourage. Elle priait alors, et les crises cessaient. Elles devinrent de moins en moins fréquentes et disparurent complètement au bout de deux ans.
M. Nevius fait remarquer que Mme Kwo, dans son état normal, n’a jamais montré d’aptitude à improviser des vers, et qu’à son avis, elle aurait été bien embarrassée de composer une seule strophe.
M. Wang Yung-Ngen, de Pékin, répondant à la circulaire de M. Nevius, écrit, entre autres choses :
On peut dire, en général, que des gens qui ne savent pas chanter peuvent parfois le faire quand elles sont possédés ; d’autres qui ne savent pas faire des vers peuvent de même composer en rime avec facilité, durant les crises. Des gens du Nord parleront avec aisance des idiomes du Sud, et ceux de l’Est des idiomes de l’Ouest ; en rentrant en eux, ils oublient complètement ce qu’ils ont fait (Chap. IV).
Le catéchiste Chen Sin, Ling déclare : [p. 439]
La voix de certaines personnes change, durant la possession. Quelques-unes parlent Mandarin (3), d’autres s’expriment dans quelque dialecte local ; mais, bien que la parole vienne de la bouche de l’homme, ce qu’il dit ne semble pas provenir de lui. L’apparence extérieure, les manières sont aussi changées.
[惡魔般的財產 = possession démoniaque].
Il est curieux de retrouver à l’extrémité orientale de l’Asie des phénomènes de clairvoyance, de xénoglossalie, et surtout le parler en vers qui caractérisaient la Pythie de Delphes et les autres oracles pendant leur possession par le « dieu », ainsi que les Prophètes de la Palestine. L’on ne peut d’ailleurs s’empêcher de songer que les anciens devaient probablement prendre à la lettre leur croyance à l’inspiration des poètes, beaucoup plus que nous ne le supposons généralement.
Le Rév. Nevius parle aussi (Appendice I, f), d’une jeune fille de quinze ans qui, au cours d’une crise de possession, se rendit à un autre village où vivait sa future belle-mère, de la famille Sen, allant directement à sa porte sans guide, bien qu’elle n’eût précédemment jamais mis les pieds dans ce village. Cette visite était absolument contraire à l’étiquette chinoise. Se rendant compte de l’état de la fillette, par son extérieur, ses futurs beaux-parents firent venir deux Chrétiens qui se mirent en prière, Ayant qu’ils eussent fini, la jeune fille revint à elle et eut autant de hâte de rentrer à son village qu’elle en avait eu de le quitter.
En parlant des nègres de Valalafotsy (ouest du plateau central de Madagascar), le Rév. Parisot décrit les violentes contorsions, les sauts démesurés, les fuites, les évanouissements qui précèdent souvent le succès des exorciseurs protestants de ce pays, surtout au moment de la conversion (4). Dans les Lettres Edifiantes (5), un missionnaire catholique raconte quelque chose d’abasourdissant : il s’agit d’un Indien qu’on allait baptiser et qui aurait été transporté, tout à coup, du chemin qui le conduisait à l’église à un autre endroit voisin. N’est-ce pas vraisemblable que le gaillard ait tout simplement brûlé la politesse à ses catéchistes, dans un moment d’inattention de ceux-ci, — peut-être même au cours d’une période d’inconscience — et ait été rattrapé peu après ?…
Les exorciseurs eux-mêmes auraient parfois des surprises désagréables, au dire d’un des informateurs du Dr. Nevius (chap. V) :
Les exorciseurs sont spécialement haïs des mauvais esprits. Ils se sentent parfois fortement battus par une main invisible, Des briques, des [p. 440] pierres tombent sur eux du ciel ou des toits. Dans les rues, il leur arrive d’être couverts de la tête aux pieds par de la boue ou des ordures ; ils peuvent aussi être saisis, lorsqu’ils s’approchent d’une rivière, y être jetés, maintenus sous l’eau et noyés. A cause du grand danger auquel ils sont exposés, les exorciseurs ne s’aventurent jamais, où que ce soit, sans des amulettes, des talismans et toutes sortes d’abracadabras. Les personnes faibles ne peuvent songer à expulser les démons ; ceux qui s’en occupent sont toujours des hommes dans la force de la virilité.
Les enfants possédés
Des exorcismes qui revêtiraient une certaine valeur probante seraient ceux ayant trait à des enfants en bas-âge ; en ces cas, en effet, on ne pourrait pas facilement parler de suggestion. Mais les cas de cette sorte que nous connaissons sont fort défectueux, sous un rapport ou sous l’autre.
Un missionnaire catholique en Corée, le Père Deshays, écrivait en 1906 :
A Mok-hpo, j’ai eu la joie d’enregistrer la conversion d’une famille Pak, dans des circonstances qui sortent de l’ordinaire.
Le fils unique, âgé de six ans, était malade. La sorcière, consultée, déclare que la présence d’une famille chrétienne, dans l’appartement voisin, est cause de la maladie de l’enfant. On chasse les chrétiens, et le petit malade guérit comme par enchantement.
Au bout de trois mois, la maladie reparaît. On consulte de nouveau la sorcière ; on consulte les médecins coréens, japonais, américains. Aucun remède ne réussit : l’enfant va mourir. Sa mère se souvient alors que les chrétiens ont un secret pour guérir le corps et l’âme ; elle envoie prier le catéchiste de baptiser le pauvre petit moribond. Dès le lendemain, un mieux sensible se déclare, et aujourd’hui le petit André se porte à merveille. Dans quelques jours, je vais baptiser ses parents, et tous ensemble nous rendrons grâce à Dieu qui les a amenés, en quelque sorte malgré eux, à la connaissance de la vraie religion (6).
Dans le cas d’un enfant de six ans, l’hypothèse de la suggestion religieuse est peu vraisemblable, du moins dans les conditions dont il s’agit ici. Ce qu’il y a de plus probable, c’est que les deux exorcismes réussis successivement — celui payen et celui chrétien — ont fortuitement coïncidé aux deux améliorations du petit malade.
Le récit qui suit est extrait d’une lettre de M. Shi, un chrétien notable, lettré, très estimé, et dans une situation indépendante de fortune
Dans le village de Hu-tsaï, à moins d’un mille de ma maison, habite un de mes parents, appelé Hah Yang-lin. L’un de ses domestiques, Hiel Pei-Chwang, était croyant et baptisé. Tout à coup son jeune garçon fut possédé par le démon ; il se tordait déjà dans les spasmes de l’agonie [p. 441] l’écume à la bouche ; enfin, jetant un cri, il tomba inanimé. La famille était dans une profonde consternation. Je n’étais pas à la maison à ce moment ; mais ma femme, ayant appris ce qui se passait, après avoir prié pour obtenir aide et conseil, alla chez les parents du petit malade, et pria au nom du Christ, les mains jointes. L’enfant se réveilla parfaitement guéri.
Après cela, le petit enfant de Han Yang-lin lui-même fut saisi par le démon, et tourmenté de la même façon. Sa mère prit immédiatement un chariot, tenant l’enfant dans ses bras, et vint demander à ma femme de prier pour le petit. Ma femme l’exhorta à croire au Christ ; ensuite elle pria pour l’enfant, qui fut immédiatement rétabli.
Le Rév. Nevius, en publiant ce récit (Appendice I, i), a soin de citer Marc IX, 17-29 ; ce qui est bien. Mais il est clair que l’importance que peuvent avoir ces faits concernant des enfants lui a complètement échappé ; aussi n’a-t-il pas cherché à obtenir quelques détails supplémentaires à ce sujet, surtout celui concernant l’âge exact des petits malades,
Quant aux « spasmes de l’agonie » dans lesquels « se tordaient déjà » les deux petits malades, ils consistaient manifestement en une de ces crises de convulsions passagères qui sont si fréquentes parmi les enfants de cet âge-là, De toute façon, même en supposant une intervention surnaturelle dans les deux cas, le croyant devrait parler de guérisons « miraculeuses » obtenues grâce à la prière, sans que rien ne justifie l’hypothèse de l’intervention de mauvais esprits dans l’origine de la maladie, et partant, celle d’un « exorcisme ».
Où les démons font du tapage et jouent
d’autres mauvais tours
Parmi les manifestations surnormales de nature objective qui accompagnent parfois les « possessions » en Chine, l’enquête du Rév. Nevius a mis en lumière plusieurs cas de poltergeist.
Voici une communication de Hsu Chung-ki, un ferme chrétien, présenté par le Rév. James Gilmour, de la « London Missionary Society », auteur de Life in Mongolia :
A 34 li à l’ouest de ma maison, se trouve un petit village appelé Hokia- Chwang. C’est là que vivait M. Chin, qui était très riche et avait une nombreuse famille. Il était aussi un lettré remarquable, comptant nombre de disciples. Tout à coup, sa famille devint le théâtre d’étranges manifestations. Des portes s’ouvraient toutes seules, se refermaient soudain. Les assiettes, les bols s’entrechoquaient souvent avec un bruit fort désagréable. On entendait quelquefois des bruits de pas, comme si quelqu’un marchait dans la maison, quoiqu’on ne vît personne. On trouvait de la paille mêlée au millet, des ordures avec le blé. Quelquefois, des plats, des bols s’élevaient en l’air, tout à coup, de la table où ils avaient été déposés ; les [p. 442] domestiques tendaient leurs mains pour les rattraper. C’étaient là des choses de tous les jours.
On fit venir à la maison plusieurs personnes pour mettre fin à ces perturbations. On chercha à se rendre propices les esprits en leur brûlant de l’encens, ainsi que par des vœux et des offrandes. M. Chin présenta une· protestation contre les esprits au temple de Tung-yoh. Tous les moyens furent tentés, toujours en vain. Cet état de choses dura deux ans. La richesse de la famille disparut mystérieusement. M. Chin mourut, et maintenant tous ses descendants se trouvent dans état de pauvreté extrême (7).
Peut-être que, si tous les moyens furent tentés chez M. Chin, on eut recours aussi aux Chrétiens; en tout cas, il n’en est pas question dans le récit de Hsu Chung-ki.
Le cas suivant a été raconté à M. Nevius (8) par Mme Liu, une veuve d’environ 65 ans, vivant dans la petite ville de Shin-tsaï, à 230, milles environ à l’ouest de Chéfou. Elle appartenait à une excellente· famille jouissant de la meilleure réputation, était chrétienne depuis une quinzaine d’années et avait toujours beaucoup travaillé pour sa nouvelle religion. Les fils de Mme Liu, ainsi qu’une amie de celle-ci, Mme Fung, chrétienne elle aussi, confirmèrent de tout point ce récit, qui occupe plusieurs pages du livre de M. Nevius : ce qui nous oblige à n’en reproduire que les parties principales.
Dans le village de Chang-Chwang Tien-ts, habite un certain M. Chang, âgé de 55 ans environ. C’est un lettré, dans une situation, aisée de fortune. Sa maison se trouve à six milles de Shin-tsaï. Sa famille est alliée à la nôtre et j’ai été pendant longtemps en rapport avec elle.
En 1883, cette famille était tourmentée par un démon, ou des démons, qui paraissaient prendre possession de diverses femmes de la famille ; parfois de deux d’entre elles en même temps. Ils exigeaient d’être honorés par un culte… ; les femmes y consentirent d’abord, mais M. Chang, l’ayant su, en fut indigné et s’y opposa fermement… Les esprits menacèrent de se venger et commencèrent immédiatement à mettre en exécution leurs menaces en tentant d’incendier la maison, en volant et en dissipant les biens de la famille et en causant d’autres troubles. Les mets, les vêtements, l’argent étaient mystérieusement enlevés dans la maison, même quand ils étaient sous clef ; la vaisselle, les meubles étaient brisés sans aucune cause perceptible ; trois femmes étaient, tantôt l’une, tantôt l’autre, envahies par le démon. Des feux éclataient sans une cause apparente ; dans une circonstance, ils détruisirent plusieurs constructions.
Au cours de l’été 1883, Mme Chang, ayant entendu dire que la religion chrétienne donne à ses adhérents l’immunité contre les mauvais esprits, vint à Shin-tsaï pour me consulter… Je me rendis chez elle avec Mme Fung. Etant arrivés sur place vers midi, nous trouvâmes tout dans le plus grand désordre. Des jarres, des seaux remplis d’eau étaient placés en différents endroits de la maison, prêts pour l’extinction des flamme, partout où elles pouvaient se manifester ; des hommes veillaient constamment avec de l’eau et des échelles, pour monter sur les toits de [p. 443] chaume, s’il le fallait. Ils m’informèrent que le feu éclatait souvent où on s’y attendait le moins.
On nous conduisit d’abord dans la chambre de la belle-fille aînée de Mme Chang, personne d’une quarantaine d’années… Elle était étendue sur son lit, se tordant les bras, regardant par-ci par-là d’un air hagard et sauvage. Nous demandâmes à la plupart des assistants de se retirer, pour pouvoir lire les Saintes Ecritures et prier. Le démon semblait se rendre compte de nos intentions ; s’adressant à nous, il dit : « Ah ! vous professez d’être chrétiens… Vous vous flattez de me chasser ! Ce ne sera pas si facile !… Je reconnais le pouvoir de Jésus, mais je n’ai pas peur de vous. Vous n’avez pas assez de foi pour m’expulser ». Nous chantâmes une hymne, après quoi nous lûmes le dixième chapitre de Matthieu et nous priâmes. Lorsque nous eûmes terminé le service, nous vîmes que la femme gisait parfaitement tranquille ; elle paraissait inconsciente ou endormie.
Nous nous rendîmes alors dans l’appartement où se trouvait l’autre femme : une veuve, constamment veillée, durant ses crises, par sa fille unique ; elle avait une tendance à se suicider en se jetant à l’eau, ou en se pendant. Nous fîmes chez elle un service religieux analogue au précédent ; quand nous la quittâmes cette femme était, elle aussi, dans un état d’inconscience.
A ce moment, la première possédée vint à nous en nous saluant et en nous remerciant avec beaucoup de cordialité ; elle nous dit s’être réveillée d’un long sommeil ; on lui avait alors appris notre arrivée et ce qui s’était passé. Elle était bien revenue elle-même, ne gardant aucun souvenir de ce qui s’était produit pendant qu’elle était dans un état anormal. Peu après, une agitation extraordinaire se produisit dans la bassecour de la maison ; la volaille se débattait et s’échappait de côté et d’autre avec terreur sans cause apparente ; la famille et les servantes avaient toutes les peines du monde à calmer ces bêtes et à les empêcher de s’enfuir. Après quelque temps elles se blottirent dans un coin de la cour, en un état d’épouvante. Les porcs appartenant à la famille, au nombre de plus d’une douzaine, et qui occupaient un ample enclos près de là, se mirent à leur tour dans un état étrange d’agitation, se précipitant contre les clôtures d’enceinte qu’ils cherchaient à escalader, en sautant les uns sur les autres. Ces manifestations provoquèrent naturellement beaucoup d’intérêt et de remarques ; on les expliquait par la supposition que les démons avaient pris possession de la volaille et des cochons (9).
Le lendemain matin, la deuxième femme se présenta à son tour. Elle paraissait parfaitement bien portante et dans son état normal…
Les manifestations qui avaient provoqué l’intervention des Chrétiens dans la maison ne se renouvelèrent pas.
Un autre fait, qui rappelle le précédent, a été rapporté au Rév. Nevius par plusieurs Chrétiens vivant aux alentours du village de Yang-kiats-wen, dans le district d’En-Chiu (Appendice 1, d) :
Il y a quelques années, la famille de M. Niu a été fort dérangée par des manifestations spirituelles. On entendait fréquemment dans la maison des bruits de coups et autres. Les bâtiments furent mystérieusement incendiés en différentes parties. Tout allait mal. On supposait que ces malheurs [p. 444] étaient causés par un démon qui, à un certain moment, prit possession d’une esclave de la famille. M. Niu fit toutes sortes d’efforts pour se défaire du démon, mais sans succès… Il finit néanmoins par lui rendre culte el le consulter avantageusement dans ses affaires ; depuis lors, tout marcha bien. L’esclave acquit même une grande réputation dans les alentours comme devineresse.
Dans ces cas de poltergeist, vrais ou supposés, on a recours aux exorcismes, dans tous les pays de la terre. A ce point de vue, ces faits rentrent dans le cercle de ceux dont nous nous occupons ici. Mais nous serions amené à trop prolonger cette étude, si nous nous arrêtions sur ces faits, innombrables dans les pays de l’Orient et dans ceux non-civilisés comme dans les nôtres. Nous n’y avons touché qu’accidentellement, à propos de cas censés de « possession » proprement dite, c’est-à-dire de ceux se greffant à des troubles physiologiques ou psychologiques attribués à de mauvais esprits. Or dans les cas de poltergeist, le sujet dont la présence est indispensable à la production de ces manifestations — généralement une fillette, une jeune fille, un garçonnet — paraît souvent dans un état normal, qui n’a rien à voir avec celui qu’on attribue communément aux « possédés ».
D’ailleurs, on ne saurait affronter utilement l’examen de ces faits sans une préparation adéquate, à cause du mélange inextricable de phénomènes authentiques et frauduleux qui s’y manifestent et qui déconcertent l’investigateur inexpérimenté — préparation permettant de se rendre compte qu’il s’agit en somme des gestes de différentes parties de la même personnalité (seule cause ou instrument inconscient), qui, étant sujette à une sorte de monoïdéisme, tend au même but, tantôt supernormalement, tantôt normalement ; et en ce dernier cas, parfois avec un vrai génie raffiné de simulation, d’autres fois au grand jour, avec une effronterie stupéfiante. Plusieurs psychologistes ont déjà compris, et assez bien décrit, ces circonstances troublantes à propos de cas de mythomanie et de personnalités alternantes ; ceci devrait les prédisposer à l’étude de phénomènes analogues, mais en partie supranormaux. C’est pourquoi ces manifestations doivent être examinées, moins par les prestidigitateurs, qui n’y comprennent rien, que par les psychologues ; mais par des psychologues ayant passé par une préparation, indispensable dans cette spécialité comme dans toute autre, et qui fait défaut à la plupart des savants.
Les exorcismes chrétiens réussissent-ils toujours ?
A la différence des exorcismes opérés par les païens, qui ne réussissent pas toujours, ceux effectués par les chrétiens dans les pays païens sont-ils invariablement couronnés de succès ?
Comme nos missionnaires ne s’empressent naturellement pas de parler des échecs subis par leurs exorciseurs, en lisant leurs ouvrages et leurs revues on peut avoir l’impression que le démon ne [p. 445] triomphe jamais de l’exorcisme chrétien. Cela est même insinué tout le long de l’ouvrage du Rév. Nevius, malgré les contradictions qui s’y rencontrent, de loin en loin, à cet égard.
Pour un lecteur attentif, la vérité est toute autre.
D’abord, lorsqu’un exorcisme manque son but, il y a toujours l’échappatoire de supposer qu’il ne s’agissait pas d’une vraie « possession démoniaque », mais d’une simple maladie. La vraie « possession » est celle que l’exorcisme fait disparaître…
Le Rév. Menze parle d’une personnalité qui se manifestait par la bouche d’une négresse et qui disait être le diable. « Ici encore — ajoute-t-il —- l’assistance religieuse du missionnaire n’obtient aucun résultat ». (10)
Le Rév. Rusillon, missionnaire protestant à Madagascar, décrivant quelques exorcismes, s’exprime ainsi (11) :
.- Nouvelles injonctions au démon de sortir. Plusieurs ont dit : « Afaka, je suis libéré… » Plusieurs aussi sont demeurés malades un, même, va plus mal.
M. Rusillon fait observer ces derniers échecs à un indigène appelé Rakotolambo, exorciser chrétien très zélé. Celui-ci lui explique alors, « en termes assez confus », que le succès dépend en premier lieu de la vie spirituelle de l’exorciste. Il ajoute :
D’autre part, il y a des conditions qui doivent être remplies par le malade. Sa foi doit être entière, accompagnée d’une repentance qui souffre du péché, et du ferme propos de réparer le mal…
Un autre missionnaire à Madagascar, le Rév. Elisée Escande, questionne les indigènes chrétiens au sujet des exorcismes accomplis par Rajosa, un « Disciple du Seigneur » (secte mystique d’exorciseurs protestants nègres) :
Y a-t-il ici des gens qui ont été guéris ? — Oui, beaucoup. Et des gens qui avaient le tromba (possession) ont été guéris. — Est-ce que tous les malades qui se sont approchés de Rajosa ont été guéris ? — Non. — Pourquoi cela ? — Ils n’ont pas voulu renoncer à leurs péchés. — Et tous ceux qui ont été guéris, l’ont-ils été définitivement ? — Non. — La raison, la connaissez-vous ? — Nous avons remarqué que tous ceux qui, après avoir été guéris, n’ont pas continué à se réunir avec nous le dimanche pour adorer le vrai Dieu, sont redevenus malades. Mais tous ceux qui ont persévéré à adorer le vrai Dieu ne l’ont pas été.
Seulement, on peut, se demander si ceux qui n’ont pas suivi le service du dimanche n’y ont pas manqué tout simplement parce [p. 446] qu’ils avaient constaté qu’on n’avait pas su les délivrer du démon, auteur présumé de leur mal. Leur indifférence pour le vrai Dieu n’était peut-être pas la cause, mais la conséquence du fait qu’ils n’étaient pas guéris. Ce qui nous porte à le penser, c’est que, si ces nègres constataient qu’il leur suffit réellement de suivre les services du dimanche pour guérir, ils ne manqueraient pas de les suivre avec une assiduité édifiante, à quelque exception près.
La « possession dans la crise de la conversion »
En commentant les déclarations enregistrées par le Rév. Escande, le professeur R. Allier remarque finement, dans sa Psychologie de la Conversion chez les non-civilisés (12) : « En d’autres termes, la guérison n’est pas seulement une conséquence de la conversion ; elle semble ne faire qu’un avec elle ».
Pour bien comprendre ces paroles, il est utile de remarquer que tout le gros ouvrage, en deux tomes, récemment publié par M. Raoul Allier, professeur honoraire de l’Université de Paris, s’inspire de cette juste observation. La conversion des non-civilisés (ainsi que d’ailleurs celle des civilisés eux-mêmes), est la résultante finale d’une longue préparation psychologique, en partie subconsciente, qui donne lieu à une lutte intérieure entre deux Moi : le Moi nouveau, qui a été éveillé parla prédication des missionnaires, et le Moi ancien, atavique, qui rattache l’individu à la tradition de sa gent, aux idées dans lesquelles il a été éduqué — Moi collectif que M. Lévy Brulh a dépeint sous des couleurs un peu trop chargées dans sa Mentalité primitive, mais qui existe, en une certaine mesure, à telles enseignes qu’on le remarque même chez les peuples civilisées. La conversion est la victoire des forces subconscientes agissant par une incubation plus ou moins rapide ; elle implique la répudiation d’un « Moi ». Ceux-là, mêmes qui ont abandonné l’une quelconque des religions existantes pour le Rationalisme, ne peuvent y échapper. Edgard-Quinet a décrit ce sentiment dans un de ses ouvrages (13) :
Quelle impression étrange que celle de se sentir entraîné ainsi insensiblement vers un nouveau monde d’idées ! J’ai éprouvé quelque chose de semblable lorsque la marée m’entraînait vers la haute mer : une force tranquille, patiente, indomptable.
Seulement, le civilité, ne croyant guère à la possession démoniaque, au moins pratiquement, s’explique, ou croit s’expliquer, cette sorte de dédoublement de sa personnalité, dont une partie veut ce que l’autre ne veut pas. Le non-civilisé, ou simplement le croyant à [p. 447] la possession des esprits, comme le Chinois, l’Hindou, est tout naturellement porté à interpréter l’une des deux personnalités comme étant constituée par l’intervention d’un être invisible. Les non-civilisés chrétiens, comme les autres, admettent l’existence d’anges gardiens, de diables, etc. Il en résulte que la presque totalité des cas de possession signalés par les missionnaires se rencontrent chez des gens qui traversent cette crise de la conversion. Et comme les pasteurs et prêtres chrétiens indigènes croient à leur tour à la possession démoniaque, parie intégrante de leurs croyances millénaires, confirmées par les Evangiles, et comme ils n’ont pas les mêmes raisons que les missionnaires blancs pour en parler avec réserve, ils suggestionnent plus ou moins inconsciemment les néophytes, et développent ainsi davantage encore le nombre des démoniaques. « Toute conversion — écrit M. Allier — commence par Kéa koula, Je suis malade ! » (T. I, page 328).
D’où un certain nombre d’autres observations à retenir :
Tous les individus chez qui les « Disciples du Seigneur » réussissent leurs exorcismes sont des hommes ou des femmes qui avaient, déjà auparavant, perçu l’appel intérieur de la vie nouvelle, qui désireraient y répondre, mais en qui le désir était refoulé et opprimé par la personnalité ancienne, (T. I, p, 460)
Un mo-Soulo, vivant loin de toute station, entend quelques rapports confus relatifs à l’Evangile. Il en est extrêmement agité. Tout de suite, il se figure qu’il est tourmenté par les esprits des morts, Il recourt à des purifications destinées à lui rendre le repos… Il finit par se convertir. (T. I, p, 349).
Un missionnaire des Frères Moraves au Surinam, réveillé, un soir, par un nègre qui fait du bruit à sa porte, accourt et constate que cet homme est pris par l’alcool. Le nègre, quoique païen, prie, tantôt en roega, tantôt en zoulou ; puis se roule par terre, se frappe la poitrine en criant : « Ma conscience ! » (T. I, p. 351). [C’était bien sa conscience, ou plutôt sa subconscience, qui clamait la vérité dans l’ivresse ; la conversion se préparait dans son for intérieur].
Un autre païen, endormi par le chloroforme en vue d’une amputation, se met à parler de religion, et il en parle en chrétien, qu’il n’est pas dans la vie ordinaire. (Ibidem). [Mais le narcotique a mis à la surface son subconscient…]
Thané, une femme mo-Souto, très attirée par la doctrine nouvelle, mais incapable de se décider, croit entendre une voix qui lui dit : « Tu vas mourir ; voici le lieu de ta sépulture ; voici la pierre qui couvrira ton tombeau… »
Un mo-Relong, troublé, croit entendre une voix lui dire : « Jusqu’à quand vivras-tu dans le péché ? »
Le mo-Souto Nnotho a juré de tuer un homme qui a maltraité ses chevaux. Sur le point de le faire, il entend une voix qui lui dit : « Renonce à ta vengeance ; le compte que tu tas à rendre est assez grand, sans y ajouter le sang de cet homme ».
Une toute vieille femme d’Antioka (Delagoa), désire se convertir. Elle va l’annoncer à un missionnaire, lui disant que, depuis plusieurs [p. 448] jours, elle entend une voix qui la sollicite à suivre Jésus. (T. I, pp. 384-385).
Il n’est pas toujours aisé de s’assurer jusqu’à quel point le sujet a cru percevoir une vraie « voix » extérieure, un véritable son. Mais il y a des cas où le doute n’est pas possible. Dans celui-ci, par exemple
Un moto-Souto raconte comment, après avoir été longtemps travaillé dans sa conscience, il avait oublié ses bonnes résolutions. Puis il continue : « Ainsi se passèrent plusieurs années. Un jour j’étais aux champs en train de cueillir du maïs, lorsque j’entends une voix qui me disait : « Quand le convertiras-tu ? » Un peu effrayé, je cherchais d’où pouvait venir la voix. Ne voyant personne, je me remis à la cueillette. Mais bientôt la voix répéta, plus forte et plus distincte : « Quand te convertiras-tu ? » Cette fois, la peur me saisit… » (Ibidem).
En ce dernier cas, aucun doute : l’hallucination auditive est complète. Mais pour le démonologue chrétien, ce n’est plus le démon ; c’est la voix qui se fit entendre à Saul, sur la route de Damas…
Plus souvent, la personnalité subconsciente sur laquelle ont travaillé les enseignements des missionnaires se manifeste par des rêves. « Le nombre est incalculable des conversions provoquées par des rêves, écrit M. Allier (T. I, p. 373). Les récits qui s’y rapportent pullulent dans les correspondances que nous dépouillons pour cette étude ». Les non-civilisés arrivent parfois à dire : « Pour se convertir, il faut avoir des visions » (ibid.) Plusieurs pages du livre de M. Allier sont consacrées à l’énumération de quelques-uns de ces rêves, que les indigènes considèrent comme surnaturels, ou qui ont eu, au moins, le pouvoir de les impressionner fortement.
Naturellement, les cas ne manquent pas où un néophyte, sur le point d’être baptisé, en est détourné par un rêve (14). On pourrait prévoir sûrement à quelles croyances s’arrêtera un homme — remarque M. Brochard (15) — si on connaissait toutes les conditions psychologiques dans lesquelles il se trouve à un moment donné.
Bien entendu, ces passages de la conscience se manifestent aussi — parfois avec une netteté et une violence plus fortes — dans les cas d’apostasie ou simplement de rechute dans la vie sensuelle du fétichiste. Au XVIIe siècle, certains huguenots, après la révocation de l’Edit de Nantes, sous le coup de la persécution, avaient abandonné leur foi protestante ; à la suite de leur abjuration, ils étaient malades. Dès qu’ils revenaient à la profession publique de leur foi, ils étaient guéris. Des phénomènes semblables doivent avoir une cause identique 16). [p. 449]
Les Réveils religieux et les épidémies démoniaques
Un grand nombre de missionnaires ont eu l’occasion de constater des périodes de temps plus ou moins longues, pendant lesquelles les manifestations de réveil subconscient d’un Moi religieux se manifestent, non plus seulement sous une forme individuelle, mais collective, en prenant les proportions d’une épidémie. Voici, à ce sujet, quelques notes d’un missionnaire à Tutuila, dans les îles Samoa :
Un étonnant réveil s’est déclaré ce soir. Il n’y avait pas moins de mille indigènes au culte, Des cris se faisaient entendre de toutes parts dans la chapelle/ Une vive anxiété remplissait tous les cœurs. Plusieurs auditeurs ont dû être portés dehors, parce que leur émotion les accablait… Il serait difficile, sinon impossible, de décrire cette scène. L’on voyait partout des hommes transporter dehors les femmes, dont plusieurs semblaient être tombées dans des convulsions… Un vieux chef, entre autres, a été porté dehors sans connaissance. Le Rév. Murray était incapable de parler ; sa voix a été étouffée par les sanglots et par les soupirs de l’assemblée, plusieurs fois durant le service,
On entend nuit et jours des prières et des pleurs dans toutes les directions… (17).
Epuisé moi-même, j’ai invité le diacre à prier ; sa prière a été fervente et accompagnée de larmes. Le Seigneur a paru descendre au milieu de nous… L’assemblée était inondée de pleurs, et nous nous sentions émus comme si Dieu eût été présent au milieu de nous… Plusieurs cœurs semblaient contrits, brisés, etc., etc.
Ces croyances collectives d’exaltation religieuse ne sont pas la prérogative des non-civilisés ; l’histoire européenne en a enregistré des manifestations grandioses à l’occasion de l’an Mille, des Croisades, des Jubilés. Dans les pays catholiques, on les voit se renouveler tous les ans, par exemple à Lourdes, où elles sont signalées par des guérisons qui seraient impossibles en toute autre circonstance. Les Protestants ont connu les manifestations des Cévennes, des Anabaptistes, accompagnées de phénomènes de prédiction et de clairvoyance ; des Convulsionnaires de Saint-Médard, donnant lieu à des phénomènes physiologiques surnormaux extraordinaires, etc. ; ils connaissent encore les « Revivals » qui éclatent, de temps à autre, dans le Pays de Galles, pendant lesquels on signale aussi des apparitions de lumières inexplicables, etc.
Aussi au cours des « Réveils » de non-civilisés, s’opèrent des guérisons « miraculeuses ». On peut lire dans l’ouvrage du Rév. Rusillon (18) :
Une femme, muette depuis plusieurs années, remuée par les appels entendus, a exprimé le désir qu’on lui .imposât les mains, Elle a prononcé, [p. 450] à l’étonnement général, le traditionnel « Afaka », et confessé ses péchés devant une vingtaine de personnes. J’ai fait une enquête sur son compte. Elle était muette et elle parle, c’est un fait. Je l’ai fait lire et, parler. Evidemment, il s’est passé quelque chose en elle …
D’ailleurs, ces crises collectives se constatent, telles quelles, aussi la dans la vie politique d’un pays, au moment de crises difficiles, donnant lieu à de puissantes résolutions et de vastes espérances ; ce sont alors des périodes d’enthousiasme patriotique ou social d’une acuité et d’une étendue immenses ; d’autres « miracles », d’un autre genre, s’y réalisent.
Mais si nous signalons ici, à propos des « obsessions » et des « possessions » ces « Réveils », c’est qu’ils ont, plus que de l’analogie, une identité parfaite, au point de vue de leur nature et de leur origine, avec les épidémies de possession démoniaque.
Il s’agit d’une contagion psychique, c’est évident ; les individus constituant une foule s’excitent et s’incitent mutuellement. Mais il faut non moins évidemment qu’il y ait eu l’intervention déterminante d’une préparation restée en grande partie subconsciente, ainsi qu’un ensemble de circonstances faisant déclencher le mouvement ; ce qui est possible et fatal à une certaine heure ne le serait pas à une autre.
La bonne foi des « possédés »
On ne saurait aujourd’hui raisonnablement douter de la sincérité de la plupart des « possédés » — sincérité qui est généralement reconnue même par les psychologues et anthropologistes dont l’hostilité pour les phénomènes surnormaux est manifeste. C’est ainsi que, dans Primitive Culture (19), le Dr Tylor a cité le cas suivant :
Quand le Rév. Masson prêchait près du village de Pwo, un homme tomba en état épileptique, son esprit familier étant entré en lui pour le pousser à empêcher le peuple d’écouter le missionnaire ; il hurla frénétiquement ses dénonciations contre le prédicateur. Cet homme fut plus tard converti, et dit au missionnaire qu’il ne pouvait se rendre compte des accès dans lesquels il tombait jadis, mais qu’il lui semblait bien qu’un esprit parlait par son entremise, et qu’il lui fallait dire ce qui lui était inspiré par cet esprit.
Le Rév. Nevius relate de son côté (chap. XI), deux cas analogues, qui se sont produits dans la Mission à laquelle il était attaché à Chi-mi, dans le Shan-tung (Chine) ; ils lui ont été relatés en détail par un étudiant indigène en théologie, dont la maison était près de là, et qui connaissait fort bien les protagonistes de ces deux cas, l’un étant même son parent. [p. 451]
Ces personnes ont été connues comme chrétiennes sincères et sérieuses jusqu’à leur mort. Elles déclarèrent que, durant plusieurs années, avant leur conversion, elles avaient été soumises à la possession de démons et avaient dû obéir à leurs ordres par nécessité, étant contraintes et intimidées par de graves afflictions physiques et mentales… L’une de ces personnes — une tante de l’étudiant en théologie — possédait même, à ce qu’on affirmait, de remarquables facultés de clairvoyance quand elle se trouvait dans l’état anormal (20).
Les « prodiges » qui devraient confirmer les exorcismes
et les possessions
Partout et de tout temps, on a naturellement cherché dans les prodiges des indices concomitants à l’appui de l’authenticité des exorcismes. C’est ainsi que, dans la Vie d’Apollonius de Tyane (21), on lit que ce thaumaturge païen, après l’un de ses exorcismes, ordonne à l’esprit impur qu’il a chassé du corps d’un possédé, de renverser telle statue, qui se trouvait là, pour démontrer son départ ; la statue tombe aussitôt. L’historien Josèphe (22) assure avoir vu lui-même un exorciste israélite appelé Eléazar, en présence de Vespasien et de « toute l’armée », ordonner au démon de sortir d’un énergumène et, pour prouver sa sortie, de renverser en même temps un vase rempli d’eau ; ce qui eut lieu en effet.
Nous n’avons naturellement pas à discuter ici l’authenticité de ces « prodiges ». Notons plutôt que, parmi les cas relatés par le Rév. Nevius dans son ouvrage, et que nous avons reproduits plus haut, aucun n’est aussi remarquable, au point de vue qui nous occupe, que celui où, à la suite d’un exorcisme opéré par un indigène chrétien, les assistants crurent constater une agitation extraordinaire et inexplicable dans la basse-cour et l’étable à cochons de la ferme. Un incident de cette sorte peut revêtir un réel intérêt, même au sens spiritualiste. D’ailleurs, pas un de nos lecteurs n’a sans doute pu s’empêcher de rapprocher mentalement l’épisode dont il s’agit de celui si connu de l’Evangile, lorsque le Christ expulse du corps d’un possédé un démon qui se dit « Légion » et le fait passer dans le corps des pourceaux. Seulement, il faut s’assurer si ces faits ont été bien observés et fidèlement relatés. Les croyants peuvent admettre, grâce à leur Foi, l’exactitude du récit évangélique. Le simple historien, qui suit [p. 452] les textes d’un œil critique, y rencontre des détails qui ne sont pas de nature à le faire revenir du profond étonnement dans lequel le plonge l’apparition d’un troupeau de deux mille porcs dans un pays où il était défendu aux Juifs d’en manger. L’événement est bien enregistré par les trois évangiles synoptiques. Mais pour Marc (ch. V) et pour Luc (ch. VIII), il ne s’agit que d’un seul possédé ; pour Matthieu (ch. VIII, 28-33), les possédés sont deux. Un désaccord de cette espèce, joint à d’autres détails fâcheux que l’on observe dans le même texte évangélique, jetteraient la suspicion sur le récit des témoins du fait publié par M. Nevius, ou sur celui d’un cas métapsychique ou judiciaire quelconque.
De même, on s’est toujours préoccupé d’étayer par des faits merveilleux l’authenticité de l’état de « possession démoniaque ». Nous venons de rencontrer plusieurs de ces prodiges dans cette petite étude. D’abord, les facultés intellectuelles de certains possédés paraissent supérieures à celles que ces mêmes individus possédaient dans leur état normal. A ce sujet, l’on signale surtout le fait de parler des langues ignorées, ou en vers, etc. — toutes des merveilles sur lesquelles il est cependant malaisé de se prononcer lorsqu’on ne connaît pas à fond la culture du possédé — et parfois même quand on la connaît. Ensuite, on signale souvent chez les possédés des éclairs de « clairvoyance », ou des phénomènes de nature physique, dont il est beaucoup plus facile de constater l’authenticité, mais qui sont moins probants, dans le sens de la « possession démoniaque » que la plupart de nos missionnaires ne le supposent.
A ce sujet, arrêtons-nous, à titre d’exemple, à l’un des faits surnormaux les plus caractéristiques parmi ceux que nous avons rapportés d’après M. Nevius, c’est-à-dire à celui dans lequel une « possédé » annonce l’arrivée imminente du Rév. Ling, qu’elle voit en chemin, traversant un cours d’eau, accompagné de deux hommes. Les faits de cette sorte sont bien connus des métapsychistes. Nous nous bornerons à en reproduire un, qui ne présente d’autres avantages sur les autres que d’être le décalque de celui auquel nous venons de faire allusion. Il a été relaté par le docteur Terrien (médecin-directeur de la Maison de Santé de Nantes-Doulon, ancien interne des. Asiles d’aliénés de la Seine), d’abord dans un Congrès des aliénistes. à Toulouse, ensuite dans une conférence qu’il a faite au cours des premiers mois de 1914, à la Société de Médecine de Nantes, dont M. Terrien est le Président (23). Voici le passage qui nous intéresse dans cette conférence :
J’étais appelé un jour à Chauché, petite commune de Vendée, pour y [p. 453] voir un malade. Or, au lieu d’un malade, on avait profité de mon passage, et on m’en fit visiter quatre, trois dans des villages différents. Ce jour-là, travaillait chez moi, à la coulure, une fillette de 14 ans, la jeune Estelle X… Après avoir examiné mon quatrième malade, me sachant en retard pour le déjeuner, je montai vite en voiture, et de toute la vitesse de mon cheval, je franchis les huit kilomètres qui me séparaient des Essarts, mon domicile d’alors. Quand j’arrivai dans la cour de la maison, Mme Terrien qui m’attendait avec impatience, me dit en riant — car elle s’imaginait bien me raconter une sorte de roman — : « Je savais que tu serais en retard ; je savais même qu’au lieu d’un malade, tu en avais visité quatre et dans des villages différents » (et elle m’indiqua les noms des malades et leurs villages respectifs). On peut juger de ma stupéfaction, car tout était exact. Or, personne, en dehors de moi, ne pouvait connaître ces détails. Devant ma surprise, Madame ajouta : « C’est Estelle qui, ce matin, s’est endormie spontanément pendant qu’elle cousait, et qui, dans cet état de somnambulisme, m’a fait, il y a un quart d’heure environ, ces stupéfiantes révélations, révélations auxquelles je ne croyais nullement : « Tu attends ton mari ? — s’était-elle écrié — imbécile que tu es ! (Nous ferons remarquer dès maintenant qu’Estelle, dans cet état particulier, tutoie tous ceux qui l’approchent, se montre même grossière dans ses expressions, alors que, dans l’état normal, elle est extrêmement correcte.) Tu l’attendras encore longtemps. » Et elle m’a donné les raisons du retard, les visites supplémentaires, les noms des malades, etc., sans oublier ce dernier détail qu’un cultivateur instruit du passage du Docteur l’attendait sur la route, guettant son retour. Or, ce renseignement était exact ; tout du reste était exact. Je fus stupéfait d’une pareille révélation ; et Madame qui, jusque-là avait cru à du délire, ne fut pas moins surprise, lorsqu’elle sut que tout le récit de son ouvrière était l’expression de la vérité.
Le Dr Terrien continue en rapportant quelques faits du même genre, observé depuis lors avec le même sujet. Comment ce praticien les explique-t-il ? Après avoir fait remarquer que sa mentalité scientifique l’empêche d’accueillir à cet égard une interprétation fondée sur la croyance aux esprits, il croit tout expliquer en disant que la jeune Estelle était « hystérique ». Il suffit de réfléchir un instant pour comprendre que ce mot n’explique en réalité rien du tout parce que le problème consiste à savoir comment le fait d’être hystérique ou de ne pas l’être, permet de voir à distance. Mais en somme, le parallèle entre le cas relaté par le Dr Nevius et celui raconté par le Dr Terrien est frappant et manifeste. Si les faits examinés par le Dr Terrien s’étaient produits en Chine, aucun doute que leur protagoniste aurait été regardée comme une possédée, non seulement par ses concitoyens (hormis quelques lettrés confuciens), mais aussi par la plupart des missionnaires catholiques. Il est d’ailleurs impossible de prouver que cette hypothèse spiritualiste est fausse : simple question d’appréciation fondée sur des analogies avec d’autres cas interprétés précédemment d’ans un sens ou dans l’autre. [p. 454]
Ce qui ressort de cette petite étude
La faiblesse des documents que les missionnaires nous présentent au sujet de la « possession » chez les peuples non-chrétiens s’explique en partie par la difficulté indéniable de recueillir des témoignages sérieux dans ces pays, en partie par l’incompétence scientifique des rapporteurs, mais surtout par leurs préoccupations théologiques. L’étude de ces faits aboutit, dans la plupart des cas, à l’examen de la personnalité qui se manifeste dans le possédé. Or, le missionnaire est tout d’abord préoccupé par la question du libre arbitre, lequel paraît menacé par ces théories de « dépersonnalisation » et de « personnalités alternantes », dont le théologien n’a d’ailleurs, le plus souvent, qu’une idée fort imparfaite. Ensuite, à ses yeux, s’il y a « possession », ou « obsession », elle est, a priori, l’œuvre du démon. Or, n’oublions point que Chinois, Japonais, Hindous, Africains, Océaniens, Indiens d’Amérique, tant qu’ils ne sont pas convertis par les missionnaires européens, n’attribuent nullement ces phénomènes au démon, dans la signification chrétienne de ce mot. Les esprits possesseurs sont généralement pour eux des « esprits des morts », plus rarement des « dieux », des « génies » ; mais ceux-ci sont fréquemment, selon les croyances de ces peuples, des âmes de décédés ayant évolué. Le missionnaire, devant plier les faits aux doctrines dont il s’est fait le divulgateur, se trouve ainsi gêné dans ses recherches, qu’il est contraint de dénaturer inconsciemment, ou de tronquer au beau milieu, quand elles prennent un pli « dangereux ». Avouons que les spirites d’un côté, les savants « positivistes » de l’autre, ne se montrent pas moins ingénieux, la plupart du temps, dans leurs efforts pour amener les faits à justifier les doctrines qui leur sont chères, l’impartialité, même relative, étant en ces investigations quelque chose d’absolument exceptionnel.
Il ne peut être question de porter un jugement sur le problème de l’ « obsession » et de la « possession » avant d’avoir étudié les faits et gestes des démoniaques et des démonologues européens, depuis le commencement du Moyen Age jusqu’à la grande transformation qui s’est opérée dans notre mentalité à la suite des ouvrages des philosophes du XVIIIe siècle. Nous voulons dire : avant de les avoir étudiés à la lumière des recherches scientifiques modernes sur les maladies de la personnalité, mais aussi en les mettant en rapport avec les cas recueillis par les spirites contemporains et parmi lesquels on en rencontre de réellement troublants.
Toutefois, ce que nous avons dit jusqu’ici est de nature à faire déjà ressortir que les phénomènes surnormaux constituent en somme le pivot sur lequel tourne presque toute la question des supposés démoniaques. Sans l’apparition fréquente de faits surnormaux [p. 455] chez les « énergumènes », jamais l’humanité n’aurait cru avec cette universalité et cette constance (même à des époques où le savoir avait déjà beaucoup progressé), à l’intervention d’êtres spirituels dans certains troubles psychologiques et physiologiques.
Que dire, en ces conditions, des psychologues et aliénistes qui continuent de se documenter à cet égard uniquement par l’examen de malades ne présentant aucun phénomène paranormal ? Le moins que l’on puisse penser, c’est que ces chercheurs, tout en recueillant des matériaux utiles à certains points de vue, sont tout à fait à côté de la question en ce qui concerne la « possession démoniaque ». Dans cette branche de la psychologie comme dans la plupart des autres, la Métapsychique ne peut que devenir, de plus en plus, une science indispensable et souvent dominante, sans laquelle un grand nombre de travaux de cette catégorie se trouvent viciés par une incompréhension plus ou moins grande du sujet, et, par conséquent, sont condamnés à demeurer incomplets et caducs.
C. DE VESME.
NOTES
(1) Rapporté par le Dr MARTINEZ, dans le Monde Invisible, 15 juin 1907.
(2) Sans doute dans la maison de M. Sen, où Mme Kwo avait été apportée, dans l’espoir que le diable n’oserait point la tourmenter dans une maison chrétienne.
(3) Le « mandarin » est le langage parlé des provinces septentrionales de la Chine ; il est complètement différent de la langue de la province de Fukien, d’où vient cette communication. — Note de M. NEVIUS.
(4) R. ALLIER : La Psychologie de la Conversion, t. I, pp, 456-460.
(5) Tome VII, p, 303.
(6) Revue du Monde Invisible, 15 juillet 1907.
(7) NEVlUS : op. cit., chap. V.
(8) Appendice I, b.
(9) Voir MARC, V. 12, 13. (Note de M. Nevius).
(10) Journal de l’Unité des Frères (Lausanne), 1871, p, 220.
(11) Journal des Missions Evangéliques, 1908, p, 230.
(12) Tome I; pp. 455-456.
(13) L’Esprit Nouveau.
(14) ALLIER : t. I, pp. 369-370.
(15) De l’Erreur.
(16) ALLIER : op. laud., t. I., p. 330.
(17) Journal des Missions Evangéliques de Paris, 1842, pp. 100-101.
(18) ) Op, cit., p, 231-232.
(19) Vol. II, p. 131.
(20) Voir, dans notre Histoire du Spiritualisme expérimental (« L’Homme Primitif », § 34), des déclarations d’indigènes qui, après leur conversion au Christianisme, ont persévéré à reconnaître l’authenticité de leurs anciennes facultés divinatoires et à les attribuer à l’intervention d’esprits. D’autres exemples se trouvent dans Memoir of David Brainerd, pp. 562, 348-351.
(21) Philostrate : liv. IV. § 2.
(22) De Bello Judaico, lib. VII. Ch. XXV ; Antiq. VIII. 2-5.
(23) Le texte de cette conférence a été reproduit par les Annales des Sciences Psychiques, juillet 1914.
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