Joseph de Tonquédec – Les maladies du système nerveux et la possession diabolique. Extrait de la revue « Etudes carmélitaines – Foi et mystiques humaines », (Paris), XXIIe année, volume 2, 1938, pp. 19-26.
Joseph de Tonquédec nait le 27 décembre 1868 et meurt le 21 novembre 1962. Jésuite, théologien, il sera l’exorciste officiel du diocèse de Paris de 1924 à 1962. Une des grandes figure des Etudes carmélitaine où il publia de nombreux article, il fut un bon spécialiste des possessions démoniaques et des œuvres de Satan. Parmi ses publications nous retiendrons :
— Le miracle et ses contrefaçons. Prodiges: païens – hérétiques. Magie. Spiritisme. Hypnotisme. Hystérie. Possession. Paris, Retaux-Bray, 1887. 1 vol. in-8°,
— Philosophie Bergsonienne, Paris, Editions Beauchesne, 1936.
— Les maladies nerveuses ou mentales et les manifestations diaboliques. Précédé d’une lettre de S. Em. Le Cardinal Verdier. Paris, éditions Beauchesne, 1938. 1 vol.
— Introduction à l’étude du Merveilleux et du Miracle, éditions Beauchesne, Paris, 1916.
— Autour de la psychanalyse. A propos d’un ouvrage récent. Article parut dans la revue « Archives de philosophie », volume XII, cahier III, 1936, pp. 101-108. [en ligne sur notre site Internet]
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Par commodité nous avons renvoyé la note originale de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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Les maladies du système nerveux et
la possession diabolique
LA PSYCHASTHÉNIE (1)
Nous trouvons les analogues de la possession diabolique d’abord dans les névroses, mais non pas également dans toutes. Il y a peu de chose à dire, à cet égard, de la névrose émotionnelle ou de la neurasthénie, par exemple. Il en va autrement de la psychasthénie et de l’hystérie. Ce sont celles-ci que nous étudierons en premier lieu. Nous rapprocherons d’elles certaines formes de l’épilepsie et de ces déséquilibres constitutionnels que l’on classait naguère sous la rubrique de la dégénérescence.
Dans ces divers cas, en effet, l’analogie avec la possession se marque par les mêmes traits. Il y a toujours un dédoublement, au moins ébauché, de la personnalité, avec manifestations mauvaises, en désaccord avec le caractère, connu par ailleurs, du sujet. La possession véritable, dont les traits spécifiques sont tout autres, comporte aussi ceux-là. Et ils suffisent pour que des personnes peu compétentes en ces matières puissent, en les observant, se croire en présence de la possession telle que l’Église l’entend : Charcot et ses disciples n’ont d’ailleurs pas raisonné différemment.
Dans les névroses autres que la psychasthénie et l’hystérie, on ne constate d’ordinaire rien de pareil. Ce n’est pas à dire qu’elles ne puissent fournir au malade ou à son entourage l’occasion de penser à la possession. Un émotif, par exemple, à la suite d’une menace de vengeance ou d’une malédiction, se trouvera bouleversé moralement et physiquement. Sa situation sociale pourra se ressentir du choc : il perdra une place, plusieurs places successives, qu’il est devenu incapable de remplir. Désormais le malheur s’acharne sur lui. Alors, il voit dans ses infortunes l’effet d’un malice, d’une vindicte armée de pouvoirs occultes. Mais ceci [p. 20] est une interprétation des faits, surajoutée à la névrose et toute subjective. Ce n’est pas la névrose émotive elle-même qui présente objectivement des analogies avec la possession. Pareillement, le neurasthénique songeur et inquiet se penchera volontiers sur l’obscurité du destin, sur le mystère du monde : il éprouvera l’attrait, la fascination de ces abîmes, et il croira peut-être discerner dans leur ombre le jeu de puissances perfides tournées contre lui. Interprétation encore, pensées personnelles qui ne changent rien à la névrose ; la neurasthénie prise en elle-même, n’est point une contrefaçon de l’état diabolique.
Au contraire, dans la psychasthénie et l’hystérie, comme dans les états d’épilepsie ou de déséquilibre que nous en rapprocherons, les symptômes de la maladie elle-même offrent une analogie avec ceux de la possession. C’est ce que nous allons essayer de faire voir dans des chapitres spéciaux consacrés à chaque groupe morbide. Parlons d’abord de la psychasthénie.
1
Les malades qu’étudie M. Pierre Janet dans son célèbre ouvrage sur Les Obsessions et la Psychasthénie constituent une espèce très répandue et bien caractérisée : nous les avons fréquemment rencontrés.
Ce sont d’abord des obsédés. Ils ressentent, avec une exagération et une continuité morbides, ce que nous éprouvons tous, de façon occasionnelle et passagère, lorsqu’un air de musique entendu nous revient et nous poursuit comme une hantise. Une idée, une image visuelle ou auditive, chargée pour l’ordinaire d’une puissance émotive considérable, s’est implantée dans leur esprit et n’en veut plus sortir. Inutile de leur conseiller de n’y plus penser : le phénomène est indépendant de leur volonté. Voici quelques cas. Une malade de M. Janet est obsédée pendant trois ans par l’image d’un homme pendu dont on lui a raconté la triste fin (2).
J’en connais qui se représentent assidument tel acte de leur vie passée qui a laissé chez eux une trace profonde et des remords : la façon insuffisante, par exemple, dont ils ont soigné leur père ou leur mère dans sa dernière maladie. Un prêtre est harcelé par la préoccupation de ne pas profaner les saintes espèces, et il ne peut s’empêcher de prendre chaque petit point blanc qu’il découvre sur ses vêtements, à terre, sur des objets divers, pour une parcelle d’hostie consacrée.
Ce n’est pas tout. L’image ou l’idée obsédante détermine souvent [p. 21] une impulsion à laquelle on cède plus ou moins complètement comme à une contrainte consciente. La pensée des fautes commises impose irrésistiblement le besoin de s’examiner et de se réexaminer, de réitérer des confessions qui n’apportent nul apaisement, d’importuner un directeur de conscience pour se faire répéter ce que l’on sait d’avance pour l’avoir déjà entendu cent fois. Pareillement, des actes indifférents au point de vue moral, mais absurdes, sont exécutés : on va, par exemple, vérifier à plusieurs reprises si une porte est bien close ou un robinet fermé ; on se lave perpétuellement les mains pour en faire disparaître des souillures imaginaires ; on passe des heures, dont on déplore la perte, à ranger, à plier des étoffes, à faire un lit, à nettoyer scrupuleusement une chambre, etc.
C’est l’obsession de l’ordre ou de la propreté qui exige ces dépenses stériles de temps et d’efforts. Tout ceci n’est pas encore trop terrible ; mais voici qui devient plus impressionnant, parce que le sentiment de contrainte s’accentue : un blasphème, un gros mot qui harcèle la pensée monte jusqu’aux lèvres, est prononcé, au grand désespoir du sujet : comme parfois celui qu’un air de musique obsédait se met à le chanter. De même des pensées lubriques amènent des mouvements, des attitudes, dont le sujet se demande avec angoisse s’il est responsable.
Souvent néanmoins, en particulier quand un acte apparaît trop difficile, scandaleux, extrême, criminel, on en reste à la tentation obsédante, à des ébauches’ d’exécution, parfois à peine perceptibles.
Une excellente mère de famille ne peut plus voir un couteau, à table elle cache le sien, parce qu’elle sent que sa main va le prendre pour tuer son mari ou ses enfants. « Cela me pousse, écrit-elle, et je suis obligée de me cramponner, moi qui ne l’ai jamais fait [du mal], même pas à un animal… Je suis malheureuse [à cause de ces impulsions] avec mon mari qui est si bon, avec ma fille et mes petits-enfants, car j’ai peur de faire du mal, car il y a des fois que cela me pousse bien fort. » Jamais pourtant elle ne cèdera : la chose est sûre. Ou bien ce seront des impulsions au suicide, qui, pour l’ordinaire, n’amèneront pas non plus de catastrophe ; ou encore, chez des croyants, d’interminables ruminations sur les difficultés contre la foi, des impulsions à en rejeter le joug, qui n’aboutiront pas, la plupart du temps, à l’apostasie consomniée, lucide et réfléchie.
Aux impulsions positives font pendant des phénomènes négatifs : impuissances, inhibitions de tout genre. Des actions, même banales, comme la marche, la déglutition, la satisfaction des besoins naturels en certaines circonstances, deviendront impossibles : on se sentira arrêté, quand on voudra les accomplir ; pour peu qu’un [p. 22] sentiment plus ou moins conscient de difficulté physique ou morale soit venu s’y attacher.
Voilà un croquis sommaire des caractères de la psychasthénie : il suffit pour donner une idée de la nature de cette maladie et des troubles pénibles qu’elle peut occasionner. Ceux-ci naissent d’un fond de tempérament inquiet, douteur, incertain, volontiers effrayé jusqu’à l’affolement, surtout par la pensée de perdre ce à quoi l’on tient le plus : d’où naît une sorte de vertige mental. La peur de la chute fait tomber ; la peur d’accomplir certains actes fascine l’esprit et porte à les poser ; la peur de ne pas en accomplir d’autres de façon convenable empêche d’arriver à s’en acquitter.
II
Les personnes en proie à ces obsessions, impulsions ou inhibitions ont facilement l’idée qu’une force étrangère et mauvaise s’impose à elles et les contraint. Certains médecins diront que c’est là une idée délirante, une ébauche de psychose, je ne suis pas de cet avis. Une idée délirante est une idée évidemment absurde pour tout homme normal et compétent, et qui de plus ne se laisse réduire ni par l’instruction ni par le raisonnement. On peut être dans l’erreur sans délirer (3). Nous avons affaire, dans le cas présent, à une erreur dont il est parfois possible de débarrasser le sujet, selon son degré d’intelligence et d’instruction. Erreur qui d’ailleurs n’apparaît pas absurde de prime abord, mais qui s’appuie sur des apparences, des vraisemblances. En particulier, pour un chrétien déjà convaincu de l’existence des esprits mauvais et ignorant la pathologie mentale, cette explication là est peut-être celle qui se présentera la première et le plus naturellement.
En quoi donc consistent précisément les apparences qui pourraient faire penser ici à une obsession non pathologique mais préternaturelle, voire à une possession véritable ? Une personne déteste le péché, le blasphème, l’impureté, la cruauté, l’homicide, les procédés grossiers, impolis. Et elle se sent portée violemment vers tout cela. Est-ce bien elle qui s’y porte ? n’est-elle point passive sous une influence étrangère ? Une dame intelligente, instruite, très morale, dont le langage est celui des personnes du meilleur monde, entend perpétuellement retentir dans son cerveau une phrase de l’obscénité la plus brutale et se la répète mentalement [p. 23] sans relâche. Ce n’est pas elle qui l’évoque, elle subit cette évocation avec douleur et dégoût. Je me souviens d’une jeune fille parfaitement élevée, qui vint me trouver pour un cas du même genre. Elle me parla fort poliment, mais au cours de la conversation la plus paisible, elle lâchait de temps en temps le mot de Cambronne ou d’autres aussi grossiers, me faisait un pied de nez, me tirait la langue, crachait, etc. Et elle s’en excusait toute confuse, me priant instamment de croire que tout cela ne venait pas d’elle, mais du « voyou » qui avait élu domicile chez elle et se servait de ses organes malgré elle. Ceci est encore relativement anodin ; il y a plus grave. On rencontre des malheureux harcelés par des impulsions sexuelles (à la masturbation, à la recherche de rendez-vous amoureux, etc.) qui parfois se débattent contre elles et parfois aussi y cèdent avec une responsabilité atténuée, comme sous l’empire d’une fatalité. D’autres enfin, ou les mêmes — et ceci met le dernier trait et le plus accusé au tableau diabolique — sont poursuivis par l’idée de se donner à Satan ou de l’invoquer : ils le font parfois et souvent aussi croient simplement l’avoir fait, ou encore se demandent avec angoisse s’ils ne l’ont pas fait.
Inversement, il y en a qui se sentent arrêtés devant certaines actions dont ils sont anxieux de se bien acquitter. Ils se trouvent paralysés pour la prière, leurs lèvres se refusent à en articuler les mots. Un individu désire beaucoup recevoir la communion, mais à la sainte table, son gosier se resserre et il ne peut avaler l’hostie.
Certains ne pourront même plus entrer à l’église sans éprouver une angoisse étrange, sentir leurs jambes se dérober sous eux et se trouver mal. De là naîtra peut-être une aversion pour les choses religieuses qui, chez une personne foncièrement croyante et pieuse, étonnera, stupéfiera et donnera à penser qu’une domination infernale s’exerce sur elle.
Pire encore : certains malades, alors qu’ils veulent exécuter une action, font l’action contraire, opposée, discordante. Par exemple, il suffit qu’ils veuillent se recueillir pour être assaillis par les pensées les plus obscènes sur Dieu, le Christ, la Sainte Vierge, ou encore poussés à des négations du dogme, à des révoltes, à des blasphèmes etc. J’ai analysé ailleurs cette loi du contraste et donné de nombreux exemples de son application dans le domaine religieux (4). Qu’on se souvienne seulement de ces prêtres invinciblement portés à rendre invalides les actes les plus importants de leur ministère. Facilement on croira reconnaître ici la marque, la signature de « l’Esprit qui nie », de celui qui s’oppose partout à l’œuvre de Dieu. [p.24]
En scrutant leur passé pour y chercher la raison de leur triste sort, ces pauvres gens — qui sont des inquiets, des scrupuleux — croiront parfois la découvrir dans des fautes particulièrement émotionnantes, dans un vœu non accompli, une vocation non suivie, en punition de quoi Dieu les a livrés à Satan.
Certes, un chrétien doit admettre l’action du démon dans les affaires humaines. Elle s’exerce de plusieurs façons. D’abord il est sûr que le Tentateur utilise pour ses fins perverses les mauvaises tendances de notre nature (5). Il peut exploiter dans le même sens une faiblesse morbide qui rend l’âme plus maniable et plus perméable à ses influences. Mais, en ce premier cas, c’est son action ordinaire, normale, son rôle habituel de tentateur qui s’exerce, et il ne peut être question alors d’action extraordinaire exercée par lui, de possession ou d’obsession au sens théologique des mots. En second lieu, rien ne permet d’exclure l’hypothèse où des phénomènes diaboliques préternaturels prendraient place au milieu de phénomènes purement morbides. De même que les faveurs divines, les grâces mystiques, ne guérissent pas les sujets qui les reçoivent et peuvent coexister avec des maladies même nerveuses, ainsi le merveilleux démoniaque peut s’installer chez un sujet malade par ailleurs. Ici, comme partout, des cas mixtes se rencontrent. Mais en elles-mêmes, les obsessions et les impulsions morbides, porteraient-elles sur des matières religieuses ou morales, n’appartiennent point au préternaturel.
En effet, ces phénomènes prennent place, à côté d’une infinité d’autres exactement semblables et dont ils ne diffèrent que par une coloration tout occasionnelle et superficielle, parmi les symptômes d’une névrose bien connue et bien analysée. Leurs pareils éclosent sur les terrains les plus neutres. Un professionnel, par exemple, aura la phobie de son métier et se trouvera paralysé pour l’exercer, comme un dévot pour prier ou recevoir les sacrements. L’état d’angoisse devant la sainte communion, qui rend certains individus incapables de la faire, a ses équivalents dans les impuissances morales qui se manifestent à propos d’un examen, de la parole publique, ou des devoirs de la vie conjugale. La perspective de toute démarche à laquelle on attache beaucoup d’importance est capable de produire chez les prédisposés des inhibitions pareilles. Une obsession arithmétique, qui oblige le malade à tout [p. 25] chiffrer, à compter perpétuellement, s’impose à lui de la même manière que la phrase obscène tourmente une conscience pure.
Le croyant qui ne peut plus entrer dans l’église présente objectivement les mêmes symptômes physiques et mentaux que d’autres psychasténiques (5) à l’abord d’une salle de réunion profane où ils vont être enfermés, d’une place ou d’une rue qu’ils auront à traverser. De même que certains sont poussés malgré eux à blasphémer Dieu, d’autres le sont à insulter leur médecin, leurs parents, leur confesseur. De même que certains ont des remords au sujet d’une vocation religieuse, d’autres en ont à propos d’une vocation d’instituteur (6), d’une carrière ou d’un mariage manqués, pensent-ils, par leur faute. De même que certains apportent une inquiétude scrupuleuse dans leurs examens de conscience, d’autres l’éprouvent à propos de comptes à faire, de prescriptions médicales à observer, de régime à suivre, etc. On voit que nos malades à préoccupations religieuses et qui rêvent du diable ne sont en aucune façon « des phénomènes », sans analogues dans la nature et pour l’explication desquels il faudrait recourir à des causes préternaturelles.
J’ai plus d’une fois rencontré aussi le cas suivant. Des obsédés, persuadés d’être en proie au démon et soutenus dans cette persuasion par leur entourage, se trouvaient, dès qu’ils étaient hors de chez eux et de leur milieu habituel, débarrassés de leurs misères. Ils y retombaient dès qu’ils rentraient. D’où ils tiraient cette conclusion : « C’est la maison qui est ensorcelée, possédée. Une influence maléfique l’habite, qui m’atteint dès que j’y pénètre. » De là à chercher la cause du mal en quelque « envoûteur », ou jeteur de « sorts », en quelque adepte de « la magie noire, » en quelque méchante ou jalouse personne qui veut troubler le bonheur d’autrui, il n’y a qu’un pas. Et alors, l’on vient demander au prêtre de conjurer le sort attaché aux immeubles, « d’exorciser la maison ». Pourtant nous n’avons affaire en l’espèce, qu’à des phénomènes naturels. Les idées obsédantes et impulsives sont suggérées par association avec certains lieux, certains objets, certaines personnes : de même que la chambre où l’on a vu mourir quelqu’un suscite naturellement des idées funèbres. En outre, les convictions sont contagieuses ; l’atmosphère confinée ou viciée par des idées fausses et superstitieuses que l’on respire dans certains intérieurs familiaux ou autres, est malsaine. Ces raisons suffisent à expliquer le soulagement, le bien-être éprouvé loin de telles influences, de telles suggestions des lieux ou des personnes. [p. 26] Et cela montre aussi l’utilité thérapeutique d’un changement de milieu (8). Les mêmes remarques s’appliquent — et mieux encore — aux cas d’hystérie.
Parmi les contrefaçons de la possession diabolique, la psychasthénie n’est pas la plus achevée : ce n’est qu’une ébauche encore indécise, souvent faible. D’autres états morbides nous montreront, en ce genre, des spécimens beaucoup plus parfaits. Elle porte cependant certains traits essentiels qui, fréquemment, — l’expérience nous l’a appris — donnent lieu à la confusion. A ce titre elle valait d’être étudiée ici.
JOSEPH DE TONQUÉDEC S. J.
NOTES
(1) Cet article est un fragment détaché d’un ouvrage en préparation
(2) Op. cit., l, Il 16.
(3) Cf. ARNAUD & GILBERT BALLET, Traité de Pathologie mentale, p. 662, et ROLAND DALBIEZ : La méthode psychanalytique et la doctrine freudienne, II, p. 496.
(4) Revue d’ascétique et de mystique, Tome XIV, Juillet 1933, p. 225 sq.
(5) « De même, dit Bossuet en qui nous entendons l’enseignement commun de l’Église, de même qu’une vapeur pestilente se coule au milieu des airs, et imperceptible à nos sens, insinue son venin dans nos cœurs, ainsi cet esprit malin, par une subtile et insensible composition corrompt la pureté de nos âmes. Nous ne nous apercevons pas qu’il agisse en nous parce qu’il suit le courant de nos inclinations. Il nous pousse et nous précipite du côté qu’il veut voir pencher. » Premier Sermon sur les Démon. »
(6) JANET, op. cit., p. 175.
(7) Ibidem, p. 22.
(8) « Certains de ces scrupuleux sont améliorés simplement quand on les change de milieu, pour que tous les objets du milieu habituel ont pris une influence évocatrice. C’est pourquoi ils retombent malades en rentrant chez eux. Je retrouve toutes mes idées en rentrant chez moi, dit une malade, comme un paquet posé ; chaque meuble en est un vrai nid. » Janet. Op. cit., pp. 77-78. Cf. 292.
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