Pierre Janet. La psycho-analyse. Partie 2. Les souvenirs traumatiques relatifs à la sexualité. – Article parut dans le « Journal de psychologie normale et pathologique », (Paris), onzième année, 1914, pp. 1-36 et pp. 97-129. [Publié auparavant : Janet, P. (1913). La psychoanalyse. In XVIIth International oncongress of Medicine. Section XII. Psychiatry]
Janet Pierre-Marie-Félix (1859-1947). Nous ne présenterons pas Pierre Janet bien connu de tous, au même titre que Jean-Martin Charcot ou Sigmund Freud, dont il est question dans cet article. Cette critique de la psychanalyse, en réalité la première et une des rares qui compta véritablement, creusa un fossé entre les deux hommes et une cicatrice qui ne fut jamais guérie.
Nous mettrons en ligne cette longue communication en trois partie :
I. Les souvenirs traumatiques. – Le mécanisme pathologique du souvenir traumatique [en ligne sur notre site]
2. Les souvenirs traumatiques relatifs à la sexualité. [en ligne sur notre site]
3. — Conclusion. La philosophie et la psychologie en médecine. — Discussion. [en ligne sur notre site]
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Nous n’avons pas cru souhaitable de rajouter des images, qui auraient nui à l’austérité du texte. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
[p. 97]
III. – LES SOUVENIRS TRAUMATIQUES RELATIFS À LA SEXUALITÉ
(suite (45)
Nous arrivons à l’une des études de la psycho-analyse qui est la plus connue et qui trop souvent a fait oublier les précédentes, indispensables cependant pour la bien comprendre. Je veux parler des recherches sur le rôle des troubles sexuels dans la pathogénie des névroses.
Depuis longtemps ce problème avait été aperçu et discuté par les médecins : Hippocrate disait déjà que l’hystérie se présente chez les femmes qui souffrent d’une insuffisance des rapports sexuels : « Nubat illa, disait-on souvent après lui, et morbus effugiet ». Pendant longtemps on rattacha les névroses à des troubles des fonctions sexuelles, à un tel point que le nom même de l’hystérie parut déshonorant. Le livre de Louyer Villermay, 1816, poussait déjà cette interprétation à l’extrême. On a justement remarqué que Briquet 1859, et Charcot ont protesté contre les exagérations ridicules de cette doctrine ; mais il n’en est pas moins vrai que ces auteurs ont parfaitement bien compris l’importance de la sexualité dans les maladies nerveuses. Ils parlent à chaque instant des névroses de la puberté ou des névroses de la ménopause, de l’influence que les maladies portant sur les organes génitaux ont sur les fonctions nerveuses et mentales, du rôle de la masturbation excessive et des perversions sexuelles ; enfin parmi les causes des accidents névropathiques ils donnent une grande place aux émotions déterminées par des [p. 98] accidents d’ordre sexuel, aux viols, aux grossesses dissimulées, aux abandons, aux déceptions amoureuses, etc.
Axenfeld et Huchard parlent aussi de l’influence d’un tempérament lascif, de celle de la continence, de l’excitation sexuelle exagérée, des passions amoureuses contrariées. Mes propres observations portent sans cesse sur des névroses consécutives à des violences sexuelles, à des fiançailles rompues, etc. Une de ces premières observations que je viens justement de rappeler ici avait rapport à une jeune fille de vingt-trois ans devenue paraplégique pendant des années à la suite de relations sexuelles prolongées avec son père et des craintes de grossesse. Le délire curieux de possession que j’ai donné comme un exemple des idées fixes subconscientes s’est produit chez un homme qui était tourmenté par le remords d’avoir trompé sa femme. Il me semble difficile de dire que l’analyse psychologique se soit désintéressée de ce problème et qu’elle n’ait pas étudié les relations des troubles sexuels avec les névroses,
Il n’en est pas moins vrai que sur ce point encore la psycho-analyse a pris une position tout à fait originale. Pour la bien comprendre il ne faut pas oublier que les troubles sexuels sont entendus par cette école d’une manière toute particulière. Quand ces auteurs parlent de troubles sexuels, il ne s’agit pas des modifications physiques, normales ou non, portant sur les organes génitaux ou sur leurs fonctions. La puberté en elle-même comme simple modification physiologique, la ménopause, les arrêts de règles, les blennorragies, les métrites ne jouent pas dans le système de M. Freud un rôle particulièrement considérable. Cet observateur sait très bien que ces phénomènes se présentent constamment chez des individus qui n’ont aucun trouble névropathique et il ne les considère pas comme particulièrement importants dans les névroses. Les
phénomènes sexuels dont il s’occupe sont ceux qui ont un retentissement moral, qui agissent sur les névroses par l’intermédiaire de phénomènes psychologiques. Ici encore il faut préciser : M, Freud ne s’occupe pas particulièrement des modifications mentales générales qui sont produites dans les fonctions mentales par des phénomènes génitaux, sans que le sujet s’en doute et sans qu’il ait lui-même compris leur caractère sexuel. Si un auteur parlait des dépressions mentales qui accompagnent la puberté ou la ménopause et s’il les rattachait à quelque intoxication, [p. 99] il ne serait pas exactement un psycho-analyste. Il s’agit dans la psycho-analyse d’événements d’ordre sexuel sans doute, mais que le sujet a compris comme tels, auxquels il a attaché de l’importance et dont il garde un souvenir pénible, capable de le troubler. En résumé il s’agit uniquement de souvenirs traumatiques relatifs à des aventures sexuelles. Une jeune fille a été très amoureuse, elle a cédé à celui qu’elle aimait et celui-ci, malgré ses promesses, refuse de l’épouser : cette aventure n’est pas indifférente au sujet, elle le trouble vivement et par l’un des mécanismes que nous avons étudiés elle détermine un souvenir traumatique et une névrose. C’est là le type des troubles sexuels que la psycho-analyse veut étudier. Les masturbations, les coïts incomplets, les abstinences sexuelles ne sont intéressants que par les émotions qui les accompagnent et les souvenirs traumatiques qu’ils déterminent. Il s’agit donc en résumé de souvenirs traumatiques relatifs à des aventures sexuelles ou, si l’on préfère, de souvenirs traumatiques à contenu sexuel et ce sont ces phénomènes-là dont la psycho-analyse à la suite de l’analyse psychologique étudie la fréquence et le rôle dans les névroses.
Sur le premier point, la fréquence de tels souvenirs, l’école de M. Freud présente une première doctrine très nette. Au lieu de constater avec tous les observateurs précédents que l’on trouve des souvenirs traumatiques relatifs à des aventures sexuelles chez quelques névropathes elle affirme, et c’est là son originalité, que l’on trouve de tels souvenirs chez tous les névropathes sans exception. Sans de telles aventures transformées en souvenirs traumatiques, il n’y a pas de névroses. Si on ne les constate pas facilement chez tous les malades, c’est que l’on n’a pas su les faire avouer au malade, ou que l’on n’a pas su les découvrir au travers de ses réticences.
Chez un certain nombre de sujets, en effet, cette recherche ne présente pas de difficultés, et il n’y a pas non plus grand mérite à constater ces faits. Le malade explique lui-même qu’il a été victime d’un viol, qu’il a été abandonné ou qu’il a joué un rôle dans un drame d’adultère, etc. Si le malade ne l’explique pas tout de suite, on constate facilement dans ses délires, dans ses somnambulismes, le souvenir évident d’une aventure de ce genre et personne ne peut mettre en doute son existence.
Chez d’autres sujets on rencontre déjà plus de difficultés : ils ont [p. 100] beau remémorer les événements qui ont rempli les dernières périodes de leur vie, ils ne découvrent aucune aventure sexuelle vraiment intéressante. Il faut alors les aider à remonter en arrière, à se rappeler les détails de leurs premières impressions d’enfance. On arrive ainsi non sans peine à raviver des souvenirs graves qui se dissimulaient : quand ils étaient tout enfants, à cinq ou six ans, ils ont rencontré une femme enceinte, ou bien ils ont vu un chien qui couvrait une chienne, ou ils ont entendu craquer le lit de leurs parents, et cela leur a causé une émotion prodigieuse à laquelle ils ne peuvent penser sans frémir.
Chez d’autres la difficulté est encore plus grande : avec la meilleure volonté du monde ils ne retrouvent rien de semblable. Alors il faut étudier et interpréter leurs rêves ; un jeune homme a rêvé qu’il contemplait trois étoiles ; il s’agit évidemment d’un rêve érotique, nous explique très bien M. Maeder. « On dit d’une brillante actrice qu’elle est l’étoile du théâtre, un amant appelle son aimée une étoile, Ruy Blas est un « ver de terre amoureux d’une étoile », en Suisse les jeunes filles appellent entre elles leurs organes génitaux leur étoile ». Ou bien une jeune fille a rêvé à une barque à voile sur le lac Léman ; or sur ces barques la forme des voiles est tout à fait caractéristique, elle rappelle celle d’un poignard ou d’un objet pointu dirigé vers le ciel ; l’interprétation est évidente. On interprétera plus facilement encore le rêve du serpent et surtout du serpent-chien, le rêve du jardin : « Je suis dans un grand jardin ombragé où un jardinier arrose », le rêve de la maison et de la caverne, le rêve de l’oiseau, etc. (46). Nous serons ainsi sur la voie du souvenir traumatique à contenu sexuel. Si cela ne suffit pas, il faudra savoir interpréter des sentiments que le malade reconnaît avoir éprouvés dans diverses circonstances. Par exemple, le malade vient-il vous dire qu’à certains moments il a formé le souhait d’être le fils d’un grand personnage, d’un roi, ou d’un grand financier au lieu d’être le fils d’un petit bourgeois. Cela est très caractéristique, cela prouve qu’il a eu à ce moment le désir de mettre son père de côté, de l’écarter en quelque sorte de sa vie. Pourquoi cela ? évidemment parce qu’il se trouvait en rivalité avec son père, parce qu’i avait un amour sexuel pour sa mère et qu’il [p. 101] formait dans son esprit le fameux « complexe Œdipe » qui joue un rôle très important dans cette psychologie un peu spéciale (47). Un jeune homme reconnaît qu’au début de sa carrière sentimentale, il a eu un sentiment tendre pour une femme plus âgée que lui : c’est bien simple, cela prouve qu’il a été amoureux de sa mère et qu’il a transféré ce sentiment sur les vieilles femmes qui sont devenues pour lui « comme des mères supplémentaires ». Un autre jeune homme reconnaît-il qu’à plusieurs reprises il s’est senti quelque amour pour des femmes coquettes et peu vertueuses. L’interprétation est bien simple : il avait autrefois, c’est évident, une passion amoureuse pour sa mère et il a appris avec désespoir la nature des relations qui existaient entre sa mère et son père; le « complexe Œdipe » est devenu actif et il a souhaité que sa mère devienne infidèle à son père, probablement à son bénéfice. C’est à cause de ce roman d’enfance que bien des hommes ont un faible pour les femmes coquettes et de mauvaise vie (48).
D’ailleurs, s’il le faut, on interprétera de la même manière des phénomènes plus simples. Le sujet a-t-il eu dans son enfance l’habitude de faire des pâtés de sable ou auparavant celle de sucer son pouce, cela suffit pour indiquer de précoces perturbations sexuelles ; un peu plus tard le goût du piano a un rapport très étroit avec la masturbation (49). Il faut se méfier en particulier des sensations et des sentiments relatifs à l’anus chez les petits enfants : on sait que « l’anus est une zone érotique parcellaire » qui peut se développer indépendamment des autres. Les entérites qui sont fréquentes dans la première enfance surexcitent cette zone et préparent les névroses spéciales. M. Kurt Mendal exprime d’une façon un peu ironique sans doute, mais très saisissante ce souci des Freudiens d’interpréter les phénomènes relatifs à l’anus des petits enfants : « Peut-être, dit-il a son enfant, tu n’as pas voulu aller sur le pot avant de te coucher, tu as refusé de vider ton rectum parce que tu espères tirer une jouissance voluptueuse de la défécation, voilà pourquoi tu prends plaisir à [p. 102]) retenir tes excréments (50) ». Je ne puis malheureusement insister sur ces interprétations qui sont très nombreuses et très ingénieuses dans les ouvrages de cette école, il me suffit d’avoir indiqué par ces quelques exemples comment on parvient à établir malgré les dissimulations et les oublis du sujet l’existence chez tous les névropathes d’un souvenir traumatique avec un contenu sexuel.
Sur le second problème relatif au rôle que ces troubles sexuels et ces souvenirs ont pu jouer dans la maladie, l’école de M. Freud présente également une doctrine qui lui est propre. Elle affirme que dans tous les cas de névrose ces troubles sexuels et ces souvenirs ne sont pas une des causes de la maladie, mais sont la cause essentielle et unique de la maladie. De même que la syphilis est aujourd’hui considérée comme la cause spécifique du tabès et de la paralysie générale, ces troubles sexuels et ces souvenirs sont la cause spécifique des névroses.
La démonstration de cette thèse séduisante par sa simplicité est donnée de différentes manières. Quelquefois elle est faite par un rapprochement, une comparaison des symptômes que l’on observe dans la maladie avec les phénomènes qui existent dans les phénomènes sexuels. Examinons, par exemple, le phénomène de l’angoisse, si fréquent dans une foule de troubles névropathiques, en particulier chez les psychasthéniques. Cette angoisse qui constitue pour M. Freud (1895) une maladie spéciale, présente divers symptômes, les troubles respiratoires, les palpitations, les modifications de la coloration de la face, la sueur, la sécheresse de la bouche, les contractions péristaltiques de certains muscles qui sont tout à fait identiques aux phénomènes caractéristiques de la jouissance sexuelle. Aussi son explication est-elle toute naturelle : l’angoisse est une jouissance sexuelle incomplète, une jouissance manquée apparaissant chez des individus qui ont pris la mauvaise habitude de l’arrêter avant la fin de son développement. Quand, pour diverses raisons, le désir sexuel ne peut pas suivre son cours naturel, quand il est détourné de son but par des restrictions morales, par le célibat, par les pratiques du coït incomplet, etc., il est refoulé et alors il agit subconsciemment et se manifeste par les troubles de l’angoisse. [p. 103]
Le plus souvent la démonstration du rôle des troubles sexuels et de leur souvenir se fait par une méthode que je pourrais appeler la construction symbolique dans laquelle on applique les principes précédemment établis sur le refoulement et le transfert. Un symptôme pathologique étant donné, on cherche de quelle manière ce symptôme pourrait être construit si on prenait pour point de départ de la construction un trouble sexuel en le transformant par le transfert et le refoulement. Si cette construction arrive à nous fournir quelque chose qui semble analogue au symptôme considéré, nous dirons que ce symptôme a réellement eu pour origine le trouble sexuel transformé.
Cette méthode ingénieuse ne peut être bien comprise que si on étudie quelques exemples. Constate-t-on des troubles de la sensibilité, des anesthésies, des troubles de la vision, il faut simplement rechercher de quelle manière un trouble sexuel, la honte d’une faiblesse sexuelle, par exemple, peut produire des troubles de la vision. Nous comprenons bien que diverses sensations, en apparence distinctes des fonctions sexuelles peuvent cependant s’associer avec elles. De même que la bouche ne sert pas seulement à manger, mais aussi à embrasser, les yeux ne servent pas seulement à diriger nos pas, ils peuvent aussi nous montrer les traits d’une personne aimée. Quand il y a honte d’un événement sexuel, il y a un refoulement de la tendance sexuelle et la curiosité sexuelle des yeux est réprimée et refoulée en même temps. Cela amène un trouble grave dans les relations de la vision avec la conscience : le moi, à la suite d’un refoulement qui a été excessif, perd sa domination sur les yeux et maintenant la vision entière, restée au service de la sexualité refoulée est passée dans le subconscient. C’est ainsi que la légende de Lady Godiva nous explique très clairement la cécité hystérique. Cette belle dame avait été condamnée à passer nue au travers des rues, les habitants de la ville s’imposèrent l’obligation de clore leurs volets, de fermer les yeux pour ne pas la voir : ils se rendaient aveugles par une délicate courtoisie. Qui donc pourrait résister à une explication aussi poétique (51) ? [p. 104]
Voici d’autres applications de la même méthode de démonstration simplement à titre d’exemples. Constate-t-on qu’une femme a peu de disposition pour l’acte d’amour et qu’elle est plutôt frigide : c’est bien simple. Elle a eu quand elle était adolescente une passion coupable pour son père (voyez concept Œdipe), et elle a violemment réprimé ces sentiments incestueux. La répression a été trop grande et maintenant elle conserve cette attitude de froideur toute sa vie (52). Un homme manifeste-t-il des tendances homosexuelles, il ne faut pas chercher bien loin une explication qui est fort simple. C’est qu’il a eu au début de sa vie un grand amour pour sa propre mère. Au premier abord on peut être surpris que cet amour pour sa mère ait déterminé maintenant un amour pour les jeunes garçons, mais cela est cependant bien simple. Les petits garçons se figurent toujours que leur mère a un organe mâle, identique au leur, les anciennes divinités hermaphrodites étaient des représentations féminines avec des organes mâles surajoutés, exactement comme les enfants se représentent leur mère : l’enfant ne fait sur ce point que récapituler les anciennes croyances de la race. Si cette explication ne satisfait pas, on peut la présenter autrement. Beaucoup d’individus qui ont eu ainsi une tendresse excessive pour leur mère ont refoulé ce sentiment : le refoulement excessif les rend désormais incapables d’aimer des femmes et ils deviennent par excès de vertu des pervertis, des homosexuels. Cette explication vous déplaît-elle, on va immédiatement la remplacer par une autre : un des grands avantages de ces démonstrations symboliques, c’est que l’on peut très aisément les varier à l’infini. L’enfant a eu pour sa mère un amour sexuel si intense qu’il en est arrivé à s’identifier avec elle, à se confondre avec elle, à posséder les sentiments qu’elle avait elle-même. Or cette mère avait de l’amour pour son enfant, c’est-à-dire pour lui, pour un garçon, donc puisqu’il a les sentiments de sa mère il aura de l’amour pour un garçon. Le garçon qu’il aime est simplement un souvenir de sa propre personne infantile qu’il aime comme sa mère l’aimait lui-même dans son enfance ; il aime ce garçon en s’aimant lui-même, c’est une sorte de Narcissisme. De cette manière il reste fidèle à sa mère en aimant un garçon, tandis qu’il lui serait infidèle en aimant [p. 105] une femme (53). On peut étudier ainsi tous les symptômes névropathiques quels qu’ils soient ; on démontrera facilement par la méthode des constructions symboliques qu’ils sont tous des conséquences plus ou moins directes de souvenirs sexuels lointains maladroitement refoulés.
Ces études sont susceptibles d’une grande précision : elles peuvent montrer que certains incidents de la vie sexuelle conduisent à tel ou tel symptôme pathologique. On a constaté, en effet, que l’aventure dangereuse a eu lieu le plus souvent dans la première enfance. « Si l’événement sexuel originaire n’a pas eu lieu avant la huitième année, jamais l’hystérie n’éclatera par la suite. La trace de ce premier traumatisme sexuel est d’abord inoffensive, plus tard à la puberté éclate un conflit entre l’instinct génital et la morale sociale. Ce conflit amène un refoulement dans le subconscient de diverses scènes sexuelles auxquelles a assisté le jeune homme ou la jeune fille et la névrose apparaît. Celle-ci prend des formes différentes suivant la nature du traumatisme initial. Si l’enfant a subi, avant l’âge de huit ans bien entendu, des agressions d’ordre sexuel, si dans l’aventure sexuelle il a eu un rôle passif, la névrose prendra plus tard la forme de l’hystérie. Si au contraire l’enfant a eu dans ces premières aventures le rôle actif, s’il a été l’agresseur, la névrose prendra la forme des obsessions et des phobies, elle sera plutôt la psychasthénie. C’est pour cela, paraît-il, que l’hystérie est plus fréquente chez les femmes, la psychasthénie chez les hommes (?). Dans son étude Zur Aetiologie der Hysterie, 1896, M. Freud déclarait que ces découvertes pathogéniques seraient pour la neuro-pathologie ce qu’a été pour la géographie la découverte des sources du Nil, c’est-à-dire la plus grande découverte de cette science au XIXe siècle. Les autres névroses d’ailleurs ont également des causes précises, la neurasthénie a pour cause unique la masturbation, la névrose d’angoisse (dont M. Freud fait une maladie spéciale) a pour cause le coït incomplet ou l’abstinence exagérée, etc. Ces interprétations permettent donc un diagnostic très exact. Il est juste de remarquer que plus tard en 1905, M. Freud reconnaît qu’il a été trompé sur certains points par les réminiscences [p. 106] inexactes de quelques malades et il ne semble plus donner aux diverses névroses une étiologie aussi précise : il semble avoir renoncé à la découverte des sources du Nil, nous dit M. Ladame (54). Mais il maintient toujours le principe fondamental, c’est que « dans une vie sexuelle normale, une névrose est impossible ». Il continue à donner aux névroses et même à certaines psychoses, comme la démence précoce, une cause unique et vraiment spécifique, c’est-à-dire un trouble sexuel causé par une aventure qui se conserve sous la forme d’un souvenir traumatique.
Bien entendu la découverte de l’agent causal spécifique des névroses a pour conséquence une thérapeutique simple et précise. Un coït normal et régulier suffira toujours pour guérir tous les troubles névropathiques. Malheureusement, comme le remarque M. Ladame, cette excellente ordonnance médicale n’est pas toujours facile à appliquer. M. Freud lui-même remarque avec tristesse qu’une grande difficulté d’application se trouve dans le danger de la conception trop fréquente des enfants qui gêne la pratique du coït normal et régulier. Les précautions prises contre la fécondation, les pratiques peu naturelles, l’usage des divers préservatifs, tous déplorables, sont toujours néfastes et suppriment tous les bons effets du coït normal et régulier. Cruelle énigme ! M. Freud prie les médecins de vouer toute leur force et leur intelligence à trouver un préservatif qui puisse satisfaire à toutes les exigences d’un coït sans dommage pour la jouissance et sans danger, préservant à coup sûr des maladies et de la conception : « Celui qui arriverait à combler cette lacune de notre technique médicale aurait conservé la santé et la joie à d’innombrables personnes (55 ». Il est impossible d’entreprendre ici la discussion de toutes les études que M. Freud et ses élèves ont accumulées sur la sexualité humaine, je dois me borner à rester au point de vue clinique et à mettre en face des opinions précédentes la conception peut-être beaucoup moins intéressante à laquelle aboutit l’analyse psychologique ordinaire, telle qu’elle était pratiquée par les anciens psychiatres, telle qu’elle existe chez tous ceux qui se bornent à l’observation et à l’induction prudente. [p. 107]
Sur le premier point, la fréquence du souvenir traumatique de contenu sexuel chez les névropathes, la différence entre les deux conceptions semble au premier abord être peu considérable. L’analyse psychologique a toujours admis que les névropathes avaient fréquemment des troubles sexuels, des aventures sexuelles, et qu’ils conservaient souvent à propos de ces aventures et de ces troubles des souvenirs pénibles et dangereux. Tous les médecins ont entendu des névropathes, hommes ou femmes, se plaindre qu’ils ont été bouleversés par une déception amoureuse, qu’ils sont très frappés par le souvenir d’un échec sexuel, qu’ils croient être devenus impuissants, etc. Tous les auteurs ont publié des faits semblables et M. Freud est simplement d’accord avec eux quand il décrit à son tour des perturbations génitales.
La différence entre les deux conceptions est simplement une différence de degré, mais cette différence est capitale. Dans tous les cas M. Freud dit : « tous les malades », l’analyse psychologique dit : « quelques malades, un grand nombre de malades ». Nous retrouvons encore ici l’opposition entre la généralisation illimitée et la constatation précise. Pour comprendre ces restrictions il faut s’entendre sur le mot « aventure sexuelle ». En effet, il est incontestable que dans un certain sens tout le monde a eu des aventures sexuelles, surtout si on se permet des interprétations symboliques. La naissance d’un petit frère, les premières règles, la première éjaculation, une déception amoureuse, l’audition d’un cancanage quelconque sur un mari infidèle, etc., tout peut être appelé une aventure sexuelle. Et il est bien évident que tout le monde ayant eu de cette façon des aventures sexuelles, les névropathes en ont eu aussi. Mais cette constatation banale n’apprend rien au médecin sur l’étiologie des névroses, puisqu’elle est la même pour les malades et pour les individus bien portants. Il s’agit donc d’une aventure sexuelle assez grave pour avoir troublé le sujet, pour lui laisser un souvenir pénible, souvenir capable de déterminer encore maintenant de l’émotion, de la fatigue et des troubles psychologiques, Si on entend le mot dans ce sens l’analyse psychologique, à l’inverse de la psycho-analyse, constate que tous les névropathes n’ont pas eu de telles aventures sexuelles et n’observe de tels souvenirs traumatiques que chez un nombre restreint de malades. [p. 108]
La proportion des névropathes chez qui on découvre des troubles de ce genre est assez difficile à préciser, d’abord parce que l’observation n’a pas toujours été dirigée précisément dans ce sens et ensuite parce que ce nombre doit être fort variable suivant le milieu dans lequel on observe. M. Oppenheim, 1910, n’admettait qu’une faible proportion de malades accusant nettement des troubles sexuels ; il est vrai que cet auteur se préoccupait surtout du problème que nous aborderons tout à l’heure, le problème du rôle des troubles sexuels, et qu’il comptait seulement les malades chez qui les troubles sexuels ont réellement déterminé la maladie. M, Loewenfeld et M. Ladame semblent disposés à reconnaître de tels troubles plus souvent, dans les trois quarts des cas. Récemment M. Déjerine dans son livre sur les psycho-névroses (56) constate des préoccupations sexuelles 22 fois sur 100 cas, Je n’ai pas fait de statistique précise, mais je me rapprocherai plutôt du chiffre de MM, Loewenfeld et Ladame et je dirais volontiers que l’on constate des souvenirs pénibles de contenu sexuel et des troubles sexuels chez les trois quarts de ces malades en me réservant d’apprécier tout à l’heure l’importance du rôle que ces phénomènes ont pu jouer dans la maladie. Le chiffre exact importe peu d’ailleurs, car je le crois fort variable. Si M. Freud nous disait simplement que ses propres statistiques donnent des chiffres plus élevés, que dans les pays où il observe les préoccupations génitales et les troubles sexuels sont plus fréquents que dans les autres contrées, je me garderai bien de le contredire : j’ai toujours pensé que Paris avait sur ce point une réputation usurpée. La seule chose qui me paraît importante, c’est que nous n’observons pas de tels troubles chez tous les névropathes sans exception et que le souvenir traumatique de contenu sexuel n’est pas chez eux constant et nécessaire comme la syphilis chez le tabétique.
Ce fait peut être mis en évidence par la plus simple observation. L’analyse psychologique soutient que l’on peut observer assez fréquemment de grands névropathes qui ne se plaignent en aucune façon de leurs fonctions sexuelles, et qui de quelque manière qu’on les examine ne conservent aucun souvenir pénible relatif à une aventure sexuelle bien déterminée. Je rappelle simplement à titre d’exemple [p. 109]) une observation qui me semble très nette, celle d’une jeune femme que j’ai décrite autrefois (57). Cette jeune femme que j’observe depuis plus de dix ans, a présenté les phénomènes de l’hystérie la plus grave et la plus prolongée. Fille d’un père alcoolique, mort en delirium tremens, et d’une mère psychasthénique grave, morte de tuberculose pulmonaire, intoxiquée elle-même par une fièvre typhoïde, épuisée par la misère, par l’excès de travail et de veilles, troublée par de terribles émotions au moment de la mort vraiment dramatique de sa mère, elle a eu successivement depuis dix ans les troubles névropathiques les plus remarquables. Eh bien, quoique je l’aie toujours suivie attentivement et que je connaisse toutes ses pensées dans tous les états psychologiques, je puis affirmer qu’elle n’a jamais eu de troubles sexuels proprement dits ni d’aventures sexuelles qui l’aient impressionnée. Élevée comme ouvrière dans un milieu peu sévère elle a connu de bonne heure tous les phénomènes sexuels sans y attacher d’importance : elle est capable d’avoir des sensations génitales normales sans les trop rechercher et sans les mépriser. Il est difficile d’imaginer une vie sexuelle plus normale et cependant c’est une des plus grandes hystériques que je connaisse. La même observation peut se faire sur beaucoup de malades hystériques, elle peut être reproduite sur des psychasthéniques qui sont obsédés ou phobiques à propos d’autres faits, mais qui sont tout à fait corrects au point de vue sexuel. L’existence de pareils individus, à supposer même qu’ils soient rares, me paraît incontestable ; elle est absolument niée par l’école de M. Freud pour laquelle la névrose ne peut pas coexister avec une vie sexuelle normale.
Voilà une différence très nette entre l’analyse psychologique et la psycho-analyse.
Un autre point est encore important et accuse cette opposition : Une analyse psychologique impartiale observe chez les névropathes d’autres troubles et d’autres souvenirs traumatiques qu’il n’est pas légitime de confondre avec des souvenirs d’aventures sexuelles. Comme je le disais autrefois dans mes études sur le traitement psychologique de l’hystérie : « Les émotions d’ordre sexuel existent évidemment, elles sont naturelles si l’on songe qu’il s’agit des sentiments [p. 110] les plus fréquents et les plus vifs, les plus fertiles en émotions de toute espèce. Mais il faut remarquer d’abord qu’il ne s’agit pas toujours de véritables excitations génitales, l’amour étant un sentiment très complexe qui peut revêtir bien des formes. Ensuite il faut reconnaître que les accidents hystériques ont très souvent pour origine des idées fixes de nature très différente. Celle-ci est inconsolable de la mort de sa mère ou de la mort de son enfant, celle-là d’une accusation de vol portée contre elle, etc. Faut-il rappeler les innombrables hystéries traumatiques déterminées par le souvenir obsédant d’un choc, d’un accident quelconque. En un mot tous les souvenirs, toutes les pensées capables de provoquer des émotions fortes et durables peuvent jouer le rôle d’idées fixes et devenir le point de départ des accidents hystériques. On doit seulement remarquer que, suivant l’âge, l’éducation, la situation sociale du malade, certaines idées fixes sont plus fréquentes les unes que les autres (58). » Il faudrait commencer par éliminer toutes ces autres émotions, il faudrait démontrer rigoureusement et non par des constructions symboliques qu’elles sont réellement identiques à des émotions sexuelles, pour ne tenir compte que de celles-ci et l’analyse psychologique croit cette démonstration tout à fait impossible.
Bien au contraire nous sommes disposés à croire que parmi ces autres aventures et ces autres souvenirs se trouvent des phénomènes extrêmement importants dont il faut tenir autant de comptes que des émotions sexuelles elles-mêmes. Récemment M. I.-H. Coriat (de Boston) trouvait intéressant de faire jouer dans certains cas un rôle aux systèmes psychologiques relatifs au dégoût (59). M. Boris Sidis (60) accordait une plus grande importance aux tendances relatives à la peur : il commençait son article par le beau mot de R. Kipling : « Fear walks up and down the jungle by day and by night », il rappelait que la peur a dû jouer jadis un grand rôle dans le monde et que le passage de la brute à l’homme, suivant une pensée de W. James, est caractérisée par la décroissance des occasions de la peur. Il proposait de [p. 111] placer souvent des exagérations de l’instinct de la peur à la base des troubles psychopathiques. On pourrait aisément avec cette pensée fort juste construire tout un système analogue à celui que M. Freud a construit avec les instincts sexuels. Je serais disposé aujourd’hui à ajouter d’autres faits ayant rapport à des tendances peu connues, mais qui, à mon avis, jouent dans la conduite humaine un rôle considérable, les tendances à fuir la dépression et à rechercher l’excitation. Les troubles de ces diverses tendances deviennent le point de départ d’un grand nombre d’idées obsédantes et impulsives, comme j’ai souvent essayé de le montrer. L’étude de ces tendances, capables toutes de donner naissance à des aventures, à des émotions et à des souvenirs au lieu de l’examen unique des tendances sexuelles est encore un des caractères qui séparent l’analyse psychologique de la psycho-analyse.
Les auteurs qui raisonnent de cette manière s’exposent à une objection et sont sévèrement critiqués par les psycho-analystes convaincus. M. J.-E. Donley (61) et M. I.-H. Coriat avaient eu l’audace d’observer que leurs malades avaient d’autres préoccupations que des préoccupations d’ordre sexuel. M. I.-H. Coriat avait suivi son malade pendant un an et demi, il avait analysé toute sa conduite, il avait même étudié :ses rêves et à son grand étonnement il n’avait trouvé ni phénomènes de conversion, ni idées fixes de contenu sexuel. Ces remarques subversives ont été vertement condamnées et on a déclaré à leurs auteurs que de telles études ne signifiaient absolument rien:: « Vous n’avez pas appliqué la méthode, la seule, la vraie, vous n’avez pas pris la lunette de Galilé : si vous aviez fait la psycho-analyse du sujet, vous auriez trouvé en lui une foule de troubles sexuels, d’aventures génitales et de souvenirs traumatiques. » Entendons-nous : si la méthode de la psycho-analyse consiste à trouver à tout prix, même en se permettant les interprétations les plus invraisemblables et les plus saugrenues des idées fixes sexuelles, il est évident que ces auteurs et moi-même nous n’avons pas fait de psycho-analyse, mais avons-nous eu tort de n’en pas faire ? Cette méthode d’interprétation sexuelle à outrance est justement ce qui est en discussion. Avant d’exiger son application perpétuelle à tort et à travers, il faudrait commencer par démontrer sa légitimité, par montrer [p. 112] sans interprétation la généralité des traumatismes d’ordre sexuel dans les névroses. À moins de tomber dans le cercle vicieux le plus manifeste, nous devons rechercher ces troubles sexuels sans psycho-analyse par le moyen de l’analyse psychologique ordinaire et selon les règles de cette méthode banal ; nous n’avons pas le droit de les inventer. De quel droit nous imposerait-on une méthode que nos observations contribuent justement à discréditer ? M. Oppenheim (de Berlin), 1910, disait que la psycho-analyse est une méthode moderne de torture, le mot est gros, car les auteurs, je l’espère, ne torturent que leur propre imagination. « Il ne faut pas, disait M. l.-H Coriat, pousser l’analyse jusqu’au point où la logique et la raison sont remplacées par l’imagination de celui qui analyse (62). » Pour nous cette méthode a été surtout une méthode de construction symbolique et arbitraire, elle montre comment les choses pourraient s’expliquer, dans le cas où l’origine sexuelle des névroses serait définitivement admise ; il n’y a pas lieu de l’appliquer tant que ce principe n’a pas été démontré. Les observations précédentes conservent donc leur valeur et mettent en évidence la différence qui existe entre les deux doctrines à propos de la fréquence des souvenirs traumatiques d’ordre sexuel dans les névroses.
Cette première discussion n’est pas suffisante, car nous reconnaissons que dans les trois quarts des cas il y a réellement des troubles sexuels et des préoccupations des malades relatifs à ces troubles. Il faut maintenant rechercher quelle place l’analyse psychologique fait à ces troubles dans l’ensemble de la maladie.
Dans quelques cas, nous n’avons pas d’hésitations. On voit que la maladie commence nettement peu de temps après l’aventure sexuelle et qu’il n’y avait aucune trace de ces troubles maladifs avant l’émotion sexuelle. On voit que la guérison de la maladie commence par la guérison de la fonction sexuelle, les autres troubles ne disparaissant qu’après les troubles de cette fonction. On n’obtient de modifications des symptômes pathologiques qu’en agissant sur les idées et sur les actes sexuels. En un mot, les applications les plus correctes des méthodes d’induction nous montrent que les phénomènes sexuels sont l’antécédent des troubles névropathiques. Nous admettrons donc que [p. 113] dans ces cas l’aventure sexuelle a déterminé non seulement un souvenir, mais une grande émotion et un épuisement avec abaissement de la tension psychologique et qu’elle a bien été le point de départ de la maladie. Tout au plus pourrions-nous remarquer que le caractère nocif de l’aventure est dû aux émotions et aux épuisements qu’elle détermine plutôt qu’à son caractère sexuel proprement dit. Mais peu importe, nous sommes ici d’accord avec M. Freud pour rattacher le début de la maladie à l’événement sexuel. D’ailleurs, tous les auteurs étaient d’accord depuis longtemps pour admettre l’existence de faits de ce genre.
Mais faut-il comprendre de la même manière toutes les observations de beaucoup les plus nombreuses où nous voyons des troubles sexuels apparaître à un moment quelconque de la maladie, disparaître irrégulièrement, tandis que la maladie persiste, dans lesquels en un mot le déterminisme des phénomènes n’est pas du tout manifeste. M. Freud nous dit que dans tous ces cas nous devons toujours considérer les troubles sexuels comme primordiaux et essentiels simplement parce qu’on peut voir une certaine analogie entre les symptômes de la maladie et des phénomènes sexuels, ainsi l’angoisse ressemble dans quelques-unes de ses manifestations extérieures à la jouissance du coït, donc l’angoisse doit être un trouble sexuel. De vagues analogies de ce genre n’ont jamais été admises comme des preuves suffisantes d’un déterminisme, elles pourraient d’ailleurs être interprétées de manière toute différente. L’angoisse ressemble aussi à la peur ou à la surprise ou aux troubles des maladies cardiaques, si on ne se guide que par l’analogie auquel de ces troubles faudra-t-il la rattacher ? Ce qui est important ce sont les conditions dans lesquelles se présente l’angoisse. J’ai essayé de montrer qu’elle apparaît chez des individus déprimés, incapables d’exécuter correctement certains phénomènes psychologiques de haute tension. C’est pourquoi j’ai été amené à supposer qu’elle est une décharge, une dérivation intéressant les appareils des fonctions organiques qui se produit quand les phénomènes supérieurs ne peuvent pas s’exécuter. Diverses observations et diverses expériences sur la production et la suppression de l’angoisse semblent confirmer cette simple hypothèse (63). [p. 114] Quoi qu’il en soit, une chose paraît certaine, c’est que l’angoisse apparaît à propos d’une insuffisance portant sur un acte quelconque et non pas uniquement à la suite des insuffisances sexuelles. L’analogie vague des symptômes avec des phénomènes sexuels n’est pas une raison suffisante pour donner la prépondérance à ces phénomènes sexuels dans l’interprétation de la maladie.
Bien entendu nous ne considérerons pas non plus comme démonstratives les analogies apparentes obtenues par les constructions symboliques. Dire qu’un phénomène peut à la rigueur s’expliquer par une de ces constructions, cela ne prouve pas du tout qu’il doive s’expliquer par cette construction et qu’il ne puisse pas s’expliquer par une autre. En réalité il n’y a aucune démonstration qui permette de généraliser ce rôle des phénomènes sexuels, il s’agit uniquement de constructions imaginaires que nous pouvons adopter ou non suivant nos préférences.
Mais malheureusement nous nous trouvons en présence d’une difficulté qui a été indiquée depuis longtemps par l’analyse psychologique et qui ne nous laisse pas tout à fait libres de suivre sur ce point nos préférences. Reprenant une idée qui avait déjà été présentée souvent par les anciens aliénistes, j’ai essayé d’expliquer dans mon livre sur les obsessions, 1903, que nous connaissions au moins en partie le déterminisme des troubles sexuels de certains névropathes. Dans bien des cas on peut établir que ces troubles sexuels au lieu de causer toute la maladie nerveuse en sont au contraire la conséquence et l’expression (64). Je vois qu’aujourd’hui M. Fr. Lyman Wells adopte cette manière de voir : « La vie sexuelle, dit-il, est dans notre civilisation assez difficile et elle devient une des pierres de touche de la puissance d’adaptation mentale. Les désordres de la conduite sexuelle sont une des manifestations les plus fréquentes et les plus inévitables des maladies nerveuses (65). » M. Ladame rappelle l’opinion de plusieurs auteurs qui comprennent également les choses de cette manière et paraît adopter les mêmes conclusions (66).
Comme ce point présente ici une assez grande importance, je [p. 115] demande la permission de reprendre quelques-unes de mes anciennes études à ce sujet. Après avoir montré que la vie sexuelle du psychasthénique est bien souvent troublée, j’ajoutais que certains malades le constatent avec résignation, tandis que les autres s’en irritent et font des efforts désespérés et ridicules pour retrouver le paradis perdu, ce qui détermine une foule d’obsessions de caractère sexuel. « J’admets donc, disais-je, les faits signalés par M. Freud (les préoccupations sexuelles chez les obsédés), mais je crois qu’il faut les interpréter autrement. M. Freud considère le trouble sexuel, par exemple, une satisfaction génitale insuffisante, comme le fait primitif, résultant des circonstances extérieures ou de la conduite volontaire du malade, et il admet que c’est cette insuffisance accidentelle des excitations génitales qui détermine de toutes pièces la névrose. Ces insuffisances sont loin d’être primitives et de dépendre des circonstances… Même dans la masturbation, même dans le coït réservé, à plus forte raison dans le coït normal, ces personnes pourraient trouver une satisfaction suffisante, si elles étaient normales. Mais elles ne le sont pas et ces insuffisances de l’émotion sexuelle ne sont qu’une manifestation, un cas particulier de leurs insuffisances psychologiques. C’est parce qu’elles deviennent de plus en plus incapables de pousser un phénomène psychologique jusqu’à son terme qu’elles s’arrêtent à moitié chemin dans cette émotion comme dans les autres. »
Cette opinion que je soutenais il y a quelques années me semble encore la plus vraie aujourd’hui et beaucoup d’observations nouvelles viennent la confirmer. On peut constater chez bien des malades de véritables obsessions amoureuses accompagnées même de gestes érotiques et d’excitation sexuelle sans qu’il y ait réellement au point de départ un trouble sexuel proprement dit. Ces malades manifestent perpétuellement leur tendresse, ils cherchent sans cesse à se faire remarquer, ils ne rêvent qu’à des caresses et semblent « constamment tendre vers quelque chose qu’ils attendent avec impatience, comme s’ils aspiraient à l’amour ». Il ne faut pas s’y tromper et attribuer tout cela à des besoins génitaux inassouvis. Ces attitudes dépendent au fond de la peur terrible de l’isolement, des besoins impulsifs d’aimer et d’être aimé qui sont en rapport avec le besoin de direction, le besoin d’excitation et des sentiments d’incomplétude qui accompagnent les dépressions. Ces obsessions amoureuses sont [p. 116] l’équivalent des obsessions autoritaires, des obsessions de jalousie ou tout simplement des impulsions à prendre de l’alcool ou de la morphine. Elles alternent chez les mêmes malades avec des impulsions à rechercher les toxiques excitants, elles apparaissent avec les crises de dépression et disparaissent dès que la tension psychologique se relève. On commettrait une grande erreur en les considérant comme primitives et en les rattachant à quelque traumatisme sexuel ancien ou récent tandis qu’elles ne sont qu’une expression de la dépression elle-même.
D’autres malades semblent au contraire souffrir d’une grande frigidité génitale : ils se plaignent de ne jamais arriver à la jouissance complète, de n’avoir que des satisfactions insuffisantes et ils sont tout disposés à croire, comme le médecin psycho-analyste, que cette frigité [sic], ces coïts incomplets sont la cause primitive et essentielle de leur maladie nerveuse. L’observation suivante me paraît à ce propos intéressante : une femme de 30 ans, Newy, récemment mariée et déjà enceinte, est toujours restée complètement indifférente aux caresses de son mari. « Mon mari n’est pas pour moi ce qu’il devrait être, répète-t-elle, c’est là ce qui me rend si malade : je ne sens rien quand je suis près de lui, il y a un vide entre nous deux. Il n’arrive pas à faire que je puisse l’aimer… Moi qui avais tellement le désir de me marier, je n’éprouve rien dans le mariage et j’ai maintenant l’idée de quitter mon mari, de me sauver n’importe où… Cela m’énerve de ne sentir rien, d’être comme un morceau de bois et c’est là ce qui me rend malade. »
Remarquons d’abord que le trouble est beaucoup plus général que ne le pense la malade. Beaucoup d’autres sentiments sont également troublés, notons seulement le trouble curieux du sentiment de propriété : « Rien n’est à moi dans cet appartement… Je ne suis chez moi dans aucune de ces chambres, elles me semblent étrangères et comme mortes. Ces costumes, ces robes que l’on m’a achetés depuis le début des fiançailles ne sont pas à moi … Si je l’osais, je rechercherais mes vieilles robes et je les mettrais, car celles-là sont à moi… Si j’essaye aujourd’hui d’acheter quelque chose pour le ménage, je ne pourrai même pas en rentrant défaire le paquet, car ce qui est dedans ne sera pas à moi et ne m’intéressera pas. On peut venir prendre tout ce qui est chez moi, je ne retiendrai rien, je suis attachée à aucun objet [p. 117] comme à aucune personne. » Non seulement tous les sentiments, mais tous les actes sont troublés : elle ne peut absolument rien faire : « Je n’ai pas l’idée de m’installer ici, de mettre en train ce petit ménage. Si j’essaye de commencer une action, je me sens épuisée d’avance et je me mets à pleurer sans rien faire; mes actions ne sont pas réelles, pas plus que tout le reste… je ne peux même pas me décider à dormir… » Ces troubles généraux sont antérieurs aux relations sexuelles avec le mari, ils ont existé gravement dès le début des fiançailles, ils existaient même antérieurement quoique moins accusés. C’est une femme d’une volonté extrêmement faible qui a toujours vécu auprès de sa mère et de sa sœur et qui était conduite par elles dans toutes ses actions. « Ma mère et ma sœur décidaient tout pour moi et j’étais perdue, ahurie, si je me trouvais un moment sans elles. » Newy a déjà eu des crises de scrupules, moins fortes, il est vrai, que celle-ci, mais caractéristiques quand elle a été en vacances chez une tante loin de sa mère et de sa sœur. Dans ces conditions il me semble que ce serait une grave erreur que de placer les troubles génitaux à l’origine de tout cela et de lui faire avouer, ce qui est facile, quelques masturbations anciennes dont elle n’est que trop disposée à s’accuser. Cette femme ne fait pas correctement l’acte génital de la même manière qu’elle ne peut pas correctement faire l’acquisition d’un objet, ou commander son dîner, l’aboulie génitale n’est qu’une manifestation de son aboulie générale. Il s’agit d’une personne déjà déprimée depuis plusieurs années, dont la dépression tient à bien des causes, à l’hérédité certainement, à l’éducation qui a été absurde, à une mauvaise hygiène physique et morale. Cette personne prédisposée a été épuisée par les difficultés des fiançailles, elle a été bouleversée en quittant sa mère et sa sœur par la nouveauté de la vie conjugale, de la vie à deux, par l’indépendance et la solitude où elle était laissée, par le changement d’appartement et enfin par les débuts de la grossesse. Cet épuisement, cet abaissement de la tension psychologique a troublé toutes les actions, et en particulier a rendu impossibles les actes d’acquisition avec sentiment de propriété et l’acte génital avec jouissance, parce que ce sont précisément des phénomènes psychologiques de haute tension.
Ce qui prouve la justesse de notre interprétation, c’est que cette [p. 118] malade se rétablit peu à peu sans que l’on se préoccupe le moins du monde de modifier ou de mieux organiser ses relations sexuelles. Il a suffi de soins hygiéniques, d’une direction morale qui diminue la difficulté des décisions à prendre, d’une éducation graduelle de son initiative, et un jour la malade est toute surprise de constater que ses meubles deviennent sa propriété « la salle à manger est bien à moi, mais pas encore la chambre à coucher… » Quand un jour elle a réussi avec beaucoup d’aide à organiser un petit dîner chez elle, elle en est fière et remonte assez sa tension pour pouvoir aimer le mari, pour avoir une jouissance complète et pour pouvoir, ce qu’elle croyait impossible, dormir toute une nuit près de lui. Plus tard les fonctions génitales oscillent exactement comme l’activité générale, elles baissent quand tous les autres actes baissent aussi, elles remontent et parviennent à l’acte complet quand il y a eu excitation de la volonté sans aucun traitement relatif aux fonctions sexuelles. Il en est de même chez beaucoup de malades : bien des observations recueillies sans parti pris et de simples expériences dirigées par la méthode d’induction nous montrent que des troubles sexuels en apparence très graves et des souvenirs traumatiques en rapport avec eux sont des phénomènes secondaires qui dépendent de la maladie elle-même, bien loin de pouvoir l’expliquer.
Quand j’ai exprimé autrefois des réflexions de ce genre sur le caractère secondaire des troubles sexuels dont parlait M. Freud, je me suis attiré la même critique sévère qui avait déjà frappé M. J.-E. Donley et I. H. Coriat. Dans ses études sur la pathogénie de l’anxiété morbide (67), M. E. Jones rappelle les remarques que j’avais faites et sans les discuter, il les supprime par ce reproche capital : « M. Janet, dit-il, n’a pas fait la psycho-analyse de ses sujets…, s’il avait fait cette psycho-analyse, il aurait forcément constaté que ces défauts des fonctions génitales sont des troubles spécifiques dus aux premiers développements de la vie sexuelle des malades. » Hélas ! M. Jones a raison, je n’ai pas fait la psycho-analyse, c’est-à-dire que je n’ai pas interprété les dires des malades dans le sens d’un dogme arrêté d’avance et je ne pouvais pas le faire, justement parce que je ne croyais pas au dogme et que je cherchais à constater sa vérité. [p. 119] M. Jones raisonne comme les croyants qui n’admettent pas la critique de leur religion : « J’ai lu les livres sacrés, dit le sceptique, et j’ai trouvé en eux bien des contradictions et des incohérences. — C’est que vous n’aviez pas la Foi, lui répondra le croyant ; si vous aviez lu ces livres avec les yeux de la Foi, vous n’auriez pas vu ces contradictions. » Hélas, je vois bien qu’il faut avoir la foi pour bien comprendre les interprétations symboliques de la psycho-analyse. Plusieurs auteurs ont été étonnés du caractère mystique de ces études sur la sexualité, et ils se sont demandés comment M. Freud avait pu être amené à cette conviction et pourquoi il voyait sans cesse et partout des troubles sexuels, et plusieurs d’entre eux ont essayé d’expliquer cette singulière illusion. M. Aschaffenburg suppose que M. Freud interroge ses malades sur leur vie sexuelle d’une manière particulièrement impressionnante, qu’il les suggestionne en quelque manière et leur fait répondre tout ce qu’il veut, qu’il prend au sérieux le moindre mot si banal qu’il soit, pourvu qu’il ait rapport au sexe, qu’il l’arrête au passage, le cloue et le fait entrer dans une constellation mentale qu’il fabrique (68). M. Friedlander et M. Ladame (69) proposent une explication plus curieuse, c’est qu’il y a à Vienne une atmosphère sexuelle spéciale, une sorte de génie, de démon local qui règne épidémiquement sur la population et que dans ce milieu un observateur est amené fatalement à accorder une importance exceptionnelle aux questions relatives à la sexualité.
Ces remarques contiennent probablement toutes les deux de la vérité, je crois cependant que pour comprendre cette doctrine il est bon d’y ajouter encore une autre réflexion. Cette importance accordée aux événements sexuels résulte logiquement, si je ne me trompe, du caractère des premières études de M. Freud. Comme nous l’avons vu, cet auteur a essayé de transformer d’une manière originale les conceptions de l’analyse psychologique sur les souvenirs traumatiques et sur la subconscience en les généralisant démesurément. Quand on est décidé à retrouver chez tous les névropathes un souvenir d’une aventure émotionnante, capable de bouleverser la conscience, quand [p. 120] on admet à priori que ce souvenir sera toujours plus ou moins refoulé, dissimulé sous des symboles et des métaphores et qu’il ne sera exposé par le malade qu’avec des réticences et des efforts, on arrive à peu près forcément à la découverte de secrets d’alcôve. Dans notre civilisation les événements qui ont le plus souvent déterminé des émotions petites ou grandes, les faits dont les hommes et les femmes n’aiment pas d’ordinaire à parler librement, qu’ils expriment par des allusions, avec des mots latins qui bravent l’honnêteté, ce sont toujours les aventures de la vie sexuelle. La manière dont M. Freud avait compris le souvenir traumatique et les idées fixes subconscientes l’a conduit à donner cette grande importance à des aventures sexuelles racontées à demi-mot. Il ne faut pas être surpris s’il a apporté dans cette étude sa méthode d’interprétation ingénieuse et de généralisation hardie. Aussi croyons-nous qu’il faut résumer cette nouvelle étude de la même manière que les précédentes. L’analyse psychologique avait constaté à titre d’observation et d’hypothèse le rôle considérable de la sexualité dans les névroses ; la psycho-analyse a transformé cette notion et en a fait, si je puis emprunter un mot de M. Bleuler et de M. Ladame (70), le dogme de la pansexualité.
NOTES
(45) La psycho-analyse. Journal de psychologie normale et pathologique, 11e année, n°1, pp. 1-35, janvier-février 1914.
(46) A. Maeder, « Essai d’interprétation de quelques rêves », Archives de Psychologie, Genève, avril 1907.
(47) Cf M. Richard Wagner, « Ein Beitrag zur Psychologie des künstlerischen Schaffens », Leipzig, 1911 ; American Journal of Psychology, 1911, p. 420.
(48) S. Freud, « Beitrage zur Psychologie des Liebeslebens », Jahrbuch für psychoanalytische Forschungen, 1910.
(49) E. Jones, « The Pathology of Morbid Anxiety », Journal of Abnormal Psychlology, juillet 1911, p. 103.
(50) Cf. Ladame, « Névroses et Sexualité », L’Encéphale, 1913, p. 163.
(51) S. Freud, Die psychogene Sehstorung in psycho-analylischer Aufflassung, 1910 ; cf Acher, « Recent Freudian Literature», American Journal of Psychology, 1911, p. 426.
(52) J. Sadger, « Aus dem Liebesleben Nicolaus Lenau », Schriften zur angewandten Seelenkunde, J 909. Acher. op. cit., p. 432.
(53) S. Freud, Eine Kindheilserinnerung des Leonardo da Vinci, Wien, 1910. R. Acher. op. cit., 1911,p.414.
(54) Ladame, « Névroses et Sexualité », L’Encéphale, 1913, p. 71.
(55) Cf. ibid., p. 179.
(56) Déjerine et E, Gauckler, Les manifestationsfonctionnelles des Psycho-névroses, 1911, p. 341.
(57) « L’amnésie et la dissociation des souvenirs par l’émotion ». Journal de Psychologie normale et pathologique, septembre 1904 ; L’Etat mental des hystériques, 2e édition, 1911, p. 506.
(58) « Traitement psychologique de l’hystérie », dans le Traité de Thérapeutique de A. Robin, 1898, xv, p. 149
(59) I-H. Coriat (de Boston), « Discussion of the Symposium », Journal of Abnormal Pychology, juillet 1911, p. 167
(60 Boris Sidis, « Pear, Anxiety, and Psychopathie Maladies », Journal Abnormal Psychology, juillet 1911, p. 120.
(61) J.-E. Donley, « Freud’s Anxiety Neurosis ». Journal of Abnormal Psychology, 1911, p. 130.
(62) J.-H. Coriat, « A Contribution to the Psychopathology of hysteria », Journal of Abnormal Psychology, 1911, p. 60
(63) Obsessions et Psychasténie, 1903, pp. 224-33, 561-6, 736
(64) Ibid., 1903, I, p. 623
(65) Fr. Lyman Wells, « Critique of lmpure Reason », Journal of Abnormal Psychology, juin 1912.
(66) Ladame, « Névroses et Sexualité», L’Encéphale, 1913, p. 65.
(67) E. Jones, « The Pathology of Morbid Anxiety », Journal of Abnormal Psychology, juillet 1911, p. 98
(68) G. Aschaffenburg, « Die Beziehungen des sexuellen Lebens zur Entstehung von Nervenund Geisteskrankheiten », Münchener medizinische Wochenschrift, 11 septembre 1906.
(69) « Névroses et Sexualité », L’Encéphale, février 1913, p. 160.
(70) P. Ladame, op. cit., L’Encéphale, 1913, p. 72.
(71) S. Freud. « Ueber wilde Psychoanalyse », Centralblatt für Psychoanalyse, 1910, III, 91. Acher, op. cit., American Journal of Psychlolgy, 1911, p. 425.
(72) J.-J. Putnam, « Personal impression of S. Freud and his work », Journal of Abnormal Psychology, 1910, p. 375.
(73) A. Maeder, « Le Mouvement psycho-analytique », L’Année psychologique, 1912.
(74) E. Jones, Papers on Psycho-analysis, 1913, préface, p. XI.
(75) Ladame, « Névroses et Sexualité », L’Encéphale, 1913, p. 59.
(76) ) Breuer et Freud. Hysterie, p. 4.
(77) Freud Abwehrpsychosen, p. 8
(78) E. Jones. Symposium de M. MorIon Prince, p. 114
(79) I.-H. Corial, Journal of Abnormal Psychology, 1911, pp. 60, 167.
(80) E. Régis el A. Hesnard, « La doctrine de Freud », L’Encéphale, 1913, loc. cit.
La sexualité est joie. C’est le regard des autres qui la pervertit.