La confrérie des loups-garous dans les sociétés indo-européenne. Par Jean Przyluski. 1940.

ANAMITES0003Jean Przyluski. La confrérie des loups-garous dans les sociétés indo-européennes. Article paru dans la « Revue de l’histoire des religions », (Paris), tome CXXI, n° 2-3, Mars-Juin 1940, pp. 128-145.

PRZYLUSKI Jean (1885-1944). Très féru et connaisseur de la culture et des langues anamites, il enseigne dans cette langue dès 1909 à la résidence supérieure du Tonkin. Ce qui l’amènera  à occuper, d’abord comme remplaçant, puis comme titulaire, la chaire d’anamite de l’Ecole des Langues Orientales. Nous avons retenu de ses nombreuses publications un recueil de quelques uns de ses nombreux articles :
— La grande déesse. Introduction à l’étude comparative des religions. Préface de Charles Picard. Avec vingt-et-une figures et vingt-quatre photographies. Paris, Payot, 1950. 1 vol. in-8°, 219 p., 2 ffnch.. Dans la « Bibliothèque historique ». — Cette publication devait être suivie de La Migration eurasiatique, qui reste, malheureusement aujourd’hui, semble-t-il, à l’état de manuscrit inédit

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original.
 – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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Les confréries de loups-garous
dans les sociétés indo-européennes (1)

Le valet de don Juan dépeint ainsi son maître dans la première scène de la comédie de Molière : « … un Turc, un hérétique qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou… » Il faut que le loup-garou ait encore au grand siècle occupé une place importante dans la conscience religieuse pour que, dans les milieux populaires, on ait pu sans invraisemblance taxer d’impiété ceux qui refusaient d’y croire. En fait, depuis des temps très anciens, cette superstition était répandue en Europe, en Asie et en Afrique. Sous sa forme tardive, encore attestée aujourd’hui, elle peut se formuler ainsi : certains individus, hommes ou femmes, se transforment en loups, de sorte que toute blessure infligée au loup affecte en même temps le corps de l’homme qui a pris cette forme. Les survivances de cette croyance ont une signification profonde. Elles sont de nature à prouver l’extension d’un culte qui a joué autrefois un grand rôle dans l’organisation sociale et religieuse. En outre, l’existence de loups-garous mâles et femelles donne à penser que, sous l’influence de Schurtz, on a sans doute fixé trop exclusivement l’attention sur le groupe masculin couramment appelé « Mannerbund ». Nous verrons qu’il ne faut pas négliger de considérer l’autre sexe.

Dans le folklore de l’Europe moderne, les exemples de loups-garous sont le plus souvent des cas isolés. Mais dans l’antiquité ces individus formaient souvent de véritables [p. 129] confréries. À première vue, cette institution n’est pas sans analogie avec le clan totémique. Chez certaines populations arriérées, Australiens, Indiens, Esquimaux, la tribu est divisée en clans dont chacun représente une espèce animale ou végétale ; de sorte qu’on distingue des hommes-serpents, des hommes-chats sauvages, etc., tout comme nos ancêtres connaissaient des hommes-loups. Néanmoins les confréries de loups-garous sont très différentes des clans totémiques. Une confrérie est tout autre chose qu’un clan et l’homme-loup prend souvent comme tel un caractère agressif et dangereux qui fait défaut à l’Australien dans les fêtes où il a plus nettement conscience de ressembler à son totem. Si l’on considère de très haut l’évolution des sociétés humaines, la confrérie de loups-garous est une institution qui se situe entre le clan totémique des sauvages et le loup-garou individuel des sociétés civilisées.

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En Arcadie, au centre du Péloponnèse, le mont Lycée était un lieu sacré, redoutable aux profanes qui ne pouvaient s’en approcher sans perdre leur ombre et mourir dans l’année (2). Au sommet de ce mont étaient deux colonnes consacrées à Zeus Lykaios (3). On y sacrifiait des animaux et même des victimes humaines. Platon rapporte que ceux des assistants, qui goûtaient aux entrailles humaines mêlées à celles des autres victimes, étaient transformés en loups (4) ; et Pline mentionne une association de loups-garous (5). Nous savons, d’autre part, que Zeus changea Lycaon en loup en lui faisant faire à son insu un repas de cannibale (6). [p. 130]

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Illustration du XIXe d’un guerrier tuscarora, membre du clan des loups

Tous ces faits sont très cohérents. Les noms du mont Lycée, du dieu qu’on y adore Zeus Lykaios et de Lycaon changé en loup nous ramènent tous à la notion du Loup mythique, à la fois dieu et animal, auquel étaient identifiés un héros légendaire et parfois Zeus lui-même. Le culte du dieu-loup était célébré par des confréries de loups-garous, c’est-à-dire par des associations d’hommes-loups qui pratiquaient une anthropophagie rituelle, comme le font encore de nos jours les hommes-léopards et les hommes-panthères de Libéria, du Gabon, du Cameroun, etc. (7) La comparaison des faits actuels avec les témoignages des auteurs anciens révèle que, pour faire partie de la confrérie, c’est-à-dire pour devenir un homme-loup, il fallait participer à un repas où les entrailles d’un homme étaient mêlées à celles d’autres victimes. Par ce rite de communion, pratiqué sciemment ou non, l’initié devenait loup-garou. Pour les auteurs grecs, fort éloignés de la barbarie primitive, cette aventure était une infortune et un châtiment ; mais, à une époque antérieure, ce devait être un procédé normal pour acquérir l’initiation.

Théoriquement, voici comment on peut expliquer ces pratiques. Pour faire partie d’une confrérie de loups-garous, c’est-à-dire pour devenir un homme-loup, il faut par un sacrement, qui est un repas communiel, participer de la nature du Loup mythique. Ce résultat peut être obtenu soit en mangeant la chair d’un loup, soit en mangeant la chair d’un homme-loup. Cette alternative explique, d’une part, le sacrifice totémique, tel qu’on l’observe par exemple en Australie, d’autre part les faits d’endocannibalisme rituel si fréquents chez les Noirs africains et ailleurs.

C’est à ces rites qu’il convient de comparer les faits arcadiens. Dans la Grèce moderne, les loups-garous de l’antiquité ont été remplacés par des λυχοχάντςαροι que saisit, chaque année, une sorte de fureur bestiale, c’est-à-dire dont la nature [p. 131] de loup se révèle périodiquement par une crise de délire sacré (8).

Les faits arcadiens que signalent Pline, Pausanias, Platon, étaient sans doute eux-mêmes des survivances d’un lointain passé. Les anciens considéraient les Arcadiens comme des autochtones, qui avaient conservé des usages archaïques, et ce sentiment est conforme à ce qu’on peut induire de leur situation géographique : région montagneuse au centre du Péloponnèse, l’Arcadie fut probablement le refuge d’une ancienne population, refoulée par les Hellènes.

D’ailleurs, le repas de cannibale où Lycaon fut changé en loup, a son équivalent dans d’autres légendes. Un festin analogue fut servi aux dieux par Tantale, à Thyeste par Atrée, à Harpage par Astyage. Or, Astyage était roi des Mèdes et la tradition fait de Tantale un Lydien. C’est pourquoi M. Rose a pu supposer qu’il s’agit d’une pratique à classer avec celles que l’on prête aux Pélasges et qui aurait survécu aux invasions successives. Autrement dit, nous touchons probablement ici au substrat asianique, antérieur aux migrations indo-européennes, substrat qui affleure encore à l’époque historique en Arcadie, en Anatolie et en Médie. Nous allons voir que des survivances comparables s’observent à date ancienne en Italie et dans le monde germanique.

Le culte des arbres sacrés était très répandu dès la haute antiquité en Orient aussi bien qu’en Occident. Pour un exposé des survivances de ce culte en Grèce, il suffit de renvoyer à l’ouvrage classique de Bötticher, Der Baumkulius der Hellenen. En Grèce comme en Italie, à côté d’arbres sacrés comme le chêne, le pin ou le platane dont l’aire géographique s’étend loin vers le Nord, il convient de faire une place à part au figuier dont l’habitat est plus méridional. Le figuier, qui, dans l’Inde, est l’arbre sacré par excellence, était aussi dans le monde mycénien l’objet d’une vénération particulière (9). [p. 132] Plusieurs circonstances ont dû concourir à ce résultat : sa fécondité, la qualité de ses fruits nourrissants et la multiplicité de ses graines qui en faisait un symbole d’abondance et de fertilité.

Suivant la légende, les deux jumeaux Romulus et Remus furent allaités par une louve sous le Ficus Ruminalis. Ces jumeaux étaient issus du dieu Mars et de Rhea Silvia. En fait Mars, dont on connaît les étroites affinités avec Apollon,

représente ici Apollon Lykeios. Il ne suffit pas de dire avec Sir Arthur Evans que le dieu « envoie son animal élu pour allaiter sa progéniture » (10). Rhea Silvia est ici l’équivalent de Oybèle, de la Grande Déesse, mère de tous les êtres. De même que dans l’Inde la Grande Mère prend la forme d’un quadrupède pour engendrer les quadrupèdes, d’un insecte pour engendrer les insectes, on peut admettre que dans la tradition originelle, Rhea prenait la forme d’une louve pour engendrer d’abord, puis pour nourrir les enfants qu’elle eut du dieu Lykeios. En Crète, Miletos, fondateur de la cité qui porte son nom, fut nourri par des loups qui furent envoyés par son père Apollon (11). Les deux légendes italienne et crétoise s’expliquent, sans doute, par un thème commun : Miletos comme les jumeaux romains était un homme-loup, fils d’un dieu-loup et d’une louve. Sans doute, Evans a eu raison de rattacher tout ce cycle aux vieux cultes arcadiens : le Ficus Ruminalis et le thème de l’enfant nourri par une bête sauvage nous ramènent, en effet, au substrat préhellénique, mais ces connexions apparaissent

plus étroites du moment où l’on voit dans Miletos comme dans Romulus et Remus des héros guerriers, loups-garous, issus d’un dieu-loup qui est aussi le dieu de la guerre.

Ainsi, sur une aire étendue, en Italie, en Arcadie, en Crète, en Anatolie, en Médie, c’est-à-dire partout où se sont maintenues d’anciennes populations antérieures aux Indo-Européens, s’observent partiellement des croyances ou des rites qui, rassemblés, forment un tout : mythe du dieu-loup, [p. 133] légende du héros qui est un loup ou qui fut nourri par une louve, confréries d’hommes-loups. Ce premier aperçu nous fait déjà sentir combien il serait imprudent d’attribuer à ces faits un caractère proprement aryen ou de vouloir les expliquer exclusivement par la mythologie indo-européenne,

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Lorsqu’on étudie les faits germaniques, on est surtout frappé du caractère guerrier des confréries d’hommes-loup. L’Ynglingasaga dépeint ainsi les guerriers d’Odhinn pendant son règne légendaire : « … ils allaient sans cuirasse, sauvages comme des chiens et des loups. Ils mordaient leurs boucliers et étaient forts comme des ours et des taureaux. Ils massacraient les hommes et ni le fer ni l’acier ne pouvaient rien contre eux. On appelait cela fureur de Berserkir ». Berserkir signifie « guerrier à enveloppe d’ours ». Comme le dit M. Dumézil, « les berserkir d’Odhinn ne ressemblent pas seulement à des loups, à des ours etc., par la force et par la férocité ; ils étaient à quelque degré ces animaux mêmes. Leur extase extériorisait un être second qui vivait en eux, et les artifices de costume (cf. les tinda corpora des Harii), les déguisements auxquels font évidemment allusion le nom de berserkir et son synonyme ûlfêdhnar « hommes à peau de loup ») ne servaient qu’à, aider, à affirmer cette métamorphose, à

l’imposer aux amis et aux ennemis épouvantés » (12).

Il faut ici distinguer les croyances et les rites. Il est vraisemblable

que berserkir et ûlfêdhnar font allusion à des déguisements dont s’affublaient les membres des confréries d’hommes-loups et d’hommes-ours. Mais on croyait, sans doute, que ces hommes étaient non seulement « à quelque degré », mais pleinement des ours ou des loups. Une indication précieuse est fournie à cet égard par la phrase où il est dit qu’ils « mordaient leurs boucliers ». Il faut, sans doute, entendre [p. 134]par là que, sous leur forme animale, ils cessaient de porter leur bouclier avec des mains et le tenaient dans leur gueule.

Tacite a décrit, chez les Chatti, une de ces confréries de guerriers. Aucun des jeunes Chatti ne se coupe cheveux, ni barbe jusqu’à ce qu’il ait tué un ennemi, et les plus braves portent, en outre, un anneau de fer, comme une chaîne, jusqu’à ce qu’ils se soient rachetés par le meurtre d’un ennemi (13). M. Dumézil, qui reproduit ces indications, note à bon droit que Tacite a probablement mal compris la signification du ferreus annulus, qui devait donner à ces guerriers le pouvoir de se transformer en animal. « Les vieux chants populaires danois savent encore que, par le moyen d’un collier de fer, on peut se transformer en ours (14). »

Tacite ajoute : « Il leur revient d’engager tous les combats. Ils forment la première ligne, dont l’aspect est étrange, car pas même en temps de paix ils ne s’adoucissent, n’adoptent une mine plus humaine. Aucun d’eux n’a ni maison, ni champ, ni souci de rien. Ils se présentent chez n’importe qui et reçoivent nourriture, prodigues du bien d’autrui, dédaigneux du leur, jusqu’à ce que l’exsangue vieillesse les rende impropres à une si rude vertu. » Ces guerriers, qui combattent jusqu’à un âge avancé, représentent déjà un état social sensiblement plus évolué que les confréries de jeunes gens observées chez les peuples arriérés.

La Saga du scalde Egill décrit la vieillesse d’un de ces berserkir, Ulfr, qui, pendant le jour, menait une vie tranquille, mais parfois le soir devenait ombrageux. Le bruit courait qu’alors il se métamorphosait et errait pendant la nuit ; c’est pourquoi il avait reçu le nom de Kvelûlfr, le Loup du soir.

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Quand le «  Loup du soir » fut sur le point de mourir, il se métamorphosa,

ses compagnons en firent autant ; ils massacrèrent les gens qui se trouvaient à leur portée, puis Ulfr fut pris de faiblesse, il se coucha et mourut peu après (14). [p. 135]

Le héros de ce récit est un loup-garou et il fait partie d’une confrérie d’hommes-loups, mais il meurt naturellement, au terme de sa vieillesse. Il est probable qu’aux temps anciens les choses se passaient autrement. Procope nous apprend que chez l’une des peuplades germaniques, les Hérules, il était d’usage de tuer les vieillards. « Ni ceux qui vieillissent ni les malades n’avaient chez eux le droit de vivre ; quand l’une ou l’autre de ces deux disgrâces atteignait un homme, il devait nécessairement demander à ses parents de le supprimer du nombre des vivants. Ils l’installaient alors sur un grand bûcher et envoyaient vers lui, armé d’un poignard, un Hérule qui ne fût pas de la famille : il n’était pas permis, en effet, que le meurtrier fût un parent (16) ».

M. Grimm a réuni des faits qui prouvent que dans certains milieux scandinaves le suicide des « vieillissants » ou le meurtre des vieillards était chose admise (17). Ces pratiques devaient être courantes chez les berserkir. Aux yeux de ces guerriers, mourir de vieillesse ou de maladie n’assurait pas dans l’autre monde l’accès auprès d’Odhinn : périr de mort violente, avant la décrépitude, était la condition nécessaire pour entrer ensuite au Valhall. C’est pourquoi, dans certains récits, Odhinn lui-même, roi légendaire, se fait blesser d’un coup de lance quand il gît mourant dans son lit (18).

Cette obligation, qui a survécu longtemps dans le monde germanique, éclaire peut-être les anciens faits préhelléniques. Nous avons vu que de l’Arcadie à la Médie surnagent d’antiques traditions relatives à des rites de cannibalisme : l’initiation, qui permettait à certains hommes de se transformer en loups, était la conséquence d’un repas où le futur loup consommait la chair d’une victime humaine. Les auteurs anciens ne disent pas comment on se procurait ces victimes. Mais nous avons comparé leurs récits aux pratiques signalées en Afrique [p. 136] et ailleurs et l’on sait que le meurtre des « vieillissants » est attesté à date ancienne ou même à l’époque moderne depuis l’Inde jusqu’à la Mélanésie (19). S’il est vrai que depuis la mer Méditerranée jusqu’à l’Iran oriental un repas de cannibale était le moyen de se transformer en loup, en vertu de ce principe que, pour devenir homme-loup, il faut manger la chair d’un homme-loup, nous sommes conduit à supposer qu’à l’origine l’initiation des jeunes devait être précédée du meurtre rituel des vieillissants et que la chair des hommes ainsi sacrifiés était consommée au cours du repas communiel qui accompagnait l’initiation.

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À côté de survivances de ce lointain état de choses, la religion des Germains présente une innovation capitale. Les Vikings scandinaves formaient des sociétés de guerriers comparables à celles des berserkir et à celle qui groupe dans l’autre monde Odhinn et ses compagnons. Comment vivent ceux-ci ?

Ils prennent leurs armes chaque matin, sortent du Valhall et combattent. Quand ils rentrent au palais divin, leur subsistance est assurée par le sanglier Saehrimnir qui, dévoré chaque jour, renaît chaque soir. En outre, les pis de la chèvre Heidhrûn fournissent chaque soir l’hydromel dont on remplit un grand bassin. Dans cette diète, l’usage de l’hydromel est probablement un fait nouveau par rapport à l’ancien repas communiel des loups-garous. Au stade ancien, il s’agissait de devenir un loup et l’on y parvenait en mangeant la chair des victimes. Désormais, on prétend acquérir ou conserver l’immortalité et ce résultat est obtenu en buvant une boisson fermentée, sorte de philtre, qui doit son caractère sacré au fait qu’il transforme l’individu, qu’il lui donne une nouvelle conscience. Au repas communiel, où les victimes étaient l’aliment essentiel, s’est substitué un autre sacrement d’où toute trace de cannibalisme a disparu, et qui est marqué par l’ingestion d’une boisson enivrante. L’hydromel a maintenant autant d’importance que la viande et cette boisson tend à faire fonction d’ambroisie.

Des innovations comparables s’observent en d’autres parties du monde indo-européen. Émile Senart dit, à propos des hymnes védiques : « si ample que soit l’autorité qui leur est finalement échue, ce sont essentiellement les chants rituels des sacrificateurs du Soma ; ils n’embrassent qu’un secteur de l’horizon religieux » (20). Senart met ici en lumière deux points essentiels : les hymnes védiques sont issus d’un milieu relativement étroit au sein de la société indienne ; ce milieu est caractérisé par l’ingestion d’une boisson enivrante, le soma.

Envisagées par rapport à l’ensemble du monde indo-européen, les vues de Senart sont confirmées par un certain nombre de faits. Le sacrifice du soma est limité à une aire assez restreinte. Ce n’est pas un usage indo-européen ; il est tout au plus indo-iranien, sans qu’on puisse aisément déterminer la partie du domaine indo-iranien où il apparaît tout d’abord.

D’autre part, le rituel du soma est très évolué. Par certains traits, il ressemble aux beuveries des Vikings plutôt qu’au sacrifice indo-européen. Le plus ancien type de sacrifice qu’on observe dans le monde indo-européen est un repas communiel où l’on se nourrit du corps des victimes, l’ingestion de boisson n’étant qu’un rite accessoire. Le soma, au contraire, boisson enivrante, prend tardivement une place prépondérante dans le rituel. A la différence des victimes du sacrifice, le soma est lui-même un grand dieu ; il doit ce caractère divin au fait qu’il est comme l’hydromel le siège d’une force qui enivre, transporte et régénère.

Au temps où Senart écrivait, on n’avait guère moyen de se représenter, autrement que par conjecture, ce qu’était le sacrifice indo-européen antérieurement à l’introduction du soma dans les rituels de l’Inde et de l’Iran. Il n’en est plus de [p. 138] même depuis la publication du Code hittite. De ce texte, qui peut remonter au XIVe siècle avant notre ère, nous avons une traduction française par le Pr Hrozny et une traduction allemande par H. Zimmern et Joh. Friedrich (21). Les paragraphes 166 et 167 peuvent s’interpréter ainsi ; Si, sur une terre ensemencée, quelqu’un sème une autre semence, l’homme et les bœufs sont sacrifiés. C’est ainsi qu’on faisait autrefois. Maintenant, ajoute le Code, on sacrifie un mouton qui remplace le coupable, deux autres moutons qui sont substitués aux bœufs, trente pains et trois vases de bière (22). – Grâce à ce texte, nous constatons déjà la tendance à remplacer par des animaux les anciennes victimes humaines. Nous pouvons aussi nous faire une idée des plus anciens sacrifices pratiqués dans le monde indo-européen et dont les trois éléments étaient la chair des victimes, le pain et la bière.

Chez les Germains, la bière a continué longtemps à tenir la place qu’elle paraît avoir occupée dans la religion hittite. Elle était, dit Maurice Cahen, « utilisée pour des fins religieuses, mais n’était pas un breuvage sacré » (23). Entendons par là qu’elle ne l’était pas en permanence. Il en est tout autrement du soma, qui est, par essence, un breuvage divin. Soma est dieu, immortalité et ambroisie.

Désormais les faits hittites et grecs, germaniques et indo-iraniens nous permettent de jalonner provisoirement la courbe de l’évolution religieuse. Nous pouvons distinguer deux périodes successives. Au stade ancien, le sacrifice comprend des victimes humaines ou animales et ce repas de viande est complété par du pain et une boisson d’orge. Dans les sociétés qui pratiquent ces sacrifices, on rencontre des confréries de [p. 139] loups-garous attestées par les auteurs grecs et par de nombreuses survivances jusqu’aux temps modernes. Ces confréries sont probablement les témoins d’une organisation pré-indo-européenne. Enfin, le repas communiel d’initiation, où l’on devenait homme-loup, comportait d’après les témoignages grecs des restes de cannibalisme. A ces anciennes institutions, qu’on peut grouper dans une période primaire, en succèdent

d’autres qu’on peut reconstituer par l’examen des faits indo-iraniens et germaniques et qui caractérisent une période secondaire. L’ancien repas de sacrifice à base de viande se perpétue dans l’ensemble des sociétés, de même que les confréries d’hommes-loups. Mais une innovation de grande conséquence apparaît aux deux extrémités du monde indo-européen : ce sont des beuveries rituelles de boissons enivrantes : d’hydromel chez les Germains et de soma sur le domaine indo-iranien.

A ce point de notre recherche, on aperçoit un problème qui peut se formuler ainsi : y avait-il à l’origine une connexion entre les beuveries rituelles et les confréries d’hommes-loups ? En d’autres termes, avons-nous des raisons de penser que l’usage des boissons enivrantes s’est développé d’abord dans les confréries de loups-garous ? À première vue rien dans le monde indien ne permet de soupçonner une connexion entre d’anciennes confréries et le sacrifice du soma. Il faut aller chez les Scythes pour découvrir un lien entre ces deux séries de faits.

Parmi les populations qu’Hérodote appelle des Scythes se trouvent les Saka Haumavarka. Bartholomae, le premier, a proposé de décomposer ce nom en hauma, nom iranien du soma et varka « loup » (24). Les Saka Haumavarka seraient des « loups buveurs de soma ». Cette explication, dont son auteur lui-même n’était pas très convaincu, a été depuis peu reprise et rendue plausible par M. Stig Wikander. Il interprète Haumavarka [p. 140] par « ceux que le soma transforme en loups-garous » (25).

Ces Saka habitaient les régions voisines de l’Yaxartes, c’est-à-dire une contrée où vivent les Touraniens de l’Avesta, adonnés à des pratiques qui provoquent une extase grossière (26) et groupés dans des confréries analogues à celles des loups-garous (27). On peut donc admettre qu’ils étaient appelés « loups buveurs de soma » et puisque Haumavarka est formé de deux mots iraniens, ce nom fait sans doute allusion à une institution commune à certains Touraniens et aux Iraniens eux-mêmes. Tout ceci est de nature à soutenir l’hypothèse d’un lien entre les beuveries de soma et les confréries de loups-garous (28).

Dès lors, nous pouvons suivre M. Wikander quand il essaie d’expliquer par ces pratiques le culte de Rudra-Siva, des Rudra et des Marut. Il est significatif que Sarva, l’un des noms de Rudra-Siva, désigne un dieu carnassier qui erre dans les bois sous la forme d’un loup (29). Durga, son épouse, est dite kokamukha « qui a le visage d’un loup » (30). Le culte de Siva, dieu danseur et musicien, a toujours gardé un caractère érotique et macabre, qui s’accorde avec les tendances manifestées en tous lieux par les communautés de jeunes gens où les beuveries, la danse et la musique concourent à développer une exaltation frénétique (31).

Les faits iraniens sont encore instructifs en ce qu’ils montrent la liaison entre le cannibalisme et le rituel des confréries de loups-garous. M. Widengren en effet, a rapproché des textes où les sectateurs des daeva, qui sont des mairya à deux pieds, sont comparés aux loups à quatre pattes, [p. 141] et d’autres où ces hommes sont accusés de se repaître de cadavres (32). L’analogie est encore manifeste avec les sectes çivaïtes qui fréquentent les cimetières et s’y nourrissent de chair humaine (33).

Suivant les mêmes textes, la troupe de ces mairya à deux pieds est composée de yatu et de pairika, c’est-à-dire de sorciers et de sorcières groupés sous le même étendard (34).

Nous avons donc affaire à une organisation qui ne comprend pas seulement des hommes mais des loups-garous des deux sexes.

Nous en savons maintenant assez pour revenir à notre point de départ et essayer d’éclairer de nouveaux faits grecs. Quand les Doriens envahirent le Péloponnèse, ils refoulèrent les anciens cultes. Ceux-ci se perpétuèrent pourtant chez les vaincus, dans les confréries religieuses : éranes, thiases, orgéons, dont l’origine remonte sans doute à l’antiquité préhellénique. Par suite de l’invasion dorienne, des pratiques qui n’étaient pas primitivement ésotériques, devinrent secrètes et ceci a dû contribuer à l’institution des «  mystères ». Plus tard, au VIle siècle, lorsque les descendants des conquérants furent réduits à l’impuissance, les Orthagorides victorieux abolirent les cultes doriens et remirent en lumière les anciennes cérémonies, qui s’étaient conservées dans l’ombre, en particulier les fêtes en l’honneur de Dionysos. A Athènes également, le culte de Dionysos fut restauré par Pisistrate. Les rites dionysiens ne sont pas alors une innovation: comme le dit M. Schuhl, « le courant souterrain reparaît au grand jour (35). Suivant des traditions contradictoires, Dionysos était un dieu thrace, ou crétois, ou phrygien. Aucune de ces localisations ne doit être rejetée. Elles indiquent toutes des affleurements du substrat non-hellénique et sont de nature à prouver que le culte de Dionysos était antérieur aux Hellènes. D’ailleurs, le trait caractéristique, l’emploi du vin dans le rituel dionysien, peut [p. 142] avoir une lointaine origine, car les Hellènes ont emprunté le vin aux Égéens (36).

Les initiés se groupent en thiases sur le modèle des anciennes confréries. Pendant les fêtes, l’ivresse, les hurlements, la danse tournoyante provoquent une exaltation farouche qui se traduit par des élans lubriques, par une fureur sauvage capable de briser tous les obstacles. Le caractère funéraire de l’ancien culte se perpétue dans le nouveau, car pendant la fête des Anthestéries, qui était consacrée à Dionysos et que l’on célébrait par des beuveries, les âmes des morts erraient parmi les vivants (37) et d’après un fragment d’Héraclite « Hadès est le même que Dionysos » (38). Ici comme dans l’Inde et dans les vieux cultes de la fertilité, l’amour et la mort sont associés : c’est le même dieu qui fait mourir et renaître.

Dans leur délire, les Ménades mettaient en pièces de jeunes animaux dont elles dévoraient la chair crue et sanglante, ce qui donne au cortège de Dionysos le caractère d’une chasse suivie d’un repas communiel. On peut également voir un archaïsme dans le fait que les femmes prenaient part aux orgies. Mais s’ils manifestent encore des accès de fureur bestiale, le dieu et ses fidèles ne sont plus des loups ; leur aspect d’animaux carnassiers s’est en partie effacé. Les membres du thiase d’Iacchos ne participent plus d’un dieu loup ou renard, mais d’un Olympien ; le vin est la boisson qui les rend semblables à leur dieu ; c’est l’ambroisie, la liqueur d’immortalité. Toutefois la tradition gardait le souvenir de sacrifices humains dans le culte de Dionysos. Le cortège du dieu était formé de Satyres, Silènes, Centaures, Pans, c’est-à-dire d’êtres « à la nature demi-animale » (39). Enfin, Dionysos en Grèce comme Siva-Rudra dans l’Inde est une divinité phallique.

En somme, on peut ramener à un schéma simple les institutions des divers pays. Dans les sociétés indo-européennes, [p. 143] l’évolution est sensiblement parallèle. Les victimes animales se sont d’abord substituées aux victimes humaines ; puis le soma, le vin, l’hydromel ont remplacé la bière. En même temps qu’on s’éloignait du cannibalisme rituel, le dieu-loup et ses fidèles perdaient leur nature animale et ne conservaient que la forme humaine ; enfin, la boisson du sacrifice devenait une liqueur divine, l’ambroisie qui rend dieu en écartant la mort. Bacchants en délire ou Vikings guerriers, brahmanes sacrificateurs ou prêtres iraniens, le comportement de ces hommes est, sans doute, très divers, mais on aperçoit derrière eux dans l’ombre de la préhistoire des confréries de loups-garous.

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L’enquête, dont nous venons de tracer les grandes lignes, se place à côté d’autres recherches sur un domaine encore insuffisamment connu. Après l’étude de Mme Lily Weiser, les recherches de M. Otto Höfler ont montré que la croyance aux loups-garous est fréquemment en relation avec des mascarades saisonnières de jeunes gens costumés en bêtes sauvages et particulièrement en loups. Ces cérémonies font partie d’un ensemble de rites qui constituent ce qu’on a appelé le culte extatique du Mannerbund. D’autre part, M. Wikander a procédé à une analyse délicate du vocabulaire religieux dans les textes sacrés de l’Inde et de l’Iran. Sa conclusion (40) nous ramène au Mannerbund, c’est-à-dire à une institution orientée vers la guerre, dont les caractères essentiels sont le culte des morts et des démons et le rituel orgiastique. Plus récemment encore, M. Widengren, qui travaille lui aussi en liaison avec M. Nyberg, a confirmé et précisé les découvertes de M. Wikander. Enfin, l’étude des faits grecs et germaniques a été reprise par MM. P. M. Schuhl et G. Dumézil. Ces recherches ont été fécondes. Elles permettent de comparer des institutions qu’on peut désormais observer pendant très longtemps sur une aire immense. [p. 144]

C’est ce qui a déterminé notre enquête. Au lieu de chercher à dégager les traits permanents des confréries de loups-garous, nous avons essayé de suivre leurs transformations, en nous attachant principalement à la forme des sacrifices. Nous avons pu distinguer deux aspects successifs du festin communiel : d’abord un repas entaché de cannibalisme, où l’essentiel est la chair des victimes ; plus tard des beuveries où l’excitation est produite par une boisson enivrante. A ces deux types de repas rituel correspondent des croyances très différentes. Dans le premier cas on devient un loup en mangeant une victime qui est un loup ou qui est considérée comme telle ; dans le second cas on devient un dieu en buvant comme font les dieux une boisson qui est l’ambroisie, c’est-à-dire qui écarte la mort. Entre les deux types, on trouve des formes de transition, de sorte qu’il est parfois difficile de dire si telle boisson est déjà ou n’est pas encore l’ambroisie. Mais si l’on compare les formes extrêmes, il n’est pas douteux qu’on ait affaire à des conceptions nettement tranchées.

Cet effort pour reconstituer le développement des institutions nous permet de les intégrer dans l’ensemble de l’évolution religieuse. Désormais, nous comprenons mieux en quoi la confrérie de loups-garous se distingue du clan totémique. Tandis que le totem est, en principe, un gibier, le Loup divin est un chasseur, donc le prototype du guerrier. Les confréries se sont développées dans des communautés agraires où la chasse, image de la guerre, garde sur le plan religieux l’importance qu’elle a perdue sur le plan économique. D’autre part, la confrérie est à l’origine une formation jeune et impétueuse ; elle a de l’élan, surtout pendant les fêtes où s’accroît son dynamisme ; elle évolue donc normalement vers la beuverie orgiastique, vers l’ivresse dionysienne. Mais l’activité des jeunes hommes n’est pas seulement orientée vers la chasse et la guerre ; elle est aussi réglée par la sexualité. L’importance du « Mannerbund » ne doit pas nous faire oublier que le groupe des jeunes filles, organisé ou non, est la contre-partie indispensable de la confrérie des garçons. [p. 145]

L’évolution a pris de multiples aspects. Tantôt la confrérie restait une organisation guerrière ; tantôt le pouvoir y était confisqué par les prêtres ou partagé avec les femmes. Mais on comprend qu’antérieurement à ces empiétements tardifs, les confréries ont beaucoup contribué à fonder la puissance des chefs. À côté de l’assemblée des hommes âgés, qui est prépondérante dans la paix, et dont le chef a surtout des attributions sacerdotales, le groupe des hommes jeunes s’assure la suprématie dans la guerre et son chef est, avant tout, un combattant. Ainsi s’amorce une dyarchie où le roi guerrier s’oppose au roi prêtre. Et l’on mesure l’importance qu’aura pour l’un et pour l’autre la possession de l’ambroisie, nourriture des dieux et des héros, source de prestige surhumain et gage d’immortalité.

Jean PRZYLUSKI.

NOTES

(1) Ceci est le texte annoté d’une conférence qui a été prononcée le 29 janvier 1940, à l’Institut français d’Amsterdam.

(2) Pausanias, VIII, 38, 6.

(3) Pausanias, VIII, 38, 7

(4) République, VIII, 565.

(5) Histoire naturelle, VIII, 8I.

(6) Ces faits ont été étudiés par H. J. Rose, Primitive culture in Greece, London, 1925, p. 69 et suiv., et plus récemment par M. P.-M. Schuhl, Essai sur la formation de la pensée grecque, Paris, 1934, p. 79 et suiv.

(7) Lévy-Bruhl, L’Âme primitive, p. 200 et chap. V, cité par Schuhl, ibid., 81.

(8) J. Cuthbert Lawson, Modern Greek Folklore and ancient Greek Religion, p. 190 et Z55; G. Dumézil, Le Problème des Centaures, p. 49, n. 1 et 186.

(9) Arthur J. Evans, The Mycenaean tree and pillar cult and ils Mediterranean relations, p. 6

(10) A. J. Evans, ibid., p. 31.

(11) Nikandras, in Antoninus Liberalis, 30.

(12) G, Dumézil, Mythes et dieux des Germains, Paris, 1939, p, 82. Cf. Mme Lily Weiser, Allgermanische Jünglingsweihen und Mannerbünde, Baden, 1927 ; Otto Hofler, Kultische Geheimbünde der Germanen, Frankfurt a, M., 1934, I.

(13) Germallia, chap. 31.

(14) Dumézil, ibid., p. 86, n. 1.

(15) Dumézil, ibid., p. 83 et 89

(16) De bello gothco, n, 14.

(17) Deutsche Rechlsallertümer4, Leipzig, 1899, l, p. 669 et suiv. ; Dumézil, ibid., p, 66 et note.

(18) Histoire des Ynglingar, 9. Cf. Dumézil, ibid., p. 27 et 67.

(19) Hérodote, III, 99 ; Un ancien peuple du Penjab, les Udumbara, JA, 1926, 41 et suiv. ; Eranos-Jahrbuch 1937, p. 113.

(20) 1) Les Castes dans l’Inde, nouv. édit., p. 10.

(21) Le Pr Hrozny a publié une transcription et une traduction française d’un Code hittite : Code hittite provenant de l’Asie Mineure (vers 1350 av. J.-C.), 1re Partie, Hethitica I, Paris, 1922. La même année, ce texte a été traduit en allemand par le Dr H. Zimmern en collaboration avec le Dr Joh. Friedrich.

(22) Fr. Hrozny, ibid., p. 129.

(23) M. G. Dumézil avait postulé une ambroisie indo-européenne « breuvage affranchissant de la mort », dont la bière des Ases ne serait qu’une forme altérée (Le Festin d’Immortalité, Paris, 1924, p. 288 et suiv.). Il se rallie aujourd’hui sans réserve à l’opinion de M. Cahen (Mythes et Dieux des Germains, p. 112)

(24) Bezzenbergers Beiträge, 13, 70.

(25) Der arische Miinnerbund, Lund, 1938, p. 64.

(26) Cf. Hérodote, IV, 105 (sur les Neures, voisins des Scythes) ; cité par Schuhl, Formation de la pensée grecque, p. 80, n. 2.

(27) Wikander, ibid., p. 65 ; Geo Widengren, Hochgollglaube im allen Iran, Uppsala, 1938, p. 342-344.

(28) M. Geo Widengren, qui suit ici M. Nyberg, croit que le culte du Soma était peut-être, dès l’origine, rattaché aux fêtes des sociétés secrètes (ibid., p. 340 ;

Cf. Nyberg, Die Religionen des allen Iran, Leipzig, 1938, p. 189 et suiv.

(29) Wikander, ibid., p. 73.

(30) Arbman, Rudra, p. 264 ; Widengren, ibid., p, 335.

(31) R. Wolfram, Schwerllanz und Miinnerbund, Kassel, 1936, Lier. 1-2 ; Sword-Dances and Secret Societies, Journal of the English Folk Dance Society, 1932.

(32) Widengren, ibid., p. 328-334.

(33) Widengren, ibid., p. 335.

(34) Widengren, ibid., p. 315, 324 et 337.

(35) Schuhl, ibid., p. 197.

(36) A. Meillet, Aperçu d’une histoire de la langue grecque, p. 4

(37) Schuhl, ibid., p. 28.

(38) Diels, Vorsokratiker, 12 B, 15.

(39) Daremberg et Saglio, Diction. des Antiquités, s. v. Bacchus, p. 605.

(40) Wikander, ibid., p. 64.

(41) M. Geo Widengren a montré (ibid., p. 160 et suiv.) que le jour de son couronnement le roi des Perses buvait « l’eau d’or », s’enivrait et dansait. Le roi agit ici comme successeur des anciens chefs de confrérie.

 

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