Lettre encyclique de la sainte Inquisition romaine et universelle à tous les évêques contre les abus du magnétisme. Article parut dans la revue « Le Monde invisible », (Paris), Première année, n°12, 15 mai 1899, pp. 705-707.
Se trouve également dans les Abbé André : Cours alphabétique et méthodique de droit canin dans les rapports de avec la droit civil ecclésiastique, (Paris), troisième édition, tome quatrième édition, 1859, pp. 398-399.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
[p. 705]
LETTRE ENCYCLIQUE
DE LA
SAINTE INQUISITION ROMAINE ET UNIVERSELLE
A TOUS LES ÉVÊQUES
CONTRE LES ABUS DU MAGNÉTISME
« Mercredi, 30 juillet 1856.
« Dans la réunion générale de la sainte Inquisition romaine universelle tenue au couvent de Sainte-Marie de la Minerve, LL. EE. RR. les cardinaux inquisiteurs généraux contre l’hérésie dans tout le monde chrétien, après avoir murement examiné tout ce qui leur a été rapporté de divers côtés par des hommes dignes de foi, touchant la pratique du magnétisme, ont résolu d’adresser la présente encyclique à tous les évêques pour en réprimer les abus.
« Car il est bien constaté qu’un nouveau genre de superstition a surgi des phénomènes magnétiques auxquels on s’attache aujourd’hui, non point pour éclairer les sciences physiques, comme cela devrait se faire, mais pour séduire les hommes, dans la persuasion de découvrir les choses cachées ou éloignées ou futures, au moyen et par les prestiges du magnétisme, et surtout par l’intermédiaire de certaines forces qui sont uniquement sous la dépendance du magnétiseur.
« Déjà plusieurs fois le Saint-Siège, consulté sur des cas particuliers, a donné des réponses qui condamuent comme illicites toutes expériences faites pour obtenir un effet en dehors de l’ordre naturel ou des règles de la morale, ct sans employer les moyens permis : c’est ainsi que, dans des cas semblables, il a été décidé, le mercredi 2I avril 1841, que l’usage du magnétisme tel que l’expose la demande n’est pas [p. 706] permis. De mème, la sainte cougrégation a jugé à propos de défendre la lecture de certains livres qui répandaient systématiquement l’erreur en cette matière. Mais comme en outre des cas particuliers, il fallait prononcer sur la pratique du rnagnétisme en général, il a été établi comme règle à suivre, le mercredi 28 juillet 1847 : « En écartant toute erreur, tout sortilège, toute invocation implicite ou explicite du démon, l’usage du magnétisme, c’est-à-dire le simple acte d’employer des moyens physiques non interdits d’ailleurs, n’est pas moralement défendu, pourvu que ce ne soit pas dans un but illicite ou mauvais en quoi que ce soit. Quant à l’application de principes et de moyens purement physiques à des choses ou des effets vraiment surnaturels pour les explîquce physiquement, ce n’est qu’une illusion tout à fait condamnable et une pratique hérétique. »
« Quoique ce décret général explique suffisarnment ce qu’il y a de licite ou de défendu dans l’usage ou l’abus du magnétisme, la perversité humaine a été portée à ce point, qu’abandonnant l’étude régulière de la science, les hommes, voués à la recherche de ce qui peut satisfaire la curiosité, au grand détriment du salut des âmes et, même au préjudice de la société civile, se vantent d’avoir trouvé un moyen de prédire et de deviner. De là, ces femmes au tempérament débile, qui, jetées par des gesticulations où la pudeur est souvent offensée dans les transports du somnambulisme et de la clairvoyanec, prétendent voir à découvert le monde invisible, et s’arrogent, dans leur audace téméraire, la faculté de parler sur la religion, d’évoquer l’âme des morts, de recevoir des réponses, de découvrlr des choses inconnues ou éloignées, et de pratiqner d’autres superstitions de ce genre pour se faire à ellesmèrnes et à leurs maîtres des gains cousidérablcs par leur don de divination.
« Quels que soient l’art ou l’Illusion qui entrent clans tons ces actes conme on y emploie des moyens physiques pour obtenir des faits qui ne sont pas naturels, il y a fourberie tout à fait condamnable, hérétique, et scandale contre la pureté des mœurs. Aussi, pour réprimer efficacement un si grand mal, souverainement funeste à la religion et à la société civile, [p. 707] on ne saurait trop exciter la sollicitude pastorale, la vigilance et le eèle de tous les évêques.
« Qu’autant donc qu’ils le pourront, avec le secours de la grâce divine, les ordinaires des lieux emploient tantôt les avertissements de leur paternelle charité, tantôt la sévérité des reproches, tantôt enfin toutes les voies de droit, selon qu’ils le jugeront utile devant le Seigneur, en tenant compte des circonstances de temps, des lieux et des personnes; qu’ils mettent tous leurs soins à écarter ces abus du magnétisme et les faire cesser, afin que le troupeau du Seigneur soit défendu contre les attaques de l’homme ennemi, que le dépôt de la foi soit gardé sauf et intact, et que les fidèles confiés à leur sollicitude soient préservés de la corruption des mœurs.
« Donné à Rome, à la chancellerie du Saint-Office du Vatican, le 4 août 1856.
« V. card. MACCHI »
Dans ce grave et solennel document, le Saint-Office ne condamne pas le magnétisme en lui-mème, il se contente d’en condamner les abus. Il ne réprouve pas l’usage dn magnétisme pour I’avancement et le progrès des sciences naturelles, mais il réprouve l’usage du magnétisme en vue d’obtenir des .phénomènes et des effets qui n’appattiennent pas à l’ordre naturel. En un mot , il ne réprouve pas la science, il réprouve seulement la superstition qui en est la pire ennemie.
C’est avec un esprit profond en cet enseiguemenl , et en entrant dans la voie ouverte par ces distinctions autorisées. que’ nous essayerons de démêler les deux éléments engagés d’une manière souvent obscure dans le dédale des phénomènes de l’hypnotisme et du magnétisme animal.
[Ce commentaire non signé est très probablement du directeur de la revue, Mgr E. Méry (histoiredelafolie.fr)].
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