Pierre Prévost. Philosophie. Quelques observations psychologiques sur le sommeil. Article parut dans la « Bibliothèque Universelle des sciences, belles-lettres et arts. Rédigé à Genève. Littérature ». Genève, Paris, Bruxelles, Tome I, 1834, pp. 225-248.
Pierre Prévost (1751-1839). Philosophe et physicien suisse, dont les travaux démontrèrent que tous les corps, chauds ou froids, émettent de la chaleur. De l’Origine des forces magnétiques, 1788 et aussi Exposition élémentaire des principes qui servent de base à la théorie de la chaleur rayonnante (1832).
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original, malgré beaucoup d’interrogations, mais avons rectifié quelques fautes de composition. – Nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
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PHILOSOPHIE,
QUELQUES OBSERVATIONS PSYCHOLOGIQUES SUR LE SOMMEIL
par le Prof. P. PRÉVOST.
I.
Les phénomènes du sommeil sont en partie du ressort de la médecine, en partie de celui de la philosophie. C’est uniquement sous ce dernier point de vue, que j’ai dessein de m’en occuper. La distinction que je viens d’énoncer, est liée intimement à la première question par laquelle Aristote ouvre son traité du sommeil et de la veille ; « Jusqu’à quel point ces deux états dépendent-ils du corps ou de l’âme ? »
À la suite de ce traité on trouve une courte dissertation sur les songes. Le philosophe y rassemble, selon sa coutume, des observations détachées, qu’il rapproche et unit entr’elles par quelques vues spéculatives. Il reconnaît que le caractère distinctif des deux états de l’âme qu’il compare, doit être cherché dans l’intelligence et non dans la sensibilité. En parlant des illusions du sommeil, il les rapproche de celles de la vue ; et semble ainsi entrevoir une théorie toute récente, dont je serai bientôt conduit à faire emploi. Malheureusement ce petit traité est immédiatement suivi d’un opuscule sur la divination par les songes. [p. 226]
L’auteur y pose en principe que les visions du sommeil ne viennent pas de Dieu, mais de la nature. Il hésite toutefois à prononcer sur leur valeur comme signes ou présages de l’avenir, et se livre à des distinctions, dans lesquelles c’est peu la peine de le suivre.
Les traditions des temps anciens et modernes sont pleines de ces prédictions, que le sceptique Bayle s’est plu à entasser, en discutant gravement les raisons pour et contre leur vérité (1). Trop souvent les religions ont appuyé le préjugé populaire, et secondé les interprètes (2), qui l’exploitaient à leur profit.
Henry Peach Robinson (1830-1901), Sommeil, 1867.
Avant le Grec Artémidore, qui vivait au temps d’Antonin le pie, et qui a écrit en toute confiance ses longues et doctes rêveries, on comptait déjà une vingtaine d’auteurs qui l’avaient précédé dans cette chimérique carrière, et qui ne nous sont presque connus que de nom. Ce n’est pas sans regret qu’à côté de ces rêveurs obscurs, nous sommes forcés de placer des noms célèbres. Cicéron, Plutarque, et beaucoup d’autres ont accordé quelque confiance aux songes prophétiques. L’histoire n’a pas dédaigné d’en conserver le souvenir. Bornonsnous à transcrire le court résumé d’un savant bénédictin (3). « Les Orientaux, et les Juifs en particulier, étaient fort attachés aux songes ; ils les observaient et en demandaient l’explication à ceux qui se vantaient de les [p. 227] expliquer. On voit l’antiquité de cet usage, parmi les Égyptiens ; dans l’histoire de l’échanson et du panetier de Pharaon, et dans Pharaon lui-même. On le remarque, chez les Chaldéens, dans la personne de Nabuchodonosor. Dieu avait très -expressément défendu à son peuple d’observer les songes et de consulter ceux qui se mêlaient de les expliquer, mais il ne leur était pas défendu de s’adresser aux prophètes du Seigneur, ou au grand-prêtre revêtu de l’éphod, pour en avoir l’explication. » Les Grecs, les Romains, toutes les nations païennes avaient foi aux songes.
À quoi bon, dira-t-on, revenir sur un sujet si stérile ?
À cette question, s’il s’agit des songes prophétiques, il n’y a sans doute rien à répondre. Mais il en est autrement de l’étude de nos facultés, actives ou réduites à un certain degré d’inactivité ; pourvu toutefois, qu’en s’y livrant, on ne perde jamais de vue cette méthode féconde et laborieuse, que, Bacon a préconisée, que Newton a pratiquée et que ses succès justifient. Observer les faits avec soin, les généraliser avec réserve. Telle est la marche qui conduit au but et qui trompe rarement l’attente de ceux qui la suivent.
Du reste, la question : À quoi sert ? peut souvent être hostile à la science. Qu’auraient répondu les philosophes qui, avant Keppler et Newton, étudiaient avec tant de soin les propriétés des sections coniques ? Sans développer ce vaste sujet, rappelons, en faveur de la science, l’argument des sectes antiques, qui envisageaient la vérité, dans toute sa nudité, comme le seul rempart à opposer aux superstitions etau fanatisme. Disons enfin [p. 228] qu’elle est la pâture de l’intelligence, la source de ses plus vives et de ses plus pures jouissances (4). Après tout, c’est peu la peine de parler d’utilité, à l’occasion d’une courte recherche tellement liée à notre nature qu’on ne lui refusera pas quelques instans d’attention (5).
C’est avec satisfaction, qu’abandonnant de vaines spéculations, je me rapproche d’une époque marquée par des ouvrages de philosophie vraiment dignes d’estime. Je ne sais si les prédécesseurs de Dugald Stewart se sont occupés, autant que lui, des phénomènes du sommeil ; mais que ce professeur ait eu sur ce sujet des idées neuves, bien discutées, développées avec intérêt, c’est, je pense, ce que ses lecteurs ne seront pas disposés à contester. Ayant dessein de faire ici quelque usage de ses principes, je vais les rappeler sommairement, sans m’attacher aux [p. 229] mots et aux détails, mais en reproduisant fidèlement sa pensée. Le principe, qui sert de base au système, mérite d’autant plus d’être discuté, que l’auteur nous a lui-même appris un fait qui s’y rapporte et qui suffirait seul pour, lui donner quelque importance. Ce principe fondamental fut pour lui la première occasion de se livrer à l’étude de la philosophie et il en fit le sujet d’une dissertation, longtemps avant d’avoir entrepris son ouvrage sur la philosophie de l’esprit humain ; fruit de méditations soutenues et d’un long exercice de l’enseignement public (6).
Esquisse de la théorie de Dugald Stewart.
Une seule faculté est suspendue dans le sommeil, l’empire de la volonté. La volonté subsiste : dans plusieurs songes, on veut fuir, saisir, atteindre. On veut, mais, on ne peut pas. La volonté a perdu l’empire qu’elle a sur le corps.
Il en est de même de l’empire qu’elle, exerce sur l’esprit. Dans l’état de veille, ou de pleine activité, l’esprit dirige ses pensées à son gré ; il suit un sujet de son choix ; il persiste dans une même recherche, ou il l’abandonne pour une autre étude, peut-être pour un amusement, propre à faire diversion à son travail actuel. Cet empire intellectuel de la volonté est suspendu dans le sommeil. [p. 230]
Ainsi, soit à l’égard du corps, soit à l’égard de l’esprit, la volonté subsiste, mais perd son influence ; elle donne ses ordres, mais ils ne sont pas exécutés.
Avant de donner la preuve de cet état de suspension et d’en considérer les effets, il est convenable de nous arrêter ici pour reconnaître la nature de cet empire. L’action de la volonté sur la pensée peut difficilement être conçue comme directe. On ne veut, on ne désire, on ne choisit un objet, que lorsque cet objet est présent à la pensée. Comment de l’objet qui l’occupe, l’esprit se porterait-il immédiatement sur un autre qui, pourr lui, est absent ? Mais on peut fort bien comprendre un tel passage, un tel choix, opéré d’une manière indirecte, par la faculté d’association. ‘
En vertu d’une disposition naturelle de l’intelligence, nos idées sont unies entr’elles par des rapports qui en provoquent le rappel. Ces liaisons sont si nombreuses, qu’aucune idée ne demeure isolée, que toutes sont liées à toutes ; le portrait rappelle l’original ; la voix rappelle la figure ; l’effet rappelle la cause, etc. Ces associations, infiniment multipliées, agissent indépendamment de la volonté (7) et forment des suites, des chaînes, très-variées, passagères, rapides. Mais l’esprit a le pouvoir de les ralentir, en fixant son attention sur une des idées que ces suites lui présentent, sur l’un des chaînons dont la chaîne entière se compose. Cet acte laborieux d’une faculté, qui a ses bornes, permet à toutes les suites liées [p. 231] à ce chaînon de se développer successivement, et donnent à l’esprit le droit de choisir celle de ces suites qui se trouve convenir à ses vues. Le nom de Newton, par exemple, tient à un grand nombre de chaînes qui se succèdent aussi longtemps que l’attention reste fixée sur l’idée que ce mot exprime. Chaque individu laisse passer celles de ces suites qui n’ont pas rapport à l’objet de sa recherche ; et suit celle qui lui en offre le développement. L’un (le chronologiste) s’attache aux événemens du temps ou de la vie de cet homme illustre ; un autre (le physicien), à l’attraction ; un troisième, au calcul ; un quatrième, à l’apocalypse, etc.
Wandering souls by Oniroscope.
L’attention est une faculté toute volontaire. Que la volonté soit privée de son empire ; le pouvoir d’arrêter le cours rapide de nos pensées cesse aussitôt, et avec lui tout moyen de les faire dériver d’un objet à l’autre à notre gré.
Suivons le sujet et voyons ce qui va résulter de cet état d’une volonté inefficace. L’association des idées, faculté toute involontaire, n’est point suspendue. Les chaînes qu’elle produit forment, dans leur marche non-interrompue, des espèces d’apparitions, dont l’esprit reste occupé, en quelque sorte comme simple spectateur, sans qu’aucun acte d’attention s’y oppose et lui suggère ou permette un choix raisonnable.
Mais ces apparitions, pour être converties en songes, doivent prendre un autre caractère. Non-seulement on a, dans le sommeil, une suite d’idées ou d’images simultanées et successives ; mais ce ne sont pas de simples apparitions, on ne les voit pas comme un tableau de pure [p. 232] imagination. On croit, en songe, à la réalité de ces apparences ; on est dans la même situation que dans l’état de veille. Si le tableau nous offre un ami mourant, un ennemi terrassé, etc., nous éprouvons tout ce que nous éprouverions éveillés.
Une hypothèse assez hardie, mais bien justifiée explique ce phénomène. Toutes les fois que notre esprit a l’image d’un objet absent, il croit cet objet présent ; il a la persuasion de son existence ; persuasion presque toujours momentanée, mais pleine, de même nature et de même intensité que celle qui nous est immédiatement suggérée par un simple acte de sensation de la vue, de l’ouïe, ou toute autre. Qu’au nom d’un ami, j’aie l’idée ou l’image de sa figure, de sa voix, de ses maximes, si je m’écrie : « Je le vois, je l’entends, je l’écoute ; » prenez ces mots au sens propre, ils expriment ce qu’ils exprimeraient si cet ami était présent et que sa voix se fit entendre. Mais presque immédiatement d’autres circonstances, mêlées d’objets sensibles et de vifs souvenirs, me détrompent aisément, et je m’assure, par une prompte réflexion, que ces pensées qui m’occupent, ne sont que mes propres idées ou des produits de la faculté imaginative. De telles réflexions supposent des actes d’attention, par conséquent de volonté efficace, rapides, mais indispensables. Suspendez leur influence ; que la volonté perde, comme dans le sommeil, son empire sur nos facultés ; ne pouvant arrêter les suites dans leur mouvement, ni par là prendre en considération les circonstances qui auraient pu nous tirer d’erreur, nous donnons confiance aux images comme à des réalités, et nous sommes livrés aux illusions des songes. [p. 233] Mais encore, après le sommeil, il arrive, tantôt que l’on se souvient d’un songe, tantôt qu’on l’oublie.
Cela s’explique par les principes que nous venons d’exposer, aidés d’une observation ancienne, mais dont notre auteur a développé les conséquences sous d’autres points de vue, sous celui en particulier de l’habitude. La mémoire a un rapport intime avec l’attention. Plus celle-ci est active dans l’acte d’observer, plus on en conserve le souvenir. Un acte d’attention suppose l’éveil. Mais si, par une cause quelconque une suite d’images est ralentie, elle pourra laisser des traces dans la mémoire sans éveil ou avec un instant d’éveil passager. Il est probable qu’en ce cas le souvenir résulte d’un sommeil imparfait. Dugald Stewart traite abondamment ce sujet (8). Du reste, développer le système, lui donner l’appui de plusieurs observations et de quelques solides raisonnemensn c’est ce qu’a fait l’auteur dans un ouvrage familier à ceux qui aiment à s’occuper de philosophie (9). [p. 234]
Nous croyons maintenant, au point où cette doctrine a été portée, qu’il ne serait pas inutile de la reprendre en quelque sorte sous œuvre. Ce n’est pas seulement aux phénomènes du sommeil qu’elle trouve son application ; l’auteur en a fait d’autres ; en particulier il a expliqué, par ces priricipes, quelques circonstances des impressions produites par les spectacles tragiques. En s’occupant occasionnellement de ces applications, on y trouve de l’intérêt et quelquefois des règles de conduite. C’est l’éducation surtout, que j’ai en vue. Observez la première enfance, ses jeux et ses terreurs, les poupées et les masques. L’enfant croit ce qu’il voit; l’objet figuré est pour lui un objet réel. De cette simple remarque, découle la nécessité, bien sentie des tendres institutrices, d’éviter de heurter de front ces impressions inévitables. Et du même principe résultera peut-être quelque indulgence pour les passions du jeune âge ; passions dont l’imagination calme et réglée des hommes faits, la froide imagination des vieillards ont à peine le souvenir, et dont la fougue est souvent mieux réprimée par des sentimens que par une attaque directe. Cette généralisation donne à la théorie un nouvel intérêt. Ne serait-il pas à propos de s’attacher encore, pour ainsi dire, de plus près à suivre, en cette matière, la marche philosophique, en multipliant les faits [p. 235] bien observés ? Mais dans l’étude des songes, il y a et il y aura disette de faits. Il ne peut être question des récits inexacts qui abondent. Hors de là, trouvera-t-on beaucoup d’observateurs qui sachent s’étudier et qui veuillent bien publier les résultats de cette étude ?
Il y a 30 ou 40 ans, que ces réflexions m’engagèrent à recueillir quelques petits faits de ce genre. De ces récits succints, sur l’exactitude desquels je peux compter, je vais extraire rapidement ce qui a rapport à la théorie des songes, et à l’ensemble de nos connaissances les mieux établies en psychologie. Je rangerai les faits, ainsi suffisamment constatés, sous des titres ou questions, dont ces observations, envisagées comme exemples, offriront quelques applications.
À ces faits, par eux-mêmes de nul intérêt, tout personnels, ou plutôt individuels, impossibles à répéter, il faut un cadre qui détermine le but auquel on tend en les publiant. Je prie donc le lecteur de fixer son attention sur ce cadre, c’est-à-dire, sur l’application d’un principe mis en vue ; du principe énoncé dans la question, au songe donné pour exemple. Chaque songe est fidèlement esquissé dans sa forme plus ou moins bizarre et dans son ensemble plus ou moins compliqué ; mais il sera toujours facile de saisir le trait distinctif, qui établit la liaison entre la question et l’exemple ; liaison d’ailleurs expressément indiquée là où elle pourrait offrir quelque doute. [p. 236]
Yolande Fièvre-Yolande (1907-1983) – Peinture automatique.
QUESTIONS ET EXEMPLES.
QUESTION Ire. Inluence des premières impressions.
C’est une observation d’Aristote, que les enfans, au premier âge de leur vie, ne songent pas, et que ce n’est guère qu’à quatre ou cinq ans que les songes commencent (ce qui sans doute doit être entendu du climat de la Grèce et des songes assez suivis pour être retrouvés au réveil). Il remarque qu’à cette époque, les enfans en sont vivement affectés. Cette observation s’expliquerait, dans la théorie exposée ci-dessus, par la difficulté, pour ce premier âge, de distinguer l’état de sommeil de l’état de veille ; toutes les images ont pour eux la même réalité, et ils manquent des moyens de distinction tirés des circonstances et de la réflexion. Ils ont à faire deux pas successifs ; le premier est une distinction vague et imparfaite ; le second est une certaine liaison des souvenirs qui suffise, au réveil, pour en voir l’ensemble. Ce dernier pas exige quelque attention et quelque habitude.
Exemple 1er — Peu après l’âge qu’Aristote prend pour limite, je fis un songe bizarre et triste sur mon meilleur ami. J’en fus tellement préoccupé, que je le couchai par écrit ; ce qui certes ne provenait pas de réflexions philosophiques. C’est donc un indice de la vivacité de l’impression des songes au premier âge.
Exemple 2e — Un peu plus tard, à la suite d’une maladie, accompagnée de rêveries, je songeai péniblement que j’étais accablé sous un tas de plaques soigneusement [p. 237] enveloppées. Ce songe se renouvela dans la suite et jusqu’à l’adolescence troubla souvent mon sommeil (10).
Exemple 3e — Fr. Huber, le célèbre observateur des abeilles, privé de la vue depuis sa première jeunesse, me disait (en mars 1816, âgé alors de 66 ans) que, dans ses songes, il n’était jamais question des choses qui se passaient, ou s’étaient passées, autour de lui, depuis sa cécité, c’est-à-dire à peu près depuis l’âge de dix-huit ans. Il se transportait toujours, dans le sommeil, au temps où il jouissait de la vue. Les objets les plus chers, tels que ses enfans, étant postérieurs à l’époque où il aurait pu les voir ; ne figuraient point dans ses songes. Il y était toujours clairvoyant, et s’y représentait les choses qu’il avait réellement vues (11).
QUESTION IIe. Influence des circonstances extérieures.
C’est une observation commune, que les diverses circonstances qui nous affectent pendant le sommeil se mêlent à nos songes. Il y a quelques cas d’exception. Dans tous les cas, il peut y avoir quelque avantage à connaître comment s’exerce cette influence.
Exemple 1er — Le premier exemple dont je ferai mention, est du nombre de ceux qui font exception à la règle. Il a déjà été publié en détail (12). [p. 238]
Il s’agit, dans ce songe, de la brûlure d’un calus au pied, faite pendant le sommeil, quii ne laissa, au réveil, aucun souvenir et ne troubla point des songes agréables, bien que le pied eût paru, par ses mouvemens, douloureusement affecté. « D’où je suis disposé à conclure, » dit l’auteur du récit, que l’âme, dans certains cas, au moins pendant le sommeil, peut être dans un tel état d’abstraction, qu’elle reste absolument étrangère aux sensations éprouvées en apparence par le corps ; et que ces « sensations, purement machinales, n’appartiennent alors, à proprement parler, ni au plaisir, ni’ à la douleur. »
Je communiquai dans le temps (1812) ce récit au Dr. Odier. Il lui rappela une observation qu’il avait faite récemment, sur un vieillard paralytique de la moitié du corps. On pouvait piquer la partie paralysée, sans que le malade s’en aperçût ; et toutefois cette partie piquée se retirait par un mouvement assez violent, tout-à-fait pareil à celui qui est provoqué par la douleur.
En admettant l’analogie, dans le songe, comme dans la paralysie, on ne verrait peut-être que des phénomènes d’irritabilité. Sous ce point de vue, il sortirait du champ de nos recherches.
Exemple 2e — Septembre 1830. Je me baignais, en songe, dans une rivière, dont l’cau est très-froide ; mais loin d’éprouver une sensation de froid, je m’y trouvais, étendu sur le sable, sous la plus douce température ; et je me disais qu’il devait y avoir, sous moi ou près de moi, une source chaude nouvellement sortie de terre.
La chaleur du lit était sans doute celle que je ressentais.
Exemple 3e — Novembre 1825. Je tenais, en songe, un [p. 239] chat sur mes bras, qui, à ma grande surprise, imitant la parole par son miaulement, répondait à une question que je lui avais adressée tout en le caressant.
En m’éveillant, j’entendis ce même miaulement, qui apparemment avait produit mon rêve.
Exemple 4e — Octobre 1811. J’entendais, en songe, une femme contrefaire le ton niais et enfantin d’un homme qui parlait avec affectation, et pour mieux l’imiter, elle répétait toujours la même syllabe du même ton. Impatienté de cette longue scène, je tâchai, mais en vain, de l’interrompre. Je priai, je pressai d’en finir ; je me sauvai dans une chambre écartée ; la femme et son chant tédieux m’y suivirent. Je cherchai plus loin un asyle, sans pouvoir échapper à ce tintement désolant. Enfin, dans un dernier effort pour m’en débarrasser,… je m’éveillai ; et j’entendis les petits coups, répétés et monotones, d’un ferblantier, qui avaient évidemment causé mon rêve.
QUESTION IIIe, Le sommeil de la mémoire.
La mémoire, soit pour retenir, soit pour opérer le rappel, repose toute entière sur deux facultés ; l’association des idées et l’attention. Il y a un rappel involontaire. C’est de ce rappel que Thémistocle aurait voulu se débarrasser à prix d’argent. Un tel rappel a lieu sans effort et sans fatigue ; il dépend en entier de la suite ou concaténation des idées. On sait assez qu’il y a aussi un rappel volontaire ou intentionnel, quelquefois facile, quelquefois aussi difficile, ou même impossible. Ici c’est l’attention qui est en jeu, et qui, sans opérer directement, obtient l’objet [p. 240] voulu, en tenant fixée, une idée, liée à diverses chaines qui se développent successivement. C’est ainsi qu’un enfant, qui dit sa leçon, répète un dernier mot, qu’il a, de manière ou d’autre, contracté l’habitude de lier au mot suivant. Si la puissance, ou la faculté, que nous avons nommée l’empire de la volonté, n’existe pas dans le sommeil, tout rappel volontaire ou intentionnel doit en être exclu ; tandis que le rappel involontaire, résultat de l’association, doit agir librement. Ce dernier fait est incontestable. On a souvent en songe une assez longue chaîne de souvenirs. Ce qui va suivre, sous forme d’exemples, se rapporte au rappel volontaire.
Exemple 1 er (13). — Novembre 1799. Je manquais, en songe, d’un mot pour exprimer l’idée de maraudeur. Je cherchais ce mot avec intérêt, et je faisais clairement toutes les mêmes opérations que j’aurais faites en veillant. Je travaillais et sur l’idée et sur le son. Mais il est vrai que tout cela n’avançait guère. Enfin, cependant, après un pénible effort, j’arrivai au mot… et je m’éveillai. Il semble qu’il y ait eu là quelque action volontaire faible, insuffisante, et qui produisit elle-même le réveil.
Exemple 2e. — Février 1811. Je m’entretenais, en songe, avec deux hommes de ma connaissance. L’un d’eux s’étant tourné, jattendais qu’il se retournât pour lui adresser la parole. Mais au lieu de ce visage bien connu que je cherchais, il en parut un tout différent, qui semblait attendre que je lui parlasse. Mais je n’en eus aucune [p. 241] envie ; j’éprouvais au contraire une sorte d’irritation, et dans ce conflit de sentimens, je m’éveillai.
II semble que mon imagination, n’étant pas sous l’empire de la volonté, voyait passer une suite de portraits, au lieu de tenir fixé celui qui l’intéressait. Le désagrément de perdre de vue l’homme à qui j’avais affaire, produisit chez moi un mouvement d’impatience, à l’aspect de l’inconnu qui l’avait remplacé.
QUESTlON IV. Suspension de l’empire de la volonté.
Exemple. — Janvier 1821. Je voulais, en dormant, faire changer de place à ma main gênée je ne sais comment. Je voulais, mais je ne pouvais pas. Je sentais ma main arrêtée, comme par un pouvoir magique (sans éprouver d’ailleurs aucun autre symptôme de cauchemar).
QUESTION V. — Demi-sommeil.
Dans te demi-sommeil qui suit un songe, on est quelquefois assez préoccupé, pour flotter quelques instants entre la réalité du plein réveil et l’illusion du songe.
Exemple. —Juin 1827. J’étais, en songe, à un grand repas, où j’avais un voisin qui m’était inconnu. Après quelques phrases banales, je lui fis à demi-voix un compliment amical. Il se pencha vers moi comme pour me faire répéter. Impatienté de ce mouvement, je lui dis (sans doute dans un demi-sommeil) ; « Pourquoi me faire répéter ? Tu n’es qu’un personnage de mon rêve. » Et [p. 242] en achevant de m’éveiller, je riais de cette baroque interpellation.
QUESTION VI. — Influence des occupations intellectuelles récentes.
Cette influence atteste le souvenir des suites d’idées qui nous ont occupés dans l’état de veille.
Exemple 1er. — 26 nov. 1831. Hier soir je passai quelques heures à lire de petites compositions d’un enfant qui m’est cher. Mon rêve de ce matin a quelque rapport à cette occupation. Le voici. Plusieurs de mes collègues étaient assemblés pour faire, chacun à son tour, une composition sur un sujet donné. J’eus mon tour ; le sujet me plut ; je m’en occupai, et au réveil j’en avais fort bien retenu le plan. Mais j’étais, en dormant, inquiet de mon écriture, à cause des défauts de ma vue, et je ne négligeais rien pour la rendre lisible.
Exemple 2e. — Février 1831. J’ai été occupé tout récemment de deux poètes célèbres, Le Tasse et Milton, dans le même temps où j’étudiais quelques phénomènes liés au système cosmique. J’ai fait en conséquence un songe poétique mêlé de cosmogonie. Ce songe m’offrait une suite de très-beaux dessins de ce qui a précédé l’univers, sous l’emblème de quelques figures des plus belles proportions.
QUESTION VII. – Interlocuteurs.
Il n’est pas rare d’éprouver, en songe, un mouvement de surprise. Il semble d’abord difficile de comprendre comment une intelligence peut s’étonner d’une idée ou d’un [p. 243] contraste de sa propre création. Mais en considérant de plus près la faculté qui opère de tels rapprochemens , on peut concevoir que cette faculté, l’association des idées, qui, dans le sommeil, n’est pas soumise à l’empire de la volonté, présente une idée liée à une autre par une relation rarement employée sous cette forme dans nos habitudes. Je ne sais si cette solution du problème peut être aisément appliquée aux réponses d’un interlocuteur. En discutant cette question, on sera appelé à distinguer le cas où la réponse est facile à prévoir, de celui ou elle ne peut pas, être suggérée par l’ensemble des idées présentes à l’esprit du songeur qui doit seul la dicter. Dans ce dernier cas, il parait que la réponse doit rester suspendue, c’est-à-dire, que l’interlocuteur doit rester muet.
Exemple 1er. — À ce sujet se rapporte une conversation monologique, que j’ai ouï conter à des témoins dignes de foi ; dans laquelle le songeur, parlant distinctement, laissait à son interlocuteur supposé, le temps de répondre, puis repliquait, de manière à permettre de suivre un assez long dialogue.
Exemple 2e — Octobre 1831. J’étais, en songe, dans un cercle peu nombreux, où on lisait un opuscule manuscrit, divisé en chapitres. Le premier était intitulé Religion, le second Agriculture. À l’entrée de celui-ci, le lecteur s’arrêta. Je pris le papier, et je reconnus que le premier chapitre était terminé par une transition explicative, que le lecteur avait omise. Je me tournai vers lui, et lui dis, d’un ton interrogatif : « Vous n’aviez donc pas achevé ! » Il ne répondit rien. Sur quoi, je répétai ma question, en haussant la voix. —Mot. —La face de [p. 244] cet imperturbable lecteur restait immobile. — J’en conclus qu’il était sourd . — Et je m’éveillai.
Exemple 3e. — Janvier 1834. Je dirigeais, en songe, un jeune élève dans une traduction du latin. Tout-à-coup il s’arrête et s’abstient de répéter un mot que je viens de lui expliquer. Connaissant son intelligence et sa bonne volonté, je demeure étonné. J’insiste, je répète, j’encourage. — Tentatives, inutiles. Il persiste dans un silence absolu.
Il semble que j’aurais dû prévoir et suggérer sa réponse, que toutefois je n’obtins pas. Peut-être la volonté étant sans force pour fixer le mot attendu, ne pouvait en rappeler le son répété par I’élève, et suivait une autre série d’idées.
Exemple 4e. — Nov. 1833. Un amateur de gravure (qui n’est tel que dans mon rêve ) me montrait une pierre de bague, gravée par lui. J’admirais ce petit chef-d’œuvre. Je lui demandais combien de temps il avait mis à cet ouvrage. Il me regardait sans me répondre et sans aucun signe de m’avoir compris ou entendu. Pour obtenir une réponse, je tournai ma question sous cette forme : « Avez-vous mis un mois à cette gravure ? » — Même silence insignifiant. Et je m’éveillai.
Dans un tel entretien imaginaire, il est bien évident que ce personnage n’en savait pas plus que moi. Il était tout simple que je ne lui misse aucune réponse à la bouche.
QUESTION VIII. — Raisonnement.
Raisonner en songe semble choquer nos principes ; car comment raisonner sans attention ? Çe sujet est traité si pleinement par Dug. Stewart, que je crois devoir me borner à renvoyer à ses explications, d’autant plus qu’à la fin de la note O de l’ouvrage traduit, j’ai donné un exemple assez frappant, qui offre plus d’une application. Il est tiré des papiers de George Louis Le Sage (1767) et porte pour titre : Comparaison trouvée immédiatement avant de m’éveilIer.
QUESTION IX. – Superstitions (14).
Je n’ai en vue que la superstition des songes. Si je m’étendais au-delà, non-seulement je sortirais de mon sujet, mais j’en entreprendrais un d’une étendue illimitée.
Les causes de nos erreurs sont un objet de recherche d’autant plus digne de nous occuper, que, dans ces maladies de l’âme, en connaître, la cause c’est presque toujours en trouver le remède.
Les erreurs populaires relatives aux songes sont dues, comme d’autres, à la faiblesse des facultés qui auraient pu les prévenir et à l’absence des lumières que requiert le plein exercice de ces facultés. Ces causes générales se présentent, dans chaque sujet, sous une forme que ce sujet même détermine.
- Dans les songes, c’est souvent une interprétation téméraire, un sens arbitrairement attribué à certaines [p. 246] images. Celles qui s’offraient à Alexandre étaient toujours interprétées comme des pronostics de gloire. Avant sa naissance, le songe d’Olympias avait fourni aux devins des interprétations directement opposées entr’elles. Dans les pays où le loto était établi, chaque numéro avait son image ; et j’ai vu un ouvrier ne point hésiter à en charger un du produit de son travail, parce que l’image qu’il y attachait s’était mêlée à ses songes .
- Mais c’est surtout la coïncidence fortuite d’un songe avec un fait futur ou éloigné, qui frappant d’étonnement le rêveur et ses confidens, les fait recourir à une influence surnaturelle. Le public accueille de tels récits, l’amour du merveilleux les seconde, en y ajoutant des circonstances, qui tendent à les confirmer. Tel fut probablement le sort du fameux songe de Lotichius, qui annonçait, dans le plus grand détail, le siège de Magdebourg par Charles-Quint, songe poétique reçu, dans le temps, comme incontestablement prophétique, quoique l’auteur eût probablement eu le temps de rendre son récit fort exact après l’évènement.
- Indépendamment de cet accueil qui donne du crédit aux songes, il faut, avant tout, reconnaitre l’influence de la foi du songeur ou de son désir de donner quelque intérêt à son récit. Ce que Bayle dit à ce sujet est à la vérité relatif aux songes d’un poète, mais doit engager tout narrateur à être en guerre contre lui-même. Il représente, au réveil, ce songeur agité se préparant à donner à son rêve une forme qui le satisfasse. « Quand on se réveille, » dit-il, « on brouille aisément les espèces, parce ce qu’on ne se souvient pas de leur ordre : on oublie [p. 247] celles qui servent de liaison ; et de là vient que l’on s’imagine que les idées que l’on a enchaînées soi-même les unes aux autres, nous sont venues tout-à-coup par inspiration. »
- Je conçois encore que la coïncidence d’un fait avec un songe antécédent peut être de telle nature, qu’elle, ne présente rien qui étonne, s’il ne s’y trouve quelque circonstance très-particulière, dont la singularité cause de la surprise au songeur ou à ses confidens, et les dispose à attribuer la coïncidence du songe entier à une influence surnaturelle. Un savant espagnol du seizième siècle, J. Maldonat, travaillait avec ardeur à un commentaire sur les Évangiles, qu’il craignait fort de ne pouvoir achever. Il vit, en songe, un homme qui l’exhortait à prendre courage et lui promettait qu’il verrait la fin de son ouvrage, mais lui annonçait en même temps, qu’il mourrait peu après l’avoir achevé. C’est ainsi en effet que les choses se passèrent. Maldonat termina son commentaire et fut saisi, presque immédiatement après, d’une maladie à laquelle il succomba. Il n’y aurait pas eu là matière à prophétie, Le public le plus avide de merveilleux aurait trouvé fort naturel qu’un auteur s’occupât en songe d’un ouvrage que, dans l’état de veille, il avait constamment en vue ; qu’il se flattât d’en voir la fin, mais par un travail forcé, dont il devait redouter les suites ; puis enfin qu’excédé de ses efforts redoublés, il ne pût y survivre. Une circonstance vint compléter le miracle et donna au songe de la célébrité. Maldonat était mort d’une maladie intestinale ; on parla d’un geste du prophétique messager, qui favorablement interprété, [p. 248] parut avoir clairement pronostiqué cette espèce de maladie, plus difficile à prévoir sans doute qu’un simple excès de fatigue. Et le songe entier prit faveur.
- Mais une cause toute particulière d’erreurs superstitieuses suggérées par les songes, est le sentiment de surprise que l’on éprouve quelquefois dans les visions du sommeil. Si l’imagination nous frappe par un objet inattendu, tel qu’un ange (bon ou mauvais), surtout si un tel personnage joue avec nous le rôle d’interlocuteur ; il est facile, il est presque naturel, de le croire étranger à nous-mêmes, et plus encore dans le demi-sommeil. J’ai donné des exemptes de ce genre d’illusions.
Si ces causes, en dernière analyse, paraissent dépendre du jeu déréglé de l’imagination ou de l’accès que l’ignorance accorde à ses fictions, c’est à l’éducation qu’il appartient de discipliner la folle du logis, et de fournir à la raison les lumières qui peuvent la mettre en état de résister à ses séductions.
Les superstitions ne meurent pas ; elles changent d’objet ; ou elles dorment, et donnent, au milieu des siècles éclairés, quelques signes de leur réveil (51). En étudiant les causes cachées de ces malheureuses aberrations, ne peut-on pas espérer, sinon de les prévenir, du moins d’en retarder le retour et de mettre des bornes à leur influence ?
NOTES
(1) Dict. aux mots Junianus Maius, Maldonat, Lotichius Secundus, etc.
(2) Onéiroscopes.
(3) Dom Calmet, Dict. de la Bible, au mot Songe.
(4) Sed nil dulcius est bene quam munita tenere
Edita doctrine sapientum templa serena,
Despicere unde queas alios, passimque videre
Errare , atque viam palanteis quaerere vitae,
Lucret. L. II, v. 7.
(5) On trouvera même dans les visions du sommeil un moyen de faciliter, en quelques cas, l’élude de ses propres penchans, de ses dispositions, de son caractère. Elles appellent notre attention sur les lois de notre propre nature, par la nouveauté et la singularité même des suites d’idées qu’elles nous offrent.
“Les phénomènes des songes », dit Dug. Stewart, « sont peut-être, sous ce point de vue, dignes de quelque attention, et forment un chapitre de l’histoire naturelle de l’homme qui n’est pas sans intérêt. Ils attirent nos regards sur quelques facultés de notre esprit, que les objets extérieurs nous font aisément perdre de vue. El. de la phil. de l’esprit hum. T. II, p. 423 de ma trad.( Chap. V, note O).
(6) Ibid. p. 424.
(7) Elles sont une conséquence de notre organisation intellectuelle, que Ch. Bonnet liait à celle de l’organe cérébral.
(8) Dans la note O de la Phil. de resprit hum
(9) Ce système est dû à Dugald Stewart, comme entièrement original, bien que l’on puisse rencontrer dans quelques auteurs des aperçus qui pouvaient s’y rapporter. Sous cet aspect j’ai cité quelques phrases d’Aristote. Je citerai encore ce que dit Bayle en particulier des esprits faibles : « En dormant ils ne font nulle différence entre les imaginations et les sensations. Tous les objets qu’ils imaginent leur semblent présens, et ils ne peuvent pas retenir exactement la liaison de leurs images. Et de la vient qu’ils se peuvent persuader qu’ils n’ont pas enfilé eux-mêmes celles-ci avec celles-là, d’où ils concluent que quelques-unes leur viennent d’ailleurs et leur sont inspirées par une cause qui les a voulu averti de quelque chose. » De telles citations n’ôtent rien à l’originalité d’un système développé, mais servent à en faire sentir le prix par l’emploi rapide de quelques pensées analogues conçues par des esprits supérieurs, et jetées en passant à propos de quelque point particulier d’observation, sans liaison avec l’ensemble du sujet.
(10) J’avais vu fabriquer du chocolat.
(11) Il entrait sans doute, dans cette disposition, quelqu’influence de son ancienne habitude de s’exprimer comme s’il avait joui de la vue. Voyez l’intéressante Notice de sa vie, par M. De Candolle.
(12) Notice de la vie et des écrits de Bénédict Prevost. Genève 1820, p. 91.
(13) Publié en 1808, dans la trad. des El. de la phil. de l’esprit humain, T. II , p. 452.
(14) Ayant mentionné, sous ce titre, une assez grande diversité de causes, j’ai cru devoir m’écarter de l’usage que j’ai suivi jusqu’ici d’énoncer en détail le principe ou la question, avant d’en donner les applications sous forme d’exemples. Il m’a paru plus simple de les indiquer, dans chaque cause, en bref.
(15) Dans les Mémoires attribués à Louis XVIII, on lit ces mots (à propos d’un incident anx couches de la Reine) : « J’en parlai à Montesquiou, qui se piquait d’expliquer les songes. » Il parait même que cet onéiroscope étendait ses divinations à des présages de toute espèce.
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