A. L. J. Bayle & C. M. Gibert. Cauchemar. Dictionnaire de Médecine Usuelle et domestique où sont exposés avec clarté et dans un langage dépouillé de termes scientifiques… Paris, Louis Vives, 1874. 2 vol.

A. L. J. Bayle & C. M. Gibert. Cauchemar. Dictionnaire de Médecine Usuelle et domestique où sont exposés avec clarté et dans un langage dépouillé de termes scientifiques. 1°- Les premiers secours à donner aux blessés, aux noyés, aux asphyxiés, aux empoisonnés, aux malades éloignés de la demeure du médecin, et généralement l’indication de ce qu’il convient de faire au début de toutes les maladies, particulièrement dans les cas d’accidents graves et subits; 2°- Les conseils les plus propres à préserver des maladies, à entretenir la santé et à prolonger la vie, dans toutes les circonstances où peuvent se trouver les individus des différentes classes de la société: 3°- La réfutation des erreurs populaires relatives à la médecine. 4°-Enfin, pour les personnes charitables qui s’occupent particulièrement des besoins de l’humanité souffrante, la description du mode de pansement approprié à une foule de cas chirurgicaux ou médicaux qui ne réclament pas les soins continuels du médecin, et exposition succincte de tous les soins qui constituent, à proprement parler, l’office d’une bonne garde-malade, Par une société de médecins-praticiens. La rédaction principale confiée à MM. les docteurs A.J.J. Bayle et C.M. Gilbert, troisième édition, Paris, Louis Vives, 1874, 2 vol.in-4

 

[Cote B.N.:4 Td 2.24.] Sur l’exemplaire de la B.N. dont nous n’avons pu consulter que le premier volume la page de couverture porte une date différente de celle de la page de titre : 1887. – La première édition est de Paris, Ducessois Imprimeur, 1835-1836.

Antoine Laurent Jessé Bayle (1799-1858). Médecin et aliéniste. – Fut membre de l’Académie impériale de médecine.

Camille-Melchior Gibert (1797-1866). Médecin.

[p. 309, colonne 2]

CAUCHEMAR. « Le cauchemar ne comprend pas les rêves pénibles de toutes espèces; on désigne plus particulièrement ainsi un état dans lequel l’homme endormi, se croyant dans l’imminence d’un grand danger quelconque, se sent privé de l’usage de ses mouvements et de sa voix, soit pour repousser ou fuir le péril, soit pour appeler au secours. Ces situations illusoires ont d’ailleurs très variées: c’est tantôt une chute dans un abîme, l’approche d’un incendie, l’attaque d’assassins, etc. Cependant il est une variété générique de ces sortes de rêves détestables qui représente mieux encore l’idée qu’on se fait généralement du cauchemar: ce sont ces positions où l’homme rêvant se sent accablé d’un malaise physique, c’est un poids, c’est un monstre, placés ordinairement au bas de la poitrine, qui menacent de l’étouffer. Le peuple des campagnes dit assez communément alors qu’on a été pressé par une sorcière.

Quoi qu’il en soit, après avoir [p. 310, colonne 1] cruellement souffert de ces rêves, qui se lient souvent à quelque malaise physique réel, on se réveille accablé de fatigue, et l’effrayante illusion se continue quelque temps encore chez les enfants et les personnes à l’imagination désordonnées. La fréquence du cauchemar est digne d’attention et de sollicitude ; plus d’une fois il est le précurseur, l’indice, ou même la cause d’une affection cérébrale grave, comme l’épilepsie, l’hystérie, la folie.

La cause du cauchemar est tantôt dans le centre des perceptions lui-même ; tantôt le cerveau est influencé par la souffrance de quelque autre organe plus ou moins éloigné. Parmi les causes cérébrales, nous devons énumérer les contes effrayants dont l’enfance est si avide, et, dans les autres ages, les récits ou tableaux fantastiques sombres, les émotions terribles ou profondément affligeantes, les veilles trop fréquentes et trop prolongées. Le cauchemar sympathique peut dépendre d’un état particulier du coeur, des poumons, de l’estomac, du fois, etc. ; c’est ainsi qu’on l’observe plus souvent chez les anévrismatiques, les asthmatiques; chez ceux qui se couchent avec l’estomac trop plein, et qui s’endorment la tête basse, dans le décubitus, sur le coté gauche ou horizontal.

John Anster Fitzgerald (1823-1906).

Toute personne fréquemment affectée de mauvais rêves ou de cauchemar, a intérêt d’en rechercher les causes qui sont souvent appréciables ; Ainsi donc, qu’on remarque après quelles circonstances le sommeil est si péniblement troublé, et, si les coïncidences se répètent, on concevra le juste espoir d’éviter ce malaise en éloignant l’occasion qui semble l’avoir produit, il convient, en attendant, d’une manière générale, de se préserver de tout ce qui émeut le sentiment et l’imagination d’une façon effrayante ou triste, et de se préparer au repos par des lectures ou des conversations agréables, de ne point manger trop ou trop tard, et surtout des aliments indigestes; de se coucher le corps incliné du coté droit, la tête élevée et les pieds chauds; des considérations anatomiques et physiologiques recommandent cette posture ; de tenir le ventre libre, soit par des aliments doux, humides et laxatifs, [p. 310, colonne 2] soit à l’aide de lavements. Toutes les fois qu’on le pourra, il faudra provoquer le réveil lorsque le trouble de la respiration, l’expression d’anxiété du visage, la sueur du corps, annonceront que le cauchemar se déclare ou existe. Après quoi, on s’empressera de calmer l’esprit, si l’on a affaire à des sujets jeunes et impressionnables.

Nous serions naturellement conduits à parler des rêves en général, phénomènes étonnants qui ont si souvent occupé les médecins et les philosophes; mais ces considérations nous entraîneraient trop loin, et nous n’ajouterons qu’une remarque; Chaque jour, nous entendons témoigner de la surprise de ce que des personnes peuvent marcher et parler en rêvant. Si l’on réfléchit avec quel-le facilité et quelle promptitude la volonté, pendant la veille, produit les mouvements, on sera justement étonné que tout le monde ne soit pas somniloque. N’est-il pas extraordinaire, en effet, que la volonté qui s’exerce parfois très énergiquement dans les rêves, vienne échouer  contre l’inertie de cette matière qu’elle meut avec tant d’aisance et de vitesse pendant le réveil ? Quelle est donc la cause qui est venue soustraire à l’empire de l’âme des organes formés à lui obéir si docilement ?

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