M. B.-C. De la paramnésie à la télépathie. Article parut dans le Figaro, (Paris), 1970.
De la paramnésie à la télépathie.
On ressent parfois comme une pensée furtive, plus ou moins précise, que certains appellent intuition ou prémonition. Simple hasard ou instinct naturel, comme celui qui est à l’origine de la fuite des animaux, peu de temps avant l’arrivée d’un tsunami ? Tout aussi furtive est l’impression de déjà-vu, déjà-vécu, que l’on appelle paramnésie. Une situation inédite ou un lieu inconnu vous paraissent familiers. Ces sentiments étranges sont fréquents : 70 % des personnes interrogées disent les avoir déjà ressentis. Le cerveau serait-il donc capable de prévoir des événements ?
Peu d’études sont menées sur le sujet, mais les neurologues, par leurs travaux, ont ouvert quelques pistes. «En traitant les personnes épileptiques, explique Fabrice Bartolomei, professeur de neurophysiologie au CHU de Marseille, nous nous sommes aperçus qu’une stimulation d’une région du cerveau, appelée le cortex entorhinal, déclenchait ce sentiment de déjà-vu dans une scène vécue auparavant. Cette zone fait partie de la mémoire de reconnaissance. Elle pourrait être à l’origine de ce sentiment, en interagissant avec l’ensemble des structures impliquées dans la mémoire.»
Et qu’en est-il de la télépathie ? Ce phénomène, qui consiste à transmettre à autrui des informations par d’autres canaux que ceux des sens connus, a été étudié à l’aide d’un protocole dit Ganzfeld (champ sensoriel uniforme). Un « émetteur » isolé dans une pièce regarde des images, tandis que dans un autre lieu un « récepteur » décrit ou dessine les images qui lui traversent l’esprit. On compare ensuite les données. La méthode répétée de nombreuses fois a fait l’objet de statistiques qui ont abouti à des résultats surprenants. De plus, une étude menée par Jiri Wackermann, publiée dans Neuroscience Letters en 2003, a montré que deux êtres humains situés à distance l’un de l’autre pouvaient coordonner les états électriques de leurs cerveaux. Aucun mécanisme biophysique connu, aucune théorie scientifique ne viennent expliquer cette perception. Elle est pourtant suffisamment troublante pour avoir convaincu Freud et pour que l’Institut de recherche de l’armée américaine en fasse le sujet d’une investigation sérieuse.
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