Charles Dufay. La notion de la personnalité. Extrait de la « Revue Scientifique », (Paris), deuxième série, tome XI, tome XVIII de la collection, 6e année, 1er semestre, juillet à janvier 1876, pp. 69-71.
Jean François Charles Dufay (1815-1898). Médecin et homme politique. – Maire de Blois en 1871, député et membre du Conseil général du Loir et Cher en 1877. S’est spécialisé dans l’hydrothérapie. Quelques publications :
— Des Indications et des effets du traitement hydrothérapique, mémoire présenté à la Société médicale d’Indre-et-Loire (séance du 7 avril 1864). Blois, impr. de Lecesne , 1864. 1 vol. in-8° , 28 p.
— Eaux minérales ferrugineuses iodées de Saint-Denis-lez-Blois (Loir-et-Cher). Établissement hydrothérapique. Compte-rendu médical, année 1862. Blois, impr. de Lecesne , 1863. 1 vol. in-8° , 15 p.
— Lettre médicale sur l’hydrothérapie. Blois, impr. de Lecesne , 1862. 1 vol. in-8°, 14 p.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Par commodité nous avons renvoyer les notes de bas de page de l’article originale fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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La notion de la personnalité
À M. Émile ALGRAVE
Cher Monsieur,
Lorsque j’ai lu, dans la livraison du 20 mai dernier de votre Revue scientifique, l’observation d’amnésie périodique ou doublement de la vie présentée à l’Académie des sciences morales et politiques par M. Azam, il m’a semblé reconnaître l’histoire d’une de mes anciennes clientes, tant il y a de similitude entre l’affection nerveuse que décrit mon honorable confrère de Bordeaux et celle que j’ai observée moi mème.
Ma première pensée a été de lui adresser immédiatement les notes que j’ai recueillies à cette époque, surtout lorsque j’ai vu, à la fin de son mémoire, qu’il préparait un nouveau travail sur ce sujet.
Mais je n’avais pas ces notes sous la main, les électeurs de Loir-et-Cher m’ayant fait quitter la médecine pour la politique, — ce qui n’est pas si différent qu’on pourrait le croire. J’ai dû attendre l’occasion prochaine d’un voyage à Blois, où m’appelait la réunion annuelle de l’Association médicale, et j’en ai rapporté les éléments de celte lettre.
C’est vers 1845 que je commençai à être témoin ùes accès de somnambulisme de Mlle H. L., et j’eus pendant une douzaine d’années l’occasion à peu près quotidienne d’étudier ce phénomène si bizarre. Mlle H.L. pouvait avoir alors vingthuit ans environ, grande, maigre, cheveux châtains, d’une bonne santé habituelle, d’une susceptibilité nerveuse excessive, Mlle R. L. était somnambule depuis son enfance. Ses premières années se passèrent à la campagne, chez ses parents ;plus tard elle entra successivement en qualité de lectrice ou demoiselle de compagnie dans plusieurs familles riches, avec lesquelles elle voyagea beaucoup ; puis enfin elle choisit un état sédentaire et se livra au travail d’aiguille.
Une nuit, pendant qu’elle était encore chez ses parents, elle rève qu’un de ses frères vient de tomber dans un étang du voisinage ;elle s’élance de son lit, sort de la maison et se jette à la nage pour secourir son frère. C’était au mois de février ; le froid la saisit ; elle s’éveille saisie de terreur, est prise d’un tremblement qui paralyse tous ses efforts ; elle allait périr si l’on n’était arrivé à son secours. Pendant quinze jours la fièvre la retint au lit. A la suite de cet évènement, les accès de somnambulisme cessèrent pendant plusieurs années. Elle rêvait à haute voix, riait ou pleurait, mais ne quittait plus son lit. Puis, peu à peu, les pérégrinations [p. 69, colonne 2] nocturnes recommencèrent, d’abord rares, ensuite plus fréquentes, et enfin quotidiennes.
Je remplirais un volume du récit des faits et gestes accomplis par Mlle R. L. pendant ce sommeil nctif. Je me bornerai à ce qui est indispensable pour faire connaître son état.
Je copie sur files notes :
Sa mère est l’objet fréquent de ses rêves. Elle veut partir pour son pays, fait ses paquets en grande hâte, « car la voiture l’attend » ; elle court faire ses adieux aux personnes de la maison, non sans verser d’abondantes larmes ;s’étonne de les trouver au lit, descend rapidement l’escalier et ne s’arrête qu’à la porte de la rue, dont on a eu soin de cacher la clé, et près de laquelle elle s’affaisse, désolée, résistant longtemps à la personne qui l’engage à remonter se coucher, et se plaignant amèrement « de la tyrannie dont elle est victime ».Elle finit, mais pas toujours, par rentrer dans son lit, le plus souvent sans s’être compléternen t déshabillée, et c’est ce qui lui indique, au réveil, qu’elle n’a pas dormi tranquille, car elle ne se rappelle rien de ce qui s’est passé pendant l’accès.
Voilà le somnambulisme tel qu’on l’observe assez fréquemment. C’est un rêve en action commencé pendant le sommeil normal, et se terminant par un réveil, soit spontané, soit provoqué.
Mais ce n’est pas ce qui arrivait le plus ordinairement pour Mlle R. L.
Je copie encore :
Il est huit heures du soir environ ;plusieurs ouvrières travaillent autour d’une table sur laquelle est posée une lampe. Mlle R. L. dirige les travaux. et y prend elle-même une part active, non sans causer avec gaîté le plus souvent. Tout à coup un bruit se fuit entendre : c’est son front qui vient de tomber brusquement sur le bord de la table, le buste s’étant ployé en avant. Voilàle début de l’accès. Ce coup, qui a effrayé l’assistance, ne lui a causé aucune douleur ; elle se redresse au bout de quelques secondes, arrache avec dépit ses lunettes, et continue le travail qu’elle avait commencé, n’ayant plus besoin des verres concaves qu’une myopie considérable lui rend nécessaires dans l’état normal, et se plaçant même de manière à ce que son ouvrage soit le moins exposé à la lumière de la lampe.
A-t-elle besoin d’enfiler son aiguille, elle plonge ses deux mains sous la table, cherchant l’ombre, et réussit en moins d’une seconde à introduire la soie dans le chas ; ce qu’elle ne fait qu’avec difficulté et après bien des tentatives lorsqu’elle est à l’état normal, aidée de ses lunettes et d’une vive lumière.
Lui manque-t-il une étoffe, un ruban, une fleur de telle ou telle nuance ? Elle se lève, part sans lumière, va chercher dans le magasin, dans le meuble, dans le tiroir oùelle sait que l’objet se trouve, le découvre ailleurs s’il n’est pas à sa place, choisit —toujours sans lumière —ce qui convient le mieux, assortit la nuance et revient continuer sa besogne sans se tromper jamais et sans qu’aucun accident lui arrive. Elle cause en travaillant, et une personne qui n’a pas été témoin du commencement de l’accès pourrait ne s’apercevoir de rien si Mlle R. L. ne changeait de façon de parler dès qu’elle est en somnambulisme. Alors, en effet, elle parle nègre, remplaçant Je par moi, comme les enfants, et usant de la troisième personne du verbe à la place de la première :« quand moi est bête » signifie quand je ne suis pas en somnambulisme.
Ilest certain que l’intelligence, déjà plus qu’ordinaire dans l’état normal, acquiert pendant l’accès un développement remarquable, auquel contribue certainement une augmentation considérable de la mémoire qui permet à Mlle R. L. de raconter les moindres événements dont elle a eu connaissance à une époque quelconque, que les faits aient eu lieu pendant l’état normal ou pendant un accès de somnambulisme. [p. 70, colonne 1]
Mais, de ces souvenirs, tous ceux relatifs aux périodes de somnambulisme se voilent complètement dès que l’accès a cessé, el il m’est souvent arrivé d’exciter chez MlleR. L. un étonnementallant jusqu’à la stupéfaction en lui rappelant des faits entièrement oubliés « de la fille bête », suivant son expression, mais que la somnambule m’avait fait connaitre et que, par des efforts de mémoire, elle reconnaissait parfaitement vrais. Il est certains sujets dont elle cause le plus naturellement du monde pendant l’état de somnambulisme, et dont elle supplie qu’on ne parle pas « à l’autre », parce que « moi » sait qu’elle ne veut pas confier cela à vous ; elle en serailt très-malheureuse. »
Les personnes qui l’entourent ont soin, bien entendu, de lui éviter le chagrin d’avoir commis une indiscrétion, ou fail une confidence qu’elle annonçait elle-même devoir regretter profondément.
Ainsi, d’un côté excès de confiance et de franchise, aucune dissimulation ; de l’autre, la retenue et la réserve inspirées soit par l’intérêt personnel, soit par la timidité, soit par les convenances.
La différence de ces deux manières d’être est on ne peut plus tranchée.
Voilà bien la double vie comme chez Félida X***, la somnambule de M. le docteur Azam, ainsi que l’amnésie périodique. Seulement, je ferai remarquer que, chez l’une comme chez l’autre, l’anmnèsie appartient à l’état normal, à l’état physiologique —l’oubli du rêve après le réveil est tout à fait normal—et non pas à l’état anormal ou pathologique, puisque, au contraire, pendant l’accès, la mémoire est double ;elle rappelle les faits qui ont impressionné le cerveau pendant l’état normal et pendant l’état anormal. Peut-être vaudrait-il donc mieux donner à cette observation le litre de mémoire double, qui est le phénomène pathologique ou extraordinaire qu’il s’agit de mettre en lumière.
Chez Félida X***comme chez R. L., il ya dédoublement certain pour elles de la personnalité, et surtout chez la seconde qui parle d’elle-même à la troisième personne. C’est une erreur de conscience qui file paraît résulter précisément de la double mémoire ou du souvenir des deux états pendant la période d’état anorrnal ;chacune sent en elle une autre personne qui ne sait pas tout ce qu’elle-même sait.
L’enfant et le nègre, cet enfant de l’humanité, ont physiologiquement l’habitude de s’objectiver : « Bibi a faim. » La notion de personnalité s’acquiert et peut s’altérer. On observe la sensation de dédoublement dans certains cas pathologiques. Je me rappelle une convalescente de fièvre typhoïde qui avalait alternativement une cuillerée de potage pour sa moitié droite et pour sa moitié gauche. Un autre malade s’informait toujours de la santé de « cet autre », et m’expliquait plus tard que c’était un autre lui-même qu’il sentait couché à côté de lui dans son lit. Enfin, comme le fait remarquer M. Paul Janet dans son article sur la Notion de la personnalité, relatif à l’histoire de Félida X*** (Revue scientifique, n° 50, p. 574, 1876), l’aliénation mentale s’accompagne assez souvent du sentiment de dédoublement.
Mlle R. L. a d’autant plus de motifs de commettre cette erreur, qu’elle a parfaitement conscience de la supériorité intellectuelle de l’une de ses personnalités, et que ses sens acquièrent alors une acuité, une sensibilité incomparables. On ne peut le contester au moins pour la vision, puisque la myopie disparaît et que la nyctalopie s’ajoute à l’héméralopie. Les yeux évitent même le grand jour, sans doute à cause d’une exagération de sensibilité de la rétine. J’ai cherché s’il se produisait alors quelque modiûcation apparente dans l’organe de la vue. J’ai constaté que le globe oculaire était légèrement convulsé en bas ;mais les pupilles se rétrécissent et s’élargissent suivant les conditions normales, Les paupières sont un peu abaissées, de sorte que ce double [p. 70, colonne 2] abaissement de la paupière supérieure et du globe oculaire force. MlleR. L. à relever beaucoup la tête pour regarder un objet qui n’est cependant pas plus élevé qu’elle-même ; c’est le mouvement qu’on ferait pour voir par-dessous un bandeau. Mais ce redressement de la tête ne s’opère pas lorsque l’objet à regarder se trouve placé plus bas, comme pour lire, écrire, coudre, etc.
J’ai cherché à me rendre compte de la disparition de la myopie par un relâchement d’une partie des muscles intra-orbitaires qui permettrait un certain degré d’aplatissement de la cornée ; mais je n’ai pu le constater. On sait, d’ailleurs, que la myopie n’a pas toujours la mêrue cause.
Quant à l’audition, j’ai vu un soir Mlle R. L., couchée l’oreille contre terre dans un jardin, disant qu’elle entendait pousser une plante ;mais j’avoue que je n’en ai pas été convaincu et qu’ici l’imagination pouvait bien jouer le principal rôle.
Un phénomène curieux que je dois signaler est celui-ci : ma somnambule n’entend que les bruits qu’elle écoule, que la personne qui s’adresse directement à elle. Les rires les plus bruyants, les conversations à haute voix, les cris mème, elle n’entend rien si l’on n’a pas fixé son attention par une interpellation directe. C’est une analogie presque complète avec ce que les magnétiseurs appellent se mettre en rapport.
Le goût et l’odorat ne paraissent pas modifiés.
Pour les fonctions de circulation et de respiration, le rythme en est un peu ralenti ; mais elles subissent les variations ordinaires en rapport avec les perceptions et les émotions.
Il y a, pendant l’accès de somnambulisme, anesthésie générale du tégument cutané, même pour l’électricité ;la sensibilité ne persiste qu’en deux points : à la région latérale moyenne du col, de chaque côté, et au même niveau dans la gorge, c’est-a-dire sur le trajet de nerfs importants.
Le contact sur une de ces régions, avec le doigt ou autre chose à l’extérieur (une barbe de plume même suffit), avec une goutte de liquide ou un aliment quelconque à l’intérieur, provoque le réveil subit, ou le retour à l’état normal, avec sensation douloureuse, aggravée par le dépit d’être ramenée à l’état « bête ».
Avant d’avoir acquis par expérience la notion de cette particularité, Mlle R.. L. s’était rendue « bête »elle-même, en essayant de boire ou de manger.
C’est en les cherchant qu’on a découvert les points sensibles extérieurs.
On ne peut les atteindre que par ruse, car Mlle R. L. se défend tant qu’elle peut contre ces attouchements, non-seulement à cause de l’ébranlement nerveux qui en résulte, mais parce qu’elle voudrait rester toujours dans l’état où elle se trouve.
Chose bizarre, le toucher conserve touLe sa sensibilité.
J’ai dit que l’accès de somnambulisme commençait généralement, et presque tous les jours, dans la soirée. Quelque fois il survient pendant le sommeil normal. D’autres fois, une vive émotion donne lieu à un accès le matin, ou dans le cours de la journée.
Quand il est déterminé par cette cause, il se prolonge plus longtemps, et il est même arrivé qu’on en provoquât la cessation parce que cet état semblait dangereux, l’alimentation ne pouvant pas avoir lieu. Mais lorsque l’accès a commencé dans la soirée, Mlle R. L., après avoir continué la veillée, monte à sa chambre en même temps que ses compagnes, travaille dansl’obscurité ou se couche et passe insensiblement du sommeil agité au sommeil tranquille et normal, pour se réveiller àl’heure réglementaire.
Elle est alors très-étonnée de trouver achevée la besogne qu’elle se rappelle avoir seulement commencée, ou même avoir eu l’intention de commencer.
Le réveil provoqué s’annonce invariablement par trois [p. 71, colonne 1] bâillements profonds se succédant à une ou deux secondes d’intervalle ;ce n’est qu’après le troisième que le retour à l’état normal est complet.
Quelques inspirations de vapeur d’éther suffisent pour produire l’accès, mais quelquefois aussi je l’ai fait cesser de la même manière.
Les narcotiques ont amené parfois quelques heures d’un lourd sommeil normal suivi de rêves plus extravagants qu’à l’ordinaire et de somnambulisme.
L’exercice musculaire porté jusqu’à la fatigue n’a pas déterminé un sommeil plus tranquille.
L’économie souffre-t-elle de cette activité incessante ?
Mlle R. L. est maigre, mais bien portante.
J’ai pensé que cette affection, de nature hystérique, diminuerait àmesure que l’âge avancerait, et qu’elle finirait par disparaître. On m’affirme qu’elle a cessé depuis une dizaine d’années.Je souhaite le même sort à Mme Félida X.
J’ai rendu plusieurs confrères témoins des phénomènes nerveux que je viens de décrire. Je citerai particulièrement M. le docteur Lunier, inspecteur des asiles d’aliénés el des établissements pénitentiaires, qui était à cette époque directeur-médecin en chef de l’Asile de Blois.
Il est certain que l’enchalnement des divers accès suceessifs par le lien du souvenir, auquel s’ajoute encore le souvenir de l’étal normal, constitue une sorte de seconde vie et une personnalité spéciale, tandis que l’absence de souvenir, au sortir de l’accès, la mémoire ne s’appliquant plus qu’aux faits de l’état normal, caractérise l’autre personnalité, qu’on peut appeler normale.
Mais peut-on dire qu’il yait là amnésie, dans le sens pathologique du mot ? Evidemment non. L’oubli, je le répète, suit le plus ordinairement l’activité automatique du cerveau qui constitue le rêve ou conduit au somnambulisme. L’hypothèse de M. le docteur Azam que cette amnésie dépend d’un afflux moindre du sang au cerveau donne peul-être l’explication générale de ce phénomène, sans qu’il faille supposer un rétrécissement de nature hystérique des vaisseaux, puisque l’hyperhémie qui accompagne l’activité des cellules nerveuses doit, en effet, diminuer au moment du réveil, par suite de la cessation du travail cérébral.
Peut-être est-ce précisément dans les cas où l’hyperhémie ne cesse pas immédiatement que le souvenir du rêve dure plus ou moins longtemps après le réveil.
Mais il me semble bien plus intéressant de rechercher l’explication du double souvenir. Or, si, suivant l’expression metaphorique de notre savant confrère le docteur Luys, la mèmoire n’est autre chose que « la phosphorescence organique des éléments nerveux », ne pourrait-on pas admettre que cette phosphorescence augmenta en proportion de l’activité cérébrale et de l’afflux sanguin ? D’où il faudrait conclure que si l’hystérie joue un rôle dans l’étiologie de l’affection nerveuse en question, ce serait en exagérant l’impulsion cardiaque, ou en dilatant les capillaires artériels cérébraux par I’interrnédiaira du système vaso-moteur.
L’observation ultérieure de faits semblables éclairera ce sujet encore obscur, dont l’importance physio-psychologique ne saurait être contestée.
Agréez, cher Monsieur, l’hommage de mes sentiments bien sympathiques.
Dr DUFAY,
député de Loir-et-Cher,
Versailles, 1er juillet 1876.
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