Louis de Jaucourt (et Saint-Lambert). Mélancolie (Médecine). Extrait de « l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers… par Diderot et D’Alembert », (Paris), tome 10, 1751, pp. 308-311.
Bien que l’article soit signé par Saint-Lambert et Jaucourt, nous pensons que seul ce dernier, a rédigé la partie médecine ici reproduite. La première partie intitulée : Economie animale se trouve également sur notre site.
Louis de Jaucourt (1704-1779). Rédacteur de l’Encyclopédie et docteur en médecine français.
Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803). Militaire, philosophe, conteur et poète français.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
[p.308]
Melancholie, s. f. (Médecine). μελανχολια est un nom composé de μελαινα, noire, & χολη, bile, dont Hippocrate s’est servi pour désigner une maladie qu’il a cru produite par la bile noire dont le caractère générique & distinctif est un délire particulier, roulant sur un ou deux objets déterminément, sans fièvre ni fureur, en quoi elle diffère de la manie & de la phrénésie. Ce délire est joint le plus souvent à une tristesse insurmontable, à une humeur sombre, à la misanthropie, à un penchant décidé pour la solitude, on peut en compter autant de sortes qu’il y a des personnes qui en sont attaquées ; les uns s’imaginent être des rois, des seigneurs, des dieux ; les autres croient être méthamorphosés en bêtes, en loups, en chiens, en chats, en lapins : on appelle le délire de ceux-ci lycanthropie, cynanthropie, gallantropie, &c. voyezces mots, & en conséquence de cette idée, ils imitent ces animaux & suivent leur genre de vie ; ils courent dans les bois, se brûlent, se battent avec les animaux, &c.on a vû des mélancholiques qui s’abstenoient d’uriner dans la crainte d’inonder l’univers & de produire un nouveau déluge. Trallian raconte qu’une femme tenoit toujours le doigt levé dans la ferme persuasion qu’elle soutenoit le monde ; quelques-uns ont cru n’avoir point de tête, d’autres avoir le corps ou les jambes de verre, d’argille, de cire, &c.il y en a beaucoup qui ressentant de la gêne dans quelque partie, s’imaginent y avoir des animaux vivans renfermés.
Il y a une espèce de mélancholieque les arabes ont appellé kutabuk, du nom d’un animal qui court toujours de côté & d’autre sur la surface de l’eau, ceux qui en sont attaqués sont sans cesse errans & vagabons : le délire qui est diamétralement opposé à celui-là est extrêmement rare. Sennert dit lui-même ne l’avoir pas pû observer dans le cours de sa pratique. Un médecin de l’électeur de Saxe nommé Janus, raconte qu’un pasteur tomba dans cette espèce de mélancholie ; il restoit dans l’état & la situation où il s’étoit mis jusqu’à ce que ses amis l’en tirassent ; lorsqu’il étoit une fois assis, il ne se seroit jamais relevé ; il ne parloit pas, ne faisoit que soupirer, étoit triste, abattu, ne mangeoit que lorsqu’on lui mettoit le morceau dans la bouche, &c. on peut rapporter à la mélancholie, la nostralgie ou maladie du pays, le fanatisme & les prétendus possessions du démon. Les mélancholiques sont ordinairement tristes, pensifs, rêveurs, inquiets, constans dans l’étude & la méditation, patiens du froid & de la faim ; ils ont le visage austère, le sourcil froncé, le teint basané, brun, le ventre constipé. Forestus fait mention d’un mélancholique, qui resta trois mois sans aller du ventre, lib. II. observ. 43.& on lit dans les mémoires de Petersbourg, tom. I. pag. 368.l’histoire d’une fille aussi mélancholique, qui n’alla pas à la selle de plusieurs mois. Ils se comportent & raisonnent sensément sur tous les objets qui ne sont pas relatifs au sujet de leur délire.
Les causes de la mélancholiesont à-peu-près les mêmes que celles de la manie ; voyez ce mot : les chagrins, les peines d’esprit, les passions, & sur-tout l’amour & l’appétit vénérien non satisfait, sont le plus souvent suivis de délire mélancholique ; les craintes vives & continuelles manquent rarement de la produire : les impressions trop fortes que font certains prédicateurs trop outrés, les craintes excessives qu’ils donnent des peines dont notre religion menace les infracteurs de sa loi, font dans des esprits foibles des révolutions étonnantes. On a vû à l’hôpital de Montélimart plusieurs femmes attaquées de manie & de mélancholieà la suite d’une mission qu’il y avoit eu dans cette ville ; elles étoient sans cesse frappées des peintures horribles qu’on leur avoit inconsidérement présentées ; elles ne parloient que désespoir, vengeance, punition, &c.& une entr’autres ne vouloit absolument prendre aucun remède, s’imaginant qu’elle étoit en enfer, & que rien ne pouvoit éteindre le feu dont elle prétendoit être dévorée. Et ce ne fut qu’avec une extrême difficulté que l’on vint à bout de l’en retirer, & d’éteindre ces prétendues flammes. Les dérangemens qui arrivent dans le foie, la rate, la matrice, les voies hemorroïdales donnent souvent lieu à la mélancholie. Le long usage d’alimens austères, endurcis par le sel & la fumée, les débauches, le commerce immodéré avec les femmes dispose le corps à cette maladie, quelques poisons lents produisent aussi cet effet ; il y en a qui excitent aussitôt le délire mélancholique : Plutarque (dans la vie d’Antoine) rapporte que les soldats d’Antoine passant par un désert, furent obligés de manger d’une herbe qui les jetta tous dans un délire qui étoit tel, qu’ils se mirent tous à remuer, à tourner, à porter les pierres du camp ; vous les eussiez vû couchés par terre, occupés à défricher & transporter ces rochers, & peu de tems après mourir en vomissant de la bile ; le vin fut, au rapport de cet auteur, le seul antidote salutaire.
Quelques médecins, très-mauvais philosophes, ont ajouté à ces causes l’opération du démon ; ils n’ont pas hésité à lui attribuer des mélancholiesdont ils ignoroient la cause, ou qui leur ont paru avoir quelque chose de surnaturel ; ils ont fait comme ces auteurs tragiques, qui ne sachant comment amener le dénouement de leur pièce, ont recours à quelque divinité qu’ils font descendre à propos pour les terminer.
Les ouvertures des cadavres des personnes mortes de cette maladie, ne présentent aucun vice sensible dans le cerveau auquel on puisse l’attribuer ; tout le dérangement s’observe presque toujours dans le bas-ventre, & sur-tout dans les hypocondres, dans la région épigastrique ; le foie, la rate, l’utérus paroissent principalement affectés & semblent être le principe de tous les symptômes de la manie ; parcourons pour nous en convaincre, les différentes observations anatomiques qu’on a faites dans le cas présent. 1°. Bartholin a trouvé la rate extrêmement petite & les capsules atrabilaires considérablement augmentées, centur. 1. hist. 38. Riviere a vu l’épiploon rempli de tumeurs skirrheuses, noirâtres, dans un chanoine de Montpellier, mélancholique,lib. XIII. cap. jx. Mercatus écrit, que souvent les vaisseaux mésaraïques sont variqueux, carcinomateux, engorgés, distendus par un sang noirâtre. Wolfrigel a fait la même observation, miscella 2. curios. ann. 1670. Antoine de Pozzis raconte, qu’on trouva dans le cadavre d’un prince mort mélancholique, le mésentère engorgé, parsemé de varices noirâtres, le pancreas obstrué, la rate fort grosse, le foie petit, noir & skirrheux, les reins contenans plus de cent petits calculs, &c. ibid. ann. 4. observ. 29. Enfin, nous remarquerons en général, que très-souvent les cadavres des mélancholiques examinés, nous font voir un dérangement considérable dans le bas-ventre ; dans les uns les viscères ont paru grossis, monstrueux, dans d’autres extrêmement petits, flétris ou manquans absolument ; dans ceux-ci, durs, skirrheux ; dans ceux-là, au contraire, ramollis, tombant en dissolution : dans la plûpart on les a vûs de même que l’estomac, le cœur & le cerveau, inondés d’un sang noirâtre ou d’une humeur noire, épaisse, gluante comme de la poix, que les anciens appelloient atrabileoumélancholie ; on peut consulter à ce sujet Bartholin, Dodonée, Lorichius, Hoechstetter, Blazius, Hoffman, &c.Considerant toutes ces observations, & les causes les plus ordinaires de cette maladie, l’on ne seroit pas éloigné de croire que tous les symptômes qui la constituent sont le plus souvent excités par quelque vice dans le bas-ventre, & sur-tout dans la région épigastrique. Il y a tout lieu de présumer que c’est-là que réside ordinairement la cause immédiate de la mélancholie, & que le cerveau n’est que sympathiquement affecté ; pour s’assurer qu’un dérangement dans ces parties peut exciter le délire mélancholique, il ne faut que faire attention aux lois les plus simples de l’économie animale, se rappeller que ces parties sont parsemées d’une grande quantité de nerfs extrêmement sensibles, considérer que leur lésion jette le trouble & le désordre dans toute la machine, & quelquefois est suivie d’une mort prochaine ; que l’inflammation du diaphragme détermine un délire phrénétique, connu sous le nom de paraphrénesie ;& enfin, il ne faut que savoir que l’empire & l’influence de la région épigastrique sur tout le reste du corps, principalement sur la tête, est très-considérable ; ce n’est pas sans fondement que Van-Helmont y avoit placé un archée, qui de là gouvernoit tout le corps, les nerfs qui y sont répandus lui servoient de rènes pour en diriger les actions.
Des faits que nous avons cités plus haut, on pourroit aussi déduire que la bile noire ou atrabile que les anciens croyoient embarrassée dans les hypocondres, n’est pas aussi ridicule & imaginaire que la plûpart des modernes l’ont pensé : outre ces observations, il est constant que des mélancholiques ont rendu par les sels & le vomissement des matières noirâtres, épaisses comme de la poix, & que souvent ces évacuations ont été salutaires ; on lit dans les mélanges des curieux de la nature, decad. 1. ann. 6. pag. lxxxxij.une observation rapportée par Dolée, d’un homme qui fut guéri de la mélancholiepar une sueur bleuâtre qui sortit en abondance de l’hypocondre droit. Schmid ibid.raconte aussi que dans la même maladie, un homme fut beaucoup soulagé d’une excrétion abondante d’urine noire ; mais comment & par quel méchanisme, un pareil embarras dans le bas-ventre peut-il exciter ce délire, symptôme principal de mélancholie, c’est ce que l’on ignore ? Il nous suffit d’avoir le fait constaté, une recherche ultérieure est très-difficile purement théorique & de nulle importance ; il seroit ridicule de dire avec quelques auteurs, que les esprits animaux étant infectés de cette humeur noire, ils en sont troublés, perdent leur nitidité & leur transparence, & en conséquence l’âme ne voit plus les objets que confusément, comme dans un miroir terni ou à travers d’une eau bourbeuse.
Cette maladie est trop bien caracterisée par l’espèce de délire qui lui est propre, pour qu’on puisse la méconnoître, on peut même la prévoir lorsqu’elle est prête à se décider ; les symptômes qui la précédent sont à-peu-près les mêmes que nous avons rapportés à l’article Manie, voyez ce mot. Si la tristesse & la crainte durent long-tems, c’est un signe de mélancholieprochaine, dit Hippocrate : le même auteur remarque, que si quelque partie est engourdie & que la langue devienne incontinente, cela annonce la mélancholie ; aphor. 23. lib. VI.&c.
La mélancholieest rarement une maladie dangereuse, elle peut être incommode, désagréable, ou au contraire plaisante, suivant l’espèce de délire ; ceux qui se croient rois, empereurs, qui s’imaginent goûter quelque plaisir, ne peuvent qu’être fâchés de voir guérir leur maladie ; c’est ainsi qu’un homme qui s’imaginoit que tous les vaisseaux qui arrivoient à un port lui appartenoient, fut très-fâché ayant ratrappé son bon sens, d’être désabusé d’une erreur aussi agréable. Tel étoit aussi le mélancholique dont Horace nous a transmis l’histoire, qui étant seul au theâtre, croyoit entendre chanter de beaux vers & voir jouer des tragédies superbes ; il étoit fâché contre ceux qui lui avoient remis l’esprit dans son assiete naturelle, & qui le privoient par-là de ce plaisir.
Post me occidistis, amici,
Non servastis, ait ; cui sic extorta voluptas,
Et demptus per vim mentis gratissimus error.
Il n’en est pas de même de ceux qui pensent être transformés en bêtes, qui ont des délires tristes, inquiets ; celui, par exemple, qui s’abstenoit de pisser crainte d’inonder le monde, risquoit beaucoup pour sa santé & pour sa vie, en retenant un excrément dont le séjour dans la vessie ou la suppression peut occasionner des maladies très-fâcheuses. Le délire, dit Hippocrate, qui roule sur les choses nécessaires, est très-mauvais en général : il est à craindre que les vices du bas-ventre n’empirent, que la bile noire ne se forme & n’engorge ces vaisseaux & même se mêle avec le sang ; l’épilepsie succédant aussi quelquefois à la mélancholie. Les transports ou métastases des maladies mélancholiques, dit Hippocrate, sont dangereuses au printems & à l’automne ; elles sont suivies de même, de convulsion, de mortification ou d’aveuglement, aphor. 56. lib. II. il y a beaucoup à espérer que la mélancholiesera dissipée si le flux hemorroïdal, les varices surviennent ; les déjections noires, la galle, les différentes éruptions cutanées, l’élephantiasis sont aussi, suivant Hippocrate, d’un très-heureux augure.
Il faut dans la curation de la mélancholie, pour que le succès en soit plus assuré, commencer par guérir l’esprit & ensuite attaquer les vices du corps, lorsqu’on les connoît ; pour cela il faut qu’un médecin prudent sache s’attirer la confiance du malade, qu’il entre dans son idée, qu’il s’accommode à son délire, qu’il paroisse persuadé que les choses sont telles que le mélancholique les imagine, & qu’il lui promette ensuite une guérison radicale, & pour l’opérer, il est souvent obligé d’en venir à des remèdes singuliers ; ainsi lorsqu’un malade croira avoir renfermé quelque animal vivant dans le corps, il faut faire semblant de l’en retirer ; si c’est dans le ventre, on peut par un purgatif qui secoue un peu vivement produire cet effet, en jettant adroitement cet animal dans le bassin, sans que le malade s’en apperçoive ; c’est ainsi que certains charlatans par des tours de souplesse semblables abusent de la crédulité du peuple, & passent pour habiles à faire sortir des vipères ou autres animaux du corps. Si le mélancholique croit l’animal dans sa tête, il ne faut pas balancer à faire une incision sur les tégumens, le malade comptera pour rien les douleurs les plus vives, pourvû qu’on lui montre l’animal dont la présence l’incommodoit si fort ; cette incision a cet autre avantage, que souvent elle fait cesser les douleurs de tête qui en imposoient au malade pour un animal & sert de cautère toujours très-avantageux.
On voit dans les différens recueils d’observations, des guérisons aussi singulières. Un peintre, au rapport de Tulpius, croyoit avoir tous les os du corps ramollis comme de la cire, il n’osoit en conséquence faire un seul pas ; ce médecin lui parut pleinement persuadé de la vérité de son accident ; il lui promit des remèdes infaillibles, mais lui défendit de marcher pendant six jours, après lesquels il lui donnoit la permission de le faire. Le mélancholique pensant qu’il falloit tout ce tems aux remèdes pour agir & pour lui fortifier & endurcir les os, obéit exactement, après quoi il se promena sans crainte & avec facilité.
Il fallut user d’une ruse pour engager celui dont nous avons parlé plus haut à pisser : on vint tout effarouché lui dire que toute la ville étoit en feu, qu’on n’avoit plus espérance qu’en lui pour empêcher la ville d’être réduite en cendres ; il fut ému de cette raison & urina, croyant fortement par-là d’arrêter l’incendie. Il est aussi quelquefois à-propos de contrarier ouvertement leurs sentimens, d’exciter en eux des passions qui leur fassent oublier le sujet de leur délire : c’est au medecin ingénieux & instruit à bien saisir les occasions. Un homme croyoit avoir des jambes de verre ; & de peur de les casser, il ne faisoit aucun mouvement : il souffroit avec peine qu’on l’approchât ; une servante avisée lui jetta exprès contre les jambes du bois : le mélancholique se met dans une colère violente, au point qu’il se lève & court après la servante pour la frapper. Lorsqu’il fut revenu à lui, il fut tout surpris de pouvoir se soutenir sur ses jambes, & de se trouver guéri. Trallian raconte qu’un médecin dissipa le délire mélancholique d’un homme qui s’imaginoit n’avoir point de tête, en lui mettant dessus une balle de plomb dont le poids douloureux lui fit appercevoir qu’il en avoit une. On doit avoir vis à-vis des mélancholiques l’attention de ne rien dire qui soit relatif au sujet de leur délire : par ce moyen ils l’oublient souvent eux-mêmes ; ils raisonnent alors, & agissent très-sensément sur tout le reste ; mais dès qu’on vient à toucher à cette corde, ils donnent des nouveaux signes de folie. On doit aussi écarter de leur vüe les objets qui peuvent les réveiller. Un de ces mélancholiques qui s’étoit figuré qu’il étoit lapin, raisonnoit cependant en homme très-sensé dans un cercle ; lorsque malheureusement un chien entroit dans la chambre, alors il se mettoit à fuir & alloit se cacher promptement sous un lit pour éviter les poursuites du chien. On peut dans ce cas-là occuper l’esprit de ces personnes ailleurs, l’amuser, le distraire par des bals, des spectacles, & sur-tout par la musique, dont les effets sont merveilleux.
Pour ce qui regarde le corps, les secours dont l’efficacité est la mieux constatée, sont ceux qu’on tire de la diète ; ils sont préférables à ceux que la pharmacie nous offre, & encore plus à ceux qui viennent de la Chirurgie. Je prens ici le mot diètedans toute son étendue, pour l’usage des six choses non naturelles ; & on doit interdire aux mélancholiques des viandes endurcies par le sel & la fumée, les liqueurs ardentes, mais non pas le vin, qui est un des grands anti-mélancholiques, qui fortifie & réjouit l’estomac ; les viandes les plus légères, les plus faciles à digérer, sont les plus convenables ; les fruits d’été bien mûrs sont très-salutaires. On doit beaucoup attendre dans cette maladie du changement d’air, du retour du printems, des voyages, de l’équitation, des frictions sur le bas-ventre, des exercices vénériens, sur-tout quand leur privation a occasionné la maladie, & encore plus de la jouissance d’un objet aimé, &c. la maladie du pays exige le retour dans la patrie ; il est dangereux de différer trop tard ce remède spécifique : on est quelquefois obligé d’en venir, malgré ces secours, à quelques remedes ; on doit bien se garder d’aller recourir à ces bisarres compositions qui portent ces noms fastueux d’exhilarans, anti-mélancholiques, &c. ces remedes semblent n’être faits que pour en imposer, ad fucum & pompam, comme on dit. Les seuls remèdes vraiment indiqués, sont ceux qui peuvent procurer le flux hémorrhoïdal ou le rappeller, les apéritifs salins, le nître, le sel de Glauber, le sel de seignette, le tartre vitriolé, &c. les martiaux, les fondans aloétiques, hémorrhoïdaux, hépatiques, les savonneux sur-tout : ces médicamens variés suivant les indications, les circonstances, les cas, & prudemment administrés, sont très-efficaces dans cette maladie, & la guérissent radicalement. Il est quelquefois aussi à-propos de purger ; il faut, suivant l’avis d’Hippocrate, aphor. 9. liv. IV.insister davantage sur les purgatifs catharctiques, même un peu forts, & parmi ceux-là il faut choisir ceux que les observateurs anciens ont regardés comme spécialement affectés à la bile noire, & qui sont connus sous le nom de mélanagogues, tels sont, parmi les doux ou médiocres, les mirobolans indiens, le polypode, l’épithime, le séné ; parmi les forts, on compte la pierre d’Arménie, lazuli, la coloquinte, l’hellébore noir, &c.
LAISSER UN COMMENTAIRE