La xénoglossie [partie 3/3]. Par César de Vesme. 1934.

TTobias Verhaecht (1561-1631) - La Tour De Babel.

TTobias Verhaecht (1561-1631) – La Tour De Babel.

Vesme de. La xénoglossie [partie 3/3]. Article parut dans la « Revue Métapsychique », (Paris), n°1, janvier-février 1924 pp. 8-14.

César  BAUDI DE VESME (1862-1938). D’origine italienne il vécut la plus grande partie de sa vie en France, où il mourut. Défendant une philosophie spiritualiste, bilingue bien sûr, il publia de très nombreux articles et un ouvrage reprenant l’ensemble de ceux-ci. Il se spécialisa dans les études du paranormal et du spiritisme. Son principal ouvrage : Histoire du Spiritualisme expérimental. Paris, Jean Meyer, 1928.
Deux articles importants parmi plusieurs dizaines :
— A propos de rêves prémonitoires et de paramnésie. [Partie 1]. Article parut dans la « Revue des Études psychiques », (Paris), 2e série, 1er année, n° VIII-IX-X, Août-Sept.-Oct. 1901, pp. 225-242. – pp. 225-242. – pp. 225-242. Et – n° XI, Novembre. 1901, pp. 331-350. [en ligne sur notre site]
— L’obsession et la possession l’Extrême-Orient et dans les Pays non civilisés. [Partie 1] Article paru dans la « Revue Métapsychique », (Paris), n°3, année 1929, Mai-Juillet, pp. 163-183. – Septembre-Octobre, pp. 436-465. [en ligne sur notre site]
— História do Espiritismo. 1896.
— História do Espiritismo Experimental. 1927.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, mais avons corrigé quelques fautes de typographie.
– Par commodité nous avons renvoyé les notes de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr

[p. 8]

LA XENOGLOSSIE (1)

Par les « voix directes »

La modalité médiumnique qui paraît être la plus favorable à la production des phénomènes xénoglossiques est celle de la « voix directe » (généralement à l’aide d’un porte-voix). C’est au point que — ainsi que le remarque M. Bozzano —- il n’y a presque pas de bons médiums de cette sorte qui n’aient fourni des exemples remarquables de xénoglossie. Malheureusement, jusqu’à ces derniers temps, ces épisodes des séances étaient relatés d’une façon trop vague, trop succincte pour pouvoir être retenus. Ce déplorable inconvénient se présente même en des livres que certains auteurs ont entièrement consacrés au phénomène des « voix directes ».

Le médium le plus célèbre pour cette catégorie de manifestations métapsychiques — l’américaine Mrs. Wriedt — n’a pas échappé elle-même à cette négligence des expérimentateurs. On ne jugera cependant pas aussi sévèrement le cas suivant inséré par le vice-amiral Usborne Moore dans son volume : The Voices et qui est relaté par le comte Chédo Mijalovitch, dont j’ai déjà parlé au cours de cette petite étude.

Après avoir remarqué que, successivement ministre plénipotentiaire de Serbie à Bukarest, à Constantinople, à Londres, membre de différentes Sociétés scientifiques, il est habitué depuis longtemps à peser les faits et les paroles en pleine connaissance de la responsabilité qu’ils comportent, le comte raconte quel se trouvant à Londres et ayant appris que Mrs. Wriedt était à Wimbledon, il obtint d’elle une séance pour le 16 mai 1912, et s’y rendit avec un Croate, de ses amis, le docteur Hinkovitch (2).

Au cours de cette séance, il y eut d’abord une manifestation « fluidique » visible de Wililiam Stead, avec lequel le comte, qui [p. 9] avait été son ami, eut une conversation. Le relateur poursuit en disant :

Tout à coup, au grand étonnement de mon ami croate, on entendit une voix nette et forte qui lui adressa la parole en langue croate. C’était la voix d’un de ses vieux amis, docteur en médecine, mort quelque temps auparavant de paralysie cardiaque. Ils continuèrent pendant quelque temps à converser dans leur langue maternelle ; pour ma part j’en entendais et comprenais tous les mots. Inutile d’ajouter que c’était la première fois que Mrs. Wriedt entendait le son et les inflexions de la langue croate.

Etta Wriedt Medium.

Etta Wriedt Medium.

Mon ami et moi avons été profondément impressionnés par ce que nous avions respectivement obtenu ; j’en ai parlé avec mes amis comme de l’expérience la plus merveilleuse qui m’était arrivée dans toute mon existence. J’en ai parlé aussi au professeur Mme Marguerite Selenka, qui, on le sait, est une célèbre femme de science allemande, et pour la satisfaire, j’ai arrêté une autre séance avec Mrs. Wriedt pour le 24 mai.

Au début de la séance, la forme fluidique de William Stead apparut de nouveau, mais ne demeura visible que pendant dix secondes environ. Elle réapparut une deuxième fois plus nettement, mais toutefois moins clairement que dans la séance du 16 mai. Après cela, W, Stead causa longuement avec Mme Selenka et brièvement avec moi…

Cette manifestation ayant cessé, voilà que la voix de ma mère se fit entendre ; j’eus avec elle une émouvante conversation en langue serbe.

Ensuite la doctoresse Selenka eut à son tour une émouvante conversation en allemand avec son mari décédé, le professeur Lorenz Selenka, de l’Université de Munich ; puis se manifesta sa mère, morte depuis peu à Hambourg…

Je me sens en devoir de manifester publiquement ma reconnaissance envers Mrs. Wriedt, par l’entremise de laquelle j’ai éprouvé l’ineffable consolation d’entendre de nouveau la voix de ma mère, avec les affectueuses expressions formulées dans notre langue maternelle.

M, DeniS Bradley, dans son Towards the Stars, traduit dans les principales langues d’Europe, hormis la française (naturellement), raconte entre autres cas, un épisode qui atteint le plus haut degré du « vécu » et qui s’est réalisé avec le médium Valiantine, au cours de la deuxième séance à laquelle assista Bradley chez M. de Wickoff à New-York. L’un des expérimentateurs ayant dû s’absenter, M. de Wickoff, afin qu’un plus grand nombre de personnes prît part à la séance (ce qu’il jugeait utile à la production des phénomènes), imagina d’y faire intervenir sa cuisinière et son maître d’hôtel. Il était d’ailleurs curieux de voir ce que cela pouvait donner. La cuisinière, Anna Ripoll, était une Espagnole qui se trouvait depuis quelques mois à peine aux États-Unis et ignorait la langue anglaise. Bradley relate cet épisode de la séance dans les termes suivants :

Ce qui arriva fut stupéfiant. Lorsque le porte-voix toucha Anita Ripoll, celle-ci jeta un cri. Aussitôt une voix sortit du porte-voix et, avec un accent passionné, s’écria : « Anita ! Anita ! » — Elle répondit : « Oui ! oui ! » — Et la voix, en parlant espagnol, dit : « C’est moi ! C’est moi ! » — La cuisinière, ravie de joie, s’écria : « C’est lui ! C’est José ! [p. 10] C’est José ! » — C’était l’esprit de son mari. Il y eut alors une conversation passionnée, confuse, intensivement méridionale par l’expression, entre la femme et le mari décédé. Je ne pouvais la suivre, ne connaissant pas la langue espagnole, mais nous pouvions tous comprendre les sentiments qui étaient exprimés. Les mots s’enchevêtraient, les phrases se suivaient rapidement les unes les autres, avec une exubérance latine. Ni le mari ni la femme ne semblaient s’étonner de la nature supranormale de leur entrevue. Ces deux âmes simples, qui s’étaient aimées mutuellement sur la terre, et qui probablement n’avaient jamais médité sérieusement au sujet de la survivance, acceptaient la situation comme s’il s’était agi d’une chose normale. Ils s’étaient aussitôt reconnus et ils ne perdaient pas de temps à demander et à fournir des preuves d’identité personnelle. Ils étaient tous les deux relativement jeunes, puisque Anita ne paraissait pas avoir plus de trente ans, et était une femme robuste et virile. Ils causèrent de leur vie commune sur la terre, de leurs intérêts domestiques ; lui de ses impressions après la mort, elle de ses sentiments et de son existence après son départ.

  1. de Wickoff suivait le dialogue mot à mot, et à un certain moment il ne put résister à l’impulsion de se mêler à la conversation, en parlant espagnol à José.

Immédiatement José et Anita changèrent de langage, en prenant à causer dans leur patois natif, qui était un basque mêlé d’espagnol, ainsi que nous l’apprîmes ensuite. Nous apprîmes de même que les deux époux avaient en vie toujours parlé espagnol ; ils ignoraient tous les deux l’anglais, étant entrés au service de M. de Wickoff dès leur arrivée en Amérique. ‘

Au cours de la séance, José, lorsqu’il causait avec M. de Wickoff, parlait le bon castillan ; mais quand il s’adressait à son Anita, revenait à son jargon maternel. Il remercia M. de Wickoff d’avoir gardé à son service Anita lorsqu’elle resta veuve, et le pria de l’aider en employant son influence pour obtenir qu’on fît venir d’Espagne les deux enfants nés de leur mariage. A ce sujet, il fit allusion à une conversation sur la même question qu’il avait eue avec M. de Wickoff un an auparavant — conversation relative aux nouvelles restrictions imposées par la loi sur l’émigration, qui rendaient difficile de faire venir de l’Espagne les enfants.

  1. de Wickoff demanda à José comment il s’y était pris pour trouver moyen de communiquer ; il lui donna une réponse fort simple : « Je me suis mis avec les autres ».

La conversation se prolongea durant dix ou douze minutes, au cours desquelles, probablement, ces âmes simples épuisèrent tout ce qu’elles avaient à se dire.

Le petit incident du changement de langage, lorsque M. de WickofI voulut se mêler à la conversation, est, par son naturel même, étourdissant…

Dans une, séance chez M. Bradley, à Londres, le 27 février 1921, avec le même médium, assistait M. Caradoc Evans, un romancier et artiste connu en Angleterre, natif du Pays de Galles. Soudain, une « voix », que M. Caradoc lui-même décrit comme sortant du sol, entre ses pieds, vint se placer devant lui et lui adressa la parole.

Voici le dialogue qui eut lieu alors : [p. 11]

Demande. — Avez-vous quelque chose à me dire ?

Réponse. — Oui.

  1. — Qui êtes-vous ?
  2. — Ton père.
  3. — Toi, mon père ? Cela ne peut être. Comment as-tu fait pour savoir que je suis ici ?
  4. — Je l’ai su par Edward Wright.
  5. — Eh bien, écoute : si tu es mon père, siaradweh a fy yn eich iaith. — (Parle-moi dans notre dialecte).
  6. — Beth i chwi am, i fy ddwéeyd ? — (Dis-moi de quoi tu désires que je te parle).
  7. — Eich enw, wrth gwrs. — (Dis-moi ton nom, pour commencer).

R, — William Evans.

  1. — Yn le marvo chwi ? — (Où es-tu mort ?)
  2. — Caerfyrddin. — (A Carmarthen).
  3. — Sir ? — (Comté ?)
  4. — Tre. — (Ville).
  5. — Ble mae’r ty ? — (Comment est placée la maison ?)
  6. — Veh ben yr avon. Mae sleps-lawer law-rhwng y ty ar cheol. Pa beth yr ydych yn gofyn ? Y chwi yn mynd i weled aty bob tro yr rydych yn dre. — (En amont du fleuve. Entre la maison et la route il y a plusieurs marches à monter. Pourquoi cette demande ? Tu vas visiter notre maison toutes les fois que tu vas en ville).
  7. — ‘Nhad … — (Mon père …)

A ce moment la force est manquée, et le porte-voix est tombé bruyamment sur le parquet.

C’était un spectacle stupéfiant d’assister à cette conversation entre père et fils dans l’étrange langue du Pays de Galles… — (Towards the Stars, p. 210).

William Thomas Stead (1849-1916).

William Thomas Stead (1849-1916).

La Revue Métapsychique a inséré dans son dernier fascicule (p. 333) un compte rendu de la brochure du professeur Neville Whymant, de l’Université d’Oxford, à qui, au cours d’une séance du même médium Valiantine, la personnalité du soi-disant « Confucius » a parlé en vieux chinois; en rectifiant le texte, devenu peu compréhensible, d’une poésie du grand philosophe — poésie dont M. Whymant avait pris l’initiative de parler ; ce qui élimine tout soupçon d’un coup monté d’avance. Cela m’épargne de devoir en parler ici, et j’y renvoie mes lecteurs.

  1. Florizel von Reuter et sa mère sont parvenus, après de patientes tentatives, à obtenir, eux aussi, le phénomène de la « voix directe ». Le célèbre concertiste a récemment publié dans une Revue anglaise, Psychic Science, un récit de ses expériences dans cette nouvelle forme de médiumnité ; il y a inséré, entre autres attestations, celle dont je reproduis ci-dessous les premières lignes :

Relation de Miss Elinor Janson, Dresde ;

Le 28 août (1931), ma mère, ma sœur et moi, nous avons eu une séance au porte-voix avec les von Reuter, dans notre appartement. J’y ai eu une conversation d’une dizaine de minutes avec mon grand-père [p. 12] décédé, qui était Norvégien. La conversation eut lieu en norvégien ; l’accent était excellent, et j’ai nettement reconnu la façon de parler de mon grand-père… — Signées : Elinor Janson, Blanche Janson, 9, Robert Kochlrasse, Dresde.

 

Xénoglossie par l’« écriture directe »

 

M., Bozzano ne présente qu’un seul cas de xénoglossie par l’« écriture directe », entendue dans le sens que donnent à cette expression les spirites, c’est-à-dire l’apparition supranormale d’un écrit sur une feuille de papier, ou une ardoise. Il s’agit dans le cas en question d’une écriture en hollandais obtenue au cours d’une séance récente avec une médium Miss Estelle Roberts. Les quelques autres cas qu’il cite sont des épisodes dans lesquels des mains fantomatiques, visibles, ont écrit en des langues ignorées du médium et parfois des assistants. Cette dernière circonstance est plus spécialement celle qui se produisit au cours d’une séance de M. Dale Owen, ministre américain à la Cour de Naples, avec le médium Slade, et celle qui signala une série célèbre de séances à Christiania, avec le médium Mme d’Espérance, assise au milieu des expérimentateurs, et dans lesquelles se manifestait le plus souvent le fantôme de la jeune « Népenthès », qui disait avoir vécu dans la Grèce ancienne. Selon les divers comptes rendus qu’on en a publiés, le fantôme se formait et se dissolvait au milieu du cercle des trente expérimentateurs, en bonne lumière. En ces conditions, « Népenthès » écrivit une fois sur le carnet d’un des assistants, sous les yeux de tout le monde, y compris le médium, quelques lignes en grec ancien, que l’on dut faire traduire, le lendemain, aucune des personnes présentes ne connaissant la langue de l’Eliade.

Que croire ?

En analysant l’ouvrage de M. Bozzano sur la « Médiumnité polyglotte » un distingué critique anglais remarquait que les deux dernières catégories de phénomènes que l’auteur italien présente — celle des « voix directes » et celle de l’« écriture directe » — pouvaient tout aussi bien être omises, ces sortes de phénomènes devant être considérés comme encore douteux per se ; la deuxième surtout. J’avoue ne pas partager entièrement cet avis. Il est certain que si l’on ne pouvait présenter un cas qui nous semble authentique, simplement parce qu’il appartient à une catégorie de manifestations qui sont encore douteuses aux yeux de certains métapsychistes, ou [p. 13] de certains groupes de métapsychistes, aucune nouvelle classe de phénomènes ne saurait être jamais définitivement admise, et acquise à la science. Les médiumnités de George Valiantine, de Mme

d’Espérance, de « Margery », etc., paraissent douteuses à quelques critiques. Mais quel est donc le médium, quel est donc le phénomène métapsychique dont on ne puisse en dire autant, ou dont on n’ait pu le dire ? Les critiques en question peuvent parfois rendre un grand service aux recherches par leur scepticisme ; j’en conviens, et je m’efforce souvent de les imiter. Mais les faits sont tout de même des faits et il me semble tout naturel qu’on les cite quand on juge qu’ils revêtent quelque valeur,

Pour ma part, j’ai cité les faits que l’on vient de lire à titre d’exemple, sans les commenter pour la plupart. J’ai même fait remarquer que tous avaient une forme nécessairement spirite, dont il m’était impossible de m’écarter en les relatant. Et pourtant les hypothèses non spirites par lesquelles on peut chercher à les expliquer existent bien et méritent d’être examinées, quelle que soit leur valeur, non pas avec l’intention préméditée de les refouler, mais avec un sentiment d’impartialité absolue. Je me propose d’en donner bientôt un essai, dont l’imminente publication de la traduction française du livre de M. Bozzano sur la xénoglossie m’offrira probablement l’occasion.

Mais avant de s’efforcer d’interpréter les faits, il faut naturellement tâcher de s’assurer de leur réalité.

De quel côté est la crédulité ? Se montre-t-on plus crédule en admettant que les innombrables phénomènes xénoglossiques dont je viens de présenter quelques exemples ne peuvent pas être un simple amas d’illusions, de mensonges et de tromperies — ou bien faut-il une plus large dose de crédulité pour imaginer que tous ces médiums, pour la plupart non professionnels, dont j’ai parlé, ne sont que de tristes mythomanes ayant étudié clandestinement le russe, le norvégien, le croate, le gallois, le lithuanien, le persan-hindoustani, le grec ancien et moderne, le chinois du temps de Confucius, etc., en y ajoutant l’art de la ventriloquie et de la prestidigitation, l’habileté du détective et le reste ?

René Magritte (1898-1967) -  La clairvoyance.

René Magritte (1898-1967) – La clairvoyance.

Il y aura des personnes qui tomberont tout naturellement dans cette dernière forme de crédulité ; elles se recruteront spécialement parmi celles qui ignorent la littérature métapsychique et qui ont successivement nié la télépathie, la clairvoyance, les prémonitions, la télékinésie, etc. Quant aux métapsychistes, ils se montreront pour la plupart plus prudents. En effet, si les choses étonnantes qu’ils ont apprises, n’ont pas servi à leur enseigner qu’ils devaient s’attendre à des choses plus étonnantes encore, c’est à peu près comme s’ils n’avaient rien appris du tout. [p. 14]

Quoi de plus extraordinaire, par exemple, que ces « voix directes », presque ignorées il y a une trentaine d’années, dont on n’aurait d’ailleurs même pas osé parler alors, et qui sont censées aujourd’hui se produire en nombre de cercles d’expérimentation d’Angleterre, d’Écosse, des États-Unis, d’Italie, etc… Or la Society for Psychical Research, de Londres, pourtant tellement accusée de prudence excessive, s’en occupe sans cesse, non pas seulement dans ses publications, mais aussi dans les réunions de ses membres, au cours desquelles on a même fait entendre par le gramophone quelques-unes de ces « voix » mystérieuses, que des disques phonographiques ont enregistrées en des séances avec Mrs. Leonard et d’autres médiums ; des discussions intéressantes suivirent à ce sujet, sans que personne s’en soit montré scandalisé.

Seulement, une chose est de ne pas nier a priori une catégorie de phénomènes et ne pas refuser de s’en occuper, autre chose est d’hésiter à admettre comme définitivement démontrés des faits tellement extraordinaires — et surtout l’infaillibilité de telle ou telle hypothèse prétendant les expliquer. On comprend fort bien que, dans son Traité de Métapsychique (3) le professeur Richet , en parlant des phénomènes xénoglosiques, ait pu écrire :

Je penche à croire qu’un jour, bientôt peut-être, on pourra en admettre quelques-uns comme authentiques. Mais en attendant, il faut tâcher de trouver de meilleurs exemples et de les donner moins fragmentaires, moins imparfaits que les exemples connus jusqu’à ce jour. Aujourd’hui… ne considérons les phénomènes rares et singuliers de xénoglossie que comme les jalons de la science métapsychique future, celle que nul ne peut écrire encore.

Mais l’ouvrage de M. Bozzano, en groupant dans un faisceau et en mettant en lumière un certain nombre de cas xénoglossiques récents, insuffisamment connus, dignes, pour la plupart, d’être sérieusement examinés, nous a permis de parvenir aux premiers jalons dont parle le Professeur Richet ; peut-être même d’en dépasser quelques-uns. Si l’ouvrage de notre distingué confrère n’a pas d’autres mérites, il a du moins celui très appréciable d’avoir attiré l’attention des expérimentateurs — surtout de ceux de certains pays — sur la question de la « Médiumnité Polyglotte », d’avoir montré l’intérêt formidable qu’elle présente et par conséquent, l’opportunité qu’il y aurait de diriger largement l’expérimentation vers la conquête de nouvelles preuves se réalisant conformément aux justes exigences de la science, et enregistrées avec toute la minutieuse documentation nécessaire pour permettre d’en juger en connaissance de cause.

C. DE VESME.

Notes

(1) Suite ; voir les numéros de septembre-octobre et novembre-décembre de la Revue Métapsychique. [en ligne sur notre site]

(2) Je me souviens d’avoir été en rapport avec ce dernier_ il y a 35 ans ! Il dirigeait alors une petite revue spirite à Agram.

(3) Page 270 de la deuxième édition.

 

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