Georges Heuyer (1884-1977)
La Rédaction. A propos de l’historique du mouvement psychanalytique en France. Article parut dans « L’Evolution psychiatrique », (Paris), Editions Payot, 1927, pp. 245-246
Article probablement rédigé par Angelo Hesnard (1886-1969) et co-signé par les membres de la rédaction, qui fait suite, complément et correctif à celui de 1925, « Aperçu historique du mouvement psychanalytique en France », qui se trouve sur notre site. – Certainement les premiers articles historiques sur la psychanalyse, ce qui en font des documents incontournables.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
A PROPOS DE L’HISTORIQUE DU MOUVEMENT
PSYCHANALYTIQUE EN FRANCE
[p. 245]
Dans le tome inaugural de l’Evolution psychiatrique, paru en juin 1925, nous devons signaler et réparer une omission concernant l’Historique du mouvement psychanalytique en France.
Il s’agit d’un des médecins qui ont, les premiers, attiré l’attention sur l’intérêt scientifique de la méthode de Freud, en particulier dans ses applications à la médecine infantile : le Dr Heuyer, de Paris.
Avant la guerre Heuyer a été, on peut le dire, un des premiers tenants de la Psychanalyse. En 1914[p. 245], alors que cette doctrine, à cette époque tout à fait nouvelle, y était considérée comme une pure fantaisie, il avait, à Paris, dans sa· thèse remarquée sur les « Enfants anormaux et délinquants juvéniles », accepté l’explication freudienne de certains cas observés chez les enfants normaux ou anormaux.
Ultérieurement il revint sur ces faits dans des communications et articles concernant les enfants anormaux et l’examen neuropsychiatrique des écoliers; il le fit plus longuement dans un travail sur « les troubles du caractère chez l’enfant » (1).
Dans une série de discussions à la Société des Médecins-inspecteurs des Écoles de la Seine (1922), il a exposé son opinion, très franchement favorable, sur la question de l’éducation sexuelle des enfants : il a, en même temps que [p. 246] Paul Boncour et pour d’autres motifs, très vigoureusement pris parti à ce sujet en se fondant sur des faits d’ordre psychanalytique.
Signalons aussi sa communication avec notre collaborateur Borel en 1922 (juin), à la Société de Psychiatrie sur un cas de « Délire de Rêverie » ; formule nosologique nouvelle basée sur l’application de la méthode psychanalytique de l’analyse du contenu des délires. Il amorçait ainsi cette série de recherches qui ont, ces dernières années, accumulé tant de documents intéressants et convaincants pour servir à l’étude du contenu de la Psychose en général (H. Claude et ses élèves, Mignard, Guiraud, Minkowski, Perrens, Capgras, Hesnard, etc.).
Heuyer a encore fait davantage que par ses travaux publiés par son activité pratique, pour répandre la méthode psychanalytique et imposer la nécessité de son contrôle clinique à Paris. Il a commencé à l’appliquer lui-même à l’asile Sainte-Anne, avant l’arrivée de notre collaborateur Laforgue, et sa collaboration pratique avec Mme Sokolnicka fut, à cette période, des plus fécondes.
Mentionnons enfin un article destiné aux praticiens sur la psychanalyse, en 1924 (2) et un travail plus long, dans la deuxième édition du tome de Psychiatrie du Traité de Sergent.
Dans ses communications de ces derniers mois à la Société de Psychiatrie, Heuyer témoigne de sa sympathie pour la psychanalyse et sa parfaite connaissance de cette méthode.
Récemment nommé chargé de cours de neuropsychiatrie infantile, il est aujourd’hui bien placé pour assembler des documents de première valeur scientifique.
Nous faisons le vœu que ce chercheur consciencieux et loyal de la première heure, se joigne à nous dans nos efforts de perfectionnement scientifique. Sa collaboration honorera le mouvement psychanalytique français, dont il fut un des inspirateurs.
La Rédaction.
NOTES
(1) J. de Méd. et de Chir. pratiques (10 janvier 1922).
(2) J. de Méd. et de Chir. pratiques (août 1924).
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