Madame Morel de Rubempré. Instruction philosophique et morale sur le magnétisme, le sommeil, les rêves, le somnambulisme, l’extase, la phrénologie, la physiognomonie, etc.Pantomantisme physiologique. Paris, impr. de Schneider et Langrand, s. d., [1846], 1 vol. in-8°, 8 p.

Madame Morel de Rubempré. Instruction philosophique et morale sur le magnétisme, le sommeil, les rêves, le somnambulisme, l’extase, la phrénologie, la physiognomonie, etc.Pantomantisme physiologique. Paris, impr. de Schneider et Langrand, s. d., [1846], 1 vol. in-8°, 8 p.
B. n. F. : Tb 64-180.

 

Nous n’avons trouvé aucune donnée bio-bliograhique sur cette auteure, sinon qu’elle fut l’épouse du célèbre médecin J. MOREL (de Rubempré) né en 1924, Auteur de très nombreuses publications dont la plus célèbre : de de : La physiologie de la liberté ou tableau médico-philosophique des droits naturels et des facultés physiques et morales de l’homme. Paris, Lerosey, 1830. 1 vol.

Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – L’image a été rajoutée par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr

[p. 1]

LE MAGNÉTISME est l’un des magnifiques et importants sujets de physique, de médecine et de philosophie, qui préoccupe le plus les esprits actuels, et, dans notre beau siècle des lumières, ce serait se montrer fort arriéré que de n’en pas posséder au moins une connaissance superficielle. Il intéresse [p. 2] éminemment les savants, les gens du monde et surtout les personnes jalouses de conserver ou recouvrer la santé, ce bien inappréciable sans la jouissance duquel toutes les richesses de la terre ne sont qu’amertume et misère.

Les docteurs et écrivains physiologistes les plus éclairés de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Amérique, etc., lui ont rendu un éclatant et solennel hommage : tels furent les Newton, cette vive et glorieuse lumière de la Grande-Bretagne, les Mesmer, les Lavater, les Camper, les Gall, les de Jussieu, les Deleuze. les Asaïs, les Cuvier, les Broussais, les de Puységure, les du Potet de Sennevoye et tant d’autres illustrations savantes.

Les cures et les effets admirables produits par le magnétisme ont paru si merveilleux ; que bien des esprits se sont trouvés portés à n’y voir que magieou sorcellerie. Mais il est bien loin d’en être ainsi dans la pratique de cet art précieux ; car là tout n’est que physiologique, et, par conséquent, essentiellement naturel.

Il suffisait jadis, pour bien magnétiser,
d’évoquer, en louchant, des esprits chimériques ;
Mais l’art doit, de nos jours, sagement reposer
Sur d’immuables lois naturelles, physiques
.

Il n’est, dans le vrai magnétisme, rien qui puisse blesser nulle croyance, nulle morale, nulle pudeur. L’amour seul du bien préside à ses opérations, et, avec cet esprit de pureté, l’homme peut magnétiser la femme, celle-ci l’homme, et les deux sexes se magnétiser mutuellement. Par contact, comme à distance, cet art est toujours innocent et digne d’éloge, puisqu’il tend constamment à produire un bien-être physique et moral ; et ce serait, certes, calomnier étrangement les magnétistes et les somnambules que de leur prêter d’autres pensées. Mon triomphe solennel dans une cause célèbre, et ce, après des enquêtes sévères et un surcroît d’enquêtes plus sévères encore, devient une preuve bien authentique qu’il n’est absolument rien que nul puisse incriminer dans l’exercice de ma méthode, mes procédés, actions, etc.

La puissance bienfaisante du magnétisme réside dans des fluides, ou émanations subtiles invisibles, lancés en vertu d’une volonté énergique, par l’œil, le mouvement des doigts, etc. Ces corps sont mis en action par un fluide universel qui régit l’univers, et que l’on pourrait peut-être appeler le premier ministre physique de l’éternel auteur de la sublime nature. Il tend invariablement à faire régner l’ordre et l’harmonie chez tous les êtres qui composent ce vaste monde, et c’est l’un des plus efficaces moyens de guérison des maladies du corps et de l’esprit.

Il agit surtout d’une manière notable et salutaire sur le cerveau, les nerfs, les sens, les muscles, le poumon, le cœur, l’estomac et les organes de la reproduction, auxquels il transmet rapidement des éléments nombreux de vie, d’activité et de ton. Aussi, convenablement distribué, il dissipe promptement les céphalalgies(maux de tête), les névralgies(maux de nerfs), les sombres vapeurs de l’âme, les affaiblissements et irritations des sens, les affections de poitrine, les oppressions et les douleurs du cœur, les maladies d’estomac, les difficultés de l’écoulement menstruel, les souffrances de la grossesse, les angoisses de l’enfantement, les faiblesses génitales, etc., etc. [p. 3]

Ce principe universel est ce que les anciens Grecs, nos prédécesseurs dans les arts et les sciences, appelaient PNEUMA (fluide ou esprit). Il s’associe à tous les éléments, règle leurs combinaisons, nous met en rapport avec les corps célestes, et nous en fait ressentir les vivifiantes influences, perfectionne notre instinct, ainsi que notre intelligence, et détermine nos sympathies, comme nos antipathies. Sans lui, nulle attraction, nulle amitié, nul amour, nulle alliance, nul mariage ne peuvent s’effectuer. Ce sont là des vérités incontestables dont je crois avoir donné un aperçu suffisant dans ces six strophes, que l’on recueillit de ma bouche dans un état de somnambulisme lucide, et que l’on pourrait sans doute aussi qualifier d’extase.

Fils aimé du Dieu qui créa ce vaste monde
Et qui de lui reçus ton sceptre souverain
Sur l’astre radieux, sur la terre et sur l’onde,
Anime mes esprits de ton souffle divin.

C’est par toi que l’on voit, en l’univers immense,
Chaque étoile à sa place et la terre tourner
Autour du soleil qui fait germer la semence,
Donne la vie et nous fait sentir et penser.

Sans toi l’on ne verrait les bienfaisantes ondes
En nuages légers s’élever vers les cieux.
Toutes nos terres, ah ! resteraient infécondes
Et jamais un printemps ne charmerait nos yeux.

Sans toi nul air vital n’irait à la poitrine
Renouveler le sang alimentant nos corps.
Sans toi, dans un instant, tout ne serait que ruine,
Désastres, glaces et vastes monceaux de morts.

Sans toi l’on ne verrait s’épanouir la rose,
Qui nous plaît par sa grâce et sa suavité.
Du cœur parlant au cœur la bouche serait close,
Et fuiraient loin de nous l’amour et l’amitié.

Sans toi qui donc aurait une fille, une mère,
Un ami protecteur contre l’adversité ?
La tendre sympathie à la triste misère
Irait-elle offrir les soins de l’humanité ?

Le nouvel ouvrage que je vais publier, de concert avec mon magnétiste, aura pour titre principal PNEUMATOLOGIE, ou Traité des fluides, notamment de ceux que la physique qualifie d’impondérables, et qui sont particulièrement pour nous : le pneumatopyre(fl. calorique), le pneumalophote(fl. lumineux), le pneumatomagnète (fI. magnétique minéral) et le pneumatélectre(fl. électrique), puissants agents par la sage direction desquels une main habile, quelque [p. 4] faible qu’elle puisse paraître, sait donner naissance à des phénomènes si surprenants, qu’à peine peut-on parfois se défendre d’y voir de véritables miracles. Nous y parlerons aussi du pneumatoxygène, du pneumathydrogène, en un mot, de tous les invisibles qui gouvernent le monde visible et exercent une si puissante influence sur toutes les fonctions de la vie.

Nous divisons notre œuvre en dix parties que je vais indiquer, avec le même nombre d’épigraphes que j’ai composées pour donner un aperçu de ce que chacune d’elles peut offrir d’utile et d’intéressant.

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.
HORACE.

Qui sait unir l’utile à ce qui peut charnier,
De tous sait aussi le suffrage mériter.

A. PNEUMATOTHÉORIE (théorie du magnétisme).

A toute science il faut une théorie
Assise sur des faits, évidents, sérieux
Ainsi nous devons voir la pneumatologie
Jeter les bases de son temple glorieux.

B. PNEUMATÉNERGIE (effets du magnétisme).

Quand sur des faits certains la science est assise,
Il faut étudier ses effets évidents,
Comme le possesseur d’une terre conquise
En constate avec soin les produits importants.
C. PNEUMATOPRAXIE (pratique du magnétisme)

La science en pratique est un art véritable,
Ayant ses règles, ses lois et ses procédés.
L’art de magnétiser est art incontestable ;
Car il repose sur des faits bien médités.

D. PNEOMATOSYMPHORIE (utilité du magnétisme).

Un art qui ne s’applique à des choses utiles
Est art qui peut piquer la curiosité ;
Il intéresse si ses procédés habiles
Améliorent le sort de l’humanité.

E. PNEUMOTOTHÉRAPIE (traitement magnétique.)

De l’art de guérir le magnétisme est la base ;
Car lui seul pourra bien régler les fonctions. [p. 5]
Il redonne l’instinct, la primitive extase,
Conduit le lucide aux sentiers des guérisons.

F. PNEUMATHYGIE (hygiène magnétique).

A l’art de parcourir une longue carrière
Exempte de maux, de tristesse et de langueur,
Le magnétisme prête une vive lumière
Et dit les moyens de prévenir la douleur.

G. PNEUMATOPEIRIE (expériences magnétiques.)

La magnétologie à des expériences
D’un attrait merveilleux se plaît à se livrer ;
Car, bien qu’elle soit la plus grave des sciences,
Elle veut à la fois instruire et délecter.

H. PNEUMATOCRIMATIE (jugement du magnétisme).

La magnétologie, aux épreuves cruelles,
Près des grands corps savants vit ses fils exposés
On les vit se couvrir de palmes immortelles,
Et ces fils aujourd’hui sont partout révérés.

I. PNEUMATEUSÉBÉE (foi et morale des magnétistes).

La magnétologie offre à l’Être suprême
Un encens épuré par la saine raison.
Soulager qui souffre est sa devise quand même :
On grave humanité sur son noble écusson

J. PNEUMATHISTORIE (histoire du magnétisme).

L’histoire du grand art est l’histoire du monde ;
Car ses secrets ne sont pas moins anciens que lui.
Ces secrets, en nos temps, qu’on vienne et qu’on les sonde ;
Car un nouveau soleil pour l’univers a lui. [p. 6]

PANTOMANTIE.

Je vais publier sous ce titre un ouvrage en vers, avec des notes en prose, sur le Sommeil, les Rêves, les Songes, etc. Ces importants sujets se rattachent naturellement au somnambulisme et à la magnétologie, et l’on peut dire que ces deux sciences exactes et la phrénologie, qui fait aussi mes délices, sont trois sœurs inséparables. J’en donne ici quelques strophes qui, j’ose l’espérer, seront accueillies favorablement par toutes les personnes qui se- complaisent à promener leurs esprits dans le brillant empire des connaissances physiques, morales et psychologiques.

A. HYPNOLOGIE(traité du sommeil, des rêves).

La nature toujours ne saurait opérer,
Et l’homme doit à temps savoir se reposer.
L’arc, sans cesse tendu, voit faiblir sa puissance,
De même que faiblit l’esprit qui toujours pense.
Aux pénibles travaux il faut de doux repos ;
Aux esprits exaltés il faut de doux propos ;
A l’homme consommant trop d’éléments de vie,
Nous devons prodiguer tout ce qui vivifie.

Lorsque l’astre du jour disparaît à nos yeux,
Que l’ombre se répand entre nous et les cieux,
Quand règne le silence, et que notre paupière
Dérobe notre iris à la belle lumière,
Lorsque nous ne pouvons plus agir ni sentir,
Et qu’il nous semble que tout en nous va mourir,
Un principe divin en nous agit encore,
Et le soir peut pour lui d’un jour être l’aurore.

Ce principe est ce qui ne peut cesser d’agir,
Et que l’éternité ne verra s’endormir :
C’est l’âme que Dieu fit à sa brillante image,
C’est l’esprit sans lequel nul ne peut être sage,
L’être incorporel que ne saurait comprimer
Le poids de l’univers sur lui venant tomber,
Qui vit même dans la profonde léthargie,
Qui vivra, comme Dieu, d’une éternelle vie.

Aux replis de l’âme un rêve lance les yeux,
Et décèle ce qu’on voudrait cacher aux cieux.
Là sont des feuillets pour le commun illisibles,
Où l’hypniste perçoit des choses invisibles. [p. 7]
C’est souvent un soleil dont la vive clarté
D’une trop longue nuit chasse l’obscurité.
Ce peut être du ciel un avis salutaire,
A quelque grand péril venant pour nous soustraire.

B. SOMNAMBULISME NON MAGNÉTIQUE.

Tout me paraît miracle en la nature humaine,
Car là tout acte est un merveilleux phénomène ;
Mais celui qui ne peut cesser de m’étonner,
Est de voir dans la nuit un corps somnambuler.
Quoi ! l’homme qui bien dort déserter sa couchette,
Pour aller procéder aux soins de sa toilette,
Écrire un mot, et loin du logis déguerpir !
Je le vis ; mais grand Dieu ! comment en revenir ?

C. SOMNAMBULISME MAGNÉTIQUE.

Ce genre de sommeil où l’âme s’agrandit
Pour s’élever jusqu’à celui qui tout régit,
Doit paraître la plus étonnante merveille
Que l’on puisse admirer chez l’homme qui sommeille.
C’est alors que, conduit par des flambeaux sacrés,
Il vole consulter aux sites éthérés.
Ces flambeaux sont pour nous la divine lumière,
Qui fait lire l’esprit dans la nature entière.

D. EXTASE, CATALEPSIE, etc.

Ah ! qui dirait donc ces instants délicieux,
Où l’âme s’envolant bien loin de la matière,
Va se porter jusqu’au trône du Dieu des dieux,
Et goûte des plaisirs inconnus à la terre ?
Ah ! qu’importe alors qu’on lui lacère le corps,
Et qu’on le précipite aux demeures des morts !
Sa vie est ailleurs et près de l’Être suprême,
Pour elle est un bonheur qu’envie le ciel même.

D. PHYSIOGNOMONIE, PHRÉNOLOGIE, etc.

Ainsi du Faciestout muscle parlera
Au mantiste à qui son génie indiquera
Ce que vaut un regard pudibond, téméraire :
Modeste, dédaigneux, dissimulé, sincère,
Un sourire malin, bienveillant ou fripon,
Un froncement du nez, du sourcil ou du front,
Un grincement, un tic, un spasme de la bouche,
Comme une pleur coulant d’un œil loyal ou louche. [p. 8]

J’enseigne aussi l’Art de magnétiser ; mais de telles leçons ne peuvent être longues ni coûteuses ; car :

L’art de magnétiser, aux clairvoyantes têtes,
Par la nature tout entière est proclamé ;
Le premier coq venu, fier de ses vingt poulettes,
Te chantera comment ce beau tout fut charmé.

Des personnes, sans doute jalouses de mes succès, ont allégué qu’à mon jeune âge je n’ai point encore pu acquérir toutes les connaissances anatomiques, physiologiques et psychologiques nécessaires pour enseigner et pratiquer le grand art que je prône. Mais les faits sont plus éloquents que toutes les suppositions et raisonnements du monde, et je pourrais peut-être, d’ailleurs, dire avec Voltaire :

…………Pour les âmes bien nées,
La vertu n’attend pas le nombre des années.

Mais je dois dire que dès le plus bas âge, je me trouvai lancée dans les attrayantes études de la belle nature, que j’eus toujours le bonheur de consulter, plus que de stériles bibliothèques.

Les leçons qu’on reçoit de la simple nature
Sont pour les esprits des guides sûrs et constants ;
Car on ne peut voir la voix d’une tendre mère,
Tromper les pas premiers de ses jeunes enfants.

En outre, si nous parlons spécialement de la magnétisation, elle est d’autant plus efficace et bienfaisante, qu’elle s’exerce par des personnes plus jeunes, plus sensibles et plus sympathiques.

AVIS. — Les personnes jalouses d’éprouver les bienfaits de mon ART MAGNÉTIQUE et PANTOMANTIQUE peuvent m’écrire rue de Seine-Saint-Germain, n° 9, ou se présenter de dix heures à midi. — I give also my instructions in english.

P. S. Au même domicile et aux mêmes heures, le docteur MOREL (DE RUBEMPRÉ) dont les nombreux ouvrages sur la Génération, les Affections secrètes, l’Impuissance, la Stérilité, les Débilités sexuelles, les Tempéraments, etc., ont obtenu tant de succès en France et à l’étranger, donne ses consultations, et ce, indistinctement en français, en anglais, en allemand, en latin, en grec, etc. Il traite aussi par correspondance.

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