Auguste Motet. Cauchemar. Extrait du « Nouveau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques – Jaccoud », (Paris), 1867, Tome VI, pp. 550-567.
L’auteur divise l’historique en trois périodes.
1° La période hippocratique ou humorale, s’étendant depuis les temps les plus reculés jusque vers le XIe siècle.
2° La période des exagérations entretenues par l’ignorance, l’exaltation du sentiment, du merveilleux : c’est le temps des apparitions démoniaques, des évocations de la sorcellerie ; elle finit au XVIIIe siècle.
3° La période contemporaine où les faits sont autrement interprétés et rentrent dans le domaine purement médical, d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
MOTET Auguste (1832-1909). Directeur médical de la maison de santé Belhomme à Paris. – Membre de l’Académie de médecine (élu en 1895). – Président de la Société médico-psychiatrique (en 1883 et 1902).
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CAUCHEMAR. — Le cauchemar peut être défini : « Un état de malaise passager survenant pendant le sommeil, se caractérisant par une sensation douloureuse vaguement perçue dans un point du corps ; de l’anxiété, de l’oppression ; l’impossibilité de pousser des cris, de se mouvoir ; et par un rêve pénible, véritable délire dans lequel se succèdent des images et des idées effrayantes. »
Il résulte de cette définition que nous ferons dans cet article deux parts distinctes, l’une à l’élément sensoriel, l’autre à l’élément psychique ; nous aurons à démontrer que l’intelligence abandonnée, pour ainsi dire, à elle-même pendant le sommeil, s’empare d’une sensation douloureuse pour la transformer, impuissante qu’elle est alors à en apprécier exactement la cause. C’est cette interprétation fausse d’une impression réelle qui constitue ce que MAURY a si justement appelé « le délire du rêve, état dans lequel l’esprit contemple comme étrangère à lui l’image qui est pourtant son ouvrage. »
HISTORIQUE. — De tout temps le cauchemar a fixé l’attention des médecins ; rien n’est plus curieux en effet que ce trouble profond qui, pendant le sommeil, se développe tout à coup, arrive rapidement à son summum d’intensité, et disparaît le plus souvent complètement [p. 551] par le réveil. L’interprétation de phénomène devait nécessairement se ressentir des doctrines médicales régnant à diverses époques. Il nous paraît intéressant d’exposer l’historique de cette question ; nous pouvons faire du passé et du présent trois périodes : 1° la période hippocratique ou humorale, s’étendant depuis les temps les plus reculés jusque vers le onzième siècle ; 2° la période des exagérations entretenues par l’ignorance, l’exaltation du sentiment du merveilleux : c’est le temps des apparitions démoniaques, des évocations, de la sorcellerie ; elle finit avec le dix-huitième siècle ; 3° la période contemporaine, où les faits sont autrement interprétés, et rentrent dans le domaine purement médical, d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
PREMIÈRE PÉRIODE. Hippocrate fait une description rapide des accidents qui caractérisent le cauchemar : « J’en vois beaucoup, dit-il, qui, dans le sommeil, poussent des gémissements et des cris, qui sont suffoqués, qui s’élancent, fuient au dehors et délirent jusqu’à ce qu’ils soient réveillés ; puis les voilà sains et raisonnables comme auparavant, restant néanmoins pâles et faibles, et cela, non pas une fois, mais plusieurs. » Moins préoccupé dans ce passage de déterminer la nature de l’affection que de combattre l’opinion erronée de ceux qui prétendaient tout expliquer par une intervention divine, il ne donne aucune interprétation du fait ; il faut chercher plus loin, au livre des songes : « Voir dans le sommeil des corps de forme étrange et être saisi de frayeur, indique une plénitude d’aliments inaccoutumés, une sécrétion, un flux bilieux et une maladie dangereuse… Tout ce que l’on fuit, effrayé, indique l’arrêt du sang par la sécheresse. Il convient alors de refroidir et humecter le corps. »
Cette doctrine, avec d’infinies variantes, va se retrouver dans tous les écrits des anciens qui nous sont parvenus. Chemin faisant, elle acquerra des développements, et nous devons le reconnaître, il y a, en dehors d’exagérations excusables, une remarquable précision dans les observations. Les symptômes sont décrits, leur mode d’apparition indiqué, et nous pouvons vérifier l’exactitude d’un tableau qu’on ne peindrait pas autrement aujourd’hui.
Nous n’aurions rien à glaner avant GALIEN, aussi laisserons-nous de côté ce long espace de temps qui correspond aux premiers siècles de l’ère chrétienne, et arriverons-nous à ORIBASE (quatrième siècle), qui écrit : « L’éphialte est une maladie qui ne consiste pas dans l’influence d’un mauvais démon, mais c’est une grave affection. Les signes qui la précèdent sont la suffocation, la perte de la parole, un état lourd. Il faut la traiter dès qu’elle commence, car si elle persévère et qu’il y ait des attaques toutes les nuits, elle présage quelque grande maladie comme l’apoplexie, la manie, l’épilepsie, et cela parce que la cause est attribuée à la tête ; car tout ce que les épileptiques éprouvent de jour, les éphialtes l’éprouvent de nuit » Ce mot d’éphialte, employé déjà par Hippocrate, rappelé par CAELIUS AURELIANUS, se retrouve aussi dans THÉMISON, POSIDONIUS, et plus tard, dans AETIUS ; il exprime l’agression violente (έπί, sur, ίάλλω, se [p. 552] jeter), de même que le mot épibole. Un autre terme πνιγαλίων, désigne surtout la suffocation, et traduit la sensation d’oppression et d’angoisse qui est l’un des symptômes les plus importants du cauchemar. Des appellations diverses se rencontrent encore dans les auteurs anciens ; la plus pittoresque est celle de Pline qui, sous le nom de ludibria fauni, comprend les visions fantastiques du cauchemar. AETIUS (cinquième et sixième siècles) commet une méprise que n’ont pas évitée beaucoup de médecins, venus après lui ; dans ses ouvrages, qui ne sont, à bien dire, que le reflet des travaux de ses devanciers, il décrit l’éphialte d’après les idées de POSIDONIUS ; il le considère comme le prélude de l’épilepsie : « Ce qu’on appelle incube n’est pas un démon, mais plutôt un prélude, un prodrome de l’épilepsie, de la manie ou de la paralysie ; des indigestions dues à la gloutonnerie, précèdent cette affection, et comme les ventricules du cerveau sont remplis de vapeurs épaisses et froides, celles-ci empêchent l’esprit de passer les nerfs, et font qu’on réveille le malade avec peine, et qu’il reprend difficilement sa raison, ce qui le retient presque continuellement dans l’immobilité. L’incube est accompagné de suffocation, de perte de la voix, d’un poids sur la poitrine, et d’immobilité du corps, mais quand après beaucoup d’anxiété d’esprit, la vapeur s’est atténuée et dissipée, et que les méats se sont ouverts, le malade s’éveille tout à coup, » etc., etc.
FriedrIch Voigt.
PAUL d’Egine prétend « que cette maladie attaque les crapuleux et ceux qui souffrent d’une crudité continuelle. Ceux qui l’éprouvent ont leurs mouvements malades, les sens lourds, ils sont suffoqués dans leur sommeil, ils s’imaginent que quelqu’un les étouffe ; ils veulent crier, mais ils n’en ont pas le pouvoir, ou les cris qu’ils jettent ne signifient rien ; quelques-uns croient entendre celui qui vient se placer sur eux, et ils cherchent à jouir avec lui du plaisir charnel ; mais il s’enfuit dès qu’ils ont serré leurs bras pour le saisir. Ce mal, lorsqu’il persiste, annonce la paralysie, ou la folie, ou l’épilepsie, maladies dans lesquelles la cause se porte vers la tête ? Car les accidents qu’éprouvent les épileptiques pendant le jour, les incubes les éprouvent en dormant. » AVICENNE (dixième siècle) suit les mêmes errements. « Dans l’éphialte, dit-il, le malade sent un fantôme lourd se reposer sur lui et le comprimer de manière qu’il respire à peine, que sa voix est interceptée ainsi que son mouvement ; il se croit étouffé à cause des obstructions des pores ; lorsque le fantôme le quitte, il se réveille subitement. C’est l’avant-coureur de l’apoplexie, ou de l’épilepsie, ou de la manie, attendu qu’il a lieu par des matières qui compriment, et non par des causes non matérielles. C’est un froid violent qui, dans le sommeil, frappe tout à coup la tête, le cerveau, l’opprime, l’épaissit… Ce qui ne se fait que parce que le cerveau est faible en chaleur, ou qu’il a une mauvaise tempérie. »
Nous ne multiplierons pas les citations ; elles ne nous apprendraient rien, sinon que les anciens avaient parfaitement observé le phénomène ; les explications qu’ils en donnaient valaient mieux encore que celles de la période suivante. Là du moins un fait pathologique était rapporté à une [p. 553] cause matérielle, non pas toujours à la vraie, mais encore faut-il reconnaître que presque tous, se perdant au milieu des intempéries des humeurs, des obstructions des pores, avaient laissé aux poètes le côté merveilleux, et n’acceptaient pas l’intervention d’une divinité malfaisante. Il ne faudrait pas cependant aller chercher dans VIRGILE (Én.,lib.XII) ni dans LUCRÈCE (lib.IV) de ces appréciations erronées ; l’antiquité nous offre l’exemple d’un remarquable esprit d’observation, et ce fut l’époque où son influence se perdit, où ses enseignements furent oubliés, que naquirent ces exagérations qui devaient aboutir aux bûchers des prétendues sorcières. Nous comprendrons dans une seconde période tout ce long espace de temps où disparurent presque entièrement les appréciations médicales, non pas cependant tout à fait, car il y eut encore de bons esprits qui luttèrent courageusement, et eurent la gloire de disputer aux bourreaux les victimes de superstitions aveugles.
DEUXIEME PERIODE. — Le moyen âge avec son ignorance, sa crédulité naïve devait accepter facilement toute explication qui aurait pour base l’intervention d’occultes puissances. A une époque où d’habiles mais imprudentes manœuvres mettaient en jeu le sentiment du merveilleux, où le surnaturel était accepté sans conteste, il devait arriver, et il arriva en effet que le cauchemar, avec ses visions étranges, fut considéré comme l’une des manifestations de la puissance de Satan. L’imagination, facilement troublée, donnait de sombres proportions à un phénomène pathologique ; et comme aucun argument sérieux ne venait combattre ces folles terreurs, comme le médecin lui-même se faisait à son insu le propagateur des idées les plus fausses, on arrivait vite à la croyance à la possession démoniaque. Désormais, plus de repos, l’obsession était la conséquence fatale vers laquelle on était poussé, et au lieu d’un phénomène passager, on arrivait par la terreur même à un état d’angoisse bien fait pour provoquer à lui seul le retour des accidents premiers. Une fois entré dans ce cercle vicieux, on y était pris comme dans un tourbillon vertigineux ; les images fantastiques se présentaient chaque nuit, rappelées par l’effort même qu’on faisait pour les éloigner de soi ; que pouvait faire contre ce trouble profond une série de pratiques mystérieuses, des exorcismes, des prières, sinon, ajouter encore par un appareil qu’on cherchait à rendre imposant, une cause de perturbation de plus ? Aussi ne trouvons-nous rien qui puisse se rapporter à notre sujet dans les siècles suivants : la médecine, interprétée et exercée par des moines, resta stationnaire, et l’un des documents les plus curieux de cette époque est sans contredit le grand ouvrage de l’abbesse du couvent de Rupertsberg, la savante HILDEGARDE (de Bingen), abbesse de Rupertsberg, que le haut clergé ne dédaignait pas de consulter, et qui conseillait la fougère commune contre toutes les espèces de diableries (douzième siècle). Faisons cependant une exception pour l’école de Salerne ; si incertaine que soit encore la date à laquelle on puisse rapporter son code de prescriptions sanitaires, il est permis du moins de supposer que se fut vers le commencement du onzième siècle que fut formulé cet adage que nous avons conservé : « Ut sis nocte levis, sit tibi [p. 554] cæna brevis ». C’est la seule maxime vraiment sage qui nous apparaisse au milieu des obscurités médicales de ce temps, et il nous faut arriver jusque vers l’an 1550 pour trouver quelques noms illustres ; les interprétations se sentiront encore sous l’influence de l’école gréco-latine, les humeurs joueront un rôle important, on les accusera de s’élever jusque vers la région précordiale, de comprimer le diaphragme, etc., mais il y aura moins d’interventions surnaturelles ; telles sont les idées de FERNEL, Jacques HOULLIER, MASSARIA, PLATER. HEURNIUS n’est pas bien sûr que le démon ne soit pour rien dans le cauchemar : « Je pense, dit-il, qu’il en existe deux causes, l’une naturelle, l’autre démoniaque. Je me souviens qu’étant jeune, comme je couchais près d’une respectable dame, j’aperçus pendant qu’elle dormait un homme noir qui se reposait sur la couverture, et que le matin elle se plaignait d’avoir eu le cauchemar. Je n’osai rien déclarer, parce qu’il semblait que l’homme m’avait fait des menaces dans le cas où je viendrais à en parler. C’est pour cette raison qu’autrefois les femmes atteintes de ce mal se croyaient oppressées par des faunes. Il est de fait que le démon prit parfois la forme de faune, et s’avoua l’incube, » etc.
MERCULIALIS est un plus sceptique, et se rattache à l’idée : « que la cause vraie et immédiate de cette affection n’est autre qu’une vapeur considérable, épaisse et lourde qui emplit en grande partie les ventricules du cerveau et ses cavités, laquelle vapeur s’engendre d’humeurs crues provenant d’aliments gâtés, et contenues ou dans l’estomac ou dans les premières voies ; or, dans les hypochondres, cette vapeur ne nuit pas seulement par sa qualité, mais encore par sa quantité, son abondance, de sorte qu’on peut s’étonner que l’apoplexie n’ait pas lieu »
Le traité de SENNERT (de incubo) est bien autrement important que tous les précédents. C’est la description la plus complète qui ait paru jusqu’alors ; avec une discussion des opinions anciennes, celle que SENNERT tente d’y substituer n’est certes pas meilleure, mais elle a un mérite, c’est de laisser entrevoir au moins par l’un de ses côtés une explication plus physiologique. Avec FERNEL, PLATER admet la compression du diaphragme et des poumons par des vapeurs s’élevant d’humeurs épaissies, et il reconnaît aussi que l’état des organes peut donner naissance à des songes de nature diverse. « Selon que la vapeur provient de la pituite ou de l’humeur mélancolique ou du sperme, divers fantômes ou images se présentent en songe. Il est un incube qui a lieu par essence dans la tête ; il est précédé et suivi de tintement dans les oreilles, de vertiges, de douleurs de tête. Il en est un autre qui a lieu par le consensus de l’estomac, des hypochondres, des testicules. La lésion de ces parties est rendue évidente par des indices spéciaux pour chacune d’elles, » etc.
Ce seizième siècle, qui vit se dresser tant de bûchers, pendant lequel un procureur général et conseiller privé du duc de Lorraine, Nicolas REMY, publie « les trois livres de la démonolâtrie, rédigés d’après les jugements de neuf cents individus au moins qui, en Lorraine, à la fin du seizième siècle, dans l’espace de quinze ans, payèrent de leur tête le [p ; 555] crime de sorcellerie, » fastidieux amas de grossières erreurs, ce siècle nous présente un heureux contraste. La grande figure de Jean WIER apparaît ; un courageux plaidoyer en faveur de ces pauvres martyrs de superstitions aveugles ébranle enfin l’opinion publique. BODIN aura beau faire, son argumentation passionnée, ses réfutations incomplètes n’affaibliront pas la discussion de WIER ; l’incube et le succube vont cesser d’être des démons donnant à leurs tristes victimes des baisers glacés, et le rêve érotique ne sera bientôt plus interprété comme un hideux accouplement préparé par les maléfices de Satan. Il aura fallu bien du temps pour en arriver là, et si courageuse qu’ait été l’attitude de WIER à cette époque, il dut encore, dans plus d’un passage de son livre (De dæmonum prestigiis et incantationibus), prudemment sacrifier à des préjugés qu’il cherchait à détruire. Avec ZACCHIAS, WILLIS, Jacques LAZERME, etc., aux dix-septième et dix-huitième siècles, des opinions plus sérieuses, une interprétation plus physiologique se produisent ; déjà l’on commence à faire la part du rêve, de la sensation pénible qui s’y rattache, et de l’état des différents organes du corps. Sauvages reconnaît six espèces de cauchemar, non pas quant à l’expression symtomatique, mais sous le rapport étiologique. Ces divisions trop multipliées sont justement abandonnées aujourd’hui.
TROISIEME PERIODE. — Nous faisons commencer la période contemporaine vers la fin du dix-huitième siècle, au moment du progrès de toutes les sciences naturelles, au moment où enfin l’observation, aidée de moyens d’investigation plus précis, débarrassa la médecine d’une foule de préjugés, où les humeurs peccantes, l’atrabile, l’obstruction des pores, l’arrêt des esprits vitaux, etc., ne furent plus envisagés comme la cause prochaine des accidents du cauchemar.
Nous ne nous étendrons pas sur l’histoire de cette période, il se trouvera suffisamment développé dans le cours de cet article.
THEORIE DU CAUCHEMAR. — Le point de départ du cauchemar, avons nous dit, est une sensation pénible, vaguement perçue, faussement interprétée. Pendant le sommeil, ce qui reste d’activité intellectuelle n’est pas suffisant pour une appréciation exacte des choses ; le rêve se compose d’une foule de notions éparses, conservées par la mémoire, et pour ainsi dire évoquées sans ordre ; à moins, cependant, qu’une impression très-vive ait été produite dans des temps peu éloignés encore, et que l’intelligence n’en ait gardé les détails d’une manière très-précise, on sait combien est grande la diffusion des idées pendant le sommeil. Le cauchemar, qui n’est après tout qu’un rêve pénible, ne se produit pas d’une façon, il suppose, comme BAILLARGER l’a démontré pour les hallucinations, l’exercice spontané, involontaire des facultés intellectuelles, l’automatisme de l’intelligence, autrement dit. MAURY, qui a fait des rêves une étude spéciale, qui a suivi les phénomènes du sommeil à leurs diverses périodes, nous paraît avoir rendu le mieux compte de ce qui se passe au moment où les songes se produisent. Pour lui, l’intelligence s’endort comme l’organisme sensitif ; mais aussi, de même que les sens peuvent bien, pendant le [p. 556] sommeil, ne s’émousser qu’incomplètement et exercer encore quelque action, l’intelligence, elle aussi, garde le plus ordinairement des traces d’activité ? C’est cette activité qui est mise au service de l’apparition fantastique dans le cauchemar ; mais il y a quelque chose de plus, c’est la sensation pénible, résultat du trouble de certaines fonctions, dont le retentissement vers le cerveau provoque l’apparition d’idées et d’images effrayantes. MACARIO a constaté que des sensations déterminées rappelaient presque nécessairement des rêves analogues, ce fait a une très grande importance, qu’a fait ressortir MAURY. « C’est, dit-il la preuve manifeste de l’intervention des sensations internes dans les idées spontanées dont s’empare l’imagination du rêveur, pour en tisser le songe, l’identité de forme des rêves accompagnant telle ou telle affection démontre que l’esprit subit forcément, dans des créations en apparence capricieuses et incohérentes, le contre-coup de ce que le corps éprouve à son insu. » Pour nous, il nous semble qu’il y a lieu de distinguer deux espèces de cauchemar : l’une produite par un état de trouble de l’organisme, et déterminant la formation d’une série d’idées en rapport plus ou moins éloigné avec la sensation perçue ; l’autre prenant directement naissance dans l’exercice spontané de la mémoire et de l’imagination. Cette distinction répond aux trois classes de rêves proposées par MACARIO : 1° Les rêves illusions ; 2° les rêves hallucinations ; 3° les rêves psychiques. Elle a son importance, surtout au point de vue du pronostic.
SYMPTOMATOLOGIE. — C’est habituellement dans la première moitié de la nuit que se produit le cauchemar. Au milieu du sommeil, le dormeur est pris tout à coup d’un profond malaise, il se sent suffoqué, il fait de vains efforts pour inspirer largement l’air qui lui manque, et il semble que tout son appareil respiratoire soir frappé d’immobilité. Ce qui, pour le rêveur, est le plus pénible, c’est le sentiment de son impuissance. Il voudrait lutter contre ce qui l’opprime, il sent qu’il ne peut ni se mouvoir, ni crier. Des ennemis menaçants l’enveloppent de tous côtés, des armes s’opposent à sa fuite, il entrevoit un moyen de salut, il s’épuise en vains efforts pour l’atteindre. D’autrefois il se sent entraîner dans une course rapide, il voudrait s’arrêter, un gouffre béant s’entrouvre sous ses pas, il est précipité, et le sommeil s’interrompt après une violente secousse, comme celle que produit dans la veille, une chute, un faux pas. Tout ce que l’esprit peut inventer de dangers, tout ce qu’il y a de plus effrayant se présente dans le cauchemar. La sensation la plus habituelle est celle d’un corps lourd qui comprime le creux de l’épigastre. Ce corps peut prendre toute sorte d’aspects ; ordinairement c’est un nain difforme qui vient s’asseoir sur la poitrine et regarde avec des yeux menaçants. Chez quelques personnes la sensation pénible est pour ainsi dire prévue Le cauchemar commence par une véritable hallucination, l’être qui va sauter sur la poitrine (éphialte) est aperçu dans la chambre, on le voit venir, on voudrait pouvoir lui échapper, et déjà l’immobilité absolue ; il bondit sur le lit, on voit ses traits grimaçants, il s’avance, et quand il a pris sa place accoutumée, le cauchemar arrive a son summum d’intensité. A ce [p. 557] moment le corps est couvert de sueur, l’anxiété est extrême ; parfois s’échappent des cris, des gémissements, et enfin un réveil brusque, accompagné le plus souvent d’un mouvement violent, termine cette scène de terreur. Le malaise se prolonge encore quelques instants, le cœur bat convulsivement, et il n’est point rare de voir succéder de l’insomnie, des maux de tête, et même de la fièvre. Il reste trace au réveil de ce trouble profond ; dans la journée qui suit le malaise persiste, et se traduit par la faiblesse dans les membres inférieurs, de la courbature, de la tristesse, un état de crainte, de pusillanimité même chez certaines personnes nerveuses, qui témoignent de l’ébranlement de tout l’appareil encéphalique.
Nous avons dit que l’objet auquel est attribué la sensation de compression pouvait prendre plusieurs aspects. C’est tantôt un animal, presque toujours noir, tantôt un nain dont l’imagination fait vite un diablotin ; tantôt ce sont des flammes, de précipices, etc. Mais ce qu’il y a de plus important à remarquer, et CABANIS l’a montré, c’est que, étant admise l’influence que les organes de la vie animale exercent sympathiquement sur le cerveau, il y a des formes de cauchemar à peu près constamment les mêmes pour les mêmes organes souffrants. C’est aussi l’opinion de MACARIO, de MAURY, de CALMEIL, appuyée sur des observations assez nombreuses. La sensation du poids d’un corps volumineux semble plus particulièrement appartenir à des affections des voies digestives ou respiratoires ; les idées de lutte, de combat, la sensation de blessures reçues dans la région du cœur se lient à des troubles de l’appareil circulatoire, nous verrons plus loin le parti que l’on peut tirer de ces indications.
Nous n’avons pas parlé à dessein jusqu’à présent de cette forme de cauchemar dans lequel l’individu se croit tombé au pouvoir d’un être monstrueux, et contraint, soit de consommer avec lui l’acte vénérien (incube), soit de le subir (succube). Il nous semble, comme l’a judicieusement pensé CALMEIL, qu’il y a lieu d’établir une distinction importante. Il ne s’agit pas ici du rêve érotique qui donne toutes les illusions de la possession ; de celui que LUCRECE a décrit ; il ne saurait être rangé parmi les cauchemars. C’est en quelque sorte un acte physiologique dont l’accomplissement involontaire peut être le résultat, soit d’une excitation directe des organes génitaux, soit l’effet d’une imagination fortement frappée pendant la veille; mais là point d’anxiété, pas d’angoisse, rien de cette lutte si pénible qui est l’un des symptômes caractéristiques du cauchemar. Autrefois les incubes et les succubes étaient bien plus communs qu’aujourd’hui, l’ignorance et la superstition les faisaient se multiplier. On en rencontre cependant encore des exemples, mais il est rare de les trouver idiopathiques ; ils sont bien plus souvent symptomatiques, soit de l’aliénation mentale au début, soit de l’aliénation confirmée.
Chez l’adulte, à l’état sain, le cauchemar accidentel s’annonce par les symptômes que nous venons d’énumérer. Chez l’enfant, il y a plus d’agitation, les cris sont plus fréquents, et le réveil est suivi de pleurs qui indiquent assez la frayeur à laquelle il vient d’être en proie. A part quelques légères différences qui tiennent au développement plus ou moins [p. 558] complet, à l’activité plus ou moins grande de l’intelligence, à la susceptibilité nerveuse des sujets, les symptômes du cauchemar varient peu, et ceux qui en ont souffert accusent à peu de chose près les mêmes sensations.
MARCHE. — Tant que le cauchemar reste un accident passager, auquel le sujet qui l’éprouve n’attache pas plus d’importance qu’à un rêve ordinaire, il n’y a pas lieu de s’en préoccuper. Mais s’il devient fréquent, s’il se montre, comme cela est arrivé parfois, avec un type régulièrement intermittent, il y a de quoi tenir éveillée l’attention du médecin. La marche de l’affection indique qu’un trouble plus ou moins profond s’établit dans l’organisme ; ce sont alors les rêves pénibles qui se reproduisent toutes les nuits sous forme d’accès, comme il arrive dans les maladies chroniques de l’estomac, du foie, du cœur. Sa persistance, même dans ces conditions finit par entraîner comme conséquence des troubles de l’intelligence ; la répétition des accès, leur apparition plusieurs fois dans la même nuit, ou avec une intermittence régulière, (FOREST) ont été notés par un grand nombre d’observateurs. On a vu aussi le cauchemar régner épidémiquement et affecter une marche progressivement envahissante. CAELIUS AURELIANUS rapporte que SILIMAQUE le vit régner épidémiquement à Rome, et se terminer par la mort. Il y a tout lieu de supposer qu’il était alors une complication d’une affection épidémique grave, probablment même de nature pernicieuse.
La durée du cauchemar est généralement courte. A la multiplicité des impressions perçues, au malaise qui lui succède, on pourrait croire que la durée de l’accès est longue ; mais dans le sommeil la notion du temps est complètement abolie; et comme le temps n’a d’autre mesure que la trace laissée dans l’esprit par la succession de nos idées, celui qui a souffert du cauchemar croit être resté longtemps dans l’état d’angoisse qui le caractérise, tant les détails se présentent nombreux, tant le malaise est profond après le réveil. La vérité est que le cauchemar arrive rapidement à son maximum d’intensité, et que le réveil en sursaut suit de près le moment où l’oppression a été la plus grande. Tout se passe dans un espace de quelques minutes à un quart d’heure, et dans les cas les plus simples le sommeil revient régulier, normal. S’il existe des complications, elles modifient et la marche et la durée de l’accès. Nous rejetons comme inexacte l’opinion de ceux qui ont prétendu que des accès de cauchemar avaient duré plusieurs heures.
TERMINAISON. —Les anciens avaient sans doute exagéré l’importance du cauchemar comme symptôme précurseur de la manie, de la frénésie, de l’épilepsie ; mais il faut reconnaître, cependant, qu’il y avait chez eux une justesse de vues qui méritait mieux que l’oubli dans lequel tombèrent leurs interprétations. A la fin du dix-huitième siècle on était revenu à cette idée, que les troubles du sommeil précèdent souvent l’explosion des troubles de l’intelligence. Il appartenait à la période moderne de mieux préciser les faits. MACARIO, MOREAU (de Tours), BAILLARGER, ont établi dans leurs travaux les rapports des rêves et de la folie : il ressort [p. 559] de leurs recherches que le délire est souvent préparé, entretenu par des rêves, et qu’on retrouve dans la veille la trace de l’impression profonde qu’ils ont laissée dans l’esprit. Quoi d’étonnant, en effet, de voir dans les délires partiels, avec prédominance d’idées de persécutions, par exemple, l’aliéné interpréter ses rêves dans le sens de son délire, et, prédisposé déjà par son état cérébral même à concevoir de sombres préoccupations, être poursuivi par elles jusque dans son sommeil, les développer pendant la veille, et n’échapper jamais à ses terreurs imaginaires ? L’incube et le succube qui racontent les horribles visions de leur sommeil, sont des aliénés quand la conviction est établie chez eux qu’ils ont pris part à de monstrueux accouplements. Le cauchemar est, au même titre qu’une hallucination pendant la veille, l’un des éléments de leur délire. Il y a loin de là au cauchemar simple, qui ne laisse rien autre chose dans l’esprit que le souvenir d’une mauvaise nuit, et du rêve pénible qui la traversée. Pour l’aliéné, la sensation se prolonge, l’impression est conservée. Un malade, observé par MESNET, se croyait toutes les nuits le jouet de femmes de mauvaise vie : toutes ses journées étaient occupées à chercher le moyen de leur échapper, il prenait le soir en se couchant mille précautions contre elles, passait une inspection rigoureuse de son appartement ; il luttait contre le sommeil, et le lendemain il était désolé de n’avoir pu réussir à les écarter. MACARIO, dans son article démonomanie, fait l’histoire d’un malade de Maréville, qui était tourmenté par des rêves affreux : « tantôt l’enfer vomit de son sein des êtres hideux qui lui font des menaces horribles, tantôt il croit être plongé dans un feu ardent, écorché vif et haché par morceaux. Pendant la veille, il gémit d’être condamné à prêter sa voix au diable ; plusieurs fois il a eu intention de se suicider, mais les mêmes démons qui le torturent pendant son sommeil lui ont ordonné de vivre. BAILLARGER dans son mémoire sur la production et la marche des hallucinations hypnagogiques, rapporte un grand nombre d’observations où des visions, des hallucinations pendant le sommeil, sont devenues le point de départ de la folie. MOREAU (de Tours) Jacques-Joseph fait suivre une observation semblable de ces réflexions : « Que des illusions, des hallucinations de l’ouïe, de la vue, de l’odorat, finissent par fausser l’intelligence d’un individu et lui suggérer des pensées extravagantes, c’est là un fait de pathologie mentale dont nous sommes témoins tous les jours; mais que de rêves amènent le même résultat, que les divagations de l’esprit durant le sommeil soient causes d’une véritable aberration mentale, ce phénomène assurément mérite à plus d’un titre de fixer notre attention. Doit-on le regarder comme très-rare ? Je serais plutôt porté à croire qu’il n’a pas suffisamment distingué jusqu’ici, et qu’il a été confondu avec beaucoup d’autres qui offraient avec lui une certaine analogie. Peu à peu l’esprit est subjugué et comme fasciné par des visions qui l’assiègent lorsqu’il est endormi ; X… finit par croire à ses rêves avec tout l’abandon, toute la ténacité d’un monomaniaque… Ses idées délirantes étaient nettement circonscrites. Pour tout ce qui n’avait point de rapport avec ses rêves, la raison et le bon sens ne lui faisaient jamais [p. 560] défaut. » Les auteurs modernes qui ont écrit sur la folie sont pleins de semblables exemples. MICHEA en a réuni un certain nombre dans son livre sur le délire des sensations. Tout le monde connaît le curieux récit de BERBIGUIER DE VILLENEUVE DU THYM et les tourments que lui causent les farfadets, il nous serait facile de multiplier les citations, mais nous ne le croyons pas nécessaire. Ce que nous avons voulu établir, et nous croyons l’avoir prouvé, c’est que si dans l’immense majorité des casde cauchemar n’a rien de grave et se termine sans laisser de traces profondes, il y a aussi un certain nombre de cas dans lesquels il est comme le premier stade de la folie, et se reflète tout entier dans les actes délirants de la veille.
ETIOLOGIE. — L’étiologie du cauchemar est restée longtemps obscure ; nous ne pouvons nous flatter de connaître toutes les influences qui préparent son apparition. Quelques-unes cependant sont assez nettement déterminées. Il est incontestable que des prédispositions individuelles créées par une susceptibilité nerveuse exagérée en favorisent le développement, que certaines conditions physiologiques agissent d’une manière non moins puissante ; et que, à côté des causes toutes matérielles, il en existe d’autres encore où l’imagination joue le rôle le plus important. Nous ferons la part des unes et des autres.
Chez l’enfant, le cauchemar est assez fréquent, aussi bien à la fin de la première enfance que vers le passage à la puberté. Il semble qu’à cette époque de la vie il prenne naissance à la fois dans l’activité plus grande de l’organisme, et dans la multiplicité et la vivacité des impressions ; il suffit pour le provoquer, chez quelques enfants, de la fatigue déterminée par des jeux prolongés ; chez d’autres, d’émotions vives résultant soit de lectures, soit de récits de scènes effrayantes. On l’observe aussi chez les hystériques, chez les hypocondriaques sans cesse occupés de leur santé, et prêts à transformer toutes leurs sensations en affections incurables. L’une des causes les mieux établies est la plénitude de l’estomac, la lenteur et la difficulté de la digestion. Qu’un individu habituellement sobre s’écarte un jour de la régularité de son régime, qu’il change l’heure de son repas, et qu’il se couche avant que le travail de la digestion soit complet, et il est probable que son sommeil sera troublé, que le cauchemar sera la conséquence de cet écart. L’impression pénible sera due à la distension des parois de l’estomac, à l’anxiété, à la gêne apportée aux mouvements du diaphragme. Les aliments féculents, les vins capiteux, les vins mousseux doivent être rangés parmi les agents les plus actifs ; le café, les liqueurs, tout ce qui est en général active la circulation, peut devenir à son tour cause de cauchemar. Moreau (de la Sarthe) l’a vu produit par une diète prolongée, et il en a conclu que c’était peut-être à tort qu’on accusait la plénitude de l’estomac d’en être l’une des causes les plus communes. Nous croyons que P. JOLLY, dans un article excellent, d’ailleurs, sur ce sujet, s’est un peu trop hâté d’accepter cette opinion. Ce qu’il importe surtout de voir dans le cauchemar, c’est l’interprétation fausse d’une sensation. Que le dormeur souffre parce que son estomac est distendu, ou qu’il souffre parce qu’il est dans l’état de vacuité, [p. 561] la sensation pénible existe toujours dans le même organe, est transmise par le même appareil nerveux. L’intelligence engourdie n’apprécie ni l’un ni l’autre de ces deux états ; elle n’a sur eux que des données incomplètes, et le rêve auquel ils servent de trame peut très-bien être formé, dans les deux cas, des mêmes éléments.
Les maladies, soit aiguës, soit chroniques, des viscères thoraciques ou abdominaux, ont souvent aussi produit le cauchemar. Le mécanisme est le même dans tous les cas: toujours une sensation pénible au point de départ, toujours comme conséquence un rêve plus ou moins compliqué dans lequel l’impression douloureuse évoque une série d’idées et de souvenirs en rapport plus ou moins éloigné avec elle. Parmi les exemples les plus connus, rappelons le cauchemar de DESCARTES, auquel une piqûre de puce fait rêver qu’il est percé d’un coup d’épée; le malade dont parle GALIEN ; il avait cru dans son sommeil avoir une jambe de pierre impossible à remuer, au réveil, il était atteint d’une hémiplégie ; ARNAUD de Villeneuve rêve qu’il est mordu par un chien enragé, et quelques jours après la jambe est envahie par un ulcère cancéreux. GESNER se croit dans son sommeil mordu au côté gauche par un serpent ; un anthrax, qui devait l’emporter peu de temps après, se développe au même point. MACARIO, dans son Mémoire sur la paralysie hystérique, rapporte qu’une jeune femme rêve qu’elle adresse la parole à un homme qui ne peut pas lui répondre, car il est muet ; à son réveil elle est aphone. MOREAU (de la Sarthe) constate chez un de ses malades des rêves pénibles et effrayants, liés à l’existence d’une péricardite qui se termine d’une manière fatale. Chez quelques femmes, aux périodes menstruelles, surviennent des cauchemars où dominent des flammes, des lueurs éclatantes, ou encore des scènes horribles où le sang est répandu à flots.
Une position inaccoutumée pendant le sommeil, le seul changement de lit provoquent le cauchemar chez un grand nombre de personnes. Il n’y a pas là seulement un effet de l’imagination, il y a aussi une cause matérielle. Le décubitus sur le côté gauche peut gêner les contractions du cœur, changer les rapports habituels du foie et de l’estomac, le décubitus horizontal exercer une action directe sur les cordons et les vésicules spermatiques, sur les portions dorsales et lombaires de la moelle, etc., de là des sensations diverses qui se traduisent par des cauchemars. Ces troubles du sommeil sont d’autant plus prompts à se produire que le système nerveux est plus facilement excitable ; aussi les rencontre-t-on surtout chez les individus fatigués par des travaux intellectuels, des veilles prolongées, chez ceux dont l’imagination vive est promptement frappée par la lecture de romans, de contes fantastiques, chez les femmes qui mènent une vie trop oisive, ou encore chez ceux que des préoccupations tristes assiègent continuellement.
Le cauchemar n’existe guère que d’une manière passagère et à l’état sporadique. Toutefois on a vu régner épidémiquement, nous l’avons déjà dit, à Rome, au rapport de CAELIUS AURELIANUS, un autre fait de [p. 562] cauchemar épidémique a été rapporté par Laurent à la société de médecine. Il est assez intéressant pour que nous le reproduisions avec tous ses détails :
« Le premier bataillon du régiment de la Tour-d’auvergne, dont j’étais chirurgien-major, se trouvant en garnison à Palmi, en Calabre, reçut l’ordre de partir à minuit de cette résidence, pour se rendre en toute diligence à Tropea, afin de s’opposer au débarquement d’une flottille ennemie qui menaçait ces parages. C’était au mois de juin; la troupe avait à parcourir près de quarante milles du pays ; elle partit à minuit, et n’arriva à sa destination que vers sept heures du soir, ne s’étant reposée que peu de temps, et ayant souffert considérablement de l’ardeur du soleil. Le soldat trouva, en arrivant, la soupe faite et son logement préparé. Comme le bataillon était venu du point le plus éloigné et était arrivé le dernier, on lui assigna la plus mauvaise caserne, et huit cents hommes furent placés dans un local qui, dans les temps ordinaires, n’en aurait logé que la moitié. Ils furent entassés par terre, sur de la paille, sans couvertures, et par conséquent ne purent se déshabiller. C’était une vieille abbaye abandonnée. Les habitants nous prévinrent que le bataillon ne pourrait conserver ce logement, parce que toutes les nuits il y revenait des esprits, et que déjà d’autres régiments en avaient fait le malheureux essai. Nous ne fîmes que rire de leur crédulité ; mais quelle fut notre surprise d’entendre à minuit des cris épouvantables retentir en même temps dans tous les coins de la caserne, et de voir tous les soldats se précipiter dehors et fuir épouvantés ? Je les interrogeai sur le sujet de leur terreur, et tous me répondirent que le diable habitait dans l’abbaye ; qu’ils l’avaient vu entrer par une ouverture de la porte de leur chambre, sous la forme d’un très-gros chien à longs poils noirs, qui s’était élancé sur eux, leur avait passé sur la poitrine avec la rapidité de l’éclair, et avait disparu par le côté opposé de celui par lequel il s’était introduit. Nous nous moquâmes de leur terreur panique, et nous cherchâmes à leur prouver que ce phénomène dépendait d’une cause toute simple et toute naturelle, et n’était qu’un effet de leur imagination trompée. Nous ne pûmes ni les persuader ni les faire rentrer dans la caserne. Ils passèrent le reste de la nuit dispersés sue le bord de la mer et dans tous les coins de la ville. Le lendemain, j’interrogeai de nouveau les sous-officiers et les plus vieux soldats. Ils m’assurèrent qu’ils étaient inaccessibles à toute espèce de crainte, qu’ils ne croyaient ni aux esprits ni aux revenants, et me parurent persuadés que la scène de la caserne n’était pas un effet de l’imagination, mais bien la réalité ; qu’ils n’étaient pas encore endormis lorsque le chien s’était introduit, qu’ils l’avaient bien vu, et qu’il avaient manqué en être étouffés au moment où il leur avait sauté sur la poitrine. Nous séjournâmes tout le jour à Tropea, et, la ville étant pleine de troupes, nous fûmes forcés de conserver le même logement ; mais nous ne pûmes y faire coucher les soldats qu’en leur promettant d’y passer la nuit avec eux. Je me rendis, en effet, à onze heures et demie du soir, avec le chef de bataillon ; les officiers s’étaient, par curiosité, dispersés dans chaque chambrée ; nous ne pensions guère voir se renouveler [p. 563] la scène de la veille ; les soldats, rassurés par la présence de leurs officiers qui veillaient, s’étaient livrés au sommeil, lorsque vers une heure du matin, et dans toutes les chambres à la fois, les mêmes cris de la veille se renouvelèrent, et les hommes qui avaient vu le chien leur sauter de nouveau sur la poitrine, craignant d’en être étouffés, sortirent de la caserne pour n’y plus renter. Nous étions debout, bien éveillés, et aux aguets pour bien observer ce qui arrivait, et, comme on pense, nous ne vîmes rien paraître.
« La flottille ennemie ayant repris le large, nous retournâmes le lendemain à Palmi. Nous avons, depuis cet événement, parcouru le royaume de Naples dans tous les sens et dans toutes saisons. Nos soldats ont souvent été entassés de la même manière, et jamais ce phénomène ne s’est reproduit. Nous pensons que la marche forée qu’ils avaient été obligés de faire pendant une journée très-chaude, en fatiguant les instruments de la respiration, les avait affaiblis, et les avait disposés à éprouver cet éphialte, qu’on dû déterminer la position gênée dans laquelle ils étaient obligés de se tenir couchés, tout habillés, la raréfaction de l’air, et peut-être son mélange avec quelque gaz nuisible »
DIAGNOSTIC. —Le diagnostic ne saurait présenter de difficultés sérieuses, si l’on veut bien se souvenir que le cauchemar ne survient que pendant le sommeil, qu’il est caractérisé surtout par l’anxiété, de l’oppression, et par un rêve pénible. Avec quoi pourrait-on, en effet, le confondre ? Ce ne serait ni avec la manie, l’hystérie ou l’hypochondrie, pas même avec les hallucinations ; car, s’il est vrai qu’il y ait dans le cauchemar des visions fantastiques, des illusions, il y a aussi ce qui n’existe pas dans les hallucinations de la veille, une impossibilité absolue de crier, de se mouvoir. En se tenant aux termes rigoureux de notre définition, il ne nous semble pas qu’une erreur soit jamais possible. On ne pourrait le confondre qu’avec les frayeurs nocturnes, les songes effrayants ; ceux-ci n’en diffèrent que par l’absence de la sensation de compression épigastrique, et pour notre part, nous ne verrions pas grand inconvénient à ne les pas distinguer rigoureusement. Les mêmes causes les produisent, les mêmes désordres les suivent quand ils se renouvellent. Ce ne sont donc à bien prendre que des cauchemars incomplets, et non pas une affection à part méritant une description spéciale.
PRONOSTIC. —Les considérations pronostiques qui se rattachent au cauchemar varient avec les causes sous l’influence desquelles il se trouve placé. Tant qu’il reste un accident passager, que celui qui l’éprouve l’interprète dans sa véritable signification, il n’y a pas lieu de s’en préoccuper. Mais s’il revient fréquemment, il est alors, comme tous les troubles du sommeil, un accident sérieux dont il faut tenir le plus grand compte. Il indique, comme nous l’avons fait pressentir déjà, qu’un travail morbide se prépare dans les profondeurs de l’organisme. Chez l’enfant, il peut annoncer des fièvres éruptives, la présence de vers dans l’intestin. Chez l’adulte, des troubles des organes de la digestion, de la circulation, de la génération. Pris en lui-même dans ce cas, il peut bien [p. 564] n’avoir que la valeur d’un symptôme, aussi le pronostic varie-t-il suivant l’affection. Sa répétition amène la fatigue, l’épuisement, elle peut conduire à la mélancolie, à l’hypochondrie ; chez les sujets pléthoriques, l’apoplexie même. LOCHNER en a observé un cas, qui, chez un jeune homme, se termina par la mort. A moins de conditions toutes particulières, dépendant d’états pathologiques déterminés, la cauchemar offre en général peu de gravité ? Les réserves que nous avons gardées s’appliquent bien plutôt aux complications qu’à l’accident lui-même.
TRAITEMENT. —Contre le cauchemar simple, idiopathique, la thérapeutique n’a rien à faire, et le médecin n’est pas consulté pour un malaise passager qui ne laisse pas de trace après lui. Mais s’il se répète à des intervalles peu éloignés, il faut alors en rechercher la cause, et agir d’après les indications qui se présentent. Chez les individus d’un tempérament nerveux, il faut s’enquérir de la manière de vivre, et ne pas hésiter à éloigner tout ce qui peut surexciter les fonctions nerveuses; tout ce qui met en jeu d’une manière trop active, soit les sens, soit l’imagination, proscrire les lectures de romans, de contes fantastiques, les veilles prolongées, les travaux excessifs de l’esprit, les boissons aromatiques telles que le thé ou le café; ne pas permettre les repas du soir, exercer sur le régime une surveillance rigoureuse, en bannir avec sévérité les aliments d’une digestion difficile ; le séjour dans les villes s’accommode souvent mal à ces prescriptions hygiéniques ; il faut envoyer le malade à la campagne et le forcer ainsi de rompre avec ses habitudes qui ne feraient que prolonger la maladie. Les adjuvants les plus utiles sont l’exercice en plein air, l’équitation, l’escrime, qui en amenant de la fatigue physique préparent un sommeil plus profond, plus réparateur : les bains tièdes ou frais, les bains de mer seront utilement conseillés. On y pourra joindre les préparations antispasmodiques variées, et si la constitution est débile, le fer, associé aux toniques amers. La semence de pivoine a joué pendant longtemps d’une célébrité qui n’a pas paru justifiée de nos jours, et on l’a complètement délaissée. On la faisait porter dans un sachet suspendu au cou, comme on fait encore pour les colliers d’ambre contre les accidents de la dentition. Chez les enfants sujets au cauchemar, ce qui convient le mieux, c’est de ne pas permettre que leur imagination soit trop vivement frappée par des récits ou des spectacles effrayants. Il faut surveiller aussi les coucher, l’alimentation, et si le cauchemar se répète, voir s’il ne serait pas entretenu par la présence de vers intestinaux. Une médication appropriée le ferait rapidement disparaître dans ce dernier cas.
Si le cauchemar affectait le type régulièrement intermittent, la médication qui lui conviendrait le mieux serait celle qui modifie habituellement les névroses périodiques. Le sulfate de quinine, l’hydrothérapie trouveraient ici une utile application. Les cas de ce genre sont rares ; on en trouve un curieux exemple rapporté par FERREZ. C’est celui d’un officier espagnol, qui, après avoir passé quarante-deux nuits au chevet de [p. 565] sa fille dangereusement malade, était pris toutes les nuits de rêves effrayants ; sa constitution s’altéra rapidement, il devint d’une tristesse profonde entretenue par le sentiment de sa mort prochaine. La gymnastique, une grande sobriété, l’étude, ne modifièrent pas son état ; ce fut la fille même du malade qui, cause involontaire de ces troubles, trouva le meilleur moyen de les faire disparaître. Toutes les nuits, elle réveillait son père à minuit, avant l’invasion du cauchemar. Cela suffit pour interrompre la périodicité, et faire cesser complètement les accès.
Quelques personnes sont inévitablement prises de cauchemar lorsqu’elles ont fait un repas copieux : le devise de l’école de Salerne est le meilleur conseil qu’on puisse leur formuler. D’autres sont troublées dans leur sommeil par des songes effrayants si elles prennent dans le lit une position inaccoutumée, le cauchemar, comme le rêve érotique est fréquent dans le décubitus dorsal; on trouve dans BONET, l’observation d’un homme qui pour échapper aux angoisses auxquelles il était en proie dès qu’il se trouvait endormi sur le dos, faisait coucher dans son lit un domestique chargé de le replacer sur le côté; il est certain que les accidents peuvent être immédiatement enrayés par le retour à la position habituelle. S’il existe des signes de pléthore, les saignées générales ou locales seront employées avec avantage ; il en est de même des purgatifs, et parmi eux, les purgatifs aloétiques seront préférés à tous les autres, ils peuvent amener une dérivation utile du côté des plexus hémorroïdaux. Dans les cauchemars symptomatiques des affections du cœur, la digitale en régularisant et en ralentissant les contractions du cœur, ramènera souvent le calme; mais où toutes les médications échouent, c’est contre les cauchemars liés à des affections chroniques des voies digestives. Que faire, en effet, contre des affections symptomatiques d’un cancer de l’estomac, d’une dégénérescence du foie, etc. ? Que faire encore contre ceux qui précèdent chez quelques épileptiques le retour des accès? Les efforts les plus constants n’amènent aucun résultat satisfaisant, c’est à peine si de minutieuses précautions peuvent, sinon enrayer, du moins rendre un peu moins pénibles, les rêves qui presque chaque nuit traversent le sommeil.
Chez les aliénés dont les cauchemars entretiennent en quelque sorte le délire, la médication n’est pas beaucoup plus heureuse. Les préparations antispasmodiques, narcotiques, n’amènent que des modifications passagères ; et, désespérant d’échapper aux visions qui les assiègent, auxquelles ils ajoutent foi, comme la réalité s’était offerte à leurs yeux, ces malades cherchent dans le suicide la fin de leurs souffrances. Il faut ne se relâcher jamais auprès d’eux de la surveillance la plus attentive, les encourager, les soutenir, et les traiter comme on traite les hallucinés. L’influence d’une direction morale, prudente et éclairée, peut amener parfois la fin de troubles qui s’annonçaient avec un caractère alarmant. Il faut avant tout s’efforcer de gagner la confiance du malade, et dès qu’il est possible de lui faire entrevoir que les apparitions dont il se plaint sont tout entières sous le dépendance d’un état morbide, [p. 566] il y a chance de le voir arriver à la guérison. Quand le traitement moral échoue il reste bien peu à faire; il est rare alors, même avec l’aide du temps, de voir la situation se modifier.
NATURE. —Quelle est la place qu’il convient d’assigner au cauchemar dans le cadre nosologique ? Pour un grand nombre d’auteurs, la question est tranchée sans difficulté, et sa place est marquée parmi les affections nerveuses. Nous nous rallions à cette opinion, mais il nous semble qu’il y a lieu d’en exposer les raisons. Le cauchemar pour nous, comme pour MAURY, BAILLARGER, BRIERRE DE BOISMONT, MACARIO etc., offre avec les hallucinations bien des points d’analogie. Idiopathique, il n’en saurait être éloigné. Que se passe-t-il en effet ? sous l’influence d’une surexcitation du système nerveux, l’intelligence continue d’agir pendant le sommeil; les sens qui lui fournissent habituellement, pendant la veille, des données qu’elle développe, lui apportent des matériaux incomplets ; elle-même, dépourvue momentanément de sa puissance, ne peut plus présider à l’association régulière des idées ; la sensation perçue évoque des souvenirs qui se pressent sans ordre, le fonctionnement cérébral est anormal. C’est un véritable délire, dont l’intensité, l’étendue, sont en raison directe de la sensation pénible, du trouble morbide qui lui ont servi de point de départ. Comme tous les accidents d’origines purement nerveuse, le cauchemar est passager, les accès, même sous la dépendance de lésions organiques ne sont pas continus. « Il en faut, dit P. JOLLY, rechercher la cause dans les circonstances qui peuvent imprimer à la sensibilité digestive, respiratoire ou cérébrale une modification accidentelle. » C’est le délire du rêve, délire qui se rapproche dans l’immense majorité des cas des folies sympathiques, mais qui en diffère toutefois de toute la distance qui sépare un trouble momentané, fugace, d’une affection à marche lente et chronique. C’est une névrose complexe où l’intelligence, le sensibilité, la volonté sont à la fois compromises; elle emprunte son cachet tout spécial aux conditions particulières dans lesquelles le sommeil place périodiquement les facultés de l’homme.
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AXENFELD, Jean Wier (Conférences de la Faculté de médecine). Paris, 1865. [en ligne sur notre site]
AUG. MOTET.
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