Emmanuel Régis. Des Hallucinations oniriques des Dégénérés mystiques. Extrait du « Congrès des Médecins Aliénistes et Neurologistes de France et des pays de langue française – Cinquième session, tenue à Clermont-Ferrand du 6 au 11août 1894 – Procès-verbaux, mémoires et discussions », (Paris), 1895, pp. 260-276.
Emmanuel Régis (1855-1918). Bien connu pour son célèbre Manuel de psychiatrie qui connut six éditions sous deux titres différents : Manuel pratique de médecine mentale (1885 et 1892) – Précis de psychiatrie (1906, 1909, 1914, 1923). – Très sensible aux idées freudienne il publie un ouvrage commun avec Angelo Hesnard, La Psychanalyse des névroses et des psychoses en 1914. – Il est l’auteur de nombreux ouvrages et de plusieurs dizaines d’articles. Nous avons, parmi ceux-ci, mis en ligne sur note site;
— Les rêves et l’hypnotisme. Extrait du quotidien « Le Monde », (Paris), lundi 25 août 1890, p. 1, colonne 2 – p. 1, colonne 5.
— Les aliénés peints par eux-mêmes. 5 Article paru dans la revue « L’Encéphale », (Paris),
— La dromomanie de Jean-Jacques Rousseau. Paris, Société d’imprimerie et de librairie, 1910. 1 vol. in-8°, 12 p.
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Nous avons gardé l’orthographe, la syntaxe et la grammaire de l’original. – Les images sont celles de l’article original, sauf le portrait qui a été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection privée sous © histoiredelafolie.fr
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M. RÉGIS(de Bordeaux). —DES HALLUCINATIONS ONIRIQUES
CHEZ LES DÉGÉNÉRÉS MYSTIQUES
La rareté des hallucinations chez les dégénérés héréditaires, notamment chez les persécuteurs, est un fait pleinement acquis et avec M. Jules Falret (1) tous les auteurs la considèrent comme un signe clinique des plus importants.
Il existe cependant des dégénérés, se rapprochant par bien des points des persécuteurs, qui sont assez fréquemment sujets à des hallucinations : ce sont les mystiques.
J’ai déjà sommairement mentionné ailleurs (2) l’existence de ces hallucinations et leurs caractères particuliers. J’y reviens [p. 261] aujourd’hui pour mieux préciser leur type nosologique et leur traits distinctifs.
1° —R… prend part avec fureur au jubilé de 1825, assiste aux prédications des plus éloquents missionnaires. C’est alors qu’il a ses premières révélations ; il lui semble qu’à l’épigastre, où il éprouve un sentiment habituel de chaleur, des paroles se font entendretrès distinctes, mais non telles qui celles qu’on perçoit par l’oreilleet bien faciles à distinguer de ces dernières. Ces paroles qui forment des prophéties, des paraboles, plongent R… dans l’extase. L’appétit devient moindre le sommeil disparaît, la nuit se passe en prières.
Dans une de ces nuits de ferveurR… vit tout à coup apparaître, au milieu des nuages un disque merveilleux gros comme le soleil, mais non point radieux comme lui ; une voix part de ce disque et dit à R… : « Les enfants que je bénirai seront bénis et ceux que je maudirai seront maudits jusqu’à la troisième et quatrième génération ». R…, qui reconnaît la voix de Dieu, entre en communication avec l’être incréé et lui adresse beaucoup de questions qui n’obtiennent pas toutes des réponses. La conversation dure trois quarts d’heure. R… commença à y apprendre quels étaient les desseins de Dieu sur lui. En terminant, l’Éternel lui dit d’aller se coucher.
Les paroles qui lui étaient prononcées dans l’épigastre étaient bien dans différentes de celles de la vision. Dans cette dernière, les paroles étaient absolument semblables à celles qu’on entend par l’oreille, ce gui n’a pas lieu dans les paroles (épigastriques) des révélations. La vision a décidé du sort de R… Il est le Messie qui doit venir à la fin des siècles pour ramener toutes les nations à la même croyance et à préparer le jugement dernier (3).
2° —La malade prétend que le bon Dieu et la Sainte Vierge lui apparaissent en rêvesans lui parle. La Sainte Vierge lui tend les bras.
Quelque temps après, elle fit, durant la nuit, un songe extraordinaire. La Sainte Vierge entre dans sa chambre vêtue comme dans les tableaux d’Église, s’approcha d’elle, lui [p. 262] donna sa main à baiser, puis aussitôt remonta au ciel.
Une autre nuit, elle fut l’objet d’un événement merveilleux. Elle éprouva une jouissance sexuelle extrême qui ne peut se comparer à rien d’humain, bien supérieure à celle qu’elle ressentait pendant ses relations avec son amant. C’était quelque chose d’idéal et d’immatériel. A son réveil elle ne put comprendre la signification de ce fait qui lui fut expliqué quelques jours plus tard. Une voix lui dit au milieu de la nuit : « Voulez-vous être enceinte ? ». Elle se crut, en effet, enceinte de Dieu (4).
3° Repris par ses idées mystiques, il examine à fond les différents mystères de la religion chrétienne et, une nuit(13 septembre 1885), Dieu lui apparut, lui annonçant qu’il le choisissait comme le rédempteur promis aux hommes par l’Ecriture.
Il entrait, toutes les nuits, en conversation avec le ciel ; deux des étoiles de la Grande Ourse servaient d’intermédiaires quand il adressait une question à Dieu. Si la réponse était affirmative il voyait les deux étoiles se rapprocher au point de se toucher ; si la réponse était négative, les deux étoiles s’éloignaient rapidement l’une de l’autre et il cessait de les voir. Il acquit ainsi la certitude qu’il était bien le Rédempteur choisi par Dieu (5).
4° Il s’absorbe dans la contemplation et dans la prière ; il se nourrit de la lecture des saints ; il pense au martyre et quand il communie, il lui semble qu’il se détache de la vie terrestre. C’est alors que pendant une de ses longues stations devant le tabernacle, il entend pour la première fois des voix intérieures.
Ce sont des voix bien nettes ; fermes distinctes, résonnant dans le cerveau et non à l’oreille ; « il entend, dit-il, comme un son, bien qu’il sente que c’est tout à fait intérieur ». Ces voix lui annoncent qu’il sera pape. « Sauve l’Église, mon enfant, c’est à toi de sauver l’Église ; la tiare sera l’explosion de la volonté nationale ».
A côté de ces hallucinations psycho-motrices. le malade a [p. 263] des visions nocturnes avec hallucinations auditives. Ces visions ne sont pas rapportées dans l’observation, mais elles ne peuvent faire aucun doute, puisqu’il les indique lui-même formellement dans le passage suivant : « Mon appel à la tiare peut, dit-il, se justifier, car il repose sur les bases suivantes qui lui donnent un cachet, un caractère parfait d’authenticité ; 1° Deux manifestations extérieures, la voix de Dieu parlant par ma bouche quand je dis enfant « je veux être pape », et l’incarnation du diable dans le corps d’un chat. 2° Mes visions dans le sommeil et les paroles que j’entends alors. 3° Une noix intérieure » (6).
5° —Si nous venons maintenant au côté mental, nous trouvons un délire confus, dans lequel les idées mystiques et les idée de persécution s’entremêlent d’une façon fort embrouillée. Ce délire est fait en partie de conceptions mystiques ancienne, en partie d’observerions nouvelles.
Ainsi elle nous raconte qu’en Italie, elle comprit avoir une mission, puis elle ajoute que tout cela venait des Francs Maçons qui la magnétisaient.
En tout cas, elle a des hallucinations de la vue et de l’ouïe. Elle a vu le Très-Haut, la nuit, dans toute sa splendeur. Cela lui est arrivé très souvent en Italie. Il était si resplendissant qu’on pouvait à peine distinguer ses traits.
… On lui disait qu’elle était réservée à de grandes choses. De. voix lui criaient, d’autre part, qu’on lui faisait faire des chose que Dieu n’a vair pas permises (7).
6° — Dans le délire religieux (monomanie religieuse) les hallucinations sont fréquentes : Dieu, la Vierge, les Saints apparaissent au malade et lui dictent sa conduite. Chez un officier, la folie éclate à la suite d’une prédication à laquelle il a assisté. La Vierge lui apparaît et lui commande de donner sa démission, ce qu’il fait, et d’aller faire pénitence dans le désert. Il erre pendant plusieurs jours dans une forêt des environs de Langres, ne se nourrissant que de mûres sauvages. Epuisé de faim et de fatigue, il voir, une nuit, la lune se détacher du ciel et [p. 264] tomber à ses pieds et, en même temps, se montre un vieillard à barbe blanche qui lui fait signe de le suivre et qui marche devant lui sur la route de Lyon (8).
7°. —V… est âgé de quarante-quatre ans. C’est un débile qui, depuis l’âge de onze ans, a eu des révélations divines. Dieu lui apparaissait sous forme d’ombres lumineuses ; il avait la forme du corps humain, il l’appelait « mon fils ». Depuis l’âge de quinze ans, Dieu lui apparaissait encore de temps à autre. Il sait aussi qu’il est choisi par lui pour remplir une grande mission (9).
8°. — Dans ces derniers temps, il s’était remis à fréquenter les églises, embrassant les stations et les images saintes et se donnant comme l’apôtre de la vérité et du devoir. Cette fois-ci, il est en état d’exaltation religieuse. Dieu veut qu’il reprenne le combat pour la vérité et le droit. Il l’a élevé jusqu’à lui. Il a vu, en effet, dans l’église, les yeux de la mère de Dieu s’ouvrir et lui indiquer par là qu’il était reçu. A l’asile, il ne s’occupe que des intérêts célestes. La nuit, des signes miraculeux lui font comprendre qu’il est appelé à de grandes choses (10).
Les cas d’hallucinations que nous venons de rapporter appartiennent à des dégénérés mystiques sans épithète. En voici d’autres, tout à fait semblables, relatifs à une catégorie d’individus faisant partie du même groupe morbide, les Régicidescar, ainsi que je l’ai démontré, les grands fanatiques de l’histoire, identiques à travers les tiges et les pays, sont des dégénérés mystiques héréditaires qui, égarés par un délire politique ou religieux, compliqué parfois d’hallucinations spéciales, se croient appelés au double rôle de justiciers et de martyrs et, sous l’empire d’une obsession à laquelle ils ne sont pas libres de résister, en arrivent à tuer un grand de la terre au nom de Dieu, de l’humanité ou de la patrie (11).
Je laisserai de côté l’hallucination de Brutus la veille de la bataille de Philippes, [p. 265] relatée en détail par Plutarque, son authenticité n’étant pas certaine, bien que ses caractères lui donnent une apparence de vraisemblance manifeste et je me bornerai à cirer ici une des nombreuses hallucinations de Ravaillac, celle de Jacques Clément et celle de Staaps.
9° —Le lendemain matin, s’étant levé et fait sa méditation à genoux, recoligé en Dieu à la manière accoutumée, se lève, s’assit en une petite chaise devant le foyer, puis s’étant passé un peigne par la teste, voyant que le jour n’était pas venuapperçeut du feu en un tison, achève de s’habiller, prend un morceau de sarment de vigne, lequel ayant allié avec le tison où estait le feu, mit les deux genoux à terre et se prit à souffler ; veit incontinent aux deux côtés de sa face à dextre et à senestre, à la lueur du leu qui sortait par soufflement, des hosties semblables à celles dont on a accoustumé faire la communion aux catholiques en l’église de Dieu ; et au dessous de sa face, au droict de sa bouche, voyait par le costé un rousleau de même grandeur que celluy que lève le prestre à la célébration du service religieux à la messe ; dont il avait fait révélation au dit d’Aubigny (12).
10° —Une nuit, Jacques Clément étant dans son lit, Dieu lui envoya son ange en vision, lequel, avec une grande lumière, se présenta à lui et lui montra un glaive nu en lui disant ces mots : « Frère Jacques, je suis messager du Dieu tout puissant, qui te viens, que par toi le tyran de France doit être mis à mort ; pense donc à toi comme la couronne du martyre t’est aussi préparée ». Cela dit, l’ange disparaît (13).
11°. —Fred. Sraaps, qui voulut tuer Napoléon 1erà Schembrunn écrivait à son père :
« Encore cette nuit, Dieu m’est apparu ; c’était une figure semblable à la lune. Sa voix m’a dit : « Marche en avant, tu réussiras dans ton entreprise, mais tu y périras » (14).
J’al eu l’occasion d’examiner, dans ces dernières années en qualité d’expert, deux dégénérés mystiques de même espèce ; l’un, anarchiste exalté, ayant la haine de la société bourgeoise, et rêvant de mourir martyr de ses idées ; l’autre créateur d’une [p. 266] religion nouvelle, ennemi juré du clergé actuel et menaçant de se dresser en face de Mgr Richard et de sa bande, comme l’abbé Verger et l’abbé Galcote en face de Mgr Sibour et de l’évêque de Madrid, Martinez Izquierdo. Tous deux avaient des hallucinations de la nature que nous indiquons.
12°. —Le premier les décrivait ainsi : « La nuit, au milieu d’un cercle de lumière, un être surnaturel m’est apparu, sous la forme de l’archange Michel, tenant en main une épée flamboyante. —« Je suis, m’a-t-il, dit le Génie de la Révolution ; il faut que tu meures pour tes principes comme Jésus-Christ et Pranzini ». Puis le Génie a disparu, laissant après lui une traînée harmonieuse qui s’est évanouie peu à peu.
13° —Le second, dans un de ses écrits ayant pour titre : « Double mission de l’abbé T… , à Bordeaux, disait :
« Souvent, dans le mois d’avril et de mai, il m’arrivait de consacrer une nuitau Sacré-Cœur, dans son sanctuaire de Montmartre. J’en ai été récompensé par de grandes consolations spirituelles. En effet, plusieurs fois, vers la fin de mon adoration, le divin Sauveur daigna m’apparaître et me montrer son cœur d’où s’échappaient de temps en temps quelques gouttes de sang, Semblable à la bienheureuse MargueriteMarie, j’entendis ces douces paroles : « Voici ce cœur gui a tant aimé les hommes et qui ne reçoit d’eux que de l’ingratitude. Pour toi, mon enfant, va par le monde, établis-toi dans telle ville que tu voudras, particulièrement dans un endroit arriéré où de ridicules préjugés ont remplacé ma religion sainte. Je te confie la missiond’établir une religion libérale. Mais, souviens-toi que celui qui veut accomplir de grandes choses doit avant tout se renoncer à lui-même prendre sa Croix et me suivre sur la route douloureuse du Calvaire ! »
Les divers faits que nous venons de relater et qu’il serait facile de multiplier, sont suffisants pour nous permettre de dégager les principaux caractères des hallucinations qui font l’objet dc cette étude.
Ce qui ressort tout d’abord de leur examen, c’est que, le plus souvent, ces hallucinations ont lieu la nuitet durant le sommeil. D’après Lasègue (15), on le sait, la chronologie complète [p. 267] du sommeil comprend cinq temps : 1° l’appétit du sommeil ; 2° le sommeil commençant qui s’étend généralement de 11 heures à 1 heure ; 3° le sommeil dans son plein qui s’étend de 1 heures à 3 heures du matin ; 4° le sommeil décroissant qui s’étend de 3 heures à 7 heures du matin ; 5° l’appétit du réveil et le réveil. Or, tandis que, d’après le regretté maître,
certains troubles névropathiques seraient liés de préférence à une période déterminée du sommeil, les terreurs nocturnesau croissant, le plus profond, et l’épilepsie nocturneau sommeil décroissant, somnus vigil, les hallucinations que nous étudions, elles, peuvent se produire à une phase et à une heure quelconque de la nuit, parfois même avant le coucher et après le lever, celle que nous avons citée de Ravaillac survenant avant l’aube, au moment où, sa méditation terminée, il soufflait au feu pour l’attiser, est dans ce dernier cas. Elle répond à ce que dit Chaslin des hallucinations hypnogogique du réveil, « sortes d’illusions dans lesquelles les yeux étant ouverts et fixés sur un objet quelconque de la chambre, l’esprit, encore àl moitié somnolent, attribue à cet objet une valeur et une forme qu’il n’a pas » (16). Nous pourrions en citer d’autre tout à fait analogues survenues avant le coucher, au moment, par exemple, comme ajoute Chaslin, où l’on ferme les yeux en lisant un livre le soir et où, immédiatement, apparaît un fantôme imaginaire. Le cas rapporté par Brierre de Boismont de la vision de lord Gardiner, survenue dans ces conditions, est l’un des plus typiques. Nous n’en citerons que ce simple extrait :
14° —Le colonel Gardiner avait passé la soirée en compagnie d’amis fort gais. Il devait se trouver, à minuit précis, à un rendez-vous avec une femme mariée. Pour tuer l’heure qu’il lui restait il attendre, il monta chez lui, prit un livre, et résolut de le lire avec soin. Malgré ce projet, il ne lui prêta que fort peu d’attention. Pendant qu’il tenait ce livre entre ses mains, Dieu lui envoya une vision, qui eut pour lui les conséquences le plus imprévues et les plus heureuses. Il crut voir un rayon extraordinaire de clartétomber sur son livre, ce qu’il attribua [p. 268] d’abord à une disposition de lumière ; mais en levant les yeux il aperçut, à son grand étonnement, Notre-Seigneur Jésus Christ entouré d’une gloire. En même temps, il lui sembla entendre une voix s’exprimer en ces termes : « O pécheur, vois dans quel état m’ont mis tes crimes ! » Cette apparition produisit une si profonde impression sur l’esprit du colonel, qu’il renonça à son genre de vie et devint un homme très religieux (17)
Ce n’est pas cependant exclusivement la nuit que se produisent les hallucinations de ce genre. Elles ont lieu quelquefois aussi le jour. Un malade de Moreau de Tours, qui se disait guidé par les manifestations d’un génie, divisait toutes ces manifestations en plusieurs classes : 1° Les petits songes ; 2° Les grands songes ; 3° Les petites visions ; 4° Les grandes visions ; 5° Les signes de bon et de mauvais augure. Les premières et les secondes se manifestaient la nuit, dans un profond et calme sommeil ; les autres soit dans un demi-sommeil soit dans la veille (18).
Bien flue surtout nocturnes, les visions des mystiques peuvent donc survenir le jour. Mais c’est alors, ainsi que le montrent les faits, dans des conditions particulières telles que l’extrême fatigue, la méditation, les longues prières, la contemplation, l’extase, etc., c’est-à-dire dans des états comparables au rêve. Comme l’a fort bien dit A. Maury : « L’extase constitue un véritable rêve à l’état de veille dans lequel les visions, les hallucinations de l’ouïe, du toucher, de l’odorat et du goût ont identiquement les fausses apparences dont le rêveur est dupe » (19). Plus loin, il ajoute : « Relisez les visions qui sont rapportées par les extatiques vous y trouverez toutes les forme du rêve, du rêve clair et suivi, de celui qui provoque ordinairement le souvenir d’idées ou d’images antérieurement perçue dans la vie » (20). Et ailleurs enfin : « Les apparitions dont il est question d’anachorètes et de mystiques doivent avoir été des hallucinationshypnagogiques ». [p. 269]
L’état de méditation, d’oraison, d’immobilité où tombe la pensée amène une disposition au sommeil et les image en rapport avec les préoccupations antérieures de l’esprit et du corps doivent alors se produire. C’est ainsi que les solitaires chrétiens de l’Egypte tels que saint Paul et saint Antoine voyaient des images fantastiques qu’ils prenaient pour de apparitions démoniaques ; des figures obscènes étaient appelées devant leurs yeux par l’excès même de continence qu’ils s’imposaient. De pareilles illusions tourmentaient les ascètes hindous ; seulement ils attribuaient aux Rakchasas ce que les moines chrétiens mettaient sur le compte de Satan (21).
Ainsi, quels que soient le moment et la condition organique où se manifestent ces hallucinations, c’est toujours dans un état de rêve éveillé ou endormi. C’est pourquoi je les ai appelée hallucinations oniriquesou hallucinations de rêve, pour les distinguer, par leur caractère essentiel, des hallucinations ordinaires Elle font partie, du reste, du groupe des hallucination hypnogogiques qui, suivant la juste expression de Maury forme comme l’embryogénie du rêve (22).
Le second caractère des apparitions mystiques, c’est d’être intermittentes. Contrairement à ce qui se passe, en effet, dans la plupart des vésanies pures, notamment dans la folie systématisée essentielle, où les hallucinations, une fois constituée évoluent d’une façon régulière et continue, ici les visions ne se renouvellent que de temps à autre, à des intervalles de plusieurs jours, de plusieurs semaines, de plusieurs années, lorsque, suivant la propre expression des malades, le Génie inspirateur à quelque chose à leur communiquer. Parfois même, la vision est unique et ne revient plus.
Nous savons déjà que l’hallucination mystique que nous étudions se produit dans le rêve et d’une façon intermittente. Examinons maintenant en quoi elle consiste.
Cette hallucination n’est pas à proprement parler, une hallucination, ou plutôt, c’est un ensemble d’hallucinations, une sorte de scène hallucinatoire suivie, cohérente, complète, à type toujours uniforme, avec de simples différences de complexité suivant les cas. [p. 270]
Le sujet, comme nous l’avons vu, est endormi, à demi-éveillé ou plongé dans la méditation. Une apparition surgit à ses yeux, clos ou non, le plus souvent animée et céleste, mais toujours environnée d’une clarté plus ou moins brillante. Si c’est Dieu, la Vierge ou les Saints, qui se montrent, ils sont auréolés d’un nimbe, ou resplendissants de gloire ; si c’est Satan, il est entouré de flammes ; si c’est un objet inanimé, il est lumineux comme le soleil, la lune ou les étoiles. Quelle qu’elle soit, d’ailleurs, l’image ici n’est autre que le reflet fantastique d’une réalité déjà vue ou conçue, et les personnages surnaturels qui tiennent la scène dans ces mystères, toujours à peu près les mêmes, répondent habituellement au type conventionnel des descriptions ou des images qui les représentent. C’est à ce point que, pour si profane que soit le personnage apparu, comme le Génie de la Révolution de l’anarchiste cité plus haut, il se montre encore sous la forme et avec les attributs mystiques de l’archange Michel, le Mercure par excellence du Dieu des chrétiens. Au reste, les choses réelles interviennent plus activement parfois dans la genèse de ces visions, par exemple dans la méditation et dans l’extase ; ou un objet ambiant, un crucifix, une image sainte, un astre, un flambeau, un vitrail frappé de lumière deviennent, en s’animant aux yeux du sujet, le point de départ de l’illusion et du rêve fantastique qui la suit.
Il est rare que la scène se termine là. Même lorsqu’elle muette, il se manifeste des signes sensibles, mots tracés, gestes, attitudes, changements à vue des éléments de la vision, comme dans les tableaux vivants, traduisant, sous forme d’énigmes plus ou moins claires, la volonté d’en haut. Mais presque toujours une voix s’élève et cette voix, après s’être fait connaître, dicte au malade dans la langue mystique et sybillaire des révélations, ce que le Ciel attend de lui à travers mille obstacles et au péril même de sa vie, soit pour sa conversion, soit pour l’évangélisation des foules, soit pour le bien de la Religion ou de la Patrie : en un mot, elle lui révèle, suivant sa propre et constante expression, la mission à la fois de souffrance et de gloire qu’il a désormais à remplir.
D’habitude, le mystique, humblement muet, recueille avec ferveur ces paroles qui lui serviront désormais de mot d’ordre [p. 271] et de but dans la vie. Parfois cependant, il s’enhardit jusqu’à entrer en conversation avec l’apparition et c’est alors, entre elle et lui, une série de questions et de réponses explicative.
Dans certains cas, surtout chez les hystériques, le rapprochement entre la créature et l’être surnaturel devient plus étroit ; il y a possession avec sensation sexuelle douloureuse s’il s’agit du diable, incarnationavec sensation sexuelle exquise s’il s’agit de Dieu. Enfin, surtout dans l’état extatique, le sujet n’est pas censé rester toujours immobile devant une scène qui se déroule yeux : souvent il croit lui-même se déplacer et être transporté dans les sphères aériennes, où il est admis à voir de près la majesté de Dieu, les puissances du Ciel ou les mort qu’il a connus. C’est, suivant l’expression consacrée, le ravissement de l’extase.
Dès que la voix s’est éteinte et que la communication est terminée, la vision disparaît et, avec elle, la clarté qui l’accompagnait, de sorte qu’il se produit, dans ce petit drame hallucinatoire, exactement ce qui se passe à la scène, où l’on voit certains personnages entrer, se mouvoir, et sortir dans une projection lumineuse éblouissante. La fin de la vision peut d’ailleurs coïncider avec des phénomènes harmonieux d’un timbre céleste, ou, lorsqu’il s’agit de démons, avec des bouffées de fumée et d’odeurs. « Je méditais, dit Berbiguier, sur les faveurs divines ; mon cœur tressaillait vers le ciel, lorsque, tout-à-coup, ma porte s’ouvre sans bruit, puis s’avance à pas tranquilles, mais au regard sombre, un vieillard trompeur et, me serrant la main avec l’émotion d’une amitié tendre, il me dit discrètement : « O mon ami, écoutez la voix de mes cheveux blancs et fiez-vous à l’autorité de mon âge. La leçon du vieillard est un oracle du ciel ! » —« S’il est vrai que vous soyez un ministre de paix, lui répondis-je, levez les yeux et osez fixer ce signe ». A ce spectacle, le faux Michel pâlit, s’enfuit et échappe à mes regards et une fumée fétide décela sa nature et confirma mon opinion » (23).
Ainsi les diverses hallucinations de la vue, de l’ouïe, du toucher du goût et de l’odorat sont susceptibles de survenir et de [p. 272] se succéder dans la vision mystique dans l’ordre même où, suivant Maury, on les observe dans le rêve (24)
Cette participation possible de tous les sens indique assez que les hallucinations que nous étudions sont des hallucinations psycho-sensorielles et non de pures représentations mentales. Cela ressort, du reste, comme nous l’avons vu, de l’action que peuvent exercer, sur la nature et le cours de la scène hallucinatoire, les objets ambiants qui se mêlent souvent, dans cette scène aux objets imaginaires, sans en être distingués. Cela ressort également de ce fait que les hallucinations oniriques, comme les songes avec lesquels elle ont tant d’analogie, peuvent persister et même se renforcer au réveil. Un halluciné, coupable d’un triple meurtre commis sous l’influence de fausses sensations, répondait au président de la cour d’assises qui l’interrogeait sur ce sujet : « Est-il vrai que vous avez des visions ? » —« Oui, Monsieur, mais cela ne m’arrive que quand je dors, comme à tout le monde je crois. Les anges viennent me parler et me disent ce que j’ai fait et ce que je dois faire. Quand je m’éveille, je crois les voir encore » (25).
On trouve beaucoup d’exemples analogues dans l’histoire de la vie de certains religieux. Je citerai seulement le suivant : « La compagne inséparable de sainte Thérèse, la sœur Anne de Saint-Barthélemy, aperçut, une nuit, en songe, la Vierge tenant l’Enfant Jésus entre ses bras.
La mère et le fils s’approchèrent doucement d’elle en lui souriant. Marie s’assit sur son lit, du côté où elle était couchée. Mais la sœur Anne s’étant réveillée, la vision persista avec la même clarté que durant son sommeilet, après lui avoir dit : « N’aie point de souci, je te ferai religieuse et tu porteras mon habit », la Sainte Vierge disparut aussitôt en laissant la chambre dans la plus complète obscurité » (26).
Il est plus fréquent cependant de voir l’hallucination onirique cesser au réveil. Parfois même, la simple ouverture des yeux , quand ils sont clos, suffit à la dissiper et on peut voir des sujets qui passent ainsi brusquement et alternativement du rêve [p. 273] halluciné à la réalité et de la réalité au rêve halluciné suivant qu’ils ouvrent ou referment les yeux.
Au reste, les malades sont les premiers à faire la distinction entre leurs hallucinations oniriques, qui sont psycho sensorielles et les hallucinations psycho-motrices dont ils peuvent en même temps être atteints. Une malade, citée dans la thèse de M. Dupain, est dans ce cas. « A la fin d’une neuvaine, un jour, à une heure 5 minutes pendant qu’elle balayait la salle à manger, elle entend une voix qui lui dit : « Sauvez l’Église, sauvez la France et pardonnez à tous les hommes qui font tant de mal ! » Elle a bien entendu, dit-elle, cette voix par ses oreilles ; elle résonnait dans sa poitrine et elle n’a fait que la répéter, D’autres fois ce sont des voix intérieures, des inspirations(27) ». Le malade de M. Magnan, en résumant les manifestations divines dont il était l’objet, distinguait de même nous l’avons vu : 1° Les visionsdans le sommeil et les parolesqu’il entendalors ; 2° Une voix intérieure. Dans l’observation de Lélut, rapportée plus haut, la distinction est plus nette encore. « Les paroles qui lui éraient prononcée dans l’épigastre, dit l’auteur, étaient bien différentes de celles de ses visions nocturnes. Dans ces dernières, en effet, les paroles éraient exactement semblables à celles qu’on entend par l’oreillece qui n’avait pas lieudans les paroles (épigastriques) des révélations. Les grands mystiques et, en particulier, sainte Thérèse, ont souvent distingué également leurs visions sensorielles de leurs visions mentales (28).
Nous devons signaler encore un caractère propre à ces hallucinations : elles se reproduisent habituellement dans les mêmes conditions et la même forme. Le cas est surtout [p. 274] commun pour celles survenant dans le sommeil qui, chez certains sujets, déroulent chaque fois le même songe hallucinatoire, pour ainsi dire stéréotypé. « II est, du reste, des aliénés qui, comme l’indique M. Chaslin, ont des rêves morbides à répétition fréquente constituant peut-être tout le délire, de même que, quelquefois, le délire alcoolique peut se borner à apparaître pendant le sommeils (29). Identiques souvent chez un même individu, ces hallucinations ont, en outre, chez tous, comme nous l’avons vu, un type uniforme, au point qu’on reste frappé de la similitude absolue de la scène morbide dans tous les cas.
Si les hallucinations oniriques des dégénérés mystiques se ressemblent entre elles ; en revanche elles diffèrent notablement des hallucinations communes des aliénés. Sur ce point il est inutile d’insister après ce que nous en avons dit et ce dont on peut s’étonner, c’est que ces hallucinations observées depuis si longtemps par tant d’auteurs, n’aient pas été mises en relief soit dans les ouvrages relatifs aux folies religieuses et hystériques, soit dans ceux qui ont trait aux hallucinations ou aux rêves, soit enfin dans ceux consacrés aux dégénérescences et aux dégénérés.
Il ne nous paraît pas nécessaire de dire que les hallucinations oniriques ne sont pas spéciales aux dégénérés. On les trouve également dans l’alcoolisme, dans les psychoses infectieuses, dans l’hystérie, d’une façon générale dans tous les délires toxiques. Mais elles s’y trouvent le plus souvent mobiles, fréquentes, variées, évoquant surtout des images d’animaux et des choses de la profession. L’hallucination onirique, telle que nous venons de la décrire, avec son caractère équivoque d’apparition, intermittente, lumineuse, dictant impérativement un ordre en des termes pour ainsi dire clichés, n’appartient guère qu’aux états mystiques. C’est l’hallucination mystique par excellence.
A ce titre, on peut la rencontrer dans toutes les psychopathies auxquelles se mêle le mysticisme, par exemple dans la folie systématisée religieuse et dans le délire hystérique religieux. Toutefois dans la première, elle occupe, pour ainsi dire, [p. 275] l’arrière-plan, dominée qu’elle est par les conceptions délirantes et les hallucinations diurnes habituelles, comme, dans l’hystérie, elle est compliquée des autres accidents mentaux si variés de la névrose. Pour l’observer à l’état d’isolement et de pureté absolus, il faut l’étudier dans la méditation, l’extase, la contemplation, c’est à-dire chez les voyants et les illuminés et chez les dégénérés mystiques, en particulier chez les Régicides, où on la trouve tout à fait en relief et, le plus souvent indépendante de tout autre phénomène hallucinatoire, à l’exception parfois des voix révélatrices intérieures. Ici, elle n’est plus un simple épiphénomène d’un état psychopathique complexe, elle constitue, lorsqu’elle existe, le symptôme saillant et véritablement pathognomonique.
Un fait bien digne de remarque, et c’est par là que je termine, c’est l’influence profonde des visions sur l’esprit de la plupart des mystiques. Certes, beaucoup d’aliénés hallucinés se laissent diriger par leurs fausses sensations, bien qu’il y en ait, parmi les persécutés notamment, qui essaient de résister à leur influence ; mais l’empire qu’elles exercent sur les malades n’est en rien comparable à celui des visions sur le mystiques. Ceux-ci puisent dans cette source d’inspiration une foi, une ardeur, une décision incroyables et vraiment surhumaines, si bien que soutenus uniquement par l’idée de leur mission providentielle, et pour si débiles qu’ils soient, ils sont capables, faisant bon marché de leur vie, de poursuivre et d’accomplir, bonnes ou mauvaise, de grandes actions. Et l’on s’explique ainsi que des apparitions mystiques aient tant de fois bouleversé en sens contraire l’humanité et que, suivant les âges, les circonstance et les sujets, elles aient pu contribuer, tantôt à la fondation d’un système, d’une dévotion ou d’un ordre religieux, tantôt à la découverte d’un problème scientifique ou à la création d’une œuvre d’art, tantôt à la délivrance de la Patrie, tantôt enfin à l’assassinat d’un grand personnage ou d’un chef d’Etat.
Discussion
M. GARNIER demande si le jeune anarchiste ne simulait pas ses hallucinations.
M.RÉGlS. —M. Garnier se demande si le jeune anarchiste mystique dont j’ai parlé ne simulait pas ses hallucinations. La [p. 276] non-simulation me paraît évidente, étant donnés l’ensemble des phénomènes pathologiques observés chez lui, qui en faisaient un véritable aliéné dégénéré, et le caractère particulier de ses hallucinations. De même, en effet, qu’on ne peut considérer comme simulé un symptôme hystérique qui réalise spontanément une localisation anatomique ou physiologique inconnue à la m malade, de même, ici, on ne peut admettre que le jeune homme ait pu simuler des hallucinations peu ordinaires, correspondant exactement à ce qu’elles devaient être chez un mystique comme lui, c’est-à-dire exclusivement nocturnes, intermittentes à forme de visions surnaturelles, lumineuses, avec révélationset mot d’ordre impératif. Cela est d’autant plus impossible en l’espèce que, pour simuler de telles hallucination, le malade eût dû savoir ou plutôt deviner ce que nous ne savions pas complètement nous-mêmes, puisque c’est précisément pour fixer les traits des hallucinations spéciales existant chez lui et ses congénères, que j’ai fait ma communication.
Notes
(1) J. Falret. — De la Folie raisonnante ou folie morale. Annales médico psychol., 1886.
(2) E. Régis. — Les Régicides dans l’histoire et dans le présent, Archive de l’Anthropologie criminelle, 1890. 1vol. chez Storck et Masson, 1890. Manuel pratique de Méd. mentale, 10 édition 1892.
(3) Extraits, Lélut. —Observations sur la folie sensoriale, p. 184. —Du Démon de Socrate, 1 vol. in-8°, 1834.
(4) Extraits, Dupain : Etude clinique sur le délire religieux (Th. de Paris, 1888, p. 124).
(5) Extraits Magnan. —Les Délires des dégénérés. Bulletin médical, 24 juin 1894.
(6) Extraits Dupain : Loc. cit. p., 78.
(7) Extraits H. Colin. —Essai sur l’état mental des hystériques. Th. 1893. Obs. XXXII. p. 147.
(8) Christian. —Art. Hallucination du Diction. encyclop. des sciences médicales, pag. 95.
(9) Extraits Dupain : Loc. cit. p. 64.
(10) Extraits Krafft Ebing. —Lehrbuch der Psychiatrie, T. III, 1880, observation LVIII, p. 89.
(11) E. Régis : Loc, cit.
(12) Procès de Ravaillac. —Archives historiques de l’histoire de France, T. XV.
(13) Palma Cayet etJournal de Henri III, par Pierre de l’Estoile.
(14) Desmarets. —Témoignages historiques, ou quinze ans de haute police sous ce nom. Paris, 1833.
(15) Lasègue. — Le sommeil. Etudes médicales, Paris, 1884, p. 434-435.
(16) Ph. Chaslin. —Du Rôle du rêve dans l’évolution du délire. Th. paris 1887. p. 87. [en ligne sur notre site]
(17) Brierre de Boismont. —Des Hallucinations, etc. Paris 1845, p. 336.
(18) Moreau de Tours. —Le Haschich et de l’Aliénation, Paris, 1845, p. 173.
(19) A. Maury. —Le Sommeil et les Rêves, Paris 1845, p. 237.
(20) A. Maury. Ibid., p. 248.
(21) A. Maury. Ibid., p. 52.
(22) A. Maury. Ibid., p. 77.
(23) Berbigurer. —Des Farfadets, ou tous les démons ne sont pas de l’autre monde, Avignon 1825.
(24 A. Maury. Loc, cit. p. 52.
(25) Annales d’hygiène et de médecine légale, janvier 1838, p. 218.
(26) Vie de la sœur Anne de Saint-Barthélémy, traduite de l’espagnol, par René Gauthier, conseiller d’État. Paris 1633, p. 9.
(27) Dupain : Loc, cit. p. 102.
(28) Ceux qui sont plus intelligents que moy disent que l’autre vision dont j’ai ci-devant parlé est plus parfaite que celle-cy et beaucoup plus que toutes celles qui ne se voyent que par les yeux corporels, qui sont à ce qu’ils croyent les moindres de toutes et les plus susceptibles des illusions du diable. J’avais peine néanmoins alors d’en être persuadée et aurais désiré au contraire à voir avec les yeux du corpsce que je ne voyais qu’avec les yeux de l’âme, afin que mon confesseur ne pût pu me dire que ce n’était qu’une imagination.Vie de sainte Thérèse, écrite par elle-même ; traduct. Arnauld d’Andilly, in-4°, 2e édition, chap. XXVIII, p. 166-167.
(29) Ph. Chaslin : Loc, cit. p. 35.
Lorsque l’onirisme est associe a une confusion mentale, c’est le syndrome confuso-onirique, qui represente pres de la moitie des cas de syndromes confusionnels