Traicté de l’épilepsie. Que les démoniaques sont Epileptiques. Par Jean Taxil. 1602.

Page titre TaxilNous publions ici un des chapitres extrait de : Taxil Jean, docteur en médecine, natif des Saintes-Maries, médecin d’Arles. Traicté de l’Epilepsie, maladie vulgairement appelée au pays de Provence, la goutete aux petits enfants. Avec plusieurs belles et curieuses questions touchant les causes prognostiques & cures d’icelles. Lyon, Robert Renard, 1602, 1 vol. in-8°, qui fit autorité durant de nombreuses année. Il est aujourd’hui devenu introuvable. – Ce médecin eut cette particularité d’être aussi astrologue convaincu et d’avoir participé, à l’époque, à une une controverse sur le sujet.Mais ceci est une autre histoire

Nous le reproduisons tel qui parut à l’époque.

TRAICTE DE L’EPILEPSIE,

Maladie vulgairement appellée au pays de Prouence, la gouttete aux petits enfans.


Compofé par M. Iean Taxil,
Docteur en Medecine, natif des Sainctes Maries, Medecin d’Arles.

 A Lyon, pour Robert Renaud, M. DCII. 

LIVRE I, Chapitre 17

Que les Dæmoniaques font Epileptiques. 

I’euffe eftimé mon œuure imparfaicte, fi vne queftion fi curieufe fuft demeurée en arrière, fçauoir que les Dæmoniaques en leurs paroxifmes, font attaints des conuulfions Epileptiques ; mais auffi feroit inutile ce difcours, fi on me nioit qu’il y euft des Dæmoniaques , ce que font plufieursd naturaliftes, & mefcreans Epicuriens ; pour aufquels fatisfaire, laiffant à part l’authorité de l’Ecriture faincte , qui en plufieurs pars monftre la verité de ce faict, ie les veux conuaincre, non par raifon, telle qu’elle, mais par vraye demonftration. Si l’ame esft infufe, ou pour mieux dire crée au corps organifé, (comme la fecte Ariftotelique tient) nuë de fcience, & didiome, pour defcouurir fes paffions, & comme vne table d’attente, à autant dans foy feulement, que l’on luy charactaire, & burine, comme croira-on, que celuy qui fera plainement ignorãt des langues, & de l’alphabet, puiffe parler, & entendre les idiomes plus difficiles, & les fciences les plus abftreufes, s’il n’a en foy quelque chofe plus qu’humain. Or l’on a veu plufieurs malades, furieufement tourmentés, qui parloient doctemẽt, & en diuerfes langues, lefquels deux iours auparauant, ne fçauoient pas feulemẽt cognoiftre vne lettre, doncques de neceffité fant qu’il y aye quelque chofe en eux de fupernaturel, & extraordinaire ; de dire que ce foit quelque bon efprit, qui leur dicte, il n’eft pas croyable, car vne intelligence diuine, comme bonne, ne produict que des bons effects, confole, & refiouift ceux qu’elle accompaigne, & ne les laiffe iamais au danger (comme tiennent les Theologiens), mais ceux cy, |151| après auoir efté beaucoup tourmentez, demeurent le plus fouuẽt, fols & incenfez. Que ce foyent effects de quelque humeur, qui foit conuerty par fa torrefaction, en efprit clair, & lumineux, comme veut Ariftote en la trentiefme fection de fes problemes, probleme premier, cela ne fe peut aduouer en bonne philofophie ; car l’efprit n’eft pas l’ame, moins l’entendement, l’imagination, ou la memoire : mais c’eft vn corps aërien, faict de la plus fubtile partie du fang, duquel l’ame fe fert pour faire fes actions, de tant que plus eft il parfaict, & eslaboré, venãt d’vn fang louable, de tant eft il meilleur, mais qu’il fçache dire, ou faire aucune chofe à propos, fans eftre conduict par l’ame, & rapporté aux facultés principales d’icelle ; rien moins que cela, autrement s’il ne failloit qu’vn bon efprit pour efte docte, que nous feruiroient les efcholes ? nous fçaurions feulement autãt que nous aurions d’efprit propre, & vn payfan bien fourny de melancholie torrifiée, pourroit diuifer des fciences, & feruir de truchemẽt à toute nation, pluftoft qu’vn phlegmatique, qui auroit demeuré trente ans aux efcholes, cela ne c’eft encore veu, ny fe verra. & l’homme pour bel efprit qu’il aye naturellement, & par la force d’iceluy ne fçaura iamais rien, fi les fens n’ont rapporté les chofes à fon ame, & non pas encore en blot, & à la fois, mais en détail, diftinctement peu à peu, & à plufieurs, & diuerfes fois : tellement que |152| fes objects appréhendés, paffent en habitude ; & lors nous fçauons les langues, & les fciences ; & commẽt ie vous prie pourroit vn homme, par la viuacité de fon efprit, voir outre l’actiuité de fa veue ? ouyr de mefme, & dire les chofes qui fe font, ou dient à trente ou quarante lieues de la, defcouurir les vices, & vertus de ceux qui n’aura iamais cogneu ? ceux qui fouftiennent que c’eft l’humeur, qui caufe cette merueille, adououẽt, que cela n’arriue qu’aux hommes malades ; mais ne feroit ce pas pour arguer, & reprendre la nature ; de dire qu’elle nous auroit donné, plus de perfection malade, que fain ? de dire qu’vn malade aye meilleur fens, & meilleur entendement, eftant phrenetique, que le plus fain homme du monde ? mon entendemẽt demeure court, pour donner raifon de cela. Ie fçay bien que telles gens melãcholiques, font plus propres aux fciences, que leur fens peuuẽt eftre meilleurs, mais qu’ils foient la fcience mefme, ou que leur fens ne foiẽt point bornés d’efphere d’actiuité, qu’ils puiffent voir ce qui fe fait dernier vne bonne, & efpaiffe muraille, fans qu’vn corps ainfi opaque, n’empefche les rayfons vifuels de penetrer, naturellement cela ne fe peut faire. Et quoy Ariftote donneroit il plus d’effet à la melancholie, humeur craffe, & pefant, qu’à l’entendement, & à la raifon, qu’il dict eftre les principales parties de l’homme ? or l’entendement, ny la raifon, ne peuuent faire ces chofes, moins encore |153| l’efprit. Et puis quand on luy demanderoit la caufe, pourquoy c’eft humeur peut attaindre, ce qui eft fort efloigné de nous, de lieu, & de temps, pluftoft que la raifon, ne demeureroit-il point court, & auffi eftonné comme il fuft quand il recherchoit la caufe du feptenaire mouuement, de la mer Eurypique ? ie confeffe qu’il y peut bien auoir quelque fallace aux malades, qui font appris à parler quelques mots interrompus, en langue haute : comme à remarqué Pigeay en fa Chyrurgie : mais ce n’eft pas de ceux là que nous parlons, ains de ceux qui difcourent, entendent, & parlent des fciences en diuers langages, lefquels eftoient cogneus ignorans deux iours auparauant ; mais dira-on, ou font ceux-là qui diuifent, & parlent ainfi doctement, qui toutefois eftoient cogneus ignorants ? Fernel qui à emporté le Laurier des Medecins de fon temps, tant pour efcrire doctement, que veritablement, appelle toute l’efchole de Paris en tefmoing, cõme le fils d’vn Cheualier de l’ordre, qui à grande peyne auoit-il appris de lire & efcrire, eftant malade luy parloit (ou pluftoft le Dæmon parloit par fa bouche) doctement en Grec, & en Latin, & mefme qu’il penetroit tant, qu’il defcouuroit aux affiftans, leurs plus fecrets affaires. Le pere Benedicti, homme tref-docte entre ceux de fa profeffion, defcrit vne hiftoire d’vne femme Demoniaque, appellée Pernette, laquelle bien que n’euft iamais appris l’Alphabet, fi |154| eft-ce qu’elle parloit doctement, en langage Hebraïque, & lors qu’on l’exorcifoit, & qu’on brufloit le nom du Dæmon, efcrit en langage Hebraïque, fi on s’oublioit d’y mettre vn fægol, ou vn heri, ou autres sẽblables points, & notes Hebraïques elle fe mocquoit de ceux qui l’exorcifoient, difant qu’ils n’efcriuoient point fon nom, comme il falloit : elle faifoit auffi autre chofes du tout efmerueillables, & furpaffans les voyes ordinaires de la nature, comme tu pourras voir en cefte hiftoire. Iean Langius, vn des premiers Medecins de fon temps, au fecond volume de fes Epiftres, epiftre trente quatriefme, confeffe hardimẽt telle merueille, & croit fans difficulté à vne Epiftre, qu’vn Medecin fiẽ amy, luy efcriuoit de Rome, luy difant qu’il s’estonnoit grandement, qu’en l’année mil cinq cens cinquante quatre, furent veuës à Rome, plus de quarante femmes poffédées des Dæmons, qui faifoient des chofes eftrãges lors qu’on les exorcifoit, & mefmes parloient les langues, bien qu’elles fuffent ignares, & refpondoient fort à propos à ceux qui les exorcifoient : mais que me fert, de fi curieufemẽt rechercher, la preuue de cefte propofitiõ, puis que cela eft quafi ordinaire parmy nous ? Il n’y a pas long temps qu’on à veu vne trouppe des Dæmoniaques, exorcifez par vn Curé de Menerbe, qui faifoyent mirabilia : dauantage à quoy fe fuft amufé Ariftote, de prouuer que les gens faifants |155| chofes fi extraordinaires, faifoient ce, comme nous auons ia dict ; par la force de la melancholie, fi realement ; de faict, ils ne fe fuffent trouuez de telles gens ? fa queftion fuft efté plus que friuole, chofe qu’il reiettoit fur tout, de faire des queftions chymeriques, & des chofes qui n’arriuẽt iamais ; in rerum natura. Or eftant affeuré qu’il y à des Dæmoniaques, entrons en noftre queftion, fçauoir qu’à la fureur de leur mal, ils font attaints des conuulfions Epileptiques, pour preuue de cefte queftion, il eft expedient d’amener l’experience, autremẽt on ne croiroit à mes raifons. I’appelle doncques en tefmoingce i’ay dict cy deuant des Sibylles, comme elles conuulfoient, tomboient, efcumoient, & fe tourmentoient lors qu’elles eftoient endiablées. Saül à l’efcripture Saincte, quand par la permiffion diuine, il fuft faifi de l’efprit maling, que faifoit-il ? Il efcumoit, il fe demenoit, il tempeftoit, & en fin pafmoit. Nul ne doubte que les Preftres des idolaftres, parlants prophetiquement, ne fiffent cela, par la force du Diable, qui les poffedoit : mais alors de leurs prophéties de quels accidens eftoient-ils faifis ? vrayement en tournant la bouche, efcumant, tombant, & demenant leurs corps, ils monftroyent eftre vrays Epileptiques. Encore void on cela de noftre temps aduenir en l’Amerique, parmy les Taupinambaux, & Margayats, car leurs Preftres, qu’ils appellent Caraybes, quand le Diable les tourmente ; qui |156| eft lors qu’ils veulent à la Payenne, donner reuelation des chofes futures, font vrayement faifis d’Epilepfie : de L’Hery autheur de cefte hiftoire t’en affeurera. Cefte Pernette, dequoy nous auons parlé, n’eftoit elle pas vraye Epileptique ? & l’Hiftoire que nous auons rapporté de Fernel, ne tefmoigne elle pas que tel malade à l’acces de fon mal eftoit auffi Epileptique ? l’an mil cinq cens nonante quatre, lors que ie commençois à practiquer curieux de voir & fçauoir tout, ie rencontray vn forcier (qui à caufe de fa robbe ie ne nommeray point) lequel me voulant faire voir ou eftoiẽt les bœufs d’vn pauure homme, qu’on auoit defrobé (ie ne sçay s’il auoit payé l’hommage à fon Dæmon, ou non) mais deuant moy, il fuft faifi d’vne conuulfion Epileptique, fi furieufe qu’il fembloit plutoft au Diable, qu’a foy mefme, & lors le uoyant tomber, efcumer, & tempefter en cefte façon, il ne falluft pas demander fi i’eus belle peur, & laiffant la mon galland, auec tout fon Diable, fans luy tafter le poux, ie m’en alla à mon logis, ou auffi toft ie vis mon encoculuché venir à moy : me penfant confoler, m’effraya dauantage, & luy demandant qui luy auoit faict iouer ce piteux fpectacle, il me dict que c’eftoit fon Vriel (ainfi appelloit-il fon efprit) qui l’auoit furieufement tourmenté, plufieurs font encore viuants, qui cognoiffent le perfonnage, qui eft mort toutesfois defpuis dix mois en ça. Que lon life hardiment, à grande |157| peine trouuera-on Dæmoniaque qui ne foit Epileptique. Or la raifon de tel fymptome peut eftre telle, premierement les corps que le Diable poffede interieurement, font melancholiques : car ceft humeur eft le vray fiege, auquel le Diable fe plait, & duquel il faict des effects fi eftranges : Sainct Hierofme afferme cefte propofition, difant, au troifiefme liure qu’il à efcrit, de prouidentia ad Stagirium Monachium, que quofcumque Dæmon poffidet, per humorem melancholicum poffidet. Les Preftres qui exorcifent les Dæmoniaques, leur font macher de la rhue, & encore les en perfument, lefquels demeurent par ce moyẽ quelque temps d’eftre tourmentez, & s’en fentent merueilleufement foulagez : mais cõment font-ils ainfi foulagez ? eft-ce par quelque propriété qu’aye cefte herbe de chaffer le Dæmon ? Non à la verité, car ce ne feroit pas grand miracle de les chaffer des corps, fi par la medecine on faifoit cela : mais pluftoft comme tiennent tous les naturaliftes eftant cefte herbe fort propre à l’humeur melancholique, confumant les vents, incifant les humeurs craffes, & vifcueux, oftant, ou diminuant pluftoft le fubiect, & l’inftrument ququel le Diable fe fert, pour faire ces illufions, tromperies, & ftratagemes, à faute d’inftrument propre, il ne peut faire ce qu’il voudroit, & ceffe pour quelque temps, iufques à ce que l’humeur foit de nouueau proportiõné à fon ouurage. Qu’elle herbe penfez vous qu’eftoit |158| celle que recite Iofephe au 8. liure des antiquitez Iudaïques, cha. fecond, qui chaffoit les Dæmõs, eftans mife dãs le nez ? s’eftoit vrayement quelque beau, & parfaict melalogue, qui faifoit ceffer les accidens pour vn temps, en purgeant la melancholie, & ainfi les Dæmoniaques eftant melancholiques, ils font de conftitution propre pour eftre facilement Epileptiques, comme fi deuant nous auons prouué, & ne faut que ce degré de putrefaction à l’humeur pour acquerir ce Virus, que nous auons dict eftre la caufe de cefte maladie : lequel Virus eft facilement fuggeré par le Dæmon, qui eft plus que le venin mefme, comme ennemy de toute fa forme, non feulement à noftre corps, ains encore à noftre ame. Dauãtage ceft ennemy du genre humain, par autre raifon, peut faire les Epileptiques, ceft à fçauoir que comme il eft vn rufé Lyon, ayant faifi vn corps, il ne tafche en toute façon, que le terraffer, & le rendre entierement fien, & par ce le gehenne, & le tourmente de mille fortes, & en mille façons : en fin veut abolir ce qu’il hayt le plus en l’homme, qui eft la raifon : pour toutes lefquelles chofes faire, fçauoir pour luy donner des cruelles douleurs, & luy troubler la raifon, il vient cõme vn vent malin, à attaquer le cerueau, cõme principe des fentiments, & fiege de la raifon, & tempeftant, & troublant par la dedans les humeurs, obftruant les organes, picquant les meninges, oppilant les nerfs, bouchant les |159| arteres, il contraint le cerueau tout affligé de retirer à foy, & fes nerfs, & fes efprits, & ainfi le corps tombe en conuulfion generale, & palpitante, & demeurent les poffedez tous efuanouys & troublez. Hippocrate dict au liure de morbo facro, que tous les Epileptiques de fon temps eftoient eftimez malades, par caufe fupernaturelle, & encore, comme on voyoit que les particuliers Epileptiques n’eftoient tous trauaillez d’vne mefme façon : mais auoient diuers accidens, felon la vehemence de la caufe, & temperature du corps, auffi n’eftimoit-on eftre attaints de mefme efprit : car fi le patient, en tombant, tournoit le corps à cofté droict, & par vne voix interrompue, approchoit au beeller d’vne chieure : ayants les yeux larmoyans, Cybelle la mere des Dieux en eftoit caufe; que fi le malade iettoit vne voix plus viue, & reffemblant au hãnir d’vn cheval, Neptune en eftoit l’autheur, s’il eftoit affligé de nuict, ou qu’il lafchaft les excremẽs, à la rigueur du mal, s’eftoit du mal d’Hecaté, & des autres furies infernales. Et s’il auoit la voix fubtile, comme le fiffler des oyfeaux, Apollo Nonius eftoit fon parrain. En fin fi le malade efcumoit, & eftant tombé demenoit fort les iambes, & les pieds, Mars luy auoit donné le mal. De toutes lefquelles chofes Hippocrate tanfe & reprent le vulgaire, fe mocquant de fa folle opinion, en quoy il femble qu’il euft raifon, parce que comme nous auons ia dict cy deffus, s’ils feuffent efté |160| efpris de quelque furie diuine, ils n’euffent faict horreur aux affistans, ny à eux mefmes, & au fortir de leur extafe, fuffent demeurez contans, & non troublez : s’eftoit bien Philofophé à ce grand perfonnage de parler en ce fens s’il croyoit en toutes ces deitez : mais la verité eft, que telle racaille de gens, qu’ils adoroient pour Dieux, s’eftoiẽt vrays Diables, où pour le moins, gens qui auoiẽt mal vefcu, & fort voluptueufement en ce monde : mais par quelque inuention, qu’ils auoient eu par deffus le menu peuple, ou par quelque heur à ruiner, & debeller leurs voyfins, & tel autre execrable vice, ils auoient efté mis au Catalogue des Dieux, & les releuoit-on en pierre, bronze, or, argent, & le Diable organizé de telle ftature, faifoit chofes prodigieufes, & par ce moyen entretenoit le peuple à l’Idolatrie. Tellement, que fi on difoit, que les Epileptiques eftoient tourmentez de ces Dieux, s’eftoit autant, à parler vrayment, comme s’ils euffent dict qu’ils eftoient tourmentez du Diable, puis que ces Dieux eftoient vrays Diables. Auffi eftoient ces Dæmons infernaux, fort familiers auec ces Payens, & les poffedoyent facilement : Voyla pourquoy il y auoit tant de forciers, & magiciens, comme il eft aifé à voir, par la lecture des anciens, qu’il n’y auoit fi petit compagnon, qu’il n’euft fon forcier en main, pour luy reueler fon aduenture. Et de noftre temps, ceux qui ont efté à l’Amerique, & aux terres nefues, nous tefmoignent, |161| que le diable, qu’ils appellẽt Laygnan, eft fort familier auec eux, & les tourmente vifiblement, & poffede les Caraybes, qui font leurs Preftres, en leur predictions, & les font Epileptiques, comme nous auons dict, & tout cela adiuẽt, pour n’eftre ces Payẽs marquez du vray figne de Tau, qui eft le caractere de la mort & paffion de Iefus-Chrift, qui nous eft buriné au fainct Sacrement du Baptefme, tellement qu’eftant ce ferpẽt cauteleux, familier aux Idolaftres, du tẽps d’Hippocrate, il eft à doubter que les melancholiques fuffent la plufpart Epileptiques par fon aftuce, ie dis la plufpart : car il femble que le mefme Hippocrate y confent, quand il dict que les vrays melancholiques font Epileptiques : qu’appelloit il vrays melancholiques ? ceux là qui eftoient atrabilaires fimplement, comme quelques vns ont voulu interpreter ? non, car tels font infenfez, & fols, difcourent que trop, & ne donnent que peu, ou point de raifon, & cependant ne tombent point ny ne conuulfent. Or on ne peut dire vrays Epileptiques, que ceux qui tombent, & conuulfent, ie dis donques qu’il entendoit des melancholiques, qui faifoient des chofes fupernaturelles, comme parler diuers langages, & dire, & faire plufieurs autres chofes qui furpaffent l’humain pouuoir, & qui à la rigueur de leur mal, tomboient, & conuulfoient, qui font les vrays Dæmoniaques : & ce font vrayment les maladies, aufquelles il dict eftre, aliquid diuinam |162| : ce qu’a auffi affeuré Auicenne, ayãt leu Hippocrate, en ce paffage, difant que l’Epileptique qui acquiert plus haut degré de terrefaction, deuient Dæmoniaque : ce que tu cognoiftras (dict-il au fecond chapitre de l’Epilepfie) quand il parlera diuers langages, (comme s’il vouloit dire) quand l’Epileptique fera des chofes fupernaturelles, dis qu’il eft poffedé.

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