Gonzalo Rodríguez Lafora (1886-1971). – Sauvées du désastre — Œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965). 2015.
Pedro Alonso Ruiz (collection Lafora), Sans titre, circa 1930
Encre, aquarelle et crayon sur papier — 32 × 45 cm
Courtesy of the artist & Christian berst art brut (klein et berst) , Paris.
Sauvées du désastre
Œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965)
Passé : 7 mars → 11 avril 2015
Gonzalo Rodríguez Lafora (1886-1971) l’un des plus grands psychiatres du XXe siècle en Espagne et son compatriote Ramón Sarró (1900-1993), premier médecin psychanalyste de Barcelone, ont constitué une collection d’œuvres de leurs patients à l’instar du psychiatre allemand Hans Prinzhorn. La galerie christian berst art brut présente une cinquantaine de ces dessins et peintures historiques dont certains, ceux de Pedro A. Ruiz, ont été reproduits en 1955 dans le fameux Art psychopathologique de Robert Volmat et, dix ans plus tard, dans le cahier de Psychopathologie de l’expression (Editions Sandoz).
Dans la vie d’orpailleur qui est celle de l’amateur d’art brut, trouver une veine aurifère qui couvre ainsi la première moitié du XXe siècle est devenu chose rare et précieuse.
Car dans ces ensembles que forment les collections des psychiatres espagnols Gonzalo R. Lafora et Ramón Sarró, l’on peut discerner bien davantage qu’un arrêt sur images — au propre et au figuré — de ce que l’on nommait alors la psychopathologie de l’expression. De même ne faut-il trop s’attarder sur les tentatives que menèrent ces hommes de science et quelques autres à jeter les vains fondements d’une pathographie. Mais, bien plus, ce qu’il nous est donné à voir entre les plis du rideau ou par-dessus le mur, c’est un inventaire imagé de nos affects : à travers les yeux de ces médecins et le filtre de leur culture, nous sommes invités à feuilleter un catalogue d’œuvres sauvées du désastre. De l’intime désastre, ce géniteur de vénéneuses et troublantes beautés. De ces productions libérées pour l’essentiel de l’injonction de plaire ou du désir de paraître.
Si les œuvres réunies par Sarró ont été peu vues, quelques-unes provenant de la moisson de Lafora ont pu être admirées à deux reprises : tout d’abord en 1950, pour l’Exposition internationale d’art psychopathologique lors du 1er Congrès Mondial de Psychiatrie qui se tînt à l’Hôpital sainte-Anne, à Paris. Mais il faudra attendre l’exposition Pinacoteca psiquiátrica en España (1917-1990), en 2009-2010 à Valence pour les redécouvrir, agrémentées des cartels rédigés par ce psychiatre, comme pour en lever un pan du voile.
Même si beaucoup de ces artistes restent prisonniers de l’anonymat dû au secret médical, l’exposition que nous leur consacrons les réincarne et leur rend l’hommage que nous devons aux hommes debout, malgré tout. Ce testament artistique de leur altérité conservé par deux psychiatres atypiques nous permet d’affirmer avec eux : ceux-là ont vécu, souffert, aimé, mais ils ont éclairé leur nuit.
Un catalogue de 300 pages (FR/EN) préfacé par Graciela GarcÍa et Béatrice Chemama-Steiner est publié à cette occasion.
sauvées du désastre — œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965)
Vernissage Samedi 7 mars 2015 à 18:00
Réf Internet: https://slash-paris.com/evenements/sauvees-du-desastre-uvres-de-deux-collections-de-psychiatres-espagnols-1916-1965.
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