Antoine Charma. De la part qui revient à la philosophie dans les questions relatives à l’aliénation mentale. Extrait des « Mémoires de l’Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen », (Caen), 1864, pp. 236-243.
Antoine Charma (27 nivôse an IX (1801)-1869). Philosophe, d’une nature très indépendante, archéologue et paléographe, il est reçu brillamment à l’agrégation de philosophie en 1830, il fut nommé, sur la recommandation son ami Victor Cousin, comme professeur de philosophie à la Faculté de Caen,où il resta trente-huit ans. Quelques publications :
— Essai sur le langage. Paris, L. Hachette, 1831. 1 vol.
— Essai sur la philosophie orientale. Leçons professées à la faculté des lettres de Caen pendant l’année scolaire 1840–1841. Paris, Hachette. 1842. 1 vol.
— Essai sur les bases et les développements de la moralité. Paris, L. Hachette, 1835. 1 vol. in-8°, XVI p., 486 p., II p.
— Essai sur le langage. Paris, L. Hachette, 1846, octobre. 1 vol. in-8°, 2 ffnch., VII p., 319 p. Broché. Seconde édition.
— Du sommeil. Article paru dans les « Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen», (Caen), 1851, pp. 375-478. [en ligne sur notre site]
— Du sommeil. Caen, Chez A. Hardel, 1851. 1 vol. in-8° – Ainsi que : Du sommeil. Paris, L. Hachette, 1851 avril. 1 vol.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les notes de bas de page de l’article original ont été renvoyées en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
[p. 236]
DE LA PART
QUI REVIENT A LA PHILOSOPHIE
DANS LES QUESTIONS RELATIVES A L’ALIÉNATION MENTALE;
Par M. A. CHARMA,
Membre titulaire.
Messieurs,
Entre les infirmités de toute nature dont noire pauvre espèce est affligée, il n’en est aucune qui nous affecte d’une tristesse plus noire, d’une mélancolie plus profonde que l’aliénation mentale. Quel douloureux spectacle que celui de l’homme, ce roi de la création, découronné, dégradé, tombé si bas qu’il n’a pas même la conscience de sa chute !
Aussi quelle reconnaissance l’humanité ne doit-elle pas aux esprits d’élite qui, comme le docteur Pinel et ses continuateurs, ont, de nos jours, engagé l’étude et le traitement de cette cruelle maladie dans des voies où l’art, qui avait si long-temps désespéré de s’en rendre maître, a déjà obtenu et semble de plus en plus pouvoir se promettre les plus heureux succès. Mais ce n’est pas assez d’admirer, de bénir les hommes supérieurs qui se dévouent ainsi au soulagement de nos misères ; il nous faut encore, dans la mesure de nos forces, leur venir en aide, et mettre au service de leurs hautes et fécondes pensées le peu que nous pouvons. C’est, Messieurs, dans l’espoir, [p. 237] que vous trouverez peut-être présomptueux, d’ouvrir, sur la grave question dont je viens vous entretenir un moment, un avis qui pourrait n’être pas inutile, que je vous présenterai quelques réflexions qui me paraissent fondées, que je soumets, dans tous les cas, à votre appréciation.
I. — Permettez-moi d’abord de me demander, de vous demander à vous-mêmes, si nous avons, jusqu’à ce jour, assez nettement séparé l’une de l’autre les deux classes de modifications que nous offre l’aliénation mentale, et renfermé assez rigoureusement chacune des deux sciences auxquelles en revient l’étude dans l’enceinte qui lui est propre et de laquelle elle ne doit pas sortir.
L’aliénation mentale est un phénomène psychologique à la fois et physiologique ; elle atteint la vie dans les deux systèmes de fonctions qui tiennent les unes à notre organisation matérielle, tes autres à notre organisation intellectuelle et morale (1) ; il y a là des faits que se doivent partager les deux sciences distinctes [p. 238], dont l’une fouille et dissèque le corps, dont l’autre sonde et analyse l’âme ; si l’une d’entre elles les réclame tous et se les approprie, s’emparant de ce qui touche à l’âme et de ce qui regarde le corps, cette science-là, que ce soit la physiologie qui n’a droit que sur le corps ou la psychologie qui n’a droit que sur l’âme, usurpe, accapare, prend le bien et la chose d’autrui, à son grand préjudice d’ailleurs non moins qu’à celui de la science, sa sœur, qu’elle dépouille. La philosophie n’a rien ici à se reprocher : elle s’en est toujours, depuis qu’elle a bien nettement reconnu son domaine, scrupuleusement tenue à ce qui lui est logiquement assigné. Nous n’en saurions dire autant de la médecine, qui s’oublie quelquefois jusqu’à prétendre, avec le docteur Trélat entre autres, que l’étude de l’intelligence lui appartient « dans sa normalité , dans ses anomalies, sous tous ses aspects (2). » Nous invitons la physiologie, dont le royaume est assez vaste, à respecter nos limites comme nous respectons [p. 239] les siennes : laissons à Hippocrate ce qui appartient à Hippocrate, à Platon ce qui appartient à Platon !
Nous voudrions donc qu’il fût reconnu et convenu que la folie est une question aussi psychologique pour le moins que physiologique ;nous voudrions que l’étude en fût remise, pour toute la partie psychologique, à la science dont, à ce point de vue, elle relève nécessairement, c’est-à-dire à la psychologie ; nous voudrions que le psychologue fût mis officiellement, administrativement, en rapport avec les aliénés ; qu’un psychologue fût attaché aux établissements où les aliénés sont recueillis, pour y étudier sous toutes ses formes le mal que la société est si intéressée à bien connaître. Ne semble-t-il pas étrange, en effet, que nous reconnaissions une science appelée psychologie, et que, lorsqu’il s’agit pour nous de nous renseigner sur une classe de faits essentiellement psychologiques, au lieu de mettre à contribution un psychologue, nous ayons recours à quelque physiologiste qui, quelle que soit son aptitude, ne peut pas prétendre à s’acquitter de cette tâche accessoire pour lui et supplémentaire, comme s’en acquitterait le savant qui en ferait son affaire spéciale et en quelque sorte son métier (3). [p. 240]
II. —A ce premier vœu que je viens d’exprimer, je prendrai la liberté d’en ajouter un autre qui n’en est que le complément en quelque sorte obligé. Je dis que la science de l’aliénation mentale ne sera bien faite, pour ce qui concerne son élément psychologique, que lorsqu’on substituera pour cette étude spéciale le psychologue au physiologiste, le philosophe au médecin ; c’est déjà, quoiqu’à mes yeux rien ne soit plus simple, plus vrai, plus évident, un assez gros paradoxe ; qu’allez-vous penser d’une conséquence bien autrement paradoxale, que je voudrais vous amènera tirer avec moi du principe que tout à l’heure j’essayais d’établir et que je ne désespérerais pas de vous faire admettre, si je pouvais donner ici à ma pensée tous les développements qu’elle comporte, si je pouvais réunir autour d’elle toutes les considérations qui l’appuient ?
L’aliénation mentale, si mon premier vœu est exaucé, est donc, en tant que mentale, confiée, pour l’étude que nous avons à en faire, à la science à laquelle sa nature la renvoie. C’est le philosophe, ce n’est plus le médecin, qui en constate les caractères, en enregistre les prodromes, les phases diverses, les terminaisons heureuses ou funestes ; qui, en un mot, en sait et en écrit l’histoire. Mais la science théorique, ici comme partout, appelle à sa suite, si elle ne veut pas rester stérile , les sciences pratiques dont elle n’est que la condition nécessaire : à celui-là qui connaît le mal, incombe le devoir de le prévenir autant [p. 241] que la chose est possible, et, s’il n’a pu le faire, d’en tenter la guérison ; l’aliénation mentale connue, deux arts apparaissent qui s’y appliquent : un art préventif, une hygiène, et un art curatif, une thérapeutique. Qu’on ne vienne pas nous dire que cette hygiène et cette thérapeutique morales, que nous voyons sortir de l’étude des phénomènes moraux attachés à la folie, ne sont que des chimères ! Tous les médecins aliénistes en reconnaissent l’incontestable réalité et les bienfaisants effets (4) ; il est tel de leurs malades que les bains tièdes , les douches, les saignées ont laissé dans l’état où ils l’avaient pris et qui s’est tout à coup trouvé rétabli par un ingénieux artifice, par un mot placé à propos, par une influence toute spirituelle exercée sur son intelligence ou sa volonté (5). [p. 242]
Esquirol vous dira quel prix il attache au traitement moral, soit qu’on veuille prévenir l’explosion d’un accès, soit qu’on ait à traiter la maladie dans son cours, soit qu’on ait à confirmer la convalescence (6). Il faut voir avec quelle candeur le docteur Pinel, qui ne craint pas de rendre justice à qui de droit, sentant assez, en homme supérieur qu’il est, que sa part dans le bien qui se fait autour de lui sera toujours assez belle, reconnaît tout ce qu’il doit, tout ce que doivent ses malades à une femme chargée de les surveiller, et qui, ayant acquis une connaissance profonde de leurs dispositions intérieures , avait fini par exercer sur eux un empire extraordinaire (7). [p. 243]
Serait-ce donc , Messieurs , être trop exigeant que de demander qu’on remplace à Bicêtre cette dame Pussin, qui n’est rien moins qu’un psychologue, mais un psychologue de rencontre et d’instinct, par un psychologue de profession, possédant tous les secrets du métier et ayant de longue main appris à s’en servir ? Le traitement physiologique n’en reste pas moins , bien entendu, aux mains habiles qui seules savent l’administrer ; nous ne réclamons pour notre philosophie que le traitement moral. Laissons, Messieurs, laissons à Hippocrate ce qui appartient à Hippocrate ; mais restituons à Platon ce qui appartient à Platon !
III. — Puisque vous avez bien voulu , Messieurs, entendre déjà les deux souhaits que je viens de formuler devant vous, veuillez m’accorder encore un moment d’attention pour en entendre un troisième qui me paraît faire corps avec les deux premiers, et qui ne s’en doit point séparer. Ce n’est pas seulement la médecine et la philosophie qui ont, chacune à leur point de vue, affaire à l’aliénation mentale. Il est une de nos institutions sociales les plus considérables qui, elle aussi, la rencontre dans ses voies et qui est très-intéressée à la connaître ou du moins à la reconnaître à de sûrs indices, appelée qu’elle est à la juger. [p. 244]
Un acte qui matériellement tombe sous la main de la justice, un meurtre, par exemple, est déféré aux tribunaux. Une question à son propos se soulève. L’agent, quand il a frappé sa victime, était-il dans son bon sens ? S’est-il librement déterminé ? Peut-il être considéré comme responsable de son acte ? Ou bien ne faut-il voir en lui que l’instrument passif et aveugle d’une force par laquelle il a été irrésistiblement entraîné, et qui, en égarant son intelligence, en violentant sa volonté, lui a enlevé la libre disposition de lui-même ? Indécis, inquiet en présence d’un fait dont le caractère ne lui est pas suffisamment révélé, le juge hésite ; il ne s’en fie pas à ce qu’il a pu apprendre accidentellement, sans l’avoir expressément étudié, de l’état sur lequel il aura à se prononcer ; il invoque, pour en aider son inexpérience, l’expérience des hommes qu’une étude spéciale des phénomènes qu’il s’agit d’apprécier aura familiarisés avec eux ; en d’autres termes, il appelle des experts comme il en appelle toutes les fois qu’une question se produit qui exige, pour être résolue, des connaissances dont il n’a pas dû, avant de monter sur son siège, faire nécessairement provision. Que la médecine ici élève donc la voix ! qu’elle mette en relief, si elle a pu les saisir, les quelques symptômes physiologiques qui détermineront d’une manière telle quelle l’état mental de l’accusé, et le caractère fatal ou libre de son acte ! Mais c’est surtout au psychologue qu’en pareille occurrence des renseignements précis seront utilement demandés : c’est surtout par des indices puisés dans les dispositions morales de l’agent que l’enquête faite à son propos éclairera de [p. 245] toute la lumière qu’elle comporte la situation obscure qu’il s’agit de bien voir pour la bien qualifier.
N’est-ce pas ainsi, d’ailleurs, que les choses se passent ? Ouvrez au hasard les comptes-rendus des débats où la science vient donner, aux assises, des éclaircissements de ce genre : est-ce un médecin, à proprement parler, que la justice entend ? N’est-ce pas un philosophe ? On entretient le tribunal de la faiblesse d’esprit de l’accusé, de la légèreté de son caractère, de l’énergie de ses passions, de ses mauvaises habitudes, de son orgueil démesuré, de sa soif excessive de célébrité, de sa susceptibilité maladive, des idées fausses dont depuis long-temps il est empoisonné (8) : partout de la psychologie ; de la physiologie nulle part ! Et nous sommes loin de nous en plaindre ! La société comprend bien que c’est là surtout qu’elle trouvera ce qu’elle cherche. Mais alors qu’elle aille donc tout droit à la science spéciale qui seule peut répondre, avec toute la précision désirable, aux questions qu’elle se pose ! Vous voulez un renseignement géologique ? Le demandez-vous à l’astronome ? Vous voulez un document astronomique ? Est-ce au géologue que vous vous adressez ? Puisqu’il s’agit ici d’un éclaircissement plus spécialement psychologique, consultez donc avant tout le psychologue ! Encore une fois laissons à Hippocrate ce qui appartient à Hippocrate, à Platon ce qui appartient à Platon !
Notes
(1) Les phénomènes de l’ordre moral dont il s’agit ici sont d’une observation tellement facile, tellement sûre, que le moindre douté ne peut s’élever sur leur existence ; tous les médecins le reconnaissent : « J’ai passé en revue, dit Fodéré (Voyez le Dictionnaire de médecine et de chirurgie, Ve. ALIÉNATION MENTALE, t. I, p. 504), les symptômes principaux de l’aliénation mentale ; les seuls constants sont les troubles intellectuels. » Et un peu plus bas (p. 507), il ajoute : « Les désordres intellectuels sont les plus constants, les seuls Vraiment essentiels des maladies mentales. » — Esquirol déclare, de son côté (Des maladies mentales considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico-légal, 2 vol. in-8°. ; Paris, 1838, t. II, p. 142), que « le nombre des causes morales de la manie est bien plus élève [p. 238] que celui des causes physiques. » Le même écrivain affirme, dans le même traité (t. II, p. 181), que « l’anatomie pathologique, malgré les travaux très-importants de MM. Foville, Calmeil, Bayle, Guislain, n’a pu encore nous faire connaître la raison organique de la folie ; » et il redit (t. I, p. 17 et suiv.), après le docteur Pinel, qui avait déjà fait cette observation (Voyez le Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale, 1 vol. in-8°., 2e. édition, Paris, 1809, p. 308, $ 256), que « l’anatomie la plus scrupuleuse n’a pu presque lien dévoiler sur le vrai siège et le caractère de l’aliénation mentale » ; d’où il ne faudrait pas conclure qu’elle ne parviendra jamais à résoudre cet important problème.
(2) Voyez le docteur Trélat : La folie lucide, étudiée et considérée au point de vue de la famille et de la société. Paris, 1861, 1 vol. in-8°. Avant-propos, p. XI.
(3) On nous écrit de la Suisse que déjà, en Allemagne, quelques maisons d’aliénés ont mis en pratique ce que nous demandons ici.— Il y a déjà long-temps, d’ailleurs, « qu’un célèbre médecin allemand, le docteur Reil, a senti avec raison, l’importance d’allier des connaissances étendues en médecine avec celles de l’idéologie, pour être à la tête d’un hôpital d’aliénés; mais, suivant lui, le même médecin ne peut remplir celte double tâche, et il propose de lui en adjoindre un autre qui ait cultivé plus particulièrement l’étude de l’entendement humain. Nous empruntons ce souvenir au [p. 240] Dictionnaire des sciences médicales, V. ALIÉNATION, t. Ier., p. 319, article du docteur Pinel, qui, lui, ne partage pas l’opinion du docteur Reil.
(4) Il ne faut pas, dit Esquirol (dans le livre déjà cité, t. Ier, p. 465 ), se borner à l’administration de quelques médicaments ; qu’on soit bien convaincu « que la médecine morale, qui cherche dans le cœur les premières causes du mal, qui plaint, pleure, console, partage les souffrances, réveille l’espérance, est souvent préférable à toute autre. » — « C’est souvent bien moins par les médicaments que par des moyens moraux… qu’on peut faire une heureuse diversion aux Idées tristes des mélancoliques. » Pinel, Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale., 2e. édition, p. ,348, S 282.
(5) J’aurais ides milliers de faits-à citer à l’appui de cette assertion ; j’en prends dans le nombre un ou deux au hasard. Ambroise Paré guérit un hypocondriaque, qui croyait avoir des grenouilles dans l’estomac, en lui faisant prendre un purgatif énergique ; on avait furtivement introduit de petites grenouilles dans le vase qui devait recevoir les matières rejetées. ( Voyez Esquirol, t. I, p. ;210). Un autre refuse d’uriner, par la crainte qu’il a d’inonder la terres on ne l’y décide qu’en lui persuadant qu’un violent incendie vient d’éclater et qu’il n’y a pas d’autre moyen de l’éteindre (Id., ibid., p. 474).
(6) Voyez Esquirol, t. I, p. 134.
(7) « C’est sous ce rapport que la surveillante, Mme Pussin, m’a paru réunir des qualités rares. Je l’ai vue avec étonnement, à Bicêtre, approcher des maniaques les plus furieux, les calmer par ses propos consolants, et leur faire accepter une nourriture qu’ils refusaient avec dureté de toute autre main… Combien de fois ne l’ai-je point vue arrêter, par une heureuse supercherie, des rixes dont les suites auraient pu être funestes !… Une circonstance… me fit connaître un jour, dans toute son étendue, cette heureuse fécondité de moyens dans l’art de maîtriser les aliénés. Un jeune homme… se glisse dans la cuisine, s’empare d’un couperet propre à hacher les herbes,… et menace de couper la tête au premier qui osera s’avancer. La surveillante, sans s’effrayer, prend une tournure adroite : « Pourquoi empêcher, dit-elle, cet homme fort et robuste de travailler avec moi ? » Elle lui parle avec douceur, l’engage à s’approcher d’elle avec l’instrument qu’il a saisi ; elle lui montre même la manière dont il doit s’en servir pour hacher les herbes ; elle feint de se féliciter d’avoir un aide pareil. L’aliéné, trompé par cette innocente ruse, ne s’occupe que de son travail, et, à un signal donné, il est investi par les gens de service, qui l’enlèvent sans aucun danger, et l’emportent dans sa loge pendant que l’instrument reste entre les mains de la surveillante. On pourrait défier l’homme [p. 243] le plus habile et le plus versé dans la connaissance des maniaques, de saisir avec plus de finesse et de promptitude le parti le plus sûr à prendre dans une conjoncture alarmante. » Pinel, loc. cit., p. 220, § 198.
(8) J’avais sous les yeux, quand j’écrivais ces quelques lignes ; une déposition du docteur Parchappe, inspecteur général des Établissements d’aliénés de France, devant la Cour d’assises de la Seine (audience du 15 décembre 1862) , à laquelle la plupart de ces détails sont empruntés.
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