Aristote. Des rêves. Extrait de « Psychologie – Opuscules (Parva naturalia) – Traduits en français pour la première fois et accompagnés de notes perpétuelles par J. Barthélemy Saint-Hilaire», (Paris), Dumont, 1847, pp. 181-204.
Aristote (0384-0322) – Barthélémy Saint-Hilaire (1805-1895).
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DES RÊVES.
CHAPITRE PREMIER.
À quelle faculté de l’âme se rapporte le rêve ? Est-ce à l’entendement ou à la sensibilité ?
Il y a dans le rêve quelque chose de plus que la sensation : rôle de l’opinion. Le rêve n’appartient exclusivement ni à la sensibilité, ni à l’intelligence, ni à l’opinion : il se rapporte à l’imagination, laquelle n’est elle- même qu’une modification de la sensibilité.
§ 1. Après avoir étudié le sommeil, il faut passer aux rêves, et rechercher
d’abord à quelle partie de l’âme se montre le rêve. Est-ce une affection de l’entendement ou de la sensibilité, les deux seules parties de notre être qui nous fassent connaître les choses ?
§ 2. La fonction de la vue, c’est de voir ; celle de l’ouïe, c’est d’entendre ;et, en général, la fonction de la sensibilité, c’est de sentir. De plus, il y a certaines choses communes à tous les sens, telles que la forme, le mouvement, la grandeur, et autres qualités de même genre ; [p. 182] et il y en a d’autres qui sont spéciales, comme la couleur, le son, la saveur. Or, quand on ferme les yeux, et quand on dort, on n’est point en état d’avoir la sensation de la vue, on n’a pas davantage les autres ; ainsi, il est clair que nous ne sentons rien durant le sommeil. Ce n’est donc pas par la sensation que nous sentons le rêve.
§ 3. Nous ne le sentons pas non plus par la simple opinion ; car nous ne disons pas seulement que l’objet qui se présente alors est homme ou cheval ; nous disons encore que cet objet est blanc ou qu’il est beau ; et sans le secours de la sensation, la simple opinion ne pourrait rien nous dire de tout cela, ni de vrai ni de faux. Mais c’est là précisément ce qui fait l’âme dans les rêves puisque nous croyons voir alors, tout aussi réellement que dans la veille, que celui qui se présente est homme, et de plus qu’il est blanc. Dans le rêve nous sentons [p. 183] donc encore quelque chose de plus que l’objet, de même que dans la veille, quand nous sentons un objet. En effet, souvent nous ne sentons pas seulement l’objet, mais nous en pensons encore quelque chose ; de même aussi dans les rêves, nous pensons quelque fois autre chose encore au-delà des images qui nous apparaissent.
§ 4. Cela sera parfaitement évident pour quiconque, après le réveil, appliquera son esprit à se rappeler les rêves qu’il a eus. Quelques personnes ont ainsi revu leurs rêves, comme en observant les règles de la mnémonique on apprend à se représenter les choses proposées. En effet, il arrive souvent à ceux qui prenne cette habitude, outre le rêve il se remette encore sous les yeux quelques autres images, dans le lieu qui reçoit les images.
§ 5. Ceci prouve bien que la représentation aperçue [p. 184] dans le sommeil n’est pas toujours un rêve, et que ce que pense alors notre intelligence, elle en a connaissance par l’opinion.
§ 6. Il est évident encore que pour tous les phénomènes de ce genre, la cause qui fait que dans certaines maladies nous nous trompons même tout éveillés, est celle aussi qui, dans le sommeil, produit sur nous l’impression du rêve. Et même, on a beau être en pleine santé, on a beau savoir fort bien ce qu’il en est, le soleil paraît toujours n’avoir qu’un seul pied de large. Mais, soit que l’imagination et la sensibilité soient dans l’âme deux facultés identiques, ou qu’elles soient différentes, le rêve ne se produit pas néanmoins sans que l’on voie et que l’on sente quelque chose. En effet, mal voir, mal entendre ne peut appartenir qu’un maître qui vois et qui entend quelque chose de vrai, bien que ce quelque chose ne soit pas ce qu’il croit. Mais on suppose que dans le sommeil on ne voit rien, qu’on n’entend rien, en un mot qu’on ne sent rien. Faut-il donc admettre que, s’il est vrai qu’on ne voie rien dans le rêve, il n’est pas vrai que la sensibilité n’éprouve rien ? Mais [p. 185] il se peut que la vue et les autres sens éprouvent alors quelque affection ; chacune des impressions agit à peu près comme si l’on était éveillé, et elles frappent la sensibilité d’une certaine manière ; mais ce n’est pas tout à fait cependant comme durant la véritable veille. Ainsi, tantôt l’opinion nous dit que ce que nous voyons alors est faux, comme elle nous le dit dans la veille ; et tantôt, elle est saisie par l’image et se laisse entraîner à sa suite.
§ 7. Il est donc certain que cette affection que nous appelons le rêve n’appartient, ni à la faculté de l’opinion, ni à celle de l’intelligence. Elle ne relève absolument non plus de la sensibilité ; car alors on verrait, on n’entendrait tout à fait.
§ 8. Mais recherchons comment ce phénomène est possible et comment il se passe. Supposons donc, ce qui est du reste est évident, que cela une infection de la sensibilité, puisque le sommeil en est une aussi ; et en effet, la faculté, du sommeil n’appartient pas à un tel animal et la faculté du rêve à tel animal différent : elles sont réunies toutes deux dans le même être.
§ 9. Nous avons déjà parlé de l’imagination dans le Traité de l’âme, et nous y avons dit que l’imagination est la même [p. 186] chose que la sensibilité ; mais que la manière d’être de la sensibilité et celle de l’imagination sont différentes ; nous avons défini l’imagination : le mouvement produit par la sensation en acte. Or, le rêve paraît bien être une sorte d’image ; car nous appelons rêve l’image qui se montre durant le sommeil, qu’elle se produise, soit d’une manière absolue, soit d’une manière quelconque.
§ 10. Il est donc évident que rêver appartient à la sensibilité, et lui appartient en tant qu’elle est douée d’imagination.
Texte grec
§ 1. Περὶ δὲ ὕπνου καὶ ἐγρηγόρσεως ἐπισκεπτέον τίνα τε τυγχάνει ὄντα͵ καὶ πότερον ἴδια τῆς ψυχῆς ἢ τοῦ σώματος ἢ κοινά͵ καὶ εἰ κοινά͵ τίνος μορίου τῆς ψυχῆς ἢ τοῦ σώματος͵ καὶ διὰ τίν΄ αἰτίαν ὑπάρχει τοῖς ζῴοις· καὶ πότερον ἅπαντα κεκοινώνηκεν ἀμφοτέρων͵ ἢ τὰ μὲν θατέρου τὰ δὲ θατέρου μόνον͵ ἢ τὰ μὲν οὐδετέρου τὰ δὲ ἀμφοτέρων·
§ 2. πρὸς δὲ τούτοις τί ἐστι τὸ ἐνύπνιον͵ καὶ διὰ τίνα αἰτίαν οἱ καθεύδοντες ὁτὲ μὲν ὀνειρώττουσιν ὁτὲ δὲ οὔ͵ ἢ συμβαίνει μὲν ἀεὶ τοῖς καθεύδουσιν ἐνυπνιάζειν͵ ἀλλ΄ οὐ μνημονεύουσιν͵ καὶ εἰ τοῦτο γίγνεται͵ διὰ τίνα αἰτίαν γίγνεται· § 3. καὶ πότερον ἐνδέχεται τὰ μέλλοντα προορᾶν ἢ οὐκ ἐνδέχεται͵ καὶ τίνα τρόπον εἰ ἐνδέχεται· καὶ πότερον τὰ μέλλοντα ὑπ΄ ἀνθρώπου πράσσεσθαι μόνον͵ ἢ καὶ ὧν τὸ δαιμόνιον ἔχει τὴν αἰτίαν͵ καὶ φύσει γίγνεται ἢ ἀπὸ ταὐτομάτου.
§ 4. Πρῶτον μὲν οὖν τοῦτό γε φανερόν͵ ὅτι τῷ αὐτῷ τοῦ ζῴου ἥ τε ἐγρήγορσις ὑπάρχει καὶ ὁ ὕπνος· ἀντίκεινται γάρ͵ καὶ φαίνεται στέρησίς τις ὁ ὕπνος τῆς ἐγρηγόρσεως· ἀεὶ γὰρ τὰ ἐναντία καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων καὶ ἐν τοῖς φυσικοῖς ἐν τῷ αὐτῷ δεκτικῷ φαίνεται γιγνόμενα͵ καὶ τοῦ αὐτοῦ ὄντα πάθη͵ λέγω δ΄ οἷον ὑγίεια καὶ νόσος͵ καὶ κάλλος καὶ αἶσχος͵ καὶ ἰσχὺς καὶ ἀσθένεια͵ καὶ ὄψις καὶ τυφλότης͵ καὶ ἀκοὴ καὶ κωφότης. Ἔτι δὲ [454a] καὶ ἐκ τῶνδε δῆλον· ᾧ γὰρ τὸν ἐγρηγορότα γνωρίζομεν͵ τούτῳ καὶ τὸν καθυπνοῦντα· τὸν δὲ αἰσθανόμενον ἐγρηγορέναι νομίζομεν͵ καὶ τὸν ἐγρηγορότα πάντα ἢ τῶν ἔξωθέν τινος αἰσθάνεσθαι ἢ τῶν ἐν αὑτῷ κινήσεων. Εἰ τοίνυν τὸ ἐγρηγορέναι ἐν μηδενὶ ἄλλῳ ἐστὶν ἢ τῷ αἰσθάνεσθαι͵ δῆλον ὅτι ᾧ περ αἰσθάνεται͵ τούτῳ καὶ ἐγρήγορε τὰ ἐγρηγορότα καὶ καθεύδει τὰ καθεύδοντα. § 6. Ἐπεὶ δὲ οὔτε τῆς ψυχῆς ἴδιον τὸ αἰσθάνεσθαι οὔτε τοῦ σώματος (οὗ γὰρ ἡ δύναμις͵ τούτου καὶ ἡ ἐνέργεια· ἡ δὲ λεγομένη αἴσθησις ὡς ἐνέργεια κίνησίς τις διὰ τοῦ σώματος τῆς ψυχῆς ἐστι)͵ φανερὸν ὡς οὔτε τῆς ψυχῆς τὸ πάθος ἴδιον͵ οὔτ΄ ἄψυχον σῶμα δυνατὸν αἰσθάνεσθαι. Διωρισμένων δὲ πρότερον ἐν ἑτέροις περὶ τῶν λεγομένων ὡς μορίων τῆς ψυχῆς͵ καὶ τοῦ μὲν θρεπτικοῦ χωριζομένου τῶν ἄλλων ἐν τοῖς ἔχουσι σώμασι ζωήν͵ τῶν δ΄ ἄλλων οὐδενὸς ἄνευ τούτου͵ δῆλον ὡς ὅσα μὲν αὐξήσεως καὶ φθίσεως μετέχει μόνον τῶν ζώντων͵ [ὅτι] τούτοις οὐχ ὑπάρχει ὕπνος οὐδὲ ἐγρήγορσις͵ οἷον τοῖς φυτοῖς (οὐ γὰρ ἔχουσι τὸ αἰσθητικὸν μόριον͵ οὔτε εἰ χωριστόν ἐστιν οὔτε εἰ μὴ χωριστόν· τῇ γὰρ δυνάμει καὶ τῷ εἶναι χωριστόν ἐστιν)· § 7. ὁμοίως δὲ καὶ ὅτι οὐδέν ἐστιν ὃ ἀεὶ ἐγρήγορεν ἢ ἀεὶ καθεύδει͵ ἀλλὰ τοῖς αὐτοῖς ὑπάρχει τῶν ζῴων ἀμφότερα τὰ πάθη ταῦτα. Οὐ γάρ͵ εἴ τι ἔστι ζῷον μὴ ἔχον αἴσθησιν͵ τοῦτ΄ ἐνδέχεται οὔτε καθεύδειν οὔτε ἐγρηγορέναι (ἄμφω γάρ ἐστι τὰ πάθη ταῦτα περὶ αἴσθησιν τοῦ πρώτου αἰσθητικοῦ)· οὐκ ἐνδέχεται δὲ οὐδὲ θάτερον τούτων ἀεὶ ὑπάρχειν τῷ αὐτῷ͵ οἷον ἀεί τι γένος ζῴων καθεύδειν ἢ ἀεί τι ἐγρηγορέναι. § 8. Ἔτι ὅσων ἔστι τι ἔργον κατὰ φύσιν͵ ὅταν ὑπερβάλλῃ τὸν χρόνον ὅσον δύναταί τι ποιεῖν͵ ἀνάγκη ἀδυνατεῖν͵ οἷον τὰ ὄμματα ὁρῶντα͵ καὶ παύεσθαι τοῦτο ποιοῦντα͵ ὁμοίως δὲ καὶ χεῖρα καὶ ἄλλο πᾶν οὗ ἔστι τι ἔργον. Εἰ δή τινός ἐστιν ἔργον τὸ αἰσθάνεσθαι͵ καὶ τοῦτο͵ ἂν ὑπερβάλλῃ ὅσον ἦν χρόνον δυνάμενον αἰσθάνεσθαι συνεχῶς͵ ἀδυνατήσει καὶ οὐκέτι τοῦτο ποιήσει. Εἰ τοίνυν τὸ ἐγρηγορέναι ὥρισται τῷ [454b] λελύσθαι τὴν αἴσθησιν͵ τῶν δ΄ ἐναντίων τῶν μὲν ἀνάγκη θάτερον ἀεὶ παρεῖναι τῶν δ΄ οὔ͵ τῷ δ΄ ἐγρηγορέναι τὸ καθεύδειν ἐναντίον͵ καὶ ἀναγκαῖον ἅπαντι θάτερον ὑπάρχειν͵ ἀναγκαῖον ἂν εἴη καθεύδειν. § 9. Εἰ οὖν τὸ τοιοῦτον πάθος ὕπνος͵ τοῦτο δ΄ ἐστὶν ἀδυναμία δι΄ ὑπερβολὴν τοῦ ἐγρηγορέναι͵ ἡ δὲ τοῦ ἐγρηγορέναι ὑπερβολὴ ὁτὲ μὲν νοσώδης ὁτὲ δὲ ἄνευ νόσου γίγνεται͵ ὥστε καὶ ἡ ἀδυναμία καὶ ἡ διάλυσις ὡσαύτως ἔσται͵ ἀνάγκη πᾶν τὸ ἐγρηγορὸς ἐνδέχεσθαι καθεύδειν· ἀδύνατον γὰρ ἀεὶ ἐνεργεῖν. Ὁμοίως δὲ οὐδὲ καθεύδειν οὐδὲν ἀεὶ ἐνδέχεται. Ὁ γὰρ ὕπνος πάθος τι τοῦ αἰσθητικοῦ μορίου ἐστίν͵ οἷον δεσμός τις καὶ ἀκινησία͵ ὥστ΄ ἀνάγκη πᾶν τὸ καθεῦδον ἔχειν τὸ αἰσθητικὸν μόριον. Αἰσθητικὸν δὲ τὸ δυνατὸν αἰσθάνεσθαι κατ΄ ἐνέργειαν· ἐνεργεῖν δὲ τῇ αἰσθήσει κυρίως καὶ ἁπλῶς ἀδύνατον καθεῦδον ἅμα· διὸ ἀναγκαῖον ὕπνον πάντα ἐγερτὸν εἶναι.
§ 10. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα σχεδὸν ἅπαντα δῆλα κοινωνοῦνθ΄ ὕπνου͵ καὶ πλωτὰ καὶ πτηνὰ καὶ πεζά· καὶ γὰρ τὰ τῶν ἰχθύων γένη πάντα καὶ τὰ τῶν μαλακίων ὦπται καθεύδοντα͵ καὶ τἆλλα πάντα ὅσαπερ ἔχει ὀφθαλμούς· καὶ γὰρ τὰ σκληρόφθαλμα φανερὰ καὶ τὰ ἔντομα κοιμώμενα· βραχύυπνα δὲ τὰ τοιαῦτα πάντα͵ διὸ καὶ λάθοι ἄν τινα πολλάκις πότερον μετέχουσι τοῦ καθεύδειν ἢ οὔ. Τῶν δ΄ ὀστρακοδέρμων κατὰ μὲν τὴν αἴσθησιν οὐδέ πω γέγονε φανερὸν εἰ καθεύδουσιν· εἰ δέ τῳ πιθανὸς ὁ λεχθεὶς λόγος͵ τοῦτο πεισθήσεται.
§ 11. Ὅτι μὲν οὖν ὕπνου κοινωνεῖ τὰ ζῷα πάντα͵ φανερὸν ἐκ τούτων. Τῷ γὰρ αἴσθησιν ἔχειν ὥρισται τὸ ζῷον͵ τῆς δ΄ αἰσθήσεως τρόπον τινὰ τὴν μὲν ἀκινησίαν καὶ οἷον δεσμὸν τὸν ὕπνον εἶναί φαμεν͵ τὴν δὲ λύσιν καὶ τὴν ἄνεσιν ἐγρήγορσιν. Τῶν δὲ φυτῶν οὐδὲν οἷόν τε κοινωνεῖν οὐδετέρου τούτων τῶν παθημάτων· ἄνευ μὲν γὰρ αἰσθήσεως οὐχ ὑπάρχει οὔτε ὕπνος οὔτε ἐγρήγορσις· οἷς δ΄ αἴσθησις ὑπάρχει͵ καὶ τὸ λυπεῖσθαι καὶ τὸ χαίρειν· οἷς δὲ ταῦτα͵ καὶ ἐπιθυμία· τοῖς δὲ φυτοῖς οὐδὲν ὑπάρχει τούτων. Σημεῖον δ΄ ὅτι καὶ τὸ ἔργον τὸ αὑτοῦ ποιεῖ τὸ [455a] θρεπτικὸν μόριον ἐν τῷ καθεύδειν μᾶλλον ἢ ἐν τῷ ἐγρηγορέναι· τρέφεται γὰρ καὶ αὐξάνεται τότε μᾶλλον͵ ὡς οὐδὲν προσδεόμενα πρὸς ταῦτα τῆς αἰσθήσεως.
Notes de Barthélémy Saint-Hilaire
§ 1. Le sommeil et la veille. Aristote a déjà annoncé cette étude, sans d’ailleurs l’avoir approfondie, dans le Traité de la Sensation, ch. 1, § 3, et dans le Traité de l’Ame, III , IX, 4.
§ 2. Ce que c’est que rêver. Ce sera l’objet du traité qui suivra celui-ci.
— Qu’on rêve toujours. C’est une opinion que, dans ces derniers temps, on a soutenue comme si elle était toute nouvelle.
— De cette continuité des rêves. Le texte dit simplement : « Si cela arrive. »
§ 3. Découvrir l’avenir dans les songes. C’est là l’objet du petit Traité de la Divination.
— Une chose impossible. C’est là an fond l’opinion d’Aristote; mais il faut voir comment il la soutient dans l’ouvrage spécial qUI lui a consacré.
— La volonté des dieux. Le texte dit seulement : « Le divin. »
— Les phénomènes spontanés, c’est-à-dire qu’on ne peut rapporter à aucune cause bien connue.
— Aristote traitera plus tard de ces divers sujets ; dans le présent ouvrage, il n’étudie que le sommeil et la veille. Voir les traités qui suivent celui-ci.
§ 4. Sont opposées. Voir la théorie de» opposés dans les Catégories, ch. x, et dans la Métaphysique, liv. V, ch. x.
§ 5. L’opposition du sommeil et de la veille. Le texte est un peu moins précis.
— Des mouvements qui s’accomplissent en lui. Il ne s’agit pas ici des sensations que peuvent causer les visions et les organes intérieurs : les commentateurs ont compris en général, et je me range à leur avis, qu’il s’agissait des actes de la pensée dont l’homme a conscience.
§ 6. Puisque l’acte se rapporte…. la puissance. Voir Traité de l’Ame, II, v, 2, le rapport de l’acte à la puissance dans la sensibilité, et aussi Métaphysique, V, 12.
— En tant qu’acte. Traité de l’Ame, ibid.
— Par le moyen du corps. Id., III, iii, 1 ; II, ii, 6, et III, iv, 5.— Dans et autres ouvrages. Le Traité de l’Ame, passim et surtout II, iii, et III, xii.
— Peut être séparée. Traité de l’Ame, I, v, 27 ; II, ii, 2 et suiv.
— Ni sommeil ni veille. On sait que la science moderne reconnaît dans les plantes des fonctions analogues à celles du sommeil et de la veille.
— Séparable ou inséparable. Voir le Traité de l’Ame, I, v, 26 et 27.
— Par sa fonction et son essence, telles que les conçoit la raison.
§ 7. Pour la même raison, c’est-à-dire parce que le sommeil et la veille sont des contraires.
— A la fois, ce qui ne veut pas dire en même temps : l’animal ne peut jamais avoir l’une de ces deux facultés sans l’autre.
— De sensation ou de sensibilité.
— Le principe sensible. L’âme, qui , dans les théories péripatéticiennes , réside surtout dans le cœur.
— Dans ce paragraphe, Aristote ne fait guère que répéter ce qu’il a déjà dit plus haut, mais sans le démontrer : il ne le démontrera qu’au paragraphe suivant.
§ 8. Pour tous les organes. L’expression du texte est un peu plus générale : le contexte m’a autorisé è la rendre plus particulière.
— Sans discontinuité, sans que son action naturelle cessât un instant.
— Par le libre exercice de la sensibilité. Le texte dit mot à mot : « Parce que la sensibilité est délivrée, déliée. »
— Et qu’il faille toujours. C’est ce principe qui était sous-entendu au paragraphe précédent ; il était indispensable à la démonstration, qui n’est donnée que dans celui-ci.
§ 9. Une impuissance de continuer…. Le texte dit mot à mot : «Une impuissance à cause de l’excès de la veille. »
— Que d’ailleurs…. Cette parenthèse ne parait pas très-nécessaire , et elle gène un peu le développement de la pensée.
— Et réellement. J’ai ajouté ces deux mots pour que la pensée fût tout à fait claire.
— Quand on dort. Voir dans le Traité de l’Ame une distinction analogue , II , 1, 5.
— Puisse finir par le réveil , parce que tout animal qui dormirait toujours ne serait pas vraiment sensible , et c’est cependant la sensibilité qui constitue essentiellement l’animal , I , ii , 2 , et II, ii, 4.
§ 10. Les yeux durs. Voyez sur cette expression le Traité de l’Ame, III, ix, 2 et 7.
— A l’explication qu’on en donne. L’expression d’Aristote est ici un peu vague ; et l’on ne saurait dire s’il entend parler d’une explication qu’il aurait personnellement donnée.
§ 11. Le caractère essentiel de l’animal. Voir le Traité de l’Ame, I, ii, 2, et II, n, 4.
— Et nous avons dit, plus haut, § 9.
— Or, les végétaux. La comparaison qu’Aristote fait ici des végétaux aurait peut-être exigé qu’il dît au début du paragraphe : « On voit donc que les animaux seuls, etc. »
— De peine et de plaisir. Il paraît, d’après les commentateurs , que dans l’école de Platon ou avait quelquefois prêté aux plantes des sentiments de peine et de plaisir.
— On peut trouver que tout ce chapitre , surtout dans la seconde partie, a un peu de prolixité. C’est un fait à remarquer; car il est fort rare dans Aristote.
CHAPITRE II
Pour bien comprendre les rêves, il faut étudier les circonstances qui accompagnent le sommeil. L’impression sensible demeure dans les organes après que l’objet sensible a disparu : loi générale de la transmission du mouvement, soit de translation, soit d’altération. Effets consécutifs de certaines sensations trop prolongées. Dans l’acte de la vision, si la vue est passive, elle est certainement active aussi : singulier effet que produisent les miroirs, les yeux des femmes qui sont dans leurs mois : les vins et les huiles sont affectés à distance par les odeurs. — Hallucinations et erreurs des sens dans diverses circonstances ; effets des passions violentes ; la boulette de pain sous les doigts.
§ 1. Ce qui nous fera le mieux comprendre ce que c’est que le rêve, et comment il a lieu, ce sont les circonstances qui accompagnent le sommeil.
§ 2. Les choses sensibles produisent en nous la sensation selon chacun de nos organes ; et l’impression qu’elles causent n’existe pas seulement dans les organes, quand les sensations sont actuelles ; cette impression y demeure, même quand la sensation a disparu.
§ 3. Le phénomène qu’on éprouve [p. 188] alors paraît être à peu près le même que celui qui se passe dans le mouvement des projectiles. Ainsi, les corps qui ont été lancés continuent à se mouvoir, même après que le moteur a cessé de les toucher, parce que ce moteur a d’abord agi sur une certaine portion de l’air, et qu’ensuite cet air a communiqué à une autre ; partie le mouvement qu’il avait lui- même reçu ; et c’est ainsi que jusqu’à ce que le projectile s’arrête, il produit son mouvement, soit dans l’air soit dans les liquides. Il faut supposer encore la même loi dans les mouvements de simple altération. Ainsi, ce qui est échauffé par une chaleur quelconque échauffe la partie voisine ;et la chaleur se transmet jusqu’au bout. Il y a donc nécessité que ceci se passe également dans l’organe siège de la sensibilité, puisque la sensation en acte n’est qu’une sorte d’altération. C’est là ce qui fait que l’impression n’est pas seulement dans les organes au moment où ils sentent, mais qu’elle y reste encore quand ils ont cessé de sentir, et qu’elle est au fond tout comme elle est à la surface.
§ 4. Ceci est bien frappant quand nous avons senti quelque objet d’une manière prolongée. Alors, on a beau faire cesser la sensation, l’impression persiste ; et ainsi, par exemple, quand on passe du soleil à l’ombre, durant quelques instants on ne peut voir rien, parce que tout le mouvement, sourdement causé dans les yeux par la lumière, y continue encore. De même, si nous arrêtons trop longtemps notre vue sur une seule couleur, soit blanche, soit jaune, nous la revoyons ensuite sur tous les objets où, pour changer, nous reportons nos regards ; et si nous avons dû cligner les yeux en regardant le soleil ou telle autre chose trop brillante, il nous paraît aussitôt, que quel que soit l’objet que nous
regardions après, que nous le voyons d’abord de cette même couleur, puis ensuite qu’il devient rouge, puis violet, jusqu’à ce qu’il arrive à la couleur noire et disparaisse à nos yeux.§ 5. Même le mouvement seule des objets suffit pour causer en août ce changement. Ainsi, il suffit de regarder quelques temps les eaux des fleuves, et surtout de ceux qui coulent très rapidement, pour que les autres choses qui sont en repos paraissent se mouvoir. C’est encore ainsi qu’on devient sourd par suite de bruits trop violents, et que l’odorat s’émousse par l’action de trop fortes odeurs ; et de même pour tout le reste.
§ 6. Tous ces phénomènes ont lieu de [p. 190] cette façon, évidemment.
§ 7. Une preuve de la rapidité avec laquelle les organes perçoivent même une très-petite différence, c’est ce qui se passe dans les miroirs, sujet sur lequel on peut s’arrêter soi-même, si l’on désire l’étudier et lever les doutes qu’il peut faire naître. Ce fait des miroirs prouvera également bien que, si la vue souffre quelque chose, elle agit aussi. Quand les miroirs sont parfaitement nets, il est certain que si des femmes qui sont dans leurs mois s’y regardent, il s’étend sur la surface du miroir comme un nuage de vapeur sanguine. Si le miroir est neuf, il n’est pas facile de faire disparaître cette tache ; au contraire, il est facile de l’enlever si le miroir est vieux.
§ 8. La cause de ce faite c’est comme nous l’avons déjà dit, que non seulement la vue éprouve quelque chose de l’air, mais aussi qu’elle agit elle-même sur lui et cause d’un mouvement, tout comme en causent les objets brillants. La vue, en effet, peut être classée parmi les choses qui brillent et qui ont une couleur. Il est donc tout simple que les yeux des femmes qui sont dans leurs mois, soient dans une même disposition que toute autre partie de leur corps, puisque les [p. 191] yeux sont aussi remplis de veines. A l’époque des règles, le changement qui survient dans les yeux, par suite du trouble général de l’organisation, et de l’inflammation sanguine, peut très bien échapper à notre observation, mais il n’en existe pas moins. Or, la nature du sperme et celle des règles sont les mêmes. Ces deux liquides agissent sur l’air qui les touche ; et cet air communique à celui qui est sur les miroirs et qui ne fait qu’un avec lui, la même modification qu’il ressent lui- même ; puis enfin, cet air agit sur la surface du miroir.
§ 9. C’est absolument comme pour les étoffes ; les plus blanches et les plus propres sont celles qui se tachent le plus vite, parce que ce qui est propre montre vivement tout ce qu’il attend, et surtout les mouvements les plus faibles. L’airain, par cela même qu’il est parfaitement uni, sent les contacts les plus léger. Or, il faut regarder ce contact de l’air comme une pression, comme un essuiement, et le frôlement d’un liquide ;et quelque léger que soit cet attouchement, il se marque parce que le miroir est très-pur. Si la tache ne s’en va pas aisément des miroirs neufs, c’est précisément qu’ils sont purs et unis ; car elle entre dans ces miroirs en profondeur et en tous sens : [p. 192] en profondeur parce qu’ils sont purs ; et elle se répand dans tous les sens, parce qu’ils sont unis. La marque ne reste pas sur les vieux miroirs, parce que la tache n’y entre pas autant, et qu’elle demeure davantage à la surface.
§ 10. Ceci prouve donc que le mouvement peut être produit par de minimes différences, que la sensation est très-rapide, et que non seulement l’organe des couleurs souffre quelque modification, mais qu’il réagit lui- même. On peut citer, à l’appui de cette opinion, les phénomènes qui se passent dans la fabrication des vins et dans celle des parfums. L’huile qu’on a toute préparée prend très-vite l’odeur des parfums qu’on a mis près d’elle ; et les vins éprouvent la même influence. Ils contractent les odeurs non seulement des corps que l’on place près des vases qui les renferme, ou celle des fleurs qui pousse dans le voisinage.il contracte les odeurs non seulement des cours que l’on place près des vases qui les renferme, ou celle des fleurs qui pousse dans le voisinage.
§ 11. Pour en revenir à la question que nous nous étions proposée au début, il faut admettre ce principe, qui ressort évidemment de tout ce que nous avons dit, à savoir : que même si l’objet sensible a disparu [p. 193] au dehors, les impressions senties n’en demeurent pas moins dans les organes, et y demeurent sensibles.
§ 12. Ajoutons que nous nous trompons très facilement sur nos sensations au moment même où nous les éprouvons, ceux-ci dominés par telle affection, ceux-là par telle autre tache : le lâche, par sa frayeur ; l’amoureux, par son amour ; l’un croyant voir partout ses ennemis ; et l’autre, celui qu’il aime. Et plus la passion nous domine, plus la ressemblance apparente, qui suffit pour nous faire illusion, peut être légère. On observe aussi que tous les hommes se trompent très aisément quand ils sont sous le coup d’une colère violente ou d’une passion quelconque ; livreur leur état leur d’autant plus facile qu’ils sont plus passionné. De la vient aussi que dans les accès de la fièvre, il suffit de la moindre ressemblance formé par des lignes, qui se rencontrent au hasard, pour faire croire au malade qu’il y a des animaux sur la muraille de sa chambre ; et quelques fois ces hallucinations suivent en intensité les progrès du mal. Si l’on est pas très-malade, on reconnait bien vite que c’est une illusion ; mais si la souffrance devient plus forte, le malade va jusqu’à faire des mouvements vers les objets qu’il croit voir.
§ 13. La cause de tous ces phénomènes tient à ce que ce n’est pas la même faculté de l’esprit, qui est chargée de juger les choses, et qui reçoit en elle les images. Une preuve de ceci, [p. 194] c’est que le soleil paraît n’avoir qu’un pied de largeur. Un autre fait que l’on cite souvent pour démontrer les erreurs de l’imagination, c’est qu’une simple superposition des doigts suffit pour nous faire croire qu’une seule chose devient deux, sans que cependant nous allions jusqu’à dire qu’il y ait réellement deux choses ; car ici le témoignage de la vue l’emporte sur celui du toucher. Mais si le toucher était tout seul, nous jugerions que cette chose qui est une en est deux. Ce qui cause notre erreur, c’est que non-seulement ces apparences se produisent par nous, quand la chose sensible vient à se mouvoir d’une façon quelconque, mais encore quand le sens est en lui-même mis en mouvement, et qu’il reçoit un mouvement analogue à celui qu’il aurait reçu de la chose sensible. Je veux dire, par exemple, que quand on est dans un vaisseau en marche, le rivage semble être en mouvement, bien que la vue soit certainement mise en mouvement par une autre chose que le rivage. [p. 195]
Texte grec
§ 1. Διὰ τί δὲ καθεύδει καὶ ἐγρήγορε καὶ διὰ ποίαν τινὰ αἴσθησιν ἢ ποίας͵ εἰ διὰ πλείους͵ σκεπτέον.
§ 2. Ἐπεὶ δ΄ ἔνια μὲν τῶν ζῴων ἔχει τὰς αἰσθήσεις πάσας͵ ἔνια δ΄ οὐκ ἔχει͵ οἷον ὄψιν͵ τὴν δ΄ ἁφὴν καὶ τὴν γεῦσιν ἅπαντα ἔχει͵ πλὴν εἴ τι τῶν ζῴων ἀτελές (εἴρηται δὲ περὶ αὐτῶν ἐν τοῖς Περὶ ψυχῆς)͵ ἀδύνατον δ΄ ἐστὶν ἁπλῶς ὁποιανοῦν αἴσθησιν αἰσθάνεσθαι τὸ καθεῦδον ζῷον͵ φανερὸν ὅτι πάσαις ἀναγκαῖον ὑπάρχειν τὸ αὐτὸ πάθος ἐν τῷ καλουμένῳ ὕπνῳ· εἰ γὰρ τῇ μέν͵ τῇ δὲ μή͵ ταύτῃ καθεῦδον αἰσθήσεται͵ τοῦτο δ΄ ἀδύνατον. § 3. Ἐπεὶ δ΄ ὑπάρχει καθ΄ ἑκάστην αἴσθησιν τὸ μέν τι ἴδιον͵ τὸ δέ τι κοινόν͵ ἴδιον μὲν οἷον τῇ ὄψει τὸ ὁρᾶν͵ τῇ δ΄ ἀκοῇ τὸ ἀκούειν͵ καὶ ταῖς ἄλλαις ἑκάστῃ κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον͵ ἔστι δέ τις καὶ κοινὴ δύναμις ἀκολουθοῦσα πάσαις͵ ᾗ καὶ ὅτι ὁρᾷ καὶ ἀκούει αἰσθάνεται (οὐ γὰρ δὴ τῇ γε ὄψει ὁρᾷ ὅτι ὁρᾷ͵ καὶ κρίνει δὴ καὶ δύναται κρίνειν ὅτι ἕτερα τὰ γλυκέα τῶν λευκῶν οὔτε γεύσει οὔτε ὄψει οὔτε ἀμφοῖν͵ ἀλλά τινι κοινῷ μορίῳ τῶν αἰσθητηρίων ἁπάντων· ἔστι μὲν γὰρ μία αἴσθησις͵ καὶ τὸ κύριον αἰσθητήριον ἕν͵ τὸ δ΄ εἶναι αἰσθήσει τοῦ γένους ἑκάστου ἕτερον͵ οἷον ψόφου καὶ χρώματος)͵ § 4. τοῦτο δ΄ ἅμα τῷ ἁπτικῷ μάλιστα ὑπάρχει (τοῦτο μὲν γὰρ χωρίζεται τῶν ἄλλων αἰσθητηρίων͵ τὰ δ΄ ἄλλα τούτου ἀχώριστα͵ εἴρηται δὲ περὶ αὐτῶν ἐν τοῖς Περὶ ψυχῆς θεωρήμασιν)͵ φανερὸν τοίνυν ὅτι τούτου ἐστὶ πάθος ἡ ἐγρήγορσις καὶ ὁ ὕπνος. Διὸ καὶ πᾶσιν ὑπάρχει τοῖς ζῴοις· καὶ γὰρ ἡ ἁφὴ μόνη πᾶσιν· εἰ γὰρ τῷ πάσας τι πεπονθέναι τὰς αἰσθήσεις ἐγίγνετο τὸ καθεύδειν͵ ἄτοπον εἰ αἷς οὔτε ἀνάγκη οὔτε δυνατὸν τρόπον τινὰ ἐνεργεῖν ἅμα͵ ταύτας ἀναγκαῖον ἀργεῖν ἅμα καὶ ἀκινητί ζειν· τοὐναντίον γὰρ εὐλογώτερον συνέβαινεν ἂν αὐταῖς͵ τὸ μὴ ἅμα ἠρεμεῖν. § 5. Ὡς δὲ νῦν λέγομεν͵ εὐλόγως ἔχει καὶ περὶ τούτων· τοῦ γὰρ κυρίου τῶν ἄλλων πάντων αἰσθητηρίου͵ καὶ πρὸς ὃ συντείνει τἆλλα͵ πεπονθότος τι συμπάσχειν [455b] ἀναγκαῖον καὶ τὰ λοιπὰ πάντα͵ ἐκείνων δέ τινος ἀδυνατοῦν τος οὐκ ἀνάγκη τοῦτ΄ ἀδυνατεῖν. Φανερὸν δὲ ἐκ πολλῶν ὅτι οὐκ ἐν τῷ τὰς αἰσθήσεις ἀργεῖν καὶ μὴ χρῆσθαι αὐταῖς ὁ ὕπνος͵ οὐδ΄ ἐν τῷ μὴ δύνασθαι αἰσθάνεσθαι (καὶ γὰρ ἐν ταῖς λειποψυχίαις τοιοῦτόν τι συμβαίνει· ἀδυναμία γὰρ αἰσθήσεως ἡ λειποψυχία͵ γίγνονται δὲ καὶ ἔκνοιαί τινες τοιαῦται· ἔτι δ΄ οἱ τὰς ἐν τῷ αὐχένι φλέβας καταλαμβανόμενοι ἀναίσθητοι γίγνονται)͵ ἀλλ΄ ὅταν ἡ ἀδυναμία τῆς χρήσεως μήτ΄ ἐν τῷ τυχόντι αἰσθητηρίῳ͵ μήτε δι΄ ἣν ἔτυχεν αἰτίαν͵ ἀλλά͵ καθάπερ εἴρηται νῦν͵ ἐν τῷ πρώτῳ ᾧ αἰσθάνεται πάντων· ὅταν μὲν γὰρ τοῦτ΄ ἀδυνατήσῃ͵ ἀνάγκη καὶ τοῖς αἰσθητηρίοις πᾶσιν ἀδυνατεῖν αἰσθέσθαι͵ ὅταν δ΄ ἐκείνων τι͵ οὐκ ἀνάγκη τούτῳ.
§ 6. Δι΄ ἣν δ΄ αἰτίαν συμβαίνει τὸ καθεύδειν͵ καὶ ποῖόν τι τὸ πάθος ἐστί͵ λεκτέον.
§ 7. Ἐπεὶ δὲ τρόποι πλείους τῆς αἰτίας (καὶ γὰρ τὸ τίνος ἕνεκεν͵ καὶ ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως͵ καὶ τὴν ὕλην καὶ τὸν λόγον αἴτιον εἶναί φαμεν)͵ πρῶτον μὲν οὖν ἐπειδὴ λέγομεν τὴν φύσιν ἕνεκά του ποιεῖν͵ τοῦτο δὲ ἀγαθόν τι͵ τὴν δ΄ ἀνάπαυσιν παντὶ τῷ πεφυκότι κινεῖσθαι͵ μὴ δυναμένῳ δ΄ ἀεὶ καὶ συνεχῶς κινεῖσθαι μεθ΄ ἡδονῆς͵ ἀναγκαῖον εἶναι καὶ ὠφέλιμον͵ τῷ δὲ ὕπνῳ αὐτῇ τῇ ἀληθείᾳ προσάπτουσι τὴν μεταφορὰν ταύτην ὡς ἀναπαύσει ὄντι ὥστε σωτηρίας ἕνεκα τῶν ζῴων ὑπάρχει. Ἡ δ΄ ἐγρήγορσις τέλος· τὸ γὰρ αἰσθάνεσθαι καὶ τὸ φρονεῖν πᾶσι τέλος οἷς ὑπάρχει θάτερον αὐτῶν. Βέλτιστα γὰρ ταῦτα͵ τὸ δὲ τέλος βέλτιστον. § 8. Ἔτι δὲ ἀναγκαῖον ἑκάστῳ τῶν ζῴων ὑπάρχειν τὸν ὕπνον.
§ 9. Λέγω δ΄ ἐξ ὑποθέσεως τὴν ἀνάγκην͵ ὅτι εἰ ζῷον ἔσται ἔχον τὴν αὑτοῦ φύσιν͵ ἐξ ἀνάγκης τινὰ ὑπάρχειν αὐτῷ δεῖ͵ καὶ τούτων ὑπαρχόντων ἕτερα ὑπάρχειν. Ἔτι δὲ ποίας κινήσεως καὶ πράξεως ἐν τοῖς σώμασι γιγνομένης συμβαίνει τότε ἐγρηγορέναι καὶ τὸ καθεύδειν τοῖς ζῴοις͵ μετὰ ταῦτα λεκτέον. Τοῖς μὲν οὖν ἄλλοις ζῴοις καθάπερ τοῖς ἐναίμοις ὑποληπτέον εἶναι τὰ αἴτια τοῦ πάθους ἢ ταὐτὰ ἢ τὰ ἀνάλογον͵ τοῖς δ΄ ἐναίμοις ἅπερ τοῖς ἀνθρώποις· ὥστε ἐκ τούτων πάντα θεωρητέον.
§ 10. Ὅτι μὲν οὖν ἡ τῆς αἰσθήσεως ἀρχὴ γίγνεται [456a] ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ μέρους τοῖς ζῴοις ἀφ΄ οὗπερ καὶ ἡ τῆς κινήσεως͵ διώρισται πρότερον ἐν ἑτέροις. Αὕτη δέ ἐστι τριῶν διωρισμένων τόπων ὁ μέσος κεφαλῆς καὶ τῆς κάτω κοιλίας. Τοῖς μὲν οὖν ἐναίμοις τοῦτ΄ ἐστὶ τὸ περὶ τὴν καρδίαν μέρος. Πάντα γὰρ τὰ ἔναιμα καρδίαν ἔχει͵ καὶ ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως καὶ τῆς αἰσθήσεως τῆς κυρίας ἐντεῦθέν ἐστιν. Τῆς μὲν οὖν κινήσεως φανερὸν ὅτι καὶ ἡ τοῦ πνεύματος ἀρχὴ καὶ ὅλως ἡ τῆς καταψύξεώς ἐστιν ἐνταῦθα͵ καὶ τὸ ἀναπνεῖν τε καὶ τὸ τῷ ὑγρῷ καταψύχεσθαι πρός γε τὴν σωτηρίαν τοῦ ἐν τούτῳ μορίῳ θερμοῦ ἡ φύσις πεπόρικεν· ῥηθήσεται δὲ περὶ αὐτῆς ὕστερον καθ΄ αὑτήν. Τοῖς δὲ ἀναίμοις καὶ τοῖς ἐντόμοις καὶ μὴ δεχομένοις πνεῦμα ἐν τῷ ἀνάλογον τὸ σύμφυτον πνεῦμα ἀναφυσώμενον καὶ συνιζάνον φαίνεται. Δῆλον δὲ τοῦτο ἐπὶ τῶν ὁλοπτέρων͵ οἷον σφηκῶν καὶ μελιττῶν͵ καὶ ἐν ταῖς μυίαις καὶ ὅσα τοιαῦτα. § 11. Ἐπεὶ δὲ κινεῖν μέν τι ἢ ποιεῖν ἄνευ ἰσχύος ἀδύνατον͵ ἰσχὺν δὲ ποιεῖ ἡ τοῦ πνεύματος κάθεξις͵ τοῖς μὲν εἰσφερομένοις ἡ θύραθεν͵ τοῖς δὲ μὴ ἀναπνέουσιν ἡ σύμφυτος (διὸ καὶ βομβοῦντα φαίνεται τὰ πτερωτά͵ ὅταν κινῆται͵ τῇ τρίψει τοῦ πνεύματος προσπίπτοντος πρὸς τὸ ὑπόζωμα τῶν ὁλοπτέρων)͵ κινεῖται δὲ πᾶν αἰσθήσεώς τινος γενομένης͵ ἢ οἰκείας ἢ ἀλλοτρίας͵ ἐν τῷ πρώτῳ αἰσθητηρίῳεἰ δή ἐστιν ὁ ὕπνος καὶ ἡ ἐγρήγορσις πάθη τοῦ μορίου τούτου͵ ἐν ᾧ μὲν τόπῳ καὶ ἐν ᾧ μορίῳ πρώτῳ γίγνεται ὁ ὕπνος καὶ ἡ ἐγρήγορσις͵ φανερόν. § 13. Κινοῦνται δ΄ ἔνιοι καθεύδοντες καὶ ποιοῦσι πολλὰ ἐγρηγορικά͵ οὐ μέντοι ἄνευ φαντάσματος καὶ αἰσθήσεώς τινος· τὸ γὰρ ἐνύπνιόν ἐστιν αἴσθημα τρόπον τινά· λεκτέον δὲ περὶ αὐτῶν ὕστερον. § 14. Διότι δὲ τὰ μὲν ἐνύπνια μνημονεύουσιν ἐγερθέντες͵ τὰς δ΄ ἐγρηγορικὰς πράξεις ἀμνημονοῦσιν͵ ἐν τοῖς Προβληματικοῖς εἴρηται.
Notes de Barthélémy Saint-Hilaire
§ 1. S’il y en a plusieurs. Aristote se prononcera tout à la fois pour la pluralité et l’unité : suivant lui, le sens qui est vraiment affecté par le sommeil, c’est le sens commun qui recueille les impressions de tous les antres, et sans lequel elles n’auraient pas lieu.
§ 2. Dans le Traité de l’Âme, III, i, 4.
— Véritablement. Le texte dit : « Absolument. » Les commentateurs pensent que ce mot est ajouté par Aristote pour exclure les rêves dans lesquels on sent, mais dans lesquels aussi les sensations qu’on éprouve sont très-différentes des sensations ordinaires.
— La sensation même de cet état. Les commentateurs ont, en général, compris ce texte un peu autrement : « Il sentirait par ce sens, » ce qui ne paraît qu’une répétition inutile.
§ 3. Une fonction spéciale et une fonction commune. Voir sur ce point, la discussion du Traité de l’Ame, III, ii.
— Les saveurs douces…. les couleurs blanches. Id., III, ii, 10.
— Qui domine tous les autres. Mot à mot : « L’organe maître. »
§ 4. Surtout au toucher. Dans le Traité de l’Ame, le sens commun ne se confond pas autant avec le sens du toucher; et Aristote, au contraire , y a fait pour le sens du toucher une théorie toute spéciale.
— Dans nos études su l’Ame. Aristote a, en effet, souvent montré ce rap-port intime du toucher aux autres sens ; voir le Traité de l’Ame, II, ii, 5 et 11; II, iii, 2 et 7; II, xi, 2 et 8 ; III, xii, 5; III, xiii, 1.
— Des affections de ce sens. Il semble que le sommeil et la veille ne se rapportent qu’au toucher, et la pensée d’Aristote paraît très-positive; cependant ce qui précède prouve que c’est an sens commun plutôt qu’au toucher qu’il attribue ces fonctions.
— Qui soit commun à tous. Voir le Traité de l’Ame, II, ii, 8 et 11; II, iii, 2 et 7; III, xii, 6; III, xiii, 1.
— En effet. Léonicus trouve ce paragraphe fort obscur ; c’est exagérer : la pensée pourrait être rendue plus clairement; mais elle est très-intelligible. –
— Agir ensemble. En effet , les sens divers n’agissent pas simultanément, ou du moins l’âme ne peut percevoir é la fois deux sensations diverses ; voir plus haut le Traité de la Sensation, ch. vii, § 9 , et toute cette discussion.
— Commune. J’ai cru devoir ajouter ce mot.
— En repos à la fois, puisqu’ils agissent séparément.
§ 5. Même â ce point de vue, ou bien ; « Méme en ce qui concerne les autres sens. »
— Qui domine tous les autres. Voir plus haut, S 3, ii.
— Tous les autres aboutissent. C’est bien du sens commun qu’il s’agit, et non pas seulement du toucher ; voir le paragraphe précédent , ii.
— Dans l’impuissance où ils sont alors de sentir. Ils sont impuissants, non pas parce que le sommeil les atteint , mais parce qu’il atteint le sens principal sans lequel les autres ne sont rien.
— Dans l’impuissance des sens. Et cependant alors il n’y a pas de sommeil.
— Quelques dérangements d’esprit. Mot à mot : « Démences. »
— Saisis par les veines du cou. Évidemment, Aristote veut parler de l’évanouissement que l’on peut causer par la compression des carotides : c’est une asphyxie que l’on cause ainsi.
— Par une cause fortuite. Comme la compression des artères du cou. Aristote dit g les veines » » ne distinguant pas les veines des artères ; voir plus loin, ch. iii, § 3.
— Dans le principe même qui nous sert à tout sentir. C’est évidemment le sens commun, et non point le toucher avec lequel Aristote a semblé le confondre.
§ 6. La cause qui détermine. Le texte dît simplement : « Par quelle cause a lieu le sommeil. » L’idée est ici tout indéfinie, précisément à cause des développements qui suivent.
§ 7. Plusieurs espèces de causes. Peut-être cette digression sur les causes n’était-elle pas ici très-nécessaire. Ce sont, du reste, les quatre causes exposées dans la Métaphysique, V, 2, et VIII, 4.Voir aussi les Derniers Analytiques, liv. II, ch. xi.
— En vue de quelque fin. Système des causes finales qu’Aristote a toujours soutenu; voir Traité de l’Ame, II, iv, 5; III, îx, 6 ; III, xii, 3.
— L’une ou l’autre de ces facultés. Parce que la pensée n’est pas réunie à la sensibilité dans tous les animaux.
— De certaines facultés. La pensée et la sensibilité, par exemple.
— Certaines autres. Par exemple, le sommeil et la veille, conséquences de l’exercice des autres facultés.
§ 9. Nous dirons plus tard. Voir plus loin, ch. iii.
— Qui n’ont pas de sang. Le texte dit simplement : « Les autres animaux, » en les opposant à ceux qui ont du sang. Les animaux qui n’ont pas de sang, dans les théories d’Aristote, sont les insectes, les mollusques, etc.; voir le Traité de l’Ame, II, ix, 5 et 6, ii.
— De ces derniers êtres. Il semble qu’il faudrait ici le singulier, mais les manuscrits n’offrent pas de variante.
§ 10. Antérieurement ailleurs. Dans tout le Traité de l’Ame et particulièrement, II, ii, 2, II; iv, 6, et III, i et suiv. Le corps ayant trois lieux déterminés. Aristote semble adopter ici les divisions admises par Platon dans le Timée.
— Ce principe est le lieu. C’est la traduction littérale : peut-être eût-il mieux valu de dire : « Ce principe est dans le lieu. »
— Qui environne le cœur. J’ai préféré cette tournure, qui se rapproche du texte, plutôt que de dire simplement « le cœur. »
— Et de la sensibilité supérieure. Le texte dit : « Maîtresse. » Voir plus haut, §§ 3 et 5, nn.
— Celui du refroidissement. Voir plus loin tout le Traité de la Respiration.
— Qui respirent. Les animaux qui vivent dans l’air.
— Qui sont refroidis par l’eau. Qui vivent dans l’eau et qui en tirent le refroidissement nécessaire à la conservation de la vie.
— Plus tard. Dans le Traité spécial de la Respiration.
— A ailes pleines, c’est-à-dire dont les ailes sont d’une seule membrane et non divisées en plumes comme dans les oiseaux ; voyez la note de Schneider dans son édition de l’Histoire des Animaux , t. III, p. 21 et 22.
§ 11. Mais il est impossible. Ce paragraphe semble une digression assez peu utile.
— Intérieur et congénial. J’ai ajouté le premier mot : le texte n’a que le second.
— Voilà aussi, à ce qu’il semble…. Ceci s’éloigne encore plus de la question du sommeil.
§ 12. Peut lui être propre. Par exemple, un acte de sa volonté ou une sensation venue des viscères. –
— Ou étrangère. Causée par les objets du dehors.§ 13. Plus loin sur ce sujet. Dans le Traité spécial des Rêves.
§ 14. Dans nos Problèmes. Cette discussion ne se retrouve pas dans les Problèmes, tels que nous les possédons aujourd’hui ; voir plus haut une indication analogue et une lacune pareille, Traité de la Mémoire, ch. ii, § 2, n.
[manque la numérotation du § . 8]
CHAPITRE III
Un certain repos est nécessaire dans le corps pour que le rêve se produise : l’agitation, qui est continuelle pendant la veille, empêche que le centre sensible ne sente le mouvement qui suit les impressions. — Diverses natures des rêves, suivant les organisations et les dispositions. — Rapport des rêves aux hallucinations qu’on a durant la veille. —Les rêves ne sont que des débris des sensations éprouvées, et la conséquence des mouvements donnés aux organes par les impressions sensibles ; moyen de s’en assurer : perceptions réelles durant le sommeil. — Influence de l’âge sur les rêves.
§ 1. Bien des choses prouve donc évidemment que ce n’est pas seulement pendant la veille que se produisent les mouvements causés par les sensations, soit que ces sensations viennent du dehors, soit qu’elles surgissent de l’intérieur du corps qui les éprouve ; mais aussi, que ces mouvements se produisent pendant qu’à lieu l’affection spéciale qu’on nomme le sommeil, et que c’est surtout alors qu’ils se manifestent.
§ 2. Dans le jour, en effet, ils sont écartés, et par les sensations qui agissent sur nous, et par l’exercice de la pensée ; ils disparaissent comme un petit feu devant un feu immense ; comme des maux et des plaisirs légers disparaissent [p. 196] devant des maux et des plaisirs plus grands. Au contraire, quand nous sommes calmés, les choses les plus délicates surnagent [et se font sentir]. Ainsi, pendant la nuit l’inactivité de chacun des sens particuliers, et l’impuissance d’agir où ils sont, parce qu’il y a reflux de la chaleur du dehors au dedans, ramènent toutes ces impressions qui étaient insensibles durant la veille, au centre même de la sensibilité ; et elles deviennent parfaitement claires, quand le trouble est apaisé.
§ 3. Il faut supposer que, pareil aux petits tourbillons qui se forment dans les fleuves, et que les eaux emportent, chaque mouvement de sensation se répète continuellement ; souvent ces petits tourbillons se reproduise de la même manière, et souvent ils sont rompu en forme toute différente, par les obstacles qu’ils rencontrent et sur lesquelles ils se brisent.
§ 4. Voici pourquoi les rêves ne surviennent pas [immédiatement] après le repas, et pourquoi les enfants très-jeunes n’en n’ont point ; c’est que le mouvement causé par la chaleur qui vient de la nourriture est très-considérable. C’est tout à fait comme dans un liquide [p. 197] qu’on agite vivement ; l’image ne peut pas du tout y paraître ; ou s’il en paraît une, elle y est toute déformée et dispersée, reproduisant l’objet tout autre qu’il n’y est. Au contraire, quand le liquide est en repos, les images sont nettes et parfaitement visibles. De même aussi quand on dort, les images qui se forment alors, et les mouvements qui restent de la veille et proviennent des sensations, sont tantôt tout à fait annulés, quand le mouvement dont on vient de parler est par trop considérable ; tantôt les visions qui apparaissent sont toutes terribles et toutes monstrueuses ; et les rêves sont malsains et incomplets, comme il arrive aux mélancoliques, à ceux qui ont de la fièvre, et à ceux qui ont pris du vin. En effet, toutes ces affection venant des esprits, cause dans l’organisation un grand mouvement est un grand trouble.
§ 5. Dans les animaux qui ont du sang, une fois que le sang s’est apaisé, et que la séparation s’y est faite, le mouvement qui reste encore des impressions reçues durant la veille par chacun des sens, rend les rêves complets et sains. Alors il se montre des apparences distinctes ; et il semble qu’on voit, grâce aux impressions qui ont été déposées par la vue ; qu’on entend, grâce à celles de l’ouïe ; et de même pour les impressions venues des autres organes des sens.
§ 6. C’est en effet parce que le mouvement se communique de ces [p.198] organes au principe de la sensibilité, que parfois même tout éveillé, on croit voir, entendre et sentir certaines choses. C’est aussi parce que la vue semble quelque fois être mue, sans l’être réellement, que nous affirmons que nous voyons ; c’est parce que le toucher nous atteste deux mouvements qu’il nous semble qu’une seule chose en est deux. [Dans ces divers cas] le principe sensible nous informe simplement de la perception qui naît de chaque sens, à moins que quelque autre sens supérieur ne vienne donner un témoignage contraire. L’apparence se montre donc bien complète ; mais l’esprit n’admet pas complètement ce qui se montre ainsi à lui, à moins que la faculté qui juge en dernier ressort, ne soit empêchée et n’ait plus de mouvement propre.
§ 7. Or, de même que l’on peut être aisément trompé, comme nous l’avons dit, tantôt par une passion, tantôt par une autre ; de même quand on dort, on est trompé par le sommeil, par l’ébranlement des organes [p. 199] et par toutes les autres circonstances qui accompagnent la sensation. Il suffit alors de la plus petite ressemblance pour que nous confondions les objets entre eux.
§ 8. Durant le sommeil, en effet, le sang descendant en plus grande masse vers le principe sensible, tous les mouvements qui se trouvent à l’intérieur, les uns en puissance, les autres en acte, s’y rendent avec lui ; et ces mouvements sont disposés de telle sorte que, dans cette concentration, ce sera tel mouvement qui surnagera au-dessus des autres ; et si le premier disparaît, un second prendra sa place. On pourrait d’ailleurs les comparer, dans leurs rapports les uns aux autres, à ces grenouilles factices qui montent à la surface de l’eau, quand le sel qui les enveloppe est fondu. De même les mouvements ne sont d’abord qu’en puissance ; mais ils agissent dès que l’obstacle qui les empêche a cessé ; et perdus dans le peu de sang qui reste alors aux organes, ils prennent la ressemblance des objets qui émeuvent habituellement les sens. Comme ces apparences formées par les nuages qui, dans leurs changements rapides, [p. 200] semblent, tantôt des hommes, et tantôt des centaures.
§ 9. Tout cela n’est, ainsi qu’on l’a dit, qu’un débris de la sensation en acte ; et quand la véritable sensation a disparu, il en reste dans les organes quelque chose dont il est vrai de dire, par exemple, que cela ressemble à Coriscus, mais non pas que c’est Coriscus. Or, quand le sens qui juge en maître et prononce définitivement, sentait réellement, il ne disait pas que ce fût là Coriscus, bien que ce fût par là qu’il reconnût le Coriscus véritable. Ainsi, certainement pour cette chose dont on disait quand on la sentait, qu’elle était Coriscus, on éprouve [dans le sommeil], à moins que le sang n’y mette un si complet obstacle qu’on soit comme si l’on se sentait pas, l’impression des mouvements qui sont encore dans les organes ; l’objet semblable paraît être l’objet réel lui-même ; et telle est la puissance du sommeil, qu’elle est assez grande pour nous dissimuler ce qui se passe alors.
§ 10. Par exemple, quelqu’un qui ne s’apercevrait pas avoir mis le doigt sous son œil qu’il presse, non seulement verrait la chose double toute simple qu’elle est, mais de plus [p. 201] il croirait qu’elle est double réellement ; si au contraire il n’ignore pas la position de son doigt, la chose lui paraîtra double, mais il ne pensera pas qu’elle le soit.
§ 11. Il en est de même dans le sommeil : si l’on sent que l’on dort, si l’on a conscience de la perception qui révèle la sensation du sommeil, l’apparence se montre bien ; mais il y a en nous quelque chose qui dit qu’elle paraît Coriscus, mais que ce n’est pas là Coriscus ; car souvent quand on dort, il y a quelque chose dans l’âme qui nous dit que ce que nous voyons n’est qu’un rêve. Au contraire, si l’on ne sait pas qu’on dort, rien alors ne contredit l’imagination.
§ 12. À fin de se convaincre que nous sommes ici dans le vrai, et qu’il y a dans les organes des mouvements capable de produire des images, on a qu’à faire les efforts nécessaires pour se rappeler ce qu’on éprouve comme jour on est endormi [profondément] et qu’on est réveillé [en sursaut]. On pourra, en effet, si l’on s’y prend avec quelque adresse, s’assurer en s’éveillant que les apparences qu’on voyait durant le sommeil ne sont [p. 202] que des mouvements dans les organes. Souvent, les enfants voient très distinctement, quand ils sont dans les ténèbres, beaucoup d’images qui s’y meuvent ; et leur peur est parfois assez forte pour les forcer à se cacher.
§ 13. Nous pouvons donc, d’après tout ceci, conclure que le rêve est une sorte d’image, et ajouter qu’il se produit durant le sommeil ; car les apparences que je viens de citer ne sont pas des rêves, non plus que ces autres apparences analogues qui se montrent à nous, même quand nos sens sont libres.
§ 14. Le rêve n’est pas non plus toute image quelconque qui se montre durant le sommeil ; car d’abord il se peut quelques fois que durant le sommeil en sente en partie le bruit, la lumière, la saveur, le contact ; mais faiblement il est vrai, et comme de très loin. Ainsi, bien des gens qui en dormant entrevoyaient faiblement une lumière, que dans leur sommeil ils prenaient pour celle d’une lampe, ont reconnu aussitôt après leur réveil, que c’était bien réellement la lumière d’une lampe. Des gens qui entendaient faiblement le chant du coq ou le cri des chiens, les ont reconnus très clairement en se réveillant. D’autres répondent dans leur sommeil aux questions qu’on leur fait.
§ 15. C’est qu’il se peut, pour le sommeil et pour [p. 203] la veille que, l’un des deux étant absolu, l’autre aussi soit partiel. L’on ne peut dire alors d’aucun de ces deux états, que ni l’un ni l’autre soit un rêve, pas plus qu’on ne peut le dire de toutes les vraies pensées qui nous viennent dans le sommeil, indépendamment des images. Mais l’image produite par le mouvement des impressions sensibles quand on est dans le sommeil, et en tant qu’on dort, voilà ce qui constitue vraiment le rêve.
§ 16. Il y a des gens qui n’ont jamais rêvé de toute leur vie ; mais ces exceptions sont fort rares, quoiqu’il y en ait pourtant quelques-unes. Pour les uns, cette absence de rêves a été perpétuelle ; pour les autres, les rêves ne leur sont venus qu’avec les progrès de l’âge, sans qu’auparavant ils eussent jamais eu. Il faut croire que la cause qui fait qu’on ne rêve pas, est à peu près la même que celle qui fait qu’on a pas de rêve quand on dort aussitôt après le repas ; et que les enfants non plus ne rêve point. Dans tous les tempéraments où la [p. 204] nature agit de telle sorte qu’une évaporation considérable monte vers les parties supérieures, et produit ensuite, en redescendant, un mouvement non moins considérable, il est tout simple qu’aucun image ne se montre. Mais on conçoit très-bien qu’avec les progrès de l’âge, il arrive des rêves ; car, du moment qu’un changement survient, soit par l’âge, soit par une affection quelconque, il faut aussi qu’il arrive le contraire de ce qui avait lieu auparavant.
Texte grec
§ 1. Ἐχόμενον δὲ τῶν εἰρημένων ἐστὶν ἐπελθεῖν τίνων γιγνομένων καὶ πόθεν ἡ ἀρχὴ τοῦ πάθους γίγνεται͵ τοῦ τ΄ ἐγρηγορέναι καὶ τοῦ καθεύδειν.
§ 2. Φανερὸν δὴ ὅτι ἐπεὶ ἀναγκαῖον τῷ ζῴῳ͵ ὅταν αἴσθησιν ἔχῃ͵ τότε πρῶτον τροφήν τε λαμβάνειν καὶ αὔξησιν͵ τροφὴ δ΄ ἐστὶ πᾶσιν ἡ ἐσχάτη τοῖς μὲν ἐναίμοις ἡ τοῦ αἵματος φύσις͵ τοῖς δ΄ ἀναίμοις τὸ ἀνάλογον͵ [456b] τόπος δὲ τοῦ αἵματος αἱ φλέβες͵ τούτων δ΄ ἀρχὴ ἡ καρδία (φανερὸν δὲ τὸ λεχθὲν ἐκ τῶν ἀνατομῶν)τῆς μὲν οὖν θύραθεν τροφῆς εἰσιούσης εἰς τοὺς δεκτικοὺς τόπους γίγνεται ἡ ἀναθυμίασις εἰς τὰς φλέβας͵ ἐκεῖ δὲ μεταβάλλουσα ἐξαιματοῦται καὶ πορεύεται ἐπὶ τὴν ἀρχήν. Εἴρηται δὲ περὶ τούτων ἐν τοῖς Περὶ τροφῆς· νῦν δὲ ἀναληπτέον ὑπὲρ αὐτῶν τούτου χάριν͵ ὅπως τὰς ἀρχὰς τῆς κινήσεως θεωρήσωμεν͵ καὶ τί πάσχοντος τοῦ μορίου τοῦ αἰσθητικοῦ συμβαίνει ἡ ἐγρήγορσις καὶ ὁ ὕπνος. § 3. Οὐ γάρ ἐστιν ὁ ὕπνος ἡτισοῦν ἀδυναμία τοῦ αἰσθητικοῦ͵ καθάπερ εἴρηται· καὶ γὰρ ἔκνοια καὶ πνιγμός τις καὶ λειποψυχία ποιεῖ τὴν τοιαύτην ἀδυναμίαν. Ἤδη δὲ γεγένηταί τισι καὶ φαντασία λειποψυχήσασιν ἰσχυρῶς. Τοῦτο μὲν οὖν ἔχει τινὰ ἀπορίαν· εἰ γὰρ ἐνδέχεται καταδαρθεῖν τὸν λειποψυχήσαντα͵ ἐνδέχοιτ΄ ἂν ἐνύπνιον εἶναι καὶ τὸ φάντασμα. Πολλὰ δ΄ ἐστὶν ἃ λέγουσιν οἱ σφόδρα λειποψυχήσαντες καὶ δόξαντες τεθνάναι· περὶ ὧν τὸν αὐτὸν λόγον ὑποληπτέον εἶναι πάντων. § 4. Ἀλλὰ γάρ͵ ὥσπερ εἴπομεν͵ οὐκ ἔστιν ὁ ὕπνος ἀδυναμία πᾶσα τοῦ αἰσθητικοῦ͵ ἀλλ΄ ἐκ τῆς περὶ τὴν τροφὴν ἀναθυμιάσεως γίγνεται τὸ πάθος τοῦτο· ἀνάγκη γὰρ τὸ ἀναθυμιώμενον μέχρι του ὠθεῖσθαι͵ εἶτ΄ ἀντιστρέφειν καὶ μεταβάλλειν καθάπερ εὔριπον. Τὸ δὲ θερ μὸν ἑκάστου τῶν ζῴων πρὸς τὸ ἄνω πέφυκε φέρεσθαι· ὅταν δ΄ ἐν τοῖς ἄνω τόποις γένηται͵ ἀθρόον πάλιν ἀντιστρέφει καὶ καταφέρεται. Διὸ μάλιστα γίγνονται ὕπνοι ἀπὸ τῆς τροφῆς· ἀθρόον γὰρ πολὺ τό τε ὑγρὸν καὶ τὸ σωματῶδες ἀναφέρεται. Ἱστάμενον μὲν οὖν βαρύνει καὶ ποιεῖ νυστάζειν· ὅταν δὲ ῥέψῃ κάτω καὶ ἀντιστρέψαν ἀπώσῃ τὸ θερμόν͵ τότε γίγνεται ὁ ὕπνος καὶ τὸ ζῷον καθεύδει. § 5. Σημεῖον δὲ τούτων καὶ τὰ ὑπνωτικά· πάντα γὰρ καρηβαρίαν ποιεῖ͵ καὶ τὰ ποτὰ καὶ τὰ βρωτά͵ μήκων͵ μανδραγόρας͵ οἶνος͵ αἶραι. Καὶ καταφερόμενοι καὶ νυστάζοντες τοῦτο δοκοῦσι πάσχειν͵ καὶ ἀδυνατοῦσιν αἴρειν τὴν κεφαλὴν καὶ τὰ βλέφαρα. Καὶ μετὰ τὰ σιτία μάλιστα τοιοῦτος ὁ ὕπνος· πολλὴ γὰρ ἡ ἀπὸ τῶν σιτίων ἀναθυμίασις. § 6. Ἔτι δ΄ ἐκ κόπων ἐνίων· ὁ μὲν γὰρ κόπος συντηκτικόν͵ τὸ δὲ σύντηγμα γίγνεται ὥσπερ τροφὴ [457a] ἄπεπτος͵ ἂν μὴ ψυχρὸν ᾖ. Καὶ νόσοι δέ τινες τὸ αὐτὸ τοῦτο ποιοῦσιν͵ ὅσαι ἀπὸ περιττώματος ὑγροῦ καὶ θερμοῦ͵ οἷον συμβαίνει τοῖς πυρέττουσι καὶ ἐν τοῖς ληθάργοις. § 7. Ἔτι δ΄ ἡ πρώτη ἡλικία· τὰ γὰρ παιδία καθεύδει σφόδρα διὰ τὸ τὴν τροφὴν ἄνω φέρεσθαι πᾶσαν. Σημεῖον δὲ τὸ ὑπερβάλλειν τὸ μέγεθος τῶν ἄνω πρὸς τὰ κάτω κατὰ τὴν πρώτην ἡλικίαν͵ διὰ τὸ ἐπὶ ταῦτα γίγνεσθαι τὴν αὔξησιν. § 8. Διὰ ταύτην δὲ τὴν αἰτίαν καὶ ἐπιληπτικὰ γίγνεται· ὅμοιον γὰρ ὁ ὕπνος ἐπιλήψει͵ καὶ ἔστιν τρόπον τινὰ ὁ ὕπνος ἐπίληψις. Διὸ καὶ συμβαίνει τισὶν ἡ ἀρχὴ τούτου τοῦ πάθους καθεύδουσιν͵ καὶ καθεύδοντες μὲν ἁλίσκονται͵ ἐγρηγορότες δ΄ οὔ· ὅταν γὰρ πολὺ φέρηται τὸ πνεῦμα ἄνω͵ καταβαῖνον πάλιν τὰς φλέβας ὀγκοῖ͵ καὶ συνθλίβει τὸν πόρον δι΄ οὗ ἡ ἀναπνοὴ γίγνεται.
§ 9. Διὸ τοῖς παιδίοις οὐ συμφέρουσιν οἱ οἶνοι͵ οὐδὲ ταῖς τίτθαις (διαφέρει γὰρ ἴσως οὐδὲν αὐτὰ πίνειν ἢ τὰς τίτθας)͵ ἀλλὰ δεῖ πίνειν ὑδαρῆ καὶ ὀλίγον· πνευματῶδες γὰρ ὁ οἶ νος καὶ τούτου μᾶλλον ὁ μέλας. Οὕτω δὲ τὰ ἄνω πλήρη τροφῆς τοῖς παιδίοις͵ ὥστε πέντε μηνῶν οὐδὲ στρέφουσι τὸν αὐχένα· ὥσπερ γὰρ τοῖς σφόδρα μεθύουσιν͵ ὑγρότης ἀναφέρεται πολλή. § 10. Εὔλογον δὲ τοῦτ΄ εἶναι τὸ πάθος αἴτιον καὶ τοῦ ἠρεμεῖν ἐν ταῖς μήτραις τὰ ἔμβρυα τὸ πρῶτον. Καὶ τὸ ὅλον δὲ φίλυπνοι οἱ ἀδηλόφλεβοι καὶ οἱ νανώδεις καὶ οἱ μεγαλοκέφαλοι· τῶν μὲν γὰρ αἱ φλέβες στεναί͵ ὥστ΄ οὐ ῥᾴδιον διαρρεῖν κατιὸν τὸ ὑγρόν͵ τοῖς δὲ νανώδεσι καὶ μεγαλοκεφάλοις ἡ ἄνω ὁρμὴ πολλὴ καὶ ἀναθυμίασις. § 11. Οἱ δὲ φλεβώδεις οὐχ ὑπνωτικοὶ δι΄ εὔροιαν τῶν πόρων͵ ἂν μή τι ἄλλο πάθος ἔχωσιν ὑπεναντίον. Οὐδ΄ οἱ μελαγχολικοί· κατέψυκται γὰρ ὁ εἴσω τόπος͵ ὥστ΄ οὐ γίγνεται πλῆθος αὐτοῖς ἀναθυμιάσεως. Διὰ τοῦτο γὰρ καὶ βρωτικοί͵ σκληφροὶ ὄντες· ὥσπερ γὰρ οὐδὲν ἀπολελαυκότα διάκειται τὰ σώματα αὐτοῖς. Ἡ δὲ μέλαινα χολὴ φύσει ψυχρὰ οὖσα καὶ τὸν θρεπτικὸν τόπον ψυχρὸν ποιεῖ καὶ τὰ ἄλλα μόρια͵ ὅπου ἂν ὑπάρχῃ δυνάμει τὸ τοιοῦτον περίττωμα.
§ 12. Ὥστε φανερὸν ἐκ [457b] τῶν εἰρημένων ὅτι ὁ ὕπνος ἐστὶ σύνοδός τις τοῦ θερμοῦ εἴσω καὶ ἀντιπερίστασις φυσικὴ διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν· διὸ πολλὴ ἡ κίνησις τοῦ ὑπνοῦντος. Ὅθεν δ΄ ἐκλείπει͵ καταψύχε ται καὶ διὰ ψῦξιν καταπίπτει τὰ βλέφαρα͵ καὶ τὰ μὲν ἄνω κατέψυκται καὶ τὰ ἔξω͵ τὰ δ΄ ἔντος καὶ τὰ κάτω θερμά͵ οἷον τὰ περὶ τοὺς πόδας καὶ τὰ εἴσω.
§ 13. Καίτοι τοῦτό τις ἀπορήσειεν ἄν͵ ὅτι μετὰ τὰ σιτία ἰσχυρότατος ὁ ὕπνος γίγνεται͵ καὶ ἔστιν ὑπνωτικὰ οἶνος καὶ ἄλλα θερμότητα ἔχοντα τοιαῦτα͵ ἔστι δ΄ οὐκ εὔλογον τὸν μὲν ὕπνον εἶναι κατάψυξιν͵ τὰ δ΄ αἴτια τοῦ καθεύδειν θερμά. Πότερον οὖν τοῦτο συμβαίνει ὅτι ὥσπερ ἡ κοιλία κενὴ μὲν οὖσα θερμή ἐστιν͵ ἡ δὲ πλήρωσις αὐτὴν καταψύχει διὰ τὴν κίνησιν͵ οὕτω καὶ οἱ ἐν τῇ κεφαλῇ πόροι καὶ τόποι καταψύχονται ἀναφερομένης τῆς ἀναθυμιάσεως; ἢ ὥσπερ τοῖς προσχεομένοις τὸ θερμὸν ἐξαίφνης φρίκη γίγνεται͵ κἀκεῖ ἀνιόντος τοῦ θερμοῦ ἀθροιζόμενον τὸ ψυχρὸν καταψύχει͵ καὶ τὸ κατὰ φύσιν θερμὸν ποιεῖ ἐξαδυνατεῖν καὶ ὑποχωρεῖν; § 14. ἔτι δὲ πολλῆς ἐμπιπτούσης τροφῆς͵ ἣν ἀνάγει τὸ θερμόν͵ ὥσπερ τὸ πῦρ ἐπιτιθεμένων τῶν ξύλων͵ καταψύχεται͵ ἕως ἂν καταπεφθῇ. Γίγνεται γὰρ ὁ ὕπνος͵ ὥσπερ εἴρηται͵ τοῦ σωματώδους ἀναφερομένου ὑπὸ τοῦ θερμοῦ διὰ τῶν φλεβῶν πρὸς τὴν κεφαλήν· ὅταν δὲ μηκέτι δύνηται͵ ἀλλὰ τῷ πλήθει ὑπερβάλλῃ τὸ ἀναχθέν͵ πάλιν ἀνταπωθεῖται καὶ κάτω ῥεῖ § 15. (διὸ καὶ πίπτουσί γε ὑποσπωμένου τοῦ θερμοῦ τοῦ ἀνάγοντος οἱ ἄνθρωποι· μόνον γὰρ ὀρθὸν τῶν ζῴων)͵ καὶ ἐπιπεσὸν μὲν ἔκνοιαν ποιεῖ͵ ὕστερον δὲ φαντασίαν.
Ἢ αἱ μὲν νῦν λεγόμεναι λύσεις ἐνδεχόμεναι μέν εἰσι τοῦ γίγνεσθαι τὴν κατάψυξιν͵
§ 16. οὐ μὴν ἀλλὰ κύριός γ΄ ἐστὶν ὁ τόπος ὁ περὶ τὸν ἐγκέφαλον͵ ὥσπερ ἐν ἄλλοις εἴρηται. Πάντων δ΄ ἐστὶ τῶν ἐν τῷ σώματι ψυχρότατον ὁ ἐγκέφαλος͵ τοῖς δὲ μὴ ἔχουσι τὸ ἀνάλογον τούτῳ μόριον. Ὥσπερ οὖν τὸ ἀπατμίζον ὑγρὸν ὑπὸ τῆς τοῦ ἡλίου θερμότητος͵ ὅταν ἔλθῃ εἰς τὸν ἄνω τόπον͵ διὰ τὴν ψυχρότητα αὐτοῦ καταψύχεται καὶ συστὰν καταφέρεται [458a] γενόμενον πάλιν ὕδωρ͵ οὕτως ἐν τῇ ἀναφορᾷ τοῦ θερμοῦ τῇ πρὸς τὸν ἐγκέφαλον ἡ μὲν περιττωματικὴ ἀναθυμίασις εἰς φλέγμα συνίσταται (διὸ καὶ οἱ κατάρροι φαίνονται γιγνόμενοι ἐκ τῆς κεφαλῆς)͵ ἡ δὲ τρόφιμος καὶ μὴ νοσώδης καταφέρεται συνισταμένη καὶ καταψύχει τὸ θερμόν. § 17. Πρὸς δὲ τὸ καταψύχεσθαι καὶ μὴ δέχεσθαι ῥᾳδίως τὴν ἀναθυμίασιν συμβάλλεται καὶ ἡ λεπτότης καὶ [ἡ] στενότης τῶν περὶ τὸν ἐγκέφαλον φλεβῶν. Τῆς μὲν οὖν καταψύξεως τοῦτ΄ ἐστὶν αἴτιον͵ καίπερ τῆς ἀναθυμιάσεως ὑπερβαλλούσης τῇ θερμότητι. Ἐγείρεται δ΄ ὅταν πεφθῇ καὶ κρατήσῃ ἡ συνεωσμένη θερμότης ἐν ὀλίγῳ πολλὴ ἐκ τοῦ περιεστῶτος͵ καὶ διακριθῇ τό τε σωματωδέστερον αἷμα καὶ τὸ καθαρώτερον. Ἔστι δὲ λεπτότατον μὲν αἷμα καὶ καθαρώτατον τὸ ἐν τῇ κεφαλῇ͵ παχύτατον δὲ καὶ θολερώτατον τὸ ἐν τοῖς κάτω μέρεσιν. Παντὸς δὲ τοῦ αἵματος ἀρχή͵ ὥσπερ εἴρηται καὶ ἐνταῦθα καὶ ἐν ἄλλοις͵ ἡ καρδία. § 18. Τῶν δ΄ ἐν τῇ καρδίᾳ ἑκατέρας τῆς θαλάμης κοινὴ ἡ μέση· ἐκείνων δ΄ ἑκατέρα δέχεται ἐξ ἑκατέρας τῆς φλεβός͵ τῆς τε μεγάλης καλουμένης καὶ τῆς ἀορτῆς· ἐν δὲ τῇ μέσῃ γίγνεται ἡ διάκρισις. Ἀλλὰ τὸ μὲν διορίζειν περὶ τούτων ἑτέρων ἐστὶ λόγων οἰκειότερον· § 19. διὰ δὲ τὸ γίγνεσθαι ἀδιακριτώτερον τὸ αἷμα μετὰ τὴν τῆς τροφῆς προσφορὰν ὕπνος γίγνεται͵ ἕως ἂν διακριθῇ τοῦ αἵματος τὸ μὲν καθαρώτερον εἰς τὰ ἄνω͵ τὸ δὲ θολερώτερον εἰς τὰ κάτω· ὅταν δὲ τοῦτο συμβῇ͵ ἐγείρονται ἀπολυθέντα τοῦ ἐκ τῆς τροφῆς βάρους.
§ 20. Τί μὲν οὖν τὸ αἴτιον τοῦ καθεύδειν εἴρηται͵ ὅτι ἡ [ὑπὸ] τοῦ σωματώδους τοῦ ἀναφερομένου ὑπὸ τοῦ συμφύτου θερμοῦ ἀντιπερίστασις ἀθρόως ἐπὶ τὸ πρῶτον αἰσθητήριον· καὶ τί ἐστιν ὁ ὕπνος͵ ὅτι τοῦ πρώτου αἰσθητηρίου κατάληψις πρὸς τὸ μὴ δύνασθαι ἐνεργεῖν͵ ἐξ ἀνάγκης μὲν γινόμενος (οὐ γὰρ ἐνδέχεται ζῷον εἶναι μὴ συμβαινόντων τῶν ἀπεργαζομένων αὐτό)͵ ἕνεκα δὲ σωτηρίας· σῴζει γὰρ ἡ ἀνάπαυσις.
Notes de Barthélémy Saint-Hilaire
§ 1. Les circonstances physiologiques, comme le prouvent toutes des discussions de ce chapitre.
§ 2. Dès qu’il a la sensibilité, c’est-à-dire dès sa naissance. On pourrait entendre aussi : « Puisqu’il a la sensibilité ; » et cette seconde version s’accorderait bien avec les théories du Traité de l’Ame, où il a été établi que la sensibilité ne vient jamais qu’après la nutrition ; voir liv. II, ii, 2 et suiv., et II, iii, 7.
— La nature du sang. C’est la traduction littérale : cela revient à dire : le sang avec ses propriétés naturelles.
— En définitive. Après toutes les élaborations successives que subissent les aliments lorsqu’ils ont été ingérés.
— Le fluide qui correspond. Le texte dit simplement : « Ce qui correspond. »
— Et le principe des veines, c’est le cœur. C’est là, comme on le sait, le principe péripatéticien emprunté à Platon ; voir le Timée, p. 198, trad. de M. Cousin ; et ce principe est exact en un certain sens. De plus, Aristote faisait aussi du cœur le principe des nerfs, ce qui n’est exact en aucune façon.
— Par l’anatomie. On peut entendre qu’il s’agit ici de l’anatomie en général; mais ce sont peut-être les Traités d’Anatomie dont parle Diogène de Laërte dans son catalogue. Il y mentionne un ouvrage d’anatomie en huit livres, et un autre qui parait avoir été un abrégé de celui-là. J’ai tâché de conserver dans ma traduction l’indécision du texte, qui, d’ailleurs, a le pluriel au lieu d’un singulier que j’emploie.
— Les lieux propres à les recevoir. L’estomac et le tube intestinal.
— Évaporation. C’est le mot dont se sert Aristote : on peut le trouver peu exact ; ce serait plutôt « transmission, » ou tout autre mot analogue. C’est-à-dire vers le cœur. J’ai cru pouvoir ajouter cette paraphrase justifiée par le contexte.
— Dans le Traité de la Nourriture. Ce traité a malheureusement péri; mais on voit par ce passage quel devait en être le contenu. Michel d’Éphèse semble croire qu’il s’agit seulement du Traité des Parties des Animaux et de l’Histoire des Animaux. Diogène de Laërte ne le mentionne pas dans son catalogue; Aristote a semblé l’indiquer dans un passage du Traité de l’Ame , II, 10, n.
— Du mouvement. On peut entendre qu’il s’agit seulement du mouvement spécial qui amène le sommeil; voir dans le chapitre précédent, § 9, une expression pareille, qui doit être entendue ici en un sens restreint.
§ 3. Je le répète. Voir plus haut, ch. ii, § 5, la même pensée déjà exprimée.
— La suffocation. Id., ib. Seulement , ici l’idée d’Aristote est rendue d »une manière à la fois plus concise et plus claire.
— Ceci offre donc quelque difficulté. Il est donc difficile d’admettre que le sommeil ne soit qu’une impuissance de sentir ; car l’impuissance de sentir ne peut se confondre avec le sommeil dans une foule de cas.
— Il se pourrait aussi. Mais ceci n’est point ; donc le sommeil n’est pas une simple impossibilité de sentir. Aristote n’ajoute pas ce développement, qui eût cependant été utile pour compléter la pensée.
— À une même explication. La pensée n’est pas ici fort claire. Aristote veut-il dire que l’explication qu’il donnera du sommeil s’appliquera également à la syncope? ou entend-il parler d’une explication différente qu’il se réserve de donner ultérieurement?
§ 4. Comme nous l’avons dit au paragraphe précédent , et plus haut, ch. II, § 5.
— L’évaporation…. la nourriture. Voir plus haut , 8 i , une expression identique.
— Comme les flots de l’Euripe. Peut-être la coin-paraison est-elle un peu ambitieuse. On sait que l’Euripe avait un flux et un reflux assez sensible, phénomène qui se répète sur plusieurs points des côtes de la Méditerranée; mais qui devait paraitre fort extraordinaire à ceux qui n’avaient pas vu l’Océan.
— Et fait sommeiller. Porte au sommeil sans le produire encore tout à fait.
— L’explication que donne ici Aristote est ingénieuse , et elle est vraie dans bien des cas ; mais peut-être rattache-t-il le sommeil trop étroitement à la nutrition. Il semblerait , d’après ses théories , que la digestion , avec toutes ses suites, est à peu près indispensable pour le sommeil : on peut voir par l’expérience de chaque jour qu’il n’en est rien . On dort fort souvent sans que l’estomac ait reçu depuis longtemps des aliments. Ce qui n’empêche pas que , comme le remarque Aristote, le repas aussi ne provoque très-souvent le sommeil. D’une manière générale, il semble que c’est la fatigue de la veille et le besoin de réparation qui causent le sommeil le plus ordinairement.
§ 5. Le vin. Il est assez singulier qu’Aristote classe le vin parmi les narcotiques : il eût fallu ajouter : Le vin pris en grande quantité. Au contraire, pris avec mesure, il contribuerait plutôt à prolonger la veille par la légère excitation qu’il produit toujours.
§ 6. Le sommeil. Le texte est indéterminé. Je le fais rapporter au sommeil, qui est le sujet spécial que traite ici Aristote ; mais il pourrait se rapporter aussi â l’évaporation dont il est question dans la phrase précédente.
— De relâcher le corps. Notre langue ne m’a point présenté un mot plus convenable. Celui dont se sert Aristote est lui-même assez vague en grec. Voir l’explication qu’il en donne en développant cette idée, Traité de la Génération des Animaux , liv. I , ch. xviii , édit. de Berlin , p. 724 , b, 27.
— Et de liquéfier. J’ai dû employer deux mots pour rendre toute la force du mot grec.
§ 7. Est sujette aussi à ce lourd sommeil. J’ai ajouté les derniers mots pour compléter la pensée qui est rendue d’une manière très-concise.
§ 8. Qui les rend épileptiques. Le texte est un peu vague; et l’on pourrait aussi comprendre qu’il s’agit de l’épilepsie en général, et non des convulsions des enfants en particulier ; mais le paragraphe précédent et le suivant se rapportent aux enfants : il est naturel de penser que celui-ci les concerne également , du moins en partie ; et la grammaire s’accommode mieux aussi de cette explication.
— Quand on dort, ou quand ils dorment, en rapportant ceci plus spécialement aux enfants.
§ 9. Le vin ne font rien aux enfants. Observation très-exacte et très-ingénieuse; mais on peut trouver qu’ici elle fait un peu digression , surtout è cause du développement que lui donne Aristote.
— De couleur foncée. Mot à mot : « Noir; » peut-être est-ce certains vins rouges qu’Aristote veut ici désigner.
§ 10. D’abord immobiles. Ils seraient engourdis par une sorte de congestion cérébrale.— Qui ont de petites veines. Toutes ces observations physiologiques sont parfaitement exactes, si d’ailleurs les explications qu’en donne Aristote sont contestables.
— Dans le genre des nains. Voir plus haut le Traité de la Mémoire, ch. ii, §§ 19 et 20.
§ 11. L’intérieur de leur corps est toujours froid. Ici encore on ne peut qu’admirer l’exactitude d’Aristote— Il n’y a pas chez eux une évaporation abondante. Tous les mélancoliques, en effet , souffrent et se plaignent d’une sorte de sécheresse intérieure qui gène toutes les fonctions; et voilà comment les bains tièdes leur sont en général si favorables.
— Grands mangeurs. C’est là un fait certain et qu’ont reconnu tous les physiologistes qui se sont occupés de ces affections : les mélancoliques digèrent mal et mangent beaucoup, en général, parce que l’assimilation à l’intérieur se fait d’une façon très-incomplète.
— Une chair dure. Fait encore très-exact , et qui tient à toutes les causes qu’Aristote vient d’énumérer et à celle qu’il ajoute ; voir Hippocrate , Traité des Maladies, article de la Consomption dorsale.
§ 12. Est une sorte de concentration. Je ne sais si la science moderne pourrait donner du sommeil une explication plus satisfaisante.
— A la cause qu’on a dite, c’est-à-dire à l’influence de la digestion sur le cerveau.
— Dans le sommeil. Léonicus et plusieurs autres traducteurs semblent avoir eu ici une leçon différente : « Dans la contemplation, dans la pensée. » Aucun manuscrit ne l’autorise : j’ai suivi l’édition de Berlin.
— Si, d’ailleurs, il est vrai que l’on se remue souvent dans le sommeil , il est vrai au moins aussi souvent qu’on ne se remue pas.
— On se refroidit. Je ne sais si cette observation est aussi exacte que les précédentes.
— Par exemple, les pieds. Celle-ci est vraie.
§ 13. On pourrait cependant demander. L’objection est très-juste, et Aristote a bien fait de la prévenir.
— Le corps. J’ai ajouté ces mots pour compléter la pensée.
— Réduit à l’impuissance. C’est la traduction littérale de l’original.
§ 14. C’est alors comme le feu. Le texte est un peu moins précis ; et j’ai dû le paraphraser pour le rendre parfaitement clair.
— Ainsi qu’on l’a déjà dit. Voir plus haut la fin du § 4 et suiv.
— En sens contraire. Id., ibid. Voir la comparaison de ce double mouvement avec le flux et le reflux de l’Euripe.
§ 15. Vient à être soustraite. Plus haut, §§ 4 et 12 ; il a été établi que le sommeil a besoin, et est en générai précédé, d’un refroidissement.
— Qui se tienne debout. Je crois qu’on peut soutenir cette affirmation , comme le fait Aristote. La station des oiseaux est fort différente de la nôtre ; et celle des singes n’est qu’accidentelle. Le texte dit mot à mot : « Qui soit droit. »
— Et bientôt. J’ai ajouté ce dernier mot; le texte ne l’a pas, et il est d’ailleurs un peu moins précis que ma traduction. Par « l’imagination, » Aristote entend l’apparition des rêves.
— Les explications que l’on vient de donner. Cette phrase incidente peut paraître ici assez singulièrement placée. On pourrait aussi ne lui point donner la forme interrogative; mais le sens en serait alors encore moins satisfaisant.
§ 18. Comme on l’a dit ailleurs. On peut comprendre qu’il s’agit d’ouvrages autres que celui-ci; mais il est possible encore que cette indication se rapporte simplement à ce qui vient d’être dit, un peu plus haut , soit dans le § 14 , soit dans les paragraphes précédents. J’adopterais cependant plutôt la première conjecture. Si l’on joignait ce petit membre de phrase à ce qui suit, au lieu de le faire rapporter à ce qui précède , on pourrait croire qu’il s’agit du Traité de la Sensation, où, ch. v, § 8 , les mêmes idées sur la frigidité du cerveau ont été déjà présentées.
— Vaporisé par la chaleur du soleil. Le phénomène de la pluie est ici, comme on le voit, parfaitement décrit. –
— Se condensant. Le mot grec est tout à fait l’équivalent de celui-là.
— L’évaporation des excrétions, ou excrémentitielle.
§ 17. La ténuité et l’étroite dimension. Je ne sais si l’anatomie confirmerait tout à fait cette théorie d’Aristote.
— Et qu’elle est devenue dominante, sur le froid causé par l’évaporation des aliments.
— La plus substantielle. Le texte dit mot à mot : « La plus corporelle. »
— Le plus léger et le plus pur. Voir plus haut le Traité de la Sensation , ch. v, § 8.
— Soit ailleurs. On peut croire qu’il s’agit, en général, de tous les traités qu’Aristote a consacréa aux diverses parties de l’histoire naturelle.
§ 18. La veine médiane est commune aux deux ventricules. Il n’est pas besoin de faire remarquer que ces détails anatomiques ne sont pas très-exacts ni très-complets; ils semblent prouver cependant qu’Aristote avait disséqué des cadavres humains.
— Mais ces détails…. à d’autres études. Sans doute aux Traités de la Génération des Animaux et des Parties des Animaux. On se rappelle qu’Aristote avait fait aussi divers traités d’anatomie; et ce sont peut-être ces ouvrages qu’il veut désigner ici.
§ 19. Ce paragraphe entier semble être une répétition assez peu nécessaire de ce qui précède.
— On s’éveille. Il est clair qu’Aristote ne parle ici que des phénomènes réguliers et normaux , tels que les présente l’état de santé.
§ 20. Telle est donc la cause qui fait dormir. Résumé de tout ce petit traité.
— De l’élément substantiel. Le texte dit mot à mot : « Du corporel. »
— Le principe sensible…. du principe sensible. Le texte dit dans ces deux cas : « Le premier organe de la sensation; » ma traduction a dû être plus précise.
FIN DU TRAITÉ DES RÊVES
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