Antoine Ritti. FOLIE RELIGIEUSE. Extrait du « Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales – A. Dechambre », (Paris), Quatrième série, tome troizième, FOI-FRA, 1879, pp. 350-351.
Antoine Ritti (1844-1920). Médecin aliéniste originaire de Strasbourg, il commença sa carrière dans le département de la Meurthe à l’asile de Fains, dont il fut chassé par les hostilités franco-allemandes. Il rejoint alors Paris et la Maison de Santé Esquirol. Quelques publications :
— FOLIE. Extrait du « Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales – A. Dechambre », (Paris), Quatrième série, tome troizième, FOI-FRA, 1879, pp. 271-306. [en ligne sur notre site]
— FOLIE DU DOUTE AVEC DÉLIRE DU TOUCHER. Extrait du « Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales », Paris, Éd. G. Masson et P. Asselin, 4e série, t. III, 1879, pp. 339-348. [en ligne sur notre site]
— FOLIES DIVERSES. Extrait du « Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales – A. Dechambre », (Paris), Quatrième série, tome troizième, FOI-FRA, 1879, pp. 306-307. [en ligne sur notre site]
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Par commodité les notes de bas de page ont été renvoyées en fin d’article. – L’image a été rajoutée par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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FOLIE RELIGIEUSE. Il existe deux manières d’envisager l’exaltation des sentiments religieux dans les maladies mentales. Certains auteurs, ceux qui adoptent la classification d’Esquirol, décrivant des variétés de la manie, de la mélancolie ou de la monomanie d’après la nature des idées délirantes, admettent une manie religieuse, une mélancolie religieuse et une monomanie religieuse. D’autres, au contraire, et Morel est de ce nombre, ne veulent voir dans le délire religieux qu’un symptôme se présentant dans les formes vésaniques les plus diverses ; certaines névroses même, l’épilepsie par exemple, développent chez les individus des dispositions à exagérer dans leurs paroles et dans leurs actes le sentiment religieux. Quoi qu’il en soit de ces vues divergentes, il est de fait d’observation que le délire religieux se rencontre surtout chez les épileptiques, les hystériques, quelquefois chez les hypochondriaques, et qu’il prend un caractère particulier chez les esprits faibles et bornés, les imbéciles, les héréditaires, élevés dans des habitudes de dévotion peu éclairée, ou adonnés outre mesure à des études théologiques. Chez ceux-ci, en effet, avec le délire religieux, peuvent se développer des hallucinations des divers sens ils entendent la voix de Dieu, ils voient la Vierge, etc. C’est souvent sous l’influence de ces révélations célestes que certains faibles d’esprit, pauvres pâtres pour la plupart, abandonnent leur village et viennent du fond de la province à Paris, pour faire part aux habitants de la capitale de leurs visions et leur annoncer les malheurs qui les attendent s’ils ne se convertissent.
L’exaltation du sentiment religieux donne-t-elle un caractère pronostique fâcheux aux formes de folie qu’elle complique ? Il est certain que la gravité du pronostic dans les cas d’épilepsie réside moins dans la forme du délire que dans l’élément convulsif. Quant à l’hystérie et l’hypochondrie, il faut remarquer que le plus souvent, dans ces deux formes, ce genre de délire est éphémère. Quant aux imbéciles, aux faibles d’esprit, atteints d’exaltation religieuse, le pronostic emprunte sa gravité d’abord aux hallucinations des différents sens, et ensuite à la systématisation du délire.
La folie religieuse peut être épidémique et s’accompagne alors d’un cortège [p. 351] de symptômes, dont la description trouvera place dans un article spécial. Voy. Épidémiques (Folies). Ant. RITTI.
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