La Maison hantée de Villers. Article paru dans la « Revue des Etudes Psychiques. Publication mensuelle consacrée aux recherches expérimentales et critiques que les phénomè,es de télépathie, télesthésie, prémonition, médiumnité, etc. Directeur César de Vesme », (Paris), 1902, pp. 30-32.
Article paru anonymement.
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LA « MAISON HANTÉE » DE VILLERS
Deux enfants médiums
La presse belge s’est occupée, en ces derniers temps, d’une « maison hantée », située aux alentours de Villers. Un rédacteur du Messager de Bruxelles, s’est rendu sur place et a longuement questionné la maîtresse de la maison, qui ne se fit pas trop prier à répondre :
— Il faut vous dire, Monsieur, que nous tenions de l’autre côté de l’abbaye vers Villers-la- Ville, un petit hôtel, l’hôtel Bonaparte, Nous avions là, pendant l’été comme hôtes Mme de X…, la comtesse de Z… et le colonel de W…, qui se livraient à des expériences de spiritisme…
Mon mari et moi nous préoccupions fort peu de ce que faisaient nos voyageurs. Mais un soir, un de mon petits garçons, l’aîné, les vît par la fenêtre dont on avait oublié de baisser les stores. Il remarqua leurs gestes, retint quelques-unes de leurs paroles et le lendemain « joua sorcier » avec son frère.
Que je vous dise que ni mon Inari, ni moi ne savions que c’était que l’occultisme, le spiritisme, les esprits et tout le reste. Maintenant encore, nous ne sommes pas compétents du tout. Aussi, jugez quelle fut notre stupéfaction quand nous vîmes notre gamin, distant de son frère et lui tournant le dos, ne pouvant le voir en aucune manière et disant tout ce que celui-ci faisait, décrivant ses grimaces, ses mouvements. Puis le petit, toujours en jouant, s’installa devant une table qui immédiatement gambada comme si elle n’avait fait que ça toute sa vie.
— Et les esprits ?
— J’y’ arrive. Mon frère avait perdu un de ses fils. Et comme il était Inconsolable, nous eûmes l’idée d’interroger une table ; car au bout de quelques jours le gamin savait faire parler les tables. La table exprime la lettre A en frappant un coup avec le pied, B par deux [p. 31] coups, C par trois, etc.
coups, C par trois, etc. Elle s’exprime d’ailleurs aussi par des coups sourds dans le bois sans le moindre mouvement extérieur. Donc la table répondit à nos questions en assurant la venue de mon défunt neveu, et celui-ci est venu, au bout de peu de temps, il a écrit.
— Ecrit?
— Oui. Les esprits qui viennent écrivent. On place une feuille de papier et un crayon sur la table. Puis on baisse la lampe, car cela se passe toujours la nuit…
— Pourquoi éteignez-vous la lampe ?
— C’est la table qui ordonne : éteignez. Mais les esprits n’ont pas prévu le clair de lune, et déjà par une belle nuit, la clarté filtrant par la fenêtre, nous vîmes un crayon qui courait tout seul sur le papier. D’ailleurs, tout le monde a reconnu l’écriture de mon neveu. Tenez, je vais vous montrer ce qu’il a fait.
On me montre des feuilles couvertes d’écriture. Le sens des phrases est banal, ce sont des nouvelles quelconques d’un absent, des conseils moraux. Quelques-unes sont écrites à rebours comme font les graveurs. En les lisant dans le reflet d’une glace elles apparaissent très correctes.
Mon interlocutrice poursuit. Je n’ai pas besoin de l’interroger. Elle parle d’abondance.
— Les phénomènes ont pris depuis quelque temps un caractère spécial. Nous sentons des mains sur nos figures, tous les meubles se mettent en mouvement. Il y avait là une pendule sur la cheminée, elle est tombée, elle s’est brisée.
— Fichtre ! ils en veulent donc à votre mobilier, les esprits ?
— Oh ! ils ne sont pas méchants, celui qui a brisé la pendule nous a expliqué qu’elle était trop lourde pour lui … Un autre jour, le gamin a été emporté debout sur sa chaise à travers la chambre. Les esprits produisent aussi des craquements dans les boiseries à notre demande, dans nos chambres, à n’importe quelle heure.
Celle qui me parlait avait les apparences d’une irrécusable bonne foi, pourtant mettant en doute son sens critique ou sa méthode scientifique d’investigation :
— N’avez-vous jamais fait contrôler tous ces phénomènes ?
— On vient beaucoup nous voir. Peut venir qui veut, à condition que ce soit quelqu’un de « comme il faut ». De plus, le petit
a été passer la soirée sans nous, chez un notaire, Me X.. , à [p. 32] Charleroi ; il a obtenu à peu près les mêmes faits qu’ici. Des médecins s’occupent de lui…
Ce qu’il y a de plus intéressant à observer dans ce curieux et naïf récit, c’est la parfaite corrélation et identité de ces phénomènes avec ceux que l’on obtient dans nos séances médiumniques.
C’est magnifique le phénomène de la mediumnité!