Noël Chomel. INCUBE. Extrait du « Dictionnaire œconomique, contenant divers moyens d’augmenter son bien, et de conserver sa santé avec plusieurs remèdes assurez et éprouvez, pour un très-grand nombre de maladies », 1709, tome I, suite, troisième partie, pp. 69.

INCUBE. Article du « Dictionnaire œconomique, contenant divers moyens d’augmenter son bien, et de conserver sa santé avec plusieurs remèdes assurez et éprouvez, pour un très-grand nombre de maladies, & de beaux secrets pour parvenir à une longue & heureuse vieillesse. Quantité de moyens pour élever, nourrir, guérir & faire profiter toutes sortes d’animaux domestiques ; comme brebis, moutons, bœufs, chevaux, mulets, abeilles, & vers à soye. Différens filets pour la pêche de toutes sortes de poissons, & pour la chasse de toutes sortes d’oiseaux & animaux, &c. Une infinité de secrets découverts dans le jardinage, la botanique, l’agriculture, les terres, les vignes, les arbres ; comme aussi la connoissance des plantes des païs étrangers, & leurs qualitez spécifiques, &c. Les moyens de tirer tout l’avantage des fabriques de savon, d’amidon ; de filer le cotton, de faire à peu de frais des pierreries artificielles, fort ressemblantes aux naturelles ; de peindre en mignature sans sçavoir le dessein, & travailler bayettes ou éoffes établies nouvellement en ce royaume, pour l’usage de ce pays, & pour l’Espagne, &c. Les moyens dont se servent les marchands pour faire de gros établissemens ; ceux par lesquels les Anglois et les Hollandois se sont enrichis, en trafiquant des chevaux, des chèvres, & des brebis, &c. Tout ce que doivent faire les artisans, jardiniers, vignerons, marchands, négocians, banquiers, commissionnaires, magistrats, officiers de justice, gentils-hommes, & autres d’une qualité & d’un emploi plus relevé, pour s’enrichir, &c. Chacun pourra se convaincre de toutes ces veritez, en cherchant ce qui peut lui convenir, chaque chose étant rangée par ordre alphabétique comme dans les dictionnaires. Par M. Noël Chomel, prêtre, curé de la paroisse de Saint Vincent de Lyon. Troisiéme édition, revue, corrigée & augmentée d’un très-grand nombre de nouvelles découvertes & secrets utiles à tout le monde, par M. P. Danjou, prêtre. Enrichie d’un grand nombre de figures. À Lyon, & se vend a Paris, chez Etienne Ganeau, rue Saint Jacques, près la rue du Plâtre, aux Armes de Dombes. MDCCXXXII. Avec approbation et privilège du Roy. , 1709. volume I, Suite du dictionnaire oeconomique, troisième partie, pp. 69.

 

Noël Chomel (1633-1712). Formé au séminaire de Saint-Sulpice, il fut agronome et encyclopédiste, il est reconnu pour son dictionnaire encyclopédique qui eut un grand retentissement dès sa parution.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Les  images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

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INCUBE. La cube appeler vulgairement cauchemar, est une légère obstruction des organes de la faculté animale, causés par une crasse, froide, & cruë, qui arrive la nuit en dormant, & qui oppresse tellement, on ne peut ni respirer ni parler. Le jugement n’est point perdu, mais seulement hébété, endormi & comme tout étonné, ainsi que l’entendement, & l’imagination. La plupart se figure que c’est quelque personne, ou quelque esprit qui les tourmente ; cette maladie est ordinaire aux gens qui s’applique trop à l’étude, ou à un travail qyu gêne l’esprit, qui dorment sur le dos, ou qui mange goulûment & plus que la chaleur naturelle ne peut digérer ; qui boivent par excez, & qui ne font point d’exercice, qui se nourrissent de viandes grossières, qui ont des hémorroïdes, ou des ordinaires supprimées, & aux enfants auxquels on donne trop à manger, d’autant que leur estomach se remplissant de beaucoup de crudités, renvoie des fumées qui opprime le Diaphragme & les Poulmons, de-là elle se portent à la gorge, et ensuite à la tête.

Pour empêcher que ces vapeur froides & crasses ne viennent à boucher les conduit des esprits, & causer de cruelles & funestes maladies, il faudra commencer à modérer ses passions ; marcher ou s’exercer à quelque chose après le dîner, user de Rossolis ou d’eau de Clairette, ou d’Anis Sucré, ou de conserve de fleurs de Soucis, ou de Fenoüil, ou de Canelle, mâcher à jeun de la Rhubarbe, & parfois après le dîner jusqu’à demi dragme. Outre ces petits remèdes, il faudra se faire tirer un peu de sang, & cela a proportions que l’on sera plus ou moins sanguin, on prendra par intervale des lavemens, & on se purgera avec le Catholicon double, le Sirop de Rose, ou la Rhubarbe, ou la Casse, ou avec un vomitif, si l’on s’aperçoit qu’ils viennent de l’estomac. On observera la diète, & surtout on soupera légèrement [p. 69, colonne 2] & l’on se modérera sur le boire.

À l’égard des enfants, on les réglera sur leur manger, & une fois ou deux la semaine, on leur donnera dix ou douze grains de Rhubarbe en poudre avant avec tant soit peu d’Anis dans leur boüillie, ou dans un œuf, ou dans une cuillérée de Vin blanc, ou avec un peu de Confitures, les empêchant de dormir si-tôt après leur dîner, ou leur soûper, si cette maladie leur venoit de vers, on pourra leur donner à manger de l’écorce d’Orange confites ou de la conserve de Menthe sauvage, un chacun pourra porter au col une racine de Frêne, ou une pierre à feu, ou de Corail.

Si après que l’accez de l’incube seroit passé, il arrivoit un battement de cœur, que l’on fut saisi de crainte, que l’esprit fut égaré, que tout le corps tremblât avec des sueurs froides à l’estomac & à la tête, ce seroit autant de simptomes mortels.

 

 

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