Léon Denis. Psychologie expérimentale, phénomène d’extériorisation et de dédoublement. Article paru dans les Comptes rendus du Congrès de psychologie.
Léon Denis (1846-1927). Philosophe spirite et spiritualise qui pris avec Gabriel Delanne et Camille Flammarion, le flambeau du spiritisme après Allan Kardec. Autodidacte il propose toujours une réflexion profonde sur les sujets qu’il traite. Quelques unes de ses publication :
— Le Phénomène spirite. Témoignages des savants. Etude historique. Exposition méthodique de tous les phénomènes. Discussion des hypothèses. Conseils aux médiums. La théorie philosophique. Quatrième édition. Paris, Chamuel, 1893. 1 vol. in-8°.
— Recherches sur la médiumnité. – Etudes de travaux savants – L’écriture automatique – Les hystériques – L’écriture mécanique – Les médiums – Preuves absolues de nos communications avec le monde des esprits. Paris, Librairie des Sciences Psychiques, 1913. 1 vol. in-8°.
— Les apparitions matérialisées des vivants et des morts. Tome I. les fantômes des vivants. – Tome II. Les apparitions des morts. Paris, Leymarie, 1909. 2 vol. in-8°.
— La télépathie. Recherches expérimentales. Paris, Librairie Félix Alcan, 1921. 1 vol. in-8°.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – PLes images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
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Psychologie expérimentale,
phénomène d’extériorisation et de dédoublement.
par Léon de lui, publiciste (Tours).
Depuis vingt ans, la psychologie est entrée dans des voies nouvelles. L’étude de l’âme, du domaine de la métaphysique et des purs concepts, est passée à celui de l’observation et de l’expérience.
Les recherches du colonel de Rochas, des Drs Luys et Baraduc (voir de Rochas : extériorisation de la sensibilité et de la motricité ; Dr Luys : comptes rendus de la société de biologie, juin 1893) démontrent que l’être psychique n’est pas confiné dans les limites du corps, mais qu’il est susceptible d’extériorisation et de dégagement. L’homme pourrait être comparé à un foyer d’où émanent des radiations, des effluves qui peuvent s’extérioriser en couches concentriques au corps physique elle-même, dans certains cas, ce condensé à des degrés divers et ceux matérialisés au point d’impressionner des plaques photographiques et des appareils enregistreurs.
Planche tirée de l’ouvrage d’Albert de Rochas.
L’action psychique d’un être vivant sur un autre, à distance, est établie par les phénomènes télépathiques, la transmission de pensée, l’extériorisation d’essence et les facultés. Les vibrations de la pensée peuvent se propager dans l’espace, comme la lumière et le son, et impressionner un autre organisme en affinité avec celui du manifestant. Les ondes psychiques, comme les ondes hertziennes dans la télégraphie sans fil, se propagent au loin et vont éveiller dans l’enveloppe du sensitif des impressions de nature variée, suivant son état dynamique : visions, voix tout ou mouvements.
Parfois, l’être psychique qui de son enveloppe corporelle et apparaît à distance. Certaines apparitions ont été vues par plusieurs personnes à la fois ; d’autres ont exercé une action sur la matière, ouvert des portes, déplacer des objets, laisser des traces de leur passage. Quelques-unes ont impressionné les animaux. (Voir Phantasms of the living, de Myers, Gurney et Podmore, p. 12 ; 149 ; Proceeding of the society for Psychical [p. 292] research, t. I, 1882 ; t.II, 1883 : partie XI mai 87 ; XII, juin 88 ; expériences de M. Ch. Richet : Rapport sur le spiritualisme, par le comité de la Société de dialectique de Londres. Dr Dussart, traducteur.)
L’objectivité des apparitions est établie dans beaucoup de cas.
Les apparitions de mourants ont été constatées un grand nombre de fois par les enquêtes de la Société des recherches psychiques, de Londres. (V. Proceedin, Annales des sciences psychiques, de Paris ; A. Russel Wallace : les Miracles et le moderne spiritualisme.) Plus récemment, M. Flammarion, dans son livre : l’Inconnu et les problèmes psychiques, en relate 186 cas, avec coïncidence de mort, ce qui ne permet pas de voir rendre le de simples hallucinations, des déserts réels, avec une relation de cause à effet.
Ces phénomènes ont été constatés si souvent, il s’appuie sur les témoignages si nombreux et si élevés, que des savants une prudence excessive, comme M. Ch. Richet, de l’académie de médecine de Paris, ont pu dire : « On trouve une telle quantité de faits impossibles à expliquer autrement que par la télépathie, il faut admettre une action à distance. Le fait semble prouver est absolument trouvé. »
Des savants comme Wallace, Lodge, Myers, Mapes, Aksakov, etc., etc. ; Explique ces phénomènes par l’existence de nous d’un double, image du corps, indivisible, impondérables à l’état normal, pouvant se dégager, se matérialiser, apparaître dans certaines conditions et ayant une réalité physique.
D’autres sont allés plus loin. Aux phénomènes télépathiques, aux manifestations de mourants s’ajoutent – pour eux – des manifestations de défunts. Elles se produisent à l’aide de sujets doués de facultés spéciales en qui les « survivants » puiseraient les forces et les éléments nécessaires pour se matérialiser et tomber sous l’action des sens.
On aurait pu le constater alors, au moyen de balance munie d’appareils enregistreurs, que le corps du sujet perd une partie de son poids et que la différence se retrouve dans l’apparition matérialisée. (V. W. Crookes : Recherches [p. 293] expérimentales sur le spiritualisme ; A. Russel Wallace : le Miracle et le moderne spiritualisme ; Aksakov : Animisme et spiritualisme.)
Ces apparitions ont été photographiées en présence de témoins par W. Crookes, R. Wallace, Beattie et le Dr Thomson, d’Édimbourg, professeur Rossi Pagnoni, Dr Moroni, professeur Wagner, de Saint-Pétersbourg. (Voir les ouvrages cités.)
Zœllner, l’astronome allemand, le professeur W. Denton, les Drs Wolff et Frieze ont recueilli des empreintes et des moulages dans la paraffine ou autre substances molle, de membres d’apparitions matérialisées. Les moules, d’une seule pièce, reproduiraient les infections des membres, les détails de la structure et les altérations accidentelles de la peau. (Voir Aksakov : Animisme et spiritualisme ; Zœllner, Wissenschaftliche Abhandlungen.)
Ce sont, en outre, des cas d’incorporation comme ceux signalés par Hodgson, professeur de psychologie à l’Université de Cambridge, dans son étude sur la faculté de Mr Pipers (Proceeding, de la S. P. R., dernier volume). L’auteur, adversaire de la médiumnité et de ses applications, avait commencé son enquête dans le but avoué de démasquer les fourberies et de confondre les imposteurs ; elle ne durera douze ans. Au cours de nombreuses séances, dit-il, cent-vingt personnalités invisibles se communiquèrent à lui par les organes de Mr Pipers entrancés, entres autres, G. Pellew, son ami décédé, membre comme lui, de la S. P. R., et lui révélèrent des faits inconnus de tout être vivant sur la terre. « la démonstration de la survivance, dit le professeur, m’a été faite de façon à m’oter même la possibilité d’un doute. »
Les professeurs Ch. W. Elliot, président de l’Université d’Harward, W. James, professeur de psychologie à la même université, NewBold, professeur de psychologie à l’université de Pennsylvanie, et autres professeurs éminents, ont participé à ces expériences et contresigner ces déclarations.
Dans son rapport, publié par le New York World, du 3 mars dernier, M. Hyslop, professeur de logique et de sciences mentales à l’université de Columbia, se prononce dans le même sens : « quand on considère le phénomène de [p. 294] Mr Pipers, que j’ai observé durant 29 séances, il faut éliminer et la transmission de pensée et l’action télépathique. En considérant le problème avec impartialité, il n’y a pas d’autre explication que l’intervention des morts. »
Quelles conclusions devront nous tirer de tout ceci ? D’année en année, les expériences se multiplient, les attestations s’accumulent et la lumière reste à faire sur le problème psychique. Dans ce dédale d’observations, l’erreur et la supercherie peuvent bien avoir leur part, mais de cet ensemble confus émergent des faits et des témoignages si imposants que la négation systématique ou l’indifférence ne sont plus possibles.
L’heure était parvenue ou la science doit se prononcer et dire si, comme l’affirment tant d’expérimentateurs éminents, membre de l’académie célèbre ou titulaire de chair dans les Universités, si l’être psychique existe, non plus comme une vague et idéale entité, mais comme un être réel, associée à une forme substantielle, productrice de force subtile qui se révèlent par des manifestations d’ordre varié ?
Quant à nous, humble chercheur, malgré les expériences personnelles poursuivies depuis trente années, ne reconnaissant pas l’autorité nécessaire pour trancher de telles questions, nous nous bornerons à appeler respectueusement sur elle l’attention du Congrès et nous lui demandons de faire connaître son avis sur des sujets qui intéressent tout être pensant et se relient étroitement à l’éternel problème de la vie et de la destinée humaine.
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