Le cauchemar, une traversée épistémologique. Par Michel Collée. 2014.

COLLEECAUCHEMAR0010 - 1Michel Collée. Le cauchemar, une traversée épistémologique. 2014. 

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Le cauchemar, une traversée épistémologique.

 par Michel Collée.

Le terme d’éphialte, employé dès Hippocrate pour désigner le cauchemar, sera longtemps préféré à celui d’incubus. Définitivement abandonné dans les pays latins durant le Moyen-Age, il restera dans la culture germanique jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ephialte, qui vient du grec επι = sur et λλομαι = se jeter, exprime l’agression violente. Le sens du mot grec est comme on le constate très proche du mot latin incubus qui veut dire « se coucher sur ». Toutefois l’idée de violence et de domination est plus accentuée dans l’un que dans l’autre. Comme nous allons le voir, l’éphialte définit le cauchemar dans son ensemble, alors que l’incube
en cernerait plutôt une espèce particulière. Le mot incube avec
ses aller-retour dans les champs du vocabulaire théologique, démonologique, médical, philosophique et plus tard occultiste, reste toujours suspect d’une traduction erronée. La traduction dans le cas présent étant souvent plus une interprétation en fonction du champ
dans lequel elle doit opérer qu’une traduction littérale. L’incube
est un de ces cas de figure par excellence. Nous y reviendrons. Commençons par effectuer le retour indispensable à la mythologie, afin de cerner le sens profond d’éphialte et d’en dégager les subtiles propriétés qui l’originent. Dans la mythologie grecque Ephialtes a un frère jumeau, Otos. Tous deux sont des Géants, mais ne ressemblent pas aux monstres que sont leurs congénères : ils sont dotés, au contraire, d’un visage noble et d’un corps droit. Homère (1) nous les décrit comme les plus grands que la terre féconde ait nourris de son pain, et les plus beaux aussi, après l’incomparable Orion ; Virgile (2) ajoute : Jumeaux gigantesques qui de leurs mains tentèrent de détruire la voûte céleste, et de renverser Jupiter de son trône surnaturel. Pour les uns ils sont fils d’Iphimédeia, pour les autres fils de Canace. Plus vraisemblablement fils d’Iphimédeia, qui signifie « qui donne de la vigueur aux organes sexuels », ils sont le fruit de ses amours avec Poséidon. On les appellera pourtant des Aloadès, du nom de celui que leur mère épousera par la suite,
Aloée (de l’aire à battre les blés). Otos et Ephialtes sont les petits-fils d’Hécate (Triple visage) (3). Adorateurs des muses dévoratrices, ces
deux frères qui n’en font qu’un n’avaient, paraît-il, d’affection pour personne, sinon l’un pour l’autre, c’est-à-dire leur exacte réplique, qu’ils aimaient tendrement. R. Graves (4) nous conte l’histoire ainsi : Furieux de ce que Zeus avait enfermé les titans dans le Tartare, un certain nombre de grands et terribles Géants, à ta chevelure hirsute, à longues barbes et dont les pieds sont des serpents, complotèrent d’attaquer le ciel. Ils étaient nés à Phlegrae, en Thrace, de la Terre-mère, et étaient au nombre de vingt quatre. Sans avertissement ils prirent des rochers et des torches enflammées et les lancèrent vers le ciel du haut de leurs montagnes. Les Olympien étaient en mauvaise posture. Héra prédit d’un air sombre que les Géants ne pourraient jamais être tués par aucun dieu, mais seulement par un mortel vêtu d’une peau de lion, et que ce même mortel ne pourrait rien faire à moins que, devançant l’ennemi, il ne cueille une certaine herbe qui rend invulnérable et qui pousse en un lieu secret de la terre. Ce fut Zeus qui
décida d’aller chercher l’herbe ; il la trouva et remonta au ciel. Les Olympiens pouvaient alors se battre contre les Géants. L’un de ces Géants s’appelait Ephialtes. Durant le combat, Ephialtes qui luttait avec Arès l’aurait vaincu et obligé à s’humilier. Voyant cela Apollon planta dans l’œil gauche d’Ephialtes une flèche, suivi par Héracles qui fit de même dans l’œil droit. Ainsi mourut Ephialtes. Une autre fin tragique à cette histoire nous est indiquée par E. Hamilton (5) : Ils moururent chacun transpercé par le fer de l’autre, chacun à la fois victime et meurtrier de l’unique être qu’il aimait.

John Anster Fitzgerald (1809-1906). The-Nightmare The Nightmare.

John Anster Fitzgerald (1809-1906). The-Nightmare The Nightmare.

Ephialtes a donc prêté son nom à ce moment des ténèbres que le rêveur ne peut quitter. A ces ténèbres éternelles, qui ne dépendent ni des yeux ni de la lumière mais de l’image inaccessible, interdite. Interdit il l’est aussi, pétrifié par la peur, sans même pouvoir crier, ne serait-ce que pour sentir qu’il existe encore, pour s’entendre, pour entendre qu’il n’est pas mort. Cette image redoutable, maléfique, qui sacrifie le rêve sur l’autel de l’in-nommable,
 le rêveur sait, en un lieu secret de son être, que c’est la sienne. Son regard aveugle en est transpercé. Ce frère jumeau, en tous points semblable et pourtant inquiétant, ne serait-il pas l’image du désir ? Conjointement métamorphose et anamorphose. Etre invulnérable qui s’impose, qui se pose, étouffant les défenses sous le poids sacrilège d’un impossible inceste. Incohérence de ce double qui éveille les sens, en s’interdisant d’en donner un. Voilà bien l’Ephialte. R. Graves (6) pense que l’élément religieux n’est pas absent, qu’il est dissimulé dans la légende. Ces géants ne sont pas des êtres de chair et d’os, mais des esprits de la terre, comme l’indiquaient leur queue de serpent, et on ne peut en venir à bout qu’à l’aide d’une plante magique, comme nous l’avons évoqué plus haut. Aucun mythographe ne semble nommer cette plante. R. Graves (7) suppose qu’il s’agissait probablement de l’éphialton, un spécifique du cauchemar.Plante du cauchemar, plante au cauchemar. Un jeu de miroirs par lequel les images se dédoublent, deviennent l’exact reflet d’elles-mêmes et leur contraire. Partout le désir est coupable, comme dans l’idée du cauchemar érotique qui vous surprend à n’importe quelle heure de la journée (8). Autre personnage intéressant notre propos qu’est celui du Géant appelé Hippolytos (débandade de chevaux). Comment ne pas taire le rapprochement avec la déesse-à-tête-de-jument, à qui on attribuera durant des siècles les cauchemars. Nous verrons quand nous traiterons les diverses étymologies européennes, ressurgir avec force les spécificités et les peurs attachées à cet animal. Le mot « éphialtes » restera très présent en Allemagne, se partageant jusqu’au début du siècle avec alpet alpdrukenl’idée de cauchemar. Ceux-ci seront préférés dans le vocabulaire médical, dans un sens psychopathologique, alors que le premier sera 
le cauchemar du vocabulaire philosophique et littéraire. Nous renvoyons ici à l’ouvrage très complet de Roscher (9). Nous ne serions pas complet si nous ne signalions pas la définition entomologique de l’éphialte d’après Quillet : Nom de genre d’Hyménoptères de la famille des Ichneunomidés. Ils pondent des œufs sous l’écorce des arbres et leurs larves détruisent les larves xylophages (10). L’éphialtes est à la fois le cauchemar et l’incube. Nous allons voir pourquoi ils sont si peu synonymes. L’éphialte c’est la terreur nocturne, sans nom, sans visage. C’est à la fois plus 
et moins que l’incube. C’est l’expression de l’angoisse du désir et
 celle de l’impossibilité d’en nommer son objet. Le cauchemar chez les anciens On peut s’étonner de ne pas voir traiter dès maintenant
le mot incube, après celui d’éphialte. Nous avons préféré, pour toute confusion, respecter l’ordre chronologique, et ainsi suivre l’ordre d’apparition des concepts. Les contresens se répètent depuis bien longtemps, et donnent à la lecture des textes une obscurité souvent délibérée. Pour une raison bien simple : celle des traductions. Nous avons vu qu’en latin incubus signifie cauchemar. Mais cette traduction française, cet équivalence, n’a 
pu s’effectuer qu’au milieu du XVIe siècle, période à laquelle le mot « cauchemar » a fait son apparition dans notre vocabulaire. Le mot français « incube » est apparu à la fin du XIVe siècle et s’origine dans le latin ecclésiastique. Il est donc particulièrement malaisé de savoir, lorsque les traducteurs parlent d’incube, et ceci jusqu’au XVIe siècle, de quel incube il s’agit. La formation tantôt médicale, tantôt théologique, souvent les deux, teinte singulièrement l’appréciation et le choix du traducteur. Quand on sait, 
de surcroît, combien les idées religieuses de l’époque ont subordonné le discours scientifique, en particulier le discours médical, on ne peut à notre tour que subordonner notre approche à une prudence de chaque instant. C’est pourquoi lorsque nous parlerons du cauchemar (traduction du latin incubus), nous écrirons incube avec une minuscule, et lorsque nous parlerons du concept théologique, nous écrirons Incube avec une majuscule. Comme toujours c’est chez Hippocrate (11) que l’on rencontre les premières descriptions du cauchemar. Il dit en avoir observé beaucoup, mais manifestement il n’en a pas tiré grand-chose. Il s’attache plus à combattre les superstitions attachées au cauchemar, qu’à en faire une description rigoureuse et détaillée. Bien sûr
 il note les suffocations, mais curieusement il est en contradictionavec tous ses successeurs en observant des gémissements et des cris. L’impossibilité de proférer un son étant une constante remarquable après lui. Il faut attendre le IVe siècle de notre ère et le médecin Oribase (12), pour découvrir la première description clinique du cauchemar. Pour brève qu’elle soi elle n’en contient pas moins l’essentiel des observations qui seront reprises au cours des siècles suivants, sans grandes modifications ni grande originalité il /’ écrit (13) : L’éphialte est une maladie qui ne consiste pas dans l’influence d’un mauvais démon, mais c’est une grave affection. Les signes qui la précèdent sont la suffocation, la perte de la parole, un état lourd. Il faut la traiter dès qu’elle commence, car si elle persévère et qu’il y a des attaques toutes les nuits, elle présage quelques grandes maladies comme l’apoplexie,
 la manie, l’épilepsie, et cela parce que la cause est attribuée à la tête ; car tout ce que les épileptiques éprouvent le jour, les éphialtes l’éprouvent la nuit. Caelius Aurélianus, qui a le plus écrit sur la question (14) ajoute que l’éphialte, n’est le plus souvent qu’une affection accidentelle, passagère, et qui n’inquiète pas assez la personne qui en est attaquée pour la porter à consulter un médecin, et plus loin, que les personnes sujettes à ,cet accident deviennent pâles et maigres. Après eux, Thémisson (15) qui appellera le cauchemar pnigalion,et Possidonius (16) reprendront presque mot pour mot les mêmes descriptions. Pline (17) appellera le cauchemar ludibria fauni du fait que les Romains l’attribuaient aux faunes et en regard des visions fantasques de celui-ci, Plus tard, Aétius (18), reprenant Possidonius diagnostiquera le cauchemar comme un prélude de l’épilepsie : Ce qu’on appelle incube n’est pas un démon, mais plutôt un prélude, un prodrome de l’épilepsie, de la manie ou de la paralysie, Des indigestions dues à la gloutonnerie précèdent cette affection, et comme les ventricules du cerveau sont remplis de vapeurs épaisses et froides, celles-ci empêchent l’esprit de passer par les nerfs, et font qu’on réveille le malade avec peine, et qu’il reprend difficilement sa raison, ce qui le retient presque continuellement dans l’immobilité. L’incube est accompagné de suffocation, de perte de voix, d’un poids lourd
 sur la poitrine et d’immobilité du corps, mais quand après beaucoup d’anxiété d’esprit la vapeur s’est atténuée et dissipée, et que les méats se sont ouverts,
 le malade s’éveille tout à coup… Notons que pour l’ensemble des médecins arabes le cauchemar qui s’écrit كابوس est le plus souvent le signe de séquelles d’une fièvre, Comme dans les autres langues il signifie « serrer ». Ce sont les médecins arabes qui les premiers parleront d’épilepsie. Nous terminerons ce rapide aperçu en citant Paul d’Egine (19) qui reste très fidèle à ces descriptions, ajoutant cependant que (cette maladie attaque plus particulièrement les crapuleux, les ivrognes et ceux qui souffrent d’une crudité continuelle (20). Plus loin il ajoute : quelques-uns croient entendre celui qui vient se placer sur eux, et ils cherchent à jouir avec lui des plaisirs charnels ; mais il s’enfuit. Ces 
quelques exemples retenus parmi la volumineuse littérature sur le sujet, indiquent suffisamment l’idée que se faisaient les anciens du cauchemar. Tous les textes répètent sensiblement la même chose. Nus pouvons les résumer en quelques mots : suffocation sensation de poids sur la poitrine, impossibilité d’émettre un son, sentiment grandissant d’angoisse dans le temps du cauchemar. C’est pour les anciens une maladie sans grand danger, mais pourtant annonciatrice de maux plus inquiétants. On retrouve également les explications cœnesthésiques habituelles, comme pour le
 rêve. Si on le réduit au sentiment d’une pression épigastrique, qui lui a valu, entre autres, le nom d’asthme nocturne (21), on donne une valeur nosologique à un symptôme arbitrairement distrait d’un ensemble fort variable de phénomènes morbides. L’incube et le ou l& succube Nous trouvons trace de l’Incube et du Succube dans l’كابوس littéraire ancien qui date à peu près de la seconde moitié du premier millénaire de l’ère chrétienne, c’est-à-dire sensiblement de la période de naissance de l’Islam (23). Pour l’incube qui s’écrit كابوس nous avons trouvé cette définition : un esprit mâle qui, paraît-il, prend les femmes pendant leur sommeil. Incube vient du verbe كابوس, qui signifie « prendre dans ses bras », avec une forte connotation de maternage. Et pour preuve, nous avons relevé que le dérivé de ce verbe, le nom دور الحضانة signifie « crêche ». Le terme de succube, qui s’écrit الشيطانة, est un démon femelle qui dérange les hommes pendant leur sommeil et les accompagne dans leur lit. A travers ces quelques remarques nous voyons tout l’intérêt qu’il y aurait à se pencher avec plus de rigueur sur des textes qui nous sont les plus souvent inconnus, ou auxquels nous ne donnons pas l’importance qu’ils méritent.

Martin Van Maeler (1863-1926). L'Incube 1877. Aquarelle originale unique reliée en frontispice d'un exemplaire de l'ouvrage de Louis-Marie Sinistrari d'Ameno (1622-1701). De la Démonialité et des animaux incubes et succubes, où l'on prouve qu'il existe sur terre des créatures raisonnables autres que l'homme ayant comme lui un corps et une âme, naissant et mourant comme lui, rachétées par N.S. Jésus-christ et capables de... Paris, Isidore Lisieux, 1875.

Martin Van Maeler (1863-1926). L’Incube 1877. Aquarelle originale unique reliée en frontispice d’un exemplaire de l’ouvrage de Louis-Marie Sinistrari d’Ameno (1622-1701). De la Démonialité et des animaux incubes et succubes, où l’on prouve qu’il existe sur terre des créatures raisonnables autres que l’homme ayant comme lui un corps et une âme, naissant et mourant comme lui, rachétées par N.S. Jésus-christ et capables de… Paris, Isidore Lisieux, 1875.

L’origine de l’incube dans la religion chrétienne semble emprunter ce concept à une lecture hébraïque de la Genèse. On 
y voit les fils de Dieu prendre pour femme les filles des hommes et procréer une race de géants. Bekker (24 nous enseigne qu’il a trouvé dans quelques écrits que pendant cent trente ans qu’Adam s’abstint du commerce de sa femme, il vint des diablesses vers lui, qui en devinrent grosses, & qui accouchèrent de diables, d’esprits, de spectres nocturnes, & de fantômes. Guibert de Nogent (25) prétend connaître mille exemples de démons qui ont aimé des femmes et se sont introduits dans leur lit. Entre autres. Ducange citant un vieux glossaire manuscrit signale avoir trouvé le mot incuba ou sugeseuravec cette définition : Incubi vel incubones, une manière de diables qui solent gésir aux femmes (26). Selon Bloch et Wartburg (27), le mot ‹ incubus» est apparu vers 1372 pour désigner plus particulièrement dans le langage ecclésiastique unesorte de démon à qui il laissera son nom. Emprunté du latin incubus (cauchemar qui signifie « couché sur »), ce démon est toujours mâle. Le terme « succube » qui se veut l’équivalent féminin n’a pourtant pas la même origine. Il est aussi emprunté du latin, mais de succuba qui signifie « concubine ». Il n’a pris son sens spécial de démon femelle que durant le XVIe siècle. Une autre étymologie du mot succube peut être retenue qui ne différerait pas de celle d’Incube, sinon par le rôle que joue le démon, changé en femme. L’on dirait succubare pour cubare sub, « couché sur ». Quillet donne les définitions suivantes pour l’Incube : Démon mâle, qui est censé prendre un corps pour abuser d’une femme endormie ou transportée au cours du sabbat. Il est a opposé à Succube, démon femelle – et pour Succube qui prendrait la forme d’une femme pour avoir commerce avec un homme pendant son sommeil. Tentons, pour ne pas alourdir cette recherche par les nombreuses définitions de chacun, qui sont sensiblement les mêmes, de cerner les avis contradictoires ou proches de quelques auteurs. Le démon est un ange déchu et comme le dit Saint Thomas d’Aquin (28) : Les anges n’assurent ni des corps de terre ou d’eau, car ils ne pourraient les faire disparaître d’un seul coup ; ni des corps de feu parce qu’ils brûleraient ce qu’ils toucheraient ; ni des corps d’air, car l’air n’a ni figures, ni couleur. Les anges donc n’assument pas des corps. Et plus loin mais il leur arrive d’en assumer (29). Bien sûr saint Augustin (30), dans La Cité de Dieu donne son avis autorisé sur la question. Répondant à la question de savoir si les anges exercent les fonctions de la vie dans les corps qu’ils assument il écrit ceci : Beaucoup assurent avoir expérimenté, ou avoir entendu dire par ceux qui avaient expérimenté, que les sylvains et les faunes (ceux que le vulgaire appelle incubes) se sont souvent présentés a des femmes 
et on consommé l’union avec elles ; aussi vouloir le nier paraît de l’impudence. Mais s’il s’agit des saints anges de Dieu, ils n’ont pu en aucune manière tomber ainsi avant le déluge. Il faut donc entendre par « fils de
 Dieu » les fils de Seth qui étaient bons ; et par « filles des hommes » l’Ecriture désigne celles qui étaient nées de la race de Caïn. Il n y a pas 
a s’étonner que des géants soient nés de telles unions ; au surplus ils n’étaient 
pas tous géants ; mais les géants étaient alors beaucoup plus nombreux que dans les temps postérieurs au déluge (31). Et sur ce commentaire saint Thomas d’Aquin de compléter pour ce qui est de la reproduction : Cependant, si parfois certains hommes naissent des démons, ce
 n’est pas au moyen d’une semence émise par ceux-ci, mais par la semence
 d’un autre homme qu’ils ont recueillie, de telle sorte que le démon qui est succube d’un homme se fasse l’incube d’une femme(32). Saint Augustin ajoute …mais ils sont sujets (les démons) aux passions comme les hommes (33). Et quelques pages plus loin citant Porphyre : Esprits malins et imposteurs qui viennent de dehors dans l’âme et causent des illusions aux hommes soit qu’ils dorment ou qu’il veillent (34). Bien des démonologues auraient du s’inspirer par la suite de cette phrase tirée du même auteur : …qui seroit si déraisonnable que de croire perdre sa chasteté a cause qu’un autre assouvit, peut-être malgré lui, sa passion sur son corps (35). Dès le XVe siècle tous les écrits et les traités de démonologie laissent une large place aux discussions autour de l’existence ou la non existence des Incubes et des Succubes. Du Malleus Maleficarum de Sprenger et Institoris (36 ) aux Recherches de Martin Del Rio (37) en passant par les traités du père Crespet (38), ou de De Lancre (39), ou encore de la Démonomanie des sorciers de Jean Bodin (40), pour
 ne citer que les plus connus. On y traque la lubricité, on y glose sur le plaisir, et le déplaisir, on y mesure le
 sexe du diable, on y suppute sur sa forme, on y rêve sur son aspect, on y délire sur sa consistance, sa température, etc. A l’évidence, et à lui seul l’Incube est la quintessence de toutes les questions que l’on se pose sur le sexe sans oser les demander… La pape Innocent VIII (41) dans sa bulle du 5 décembre 1484, Summis desirentes, reconnaît en ces termes l’existence des Incubes et des Succubes : Non sine ingenti molestia ad nostrum pervenit auditum complures utriusque sexus personas, propriœ salutis immemores et a fide catholica deviantes, dœmonibus incubis et succubis abuti
nio de Torquemada dans son Hexameron(42) nous enseigne que principalement le diable tasche de faire cheoir le dormeur au péché de luxure, le faisant songer en plaisirs charnels, jusque la qu’il l’empestre de pollutions de manière que, nous plaisans en icelles, depuis que nous sommes reveillés, elles sont cause de nous faire pêcher mortellement. Notre auteur reconnaît, en outre, deux sortes d’Incubes, les froids et les chauds. Reprenant Psellus (43) il poursuit : Combien que les diables ennemis des hommes, ils n’entrent pas tant en leur corps avec une volonté de leur faire mal, que pour le désir (44) d’une chaleur vivifiante, car les diables sont de ceux qui habitent en lieux très-profonds et froids, ou le froid est tant pur, qu’il est exempt d’humidité, et pour cette cause ils désirent des lieux chauds et humides (45).

Félicien Rops (1833-1896). Die Teufel.

Félicien Rops (1833-1896). Die Teufel.

Martin Del Rio cite la sœur Angèle de Foligno qui ressentait un feu brûlant dans les organes de la génération lorsque le diable s’approchait d’elle et qui témoigne en ces termes : Nam in locis verecundis est tantum ignis, quod consuevi apponere ignem materia lem ad existinguendum ignem concupiscentiœ (47). Quant au plaisir de la luxure, notre religieuse est fort réservée : Non est in me membrum, quod non sit percussum, tortum et poenatum a dœmonibus, et semper sum infirma, et semper stupefacta et plena doloribus in omnibus membris meis (48). Toujours le même auteur parlant des démons de la nuit, les oppose aux démons du jour (comme le démon de midi) : …Il est aussi le Prince des démons succubes que les Hébreux nomment Lilith, c’est-à-dire, apparition nocturne, du mot Laiela, qui signifie nuit : pour ce que tels démons n’ont coutume d’infecter les hommes, sinon la nuit. Les incubes se montrent non seulement la nuit, mais encore le jour : et les anciens ont constitué Pan sur eux, comme, leur prince, appelé des Hébreux Haza, des latins simplement et par excellence (incube et Innnus ab ineudo, pour ce que tant lui que les autres démons à lui sujets brillent de amour désordonné des femmes et se couple bien souvent avec elles ; non pas qu’ils se délectent de ces embrasements, mais d’autant qu’ils se réjouissent que Dieu soit offensé par de telles pollutions, et le genre des hommes pollué par ces ordures et saletés de telles paillardises (49). Mais l’auteur d’ajouter ces quelques mots : L’oppression, toutefois, et quasi suffocation, ne provient pas toujours de la part de ces démons, aussi bien souvent d’une espèce de maladie mélancolique, que les Flamands appellent « Mare », les Français 
« Coquemare » et les Grecs « Ephialtes », lorsque le malade a opinion d’un pesant fardeau sur la poitrine, ou d’un démon qui veut faire force
 a sa pudicité (50). Si l’existence des Incubes et des Succubes est pour l’ensemble des auteurs, comme pour Del Rio, une chose indubitable (c’est-à-dire qu’ils ont cohabitation charnelle avec les femmes ou les hommes) la manière dont cela se fait pose des questions plus délicates. Il est possible de répondre, comme le Père Alphonse de Costadau (51) que certes, les démons lncubes et Succubes existent mais qu’il reste à montrer comment les démons peuvent avoir commerce charnel avec les hommes et avec les femmes, mais la matière est trop obscène pour s’exprimer en notre langage. Nous ne pouvons, comme nos démonologues, n’avoir recours qu’aux témoignages. Un auteur anonyme nous rapporte l’histoire d’une certaine sœur Armelle, religieuse cloîtrée du couvent de Sainte-Ursule, de Vannes, à qui il lui sembloit être toujours dans la compagnie des démons qui la provoquoient incessamment à se donner et livrer à eux. Pendant cinq ou six mois que dura le fort du combat, il lui estoit comme impossible de dormir la nuit à cause des spectres, épouvantables dont les diables la travailloient prenant diverses figures horribles de monstres (52). Jean Wier (53) nous conte l’histoire d’une très jeune religieuse de quatorze ans, du couvent de Nazareth, près Cologne, qui couchait toutes les nuits avec Satan en personne. On retrouva dans sa cellule une lettre d’amour adressée à Satan, remplie de tous les détails de leurs débordements nocturnes. Jean Wier (54), comme Agrippa (55), met sur le compte de l’imagination ces maléfices des démons nocturnes : Les femmes sont mélancoliques, qui pensent faire ce qu’elles ne font pas. Mais c’est M. de Saint-André (56) qui, avec beaucoup de courage, va mettre un terme définitif à ces croyances en écrivant en 1725 : L’Incube le plus souvent est une chimère qui n’a pour fondement que le rêve, l’imagination blessée, et très souvent l’imagination des femmes … L’artifice n’a pas moins de part à l’histoire des lncubes. Une femme, une fille, une dévote de nom, etc., débauchée qui affecte de paraître vertueuse pour cacher son crime, fait passer son amant pour un esprit incube qui l’obsède. Il en est des esprits succubes comme des incubes : ils n’ont ordinairement d’autre fondement que le rêve et l’imagination blessée et quelquefois l’artifice des hommes. Un homme, qui a entendu parler les succubes, s’imagine en dormant voir les femmes les plus belles et avoir eu leur compagnie. L’abbé Jérôme Richard (57), dont l’ouvrage si important et si précurseur passera pourtant inaperçu, reprendra l’opinion de Saint-André, mais de manière plus théorique en affirmant que les songes, en général, et ceux-ci en particulier, ne sont que la représentation des idées ou des actes qui nous ont occupés étant éveillés, et que tout cela est fort naturel. Le commerce avec l’Incube ou le Succube est très diversement ressenti par les intéressé(e)s. Certains prétendent subir cette pénétration nocturne contre leur gré, d’autres s’y accoutument, d’autres encore y prennent goût et en redemandent, jusqu’à entretenir durant de longues années des relations mêlées de sévices et 
de plaisir charnel. Nous constatons quelques principes immuables comme le fait que les vierges sont moins touchées que les femmes mûres, mais aussi que, malgré les nombreuses discussions sur le sujet, ces unions diaboliques semblent rester stériles. On peut remarquer que les Incubes s’adressent aux jeunes et jolies femmes, les Succubes aux jeunes et beaux garçons qu’ils viennent obséder la nuit. Les sorciers et sorcières qui vont chercher aux sabbats de semblables plaisirs sont toujours laids, souvent vieux, à coup sûr repoussants. L’incubisme ne serait qu’une initiation à la sorcellerie, un avant-goût ou un prélude au péché. L’incube et le succube sont à la fois redoutés et désirés. Ils posent aussi la question du rapport sexuel avec les endormi(e)s. 
Questions essentielles de l’abolition de la volonté, de l’irresponsabilité et de la conscience du sujet qui seront de nouveau posées, mais en d’autres termes au XIXe siècle, avec les prises de position sur l’hypnotisme (58). L’Incube et le Succube sont donc bien, comme le disait son temps le grand Paracelse (59), des démons façonnés par notre imagination. Nous dirions aujourd’hui des projections ou des fantasmes.
 Ce qui fait horreur c’est le désir, et le désir devient monstre, dire monstrable, au sujet qui l’origine pour le pouvoir nommer. Le cauchemar Jusqu’au XVe siècle on disait en français quauquemaire. D’après Bloch et Wartburg (60) le mot cauchemar était écrit jusqu’au milieu du XVIe siècle (1564) cauchemare et de genre féminin. Il le restera jusqu’au XVIIe siècle. Composé de l’impératif du verbe caucher « fouler, presser » (forme hybride née de la fusion de l’ancien français chaucher et du parler picard du Hainault, formé du wallon et du rouchi, cauquer ou chaulemar ou encore, cauquemare (61)
issus du latin calcare qui signifie « fouler », et du germanique mare, de l’ancien teutonique maron (qui signifie « démon lubrique »), attesté dans un glossaire latin-français où il traduit lamia sorte de vampire, emprunté du moyen néerlandais, maré qui signifie « fantôme nocturne ».

Eugène Thivier (1845-1920). Le cauchemar (1894). Musée_des Augustins (Toulouse).

Eugène Thivier (1845-1920). Le cauchemar (1894). Musée_des Augustins (Toulouse).

Le verbe côcher (62) (ou cocher, d’après coq) signifait « couvrir » (la femelle) ; c’est une altération de l’ancien français chaucher qui était encore usité au XVIIe siècle et qui a les mêmes origines picardes et latines. Une coche est, outre une entaille, un bateau de voyageurs (de genre féminin). Dans le Languedoc on disait chauchevieille remplaçant ainsi le démon lubrique par une vieille femme. Ambroise Paré donne cette définition : Les médecins tiennent que incubus est un mal ou une personne pense être opprimée ou suffoquer de quelques pesantes charges sur son corps et vient principalement la nuit. Le vulgaire dit que c’est une vieille qui charge et comprime le corps. Notons également que le terme populaire en ancien français pour désigner le coït est chevaucher. S’arrêter à une telle étymologie serait pour le moins insuffisant et sans vouloir prétendre à une exhaustivité à laquelle certains se sont essayés comme E. Jones (63) avec plus ou moins de bonheur, nous allons indiquer quelques équivalences étrangères qui nous semblent révéler une dimension intéressant plus particulièrement notre propos. Nous avons vu que cauchemar se dit en grec Ephialtes des mots έπι = sur, et à άλλομαι = je saute; en latin incubus = qui se couche dessus. En italien cauchemar se dit pesaruole et en espagnol pesadilla. Ces deux équivalences ont, comme on voit, la même origine et signifient « presser, peser ». En langue celtique cauchemar se dit macherick (petit fouleur); en allemand nachmaar (cheval de nuit) ou nachtmannlein (petit homme de nuit) ou encore actuellement alp ou alptraüm ; en anglais nightmare (vieille cavale de nuit) ; en hollandais et en flamand nacht-merrie (vieille cavale de nuit) ; en polonais mara (la cavale) (64), en russe кошмар, en chinois 噩夢. Ceci pour montrer l’idée toujours présente de fouler, presser. Idée, comme nous le remarquons, attachée à celle du cheval qui, comme chacun sait, véhicule une phobie, qui est celle d’être piétiné. Mais le cheval, ou la cavale, est entouré d’une toute autre mythologie comme le souligne A. de Gubernatis, et dont nous avons extrait quelques passages : Le cheval noir… est généralement
 d’une nature perverse et démoniaque ; il correspond au diable noir ; la couleur noire elle même est, d’après les superstitions populaires le résultat d’humeurs pernicieuses.Plus loin il note : La tête du cheval sortant par la fenêtre, qui figure sur les anciens tombeaux helléniques et qui est restée dans les coutumes allemandes, est pour l ‘homme symbole de résurrection…. Celui qui entre dans cette tête trouve la mort et l’enfer : celui
 qui en sort renaît à une vie nouvelle (66). Nous retrouvons la même structure de récit dans la cosmogonie indienne avec la tête de cheval de Dadhyane et de Vishnuu qui se trouvent dans l’ambroisie, et par la bouche desquelles il faut passer pour entrer en enfer (67).

Johann Heinrich Füssli (1741-1825). Le Cauchemar -- 1781. Une des version existantes.

Johann Heinrich Füssli (1741-1825). Le Cauchemar — 1781. Une des version existantes.

Ce cheval, omniprésent dans l’origine du cauchemar des langues indo- européennes, l’est aussi dans les diverses représentations qui en sont faites. La plus célèbre, le tableau Heinrich Füssli (68) mérite qu’on s’y arrête plus longuement car sont présents simultanément le petit démon fouleur qui se trouve sur la poitrine et la tête du cheval. La tête du cheval qui émerge de la tenture, de cette fente qui ouvre le tableau du haut vers le bas, et qui ne peut manquer de nous évoquer l’image clitoridienne, hypertrophiée, tumescente, point central de l’image et cependant à ne voir qu’en détail. La position de la dormeuse n’est pas celle que l’on peut attendre d’une femme terrifiée par le cauchemar :
 point d’angoisse sur le visage ; point de cri étouffé ou contenu ;
 point de geste qui repousserait l’image insupportable ; point de cette 
tension qui tétanise les membres… Non, point de tout cela. Bien 
plutôt un abandon proche de la volupté, une attente, un espoir… Les images qui, soi disant, hantent notre sujet sont en contradiction complète avec ce qu’elle est sensée ressentir et nous montrer de cette sensation. Ce qui nous est suggéré, l’est par l’espace et non par le sujet. Le démon incube, qui a l’air somme toute bien innocent, ne serait là que comme le symbole d’une monstration inévitable, sans pourtant être le centre
 réel de l’histoire. Comme nous l’avons vu à propos de l’incube
 et du succube, le discours est celui de la cohérence, face à indicible. Le cheval serait en même temps la marque du désir en voie d’être plaisir, et l’interdit qui s’y rattache, voie du péché de chair, enfer des sens. La dormeuse serait plus rompue de cette tension inassouvie que de celle de l’écrasant démon, à moins qu’il ne soit lui aussi le démon de la chair… Plus écrasante est la sanction de la concupiscence que la concupiscence elle-même. En tout état de cause le cauchemar hérite de toute l’histoire et de tout le trajet conceptuel de l’Incube et du Succube. L’apparition dans le champ médical de ce nouveau concept après l
e long détour que fut son exploitation dans celui de la théologie
 et de la démonologie le laisse chargé d’une inquiétante lubricité. Le cauchemar ne serait-il en définitive jusqu’alors que l’expression de la tentation ou, comme le dit Juge-Saint- Martin, mais plus encore que le rêve un entretien de l’âme avec elle-même(69). Jusqu’aux années 1810-1820, le langage médical préfère le terme d’incube à celui de cauchemar, mais se dégage petit à petit
 une propension nouvelle tendant à le remplacer par des terminologies moins empruntées de diabolisme. Même si l’on trouve quelques observations intéressantes dans la littérature médicale des XVIe et XVIIe siècles, elles restent l’exception et se répètent les unes les autres. Une des rares observations est celle de Jean Schenck, et encore n’apporte-t-elle rien de vraiment original (70) C’est avec François Boissier Sauvages de La Croix (71 ) à la fin du XVI1Ie siècle qui tente à la suite de Sagar (72), classant comme lui le cauchemar dans les mouvements convulsifs, de mettre un peu d’ordre dans la nosologie empirique régnante, que nous trouvons pour la première fois le cauchemar ou éphialte approché de manière clinique et théorique. Le cauchemar ou éphialte occupe l’ordre premier de la classe des maladies : Anhelationes spasmodicœ. C’est pour notre auteur une maladie spasmodique au même titre que l’éternuement, les ronflements ou les bâillements. Le symptôme essentiel est une dyspnée. Le malade n’est pas plutôt éveillé que sa maladie disparaît. Mais elle est répétitive et peut, à ce titre se compliquer.

Une nuit de cauchemar.

Une nuit de cauchemar.

Reprenant Hippocrate sur le thème de l’âme qui veille pendant que nous dormons, il explique qu’avertie en dormant de l’acrimonie de la semence qui est dans les vésicules, joint à cette sensation les idées accessoires qui l’accompagnent ordinairement et emploie les moyens nécessaires pour satisfaire sa passion, de même, lorsqu’il se trouve dans les organes de la respiration quelque obstacle qui la gêne, séduite par son imagination, elle joint à cette sensation l’idée d’un démon malfaisant, d’un chat ou d’un chien qui l’étouffe en se mettant sur la poitrine, ou d’une vieille sorcière qui l’étrangle, et cette idée l’effraie si fort qu’il s’agite, qu’il crie, autant que le sommeil dans lequel il est plongé lui permette (72). Puis il poursuit : si le songe est déterminé par l’obstacle qui gêne le mouvement de la poitrine, il est certain aussi que la suffocation est quelquefois causée par le songe qui a précédé (74). Il semble qu’il soit un des premiers, sinon le premier à envisager une réflexion de ce type, l’angoisse épigastrique n’étant plus seulement la cause, mais aussi la conséquence du cauchemar. Boissier de Sauvages reconnaît six espèces de cauchemars, non pas tant quant à l’expression symptomatique, que sous le rapport étiologique, qui sont les suivantes :1 – Ephialte pléthorique (Ephialtes plethorica de Craanen), qui est causé comme son nom l’indique, par la pléthore émue, la chaleur du lit, la pesanteur des couvertures, etc. Il attaque ceux qui dorment sur le dos et qui font trop bonne chair. 2 – Ephialte stomachique (Ephialtes stomachica de Rivière), appelé quelquefois épilepsie nocturne. Il atteint les personnes crapuleuses, mais aussi les enfants, qui y sont plus sujets que les adultes. C’est dans cette catégorie que les songes varient le plus avec les mœurs. Les craintes du jour reviennent la nuit. 3 – Ephialte causé par l’hydrocéphale (Ephialtes ex hydrocephalo de Loticchi, Bonet et Lower). 4 – Ephialte vermineux (Ephialtes verminosa d’Ettmuler). 6 – Ephialte hypocondriaque (Ephialtes hypocondriaca d’Ettmuller. Incube des personnes éveillées de Schenck). C’est une sorte de cauchemar commun aux hypocondriaques et aux mélancoliques (75). L’auteur conclut que l’affection qui se trouve le plus souvent réunie au cauchemar est le songe vénérien. COLLEECAUCHEMAR0011 Sensiblement à la même époque, William Cullen (76) [en Angleterre, consacre une très longue note au cauchemar qu’il appelle Onirodynia Gravens (qui vient de « songe » et de « douleur », dans ses Eléments de Médecine. Notons que les deux traductions françaises à notre disposition, celle de Philippe Pinel (77) et celle de E. F. M. Bosquillon (78), présentent bien des différences. Alors que ce dernier s’est employé à effectuer une traduction critique scientifique dirions-nous, le premier ne s’est pas seulement contenté d’une traduction peu originale, il a de plus amputé des passages entiers sans donner d’explication (79). Voilà une bien curieuse façon de rendre compte du travail d’un auteur. Comme Boissier de Sauvages et Pressavin (80), Cullen range le cauchemar parmi les vésanies, ce qui est de toute première importance. Il le rapproche aussi du somnambulisme. Il n’apporte par contre rien de nouveau quant à la clinique ou la sémiologie. Dans la première édition de sa Nosographie (81), Pinel semble méconnaître le cauchemar (alors que, nous venons de le voir, li a lu Cullen), comme il ignore d’ailleurs le somnambulisme. Alors que ce dernier apparaît distinctement dès la seconde édition (82), le cauchemar n’est qu’évoqué dans la question de savoir s’il n’est qu’une sorte de somnambulisme ou s’il est à classer dans l’ordre des spasmes. Il n’apparaît qu’à partir de la troisième édition (83), qui nous le savons est, comme la seconde, très remaniée et augmentée (84). Il se trouve dans la classe quatrième des maladies, les névroses, ordre II, névroses des fonctions cérébrales, à côté du somnambulisme. Là non plus rien de nouveau, il emprunte tout à Cullen (86). Il conclut en renvoyant pour ce qui concerne le traitement éventuel à l’hypochondrie et à l’hystérie. C est avec la thèse de médecine de Dubosquet (87), élève
 de J. E. D. Esquirol, qui la première porte en son titre le mot de cauchemar, que l’intérêt de la médecine pour ce sujet va se préciser. Cet étrange phénomène qu’est le cauchemar va susciter des articles importants dans les dictionnaires, et être souvent rappelé dans les différents travaux psychiatriques. L’auteur s’attache tout au long de son travail à démontrer que l‘incubus doit être remplacé par le cauchemar. Il y parviendra notablement, car dorénavant les dictionnaires de médecine remplaceront le mot incube par celui de cauchemar.

Félicien Rops (1833-1896). Ravisseement de soeur Marie Alacoque. Autre version.

Félicien Rops (1833-1896). Ravisseement de soeur Marie Alacoque. Autre version.

Dès les premières pages le ton est donné : On donne le nom de cauchemar à une espèce particulière de songe dont les effets sont quelquefois assez graves pour lui donner un rang parmi les maladies nerveuses, Le caractère principal de cette affection consiste dans le sentiment d’une forte pression, que le malade attribue à un poids quelconque, et le plus souvent à un être vivant, placé sur sa poitrine ( …), un cheval monstrueux, un homme difforme, une vieille femme sauterait sur 1a poitrine du malade et y resterait couché ou assis. Cette circonstance mérite d’être noté parce qu’elle est presque constante et que le nom de la maladie en est dérivé dans la plupart des langues (88).Quelques pages plus loin il poursuit : Les auteurs qui ont parlé de cette maladie, sans en excepter même Sauvages et Caelius Aurelianus, n’ont pas assez exactement distingué les symptômes caractéristiques de cette affection de ceux qui sont des complications (89). Et encore : La réunion du cauchemar au songe vénérien (…), est surtout extrêmement fréquente, c’est elle qui a donné lieu, dans le Moye Age à l’opinion de l’existence des démon Incubes et Succubes, auxquels on attribuait également le cauchemar et la pollution nocturne (90). Aux symptômes caractéristiques relevés ci-dessus ; l’auteur ajoute : un grand désir de se réveiller sans pouvoir en venir à bout ; une respiration bruyante, anhélante et très pénible ; une grande anxiété, une agitation plus ou moins marquée ; des cris confus, un sommeil lourd, pénible et accompagné de mal de tête ; une sueur copieuse et souvent un moment fébrile, L’accès finit ordinairement par le réveil en sursaut, et laisse après lui une impression de terreur et de pesanteur de tête qui se prolonge plus ou moins (91). Dubosquet admet, en outre, l’idée du cauchemar à l’état de veille et cite à cepropos Jason (92) qui en fit une observation. Pour notre part cette observation nous apparaît plus comme une persistance d’un cauchemar nocturne que comme un cauchemar diurne. Il conclut à ce sujet que le pronostic du cauchemar est rarement fâcheux et refuse le fait qu’il puisse conduire à la mort. Ce sont pour lui d’autres maladies, dont il n’est qu’un symptôme, qui conduisent à la mort (93). Sont donc prédisposés aux cauchemars tous ceux déjà mentionnés par Boissier de Sauvages, mais, il ajoute : Ceux qui sont soumis à l’influence des causes qui produisent l’épilepsie, l’hypochondrie, la mélancolie, la manie, l’hystérie et le somnambulisme… Le cauchemar pourrait même dans beaucoup de ces cas être considéré comme un symptôme précurseur ou concomitant de la plupart de ces maladies.En définitive, empruntant aux uns et aux autres, Dubosquet induit l’idée que le cauchemar touche à peu près tous les individus. Quelques années plus tard Fodéré, dans son Traité du délire (95) indique : l’incubus ou cauchemar est une variété des hallucinations. Il reprend les descriptions de ses prédécesseurs, ajoutant que cette maladie est très propre à produire, une illusion complète, surtout chez les personnes grossières et crédules (96). Berbiguier (97) affirme que le cauchemar est l’ouvrage des farfadets et lutins. Il reprend un exemple étonnant de cauchemar collectif, lui-même rapporté par Petit (98) : …Pendant les dernières guerres d’Italie, on caserne dans une église abandonnée tout un régiment français ; les paysans avaient averti nos soldats que la nuit on se sentait presque suffoqué dans ces lieux-là ; et que l’on voyait passer un gros chien sur sa poitrine ; les soldats en riaient. Ils se couchèrent après mille plaisanteries. Minuit arrive, tous se sentent oppressés, ne respirent plus et voient chacun sur son estomac un chien noir, qui disparaît enfin, et leur laissa reprendre leurs sens, Ils rapportent le fait à leurs officiers qui vinrent y coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent tourmentés du même fantôme.En conclusion le camp fut levé. Ceci pour dire que tout est possible. Alors que nous trouvons sous la plume de Brieude dans l’Encyclopédie méthodique (99) le terme de cochemar il faudra attendre l’édition du Dictionnaire des sciences médicales de 1821 (100) pour que 
le mot incube ne soit plus traité, et remplacé par celui de cauchemar. L’article de l’Encyclopédie reprend point pour point le classement de Boissier de Sauvages. Alors que la rédaction de l’article du dictionnaire est bien différente : d’une définition folklorique, voire idéologique, nous passons à une définition et une approche purement médicales, même si subsistent les classiques rappels aux croyances anciennes. Le cauchemar entre dans l’ère scientifique et sera dorénavant étudié comme une vésanie, un symptôme de maladie nerveuse, ce qui ne veut pas dire qu’on y comprendra quelque chose de plus… Pour preuve l’article de Joly paru en 1830 (101) qui, plus que de la nouveauté, nous enseigne la prudence et surtout l’absence de critique. C’est une synthèse de tous les chapitres et articles des traités jusqu’ici parus, saupoudrée de multiples « ordinairement », « plus ou moins », « généralement, etc.Lorsque des idées contradictoires se sont affirmées avec force, comme l’existence ou non du cauchemar diurne, l’auteur ne tranche pas; il avance que les deux sont possibles. Mais ne nous y trompons pas. Si le cauchemar retient dorénavant plus l’attention que par le passé, c’est que bien des préoccupations connexes se font jour. Le problème des hallucinations, celui du rêve, celui du délire, sont les grandes questions qui vont 
être débattues. Le cauchemar est tout à la fois illustrateur et objet
des théories naissantes. Le cauchemar n’est pour Jules Baillarger (102) qu’un rêve pénible, et comme il l’a démontré pour les hallucinations, que l’exercice spontané, involontaire des facultés intellectuelles. Alfred Maury (103), en pratiquant une autoanalyse de ses rêves, tente de démontrer que l’intelligence garde pendant le sommeil une activité importante. Reprenant Maurice Macario (104), il constate que des sensations déterminées rappellent presque nécessairement des rêves analogues. Il écrit ceci : C’est la preuve manifeste de l’intervention des sensations internes dans les idées spontanées dont s’empare l’imagination du rêveur, pour en tisser le songe, l’identité de forme des rêves accompagnant 
telle ou telle affection démontre que l’esprit subit forcément, dans des créations en apparence capricieuses et incohérente, le contrecoup de ce que le corps éprouve a son insu (105). Ceci amène Auguste Motet (106) a distinguer deux espèces de cauchemar : une produite par un état de troubles de l’organisme, et déterminant la formation d’une série d’idées 
en rapport plus ou moins éloigné avec la sensation perçue, l’autre prenant directement naissance dans l’exercice spontané de la mémoire et de l’imagination.Cette distinction reprend les trois classes de Maurice Macario (107) : les rêves d’illusions, les rêves d’hallucinations et les rêves psychiques. Pour ce qui est de la symptomatologie, elle varie peu par rapport à ce que nous avons vu jusqu’ici. C’est dans la première moitié de la nuit que se produit le cauchemar. Le dormeur se sent mal, suffoque, et le plus pénible pour lui est le sentiment de son impuissance. Le nain difforme sur l’épigastre n’est plus maintenant qu’une hallucination
 par laquelle débute le cauchemar. Le dormeur n’est plus dans l’impossibilité d’émettre un son, comme par le passé, mais au contraire pousse des cris de terreur. Ce mauvais rêve persiste durant la veille et peut provoquer maux de tête et fièvre. Il se traduit par des courbatures, une faiblesse des membres inférieurs, un état 
de crainte, d’anxiété, de tristesse. Tout ceci, nous l’avons vu, avait été noté, de façon éparse certes, par les auteurs antérieurs.

Philip Burne-Jones (1861 – 1926). Vampire succube.

Philip Burne-Jones (1861 – 1926). Vampire succube.

Jusqu’à Sigmund Freud, c’est donc les explications coenesthésiques qui feront autorité. Les articles de Florentin Calmeil (108), Alfred Maury (109), Maurice Macario (110 )et de tous les autres reprendront cette théorie déjà énoncée par Cabanis : … Etant admise l’influence que les organes de la vie animale exercent sympathiquement sur le cerveau, il y a des formes 
de cauchemar à peu près constamment les mêmes pour les mêmes organes souffrants. La sensation du poids d’un corps volumineux semble plus particulièrement appartenir à des affections des voies digestives ou respiratoires ; les idées de lutte, de combat, la sensation de blessure reçue dans la région du cœur se tient à des troubles de l’appareil circulatoire (111). En quelque sorte, le cauchemar n’est qu’une projection de l’organe souffrant… Ce trop rapide tour d’horizon ne nous a pas permis d’analyser toutes les subtilités qui émanent des répétitions, des emprunts, (souvent inavoués) des très nombreux auteurs qui ont traité de la question. Nous distinguons, cependant, quelques idées qui font trace dans l’histoire de ce concept. D’abord, et c’est une évidence, le cauchemar montre. Il nous montre ce que sont les préoccupations du temps, plus que celles du dormeur. Il véhicule cette parenthèse du savoir, qui devient certitude, quand il a à énoncer un discours qui doit être perçu comme tel. Le cauchemar qui est identique à lui-même au cours des siècles, est paré des mille atours nécessaires à sa reconnaissance comme le bien propre d’une science : théologie, médecine, psychiatrie, etc. Il n’est plus alors objet d’étude, mais sujet par lequel la connaissance tente de valider ses théories. Le cauchemar c’est la souffrance in-nommable d’une altérité que le désir suscite, une image qui signe l’inaccessibilité de la parole 
à en rendre compte. Le discours théologique structure cette réalité du désir dans le pêché, alors que le discours médical ou psychiatrique tente de s’en rendre maître en l’excluant du champ de ses préoccupations. Pour preuve, il n’apparaît dans aucune des éditions du Manuel de Porot (112). Les explications restent, pour la plupart[ des reconstructions, et comment en serait-il autrement puisque la narration en est faite par un sujet qui ne peut dévoiler sa problématique que par un premier glissement, empruntant au savoir 
qui se peut entendre ce que lui-même ne peut exprimer. Les réponses qui sont données, en particulier par la psychophysiologie relèvent plus d’une nouvelle théologie que d’une méthode propre à nous éclairer efficacement. La phrase de Lacan 
prend alors tout son sens : On se demande pourquoi les analystes depuis un certain temps s’intéressent si peu au cauchemar (113).

Cauchemar.

Cauchemar.

NOTES (1) Hamilton Edith (1867-1963), La Mythologie. Ses dieux, ses héros, ses légendes, Verviers, Marabout, 1978, pp. 163-165.

(2) Ibidem.

(3) Graves Robert (1895-1985), Les Mythes grecs, traduit de l’anglais par Mouniz Hafez, Paris, Fayard, 1981, p. 116.

(4) Ibidem, pp. 110-l1l.

(5) Hamilton Edith, op. cit., p. 165.

(6) Graves Robert, op. cit., p. 112.

(7) Ibidem.

(8) Ibidem.

(9) Roscher Wilhelm Heinrich (1845-1923), Ephialtes. Eine pathologisch-mythologische abhandlung über die alptraume und alpdämonen des Klassischen altertums,Leipzig, B. G. Teubner, 1900. 1 vol.

(10) Quillet, Dictionnaire encyclopédique.

(11) Hippocrate (460-375 AV]C), traduction des œuvres médicales… sur le texte grec d’après l’édition de Foes, Toulouse, Fages, Mailhac & Comp., 1801, pp, 24-25.

(12) Oribase (vers 325-vers 395). Médecin de Pergame, Le premier auteur vraiment important après Galien.

(13) Oribase, Synopseos, De Ephialtes, VII, chap., II.

(14) Caelius Aurelianus (131-201), médecin contemporain de Galien. Caelii Aureliani de Morbis acutis et chronicis, LibriVIII, Amsterdam, 1709.

(15) Themisson (vers le Ier ou le IIe siècle), On sait peu de choses de ce médecin, sauf qu’il était de Laodicée et disciple d’Asclépiade. C’est
par l’ouvrage de Caelius Aurelianus que l’on retrouve sa trace et de nombreux emprunts. Nous savons qu’il défendait la doctrine méthodiste, mais aucun de ses écrits ne nous est parvenu directement.

(16) Possidonius, IVe siècle.

(17) Pline (23-79).

(18) Aetius (Ve siècle), médecin à Alexandrie.

(19) Paul d’Egine (625-695).

(20) Paul d’Egine, Pauli Aeginetae de re medica libri septem, graeci, Venise, 1528.

(21) Comme le définit Galien, empruntant aux arabes.

(22) Dechambre Amédée (1812-1886), Article « Cauchemar » du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, (Paris), tome XIII, 1872, pp. 386-390.

(23) Cohen D. Article « Arabe (langue) » de l’Encyclopedia Universalis, vol. 2.

(24) Bekker Balthasar (1634-1698), Le Monde enchanté ou Examen des communs sentimens touchant les Esprits, leur nature, leur pouvoir, leur administration, & leurs opérations, Et Touchant les éfets que les hommes sont capables de produire par leur communication & leur vertu, Divisé en quatre Partie… Traduit du hollandais, Amsterdam, Pierre Rotterdam, 1694, 4 vol., p. 61.

(25) Guibert de Nogent (né à Agnetz (Oise) en 1053 et mort en 1124 ou 1130). Bénédictin, théologien et historien nous renseigne utilement dans son auto-biographie, De vita sua, sur son temps,

(26) Dufour Pierre [Lacroix Paul (1806-1854), Histoire de la Prostitution, Histoire de la Prostitution chez tous les peuples du monde depuis l’Antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours, Paris, Séré éditeur, 1851-1854. 6 vol., V, pp. 115.

(27) Bloch Oscar (1877-1937) et Wartburg Walther von (1888-1971), Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris, P.U.F., 1932. 5ème édition revue et augmentée, 1968.

(28) Thomas d’Aquin (1225-1274), Somme théologique, Paris, Editions du Cerf, 1984, I, Question 51, art., 3.

(29) Ibidem.

(30) Augustin (354-430)

(31) Augustin, De civitate Dei, 23, PL 41, 468,. BA 36, p. 143.

(32) Thomas d’Aquin, op., cit., art., 3.

(33) Augustin.La Cité de Dieu. Traduite en françois et revue sur l’édition des Pères Bénédictins, & de plusieurs Anciens Manuscrits; avec des Remarques & des Notes qui contiennent quantité de corrections importantes du texte latin. Paris, Pierre Debats et Imbert Debats, 1701. 2 vol. I, 1, chap. XVII, p. 437.

(34) Ibidem, p. 532.

(35) Ibidem, p. 38.

(36) Sprenger Jacques (né en 1436 ou 1438 à Rheinfelden près de Bâle et mort
en 1496 ou 1495 à Strasbourg) etInstitoris Henry (né en 1430 à Sélestat et mort vers 1505). La première édition du Malleus Maleficarum fut imprimée sans lieu ni date
vers 1486/1487, en format in-folio. Plus de vingt éditions ont pu être répertoriées. On le trouve aux formats in-folio, in-quarto ou très rarement in-octavo. Aucun autre traité de démonologie n’a été autant consulté, tant par les juristes civils qu’ecclésiastiques, mais aussi copié et cité. 30 000 exemplaires auraient été mis en circulation à travers l’Europe selon L. Febvre et H.C. Martin (L’Apparition di livre, Paris, Albin Michel 1971. – Il s’est manifestement nourri des ouvrages de Bernard Gui (1323) et de Nicolas Eymerich (1376). Nous ne connaissons qu’une traduction française de cet ouvrage: Le Marteau des sorcières, présentation et traduction par Amand Danet, Paris, Plon, 1973. 1 vol.

(37) Del Rio Martin Antoine(né à Anvers le 17 mai 1551, mort à Louvain le 19 octobre 1608). Théologien, jurisconsulte, philologue et historien. Les controverses et recherches magiques ausquels sont exactement et doctement confutées les sciences curieuses, les vanitez et superstitions de toute la magie. Avecques la manièrede procéder en Justice contre les Magicens et Sorciers, accomodée à l’instruction des confesseurs. Traduit et abrégé du latin par André du Chesne Tourangeau, Paris, Jean Petit-Pas, 1611, in-8°. C’est un ouvrage où l’érudition l’emporte toujours sur la critique. Les éditions latines, nombreuses, sont beaucoup plus conséquentes ; nous n’en citerons qu’une des plus complètes : Disquisitionum Magicarum libri sex, quibus continentur accurata curiosarum artium, et vanarum superstitionum confutatio, utilis Theologis, Jurisconsultis, Medicis, Philologis. Coloniae Agrippinae, Petri Henningii, 1633, 3 vol. in-4°, (8 ffnch., 341 p.) + (pp. 343-682.) + (pp. 683-1070). Avec la page de titre avec bois gravés.

(38) ) Crespet Pierre (1543-1594). Deux livres de la Hayne de Sathan et Malins esprits contre l’homme, & de l’homme contre eux. Ou sont par notables discours & curieuses recherches expliquez les arts, ruses, & moyens, qu’ils prattiquent pour nuyre à l’homme par charmes, obsessions, Magie, sorcellerie, illusions, phantosmes, impostures, & autres estranges façons, avec les remedes convenables pour leur resister suyvant l’usage qui se pratiquent en l’Eglise. Acvec la table bien ample des matières y contenues… Paris, Guillaume de la Noüe, rue S. Jacques, 1590. 1 vol.

(39) De Lancre Pierre [de Rosteguy] (1553-1631). Tableau de l’inconstance des mauvais anges ou démons, ou il est amplement traicté des Sorciers et de la Sorcellerie. Livre très utile et nécessaire, non seulement aux Juges, mais à tous ceux qui vivent soubs les lois chrétiennes. Avec un Discours contenant la procédure faicte parles Inquisiteurs d’Espagne & de Navarre à 53. Magiciens, Apostats, Juifs & Sorciers, en la ville de Logrogne en Castille, le 9 novembre 1610. En laquelle on voit, combien l’exercice de la Justice en France, est plus Juridiquement traicté, & avec de plus belles formes qu’en tous autres Empires, Royaumes, Républiques & Etats, Paris, chez Nicolas Buon, 1612. 1 vol.

(40) Bodin Jean (Angers 1530-1596). De la Démonomanie des sorciers, Paris, Jacques Du-Puys, 1587, Liv., second, chap., VI .

(41) Innocent VIII, Jean Baptiste Cibo, (né à Gênes en 1432 fut pape de 1484
à 1492, date de sa mort). De mœurs que l’on peut, même encore aujourd’hui qualifiées de « légères », (pour un pape surtout), il fut à l’origine d’une famille nombreuse. Il célébra, dit-on, le mariage de l’un d’eux au Vatican. Ce qui fut une nouveauté.

(42) Torquemada Antonio de (vers 1507-1569), Hexameron ou six journées, contenant plusieurs doctes discours sus aucuns poincts difficiles en diverses Sciences, avec maintes Histoires notables et non encore ouyes. Fait en hespagnol et mis en françois par Gabriel Chappuys, Tourangeau, Lyon, Antoine de Harsy, 1582. Autre édition, moins rare : Rouen, Romain de Beauvais, 1610.

(43) Psellus Michel Constantin (Constantinople (1020-1110), médecin, mathématicien et philosophe hermétique.

(44) C’est nous qui soulignons.

(45) Torquemada Antonio de, op. cit.

(46) Del Rio Martin-Antoine, Disquisitionum magicarum libri sex quibus continetur accurata curiosarum artium et vanarum superstitionum confutatio…; Lugduni, Ioannem Pillehotte, 1608, 1 vol. in-folio, Il, sect.24. Voir la note (37).

(48) Ibidem.

(49) Ibidem.

(50) Ibidem.


(51) Costadau Alphonse (Dominicain né dans le Comtat Venaissin et mort à Lyon en 1726). Traité historique et critique des principaux signes qui servent à manifester
les pensées ou le commerce des esprits, Lyon, Frères Bruyset, 1720-1724, 12 vol. t. I, p. 137.

(52) L’Ecole du pur amour de Dieu, ouverte aux scavants et aux ignorants, Nouvelle édition, Cologne, 1704, 1 vol. in-12.

(53) Wier Jean ou Weiher pi encore Weyer (né à Grave-sur-Meuse en 1515 et mort en 1588). Elève d’Henri Corneille Agrippa, médecin. Histoire, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens infâmes, sorcières et empoisonneurs ; des ensorcelez et démoniques et de la guérison d’iceux : item de la punition que méritent les magiciens, les empoisonneurs et les sorciers : Le tout comprins en sex livres (augmentez de moitié en ceste dernière édition. Deux dialogues touchant le pouvoir des sorcières et la punition qu’elles méritent par Thomas Erastus. S. l., (Genève), pour Jacques Chovet, 1579, 2 vo. in-8°. Réimprimé par Bourneville dans la Bibliothèque diabolique. Pans, Aux bureaux du Progrès médical, 2 vol. in-8°.

(54) Ibidem. (55) Agrippa de Nettesheim Henri Corneille (né à Cologne en 1486 et mort entre 1534 et 1538). Philosophe hermétiste. Une partie de ses ouvrages furent mis à l’index.

(56) Saint-André, Lettres de M. de Saint-André, médecin, à quelques uns de ses Amis, au sujet de la Magie, des Maléfices et des Sortilèges. Ou il rend raison des effets les plus surprenants, qu’on attribue ordinairement, aux Démons, et fait voir que ces intelligences n’y ont souvent aucune part, et tout ce qu’on leur impute, qui ne se trouve ni dans l’ancien, ni dans le nouveau Testament, ni autorisé par l’Eglise, est naturel ou supposé, Paris, Despilly, 1725.

(57) Richard Abbé Jérôme (vers 1720-   ), La Théorie des songes, Paris, Chez les Frères Estienne,
1766, 1 vol. in-8°. – Certainement la plus ancienne tentative d’explication des rêves, qui aborde l’association des idées de comme méthode interprétative.

(58) Voir en particulier Mesnet Ernest (1825-1898). Outrages à la pudeur. Violences sur les organes sexuels de la femme dans le somnambulisme provoqué et la fascination. Etude médico-légale, Paris, Rueff & Cie, 1894.

(59) Paracelse (Auréole Théophraste Bombast de Hohenheim dit) (né à Einsiedelm, près Zurich et mort à Salzbourg en 1493). Médecin, chimiste et philosophe hermétique.

(60) Bloch Oscar et Wartburg Walther, op.cit..


(61) Gastaut Henri (1915-1995), « Cauchemar », in Dictionnaire de psychologie de Norbert Sillamy, Paris, Bordas, 1980, I, 207- 208.

(62)Bloch Oscar et Wartbur Walther von, op.cit.

(63) Jones Ernest (1879-1958), On the Nightmare, London, Leonard & Virginia Woolf and Hoarth Press, 1931, 1 vol., qui forme le n°20 de The International Psycho-analytical Library edited by Ernest Jones. Traduit pour la première fois en français en 1973. Le cauchemar. Traduction d’Annette Stonck-Robert. Paris, Payot, 1973.

(65) Gubernatis Angelo De (1840-1913), Mythologie Zoologique, ou les légendes animales. Traduit de l’anglais par P. Regnaud avec notices préliminaires de F. Baudry, Paris, Durand et Pédone-Lauriel, 1874, 2 vol. pp. 312-313.

(66) Ibidem, pp. 361-362.

(67) Ibidem, pp. 355-356.

(68) Füssli Heinrich (1741-1825). Peintre suisse qui fit carrière en Angleterre.

(69) Juge de Saint-Martin Jacques Joseph (1743-1824), Théorie de la Pensée, de son activité primitive indépendante des
sens et de sa continuité prouvée par les songes. Ouvrage élémentaire ou le jeune homme peut apprendre à se connaître et à s’estimer, Paris, Lenormant, 1806. p. 346.

(70) Schenck Jean (   -1588). Observationum medicarum rariorum, libri VII , Francfort, Jean
Beyer, 1665, 1 vol. in-folio, (20), 918, (25) (De Incubo . I, pp. 129-130).Cette partie fut repris dans un article des « Annales médico-psychologiques », (Paris), 12e série, 1923, pp. 203-206. Traduit par Laignel Lavastine et Vinchon. Comme Horstius, Schenck penche pour une origine naturelle de cette sorte de cauchemar. La cause de l’incubat est l’obstruction des vaisseaux qui unissent la rate à l’estomac, par l’épaississement du sac mélancolique devenu bile noire. Le principal symptôme consiste en une sensation d’oppression, comme si le poids d’un fardeau empêchait le dormeur de respirer. Des songes horribles accompagnent cette sensation. La crainte de violence s’unit à l’illusion d’un commerce charnel avec
le diable au cours de ces songes. Schenck, comme Jean Wier, constate quel’hymen reste intacte après la visite de l’Incube, et conclut donc à l’influence
de l’ imagination.

(71) Boissier de Sauvages de La Croix François (1706-1767), Nosologia methodica sistens morborum classes, Amsterdam, de Tournes, 1768, 2 vol.

(72) Sagar Jean-Baptiste-Melchior (1702-   ), Systema morborum symptomaticorum secundum classes, ordines et genera, cum characteribus, Vienne, 1771.

(73) Boissier de Sauvages de La Croix François (1706-1767), Nosologie méthodique ou distribution des maladies en classes, en genres et en espèces, Suivant l’Esprit de Sydenham, & la Méthode des Botanistes. A Lyon, Chez Jean-Marie Bruyset, 1782, 8 vol. in-8°, VII, pp. 265-266.

(74) Ibidem.


(75) Ibidem, pages suivantes.

(76) Cullen William (1712-1790).

(77) Cullen William, Institutions de médecine-pratique. Traduites sur la quatrième et dernière édition de l’Ouvrage Anglois de M. Cullen… par M. Pinel. Paris, Pierre J. Duplain et Versailles, André, 1785. 2 vol. in-8°. II, pp. 325-326.

(78) Cullen William, Elémens de médecine-pratique. Traduit de l’anglois, sur la quatrième & dernière édition, avec des Notes, dans lesquelles on a refondu la Nosologie du même auteur, décrit les différentes espèces de maladies & ajouté un grand nombre d’observations.. par M. Bosquillon. Paris, Théophile Barrois et Méquignon, 1775. 2 vol. in-8°, II, pp. 509-511.

(79) Quand on sait ce que Pinel doit à Cullen pour ce qui est de sa propre nosographie, dite philosophique, nous ne pouvons qu’émettre de très vives réserves quant à la totale probité intellectuelle de notre traducteur. Nous irons même jusqu’à prétendre que cette traduction est inutilisable dans une démarche épistémologique.

(80) Pressavin Jean-Baptiste (1734-   ), Nouveau Traité des vapeurs ou traité des maladies des nerfs, dans lequel on développe les vrais principes des Vapeurs. Seconde édition augmentée de plusieurs Notes intéressantes sur l’économie animale & d’une réponse à l’Auteur du Journal Encyclopédique. Lyon, chez V. Reguilliat, 1771. 1 vol. Chap., VIII, pp. 347-352.

(81) Pinel Philippe (1745-1826), Nosographie philosophique ou la méthode de l’analyse appliquée à la médecine, Paris, chez Maradan,an VI, (1798), 2 vol.

(82) Pinel Philippe, Nosographie philosophique ou la méthode de l’analyse appliquée à la médecine, seconde édition, Pans, A, Broson, an XI, (1803), 3 vol. in-8°. III, pp, 76-77.

(83) A Paris, chez J. A Brosson, 1807, 3 vol. III, oo. 140-142.

(84) Voir à ce sujet l’ouvrage de Jacques Postel : Genèse de la psychiatrie. Les premiers écrits de Philippe Pinel, Paris, Le Sycomore, 1981.

(85) Notons que le texte n’a pas subit de notables variantes à partir de la quatrième édition, celle de 1810.

(86) Nous avons plus particulièrement consulté la sixième édition : Nosographie philosophique ou la méthode de l’analyse appliquée à la médecine, sixième édition, Paris, J. A. Brosson, 3 vol. in-8°, chap, 137, pp. 148-149.

(87) Dubosquet Louis, Dissertation sur le cauchemar, thèse de médecine n°201, Paris, Didot jeune, 1815, in-4°, 22 p., 1 planche hors-texte. (Président : Jussieu).

(88) lbidem,p. 5,

(89) lbidem,p. 9,

(90) lbidem, pp. 8-9.

(91) lbidem, p, 10.

(92) Jason, De morbi cerebri.

(93) Op. cit.,p. 16.

(94) lbidem, pp. 18-19.

(95) FODERE François-Emmanuel (1764-1835). Traité de Médecine Légale et d’Hygiène Publique ou de police de santé, adapté aux codes de l’empire français et aux connaissances actuelles. A l’usage des gens de l’Art, de ceux du Barreau, des Jurés et des Administrateurs de la santé publique, civils et… Paris, De l’Imprimerie de Mame, 1813. 6 vol. in-8° de (LXXXIV p., 502 p., 1 fnch, portrait) + (2 ffnch, 492 p). pp. 343-344, FODERE François-Emmanuel (1764-1835). Traité du délire, appliqué à la médecine, à la morale et à la législation. Paris, Croulebois, 1817. 2 vol. in-8°, (2 ffnch., 620 p) + (2 ffnch., 546 p.)

(96) Ibidem. (97) Berbiguier de Terre-Neuve du Thym Alexandre-Vincent-Charles (1764-1851). Les Farfadets, ou tous les démons ne sont pas de l’autre monde. Orné de huit superbes dessins lithographiés. Paris, Chez l’Auteur et P. Gueffier, 1821. 3 vol. in-8°, (LCIV p., 362 p., 3 planches hors texte) + (463 p., 3 planches hors texte.). — Réédition en un seul volume avec une très pertinente préface de Claude Louis-Combet. Grenoble, Editions Jérôme Million, 1990, 1 vol. 15/23, (667 p. 2 ffnch. I

(98) Petit H., « Incube », in « Dictionnaire des sciences médicales », (Paris), C. L. F. Panckoucke, tome XXIV, ILI-INF, 1818, pp. 304-310.

(99) Encyclopédie méthodique, Paris, H. Agase, 1798, Médecine, VII, pp. 4-7.

(100) Dictionnaire abrégé des sciences médicales.

(101) Jolly P. « Cauchemar », in « Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques », Paris, Méquignon-Marvis et J. B. Baillière, 1830, V, 105-108,.

(102) BaiIlarger Jules (1809-1890), De l’influence de l’état intermédiaire à la veille et du sommeil sur la production et la marche des hallucinations. Mémoire lu à l’Académie de médecine. In Mémoires de l’Académie de médecine, Paris, 1846, XII,

(103) Maury Alfred (1817-1892), Le sommeil et les rêves, Etudes psychologiques sur ces phénomènes et les divers états qui s y rattachent, Suivies de recherches sur le développement de l’instinct et de l’intelligence dans leurs rapports avec le Phénomène du sommeil, Paris, Didier & Cie, 1861, 1 vol. —Seconde édition : 1862 ; — troisième édition, complètement revue et augmentée: 1878. — Quatrième édition. Paris, Didier et Cie, 1878.

(104) Macario Maurice (1811-1898). Du sommeil, des rêves et du somnambulisme dans l’état de santé et de maladie. Précédé d’une lettre du Dr Cerise. Lyon & Paris, Perisse Frères, 1857, 1 vol.in-8° XLIII, 307.

(105) Op. cit.

(106) Motet Auguste (1832-1909). « Cauchemar », in « Nouveau Dictionnaire de Médecine et de chirurgie pratiques, (Paris), 1867, tome VI, pp. 550-567.

(107) Op. cit.

(108)Calmeil Louis-Florentin (1798-1895), « Cauchemar », in « Dictionnaire de Médecine ou répertoire général des sciences médicales, deuxième édition, Paris, Béchet jeune, 1834, t. VII, pp. 26-30.

(109) Op. cit.

(110) Op. cit.

(111) Motet A., op.cit., p. 557.

(112) Manuel alphabétique de psychiatrie clinique, thérapeutique et médico-légale. Avec la collaboration de H. Aubin, Ch; Bardenat, A. Hesnard, Th. Kammerer, P. Leonardon, H. Luccioni, Maurice Porot, F. Ramée, J. SUtter. Paris, Presses Universitaires de France, 1952. 1 vol. in-8°. — Très nombreuses éditions successives.

(113) Lacan Jacques, Séminaire 1962-1963. L’Angoisse.

Abstract :

“The trade with the Incubus or the Succubus is very differently felt by the interested ones. Some pretend to undergo this nocturnal penetration against their will, others accustomed to it, others still take pleasure in it and ask for it again, until, for many years, they maintain relations mixed with abuse and carnal pleasure. We see some immutable principles such as the fact that virgins are less affected than mature women, but also that, despite the many discussions on the subject, these diabolical unions seem to remain sterile. We can notice that the Incubus are addressed to young and pretty women, the Succubus to the young and handsome boys they come to obsess at night. The wizards and witches who go to seek from sabbaths of such pleasures are always ugly, often old, certainly repulsive. Incubism would be just an initiation to witchcraft, a foretaste or a prelude to sin. The incubus and the succubus are both dreaded and desired. They also ask the question of sexual intercourse with the sleepers. Essential questions of the abolition of the will, the irresponsibility and the consciousness of the subject which will be raised again, but in other words in the nineteenth century, with the positions on the hypnotism. The Incubus and the Succubus are, therefore, as the great Paracelsus used to say, demons fashioned by our imagination. Today we would say projections or fantasies. What makes horror is desire, and desire becomes a monster, say monstrable, to the subject who creates it to be able to appoint it.”

Cet article a fait l’objet d’une première publication, moins élaborée, en collaboration avec Chedlia Azidi-Delavenne, sous le titre de « Coche-Mare », dans la revue : Frénésie Histoire Psychiatrie Psychanalyse, (Parus), n°3, Printemps 1987.

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8 commentaires pour “Le cauchemar, une traversée épistémologique. Par Michel Collée. 2014.”

  1. Le cauchemar, une traversée épistémologique | acantheblogLe lundi 1 septembre 2014 à 18 h 47 min
  2. Michel ColléeLe mercredi 3 septembre 2014 à 8 h 40 min

    Bonjour. Votre commentaire n’apparait pas sur mon site / merci de bien vouloir le retaper. Cordilament.

  3. suzanne nicolinoLe lundi 1 septembre 2014 à 20 h 01 min

    Très intéressant.

  4. Michel ColléeLe mardi 2 septembre 2014 à 8 h 49 min

    Mercoi pour votre attention et votre intérêt.

  5. Sex and the single incubus | Infernal WondersLe mardi 18 novembre 2014 à 5 h 04 min

    […] (via Histoire de la Folie, Collection particulière : Michel Collée) […]

  6. Maurice CURIELe mardi 17 mars 2015 à 18 h 40 min

    Essai BRILLANT EN DIABLE. C’est inouï de précision, avec la touche d’abstraction comme il sied à un tel propos, et la touche concrète dans les informations apportées. Agrémenté, de surcroît, de tableaux de maîtres aussi appropriés que «parlants».
    C’est généreux de proposer votre texte à la lecture ad libitum.

    Je n’aurais pas vu par moi-même le sémantisme que présentent communément les mots anglais, allemand et hollandais. Pour ce qui est de ma partie, j’avoue m’être fendu un jour que “nightmare” ne veut pas plus dire jument de la nuit que “butterfly” veut dire mouche à beurre, ou “ladybird” oiseau à dames. Vous m’édifiez, qui nous dites que “nightmare” a BIEN ce sens de jument (ou, mot poétique : cavale) de la nuit. Au temps pour moi.

    Bien à vous, Monsieur Michel COLLÉE. Et mille fois bravo !

  7. MichelDalmazzoLe dimanche 25 octobre 2015 à 13 h 02 min

    Formidable…

  8. MargeryLe vendredi 13 mai 2016 à 14 h 35 min

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