Jules Séglas et Brouardel. Persécutés auto-accusateurs et persécutés possédés. Extrait des « Archives de Neurologie », (Paris), volume XXVI, 1893, pp. 433-447.
Et compte-rendu de cet article par les auteurs eux-même : Extrait du Congrès de Médecine Mentale. Quatrième session, tenue à La Rochelle du 1er août au 6 août 1893. Comptes-rendus. (La Rochelle), 1894, pp. 548-549.
Ici apparait pour la première fois l’association de dédoublement de la personnalité et de la possession dans une présentation de malade qui n’est pas à proprement parlé, démoniaque, mais possédée par un mauvais esprit. L’esprit reste le même.
Louis Jules-Ernest Séglas (1856-1939). Médecin psychiatre à l’origine de nombreux travaux et auteur lui-même il fut à l’origine du concept du « délire des négation ». Il étudia plus particulièrement la nosographie des délires, comme celui de persécution, mais aussi des hallucinations et plus généralement des psychoses.
Quelques publications :
— (avec Logre). Délire imaginatif de grandeur avec appoint interprétatif. Paris, « L’Encéphale », (Paris), I, 1911, p 6.
— Des troubles du langage chez les aliénés. Paris, J. Rueff et Cie, 1892. 1 vol. in-8°.
— (avec Bonnus). Hystérie. — Hystérie. — Confusion mentale et amnésie continu. — Anesthésie généralisée. — Expérience de Strümpell. Extrait « Des procès-verbaux, mémoires et discussions du Congrès des Médecins Aliénistes et Neurologistes de France et des Pays de langue française, Cinquième session, Clermont-Ferrand du 6 août au 11 août 1894 »n (Paris), G. Masson, 1895, pp. 77-90. [en ligne sur notre site]
— Le délire des négations. Séméiologie et diagnostic. Paris, G. Masson et Gauthier-Villard et fils, 1896. 1 vol. in-8°.
— Leçons cliniques sur les maladies mentales et nerveuses (Salpêtrière 1887-1894). Recueillies et publiées par le Dr. Henry Meige. Paris, Asselin et Houzeau, 1895. 1 vol. in-8°.
— Note sur un cas de mélancolie anxieuse. Archives de Neurologie, n°22, 1884. Paris, Aux bureaux du Progrès médical et V.-A. Delahaye et Lecrosnier, 1884. 1 vol. in-8°.
— Les hallucinations et le dédoublement de la personnalité dans la folie systématique. Les persécutés possédés et la variété psycho-motrice du délire des persécutions systématiques. Extrait des «Annales médico-psychologiques », (Paris), septième série, tome vingtième, cinquante-deuxième année, 1894, II, pp. 6-44. [en ligne sur notre site]
— Sur les phénomènes dits hallucinations psychiques. Extrait des « Annales des sciences psychiques », (Paris), onzième année, 1901, pp 270-277. [en ligne sur notre site]
— Note sur l’évolution des obsessions et leur passage au délire. Extrait des « Archives de neurologie », (Paris), deuxième série, tome XV, 1908, pp. 33-47.
— Notes sur l’évolution des hallucinations. Journal de Psychologie, 10 eme anée, n°3, 1913. Paris, Félix Alcan, 1913. 1 vol. in-8°.
— Une amoureuse des prêtres. Article paru dans le « Journal de psychologie normale et pathologiques », (Paris), XIXe année, 1922, pp. 720-732. [en ligne sur notre site]
— Pathogénie et physiologie pathologique de l’hallucination de l’ouïe. Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des Pays de langue française, septembre. Session de Nancy 1896-Nancy, Imprimerie A. Crépin-Leblond, 1896. 1 vol. in-8°.
Paul Camille Hippolyte Brouardel (1837-1906). Médecin, spécialiste de médecine légale et de santé publique.. Il a été Doyen de la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie de Médecine de Pars, membre de l’Académie des sciences. Parmi ses très nombreuses publication nous avons retenu :
— Accusation de viol accompli pendant le sommeil hypnotique. Extrait des « Annales d’hygiène publique et de médecine légale », (Paris), 1879, I, pp. 39-57. [en ligne sur notre site]
— Des Causes d’erreur dans les expertises relatives aux attentats à la pudeur, mémoire la à la Société de médecine légale. Paris,J.-B. Baissière et fils (Paris), 1895,
— L’infanticide. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1897,
— La pendaison, la strangulation, la suffocation, la submersion, Paris, Librairie J.B. Baillière et fils, 1897
— La responsabilité médicale : secret médical, déclarations de naissance, inhumations, expertises médico-légales. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1898,
Les [p.] renvoient aux numéros de la pagination originale de l’article. – Par commodité nous avons renvoyé les notes originales de bas de page en fin d’article. – Les images ont été rajoutées par nos soins. – Nouvelle transcription de l’article original établie sur un exemplaire de collection personnelle sous © histoiredelafolie.fr
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PERSÉCUTÉS AUTO -ACCUSATEURS ET PERSÉCUTÉS POSSÉDÉS (1).
Par MM. J. SÉGLAS, médecin de la Salpêtrière et
G. BROUARDEL, interne des hôpitaux.
Messieurs,
Nous n’avons pas la prétention, dans cette brève communication, de vous présenter un mémoire détaillé sur les variétés cliniques du délire des persécutions. Notre but est plus modeste ; nous nous contenterons de vous apporter quelques observations recueillies à la Salpêtrière, dans le service de M. J. Falret, et qui nous ont semblé offrir quelques particularités dignes d’intérêt.
l
C’est un fait clinique aujourd’hui bien connu que le délire des persécutions typique repose toujours sur un fonds d’orgueil. Le persécuté vrai, même lorsqu’il ne formule pas nettement d’idées orgueilleuses, est toujours disposé à voir dans les misères qu’on lui fait une preuve de la jalousie, de l’envie que lui portent ses ennemis. Aussi se pose-t-il toujours en victime injustement attaquée, et pouvant de ce fait se révolter contre l’injustice des persécutions qu’il endure et devenir agressif.
A ce persécuté classique on peut opposer le mélancolique à [p. 433] idées de persécution. Les idées de persécution participent alors des caractères généraux du délire mélancolique dont le fonds est l’humilité. L’auto-accusation habituelle au mélancolique se retrouve chez lui, même lorsqu’il émet ses idées de persécution, et pour lui, les poursuites dont il se croit l’objet trouvent leur raison d’être dans son indignité ; il les regarde en quelque sorte comme méritées. C’est toujours une victime, non plus innocente comme le persécuté vrai, mais coupable et le plus souvent résignée. — Dans de précédents travaux l’un de nous, à différentes reprises, a insisté sur ces caractères des idées de persécution du mélancolique, opposées à celles des persécutés vrais (2).
Entre ces deux types de délirants se place un groupe de malades, constituant en quelque sorte comme une transition entre les deux extrêmes. Par l’ensemble symptomatique, par l’évolution de leur affection, ces malades sont bien nettement atteints de délire des persécutions ; mais leurs idées de persécution présentent ce fait particulier de ressembler à celles du mélancolique. Ils rapportent les persécutions qu’ils subissent à leur propre indignité, sont victimes aussi, mais coupables en même temps. Tout en accusant les autres, ils s’accusent eux-mêmes. Au dernier congrès de Blois, puis dans un article postérieur, M. Ballet a rapporté plusieurs faits de ce genre (3) ; en voici un nouveau que nous avons pu observer.
Mme veuve L.. , âgée de quarante-trois ans, entrée le 8 juin 1893 à la Salpêtrière. D’après les renseignements qu’elle seule peul nous fournir, car elle n’est pas visitée, son père avait des tendances à boire ; sa mère, marchande aux halles, buvait un peu également. Pour elle, elle dit n’avoir jamais été malade el semble n’avoir présenté jamais aucun désordre psychique.
Au dire de la malade, l’état dans lequel elle se trouve aurait commencé il y a vingt et un mois. A ce moment elle avait perdu depuis quelque temps un mari qui buvait et la rendait malheureuse ; elle prit un amant qu’elle ne vit que deux fois. Pour elle c’est là le point de départ des maux dont elle souffre. C’est cet amant qui, aidé de sa sœur, l’a fait tomber dans un guet-apens pour pouvoir l’en punir ensuite. Après la première entrevue avec [p. 435] son amant, elle eut un gros chagrin de ce qu’elle venait de faire ; elle eut des crises de larmes et de désespoir, mais au bout de quelques jours elle retournait auprès de cet amant. — « Je vois bien maintenant, dit-elle, que c’était lui au fond qui m’obligeait à retourner avec lui, sans que je m’en doute. »
Mais à partir de cette seconde entrevue qui lui cause encore un grand désespoir, elle est prise de ce qu’elle appelle aujourd’hui « les stérilisations dans la tête ». Ces stérilisations sont le résultat des « bêtises qu’elle a faites » et d’où dérivent toutes les douleurs qu’elle ressent.
Aussi, la première fois que la malade entre à la consultation, elle se plaint vivement de ces douleurs résultant des persécutions que lui infligent les habitants de son quartier qui la croient de la police. Interrogée sur l’origine de ces persécutions, elle répond sans hésitation : « C’est pour expier mes fautes ». Elle prie instantanément qu’on la reçoive à l’hôpital et déclare que si les douleurs qu’elle ressent ne cessent pas elle est décidée li se tuer.
Examinée quelques jours après son entrée, ce qui frappe le plus d’abord en la malade, ce sont les hallucinations qu’elle présente.
Les hallucinations auditives sont les plus accusées. La malade dit avoir entendu nettement, lorsqu’elle se promenait, les personnes qui passaient à côté d’elle dans la rue, dire : « Si nous savions comment tout cela a commencé, nous vous ferions votre affaire. Elle est de la police ; elle est dangereuse, elle peul donner le choléra ; elle est suppliciée et peut donner des supplices aux autres. » Toutes ces paroles ne lui étaient pas adressées directement. Les personnes passaient à côté d’elle et disaient tout cela sans avoir l’air de s’adresser à elle, mais elle comprenait bien néanmoins.
Elle entendait aussi des voix nuit et jour n’importe où elle se trouvait. Ces voix semblaient provenir de loin, quelquefois de près, mais rarement.
De temps en temps la malade se met à rire d’une façon en quelque sorte impulsive. Elle prétend à ce propos que si elle rit, c’est qu’on lui dit des bêtises telles que : « Vieille salope ; vieille cochonne. » Ce qui n’est plus une injure à cause du ton sur lequel cela est dit.
En outre, elle présente aussi des impulsions el des hallucinations verbales motrices. Elle raconte qu’on lui parlait souvent en elle-même : « On me faisait chanter dans les commencements et je ne m’en apercevais même pas ; c’est une ouvrière qui me l’a dit. A ce moment la malade rit de nouveau et dit : « Oh ! je vois bien que vous êtes électrisé aussi. Vous entrez en communication avec moi ; vous venez de me dire un gros mot. » Un peu plus tard elle reprend : Pourquoi voulez-vous m’arracher l’œil ?
— Mais, je n’ai rien dit de semblable.
— Si, si ! j’ai bien entendu. [p. 436]
— Ces phrases que vous m’attribuez, les avez-vous entendues par l’oreille ?
— Non ! vous êtes en communication avec moi ; je les ai entendues en moi-même. »
La malade éprouve encore d’autres troubles inverses, sorte de phénomènes d’arrêt. « On la courbature ; on l’empêche de marcher. Une fois, devant la mairie du XIe arrondissement, dit-elle, j’ai éprouvé dans le pied une vive douleur ; je ne pouvais plus lever la jambe. On m’empêche parfois de manger ; je ressens une vive douleur dans la mâchoire et suis forcée de m’arrêter. On me donne quelquefois des battements de cœur. » Elle regarde cela comme le fait de l’électricité. Elle accuse aussi des hallucinations génitales, nocturnes ou diurnes qu’elle attribue encore à ses persécuteurs ou plutôt à ses justiciers, comme nous le verrons tout à l’heure : « On me fait subir ces viols de force, nous dit-elle. Cela fait donc aussi partie de la torture ? — C’est probable. »
La malade a eu aussi des hallucinations visuelles, mais elle s’en rend compte et les explique. Elle voit les personnes qui la poursuivent et sont en communication avec elle, mais seulement quand ces personnes le veulent. Elle les voit très nettement, mais sait qu’elles ne sont pas là. Elle ajoute en souriant : « Elles sont généralement dans une tenue très inconvenante. »
Si l’on vient à lui demander quelle est la raison de cette stérilisation dans la tête, qui, d’après elle, est l’origine de tous ses maux, elle fait d’abord les réponses des persécutés ordinaires : « Vous le savez bien. Pourquoi me le demandez-vous ? Tout le monde le sait : on sait tout ce que je fais. » Mais bientôt, après des interrogatoires réitérés, elle nous dit : « Tout ça, c’est à cause des bêtises que j’ai faites, à cause de mon amant. »
Elle n’emploie pas dans la conversation les mots de persécution, de misères, etc. : elle n’en veut pas à ceux qui lui font du mal, qui ont inventé la machine à stériliser sa tête. Ces personnes sont son amant et sa sœur, mais ils ne font cela que pour la punir. Elle emploie toujours pour désigner ses souffrances les mots torture, pénitence. « Ce sont des choses de pénitence ; c’est une torture, dit-elle. »
D’ailleurs, elle croit ne pas être la seule à souffrir. Celles qui ont fait comme elle seront punies aussi. « Tant pis, dit-elle, pour celles qui s’y laissent prendre, et elle ajoute : « Je les plains. » Elle ne croit pas que ses souffrances soient une punition pour elle seule : « On m’a prise comme échantillon pour montrer aux autres personnes coupables quelle était la pénitence à leur infliger. Je ressens la troisième condamnation, celle qui est destinée à savoir si les gens sont coupables ou non.»
Alors tout ce que vous ressentez n’est pas injuste ? lui demandons-nous. [p. 437]
— Non, répond-elle ce n’est pas injuste pour les coupables.
Telles sont les idées qui dominent la scène psychique et qui ressortent surtout de l’interrogatoire. Elle souffre beaucoup, mais c’est une punition et elle l’a méritée ; bien plus, elle doit servir d’exemple à toutes celles qui commettront des fautes comme elle. Elle est persécutée, mais elle n’a pas grande animosité contre ceux qui la fuient ou cherchent à lui nuire. On la fuit parce qu’elle subit la troisième condamnation que tout le monde doit craindre, condamnation que lui ont value ses fautes et qui doit servir d’exemple à tous.
La malade ne présente pas de vices de conformation physique à part une légère asymétrie faciale. Les diverses mensurations crâniennes que nous avons pratiquées sur elle nous ont donné les résultats suivants :
Diamètre antéro-postérieur maximum 17,3
Diamètre transverse maximum 15
Circonférence horizontale 54
Demi-circonférence antérieure 27
Courbe antéro-postérieure 32
Courbe transverse 30
II s’agit incontestablement ici d’un délire des persécutions ainsi qu’on le voit par l’évolution de la maladie qui s’est développée primitivement sans les troubles émotionnels et volontaires préalables qui figurent à l’origine de la mélancolie. Pris dans leur ensemble, les caractères de l’affection de notre malade sont bien ceux du délire de persécution, et les différents symptômes sont ceux que l’on rencontre au cours de celte vésanie (hallucinations, troubles de la sensibilité générale, néologismes, etc.). Ce qu’il y a de particulier chez cette persécutée, c’est d’abord l’explication qu’elle donne de ses souffrances et qui rapproche ses idées de persécution de celles des mélancoliques. Elle s’accuse elle-même ; si elle est persécutée, c’est qu’elle est coupable : elle répète les mots de pénitence, de supplice, torture, condamnation, même lorsqu’elle n’avoue pas la faute primitive qu’elle a commise. Or, si ces expressions sont familières aux mélancoliques, elles sont bien rares chez les persécutés vrais.
Ce caractère particulier se retrouve non seulement dans les expressions qu’emploie la malade, mais aussi dans ses hallucinations, Ses voix ne font pas que l’accuser ; on y retrouve encore le caractère divergent des hallucinations des mélancoliques. On l’accuse, en effet, d’être un être nuisible, capable de donner le choléra aux autres.
Il est encore un point à signaler, cette malade n’est point agressive, réclamante comme les persécutés ordinaires ; elle ne cherche point à lutter contre ceux qui la persécutent ; loin de tenter un acte violent contre autrui, comme c’est un fait habituel chez le persécuté, elle a manifesté, au contraire, des idées de suicide. [p. 438]
Ces caractères sont reliés à une origine génitale comme point de départ du délire ; c’est en effet la faute qu’elle a commise en prenant un amant qui est le point de départ de tous ses maux. C’est là un fait qui mérite d’être relevé, car M. G. Ballet l’a signalé dans toutes ses observations.
Cette observation comparée à celles de M. Ballet nous montre donc que chez certains malades vraiment atteints du délire des persécutions, les idées peuvent revêtir l’aspect qu’elles ont chez les mélancoliques. Il semble que ces malades constituent en quelque sorte un groupe mixte, tenant du délire des persécutions par le fond, de la mélancolie par les idées délirantes, et servant de transition à ces deux modalités entre lesquelles ils sont comme un trait d’union.
II
Mais, Messieurs, s’il est des persécutés qui se font remarquer par la nature spéciale de leurs idées de persécution faisant d’eux en même temps des auto-accusateurs, il en est d’autres qui diffèrent aussi par plusieurs points des persécutés ordinaires, ce sont les persécutés possédés.
« Les symptômes les plus saillants de la maladie, disait l’un de nous (4) à la Société médico-psychologique, sont alors les hallucinations verbales motrices qui dirigent absolument la scène pathologique. Il peut y avoir aussi des hallucinations verbales auditives, mais plus effacées, parfois même elles manquent complètement, On peut rencontrer aussi des hallucinations visuelles, simples et même verbales. En revanche, à côté des hallucinations verbales motrices prédominantes, se manifestent des hallucinations motrices communes, également très accentuées, telles que sensations de déplacement d’une partie du corps ou du corps tout entier, de mouvements imaginaires dans certaines parties du corps, et même des impulsions diverses, verbales ou portant seulement sur des mouvements que le malade accomplit malgré lui. On peut noter aussi des phénomènes inverses d’inhibition (obstacles à l’accomplissement de certains actes volontaires), des troubles de la sensibilité profonde (sensations de pesanteur, de légèreté, de vide, de rapetissement], des troubles de la sensibilité viscérale, des hallucinations génitales. Ce sont souvent ces différents [p. 439] symptômes qui marquent le début de la maladie, les hallucinations verbales ne se montrant qu’un peu plus tard.
Le fait capital est alors la prédominance excessive des troubles psycho-moteurs avec les altérations de la personnalité qui en résultent et que le malade traduit au dehors par des idées de possession.
Tels sont, dans le fait suivant, les symptômes que nous voyons se placer au premier plan à une certaine époque de la maladie, qui, au début, se présentait sous l’aspect le plus ordinaire du délire des persécutions.
Mme P…, née L…, âgée de trente-six ans, entrée le 10 juillet 1893 à la Salpêtrière, ne présente rien de particulier, au moins d’après ce qu’elle raconte, dans ses antécédents héréditaires ou personnels.
Le début des accidents actuels remonte à sept ans environ. La malade qui travaillait à la manufacture des tabacs, va, un dimanche au malin, chercher du café chez un épicier qui auparavant faisait déjà, dit-elle, le geste de l’appeler. Il l’aurait alors tirée par une porte ; elle lui aurait répondu par un coup de coude et serait partie, l’entendant dire : « Tu te rappelleras avoir refusé, tu mourras à petit feu. » Elle rentre ensuite chez elle très impressionnée, porte la main à sa tête pour se peigner et se sent alors comme électrisée. Elle fait son café qui lui laisse dans la bouche un goût de soufre, comme s’il était empoisonné ; elle ressent une soif inextinguible.
En même temps, elle a commencé à entendre parler de loin, sous le lit, dans la cheminée. Elle distinguait deux voix, une d’homme, une de femme. Ces voix parlaient haut et cela « lui passait à l’oreille ». Elles lui disaient des gros mots, des injures, des méchancetés pour la faire rougir devant le monde.
Elle a eu aussi des hallucinations de la vue : elle voyait des flammes de feu et mettait le pied dessus pour voir si c’était vrai. Ils lui ont fait voir un homme nu avec une chandelle à la main, qui lui disait : « Tu as vu le devin, tu n’as pas fini. » Elle s’enfuit, revient et le voit de nouveau. En se peignant, elle se voyait à elle-même des yeux gros comme le poing et rouges comme du sang. Elle voyait souvent aussi plusieurs personnes au lieu d’une ; elle voyait des bêtes dans son assiette, et tout en se rendant compte que cela n’était pas vrai, « qu’ils lui faisaient voir dans les yeux » elle ne pouvait arriver à manger.
D’autre part, lorsqu’elle mangeait, elle ressentait de mauvais goûts dans la bouche et on lui disait : « mange du caca, charogne ! »
Au début, elle ne comprenait rien à tout cela ; ce sont les voix [p. 440] qui lui ont donné la raison de ces misères, en lui disant : « Tu as refusé, tu t’en repentiras. »
Dès ce moment, elle a présenté quelques-uns des symptômes qui se sont développés plus tard : on l’anéantissait ; on lui arrêtait ses pensées et on lui coupait ses phrases. On l’empêchait de faire certains actes, mais elle s’entêtait et arrivait encore à se dominer.
Elle regardait les hommes sans pouvoir s’en empêcher, et une voix les lui proposait, lui fixant même un lieu de rendez-vous. Mais elle se serait tuée plutôt que d’y aller, craignant d’être anéantie et de ne pouvoir en sortir. Elle avait aussi des hallucinations génitales et ressentait fréquemment des secousses électriques.
La nuit, elle ne dormait pas, son lit la brûlait, tournait, dansait ; elle entendait toute sorte de bruits ; elle ressentait des tremblements, ses mains se contractaient ; on lui ouvrait la gorge, on lui tirait la langue.
Cela a duré ainsi environ cinq ans. Jusque-là, elle a pu combattre ; malgré tout ce que faisaient ses ennemis qui allaient jusqu’à lui contracter bras et jambes pour l’immobiliser, elle pouvait encore prendre le dessus : elle répondait à ses ennemis et les faisait faire. Maintenant, elle ne peut plus rien faire, n’ayant plus de volonté.
C’est que depuis deux ans sont apparus de nouveaux symptômes qui se sont accentués surtout depuis six mois et qui lui ôtent toute énergie personnelle, tout pouvoir de réaction.
Les voix qu’elle perçoit ont changé de nature. Elle ne les entend plus du tout par l’oreille, sauf un léger bourdonnement plus fort quand c’est l’homme qui parle, mais ce n’est pas une voix formulée. Elle perçoit la voix par la bouche et il y a des moments où cela lui fait marcher la langue. « C’est comme cela, dit-elle, qu’ils communiquent avec elle », car elle ne prononce rien, n’entend pas de parole en même temps. Elle a essayé d’arrêter sa langue avec ses dents, mais quelque chose la lui tire et cela recommence. De même elle serre son corset, pour arrêter la voix venant de l’estomac, qui alors lui dit : « Oh ! tu me serres, suis-je assez lasse ! » D’autres fois elle se pend par les bras et cela fait cesser la voix pendant quelques minutes. Tout le temps qu’elle parle elle-même, la voix la laisse tranquille ; après, elle recommence de suite. Cette voix s’accompagne souvent de sensations de piqûres, d’engourdissement dans une partie quelconque du corps.
En plus de ces hallucinations verbales motrices, la malade a également des impulsions nombreuses. Parfois, elle parle tout haut malgré elle : une volonté plus forte que la sienne la pousse à faire des choses qu’elle ne veut pas faire, à sortir, à courir, à marcher sans cesse, à boire et à manger sans raison. Il lui vient de mauvaises pensées ; on lui relire sa volonté de faire le bien et [p. 441] on la pousse à Caire le mal. « Va là, fais cela, » lui dit la voix, el alors elle se sent poussée à obéir, comme si elle était électrisée. Elle a beau lutter, cela ne sert qu’à la faire souffrir ; elle se sent attirée comme si elle se sauvait de dessus sa chaise, et elle irait alors n’importe où. Elle est trop faible pour lutter ; elle est dominée et n’a plus ses facultés.
A côté de ces impulsions se trouvent inversement des phénomènes d’arrêt. Quand cette électricité cesse, elle a comme un poids qui l’anéantit. On l’empêche de faire ce qu’elle veut, on lui retient la main dans son travail ; on lui retire sa pensée ; si elle a une idée, celle idée s’en va et elle reste comme abrutie. Elle craint de parler parce qu’elle ne sait plus ce qu’elle dit. Elle se sent des poids dans le dos, des tiraillements dans les pieds. La femme lui dit qu’elle est magnétisée, qu’elle a sa pensée et qu’elle lui fera faire tout ce qu’elle voudra, même tuer quelqu’un. « Malheur ! répond-elle, je préférerais me faire enfermée Et c’est en effet ce qu’elle a fait, car elle est venue elle-même demander son internement. Pour une persécutée ce fait vaut, il nous semble, la peine d’être signalé.
Notons encore des hallucinations génitales et des impulsions à regarder les hommes.
Toutes ces souffrances sont le résultat du magnétisme par l’électricité qui fait de la malade « une possédée du mauvais esprit ». L’explication qu’elle en donne ne laisse pas d’être assez particulière. Elle pense, d’après les dires de ses hallucinations, que l’épicier qu’elle accuse de lui avoir fait des propositions, a soudoyé, moyennant une somme de 800 francs, un homme et une femme pour la punir de sa résistance. Elle n’a jamais vu ces personnes, mais elles sont entrées en communication avec elle par le moyen suivant. Le jour où, au début de toute l’affaire, elle était allée acheter sou café chez l’épicier, elle lui avait donné une pièce d’un franc. Elle se rappelle qu’il est sorti à ce moment et que ce n’est qu’un instant après qu’il lui a rendu sa monnaie. « Sans doute, dit-elle, il avait emporté ma pièce d’un franc pour la donner à ses agents, afin que, possesseurs d’un objet qui m’avait appartenu, ils pussent agir sur moi. » La monnaie que l’épicier lui a rendue était évidemment électrisée. En effet, en rentrant chez elle, elle la dépose sur sa commode et veut se peigner, mais en portant à sa tête la main qui avait tenu la monnaie, elle ressent comme une grande secousse ; Ia communication était établie.
Pour lui faire ressentir tout ce qu’elle éprouve, l’homme se sert de la femme comme d’un sujet qu’il fait souffrir pour que la malade ressente par contre-coup les mêmes souffrances. « Car, dit elle, nous sommes deux en une. » Cette femme le lui a expliqué d’ailleurs : « Quand tu es inerte, je suis inerte comme toi ; quand tu vois des flammes de feu, c’est qu’ou allume des allumettes [p. 442] devant mes yeux ; si l’on me tue, tu mourras, Moi et toi, cela ne fait qu’une ; quand on me touche, cela le touche. » Parfois la femme dit : « Je suis lasse », et alors la malade est toute fatiguée. « Cela lui fait pareil, » et ajoute-t-elle : « C’est absolument comme si c’était moi qui l’avais dit. » Pour ses hallucinations génitales n’est également par l’intermédiaire de cette femme qu’elle les ressent ; elle se touche et en même temps la malade éprouve des sensations voluptueuses.
Bien que cette femme soit une misérable de consentir ainsi à souffrir pour lui faire éprouver les mêmes souffrances, notre malade ne lui en veut pas trop, Elle ne la connaît pas ; il lui serait d’ailleurs impossible de la connaître, car elle lui a dit n’avoir jamais vu le jour. En revanche elle manifeste des idées de vengeance contre l’épicier qu’elle rend responsable de tous ses maux. Elle le prendra par où il l’a prise et lui montrera « ce que l’on gagne à faire souffrir une femme ».
Au point de vue somatique, la malade se plaint de quelques symptômes neurasthéniques : fatigue générale, courbature, essoufflement, faiblesse de jambes, pesanteur de la tête, gonflement de l’estomac. Les règles sont régulières.
Conformation physique normale. Très légère asymétrie faciale ; lobule de l’oreille adhérent.
Diamètre antéro-postérieur maximum 17,2
Diamètre transverse maximum 14
Circonférence horizontale 52
Demi-courbe antérieure 25
Courbe longitudinale 33
Courbe transverse 27
Lorsqu’on embrasse dans son ensemble l’observation précédente, on peut reconnaître dans l’évolution de la maladie deux périodes que d’ailleurs la malade distingue elle-même ; celle où elle peut dans une certaine mesure tenir tête à ses persécuteurs, et celle où, complètement dominée, sans volonté, sans force de résistance, elle devient en quelque sorte leur chose.
Dans la première période nous assistons au développement d’un délire des persécutions ordinaire avec ses hallucination des divers sens, surtout auditives, ses idées délirantes habituelles et ses réactions connues. Cependant, dès cette époque, il existe déjà, mais peu accentués, quelques-uns des symptômes qui deviendront par la suite les plus apparents.
En effet, dans une seconde période, la scène délirante change d’aspect. De nouveaux symptômes interviennent, d’autres analogues s’exagèrent et se placent au premier plan, ce sont les [p. 443] troubles psycho-moteurs : hallucinations motrices, impulsions, aboulie, phénomènes d’arrêt, accompagnement obligé et symbole d’un dédoublement de la personnalité, tellement évident chez notre malade qu’il nous semble inutile d’y revenir. Sans aucun doute de pareils symptômes ne sont pas rares au cours des délires habituels de persécutions. Toutefois, nous ferons remarquer qu’ils n’atteignent pas d’ordinaire un tel développement, et qu’ils ne s’installent pas pour ainsi dire en maîtres au premier plan pour modifier à un tel point l’aspect de la maladie (5). Lorsqu’on peut faire une pareille constatation c’est qu’il s’agit de cas particuliers, semblables à celui que nous signalons ici.
La nature même des idées délirantes à l’aide desquelles la malade interprète ces symptômes psychopathiques, ne laisse pas d’avoir une teinte assez spéciale,
Au premier abord (6) on peut croire que l’on a affaire à de simples idées de persécution, en général assez systématisées, mais il est à remarquer que ces idées de persécution ont une teinte spéciale mystique, comme la phraséologie qu’affectionnent ces malades, et traduisent en quelque sorte la contrainte qu’ils éprouvent, les troubles de leur personnalité. Ils attribuent leurs tourments aux sorciers, aux prêtres, à la théologie sacrée ou démoniaque, s’en prennent aux esprits, au spiritisme, à la suggestion, se disent « ensabbatés », si bien que par leur teneur et leur fondement psychologique constitué par les différents troubles psychomoteurs énumérés tout à l’heure, ces idées s’éloignent des idées de persécution habituelles, et, en tenant compte de la différence due à l’éducation, au milieu social, se rapprochent au contraire beaucoup des idées de possession, d’observation fréquente autrefois. »
Cette remarque peut trouver, croyons-nous, un appui dans le fait que nous venons de rapporter. La malade se dit bien nettement possédée du mauvais esprit, et, lorsqu’elle explique les moyens auxquels on recourt pour la faire souffrir, on retrouve des croyances analogues à celle de l’envoûtement. C’est en agissant directement sur un être qui ne fait qu’un [p. 444] avec elle qu’on arrive à lui faire ressentir par contre-coup des souffrances absolument identiques,
Ce n’est pas seulement pour le mode d’expression de leurs idées que ces persécutés méritent à notre avis d’être distingués à titre de variété. Mais des idées même de possession ne sont que l’étiquette de troubles psychologiques plus profonds, en particulier les troubles psycho-moteurs se résumant en un dédoublement de la personnalité que l’on ne l’encontre le plus souvent qu’à l’état rudimentaire chez le persécuté ordinaire.
L’évolution même de la maladie peut être assez différente de ce que l’on observe habituellement chez le persécuté. Le dédoublement de la personnalité aboutissant aux idées de possession peut ne survenir qu’après une certaine période de maladie n’offrant guère de symptômes différents de ceux: des délires de persécution habituels.
C’est le cas de notre malade, c’était aussi celui d’un autre aliéné dont l’observation a été déjà communiquée par l’un de nous au congrès de Paris et qui résumait fort bien l’évolution de sa maladie en disant que ce fut d’abord une obsession qui est devenue une possession de l’individu hanté par les esprits (7).
D’autres fois, les troubles psycho-moteurs, les altérations de la personnalité et les idées de possession apparaissent très vite, presque dès le début de la maladie. Dans la communication à laquelle nous faisions allusion plus haut, l’un de nous (8) avait signalé ce fait, corroboré par une observation postérieure de M, J. Voisin (9). En voici un nouvel exemple :
La nommée V.., se présente à la consultation externe de la Salpêtrière, et nous raconte qu’elle a connu auparavant un amant qui en la quittant lui aurait dit que malgré son absence elle serait toujours en son pouvoir. Cela l’a beaucoup frappée et aujourd’hui elle en est convaincue. Sa conviction repose sur une série de troubles intellectuels dont les plus saillants sont des troubles psychomoteurs, hallucinations et impulsions. C’est ainsi qu’elle a des hallucinations verbales motrices très accentuées : elle sent parler en elle même et sa langue remue malgré elle. Elle a aussi des impulsions [p. 445] verbales très nettes ; elle se sent forcée de parler malgré sa volonté, de dire sa pensée avant qu’elle ne veuille le faire. Elle présente aussi d’autres impulsions qu’elle exprime en disant qu’on l’a force de se lever, de changer de place, d’acheter un revolver, de voyager. Un jour, elle est allée dans une ville de province pour retrouver son amant, forcée par lui à distance d’accomplir ce voyage. Lors qu’elle est arrivée, elle ne l’a pas reconnu, parce qu’il s’était transformé en une autre personne. De même qu’elle se sent obligée à accomplir certains actes qui lui sont imposés, de même on l’empêche d’un autre côté de dire ou de faire ce qu’elle veut. C’est ainsi que, lorsqu’elle parle, elle arrive à dire le contraire de ce qu’elle pense, de même elle fait le contraire de ce qu’elle avait décidé de faire.
Ce sont ces phénomènes spéciaux, impulsifs ou d’arrêt, qui ont marqué le début de la maladie et qui prédominent encore aujourd’hui. Elle a de plus des hallucinations auditives : elle entend par les oreilles des injures prononcées par des voix d’hommes et de femmes. Elle a aussi des hallucinations génitales.
Tout cela est le résultat de la magie et de la physique que son amant pratique à distance sur elle à l’aide d’objets lui ayant appartenu et sur lesquels il fait des signes. S’il communique ces objets à d’autres personnes, elle ressent alors leur influence.
Elle veut se soustraire à cette possession et opposer à ce pouvoir qui la domine, un pouvoir supérieur qui l’anéantisse. Si nous ne pouvons pas être de taille à cela, elle ira trouver M. Charcot. Cette malade est manifestement une débile ; elle n’offre pas de signes constatables d’hystérie.
Enfin l’évolution de la maladie peut ne pas en rester là et alors elle ne laisse pas non plus d’être parfois assez singulière. Ces malades peuvent, en effet, suivre deux voies différentes.
« Les uns regardent comme une faveur les symptômes de possession qu’ils accusaient précédemment. Ils formulent des idées de grandeur : Dieu, les Esprits parlent par leur bouche ; ils sont inspirés, ils prophétisent. Les autres, au contraire, accusent de plus en plus les atteintes portées à leur personnalité individuelle, en arrivent à un véritable délire de négation systématisé, différent d’ailleurs comme symptômes et comme évolution des cas envisagés par Cotard. Ils n’ont plus rien, plus de sentiments, plus de pensées, plus même d’organes (10). »
Un fait rapporté par M. Roubinowitch pourrait être regardé comme un exemple du premier genre (11). D’autre part, l’un de [p. 446] nous a pu observer deux cas semblables dans lesquels on pouvait noter un délire de négation et sur lesquels nous ne reviendrons pas, car ils ont déjà été présentés aux Congrès de Paris et de Blois (12).
III
Des observations et des brèves considérations que nous venons d’exposer, il nous semble résulter que :
Certains aliénés persécutés et nullement mélancoliques peuvent cependant être auto-accusateurs et présentent des idées de persécution analogues à celles des mélancoliques, constituant un groupe mixte, de transition entre ces deux modalités délirantes,
D’autre part, si, parmi les persécutés, il en est dont la maladie ne représente qu’un vice de développement intellectuel, qu’une évolution anormale de la personnalité toujours dans le même sens, il en est d’autres chez lesquelles la maladie se traduit par une dissociation assez rapide, parfois d’emblée et toujours très accentuée de la personnalité.
Cette dissociation de la personnalité se trouve en rapport avec un certain nombre de symptômes qui prennent alors un grand développement et dirigent même la scène délirante. Ce sont d’une façon générale les troubles psycho-moteurs (hallucinations motrices, impulsions, aboulie, phénomène d’arrêt).
Aussi en les envisageant à ce point de vue, par opposition aux persécutés hallucinés sensoriels et aux persécutés raisonnants, l’un de nous avait-il proposé de ranger ces cas sous le nom de variété psycho-motrice du délire de persécutions.
Les idées de persécution se modifient d’une façon connexe et c’est plutôt par des idées de possession que le malade interprète alors les troubles psychopathiques qu’il accuse.
On peut même rencontrer des cas où il en arrive à formuler un délire de négation systématisé.
Ces malades, étudiés autrefois sous la dénomination très vague de délirants mystiques ou de possédés, se distinguent des mélancoliques possédés ou négateurs, et rentrent dans le cadre des délirants systématisés primitifs dont ils ne constituent incontestablement qu’une variété. Néanmoins, il nous semble qu’il y aurait intérêt à leur faire une petite place dans [p. 447] ce grand groupe. Car la division la plus habituelle en France en délirants chroniques et en délirants dégénérés est vraiment bien sommaire ; parmi ces derniers surtout se rangent de nombreux cas très disparates entre lesquels il serait certainement utile à tous les points de vue d’établir un classement.
Notes
(1) Communication faite au Congrès des médecins aliénistes. (Session de la Rochelle, août 1893.)
(2) J. Séglas. Diag. des délires de persécution systématisés. (Sem. méd., 15 nov. 1890.) — Les idées de persécution. (Journ. des Conn. méd.,1er et 8 oct. 1891.) —Voir encore Sem. méd., n° 50, 1892.
(3) G. Ballet. — Compte rendu du Congrès de BIois, 1892, et Semaine médicale, n° 33, 1893.
(4) J. Séglas. — Variété psycho-motrice des délires de persécution. (Ann. médic. psych., n° janvler 1893, p. 110.)
(5) J. Séglas et P. Besançon. — De l’antagonisme des idées délirantes chez les aliénés : l’attaque et la défense, le bien et le mal ; le dédoublement de la personnalité. (Ann. médic. psych., janv. 1889, p. 22 et suiv.)
(6) J. Séglas. — Variété psycho-matrice des délires de persécution. (Ann. médic. psych., Janv., 1893, p. 111.)
(7) J. Séglas. — Le dédoublement de la personnalité et les hallucinations verbales psycho-motrices. (Congrès de médecine mentale de Paris, 1889.)
(8) J. Séglas. (Ann. médic. psch., janvier 1893, p. 110.)
(9) J. Voisin. (Ann. médic. psch., mai, juin 1893, p. 440.)
(10) J. Séglas. Ann. médic. psch., mai, janv. 1893, p. 112.)
(11) Roubinovitch. (Ibid., p. 98.)
(12) J. Séglas. (Congrès de Paris, 1889 et congrès de Blois, p. 92. et suiv.)
bonjour avez vous entendu parler de la méthode de préanesthésie du dr brouardel .j’ai lu cette référence dans un ouvrage et je ne trouve rien à ce sujet est ce une invention de l’auteur?
merci
Oui dans dans l’ouvrage : Le secret médical / par le Dr P. Brouardel,… 1887.
Mais aussi : LACASSAGNE. Des phénomènes psychologiques, avant, pendant et après l’anesthésie provoquée.
Bien à vous.
Michel Collée.