Brouardel. Accusation de viol accompli pendant le sommeil hypnotique. Extrait des « Annales d’hygiène publique et de médecine légale », (Paris), 1879, I, pp. 39-57.
Rapport magistral, fait à une époque (1878) où les questions sur la question de la possibilité ou non du viol sous hypnose, n’étaient encore qu’à l’état d’ébauche, qui peut servir de modèle pour une enquête médico-légale de ce genre.
Paul Camille Hippolyte Brouardel (1837-1906). Médecin, spécialiste de médecine légale et de santé publique.. Il a été Doyen de la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie de Médecine de Pars, membre de l’Académie des sciences. Parmi ses très nombreuses publication nous avons retenu :
— (avec Jules Séglas). Persécutés auto-accusateurs et persécutés possédés. Extrait des « Archives de Neurologie », (Paris), volume XXVI, 1893, pp. 433-447. [en ligne sur notre site]
— Des Causes d’erreur dans les expertises relatives aux attentats à la pudeur, mémoire la à la Société de médecine légale. Paris,J.-B. Baissière et fils (Paris), 1895,
— L’infanticide. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1897,
— La pendaison, la strangulation, la suffocation, la submersion, Paris, Librairie J.B. Baillière et fils, 1897
— La responsabilité médicale : secret médical, déclarations de naissance, inhumations, expertises médico-légales. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1898,
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
[p. 39]
ACCUSATION DE VIOL
ACCOMPLI PENDANT LE SOMMEIL HYPNOTIQUE.
Relation médico-légale de l’affaire Lévy, dentiste à Rouen.
Par P. Brouardel.
Maître de conférences de médecine légale à la Faculté de médecine de Paris.
Le 20 juillet 1878, j’ai eu l’honneur d’être commis, par M. le conseiller Grenier, président des assises de la Seine-Inférieure, pour donner mon avis médico-légal dans une affaire de viol. Les circonstances dans lesquelles le crime aurait été accompli sont si différentes de celles qui sont signalées par les auteurs, que je crois utile d’en publier la relation, non pas que la médecine légale ait dissipé toutes les obscurités du problème, mais parce que je pense que ce fait attend pour recevoir sa véritable interprétation que d’autres viennent aider à en comprendre les impossibilités apparentes.
I.
Les questions qui furent posées aux experts peuvent se résumer dans cette formule générale : une fille peut-elle être [p. 40] déflorée sans le savoir, notamment pendant le sommeil ou sous l’influence du magnétisme ? Nous verrons plus loin quelles sont les circonstances qui font sortir ce cas des banalités qui ont si longtemps défrayé les dissertations un peu naïves des professeurs de Leipzig et de Halle.
Quelques mots suffisent pour résumer nos connaissances sur ce sujet. Dans sa remarquable étude sur les attentats aux mœurs, M. Tardieu (1) fait remarquer que « ce n’est pas dans les cas de violences commises sur des petites filles, mais presque exclusivement sur des jeunes personnes nubiles ou sur des femmes faites, que peut se présenter la question de savoir si la défloration ou le viol peuvent être consommés à l’insu de la femme. »
Groupant tous les cas connus, M. Tardieu ajoute ; « L’ignorance de la femme ne peut être raisonnablement admise que dans certaines conditions physiques ou morales, capables d’enlever à la femme le libre exercice de ses sens, tels que le sommeil, le narcotisme, le magnétisme, un état nerveux particulier, ou capables d’anéantir la conscience et la mémoire, comme l’idiotisme, l’imbécillité, la folie, ou encore dans certaines conditions qui constituent une véritable infirmité à la fois physique et morale, comme la surdité mutité. »
Il admet, avec Casper, que « le sommeil naturel, quelque profond qu’il soit, ne peut certainement pas permettre la défloration, c’est-à-dire une première approche qu’accompagne toujours un certain degré de violence ou de douleur. » M. Tardieu rappelle ensuite, en quelques lignes, les cas trop nombreux, où à l’aide des narcotiques ou des anesthésiques, des hommes assez indignes pour abuser de leur profession de médecin ou de dentiste, ont commis des attentats criminels sur les femmes confiées à leurs soins.
Mais une question reste douteuse et c’est précisément celle qui nous fut posée. Un sommeil nerveux provoqué met-il la p. 41] femme dans un état tel qu’elle puisse être déflorée sans en avoir conscience ?
A ce sujet, M. Tardieu reproduit une consultation médico-légale de MM. Coste, directeur de l’École de médecine de Marseille, et Broquier, chirurgien de l’Hôtel-Dieu de cette ville. En voici le résumé : « La jeune Marguerite A… âgée de 18 ans, se croyant malade, se fit conduire par sa plus jeune sœur, dans le courant du mois de novembre, chez le nommé G…, exerçant à Marseille la profession de guérisseur par le magnétisme. Chaque jour elle allait prendre sa séance. Vers le commencement d’avril, s’étant aperçue quelle était enceinte, elle porta plainte à l’autorité, et c’est alors que MM. Coste et Broquier furent commis « à l’effet de constater la grossesse et l’époque à laquelle elle pouvait remonter, et en second lieu de répondre à la question de savoir si la jeune Marguerite A… avait pu être déflorée et rendue mère contrairement à sa volonté, c’est-à-dire si cette volonté a pu être annihilée complètement ou en partie par l’effet du magnétisme. »
Après avoir analysé le rapport de Husson, fait à l’Académie de médecine en 1831, les savants experts de Marseille conclurent que : « 1° La fille Marguerite A… est enceinte ; 2° sa grossesse ne remonte pas au delà de 4 mois à 4 mois et demi ; 3° nous pensons qu’il est possible qu’une jeune fille soit déflorée et rendue mère contrairement à sa volonté, celle-ci pouvant être annihilée par l’effet magnétique. »
M. Devergie, dont MM. Coste et Broquier avaient désiré connaître l’opinion sur ce point délicat, leur répondit :
« Je crois qu’une fille de 18 ans peut, en thèse générale, avoir été déflorée et rendue mère contrairement à sa volonté dans le sommeil magnétique. Ceci est une affaire d’observation et de sentiment personnels. Mais en dehors du sommeil magnétique, il y a tant de mensonges que je ne saurais aller plus loin. Le sommeil magnétique est fictif ou réel ; fictif, en ce sens que toutes les personnes qui donnent des consultations ou des représentations de magnétisme ne sont jamais [p. 42] endormies ; réel, et alors tout rapport, tout sentiment de relation peut être interdit par le sommeil, la sensibilité peut être émoussée et même éteinte, partant la femme dans l’impossibilité de se défendre. »
M. Tardieu fait suivre cette observation des réflexions suivantes : « Je me serais certainement associé complètement à l’opinion exprimée par M. Devergie, et surtout aux sages réserves qu’il a faites relativement à la possibilité de la feinte et à la probabilité de la fraude en tout ce qui touche aux prétendus effets physiologiques du magnétisme. Quant à ce que ceux-ci peuvent avoir de réel, je crois qu’il n’est guère possible de prendre aujourd’hui pour base d’appréciation, comme l’ont fait les honorables experts de Marseille, les observations contenues dans le rapport académique de 1831. Ces faits en apparence merveilleux d’insensibilité, constatés par les commissaires et acceptés par eux pour des effets magnétiques, seraient bien plus justement, à notre époque, mis au rang des symptômes les plus constants et les mieux connus de l’hystérie ; mais, en laissant de côté ces particularités, il reste un certain nombre de faits du même ordre, par exemple le somnambulisme, qui me paraissent témoigner en faveur de l’abolition possible de la volonté sous l’influence de ce qu’on appelle le magnétisme. »
M. Tardieu relate encore quelques faits plus ou moins analogues, mais trop différents du nôtre pour que nous ayons à les analyser. Nous avons tenu à reproduire le précédent en détail, parce qu’il nous importait d’établir que pour nos maîtres en médecine légale, MM. Devergie et Tardieu ; « il n’est pas impossible que la volonté soit abolie sous l’influence du sommeil magnétique », étant données certaines prédispositions nerveuses chez la jeune fille, et surtout étant réservées toutes les tentatives de simulation si fréquentes chez les hystériques.
Les autres documents que nous pouvions utiliser pour résoudre la question sont pris en dehors des traités de médecine légale, nous les avons trouvés dans les articles publiés [p. 43] par M. Lasègue, sur l’anesthésie hystérique et les catalepsies partielles (2) et passagères, et enfin dans un article dans lequel M. Mathias Duval a résumé les notions scientifiques que nous possédons sur l’hypnotisme (3).
M. Lasègue a constaté que parmi les hystériques, il n’était pas rare de pouvoir provoquer par l’occlusion des paupières un état cataleptique, que toutes ces hystériques, particulièrement celles douées d’un tempérament indolent ne sont pas affectées de la rigidité caractéristique des membres, quelques-unes n’ont de la catalepsie que l’état comateux. Nous avons nous-mêmes souvent répété devant les élèves de l’hôpital ces expériences dont notre maître nous avait rendu témoin.
Résumant les conditions dans lesquelles se produit le sommeil nerveux hypnotique, M. Mathias Duval dit : « Ainsi la fixité du regard, la fatigue de la vue, telle est la source de tous les sommeils plus ou moins artificiellement provoqués. A cette cause essentielle il en faut joindre d’autres accessoires, qui viendront hâter la réussite, mais qui toutes procèdent de la même source : la fatigue des sens par leur concentration monotone dans une même impression. L’enfant est hypnotisé auditivement par les chants monotones de sa nourrice et par les oscillations régulières de son berceau (impression du sens musculaire ?). Il ne faut pas chercher d’autre explication aux différentes pratiques magnétiques et particulièrement aux passes plus ou moins étranges qui sont mises en œuvre. »
Il sera facile, en relisant l’article de M. Lasègue, de voir que la jeune fille que j’ai eu à examiner à Rouen appartenait, au moment où j’ai pu l’observer, à l’un des types décrits par M. Lasègue. C’était une hystérique, non convulsive, tombant facilement dans un état de sommeil nerveux. [p. 44]
Voyons maintenant quelles sont les conditions singulières qui ont déterminé M. le président des assises à nous demander notre opinion.
A la fin du mois d’avril B…, blanchisseuse à Rouen, âgée d’une quarantaine d’années, accompagnée de sa fille Berthe, âgée de 20 ans, déposait au parquet de Rouen une plainte contre le dentiste Lévy, qu’elle accusait d’avoir commis le crime de viol sur sa fille.
Certains détails fournis par la mère ôtaient à cette plainte toute apparence de vraisemblance. La mère déclarait avoir été présente pendant toute la durée des séances que sa fille avait faites chez ce dentiste, et elle disait n’avoir rien vu, rien soupçonné, pas plus que sa fille, jusqu’au moment où Lévy lui-même avait instruit celle-ci des actes qu’il avait commis sur sa personne.
Tant de naïveté autorisait quelque scepticisme, mais dès la première confrontation avec l’accusé le doute sur la réalité des actes commis ne fut plus possible. Devant le juge d’instruction Lévy fit cet aveu étonnant :
« Oui, vous étiez pure, vous étiez vierge, vous avez cru dans votre naïveté que ce que je faisais était nécessaire, et vous n’avez pas résisté. Sauvez-moi, sauvez ma femme et mes enfants, dites que je ne vous ai pas violée et je vous donne tout ce que je possède. »
Un fait était donc constant, l’accusé avait eu des rapports avec la fille B…, en présence de sa mère, celle-ci ne se doutant de rien ; il restait à déterminer si la fille B… avait consenti à ces rapprochements ou si elle avait subi les approches de Lévy pendant le sommeil, sans en avoir conscience.
Nous empruntons à l’acte d’accusation quelques détails qui permettent de comprendre des faits en apparence incompréhensibles. Disons d’abord que Lévy a 33 ans, est un fort bel homme, intelligent, et que, en dehors des actes incriminés [p. 45] il est établi, qu’il se livrait, quoique marié, à une vie de débauche crapuleuse. La femme B… et sa fille Berthe sont petites, laides et semblent fort peu intelligentes, elles jouissent toutes deux d’une excellente réputation.
Voici les points de l’acte d’accusation importants à relever pour nous. Ils serviront à établir le caractère de la victime et de sa mère et à faire concevoir la possibilité de cette chose incroyable, que la mère ait assisté inconsciente aux actes commis par Lévy sur sa fille.
Pendant le cours de l’année 1877, le nommé Lévy, dentiste, vint, à diverses reprises, exercer sa profession à Rouen. Il descendait chaque fois dans l’un des grands hôtels de cette ville, et chaque fois sa venue était précédée d’affiches et d’annonces dans les journaux de la localité.
Attirés par ces réclames, les époux B…, simples ouvriers, dont la fille souffrait des dents depuis plusieurs mois, se décidèrent à la faire soigner par un homme qu’ils appelaient « le grand dentiste » et qu’on leur disait plus habile que ses confrères.
Le lundi, 2S février 1878, la dame B… se présentait avec sa fille Berthe, âgée de 20 ans, à l’hôtel d’Angleterre.
L’accusé Lévy posa à cette enfant et à sa mère les plus étranges questions sur la santé générale de la malade, sur sa conduite habituelle et, après avoir dit que, pour la direction de son traitement, il lui importait de savoir si elle était vierge, il déclara qu’il était nécessaire de la visiter. Il fallait se retirer ou consentir.
La visite fut faite.
Le dernier mot de la consultation fut que l’enfant étant faible, anémique, il fallait, selon les expressions rapportées par sa mère, opérer une réaction du sang et amener cette réaction par en bas. Les deux femmes le crurent.
La chambre qui servait de cabinet au sieur Lévy avait sept mètres de longueur. Le fauteuil était près des fenêtres qui éclairaient cette grande pièce. La dame B… fut installée près de la cheminée, en face du feu, tournant presque le dos à sa fille. [p. 46]
L’opérateur se posta alors devant Berthe B…, leva le siège et abaissa le dos du fauteuil, et la patiente, ainsi véritablement couchée, dans une position horizontale, il se plaça entre ses jambes (4).
La jeune fille avait, sur des indications précises, relevé, appliqué et maintenu elle-même ses lèvres sur ses narines, puis, quelques minutes s’étant à peine écoulées, elle sentit qu’elle perdait connaissance. Berthe B… dit être demeurée assoupie, inconsciente le temps que durèrent les opérations. Ni la dame, ni sa fille, habilement dérobée à ses regards, et qu’il fallait tirer de son sommeil ou de son engourdissement, pour la faire lever de dessus le fauteuil, ne peuvent au juste préciser ce qui se passa dans cette première séance.
Le lendemain, la seconde visite ne présenta aucun fait important de nature à attirer particulièrement l’attention des deux femmes. La jeune fille, seulement, tomba dans le même assoupissement et dans le même état d’insensibilité que la veille. Le dentiste demanda que l’on revînt le lendemain.
Pendant les opérations qui furent, ce jour-là, d’une plus longue durée, la dame B… vit l’accusé Lévy s’éloigner tout à coup de sa cliente, assoupie comme les jours précédents, prendre un flacon sur un guéridon et revenir vers sa fille qui bientôt poussa un gémissement, presque un cri. La mère, impressionnée, se leva et s’avança vers le fauteuil; mais Lévy l’arrêta brusquement en lui disant : « Ce n’est rien, ne vous dérangez pas ; nous sommes habitués à cela. » Très-peu de temps après, cet homme prenait dans ses mains une serviette qu’il avait étendue sur Berthe B…, se baissait pour essuyer quelque chose, roulait vivement ce linge et le jetait dans un coin. [p. 47]
Tirée de son engourdissement, la jeune fille était demeurée encore tout étourdie et retombait sur le fauteuil. Elle paraissait comme hébétée, en proie à de vives douleurs dans les parties sexuelles, devenues soudainement le siège de cuissons et de brûlures dont elle ne pouvait se rendre compte.
Il n’est pas douteux que ce jour-là, 27 février, l’accusé, qui avait pu voir la confiance absolue que les deux femmes avaient en lui et étudier tranquillement sa malade dans deux visites précédentes, a devant la mère, il le déclare, satisfait sa passion sur elle.
Ainsi Lévy avoue que plusieurs fois il a eu des rapports avec la fille Berthe B..,, en présence de la mère, qui n’a rien vu, de l’aveu également de l’inculpé. Lévy affirme que la fille Berthe B… consentait à ces rapprochements ; celle-ci le nie avec une extrême énergie.
Dans un premier rapport, M. le Dr Levesque établit que cette jeune fille était déflorée.
Mais il restait à résoudre cette seconde question : Berthe B… a-t-elle pu ne pas avoir conscience des actes commis sur sa personne par Lévy ?
La première hypothèse fut que la demoiselle B… avait été soumise à l’action d’un anesthésique.
C’est sous l’empire de cette préoccupation que M. Delavigne, juge d’instruction à Rouen, commit mes savants confrères, MM. Cauchois, Levesque, Thierry, professeurs à l’école de médecine de Rouen, et qu’il leur posa les questions suivantes :
« 1° Étant connus les faits révélés par l’instruction, notamment les manœuvres pratiquées sur Berthe B…, avant qu’elle perdît connaissance, et en outre les phénomènes éprouvés par elle, dire « s’il est possible que cette fille ait été soumise à un agent anesthésique quelconque et si un agent anesthésique quelconque, en cas d’affirmative, a rendu possible la perpétration des faits articulés, sans que la victime en ait eu conscience. » [p.48]
Nous empruntons au rapport de nos confrères les passages suivants :
Mlle B… prétend avoir été endormie, dans chacune de ces visites chez Lévy ; cependant elle ajoute ne s’en être aperçue qu’après les révélations du dentiste lui-même, lors de la dernière visite. Voici d’ailleurs comment, d’après son récit, les choses se seraient passées.
Aussitôt assise dans le fauteuil à opération, le tronc et la tête renversés en arrière, B. B… relevait elle-même, comme le lui indiquait Lévy, sa lèvre supérieure, en l’appliquant sur l’orifice antérieur des fosses nasales, à l’aide des deux premiers doigts de chaque main ; puis, dans cette attitude, elle s’endormait au bout de quelques instants, deux à trois minutes, dit-elle, pendant lesquelles il lui semblait que P. Lévy pratiquait sur les dents des manœuvres sur lesquelles elle ne peut donner aucun détail précis capable d’en faire soupçonner la nature. Nous avons interrogé B. B… dans l’hypothèse que ces manœuvres pussent se rapporter à l’administration d’un agent anesthésique quelconque. Ce dernier, dans l’espèce, ne pouvait être que du chloroforme, de l’éther ou du protoxyde d’azote.
Or, pendant les quelques instants qui précédaient le sommeil, B. B… ne s’est jamais aperçue que le dentiste ait présenté, ni maintenu au-devant de sa bouche, soit un flacon, soit une compresse imbibée d’un liquide ou d’une substance fortement odorante, soit, en un mot, aucun appareil susceptible de contenir un agent anesthésique quelconque. De plus le dentiste n’a jamais pris vis-à-vis d’elle aucune précaution spéciale, ni ne lui a non plus adressé aucune recommandation dont le but aurait pu être de faciliter l’anesthésie par ces moyens, comme par exemple, d’engager la malade à respirer profondément, comme il est de règle quand on donne l’éther ou le chloroforme.
Enfin, B. B… n’a jamais éprouvé, soit avant, soit après chacune des séances, le moindre symptôme physiologique pouvant se rapporter, soit à l’éthérisation, soit à la chloroformisation. [p. 49] Ainsi, avant le sommeil, ni sensation de chaleur, ni de cuisson sur les lèvres, les gencives, l’isthme du gosier, ni saveur âcre, ni salivation, ni toux, ni menaces de suffocation, de nausées ou de vomissements ; jamais le sommeil n’a été précédé de la moindre, inquiétude nerveuse ou agitation, ni d’une sorte d’ivresse plus ou moins apparente.
Notons enfin que ce n’est pas dans une, mais dans quatre ou cinq séances consécutives et chacune de trente minutes de durée au minimum, que les choses se seraient passées, comme la fille B… le raconte.
En groupant avec les faits relevés par l’instruction les renseignements à nous fournis par la victime, nous dirons que les conditions dans lesquelles la fille B. B… prétend avoir été endormie ne permettent pas, en réalité, d’admettre qu’elle ait été soumise à un agent anesthésique quelconque.
La réponse était donc négative. B. B… n’avait pas été plongée dans le sommeil par un agent anesthésique.
Mais après avoir répondu à la question qui leur était posée, les experts ajoutèrent que consultés par madame B… sur l’état de santé de sa fille, ils avaient constaté que celle-ci, enceinte de quatre mois et demi, présentait quelques symptômes de l’hystérie, boule, spasme laryngé et surtout une anesthésie incomplète à droite, complète à gauche, que notamment les parties génitales, les grandes lèvres pouvaient être traversées par des aiguilles sans que la jeune fille en eût notion. Ils ne conclurent pas de cet examen que cette insensibilité suffisait à faire admettre que Berthe B… n’avait pas eu notion des violences auxquelles elle aurait été soumise, mais les magistrats se posèrent cette question et M. Grenier, président des assises de la Seine-Inférieure, me fît l’honneur de me désigner pour la résoudre.
Je crois devoir reproduire mon rapport in extenso, non pas que j’aie réussi à résoudre scientifiquement un problème dont tous les termes étaient vagues et sujets à discussion, mais parce que, en exposant le peu que nous savons sur ces questions si obscures, j’espère provoquer la publication des [p. 50] faits analogues ou du moins provoquer l’attention des médecins-légistes.
Nous soussigné, etc., désigné par M. Grenier, conseiller en la Gour de Rouen, président de la Cour d’assises de la Seine-Inférieure, par une commission rogatoire ainsi conçue :
« Attendu : Que Lévy reconnaît avoir eu des rapports intimes avec la fille B…, mais qu’il soutient que cette fille consentait à ce rapprochement ;
« Qu’il importe de savoir si, au moment où les faits se sont produits, la fille B… se trouvait, pour une cause quelconque, dans l’impossibilité d’apprécier ce qui se passait et de donner son consentement aux actes commis sur sa personne ;
« Que trois docteurs choisis comme experts par M. le juge d’instruction ont eu à se prononcer sur cette question, après examen de l’information et visite de la victime ;
« Attendu qu’il résulte des constatations auxquelles ils se sont livrés, que la prétendue victime est atteinte d’une névrose qui la met dans des conditions tout à fait exceptionnelles au point de vue de la sensibilité ;
« Qu’il importe à la manifestation de la vérité que les appréciations des premiers experts soient contrôlées, alors qu’il s’agit de questions nouvelles peut-être, et sur lesquelles en tout cas la justice ne saurait recueillir trop de a renseignements ;
« Désignons à cet effet M. Brouardel, professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris, le chargeons de prendre connaissance du rapport de MM. les experts, ensemble des pièces du dossier qui ont passé sous les yeux de ses confrères, de dire ce qu’il pense de leurs conclusions, s’il lui est nécessaire de procéder lui-même avant de se prononcer à la visite de la prétendue victime, et de nous adresser toutes observations qu’il jugerait convenable de faire sur le travail soumis à son appréciation. » [p. 51]
Serment préalablement prêté le 24 juillet, entre les mains de M. Pauffin, juge d’instruction à Paris ;
Après avoir pris connaissance des pièces du dossier qui nous ont été communiquées,
Après nous être transporté à Rouen pour procéder à l’examen de la demoiselle Berthe B…,croyons utile de présenter les observations suivantes :
Pour que la fille B. B… se soit trouvée dans l’impossibilité d’apprécier les faits qui se sont passés chez le dentiste Lévy, il faut que pendant ces visites elle ait au moins passagèrement perdu d’une façon complète tous les différents modes de la sensibilité.
Une abolition absolue de toute sensibilité générale ou spéciale est nécessairement temporaire. Elle met l’individu dans un état qui n’a de comparable que le sommeil le plus profond, qui en prend les caractères, et l’un d’eux est précisément d’être un épisode transitoire. L’affirmation de la réalité ou de la probabilité de cet état d’insensibilité est donc difficile, car elle repose sur des conjectures faites sur un incident morbide très-complexe dont personne de scientifiquement compétent n’a été témoin.
Cette perte de sensibilité, disons-nous, est nécessairement temporaire ; en effet, c’est dans cette condition de durée limitée que la sensibilité peut être complètement abolie, en dehors des cas de catalepsie spontanée dont il n’est pas question en ce moment. Une perte de sensibilité permanente comme celle des hystériques reste toujours incomplète, et par suite ne fournit pas une explication suffisante de l’état inconscient où se serait trouvée la fille Berthe B…. Chez les hystériques les plus profondément atteintes, tous les modes de la sensibilité ne sont pas simultanément détruits. Ces différents modes de la sensibilité comprennent la sensibilité générale de la peau et des muqueuses au contact, à la douleur, à la température, la sensibilité désignée sous le nom de conscience musculaire, plus les sensibilités spéciales, parmi lesquelles nous citons celle de la vue, de l’ouïe, du sens génésique. [p. 52]
Or, la sensibilité désignée sous le nom de conscience musculaire, du sens de l’action musculaire, indique à l’individu quelle est la position occupée par ses membres ; elle persiste habituellement chez les hystériques, même quand la perte delà sensibilité tactile est complète. En fait, la fille Berthe B… conservait cette sensibilité, puisqu’elle rapporte elle-même dans quelle position Lévy plaçait ses membres inférieurs. Alors même que le contact à la peau n’aurait pas révélé à la fille B… les actes commis sur sa personne, elle aurait donc gardé la conscience de la position et des secousses imprimées à ses membres.
La vue et l’ouïe auraient de plus complété cette notion en admettant qu’elle soit restée vague, car jamais l’intégrité de ces sens n’a été mise en doute chez cette jeune fille.
Enfin, alors même qu’il est établi que chez une femme la sensibilité au contact et à la douleur est abolie, cette constatation ne fournit pas de données sur la persistance ou la disparition de la sensibilité spéciale des organes génitaux. Un grand nombre de femmes, en pleine possession de leur sensibilité génitale, n’ont aucune notion des sensations éveillées par le coït ; elles n’en apprennent les actes que par les contacts cutanés.
Inversement, des hystériques chez qui la sensibilité générale a disparu, conservent souvent la plénitude de cette sensibilité générale ; quelquefois même son intensité est exaltée, et les sensations spontanées ou provoquées se traduisent par des actes de nymphomanie. En tout cas, l’intégrité du sens génésique peut persister isolée comme la vue ou l’ouïe.
Ainsi donc, même s’il était démontré que lorsque la fille B… s’est rendue chez le dentiste Lévy elle était hystérique, anesthésique et analgésique, la non-abolition de tous les autres modes de sensibilité, et notamment de celui de la vue, ne permettrait pas d’admettre qu’elle a pu éveillée assister inconsciente aux actes commis sur sa personne.
L’abolition absolue de tous les modes de la sensibilité n’existe que dans le sommeil naturel et dans le sommeil [p. 53] morbide ou artificiellement provoqué, et dans ces deux derniers cas seulement le sommeil est assez profond pour que des sensations extérieures douloureuses ne le fassent pas cesser.
Nous savons que cette abolition temporaire et absolue peut être provoquée par l’ingestion ou l’inhalation d’agents anesthésiques. Peut-elle également survenir temporairement et aussi complètement sans administration de médicament ? Ce sont là deux hypothèses que nous avons à examiner.
Première hypothèse :Abolition de la sensibilité par administration d’agents anesthésiques. — Nous partageons d’une façon complète l’opinion exposée dans leur rapport par nos confrères MM. les Dr Levesque, Thierry, Cauchois. Rien dans les descriptions recueillies ni dans les réponses que nous ont faites la fille B… et sa mère ne nous autorise à accepter l’hypothèse de l’administration d’agents anesthésiques, et tout la contredit. Nous n’ajoutons rien aux arguments donnés par nos confrères, et nous n’admettons pas plus qu’eux que cette fille ait été soumise à l’action d’un agent anesthésique.
Seconde hypothèse :La sensibilité a-t-elle pu être absolument et temporairement abolie sous l’influence d’un état morbide ? — Nous chercherons nos éléments de jugement sur ce point dans l’état de santé actuel de la fille B… ; mais nous devons dès maintenant déclarer que rien ne prouve que ce qui est vrai aujourd’hui ait été également vrai il y a quelques mois, lorsque cette fille s’est confiée aux soins de Lévy.
Aujourd’hui elle est enceinte de cinq mois, elle semble troublée par les événements survenus, et il est probable que son état nerveux est plus profondément atteint qu’il ne l’était à la fin de février ; peut-être même est-il atteint d’une façon différente.
Sous la réserve de ces observations, voici les constatations que nous avons faites dans notre visite du 29 juillet. [p. 54]
La fille B…, âgée de 21 ans, est maigre, pâle, ses lèvres sont décolorées, elle a un bruit de souffle doux à la base du cœur ; en un mot, elle est très-nettement anémique.
Elle semble calme, presque somnolente, demi-torpide ; elle est plus prompte à pleurer qu’à s’irriter, et réagit peu sous l’influence des questions qu’on lui pose ; son intelligence paraît médiocrement développée, sans que nous puissions juger s’il en a toujours été ainsi ou si cet engourdissement est passager. La mère déclare que sa fille s’endort à tout moment.
Nous ne relevons pas les sensations accusées par la fille B…, étouffements, cauchemars, spasmes, parce que nous ne pouvons les apprécier que par le dire de la jeune fille. D’ailleurs, ses réponses sont si peu précises qu’il faut les considérer comme sans valeur. Il semble toutefois qu’elle n’ait jamais eu de grandes attaques hystériques à forme convulsive ; leur explosion aurait sinon frappé sa mémoire, du moins celle de sa mère.
La sensibilité générale présente les modifications suivantes : diminution ou abolition de la sensibilité à la douleur (analgésie), conservation de la sensibilité au contact et à la température (pas d’anesthésie), conservation du sens de l’activité musculaire (conscience de la position des membres), intégrité de la vue et de l’ouïe, sensation douloureuse lorsque l’an pratique le toucher vaginal (conservation de la sensibilité à la douleur et au contact de ces parties).
En résumé, la fille Berthe B… est actuellement une anémique, et ses manifestations hystériques la placent plutôt dans la classe des hystériques à forme dépressive que dans celle des hystériques excitables, mobiles, spasmodiques ou convulsives.
Nous avons soumis cette jeune fille à une autre épreuve, nous lui avons fermé les paupières, et presque immédiatement nous avons senti les globes oculaires agités de petits mouvements convulsifs, portés en haut et en bas dans un strabisme convergent. La tête s’est renversée sur le dossier [p. 55] du fauteuil, les mains qui étaient croisées sont tombées mollement le long des deux côtés du corps, la respiration est devenue un peu pénible, les parois de la poitrine se sont soulevées davantage, et dans un espace de temps qui n’a pas dépassé une minute cette jeune fille s’est endormie. Nous l’avons légèrement secouée alors ; les pupilles rétrécies se sont dilatées largement, comme lorsque quelqu’un sort brusquement du sommeil naturel, et elle est rentrée de suite sans transition en possession de son intelligence.
Nous avons deux fois répété cette épreuve, qui nous a donné des résultats identiques ; mais nous n’avons pas voulu prolonger une expérience qui, dans l’état de grossesse de cette jeune fille, n’aurait peut-être pas été sans inconvénient.
Il est donc possible actuellement de provoquer de la façon la plus simple et la plus facile un sommeil artificiel chez cette jeune fille, sans employer aucun agent anesthésique. Mais, je le répète, ce fait, incontestable en ce moment, ne prouve que pour le moment actuel.
Le procédé par lequel nous avons réussi à endormir la jeune B… est celui de l’application des doigts sur les paupières. Rien ne porte à penser que ce procédé ait été employé par Lévy ; mais on sait que chez les personnes qui subissent si facilement ce sommeil hypnotique, il suffit pour le faire naître d’employer bien d’autres moyens, de faire regarder à un sujet prédisposé par son état nerveux un objet quelconque un peu brillant placé à 15 ou 20 centimètres au-dessus des yeux, ou même encore de forcer les yeux à se diriger en haut sans point de mire brillant, regardant un objet imaginaire.
Le fait essentiel pour obtenir le sommeil hypnotique est de déterminer la fixité du regard en haut, et d’amener la fatigue de la vue. A cette cause essentielle il faut en joindre d’autres accessoires qui hâtent la réussite, telle que la fatigue des sens par leur concentration monotone dans une même impression.
Bien que dans la majorité des cas le sommeil hypnotique [p. 56] ait été provoqué chez les personnes prédisposées par un état nerveux plus ou moins évident, cependant les femmes ne sont pas seules à pouvoir le subir. Azam, Broca, Velpeau, Demarquay et nous-même, avons vu des hommes plongés dans le sommeil hypnotique.
Ajoutons que, après quelques séances d’hypnotisation, les sujets contractent une facilité singulière à retomber dans le sommeil nerveux.
La perte de tous les modes de sensibilité n’est pas liée d’une façon absolue à l’hypnotisation ; quelques personnes ont, au contraire, une exaltation des sens et de la sensibilité générale, mais le plus souvent cette perte est complète. Cloquet, Azam, Broca, Guérineau (de Poitiers), Velpeau, alors que j’étais son interne, ont fait pendant le sommeil hypnotique les opérations chirurgicales les plus douloureuses : ouverture d’un abcès de la marge de l’anus, ablation du sein, amputation de la cuisse, sans que l’opéré ait senti la moindre douleur.
Ces faits, incontestables dans leur réalité, peuvent-ils s’appliquer au cas particulier ? Nerveuse, impressionnée, placée par Lévy dans une position telle que, couchée, les mains relevant la lèvre supérieure et bouchant en même temps les narines, empêchaient la vue de se diriger vers les parties inférieures et obligeaient les globes oculaires à se porter en haut, la demoiselle B…, pendant ses visites chez Lévy, est-elle tombée dans le sommeil hypnotique ?
C’est là une question à laquelle il m’est absolument impossible de répondre. Mais j’ai cru devoir rappeler les faits de sommeil nerveux et décrire leurs caractères, parce qu’ils démontrent, en thèse générale, que des femmes, le plus souvent hystériques, et même des hommes ont pu être plongés dans un sommeil hypnotique pendant lequel ils n’avaient
aucune conscience des actes commis sur leur personne.
Conclusion. — On peut, à titre d’hypothèse, se demander si, au moment où se sont produits les faits dont est inculpé le dentiste Lévy, la fille Berthe B… ne s’est pas trouvée [p. 57] plongée dans un état de sommeil nerveux, et par suite dans l’impossibilité de connaître ce qui se passait et de donner son consentement aux actes commis sur sa personne. Mais, en l’absence de tout témoin capable d’apprécier scientifiquement les caractères d’un fait aussi complexe et qui ne laisse aucune trace, il est impossible d’affirmer que cet état de sommeil ait réellement existé.
Telles sont les seules conclusions qui nous ont paru légitimes. Nous sommes certain qu’au moment de notre examen cette jeune fille tombait avec une extrême facilité dans un état de sommeil nerveux. Toute crainte de simulation se trouvait écartée par les mouvements de la pupille au moment du réveil. D’abord contractée comme dans le sommeil, elle se dilatait ensuite de telle façon que l’iris disparaissait presque et se contractait ensuite de nouveau.
Mais rien ne nous prouve que cet état nerveux ait précédé la grossesse, et qu’il suffise à rendre compte des faits qui se sont accomplis chez le dentiste Lévy.
Les aveux de l’inculpé et d’autres circonstances extra-médicales du procès déterminèrent la conviction des jurés, et Lévy fut condamné à dix ans de réclusion.
M. le Dr Cauchois a bien voulu me donner quelques renseignements complémentaires sur la fille Berthe B… Celle-ci est accouchée à sept mois d’un enfant mort-né dont l’âge coïncidait avec l’époque des premières visites faites au dentiste Levy. M. le Dr Cauchois termine sa lettre par cette phrase : « Je vous affirme qu’on peut tenir Berthe B… pour une hystérique véritable, et au point de vue de l’intelligence pour une minus hahens. »
Nous arrivons donc à la fin de cette étude aux conclusions déjà formulées par MM. Devergie et Tardieu ; toutes réserves faites sur les possibilités de simulation, cet exemple doit être joint à ceux qui les avaient portés à admettre qu’une fille peut être violée pendant que sa volonté est abolie par un état de sommeil nerveux ou hypnotique.
Notes
(1) Tardieu, Étude médico-légale sur les attentats aux mœurs, 7eédit., 1878, p. 88 et suivantes.
(2) Lasègue, De l’anesthésie et de l’ataxie hystériques{Arch. gén. de méd., 1864, T, III, p. 385). — Des catalepsies partielles et passagères (Arch. gén. de méd., 1865, T. VI, p. 385).
(3) M. Duval, Nouveau dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, T. XVIII, 1874, Hypnotisme, p. 123.
(4) Nous nous sommes assuré que le fauteuil étant rabattu, le pubis d’une personne debout se trouve un peu au-dessus du siège du fauteuil. L’opérateur se plaçait debout devant ce siège entre les jambes de la fille dont les pieds reposaient sur un rond élevé, placé derrière le dentiste à la hauteur de son jarret.
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